Caesar sent les yeux de Dennis sur sa bouche, redessinant ses lèvres, lui donnant à la fois l'envie de les pincer et de les tendre en avant - un besoin irrépressible nait en lui, une envie que Dennis les embrasse comme il l'a toujours si bien fait, qu'il attise ce feu dévorant qu'il a réveillé dans ses entrailles par sa simple présence. Caesar, parfois, n'aime pas son propre appétit pour le sexe, qui en deviendrait presque un handicap dans les situations comme celles-là: comment était-il sensé résister aux doigts de Dennis à même sa peau, quand il a l'impression que celle-ci est devenue chaude pour la première fois depuis si longtemps grâce à lui? Comment peut-il seulement penser à le repousser quand sa présence réveille chez lui ce sentiment intense d'appartenance? Dennis l'a toujours inclus, fait senti désiré, écouté, admiré. Il n'aime pas le fait d'en avoir besoin à ce point-là, mais il est trop fatigué pour y résister. "Yeah." Son coeur fait un bond dans sa poitrine, et il essaye de l'imaginer venir au Pegasus, le guetter, rentrer bredouille. Déçu? Attristé? Ces pensées lui plaisent, étrangement, répandent une chaleur bienvenue dans sa poitrine.

Dennis lui-a-t-il manqué? Maintenant qu'il l'a sous les yeux, Caesar est persuadé que oui. Son sourire lui a manqué, ses lèvres, sa peau, son regard, l'attention qu'il lui porte, les sentiments qu'il éveille en son sein, oui, tout ça lui a manqué - jusqu'à les retrouver, il ignorait combien toutes ces choses étaient importantes pour lui. Vitales, quelque part, comme si il avait vécu qu'une semi-vie jusqu'à maintenant et depuis leur dernière rencontre.
Le sourire enjôleur de Dennis ne devrait pas l'atteindre, mais fait néanmoins se crisper sur les lèvres de Caesar un rictus irrépressible, les coins de sa bouche sursautant pour s'étirer à leur tour en réponse. "The club has actually grown boring without you in it," lui ment-il, et pourtant Caesar se laisse faire quand les doigts de Dennis se glissent entre les siens, l'attirant légèrement vers lui. Dennis n'est tout simplement pas quelqu'un qui s'ennuie, jamais, Caesar refuse d'y croire; mais qu'il prononce ces mots à voix haute lui plait énormément. "Did it, now?" répond-t-il d'une voix douce, ses lèvres se tordant définitivement d'un léger sourire, bien malgré lui.

"I missed you, Kaz." L'idée d'avoir pu, un jour, compter pour Dennis à ce point-là libère en Caesar une nouvelle vague de chaleur qu'il n'a ni l'envie ni le temps de réprimer parce que Dennis glisse déjà une main dans son cou et l'attire à lui pour l'embrasser.
Caesar répond à son baiser avec brusquerie, se jetant sur lui comme si il n'avait attendu que ça - réveillant par la même un désir omniprésent mais dormant, assourdi par le reste jusqu'à maintenant. Sa main toujours posée sur la sacoche sur son torse le pousse en arrière, le plaque contre la porte avec force, le corps de Caesar la rejoignant bien vite pour se presser contre celui de Dennis tandis que ses lèvres ne quittent pas les siennes, les embrassant avec avidité et passion. Il aimerait lui dire que lui aussi lui a manqué, qu'il a pensé à lui, qu'il a été blessé lors de leur dernière rencontre, qu'il lui donnera tous les Gallions du monde si il peut continuer à l'embrasser comme ça, il aimerait aussi lui dire que ses sourires sont infectueux, chaleureux, spéciaux, il aimerait lui demander de le serrer plus fort que contre lui, et il aimerait aussi qu'il continue de l'embrasser et enterrer pour de bon cette culpabilité fulgurante et embarrassée qui vibre au fond de son crâne.

Mais Caesar n'aime pas s'épancher à voix haute sur ce qu'il ressent, alors il se contente de l'embrasser - Dennis a toujours répondu à la moindre de ses envies, ce n'est pas comme ça que ça va changer.
Il finit par relâcher son trésor, qui rebondit sur le sol dans un bruit sourd et trébuchant, pour mieux laisser ses mains débarasser Dennis de sa veste avec impatience - comme au Pegasus, Caesar n'embrasse jamais que pour embrasser, et ne peut pas imaginer tel geste ne se finissant pas en étreinte -, la faisant tomber sur le sol sans égard, ses doigts se faufilant aussitôt sous son t-shirt pour effleurer sa peau chaude. Il aimerait que Dennis partage un peu de cette chaleur, l'insuffle en lui et réveille ses membres engourdis par le manque. Manque de sexe, manque de lui, manque de baisers, manque d'amour; il ne sait plus trop, et peu importe, quand il peut se perdre dans les baisers de Dennis sans y penser. Le t-shirt est bien vite retiré, envoyé rejoindre la veste parterre, et Caesar a un mouvement abrupt de recul pour le regarder. Il laisse ses mains glisser sur son torse, retracer quelques muscles. Il est beau, Dennis, encore plus dans cette lumière de l'atelier où Caesar peut le détailler de tout son soûl. "Just..." Ses mains se glissent lentement sur ses flancs, dans son dos, pour l'attirer à lui. "Just don't talk," demande-t-il d'un ton pressant, retournant clâmer ses lèvres avec fièvre, l'attirant à l'aveugle jusqu'à la piètre couchette gardée au cas où dans un coin de la pièce.

tw: mention de drogues, sensation de manque, explicit content

Comme s'ils n'avaient jamais arrêté de se voir, tout se déroula aussi naturellement que d'habitude. La nervosité anxieuse des gestes de Dennis se transforma en fébrilité contre la peau chaude et les lèvres enivrantes de Kaz, l'impatience étiolée en un désir contre son corps fin ; il lui avait manqué, se rendit-il d'autant plus compte en l'enserrant d'une main dans le bas de son dos, le retenant à lui autant que l'artiste le retenait coincé contre la porte, laissant se mêler à ce manque-ci le manque qui lui rongeait les sens depuis de longs jours. Il n'y avait plus de différence, dans son cerveau agité par ces retrouvailles imprévues – il avait la conviction que sous la bouche et les mains de Caesar, il assouvirait jusqu'à ce vide creusé par l'absence des SMILEs. Une sensation trompeuse qu'il laissa le submerger pleinement, reléguant dans un coin de son esprit embrumé le tintement des Gallions contre le sol, une promesse prochaine de l'apaisement de ces fourmis qui lui remontaient jusque sous la peau. Dennis préférait croire, sur l'instant, que son bonheur ne tenait qu'à la chaleur de Kaz contre la sienne.

Il se débarrassa de sa veste sous les doigts empressés du sorcier, put sentir son contact à même sa peau moite – l'angoisse avait déjà fait son chemin sous ses vêtements, depuis le matin ; il s'arracha à ses lèvres pour retirer son haut, envoyant le vêtement au sol sans un regard, ce dernier rivé sur Kaz, qui avait mis entre eux juste assez de distance pour distinguer nettement la courbe élégante de son nez, l'ourlet de ses lèvres, son regard clair à la lumière du jour qui filtrait dans l'atelier. Être désiré par quelqu'un comme lui était un rêve, un fantasme prolongé où Dennis, durant de violents moments de lucidité, se rendait compte qu'il baignait en refusant d'en sortir ; que quelqu'un d'aussi beau, d'aussi talentueux et d'aussi doux (Dennis avait goûté à la tendresse de ses rires et de ses gestes, au cœur même du Pegasus) s'intéresse véritablement, et durablement à lui semblait alors parfaitement absurde. Dennis préférait replonger dans ses espérances, quitte à s'y heurter plus tard – ce n'était pas un problème pour tout de suite, quand Kaz lui offrait la délivrance en embrassant de ses paumes la peau nue de son torse. "Just... Just don't talk." Tout ce qu'il voulait, comme il le voulait ; l'assentiment absolu de Dennis disparut contre ses lèvres, de nouveau, ses mains sur ses hanches agrippant sa chemise pour l'en sortir de son pantalon, tandis qu'ils s'entraînaient jusqu'à la couchette.

Le matelas était un luxe auquel Dennis goûtait peu, lors de ses aventures – s'y retrouver avec Kaz, dans l'intimité de son atelier, insufflait en lui une onde de chaleur qu'il ne connaissait que trop bien. Riley l'avait prévenu, encore et toujours ; et comme d'habitude, il ignora sciemment les mises en garde de la sorcière, déboutonnant la chemise de Kaz de gestes empressés mais sûrs d'eux, quittant ses lèvres pour embrasser son cou, et accueillant, avec la saveur de sa peau sur sa langue, la vague nouvelle qui lui soulevait le cœur. Il le débarrassa rapidement de son haut, se redressant pour retirer le vêtement collant à même sa peau, l'empreinte de ses lèvres encore vives contre les siennes, défaisant la boucle de sa ceinture de ses mains avant de nouveau se pencher sur lui, embrasser le haut de son ventre pour remonter jusqu'à sa gorge en une série de baisers chauds, dans un silence seulement rompu par sa respiration plus courte, le battement furieux de son cœur, tandis qu'il venait chercher le contact de Kaz, sous son sous-vêtement, refermant ses doigts sur lui, une caresse lourde de ce désir contenu depuis trop longtemps, où se mêlait l'expectative de ces deux drogues désormais profondément incrustées dans sa chair.

tw: explicit content

Après s'être convaincu d'avoir laissé cette vie-là derrière lui, le sentiment de familiarité qui s'empare de Caesar est déroutant, inquiétant même. C'est tellement naturel, d'entraîner Dennis avec lui vers ce lit défoncé qu'ils ont monté avec Basil pour leurs longues nuits inspirées; tellement naturel, de le laisser tirer sa chemise de son pantalon, le laisser le déshabiller avec passion; tellement naturel, de laisser ses mains glisser sur sa peau nue, dans ses cheveux, retracer les muscles de ses épaules et de son dos avec langueur; tellement naturel de s'abandonner tout à fait, soupirant contre sa bouche, frissonnant sous ses baisers et ses caresses. Comme si le temps n'avait pas passé, comme si ils se retrouvaient comme avant, sans honte ni retenue, au Pegasus ou à l'atelier - comme si tout un pan de la vie de Caesar ne s'était pas écroulé, et que seul Dennis, son corps, ses lèvres, ses mains existaient. C'est si simple, de s'abandonner à cette illusion douloureuse, et cette simplicité lui fait peur, quelque part. Que ses bonnes résolutions s'écroulent si facilement et qu'il, comme Basil le lui répétait sans cesse, soit tout bonnement capable de garder la moindre promesse, que ce soit envers les autres ou envers lui-même. Il peut déjà imaginer son regard à la fois déçu et résigné quand il lui racontera, une fois qu'il l'aura retrouvé...

Malgré l'omniprésence de l'existence de Basil dans l'atelier, et sa résidence permanente dans l'esprit de Caesar, son image s'efface rapidement sous les attentions de Dennis, un long soupir lui échappant en sentant sa main se refermer autour de lui. Comment a-t-il pu penser un jour pouvoir s'en passer?
Les mains de Caesar se perdent dans les cheveux de Dennis, s'accrochent à ses mèches maladroitement décolorées, ses doigts s'enfonçant dans la peau de son crâne en l'amenant à ses lèvres, soupirant impatiemment contre ces dernières. Et puis, comme toujours, cette supplique lancinante qui n'appartient qu'à ces moments-là, un gémissement presque plaintif à même sa bouche: "Dennis, I need you to fuck me, please."

La honte ne réapparaît qu'après coup, quand ils en ont fini et que Caesar n'a qu'une envie: s'enfuir à toutes jambes, claquer la porte sur Dennis et son sourire infectueux, et l'enterrer définitivement avec cette vie d'avant qui n'aurait de toutes façons jamais dû exister.
Mais il est bien dur de se détacher de lui en le regardant s'enfoncer dans le matelas à ses côtés, ses cheveux blonds partant dans tous les sens à cause des doigts fiévreux que Caesar a passé dedans pendant de longues minutes, sa peau luisante sous l'effort, son torse se soulevant un peu quand il reprend son souffle. La main de Caesar se pose sur son coeur, ses longs doigts s'étalant sur sa clavicule, effleurant son cou, alors que lui-même essaye de calmer la cavalcade qui bat un rythme endiablé dans sa poitrine, galvanisée par les relents de plaisir qui allument encore le bout de ses nerfs d'un feu ardent. "Things are different now," dit-il à mi-voix, sans croiser son regard, ses longs cils lui épargnant la vue des yeux trop tendres de Dennis, pour qu'il puisse mieux se consacrer à la contemplation de sa main posée sur la peau de son amant. "I can't..." Il ne peut pas être là, il ne peut pas continuer, ne peut pas faire comme si de rien n'était - comme si Seung-Wan n'existait pas. Il n'a pas envie de devenir son père, à déshonorer sa femme et faire comme si de rien n'était et que tout allait bien. Il y a tant de choses qui lui manquent chez son père, et tant de qualités qu'il aurait aimé hérité de sa part, mais pas ça. Tout, mais pas ça.

Sa main se glisse sur son flanc, ses doigts retracent des muscles finement dessinés qui sembleraient factices - Dennis lui fait l'effet d'une statue classique, ciselée et taillée d'une baguette experte. En le regardant, en le caressant, Caesar aurait presque envie de rouler hors du lit et d'achever l'oeuvre maudite qui trône en maître au centre de l'atelier.
"The money." Et Caesar se déteste, déjà, de sa voix égale et faussement détachée, de cette transaction qui, comme avec Logan, ne lui apportera qu'un sentiment de vide à sa réalisation. "Do you need more?" Et de lui jeter un regard entre ses cils, sérieux et incertain à la fois.

tw: mention de drogues, sensation de manque, explicit content

Il avait fermé les yeux, un bref instant, passant ses doigts dans ses cheveux pour se raccrocher à son propre corps, désormais détaché de celui de Caesar. Ils s'étaient empressés de se retrouver, comme d'ordinaire, rodés par leurs rencontres limitantes au Pegasus – l'impatience anxieuse de Dennis s'était cristallisée contre ses lèvres, trouvant un écho dans le regard de Kaz, une fois en lui. Il était rare qu'ils puissent se regarder, pendant l'amour ; et il se gavait lorsqu'il le pouvait des pupilles sombres de Caesar, de ses traits assouplis par le plaisir, des rougeurs grimpant jusqu'à son visage, à la cette lumière du jour bienvenue après une aussi longue période de nuit. L'orgasme avait repoussé un instant les craintes irraisonnées, l'appel mordant tapi au fond de son ventre ; Dennis pouvait les sentir sous son crâne, deux fantômes apaisés par la chaleur de Kaz contre lui – un instant de répit qu'il savait temporaire, factice, sentant les premiers fourmillements de ses angoisses parcourir sa peau nue.

La paume de Caesar sur son torse lissa la vague de grésillements qui lui coulait sur le corps. Dennis rouvrit les yeux pour les tourner vers lui avec lenteur, le corps encore lourd de l'empreinte du plaisir ; la vision de Kaz allongé près de lui, tranquille, apaisé par leur étreinte, lui tira un sourire. Prendre leur temps, avant, pendant, après, ne faisait pas partie de leur routine – ils se rhabillaient rapidement, ensuite, et le regard de Caesar rappelait Dennis à l'ordre lorsqu'il s'attardait quelques secondes de trop contre lui. "Things are different now." "How so?" Sa voix était basse, ses yeux couvant les traits de Kaz quand bien même ce dernier ne le regardait pas. Il savait pertinemment pourquoi les choses étaient différentes, il le lui avait expliqué quelques minutes avant l'impact ; remettre en question ces changements, juste après, permettait de les tenir encore à l'écart – entretenant l'espoir naïf que peut-être, tout pouvait être autrement plus simple, s'ils le voulaient vraiment. "I can't..." Le sentir le caresser, ses doigts flirtant avec son cou, avec une douceur sensible projetait une onde tiède dans son ventre – Dennis se contenta de respirer, laissant couler jusqu'à son flanc la main de Kaz, retenant la vague anxieuse contre ses os.

"The money."  Dennis sentit de nouveau une pile de plomb tomber dans son estomac, lui rappelant la légèreté des SMILEs, désormais à portée de main, ainsi que la finesse du fil qui les liait désormais, lui et Caesar. "Do you need more?" Kaz releva les yeux vers lui, arrachant à son cœur un battement douloureux, lui rappelant que leur temps était compté. "No, I'm fine." Il esquissa un sourire engageant, pour achever de les convaincre, tous les deux, que tout allait bien – qu'il n'y avait jamais d'accroc avec lui, comme promis, que Kaz pouvait lui faire confiance, qu'il n'avait pas à craindre de le revoir, si jamais il en avait un jour l'envie. "You just gave me plenty enough." Et il eut un rire bas, plongé dans les yeux de Caesar ; il glissa une main sur la joue de ce dernier, son pouce effleurant sa pommette avec affection. "I'm going to go." C'était à des lieux de ce qu'il aurait voulu lui dire, dans cette bulle opaque qui les entourait encore ; le tiraillement dans son ventre enflait avec les secondes, soulignant la volonté de Caesar de se débarrasser de lui, maintenant qu'il avait l'argent.

Son pouce reposa contre sa peau, sa main épousant parfaitement la ligne nette de son visage ; il y eut un léger silence, où Dennis put sentir le pouls de Kaz contre sa paume, son petit doigt flirtant avec son cou. "Thank you", fit-il tandis que son regard virait jusqu'à ses lèvres ; et au lieu de s'en détacher, comme promis, il se pencha vers elles pour l'embrasser encore, roulant légèrement vers lui pour ce faire, grappillant quelques secondes de plus auprès de Caesar, repoussant encore la déchirure qui menaçait de s'ouvrir dans son torse.

"No, I'm fine." Caesar n'aime pas cette sensation insidieuse qui se répand dans sa poitrine et lui tord les tripes, ce goût amer qui lui remonte la gorge en même temps qu'une intense déception explose dans son crâne. Dennis n'a plus besoin de loin, et n'a donc plus envie de lui. C'est parfait, devrait-il penser, au moins il se tiendra à l'écart et Caesar n'aura pas à s'inquiéter qu'il le fasse chanter, ou pire. Mais il est tout de même déçu, malmené par un sentiment injuste et désagréable. Il aimerait que Dennis insiste, qu'il le supplie de lui autoriser à revenir, qu'il reste dans sa vie par la force en mettant à bas les dernières résistances de Caesar comme il l'a fait en attrapant son poignet. Mais c'est sans doute trop demander.

Dennis a un petit sourire, et Caesar lui rend simplement son regard, se demandant ce qu'il trouve amusant à cette situation étouffante. "You just gave me plenty enough." Caesar renifle, le coin de ses lèvres se relevant très légèrement, avant de s'immobiliser en sentant sa main sur sa joue, une parodie de tendresse et de douceur inhabituelles pour eux, pour lui. "Alright." Il résiste à l'envie de lui dire qu'il peut lui en donner encore plus si il en a besoin ou même si il veut, tout simplement. Mais les accents désespérés de cette pensée le rendraient presque malade, alors il ne dit rien. "I'm going to go." Caesar devrait être rassuré ou mieux encore, indifférent; mais il sent son estomac se tordre. Il n'a pas envie d'être seul, réalise-t-il douloureusement. Il a été seul pendant si longtemps, et Dennis est la première personne depuis des semaines, non, depuis des mois, depuis que Basil est parti, qui lui donne l'impression d'être là.

D'exister, que ce soit dans son regard ou sous la paume chaude de sa main, contre ses lèvres brûlantes. D'exister, d'être désiré, apprécié, attendu. Il voudrait que ce moment s'étire à l'infini et que les yeux de Dennis ne le lâchent pas, mais il ignore comment le lui demander exactement, se souvenant encore douloureusement de sa gentille mais ferme rebuffade la dernière fois. "Thank you." Dennis l'embrasse et les mains de Caesar montent aussitôt jusqu'à son cou, glissant dans sa nuque pour le serrer contre lui en répondant à son baiser. Il apprécie le corps de Dennis qui coule vers le sien, son poids sur lui, leurs corps nus pressés l'un à l'autre confortablement - Dennis l'a toujours mis à l'aise, dans ces très, très rares moments d'intimité. C'est la première fois qu'ils en profitent ainsi, la première fois que Caesar ne le pousse pas du lit avec impatience et une forme de dédain. "Do you have to?" chuchote-t-il contre ses lèvres, après s'être défait du baiser pour parler, ses yeux cherchant les siens. Une main glisse dans ses cheveux, l'autre retourne sur son torse, ses doigts s'écartelant à la surface de sa peau chaude. "Go?" Il n'aime pas trop le ton suppliant de sa voix, cette vulnérabilité profondément enfouie qui fait son apparition soudaine face à la tendresse de Dennis; mais il ne l'a jamais jugé, il n'a aucune raison de commencer maintenant. "You can stay, for a bit," offre-t-il à mi-voix, caressant lentement sa peau et ses cheveux avec une douceur inhabituelle mais sincère.

tw: mention de drogues, sensation de manque

"Do you have to?" Le cœur de Dennis rata un battement au chuchotement contre ses lèvres. Did he? Les mains de Caesar cherchaient son contact avec une tendresse nouvelle, loin de la distance habituelle qu'il affectait, dans l'après ; Dennis aurait voulu garder contre lui ces gestes rares, précieux, s'y baigner enfin, l'esprit pleinement tourné vers Kaz et ses caresses, sa demande, son regard – mais encore le fourmillement sous sa peau se rappelait à lui, s'intensifiant de façon alarmante, grandissant proportionnellement sous les attentions de Caesar. "Go?" C'était un coup à le retarder, lui faire manquer les derniers SMILEs, se heurter à la mine désolée de Charlie. Sorry mate, sold the last batch just five minutes ago. "You can stay, for a bit." Il aurait été si simple de lui dire oui, sous la douceur de ses caresses, la tendresse de son regard dans le sien, sentant jusqu'à son cœur battre dans son torse contre lui ; néanmoins aucune douceur ne pouvait endiguer pleinement, définitivement la morsure à l'arrière de sa nuque, les deux crocs du manque plantés à même sa chair, sur ses épaules, le transformant en une marionnette anxieuse, presque désarticulée, peinant de plus en plus, au fil des secondes, à détourner son attention du paquet de Gallions lui promettant une délivrance prochaine, pressante.

Rester avec Kaz, dans l'intimité de son atelier, était une idée terriblement séduisante, et Dennis esquissa un léger sourire au goût d'excuse. "I do, yeah." Ses doigts chutèrent de sa joue, caressant sa gorge, soulignant la longue courbe de son cou, jusqu'à se refermer sur son épaule. "But I can come back, it won't take more than thirty minutes, an hour tops. If you want me to." Ce serait comme s'il n'était jamais parti, se retint-il d'ajouter en sondant ses yeux sombres, baignant dans cette douceur inédite, les mains de Caesar distillant une tiédeur apaisante sur sa peau encore sensible sous les restes du plaisir. La main de Dennis remonta le long de son bras, en une longue caresse à même la peau lisse de Caesar. Il aurait suffi de le relâcher, de se défaire de lui, de céder à cet appel le poussant à sortir hors du lit, pour mettre fin à l'anxiété roulant dans ses veines ; et pourtant son corps restait accroché au sien, comme lié par un velcro invisible. "If we're being honest, I wouldn't mind coming back some other time too." Un sourire s'était emparé de ses lèvres, la nervosité reprenant ses droits sur ses synapses (et si Charlie n'était plus à son spot ? et s'il avait vendu le stock ?), faisant éclater avec sincérité l'impatience, et l'envie certaine, de le revoir ensuite. Il se pencha pour embrasser son épaule, puis son cou, avant de redresser la tête pour accrocher de nouveau son regard ; ses doigts glissèrent jusqu'à son flanc, tandis qu'il guettait sur ses traits une réponse, le signe qu'il serait d'accord pour le revoir – après les drogues, après être sorti de ce gouffre où il se sentait glisser au fil des heures.

L'offre est inédite, et terrifiante pour Caesar, ni habitué à la douceur dont il fait preuve en cet instant, ni à dévoiler ainsi la moindre envie de le revoir ou de le faire rester. Pourtant, plus d'une fois, au Pegasus, il a cherché Dennis du regard et s'est révélé ravi de l'y trouver et, plus d'une fois, il lui a fait part de son plaisir de le retrouver, de revisiter son corps de ses lèvres et de ses mains. Mais c'est différent en cet instant, après l'amour, quand les lumières électriques de la boîte de nuit ne sont pas en train de chanter autour d'eux leur musique stridente: Caesar n'entend que les battements de son coeur et les souffles de Dennis sur son visage, ses beaux traits se fendant d'un petit sourire qui donne déjà un indice sur les mots qui passent ses lèvres ensuite. "I do, yeah."

Les mains de Dennis glissent à la surface de sa peau, la caressent lentement, et Caesar a froid de nouveau. Peut-être qu'il ne lui a pas tant manqué que ça, et qu'il ne le désire pas autant. Il voulait juste son argent (comme Logan) et son corps (comme les autres) - rien de plus, et il se sent bien bête d'y avoir cru, pendant un bref instant. Le souvenir encore cuisant de leur dernière rencontre au Pegasus, lors de sa soirée d'anniversaire, est ravivé douloureusement à l'arrière de son crâne. Caesar a été repoussé de nombreuses fois, pour plein de raisons arbitraires et parfois injustes, il y est habitué, ça fait partie du jeu après tout. La première fois de la part de Dennis a été douloureuse; la deuxième est insupportable.
Une part de lui, pourtant, se résigne. Cette vie n'est plus la sienne, et il est en train de chasser un rêve qui ne pourra jamais être. Caesar sait qu'il est hypocrite, les dernières paroles de substance qu'il a adressé à Celyn brûlées dans son esprit. This pretending game does not stop for anyone.
C'est pourtant si simple de prétendre que ce n'est pas le cas, avec Dennis.

"But I can come back, it won't take more than thirty minutes, an hour tops. If you want me to." Caesar répond à son sourire d'un des siens - les faux, ceux qui lui venaient si facilement avant, quand il devait plaire et séduire aux soirées mondaines et d'affaires. "If we're being honest, I wouldn't mind coming back some other time too." Le sourire séducteur de Dennis s'écrase sur sa peau en quelques baisers vides de sens. Les doigts de Caesar descendent sur ses épaules et son dos. "Some other time, then. I should get going anyway," offre-t-il d'une voix ferme, bien loin de la vulnérabilité offerte juste avant. Caesar n'a jamais aucun mal à endosser de nouveau, même si c'est temporaire, ce manteau distant et froid lorsqu'il en a besoin.
Il pose ses mains à plat sur son torse et le repousse lentement. La suite est plutôt habituelle: il s'essuie sur les draps, attrape ses habits et les enfile rapidement sans prendre la peine de boutonner sa chemise, jetant parfois des regards en coin en direction de Dennis. "Maybe I'll see you around then." Il n'y croit pas une seule seconde, le raccompagnant à la porte quand Dennis est habitué, ramassant pour lui l'argent qu'il lui met dans les mains. Il lui ouvre la porte, son fin sourire factice toujours sur les lèvres, réflexe musculaire familier à ce stade. "Be careful out there, Dennis."