Son Excellence aujourd'hui n'est pas là en sa qualité d'ambassadeur, mais en tant que businessman. Son petit cabinet a pourtant essayé de le convaincre que non, vraiment, son travail au Ministère était tout aussi important, voire plus, que de faire acte de présence au MILF (Piotr apprécie beaucoup le nom) - mais il n'a rien voulu entendre. Si tous les sorciers de la haute société sorcière britannique allaient se retrouver au même endroit pour célébrer l'innovation, la technologie et la magie, alors autant y aller lui-même. Feodora lui a même touché mot que cela pourrait intéresser Mikhail, et Piotr lui a proposé d'y aller ensemble - une discussion sérieuse à avoir avec sa femme, afin de la convaincre et rendre son fils heureux.
Une discussion pour un autre jour. Aujourd'hui, bien loin de laisser le ton monter avec sa chère femme, Piotr est là pour serrer des mains, offrir des sourires, et alléger son porte-feuille si un projet se révèle être méritant d'un de ses investissements. Après ses jeunes années d'investissements audacieux et méthodiquement réfléchis, Piotr s'est inventé une âme d'ange: il est toujours du genre à mettre des quantités illogiques et enflammées d'argent dans les projets les plus inattendus, et à récupérer son investissement et des intérêts même à la faillite inévitable de ces idées bancales. Tout le monde le lui a toujours dit: quand il n'existe pas, Piotr invente le profit.

Parfois, le profit ne s'invente pas tout seul: il existe. C'est ce que semble incarner l'homme sur scène, qui parle à n'en plus finir et utilise des mots et une rhétorique assommante que Piotr écoute pourtant avec un intérêt non dissimulé. Quand il sent que la fin approche, il se lève de l'audience et se rend nonchalamment sur le côté, souriant avec confiance aux sorciers gardes du corps qui gardent farouchement l'accès backstage et qui ne pensent même pas une seule seconde à l'arrêter. "Your Excellency... - It'll be alright, Anton, I just have a few hands to shake. How about you go and have some fun somewhere else?" Et à son fidèle assistant qui acte comme son ombre, Piotr donne une bourse bien remplie de Gallions et lui tape la fesse pour l'éloigner de lui à l'autre bout de la pièce.

Piotr se fait rapidement une place parmi les quelques figures importantes de cet espace tant convoité. Il ne connait personne et pourtant, il saute d'intervenant en intervenant avec aise, s'avançant avec un sourire et une main tendue à chaque fois, jamais vexé d'avoir à se présenter, toujours extatique d'être reconnu.
Enfin, l'intervenant sur scène la quitte enfin. Piotr laisse à quelques requins le temps de se présenter et de le féliciter en premier avant de s'approcher, tout sourire, tiré à quatre épinglés dans un costume gris clair et les cheveux gominés à outrance ne bougeant pas d'un millimètre alors qu'il lève les bras en l'air comme si il allait prendre Zabini dans ses bras. "The man of the hour! Zack!" Il préfère généralement ne pas parler la langue mais ce petit Zack Zabini (Piotr apprécie l'allitération) le connait de New York: inutile de prétendre avec lui. L'accent russe est pourtant un peu appuyé et exagéré, de man ov de howir. "I'm very happy to see you again." Ses bras retombent en s'approchant, mais pas les coins de ses lèvres. Ses yeux clairs détaillent un peu son vis-à-vis, avec un intérêt évident. "Quite a speech you delivered there. I think you taught me a thing or two, who would have thought? I'm very impressed with what you made with yourself, young man, what after all the dreadful things that happened to our friend Oscar. Oh well, you know what they say: the old guard needs to fade away eventually." Il rit un peu, fort. "I hope you won't come for me next!"

Évidemment, Ezekiel a dépensé beaucoup de son énergie de ces dernières semaines aux préparations du fameux Magic is Legendary Festival, épiant sévèrement le travail mis en place par ses équipes, et offrant sourires jusqu’aux oreilles et poignées de main aux représentant du gouvernement et, surtout, à ses très chers partenaires de chez Rosier Events, jusqu’à l’inauguration des festivités. La mise en place d’un réseau privé et public pour permettre la rediffusion des évènements les plus importants du festival, s’assurer du bouclage du premier film sorcier - excusez du peu - avant sa diffusion, surveiller les derniers travaux sur l’iKrys 6 avant sa présentation au reste du monde ; autant de préparatifs qui sont vite oubliés lorsqu’il s’agit de se pavaner au coeur de l’élite sorcière, s’enquérir des nouvelles stigmagies florissant sur le marché, prendre la température auprès de potentiels nouveaux partenaires, et dégainer plume et contrat à la moindre occasion. Ezekiel se meut comme un poisson dans l’eau, à cette foire à la saucisse bien huilée qui ne représente qu’une opportunité comme une autre de se faire voir sous son plus beau jour, paré de ses pièces les plus raffinées, auprès de la société britannique.

Et en toute logique, le seul événement de la semaine auquel il s’est rendu avec un intérêt sincère, et une pointe d’excitation dans la poitrine, est sa propre masterclass. Difficile de ne pas se laisser porter par le son de sa propre voix, particulièrement quand il s’agit de parler de l’oeuvre de sa vie, et de raconter le récit lissé, et enrobé d’une couche mielleuse, de sa fondation. C’est un exercice auquel Ezekiel est bien rodé, et qui l’emplit d’une satisfaction que l’on peut facilement deviner dans le timbre de sa voix, et dans son regard illuminé par la flamme de ses accomplissements. Il n’y a rien de plus savoureux que d’observer ces mines concentrées rivées sur lui, les plumes à papote s’agiter dans l’audience, et surtout, de pouvoir répondre avec une décontraction certaine aux questions de jeunes et ambitions entrepreneurs à la fin de la conférence - car s’il y a une chose que Zeke apprécie plus que de parler de lui-même, est certainement de dispenser ses conseils condescendants.

En descendant de scène, il ne dissimule pas son enthousiasme à recevoir les compliments et intérêts de certains confrères, qui se ruent sur lui, sans lui laisser l’occasion de respirer, pour lécher allègrement ses bottes de self made man reconnu - des prétendus hommes d’affaire auxquels il ne donne pas plus de trois ans dans le milieu. Et parmi la masse grouillante qui s'aligne à ses pied pour le féliciter, apparaît un visage qui lui fait lever un sourcil, en même temps qu’il étire ses lèvres. De fait, Ezekiel n’oublie jamais un visage ; et de fait, il ne s’attendait certainement pas à revoir un jour le businessman russe. ”The man of the hour! Zack!” Le nom de Piotr Shklyarov se dessine dans son esprit, de concert avec les souvenirs soigneusement rangés de dîners d’affaire à New-York, où il avait eu tout le loisir de subir l’accent à couper au couteau qu’il retrouve lorsque l’homme s’avance vers lui en massacrant son patronyme. Ezekiel enfonce une main dans son costume en plissant les yeux, sa tête penchant légèrement sur le côté, comme s’il cherchait à le remettre. ”I'm very happy to see you again. Quite a speech you delivered there. I think you taught me a thing or two, who would have thought? I'm very impressed with what you made with yourself, young man, what after all the dreadful things that happened to our friend Oscar. Oh well, you know what they say: the old guard needs to fade away eventually. I hope you won't come for me next!” Le sourire de Zeke s’élargit à la mention directe d’Oscar - après tout, ce n’est autre que le New-Yorkais qui les a introduit, et qui était, à l’époque, l’interlocuteur premier de Piotr. Il finit par sortir la main de son costume pour la tendre à son vis-à-vis dans un sourire poli. ”I apologize - Have we met? Zeke Zabini, pleasure to- Oh right! I remember you now! Piotr Shklyarov, if I recall correctly? What a pleasant surprise! I wasn’t expecting to see you again. Well thank you very much, I’m glad you enjoyed the presentation.” Il lui offre une poignée de main ferme en le détaillant poliment du regard avant de poursuivre avec un rire franc, faisant écho à celui de Piotr. ”Oh, Piotr, someone such as yourself shouldn’t be afraid to end up as Oscar. Let’s be realistic, the man was not as brilliant and cautious as he should have, I think we’ll both agree on that. There’s no reason you’ll make the same awful mistake as our friend”, glisse-t-il avec un clin d’oeil, avant de reprendre sa main pour l’enfoncer dans la poche de son costume pourpre. ”I’m curious now, what brings you to our wonderful land?”

”I apologize - Have we met?” Zack réussit là à faire quelque chose qui n'est pas arrivé depuis bien longtemps; il surprend Piotr, qui le regarde d'un air interloqué, avant d'exploser d'un long et fort rire ravi en attrapant d'une poigne puissante la main qu'on lui tend. Elle est bien bonne, celle-là. Ce n'est pas tant qu'il s'attend à ce qu'on se rappelle de lui - même lui n'est pas vaniteux à ce point-là - mais lui-même oublie rarement un visage (à défaut d'un nom) et il sait que le protégé d'Oscar avait un intellect bien trop vaste pour véritablement ne pas le reconnaître. Il n'entend malheureusement pas la suite de ce que Zabini a à lui dire, ses mots se noyant dans le rire et le ravissement de Piotr,et  il n'entend pas non plus sa correction. ”Oh right! I remember you now! Piotr Shklyarov, if I recall correctly? - That's me! - What a pleasant surprise! I wasn’t expecting to see you again. Well thank you very much, I’m glad you enjoyed the presentation.” Piotr hoche la tête avec entrain, véritablement heureux. "It was splendid." Il n'a jamais été avare de compliments, en affaires comme avec les femmes.

”Oh, Piotr, someone such as yourself shouldn’t be afraid to end up as Oscar. Let’s be realistic, the man was not as brilliant and cautious as he should have, I think we’ll both agree on that. There’s no reason you’ll make the same awful mistake as our friend.” Le clin d'oeil de Zack est équivoque et Piotr sourit chaleureusement tandis que sa main, libérée, retombe. Il ne doute pas une seule seconde que l'erreur d'Oscar avait été de sous-estimer son petit poulain et il apprécie grandement le talent manifeste de Zack pour la conversation. "Oscar was a precious friend of mine who made a terrible mistake - losing him was a huge loss for everyone who knew him, but it was well deserved. Hubris is unforgivable in our line of work," note Piotr d'un air docte, comme si lui et Zabini ne partageaient pas ce trait.

”I’m curious now, what brings you to our wonderful land?” Piotr rit un peu d'entendre Zabini, qui semble venir de l'autre bout du monde, parler du Royaume-Uni comme de sa terre natale. "Family affairs first and foremost: I came to visit my wife, do you remember Feodora?" Il doute que quiconque puisse oublier le charme magnétique et dangereux de sa chère et tendre épouse, mais balaie sa propre remarque d'un mouvement de main avant de l'abattre brusquement sur l'épaule de Zack en marchant à ses côtés. "And as it turns out, you are now talking to His Excellency the Ambassador of Russia. Doesn't that sound just so catchy?" Nouveau rire, main qui retombe. "What about yourself, Zack? I feel like we should catch up, are you free for lunch?" Piotr est un moulin à paroles, surtout en compagnie de quelqu'un d'aussi appréciable et intelligent que Zabini. "Although I feel like I know you better than ever after this seminar, I can't help but wonder at the man you've become. You were so young the last time I saw you - well, you still are. And although I'm sure you don't need anyone to fill Oscar's shoes, I can't help but wonder if I could be of any assistance in any of your endeavors, with the most honorable intentions."

”Oscar was a precious friend of mine who made a terrible mistake - losing him was a huge loss for everyone who knew him, but it was well deserved. Hubris is unforgivable in our line of work.” Terrible, terrible, en effet ; Ezekiel secoue la tête dans une expression entendue, sans réprimer un haussement des sourcils accompagné d’un sourire équivoque. Qu’il ait participé activement à la chute d’Oscar n’est pas un secret pour quiconque se penchant un minimum sur l’affaire, et il ne doute pas une seconde que Piotr en est pleinement conscient. L’implosion de l’ACBC a, après tout, coïncidé avec le départ de son ancien COO et, surtout, la fondation de la BCBC - il n’est pas compliqué de faire le lien avec Ezekiel, qui s’est toujours fait un malin plaisir à rester le plus flou possible sur l’affaire, constituant sa réputation de menace insidieuse et incertaine. Il ne voudrait, après tout, pas donner d’idées à qui que ce soit, et garde bien les détails de ses machinations passées et présentes derrière son sourire satisfait de lui-même.

Zabini ouvre le bras pour inviter Piotr à le suivre, ignorant les quelques requins qui attendaient alors de venir lui serrer la main. Autant il aurait bien passé plus de temps à se faire encenser par ses pairs, autant la présence de l’homme d’affaires russe l’intrigue - sans compter qu’il est, dans ses souvenirs et de ce qu’il peut déjà observer, d’excellente compagnie. Il faut dire ce qui est : Ezekiel a du mal à refuser une conversation avec un homologue à la cervelle relativement bien faite. ”Family affairs first and foremost: I came to visit my wife, do you remember Feodora? − Mrs. Dolohova, of course.” En continuant d’avancer vers la sortie du dôme dressé à l’occasion du festival, Ezekiel se garde d’ajouter qu’il ne serait pas sans ignorer quiconque portant une marque similaire à la sienne sur l’avant-bras. ”And as it turns out, you are now talking to His Excellency the Ambassador of Russia. Doesn't that sound just so catchy?” Il pose un regard rapide sur la main qui s’abat sur son épaule - il n’est peut-être pas friand des intrusions de son espace personnel, mais les tolère sans mal dans un tel contexte, quand bien même il préfère autrement les initier lui-même. Il ne va tout de même pas se formaliser d’une preuve de familiarité à son égard de la part du nouvel ambassadeur de Russie. Il se fend d’un rire en lissant sa cravate d’un geste instinctif, reportant ses yeux sur le visage souriant et aimable de Piotr. ”It does sound fitting, congratulations!” A son tour de venir gratifier son interlocuteur d’une tape amicale dans le dos alors qu’ils se retrouvent devant la sortie du dôme qu’ils franchissent bien assez vite en poursuivant sur le ton de la conversation.

”What about yourself, Zack?” Ezekiel fronce du nez dans un nouveau sourire, cette fois forcé - il lui semblait pourtant que Piotr comprenait parfaitement l’anglais, malgré son accent prononcé. Il a dû se tromper, et devoir se répéter ne fait certainement pas partie de ses habitudes. ”I feel like we should catch up, are you free for lunch? − Absolutely, I’d be delighted to.” Déjà, il peut sentir le regard de Jordan, les suivant naturellement depuis tout à l’heure, se relever lourdement vers lui ; il n’a pas besoin de le lui rendre, qu’il la voit s’éloigner, boule cristal en main, pour annuler le déjeuner qu’il avait de prévu. ”Although I feel like I know you better than ever after this seminar, I can't help but wonder at the man you've become. You were so young the last time I saw you - well, you still are. And although I'm sure you don't need anyone to fill Oscar's shoes, I can't help but wonder if I could be of any assistance in any of your endeavors, with the most honorable intentions.” Indéniablement, Ezekiel aime le style de Piotr - un archétype charmant et avenant, n’attendant pas d’installer une table de restaurant entre eux pour mettre les pieds dans le plat. Et, sans grande surprise également, qu’il fasse mention de son jeune âge fait enfler l'ego de Zabini, qui se redresse dans un rire franc ; que l’on souligne qu’il a atteint des sommets à seulement trente-et-un ans lui procure toujours une forme de fierté non dissimulée. Heureusement, quand bien même il est réceptif aux compliments, il n’est pas de ceux aveuglés par les tournures flatteuses des autres requins de sa trempe. ”Well you heard me earlier, these shoes couldn’t fit my ambitions, avance-t-il dans un sourire plein de dents. However, I never turn down potential opportunities, especially coming from accomplished businessmen such as yourself, Piotr. Although, before offering your assistance to anyone, you might want to get their name right - Z stands for Zeke Zabini”, précise-t-il d’un ton poli et décontracté. À nouveau, il abat sa main sur son épaule en découvrant ses dents, secouant la tête comme pour chasser ce malentendu sur lequel il ne souhaite pas s’attarder. “That being said, I’d be pleased to discuss all this around a glass of fine wine. Shall we?”

Offrant son bras - et après avoir fait un signe de la main à Jordan pour l’inviter à ne pas les déranger -, Ezekiel les fait transplaner devant l’un des restaurants éphémères installés à l’occasion du MILF, où il a pris l’habitude de se rendre depuis les premiers jours du festival. On les mène à la table qui lui est toujours réservée, où ils s’installent confortablement. ”So, are you still in the stegmagic field? From what I remember, you were specialized in that... Eastern Europe stegmatic - what’s it called again?” Télégramme.

tw: racism

Piotr se sent parfaitement dans son élément en compagnie de Zack Zabini - même si il est vrai qu'il y a très peu de situations qui le mettent mal à l'aise. Retrouver un peu de contrôle sur sa vie dans le milieu des affaires le rassure. Il n'a pas tout perdu dans le trou sibérien dans lequel sa chère femme l'a envoyé: Piotr porte toujours ce sourire avenant comme une seconde peau. ”Well you heard me earlier, these shoes couldn’t fit my ambitions." Piotr hoche la tête. Zack est devenu un homme accompli et le russe est plus que content pour lui. Il ne le voit pas véritablement comme une menace, leurs champs d'action étant pour l'instant plutôt éloignés, mais il préfère tout de même le garder proche et sous sa main au cas où viendrait à Zabini la mauvaise idée de continuer ses petites machinations américaines qui ont fait tomber, entre autres, Oscar. "However, I never turn down potential opportunities, especially coming from accomplished businessmen such as yourself, Piotr." Le compliment lui fait hocher la tête. "That's very kind. - Although, before offering your assistance to anyone, you might want to get their name right - Z stands for Zeke Zabini.” Les traits de Piotr se figent de stupeur dans une expression presque comique avant de se fendre d'un énorme sourire et d'un énième rire tonitruant. "Zeke, of course!" Il lève une main qu'il frappe contre son front dans un mouvement exagéré en même temps que Zabini pose sa main sur son épaule. Piotr ne ressent aucun embarras à ce malentendu, et il est bien gré que Zeke ne lui en veuille pas non plus. “That being said, I’d be pleased to discuss all this around a glass of fine wine. Shall we? - Gladly!" Il attrape le bras d'Ezekiel et le laisse les faire transplaner devant un restaurant non loin, à l'apparence suffisamment classieuse pour ne pas faire froncer le nez de Piotr.

Une fois entrés, on les amène rapidement à une table sans que Zeke ait le moindre mot à dire - Piotr note cela avec une once de satisfaction, trouvant les manières du jeune homme aussi agréables qu'impressionnantes. Il sait apprécier la confiance en soi, et le progrès que l'africain a pu faire depuis la dernière fois qu'il l'a vu. Ce n'est pas donné à tout le monde, surtout quand on vient de cette partie appauvrie du monde.
Piotr s'enfonce dans son siège après avoir défait le bouton de sa veste, laissant ses yeux se balader autour d'eux avec curiosité avant de se poser de nouveau sur Zeke. Piotr s'assied comme si il était chez lui, peu soucieux semble-t-il de ses manières face à Zeke - après tout, il est clair à ses yeux qu'il a l'ascendant et n'a absolument rien à prouver au jeune homme.

”So, are you still in the stegmagic field? From what I remember, you were specialized in that... Eastern Europe stegmatic - what’s it called again? - They're called telegrams," répond-t-il avec enthousiasme, appuyant sur l'interrupteur de son charme excité comme il le fait devant les investisseurs. Rien de mieux qu'un businessman inspiré et inspirant pour mettre quelqu'un en confiance. "Telegraphy is quite the interesting technology. Much faster than owls, much more reliable than crystal balls, we have been growing exponentially since I first came forward as an investor in the 80s. You wouldn't remember that, of course!" Si la jeunesse de Zeke peut être une source de fierté pour ce dernier, elle le rend légèrement ridicule aux yeux de Piotr qui apprécie plus l'expérience que les multiples accomplissements que son vis-à-vis. Et autant dire que la fausse réputation de self made man de Zabini lui sort par les yeux. Même si il est vrai que sa capacité à se sortir de la pauvreté de sa situation dans son continent d'origine, est plutôt impressionnant. "I've been looking at other markets of course and my portfolio has only grown since. But telegrams...! Ah, the possibility to court a woman from across the world without having to worry about the owl getting lost!" Il offre à Zeke un grand sourire, se redressant légèrement quand un serveur en livrée élégante s'approche d'eux. On lui tend la carte de vins mais Piotr la repousse, désignant son compagnon de ce midi d'un mouvement de main. "Please, Zeke, surprise me."

"They're called telegrams. − Telegrams, of course!" Évidemment, Ezekiel ne saurait ignorer quelconque stimagie dans le secteur de la communication entre sorciers - et il serait encore moins capable d’oublier le domaine d’activités d’un ancien associé (ou associé d’Oscar, à une certaine époque, cela ne faisait aucune différence). Prétendre qu’il ne se rappelle plus jusqu’au nom de la technologie magique dans laquelle l’homme d’affaires Russe a investi au début de sa carrière, est un moyen comme un autre de l’inviter à s’épancher sur le sujet - les sorciers passionnés et arrogants tels que Piotr ne ratent jamais une occasion offerte sur un plateau de blablater à propos de leur business, Zeke sait certainement de quoi il parle, pour rentrer lui-même dans cette catégorie. "Telegraphy is quite the interesting technology. Much faster than owls, much more reliable than crystal balls-” Ezekiel lève un sourcil dans un sourire, hochant la tête en l’écoutant parler. S’il devait être honnête, il n’hésiterait pas à rétorquer que le télégramme sorcier est issu d’une période si lointaine qu’elle en est presque obsolète - la Russie est sans aucun doute le dernier pays à encore utiliser ce système de communication, s’ils ont jamais réussi à l’exporter au-delà de l’Europe ; les ondes cristal sont le présent et l’avenir du monde sorcier, et en aucun cas Ezekiel n’irait perdre son argent en investissant dans une STIM désuète. Mais l’honnêteté n’est pas une qualité qu’on lui connaît, aussi il continue à écouter son charmant interlocuteur en souriant. "-we have been growing exponentially since I first came forward as an investor in the 80s. You wouldn't remember that, of course!” Élargissant son sourire jusqu’à ses yeux, Ezekiel opine du chef en ouvrant la main. "Indeed, but I had a chance to dig up old records on that matter. What an outstanding investment you made." De fait, Piot est un investisseur au nez fin, de ceux qui se sont faits un nom dans le monde des affaires internationales. Et c’est bien pour cela qu’Ezekiel lui accorde une heure de sa curiosité - ou plutôt, cinquante-quatre minutes. "I've been looking at other markets of course and my portfolio has only grown since. But telegrams...! Ah, the possibility to court a woman from across the world without having to worry about the owl getting lost!” Malgré le dégoût qu’il éprouve en entendant la vulgarité éloquente dont fait preuve Piotr, Ezekiel lui répond d’un rire discret souligné d’un regard entendu. On ne passe pas sept ans à faire affaires avec des américains, et près de quinze ans dans le monde impitoyable des businessmen, sans être habitué à la trivialité de ce milieu - et Ezekiel, plus que quiconque certainement, est familier avec sa face la plus grossière et répugnante.

Le sommelier l’interrompt dans la réponse bien huilée qui s’apprête à franchir ses lèvres, l’obligeant à lever un oeil vers la carte des vins qu’il lui tend à la demande de Piotr. "Please, Zeke, surprise me.” Ezekiel se redresse en souriant, levant le menton en faisant un signe de la main pour inviter le sommelier à arrêter d’agiter le livret sous son regard - le choix du vin est l’une de ses nombreuses spécialités, il n’a pas besoin de jeter un coup d’oeil à la carte pour savoir ce qui pourrait régaler les papilles de son interlocuteur. "We’ll have a bottle of Montfortino. 1999, of course, déclare-t-il avant d’adresser à Piotr I hope you enjoy Italian wine. − Hm, apologies, M. Zabini." Non, il ne rêve pas, il s’agit bien de la voix du serveur. Zeke hausse un sourcil en levant son visage vers lui, déjà irrité rien que de l’entendre lui adresser la parole. ”Hm, we unfortunately don’t have Montfortino in this restaurant.” Les yeux d’Ezekiel s'arrondissent légèrement, offrant un sourire à l’imbécile heureux qui lui fait perdre son précieux temps. ”And how is that any of our concern?” Le teint de l’idiot revêt aussitôt un rouge tomate, passant son regard d’Ezekiel à Piotr, avant de sortir de sa torpeur pour s’incliner en avant, bafouant quelques excuses avant de disparaître, la carte des vins plaquée contre sa poitrine.

Une fois seuls, Zeke rabat son ses pupilles sur son vis-à-vis, secouant la tête avec une expiration amusée - vraiment, ce qu’il ne faut pas entendre. Il passe instinctivement une main sur sa cravate avant de se laisser aller à nouveau contre le dossier de sa chaise. ”Well that’s great to hear you’re still one to broaden your horizons. I can’t say it’s a surprise, the few times we had the pleasure to meet, you already showed deep interest in all sorts of fields. And I know for a fact such a passion can hardly leave a rooted businessman.” Il se fend d’un sourire croisant les mains sur ses jambes. ”Speaking of, I recall you owned shares of the ACBC back in the day”, comme si la chute de l’entreprise américaine remontait à plus de cinq ans. ”Have you invested in crystal broadcast ever since?”

tw: racism

Piotr observe avec un intérêt non-feint la petite scène se dérouler sous ses yeux entre Zeke et le sommelier; et il rit de bon coeur quand ce dernier est renvoyé se dépatouiller avec sa bouteille de vin manquante.
Piotr se fait la réflexion qu'il aime bien Zeke. Il aime bien sa manière de se comporter sans vergogne, qui dénote peut-être d'un certain ego égaré, mais aussi d'une force de caractère qu'il a appris à apprécier dans le milieu avec les années. Il est bien différent du jeune entrepreneur qu'il avait rencontré il y a quelques années, dans l'ombre de son mentor Oscar, et Piotr se demande combien du Zeke d'aujourd'hui se trouvait dans le Zeke d'hier. Il faudrait peut-être qu'il se renseigne un peu mieux sur lui, quoique la longue présentation du directeur de la BCBC lors de son séminaire était complète et insistait bien sur ses succès et autres machinations ambitieuses et respectables. Piotr essaye de s'imaginer si Zeke tape, si il sort, si il baise, si il aime lui aussi se faire de l'argent facile et sale. Toujours difficile à dire, avec les types propres sur eux comme lui.

”Well that’s great to hear you’re still one to broaden your horizons. I can’t say it’s a surprise, the few times we had the pleasure to meet, you already showed deep interest in all sorts of fields. And I know for a fact such a passion can hardly leave a rooted businessman.” Piotr hoche la tête, souriant face aux compliments avec une imitation très mal réussie d'humilité. ”Speaking of, I recall you owned shares of the ACBC back in the day.” Le sourire se crispe très légèrement avant de se détendre. "So I did. - Have you invested in crystal broadcast ever since?” Les sourcils de Piotr se haussent et il se redresse un peu sur son séant, faisant attention à ne pas renverser son attaché-case qu'il a posé à ses pieds en arrivant. Pas besoin d'être un génie pour deviner sur quelle route Zeke est en train de les mener. "I'm afraid not: I'm yet to be convinced of its relevancy on the long-term," fait-il avec sincérité. "I've heard of massive outages, private networks being hacked - that's a muggle world for compromised - and other things. And I've read quite a few stories about the waves making some sensitive people go pfiou." Pour illustrer son propos, Piotr lève la main et toque contre sa propre tempe, sans se départir de son grand sourire.

Zeke est un grand garçon, il est sûr qu'il ne se vexera pas. "If I may be honest, Zeke, I'm also reluctant as I see muggle technology becoming much, much faster and efficient than our own. And I know it's only a matter of time before the rest of the world and people like you catch up on the fact that our technology and theirs together could do wonders." Il est bien arrogant, à parler si librement de ses idées libérales russes, dans un lieu si peuplé et face à un des sbires du Lord - un détail que Zeke n'a pas manqué d'omettre durant son séminaire - mais peu importe. Piotr n'a peur de rien et encore moins de partager ses idées - et sa situation unique de dignitaire étranger lui permettre d'excuser le moindre faux-pas, il en est convaincu. "However," reprend-t-il en adressant un sourire à une serveuse qui passe près d'eux (laissant ses yeux se balader un peu plus quand elle s'éloigne). "I am quite aware of your prowess as a businessman. I'm sure you could convince me to invest in the BCBC but I can't help but being weary. As you said, I have invested in the ACBC in all confidence. What will happen to my money with the BCBC when you suddenly decide to fund the CCBC and leave all of your investors in the hands of a competitor again?" Il rit à cette idée. "What could it be, I wonder? The Cameroonian Crystal Broadcasting Corporation? That's where you said you were from, is that right?"