Prewett Manor, London suburb
« Bertie, s’il-te-plaît, ça ne durera pas longtemps. Ça fera plaisir à Ford, il va pas bien en ce moment. » Et Bertie de soupirer une dernière fois avant de céder face aux arguments de poids de Myrthild. Dans la pièce d’à côté, tu siffles le fond des verres des autres, histoire de faire genre tu n’as pas prêté l’oreille à cet embarrassant échange.
C’est que tu avais insisté pour organiser cet enterrement de vie de garçon. Tu te disais que c’était une manière de rembourser tout le fric que tu avais emprunté à Marlon, puisque de toute façon, tu ne lui rembourserais jamais pour de vrai.
Tu te disais que c’était aussi une bonne manière de dépenser tes dernières économies. Terré chez Lance, le nez pailleté de poudre et le bide imbibé d’alcool, vous aviez brainstormé toute la nuit pour organiser une fête de folie. Et, pour que votre plan fonctionne, il fallait qu’un Mangemort digne de ce nom -ton petit frère- fasse jouer quelques avantages propre aux porteurs de la Marque.
Myrt et Bertie reviennent dans la salle à manger, tu reposes un peu trop brusquement la bouteille. Bertie hausse les épaules. « C’est d’accord, frangin ; mais je te préviens, je veux pas de débordement ! » « Tu m’connais ; on fêtera ça proprement et dignement- »

El Dorado, Las Vegas for wizards, Nevada
Tu ouvres les yeux, la lumière t’agresse, tu les refermes aussitôt. Tu répètes le processus, plus lentement cette fois. Tu ne bouges pas, observes les alentours. Tu sens l’émail inconfortable d’une baignoire sous ton cul. Ok, ça peut arriver de dormir dans une baignoire, même au meilleur d’entre vous. Tu essayes de te redresser, la nausée te saute dessus comme Boris sur Wolfram. Tu attrapes le premier récipient qui te tombe sous la main sur ta gauche -un casque d’ouvrier du bâtiment (sorcier, évidemment)- et gerbes dedans.
Ton chapeau tombe un peu sur ton visage gonflé (tu portes un chapeau ?). Tu vas pour te masser les sourcils de la main droite, mais elle s’avère bien plus lourde que ce que tu avais prévu (et ça n’était pas à cause de l’opération pour te ré-artibuler).
Si ta main est lourde, c’est parce qu’elle est menottée à une autre main, reliée elle-même à un corps allongé au pied de la baignoire. Tu te redresses, prudemment, pour découvrir, un homme ressemblant étrangement à Wolfram von Bäume, effondré sur le sol de la salle de bain.

Tu pousses un cri qui aurait dû être suraigu si tu n'avais pas le coffre d'un troll des montagnes, écarquilles les yeux, si fort que t’as l’impression que ton mal de crâne va les expulser de leurs orbites. Tu ne parviens pas à te souvenir du moindre événement de la veille. C’est comme si on avait enfoncé tellement de coton dans tes oreilles que ça avait remplacé ta cervelle de piaf. Tu réajustes ton chapeau (pourquoi diable portes-tu un chapeau ?), finissant de t’asseoir dans la baignoire. Tu jettes un nouveau coup d’oeil à l'inconnu complètement arraché par terre, comme pour être certain que c’était pas une illusion dérangée de ton cerveau.
La fête.
Vous étiez ici pour fêter l’enterrement de vie de garçon de Marlon Travers -la bonne blague. Enfin « vous » ; toi, ton frère, le futur marié, Silver et Wolfram... pas ce triste sire attifé comme un ouvrier...
Enfin, « ici » était une notion bien vague pour le moment. Tout ce que tu savais d’« ici », c’était que la salle de bain avait l’air beaucoup trop luxueuse que ce que tu pouvais payer en ce moment… Ça et la bouteille de whisky qui avait fini depuis longtemps de couler sur ton pantalon de cowboy. « Mais… »

Il faut que tu en aies le coeur net. Aussi, assommé comme si des Sombrals t’avaient piétiné la tronche, rond comme une queue de balai, tu te hisses sur le rebord de la baignoire. A cheval sur la bordure, ton cul est pris d’une douleur sourde. Dans un élan pas très sobre, tu lâches ta prise pour venir agripper ton séant enflammé « Mais quoi ?! » et vacilles sur le côté, l'inconnu amortissant ta chute.
De là, tu appelles le reste de la bande. « Bertie ! Marlon ! Silver ! Wolfram !! On est o- Il s’est passé qu- pourquoi j’suis un cowboy ?! »

Department of Magical Law Enforcement, London

« Marlon, je t’en prie, dis-lui oui. Il n’a pas vraiment le moral en ce moment, ça lui fera plaisir. Et puis ça ne durera pas longtemps. » C’était à peu près ce que ta sœur t’avait dit alors qu’elle était venue jusqu’à ton bureau te supplier d’accepter que Langford organise ton enterrement de vie de garçon. Peu désireux d’entendre un mot de plus à ce sujet, tu avais fini par acquiescer à demi-mot afin qu’elle te laisse tranquille. Tu avais bon espoir que cette soirée soit à l’image de l’ensemble des projets de Langford : qu’elle n’aboutisse jamais.

El Dorado, Las Vegas for wizards, Nevada

De petits cris perçants viennent te tirer de ton sommeil. Tu crois entendre ton prénom, mais tu n’es pas bien sûr de grand-chose. Avant même que tu n’ouvres les yeux, tu prends conscience que ta tête semble prise entre un étau. Une migraine affreuse te déchire les tempes. Tes paupières esquissent un mouvement et voilà que tu as la désagréable impression que tout tourne autour de toi. La lumière du jour te brûle l’iris mais tu t’efforces de garder les yeux ouverts afin de mieux comprendre ce qui t’arrive. Le visage enfoui dans un oreiller, tu peines à te redresser sur le matelas tant tu te sens engoncé dans tes vêtements. Essayant tant bien que mal de rouler sur toi même pour te remettre sur le dos, tu parviens à tes fins après plusieurs tentatives. Ton regard fait alors le tour de la pièce et tu crois distinguer les contours d’une chambre complètement saccagée. Mais tu n’as pas l’impression de te trouver au manoir… Par Merlin que s’était-il passé ici ? Et surtout où avais-tu atterri ? Apercevant ta baguette gisant sur la table de chevet, tu décides de t’en emparer avant de te diriger dans la direction d’où provenaient les cris qui t’avaient réveillé. Mais à peine après avoir posé un pied hors du lit, tu te casses lamentablement la figure et atterris sans ménagement face contre sol. Tu laisses échapper un juron, songeant que cette chute n’était due qu’à ton évidente gueule de bois. Mais voilà qu’en te relevant, tu tombes nez à nez devant ton reflet dans le miroir. Cette fois-ci c’est toi qui pousses un cri, oscillant entre la stupéfaction et la colère. Bordel, qu’est-ce que ce foutu accoutrement ?! Détaillant avec un dégoût certain le pantalon et la veste en cuir dont tu étais affublé, tu comprenais mieux d’où te venait cette difficulté à mettre un pied devant l’autre. C’est d’un air dépité que tu te tortillas dans ta tenue moulante pour te rendre jusque dans la pièce voisine qui semblait être une salle de bain, en piteux état elle aussi.

Voyant Langford déguisé en cowboy dans la baignoire, tu compris pourquoi tu avais la sensation d’être pris au piège dans un horrible cauchemar. « Putain Ford, qu’est-ce que t’as encore foutu ?! » Ton cerveau encore légèrement embrumé, ne remarqua qu’après coup que l’amant de ta sœur était menotté à… un parfait inconnu ! Ni une ni deux, tu pointes ta baguette magique en direction de l’homme gisant au sol. « C’est qui celui-là ? Au nom de la BPM, je vous ordonne de décliner votre identité sur le champ. » Tu ne réalisais pas à quel point tu devais avoir l'air ridicule dans ta tenue de cuir noire.

Department of International Magical Cooperation, London
« Celle-ci vient de Langford Prewett.
- Poubelle. Sans plus de cérémonie, Judith laissa choir la missive au cotés de consœurs jugées peu dignes d'attention.
S'exprimer par écrit ne lui ressemblait pas - savait-t-il seulement écrire ? plus grand chose ne pouvait le surprendre, concernant Langford. A ça s'ajoutait le  mutisme dont il avait fait preuve à la suite de sa propre lettre lui annonçant que les fiançailles entre son fils (André ? Andrew ?) et Ulrike n'avaient plus lieu d'être ; cette lettre ne lui plaisait pas.
Était-ce de la pitié ou de la curiosité morbide (du même genre que celle qui provoque des attroupements autour d'un accident) qui le poussa changer d'avis ? Impossible à dire. Toujours est-il qu'il extirpa d'un accio la lettre de la corbeille.
Un coup d’œil, une simple lecture ne pouvait pas faire de mal.

El Dorado, Las Vegas for wizards, Nevada
Le sol froid, dur, d'une salle de bain, si.
A coté de ça .... La mort semblait un sort enviable.
Couché, la gueule reposant sur la patte de lion d'une baignoire qui aurait fait un lit autrement plus confortable que ce marbre glacé, Wolfram tâchait de reprendre ses esprit. Ses oreilles vrillaient encore, sonnant, filant de l'écho aux cris qui venait de le tirer de son sommeil de pierre, qu'il aurait bien continué une heure, ou deux. Ou dix. Pas tout à fait éveillé, il tâcha d'ouvrir un œil, puis l'autre. Les rétines déjà agressées par un soleil sans merci, il manqua de tourner de l’œil en voyant l'abondance de marbre rose bardé d'or qui s'étalait devant ses yeux. Ce n'était plus seulement la nausée, mais bien la panique lui qui lui étreignit la gorge et la poitrine alors qu'il essayait de déterminer où il se trouvait. Angoissé, son regard balaya la pièce (profusion scandaleuse de rose et d'or, pas un coin n'était épargné) à la recherche d'indices sur le pourquoi de sa présence ici (quelque ce ici, soit) et s'arrêta net lorsqu'il tomba sur sa tenue.
Double denim. Jeans heavy duty et chemise ouverte en un V indécent, bien trop plongeant qui pointait tout droit sur une ceinture à outils bien garnie. Ciel. « Bertie ! Marlon ! Silver ! Wolfram !! Là, là- » souffle coupé par la carcasse cagneuse qui venait de lui tomber dessus, Wolfram n'attendit pas longtemps avant de le pousser de coté, mais c'était sans compter que, tel un forçat à son boulet, il lui était lié par des menottes.
Emporté par la manœuvre, il se retrouva en tête à tête avec Prewett (trop proche). Le tableau ne dura qu'un instant (trop long), juste le temps de lui permettre de se redresser précipitamment. Tangage, roulis, lacet ; rien ne lui était épargné alors qu'il peinait à ne pas basculer en arrière.
On avait pas idée de se la mettre aussi brutalement à son âge. Il ne s'était pas senti ainsi depuis quoi, vingt, trente ans ? Cette pensée seule pouvait lui donner le vertige, à moins que ce ne soit l'odeur de vomis qui émanait de Langford ... Sûrement un savant mélange des deux.
Le crâne comme prit dans un étau, Wolfram considéra, incrédule, les menottes reliant sa main gauche à la droite de Langford. « Keske ...  » Tout, ou presque, lui revenait peu à peu. El Dorado, la bande de joyeux drilles, et un certain manque de retenu. Les paillettes sur sa manche - qui avaient eu le luxe de voyager dans ses bagages diplomatiques - racontaient une histoire à elles seules, mais il préféra mettre ça de coté pour le moment. Un délit à la fois.
A ce sujet, on ne saluera jamais assez le sens du timing de la BPM.
Baguette pointée vers le torse trop exposé du directeur de la coopération magique internationale, le directeur de la brigade beuglât sa routine, ce à quoi Wolfram manqua de lui demander s'il était complètement con ou simplement aveugle. Mais il avait nullement envie de jouer à ça - même en prenant en compte la tenue flatteuse de Marlon. Il lui répondit sur le ton de la conversation, usant d'un flegme qu'il était loin de ressentir. « Eh, sinon quoi, tu comptes attacher mon autre main ? Détaches-nous, plutôt.
- Vous avez vu Bertram et Wolfram ? » Même Silver s'y mettait. Un vaudeville. Déjà las de leurs enfantillages, il leva les mains (ou tenta de, ne se souciant guère de secouer Langford par la même) au ciel en un simulacre de reddition. « J'ignore ce à quoi vous jouez, et en toute franchise, peu me chaut. Je tuerais pour un caf... » La fin de sa phrase s'éteignit dans sa gorge. La main passée dans ses cheveux lui laissa une sensation inédite. Des cheveux courts. Du haut de son crâne elle passa à l'arrière de son scalpe, jusqu'à sa mâchoire. Glabre. Non.
Sans prendre la peine de ménager Langford, Wolfram se releva et se ficha devant une vasque et son miroir.
Le visage qui lui faisait face n'était pas le sien. Non non non. Pour une raison encore obscure, c'était la face de l'avocat de sa tendre mère qui le dévisageait. Faisant volte face, ses yeux eurent du mal à se dégager de la baguette encore pointée vers lui. « Wolfram von Bäume. Marlon, c'est moi. Plaidoyer convainquant, plein de substance. Bravo. Vite, quelque chose, n'importe quoi. Ma loge. Tu es venu m'y rejoindre, un soir. Était-il possible de faire plus flou et moins persuasif ? Ta sœur- En revanche, voilà qui pouvait être un peu trop spécifique. Mieux valait ne pas s'aventurer sur cette voie. Enfin, demandez moi quoi que ce soit pour prouver ça. »

L’inconnu te vire et tu roules (presque) sans effort sur le côté. C’est que ton pantalon de cowboy a l’air d’être démuni de poches arrières, aussi, les fesses à l’air sur le carrelage, c’est pas ce qu’on fait de mieux au réveil. Vous vous redressez avec difficulté, tanguant comme des bateaux ivres, vous accrochant à la baignoire, aux chiottes en or, à l’autre. Bref, Marlon et Silver ont le temps de se rameuter. Par contre, pour les deux autres, ça a l’air plus compliqué puisqu’apparemment, on ne sait pas où ils sont…
Ah.
Bah voilà qu’on est bien.

Le type accroché à toi se met soudain à promettre qu’il est bien Wolfram. « Euh, j’pense pas, il a d’la barbe, Wolfram, genre D-Dumbledore » que tu hoquètes (tu t’es peut-être relevé trop vite). Mais il insiste, va même jusqu’à déblatérer de sordides preuves, impliquant des galipettes avec Marlon, sa soeur (bienvenu au club, que tu lui aurais bien lancé, mais pas sûr que le frangin apprécie) et Merlin seul sait qui d’autres. « Enfin, demandez moi quoi que ce soit pour prouver ça. » Tu fronces les sourcils « Ah ! J’en ai une ! » On dirait que tu participes à un jeu de devinettes. « T’as couché avec Bagshot ? » Tu laisses planer un silence douteux, avant de te rappeler que c’est pas comme ça que ça marchait. « Ahah, nan mais j’déconne ; mais oui, c’est bon, c’est Wolfram, on va pas épiloguer » que tu tranches, par flemme de savoir s’il avait raison ou pas. Au pire, au pire, vous repartiez sans lui et Wolfie se ferait une joie de rallonger son séjour ici. Mona répétait souvent qu’il avait besoin de vacances…

Non, toi, ce que tu voulais surtout, c’était retrouvé ton petit frère. « Vous avez tout fouillé ? Bertie est nulle part ? » Et oui, le loser des Prewett était un aîné inquiet ; tu traînes le Wolfram pas Wolfram derrière toi pour faire le tour des piaules -immenses, luxueuses, exorbitantes, tu te ferais une joie de ne pas checker ton compte en banque à ton retour, si les huissiers avaient pas déjà effectué une descente chez toi pour tout récupérer…

« Nan parce qu’on doit rentrer là, hein… et euh, j’laisse pas mon frère derrière, hein, pas envie que Myrt me passe un savon » Ou peut-être que si, on savait comment ça finissait. Tu soulèves les coussins en velours du canapé, navigues au milieu d’un parterre de boîtes à pizza et de boîtes de caviar à moitié vide. « Et puis, j’crois c’était lui qu’avait le Portoloin ? On est v’nu en Portoloin, pas vrai ? » Tu te retournes vers la bande de zouaves qui a l’air aussi au fait que toi. « Ah ! » Tu te jettes presque par terre, entraînant Wolf-pas-Wolf avec toi. « Sa baguette ! C’est sa baguette ! » Enroulée dans un slip… Tu secoues la pièce de vêtement d’où tombe un jeton de casino. « hé ! c’est un début de piste, ça, nan ? » Tu te tournes fièrement vers tes petits camarades. « On est allé au casino, les gars ! Allez, en route ! »

Déjà que tu as bien du mal à comprendre ce qu’il se passe et ce que vous faites ainsi accoutrés dans une chambre d’hôtel saccagée, les élucubrations de Langford qui coupe sans cesse la parole au suspect que tu tiens en joue, n’aident pas à apporter plus de clarté sur les évènements. Bien au contraire, chaque son qui sortait de sa bouche te faisait l’effet d’une danse de troll dont les lourdes pattes s’abattaient sur tes tempes. Ford était véritablement le pire des enquêteurs, ses questions pour déterminer si l’individu attaché à lui était bien l’Allemand barbu, étaient tout à fait ridicules. Comme si Wolfram von Bäume serait suffisamment désespéré au point de forniquer avec un hybride tel que Bagshot… Finalement, lorsque le suspect reprend la parole, ton visage se pare brusquement d’une expression horrifiée et tu finis par rabaisser ta baguette magique. Un peu plus et cet abruti révélait l’un des plus sombres secrets de Myrthild devant votre assemblée de bras cassés. « Cette trogne te sied bien mieux que l’ancienne, von Bäume. Même si ta mine est épouvantable. » Tu accompagnes cette pointe de revanche acerbe d’un regard sombre, en guise de représailles à ce qu’il avait semblait insinuer à propos de ta visite dans sa loge. Te retournant vers Marsh qui t’avait suivi tant bien que mal dans la salle de bain, tu le dévisages d’un air aussi peu courtois. « Pourquoi c’est toi qui as eu la tenue de flic alors que tu n’es qu’un simple brigadier ? » Silver ne portait pas l’uniforme de la BPM mais il avait tout de même l’air moins ridicule que toi, tes habits en cuir et ta fausse moustache de proxénète. La jalousie et l’amertume étaient bien présentes. Alors que Langford entraîna Wolfram à travers les différentes pièces de la suite, tu retournas là où tu avais dormi et commenças à chercher tes affaires avec un brin d’agitation. A l’aide de ta baguette magique, tu soulevas les cadavres de bouteille de firewhisky, les robes de sorcier et autres sous-vêtements non identifiés, en vain. Pas la moindre trace des habits que tu portais la veille, et donc de la bague destinée à Freya… Laissant tomber ta baguette magique, tu retournas le reste des affaires jonchant le sol de la chambre de tes propres mains. « Putain, la bague ! J’ai perdu la bague ! Et je me marie demain, ou aujourd’hui, je ne sais plus. Quel jour on est ? Quelqu’un peut me dire quel putain de jour on est ?! » D’ordinaire peu enclin à de telles vulgarités de langage, tu multipliais les jurons avec indécence. Finalement, tu déboulas dans la pièce voisine, l’air furieux et la moustache retroussée. « Ford, on a plus urgent à faire que de retrouver ton frère majeur et suffisamment grand pour se débrouiller tout seul ! On trouvera un autre moyen de rentrer et ne t’en fais pas pour ma sœur, ça lui fera du bien d’être loin de son époux cinq minutes. » Pas question que tu perdes ton temps à retrouver ce connard de Bertram, dont les allégations t’avaient valu d’aller croupir à Azkaban. Enfin ça, plus le meurtre de ton épouse. Mais disons que la trahison de ton beau-frère était demeurée toutes ces années durant telle une plaie béante dans ton petit cœur de mangemort. « En plus, c’est un jeton de casino mol… » La dernière syllabe, inaudible, fut recouverte par un rugissement qui n’avait absolument rien d’humain. Le sol se mit à vibrer sous vos pieds, comme si quelque chose de particulièrement lourd était en train de se déplacer dans votre direction. Les tremblements se rapprochaient inéluctablement, quand soudain, une énorme tête de créature ornée d’une corne écarlate apparut dans l’entrebâillement de la porte du couloir qui menait aux autres chambres. Maintenant, tu comprenais mieux pourquoi et surtout par quoi la suite semblait avoir été saccagée. Une chance qu'aucun de vous n'ait été massacré dans la nuit. Enfin, à part Bertram, peut-être. « Si aucun d’entre vous ne s’y connaît en éruptif, je propose que l’on parte en direction du Las Vegas moldu, sans plus attendre. »

Le Golden Nugget était à l’image de son nom. Ringard, graisseux et clinquant. Autant de qualificatifs qui te donneraient la nausée même après une soirée tout à fait normale. Encore très affecté par les évènements de la veille et la perte de ton alliance, tu avances péniblement à l’intérieur du casino. Heureusement Marsh et Prewett semblent plus à leur aise dans ce genre d’endroit et entreprennent d’accoster le premier venu, qui semble alors vous reconnaître. Son récit est tout aussi édifiant que son accoutrement.
Qu’est-ce que c’est que cette histoire de coup au Luxor ? Et pourquoi est-ce que c’est von bäume que l’on traite de jeune tourtereau ? Enfin, cela dit, ça te rassure que tu ne sois pas allé raconter à toute la ville que tu te mariais dans moins de 24h. Manquait plus qu’une ribambelle d’invités surprises (aux goûts vestimentaires plus que douteux) se ramène à ton mariage. "Bah! Faut le comprendre, Big Vito! Laisser sa fille unique prendre son envol, comme ça! Et si soudainement!"Attendez une minute, on rembobine tout depuis le début. Tu commences à énumérer les nouveaux éléments en comptant sur tes doigts, pour être sûr de n’oublier aucune étape. Wolfram, aka jeune tourtereau, aurait épousé la fille unique d’un abruti nommé Big Vito, dans un établissement qui s’appelle le Luxor, et vous auriez ensuite dérobé “Pac-Man” avant de décamper. Dans la foulée, vous aviez en plus perdu ta bague de mariage, ainsi que Bertram.  Et tout ça durant la nuit dernière ? Par Merlin, tu préférais ne pas savoir quel genre de substance dégoûtante Ford avait bien pu glisser dans vos jus de citrouille de la veille, pour que tout parte de travers à ce point-là. Si le Lord savait…

Alors que tu comptes une nouvelle fois sur tes doigts, certainement pour essayer de les empêcher de se saisir de ta baguette et de lancer un impardonnable à Langford, tu t’arrêtes brusquement sur la chose que vous aviez prétendument volée. Tandis que l’instigateur de la soirée faisait mine de s’éloigner vers le Luxor (dont le panneau clinquant ne cessait de clignoter de l’autre côté de la rue), tu te décidas enfin à adresser la parole au drôle d’individu qui vous avait accosté. “Hé euh Tony, c’est ça ? Se pourrait-il que Pac-Man soit en fait un éruptif ?” Le bonhomme que tu toisais d’un regard dédaigneux se mit alors à éclater de rire. “T’es vachement plus drôle qu’hier soir, Squarehead. Enfin, j’espère que vous vous êtes bien occupés de Pac-Man et que vous allez le ramener rapidement.” Bien que tu ne sois pas certain de saisir l’ampleur de l’humour local, tu pris cette réponse pour un oui, et t’efforças de ressortir du Golden Nugget sans arracher la langue de Tony, l’ami des Squareheads.

La chaleur étouffante du désert rendait ton accoutrement encore plus collant. Mais tu avais déjà un plan pour t’en débarrasser rapidement. “Bon vous trois, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que l’on va pouvoir récupérer mon alliance au Luxor. La mauvaise, c’est qu’il va d’abord falloir aller chercher Pac-Man à l’hôtel pour le ramener au beau-père de Wolfram. Et Big Vito nous rendra sûrement l’alliance en échange. Enfin, on fera en sorte qu’il la rende.” Faisant complètement abstraction de la disparition de Bertram, tu comptais bien laisser tes acolytes se charger de l’éruptif pendant que tu enfilerais une autre tenue dans ta chambre, et prierais pour que le fameux Big Vito soit bel et bien en possession de ton alliance. Ouais, t’avais pas encore résolu toutes les pièces du puzzle, et fait le rapprochement avec le mariage express de Wolfram. Mais quelque chose te poussait à croire que ton alliance n’était pas bien loin de Big Vito.