L'audacieuse aventure, ou rien

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7 avril 2007 | Irak (Nassiriya et environs)
@Odalis Bayat @Malcolm Scrimgeour

Ambros n’a pas cru, jusqu’au dernier moment, que les autres viendraient vraiment.
Il s’est retrouvé presque surpris lorsqu’un à un, Medea, Castor et Sid se sont présentés au Ministère de la Magie aux petites heures, chacun chargé comme un mulet, lui compris. Pas au point de penser à un tour de son esprit épuisé, mais… presque, à vrai dire. Surtout lorsqu’en regardant leur équipe, il n’y a pas trouvé la silhouette de Pollux, à côté de celle de Castor ; n’a pas capté le visage à la moue déplue de Cat, alors qu’ils marchent entre les murs de ce gouvernement honni ; ni l’expression avide, empressée, de Lillian. Ni, par réflexe, à côté de lui-même, la présence d’Hisham.
Il lui a demandé de veiller sur eux, la veille, agenouillé sur sa tombe.
Une dernière fois, s’il le faut.

Le portoloin de groupe les a menés directement à Bassora, plus proche de leur second point de chute que la capitale. Premier arrêt réglementaire pour ceux qui entrent au pays. Il n’a pas aimé la longueur du regard de l’employé du bureau des visas et passeports qui a observé leurs papiers, attardant un peu trop ses yeux sur lui, avant de finalement tamponner chaque document. Aries a ensuite vérifié sa photo de passeport, à jour (un clin d’œil, au-dessus de son sourire charmeur, sur la photographie mouvante). Vraiment, il peut reconnaître qu’il a l’air de ne pas avoir eu de nuit de sommeil convenable depuis trois semaines, mais tout de même… ce n’est pas comme s’il était si différent.
Sa main qui passe dans ses boucles, par réflexe, pour les replacer. Au cas où.

À leur seconde destination, Nassiriya, le regard sur lui est encore plus long.

« Tout le monde a mangé de l'hippogriffe, ou quoi », grogne l’Irlandais alors qu’ils sortent enfin du bureau d’arrivée des Portoloins, directement dans une rue achalandée de la ville moldue. Les sorciers du Proche-Orient préfèrent généralement les cités qui leur sont entièrement dédiées, sécurisées, loin des dangers posés par les non sorciers, mais Nassiriya est encore la ville la plus rapprochée des ruines d’Ûr connues. Du désert où les véritables ruines, celles qui occupent ses rêves et ses cauchemars, les attendent en silence.

Ses lunettes de soleil sur le nez, profitant enfin d’une température supérieure à onze degrés Celsius (presque le triple), il se retourne vers ses trois autres comparses. Il s’assure que Castor le regarde avant de parler, articulant aussi clairement que possible pour leur camarade sourd : « Lillian doit être chez Khadija. Naeem n’a eu aucune nouvelle d’elle. » Leurs pénates habituelles, leurs contacts qui ont l’habitude d’accueillir leurs culs en attendant qu’ils partent camper en pleine nature. Il se rend tout juste compte d’à quel point ça lui avait manqué, vraiment, pendant tout ce temps. Non seulement de voyager, de partir vraiment du pays, mais l’Irak. Les gens, le climat, les villes, la nourriture, la langue, la magie. Ils ont passé tant de temps, ici. « On dépose nos affaires et on va voir si elle est là ? »

Plus d’un mois qu’Ambros mijote la gueulante qu’il va servir à cette connasse de Lillian Macca.
Il a très hâte de la revoir.

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Il ne pensait pas repartir en Irak sans son acolyte de toujours, pourtant Beppe avait préparé ses bagages ce matin-là en sachant bien qu’il ne passerait pas chez Pollux pour tenter de le convaincre une dernière fois de les accompagner. Leur discussion silencieuse de la veille avait achevé de lui faire comprendre que le voyage était important pour la ligue, mais Pollux avait quelque chose qui le retenait à Londres. Qui le retiendrait sans doute pour toujours. Foutu gosse. Depuis que Pollux avait trouvé sa nana et qu’il lui avait fait des marmots, dont un mal en point, il n’avait cessé de s’éloigner de la Ligue, mais surtout, de lui. Même si Beppe aimait partir à l’aventure avec le petit groupe au complet, parfois les simples virées avec Pollux lui manquaient, mais ce dernier était trop accaparé par sa petite vie bien rangée, sans se rendre compte qu’elle n’était pas faite pour lui. Comme à son habitude, Beppe se laissait dévorer par sa jalousie, trouvant plus simple d’en venir à détester des gosses innocents que son propre comportement. Il n’avait jamais vraiment pris le temps de dire à Pollux à quel point il comptait pour lui, il se contentait de l’engueuler sur sa splendeur passée et sa morosité nouvellement acquise, pensant que ses petits caprices seraient assez pour convaincre son partenaire de crime. Mais, encore une fois, l’entreprise n’avait pas marché, lui laissant une entaille gênante au fond de la poitrine, qui s’infecterait sans doute au fil de temps pour ne lui laisser que des ressentiments à l’égard de Pollux.

Au ministère, à peine la moitié du groupe était là – Lillian déjà partie en amont, Cat toujours introuvable, Pollux sans doute à lire tranquillement le journal dans son fauteuil, pantoufles aux pieds. Hisham, quatre pieds sous terre. Mais le sorcier chassa bien vite les morts et les absents de ses pensées pour se concentrer sur ceux présents – Sid et ses cartes qui dépassaient de son sac, Ambros et sa tignasse bouclée, et Odalis. Il avait toujours été catégorique, il ne bougerait pas sans Pollux, mais bien plus que le monologue de ce dernier pour pousser Beppe à retourner en Irak - sans lui, bien sûr - c’était les petites attentions d’Odalis et ses mots doux qui l’avaient poussé jusqu’au halle des portoloins. Elle connaissait trop bien le talon d'Achille de Beppe - son constant besoin d'attention - pour ne pas réussir à lui faire changer d'avis.

Le voyage avait été sans encombre, même si, comme à leurs habitudes, les douaniers magiques jouaient des gros yeux pour impressionner les touristes, mais du moment qu’on ne s’attardait pas sur son passeport à lui, Beppe ne s’en préoccupait pas tellement. Il occupait les longues minutes aux postes frontières à admirer le plancher ou le plafond, à se demander si son cousin trafiquait toujours des tapis dans le coin. Une fois arrivé à Nassiriya, Beppe fut l’un des premiers à sortir, profitant de la chaleur irakienne pour enlever son manteau fait pour les températures anglaises, beaucoup plus froides. Odalis finit par sortir, suivi par Sid, puis un grand bouclé qui leur parla de Lillian. Beppe le regarda quelques instants, avant de se rendre compte que c’était Ambros. « Ambros » il attira son attention du signe qu’il lui avait attribué, qui avait avoir avec ses cheveux, « Tes lunettes te font une tête bizarre. Tu devrais t’en trouver d’autres. » Il vissa une casquette sur sa tête, gardant toujours ses yeux sur le visage d’Ambros, qui lui semblait toujours le même, mais, à la fois, un peu différent. Peut-être qu’il avait un peu gonflé à cause de la chaleur, il venait d’Irlande après tout. Son corps était habitué à la pluie, et aux pommes de terre. Alors que le petit groupe commençait à naviguer dans les rues de Nassiriya, Beppe se retourna vers Odalis et Sid, « J’espère que vous avez pris de la crème pour Ambros, sinon il va cramer comme la dernière fois. On va encore se taper la honte auprès des gens du coin ».

C’est avec un déplaisir profond qu’Odalis a rejoint Ambros au ministère à l’heure dite, le jour du départ. Elle a eu le cœur lourd pendant plus d’une semaine à l’idée de laisser sa fille, et maintenant que c’est fait, c’est tout son corps qui lui semble pesant. Elle a presque pleuré en serrant Hazan dans ses bras, au moment de la laisser chez les Shafiq pour une durée indéterminée. Plusieurs semaines, certainement – plusieurs mois, entièrement possible. Toujours… aussi une possibilité à laquelle Medea essaie de ne pas trop penser. Elle a fait semblant d’être brave devant sa fille, qu’elle abandonne définitivement bien souvent depuis l’enfance, et qui est bien plus courageuse que sa mère, à sept ans. Odalis ne s’est autorisée à pleurer qu’une fois de retour chez elle, au-dessus de ses bagages.

C’est tout juste si elle ne traîne pas des pieds jusqu’au point de rendez-vous. Plus ils se rapprochent du départ et moins elle a envie d’y aller – l’angoisse lui tord le vendre, la tristesse lui tord le cœur. Et la marque en croissant de lune, gravée sur sa peau, semble la narguer. À sa grande surprise, Beppe fait son apparition peu après elle, ainsi que Malcolm; elle daigne leur adresser un signe de la main avant de retourner dans la contemplation silencieuse de ses chaussures, jusqu’à ce l’heure soit venue, enfin, de quitter le Royaume-Uni.

Le voyage en plusieurs étapes se passe bien, si on ignore toutes les fois où Odalis cherche Ambros du regard sans le trouver, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il est juste à côté d’elle et qu’il n’a pas bougé. Elle finit par mettre ces petites absences sur le compte de la fatigue, et n’y pense pas plus. Sous son manteau, des vêtements longs mais au tissu léger assureront la transition entre Londres et l’Irak, ses cheveux recouverts d’un foulard qui laisse tout de même voir son visage. Elle a déjà hâte de le retirer pour enfiler un chapeau, à la place.

Son humeur sombre est apaisée par la familiarité des lieux; malgré ce qui les attend au temple, pour l'heure ils sont en relative sûreté, et puis, il y fait bien plus chaud qu'à Londres, ce qui pour Odalis est une nette amélioration. Et puis elle ne l’avouerait jamais, mais ça lui fait plaisir d’être avec les autres membres de la Ligue (ceux qui ne sont pas disparus, qu’elle pense) – elle n’aime pas les savoir en froid. Elle a même hâte de revoir Lillian, en dépit de leur engueulade. Encore faut-il qu’ils la trouvent. « J’suis pas sa mère, signe-t-elle en réponse à Beppe, sourire aux lèvres. Mais t'as raison, les lunettes lui font une drôle de tronche. » Puis, s’adressant à Ambros : « Colm doit déjà être partie pour le temple. » Avec toute l’avance qu’elle a prise, elle n’a certainement pas dû traîner dans la ville très longtemps.

Sid savait où se rendre. Le chemin du ministère était encore ancré dans son esprit. Il se souvenait de ces allées et du chemin qu'il prenait à l'époque où il y travaillait encore. C'était déjà, il y a si longtemps. Il se permit d'observer une minute les lieux. L'Ex-Auror balayait ainsi les souvenirs de son temps au sein du prestigieux bureau. Cette seule idée fit naître un petit sourire sur ses lèvres. Mais ce maigre signe de joie s'effaça rapidement quand les mots de Cat lui revinrent à l'esprit. Il serra un petit peu plus sa valise à cette idée. Cat, se pouvait-il qu'elle se trouve ici... Quelque part dans les recoins sombres qui s'étendaient dans les bas-fonds du ministère. Il essayait de se convaincre que non. Il essayait de se convaincre que c'était simplement cette malédiction qui l'avait éloignée de lui. Il essayait de se dire qu'elle l'attendait quelque part. Il se sentait pousser cette âme de héros qui lui avait manqué bien des fois avant aujourd'hui. Il n'était peut-être pas un briseur de sort comme les autres, mais il allait les suivre afin de libérer Cat. Il affronterait tous ces périls pour la retrouver. Il laissa ses pas le guider vers le bureau des Visas. Bien sûr, on se devait d'être à l'heure. Et comme d'habitude, il était le seul à être vraiment à l'heure. Il tira de sa poche sa montre à gousset pour inspecter l'heure. Il secoua la tête en se hâtant, il était en retard au rendez-vous.

Ils arrivèrent un par un. Ils avaient beau l'air de regretter d'être là pour certains, ils avaient répondu présent. Les regards de certains permettaient de savoir. Il passe son regard sur Beppe puis Odalis sans ajouter un mot. Tous, ils étaient terrifiés par la malédiction. Certains essayent de troubler leur inquiétude en observant des points fixes. Il fallait se risquer à leur voler un regard furtif. Malcolm aussi avait peur. Il s'était simplement enfoncé un peu plus dans sa contemplation du bureau en se concentrant ce qui allait bien. Odalis, Beppe, Ambros, cela faisait au moins quelques compagnons qui étaient encore en vie et apte à combattre la malédiction.

Le petit groupe enfin réuni, c'est l'aventure qui allait commencer. Sid affichait cet air résolu de celui qui est prêt à se jeter dans l'inconnu. Pourtant, c'est simplement en passant le portail vers Bassora qu'il se rendit compte qu'il avait oublié son mouchoir. Il allait demander une petite halte aux autres. Mais seul un murmure s'échappa de sa bouche alors qu'ils traçaient toujours leur chemin dans Bassora. Il se résolut à avancer un peu plus vite avant de se faire surnommer « le traînard ». Il rattrapa le groupe assez rapidement en desserrant quelque peu le nœud de cravate qui lui étranglait le cou. Cela aurait au moins le mérite de laisser à sa voix le temps de se rendre. Il toussota dans sa main avant qu'ils ne rejoignent leur prochaine destination : Nassiriya. Il avait réussit à trouver quelque chose pour se couvrir la tête et éviter les rayons du soleil. Noué dans son châle, arborant une paire de lunettes de soleil d'un style ancien, le sorcier écossais se baladait ainsi à gauche puis à droite à travers des allées éxotiques. Cependant, c'était surtout Beppe et Odalis qu'il suivait, bien heureux de les savoir si proches de lui. Sid est rappelé de sa rêverie par Beppe et sa petite blague, ce qui le fait manquer de peu de renverser quelqu'un. Ah l'Irak, trop chaud, trop sablonneux... Heureusement qu'ils avaient parfois du très bon thé cela rappelait au moins le pays. Et puis ce n'était pas si mal, le temps devait être plus dur en ce moment. Ses yeux passaient d'étales en étale comme happés par une curiosité dévorante. Il se surprit à ne hocher que simplement la tête lorsqu'un membre du groupe leur indiqua la marche à suivre sa voix avait du mal à sortir et il valait mieux la laisser se reposer. Il serra un peu plus sa valise en déboutonnant un bouton de sa chemise.

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« Ambros. » Castor attire son attention, du signe qui le représente, mais ce n’est ni pour donner son avis, ni dire quoi que ce soit d’utile. Que pour critiquer son choix de lunettes. La moue du briseur de sorts s’étire vers le bas, alors que l’homme poursuit la conversation avec la Turque sans lui porter davantage d’attention, comme s’il n’était même pas là. « Je vous entends », signe et articule un Ambros excédé avant de réajuster ses lunettes de soleil, qui apparemment lui font une drôle de tête. Merci mec. C’est vraiment la réponse qu’il attendait à sa question.

Au moins, Odalis daigne répondre quelque chose d’utile, elle : « Colm doit déjà être partie pour le temple. Et tenter d’y entrer toute seule ? Un tss sceptique passe ses lèvres, en même temps que ses mains s’immobilisent au milieu des signes formés un peu maladroitement. De presque utile, disons, alors, vu comme l’option lui semble risible. Même à sept, c’était un mauvais plan. Elle est peut-être conne, mais pas complètement suicidaire. » Enfin, il l’espère. Il l’espère même beaucoup, malgré les pressentiments sombres qui rampent sous sa peau et s’éveillent parfois, en même temps que les désagréables sensations grouillantes qui le gardent trop souvent éveillé la nuit.

« T’as le droit de donner ton avis, aussi, Malcolm », qu’il avise alors que le quatrième larron est particulièrement discret depuis leur départ du Ministère de la magie. Pas que ça change de d’habitude, l’ancien Auror est généralement le moins bruyant de la bande (toujours un drôle de contraste avec sa carrure), mais à ce point… Sur un ton peut-être un peu trop rude, il s’adresse à nouveau à lui : « J’espère que t’as pas chopé une crève avant de partir. C’est pas le temps. » Sur ce, les quatre sorciers s’engagent dans les rues vers chez Naeem et son épouse, afin de déposer leurs sacs bien chargés le temps d’aller vérifier ce qu’il en est de Lillian, chez leur second contact. Ensuite seulement, ils pourront prendre le chemin du désert et de ce qui les attend, les attendra encore longtemps. Ce qui sait déjà qu’ils sont là.

⊹⊹⊹

Khadija les a laissés seuls tous les quatre dans la chambre où les affaires de Lillian sont entassées ; et où surtout, selon ce qu’il a dit l’Irakienne, l’ancienne Gryffondor n’est pas passée depuis plusieurs jours. Plus que ça, même, pratiquement pas depuis son arrivée, à peine un coup de vent pris d’une inexplicable frénésie qui ne lui a rien dit. Ni de sa présence solitaire, ni de ses plans.

Ambros inspecte un des sacs, pratiquement éventré, vomissant un ensemble de fringues et d’objets en vrac, comme à la recherche d’indices. Tout semble être intouché et c’est ce qui l’embête, ce qui plisse son front d’inquiétude. Ça et le regard incertain qu’a posé Naeem sur lui, lorsqu’ils se sont présentés à sa porte, avant de se réchauffe au visage de ses camarades ; une expérience renouvelée avec Khadija, qui a même reculé en le voyant, comme on le fait avec un inconnu vaguement intimidant. Ça fait huit mois à peine, depuis qu’ils sont venus ici. Ses lunettes de soleil ne lui font quand même pas une tête de complet étranger non plus. « Elle n’a même pas pris sa tente. » Ça l’arrange presque, qu’elle ait laissé autant de matériel sur place, vu sa colère lorsqu’elle a tout pris dans son départ non annoncé.

Presque, parce qu’il n’y a toujours pas de Lillian.

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Peu de choses ici avait changé depuis la dernière fois qu’il était venu en Irak – l’air chaud, le sable pour venir se prendre dans ses vêtements, la sensation était la même que quelques mois plus tôt. Si l’air n’était pas aussi saturé de poussière, Beppe aurait pu se penser de retour à San Francisco, bien que les palmiers ne soient pas des plus abondants à Nassiriya, que l’océan ne se faisait pas délicieusement entendre depuis les promenades. Les personnes étaient aussi plus couvertes, pour le déplaisir de ses iris, mais lui-même avec compris la nécessité de se couvrir la peau à cause des vents sableux. Chez Naeem, s’ils hésitèrent devant Ambros, les embrassades finirent pourtant par se faire, des retrouvailles de bon cœur – Beppe et sa carrure de fils idéal faisaient toujours de lui un hôte apprécié, sa jugeote pour bien se conduire aussi. Si seulement la femme de Naeem l’avait vu à ce qui servait de bar local, sans doute ne se précipiterait-elle pas pour lui servir un thé et des petites friandises. Ils ne parlaient pas la même langue, pourtant elle usait de gestes désarticulés pour en savoir plus – Beppe avait connu assez de figures maternelles pour savoir quelle était la question qu’elles posaient toutes. Il utilisait de sa baguette pour dessiner les lettres qui allaient briser son cœur « No habibati‎ ». De ses gestes, ses lèvres qui s’agitaient, son air contrarié mais son sourire toujours visible, il pouvait deviner qu’elle lui sortait le même laïus que la dernière fois, le pas encore, mais ça viendra. Déçue mais encore pleine d’espoir pour son petit voyageur des États-Unis. Pour autant, la discussion ne dura pas plus longtemps, Ambros étant pressé d’aller chez leur autre contact, où Lillian s’était sûrement rendue. Avec un peu de chance, ils la trouveraient là. Et avec Ambros, ils s’engueuleraient. Le problème dans tout ça, c’est qu’ils le feront à voix haute, avec bien trop d’animosité pour que Beppe arrive à déchiffrer tout ce qui sortirait de leur bouche, il serait obligé de demander à Odalis de traduire en temps réel. C’était toujours désagréable d’avoir un petit délai de compréhension, surtout quand il y avait des moments pivotants, comme une baffe, une porte que l’on claque en partant. Il se demandait presque s’il n’aurait pas dû prendre un des petits gâteaux de chez Naeem pour assister à la scène. Pourtant, arrivés chez Khadija, pas de traces de Lillian – dommage pour la distraction de la journée – à part les sacs laissés dans sa chambre. Après un coup d’œil interrogateur vers Odalis, elle le prévient que Lillian n’est pas repassée ici depuis plusieurs jours selon l’hôte. Pourquoi prendre autant d’affaires si ce n’est pour ne pas y toucher ? A dire vrai, ça ressemblait plutôt bien à Lillian, qui emmenait toujours une valise en trop. Elle pourrait tout mettre dans un sac ensorcelé avec un sortilège d’extension, mais non, c’était à croire qu’elle aimait bien s’encombrer, avoir des choses en plus dans les mains. Beppe s’agenouilla près des affaires de Lillian – à voir le sac éventré, elle avait dû prendre quelques vêtements, pourtant sa tente était encore là. Il commença à tendre sa main vers les autres sacs, brisant la règle tacite des aventuriers. On ne fouille pas dans les sacs des autres. Encore des vêtements, des chaussures de marche pour le désert, une gourde. Elle avait vraiment tout laissé ici. Il finit par se retourner vers les autres. « Je pense qu’elle a dû partir avec l’essentiel, je ne trouve pas les cartes. » Elle avait aussi dû partir avec une casquette. A moins qu’elle soit partie en Irak sans casquette, mais ça aurait été assez irresponsable de sa part.

Chez Naeem, Odalis ne dit pas un mot, si ce n’est que quelques réponses courtes et polies lorsque lui ou son épouse lui adressent la parole. Elle est inquiète, déjà. Depuis qu’ils ont mis les pieds en Irak, l’angoisse la bouffe, mais c’est pire depuis qu’ils ont reçu les premières nouvelles (ou plutôt l’absence de nouvelles) de Lillian. Nerveuse et triste, elle se tient aux côtés de Beppe, grignote à peine un des petits gâteaux qu’elle lui a subtilisé (« t’en as suffisamment comme ça » a-t-elle signé devant son air scandalisé) lorsque l’épouse de Naeem lui en a offert.
Une fois les sacs déposés, ils se mettent déjà en route vers le domicile de Khadija – Odalis a un très mauvais pressentiment, qui se confirme lorsqu’ils arrivent enfin et qu’elle leur annonce que bien que Lillian soit passée par là, elle n’y est pas rentrée depuis des jours. Medea traduit en gestes rapides à l’intention de leur comparse (désignée interprète, apparemment) avant de laisser échapper un long soupir. « Elle n’a même pas pris sa tente. Je pense qu’elle a dû partir avec l’essentiel, je ne trouve pas les cartes. » Son regard parcourt les sacs qui se déversent sur le sol, l’équipement qu’elle n’a même pas pris la peine d’emmener. « Une tente en plein désert c’est plutôt essentiel, remarque la Turque. À moins de dormir dans les ruines… » L’hypothèse hésitante, tellement elle est improbable. Lillian n’est pas suicidaire, comme l’a si justement fait remarquer Ambros, plus tôt. Ou du moins, Medea l’espère. Il ne manquerait plus que Colm se soit jetée tête première dans le temple. Elle sait à quel point elle peut être butée, à quel point elle peut être téméraire.

Et peut-être qu’Odalis panique pour rien, mais tout ça n’augure rien de bon, du tout. Les possibles raisons de son absence, en connaissant l’objectif de Lillian, ne sont pas nombreuses. A-t-elle rencontré un autre contact dont ils ignorent l’existence ? Pourquoi a-t-elle laissé toutes ses affaires ici, dans ce cas ? La question de pose d’autant plus si elle est partie pour le temple sans emmener ses affaires. « Qu’est-ce que vous voulez faire… ? » En l’absence de la tête forte du groupe, on aurait plutôt tendance à se tourner vers Aries; mais en les circonstances, elle préfère avoir l’avis de Malcolm et Beppe, et pas seulement de celui qui tenait mordicus à faire le voyage. Question d’avoir un peu plus d’objectivité (et peut-être, aussi, de pouvoir retarder leur retour au temple, s’il s’avère qu’elle ne soit pas la seule à être réticente). « Attendre ici au cas où elle revienne ? Ça lui semble assez risqué. Ou aller la rejoindre… ? » Elle-même ne sait pas ce qu’elle préfère, mais se doute que son jugement soit faussé par l’inquiétude qui la ronge depuis que la sorcière est partie, il y a de ça un mois. Que Khadija l’ait vue dans les derniers jours est rassurant, mais sa disparition soudaine l’est beaucoup moins. Elle espère juste que Colm n’ait pas fait de conneries alors qu’ils n’étaient pas là pour l’en empêcher.

L'accoutrement du Britannique dénotait clairement dans cette contrée si exotique pour lui. Il avait eut du mal à se séparer de ses costumes toujours impeccables et de sa chevelure parfaitement coiffée. Il arborait cet air tout britannique qu'on lui connaissait assurément. Il n'avait peut-être pas son mouchoir, mais ses impeccables lunettes étaient dans sa poche. Il les posa délicatement sur le bout de son nez en avisant le reste du groupe puis le chemin et les gens alentours. Il passait méticuleusement son regard sur chaque détail comme pris d'une fascination sans borne pour des détails, des formes, des sons et des odeurs qui se mêlaient dans son inconscient pour former une toile qu'il n'aurait jamais pu observer ailleurs. Son esprit vagabondait à se représenter ces terres. L'Irak avait été l'origine de leur malheur et de leur malédiction. Cependant, il ne pouvait se retirer de l'esprit que cette contrée avait un charme évident. Un ancien joyau du monde où se dévoilaient tombeaux et merveilles. Il avait fait ses armes d'une certaine façon à travers ces dunes et ces oasis. Il étira un demi-sourire presque fier à cette idée. Lui, l'homme de bureau, celui qui n'était bon qu'à analyser les détails. Il avait trouvé le tombeau, les cartes, le chemin vers ces mystères... N'avait-il pas dompté ses rêves de devenir lui aussi un aventurier ? N'était-il pas de ceux qui passent leur vie à l'étude des mystères du monde ? Il avait enfin donné tord à sa propre destinée. Il releva le nez affichant le cuivre de sa peau qui était maintenant plutôt écarlate. Il exhibait un rouge plutôt écarlate qui tendaient à devenir la teinte qu'ont les écrevisses. Il leva les yeux vers le soleil pour en admirer la hauteur de son petit air fier quand il se prit les pieds dans une cage à poule. Personne n'avait semble-t-il remarqué à part les volatiles qui s'agitaient dans la cage. Il grogna silencieusement avant de se relever et de ramasser ses affaires. Foutu destinée.

Aaaah enfin un endroit ou s'abriter du soleil. Il s'époussetait dans l'entrée histoire d'être plus présentable. Il salua d'un air tout à fait amical leur hôte qui leur avait été d'une grande aide la dernière fois. Il posa son sac dans un coin en avisant le reste du groupe tirant de manière théâtrale ses lunettes. Il se dirigea avec les autres pour inspecter les affaires de Lilian. Un détail, peut-être, les mettrait sur la piste de leur collègue. Malcolm se tenait là dans un coin de la pièce observant le contenu avec attention comme essayant de retracer l'intérêt de chaque objet. Pourquoi Lilian aurait elle abandonné ses affaires ici. Le chemin vers le temple était particulièrement long. Il gratta nerveusement la marque sur sa main. Il avisait par instant ses camarades plus chevronnés qui sentaient eux aussi que quelque chose clochait. Il n'y a qu'un pas entre la témérité et la folie... Se pouvait-il que Lilian l'ait franchi ? Possible. Cependant, même si elle était parti toute seule, c'était sûrement l'une des plus solides du groupe. Elle devait être sûre de ce qu'elle faisait. Elle devait avoir un plan ou une idée derrière la tête. Pensait-elle vraiment pouvoir lever une malédiction toute seule ? Pas certain. L'écossais souffla un peu en essayant de démêler ces énigmes qui ne cessaient de s'entremêler dans une toile complexe qu'il devenait de plus en plus difficile de comprendre. Heureusement que Beppe et Odalis étaient là pour aider. Il les observait tour à tour alors que les affaires de leur infortunée camarade s'étalaient dans un gigantesque bazar devant eux.

Les cartes ? Pas besoin de carte, il connaissait le chemin. La route était tracée dans son esprit. Il pouvait suivre les latitudes et les longitudes les yeux fermés. Il en rêvait régulièrement. Cette route l'obsédait. La première fois qu'il avait conduit le groupe jusqu'au tombeau, il s'était repassé la route toute la nuit en analysant chaque détour qu'il devait faire prendre au groupe. Ni les bras de Cat ni l'air frais de la nuit ne l'avaient empêché de refaire la route cent fois, mille fois dans sa tête. C'était le moment de briller. Il s'était entendu dire « Peu importe qu'elle ait pris les double, je ne suis pas assez bête pour ne pas avoir gardé les originaux. Je vais vous chercher ça. » C'est sans un mot qu'il sortit de la pièce pour aller trouver dans son sac les cartes qui l'attendaient. Elles l’appelaient, il les fixait fasciné que ce simple chemin les avait conduits à autant de malheur. Il était responsable d'une certaine manière de tout ceci. Il prit les cartes entre ses mains les avisant d'un air songeur. Il devisait avec lui-même s'il n'allait pas encore mener le groupe à sa perte. Il fallait y retourner Lilian et Cat étaient en danger et c'était le seul moyen de lever cette malédiction et de retourner à leur vie d'avant. Il repassa une mèche rebelle et retourna auprès des autres. « Voilà pour vous. » Il tapotait l'épaule d'un des membres du groupe pour lui coller les cartes sous le nez avisant Beppe et Odalis d'un air fier.

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Lillian a pris ses cartes et sa baguette - et c’est à peu près tout, qu’ils peuvent constater alors que Castor fouille sommairement dans ses affaires, sans trop oser y mettre son nez. Elle et Aries ont toujours été du même bois, à traîner tout ce qu’ils ont dans un sac, et Merlin sait ce qu’ils pourraient trouver dans ledit sac de la Gryffondor… et en ce moment, il a une seule envie, c’est de le retourner. De tout jeter. De trouver une façon d’évacuer cette énergie négative emmagasinée, qui n’attendait que la vision de la brune pour exploser et avec laquelle il est désormais aux prises. Une fébrilité mauvaise qui le fait bondir aux paroles hésitantes d’Odalis : « Ça ne sert à rien qu’on l’attende », brûle un Ambros impatient, les signes brusques tracés par ses mains trahissant son sentiment. Ils ont assez attendu, pendant tous ces mois au pays (il a presque pensé à l’étranger, alors que l’Angleterre ne lui apparaît toujours comme pas tout à fait sa maison), ils ne vont tout de même pas encore attendre. Pas si proche du but, de leur objectif depuis toutes ces années. La déconvenue de l’été dernier a suffi et il a bien l’intention de ne pas essuyer un autre échec
Ce n’est pas raisonnable, alors qu’ils ont offensé un dieu, qu’ils ont été maudit par sa prêtresse, mais ils sont là. Ils ont un travail à finir, et tant pis que ce soit à quatre.

Sid lui fout soudainement les cartes sous le nez, un air fier sur le visage. De quoi ? De faire son boulot, peut-être ? « Parle plus fort, par Merlin », claque-t-il, excédé, en virant toutes les affaires de la table de chevet afin d’y étaler l’une des cartes de l’Écossais, celle identifiée à leur dernier campement. Celui d’où ils peuvent voir l’entrée vers les ruines du temple enfoui sous le sable. Évidemment, tout est parfait, les parchemins réalisés avec un professionnalisme impeccable, et il s’en veut presque d’être si peu patient. Si épuisé. Il n’en peut plus d’attendre. « Elle ne peut pas avoir dormi dans les ruines. Et si elle y est entrée, rien ne garantit qu’elle en soit sortie. Ou même qu’elle ait réussi à y entrer. Sans leurs sorts, leurs protections, leur groupe, Lillian n’est qu’une spécialiste de Sumer et Akkad. Une part d’un tout. Elle a besoin d’eux (et c’est bien plus simple de se dire ça plutôt que de penser qu’ils ont besoin d’elle, que lui a besoin d’elle). Si on doit l’attendre, c’est là. »

Là où, après moults tergiversations et discussions accompagnées de signes de moins en moins polis, ainsi qu’un tri des affaires de Lillian à joindre à leur propre matériel qu'ils récupèrent chez Naeem, ils se rendent avec l’intention d’y rencontrer la Macca.

Pas sans qu’Ambros balance ses lunettes de soleil dans une poubelle et en achète une nouvelle paire au premier vendeur croisé dans la rue, sans même prendre la peine de négocier.
Tout pour avoir la putain de paix.

La marche est longue, alors que la magie qui entoure le temple brouille la leur sur plusieurs kilomètres, que transplaner en plein désert est incertain. Ambros a l’impression de sentir la magie pulser sous sa peau, à chaque pas, et il se trouve bien idiot de ne jamais l’avoir sentie auparavant. Maintenant que celle-ci s’est infiltrée dans leur chair, elle lui semble évidente, impossible à rater. Presque trop forte, écœurante. C’est Sid qui mène le quatuor sous le soleil encore plus brûlant, qu’importe qu’ils ne soient qu’en avril, jusqu’à... rien. Rien du tout. Un endroit dégagé, dans un contrebas rocheux - le campement de ses rêves, de ses cauchemars, de ses hallucinations. Et rien. Il en a envie de pleurer de rage. « Je la déteste. »

L’empressement d’Ambros à retourner au temple ne la surprend guère. Il a toujours voulu y retourner, plus tôt que tard, même après avoir découvert les horreurs qu’ils ont tous vécues de la main de Puabi. Elle espère tout de même que les deux autres ne seront pas si impatients à l’idée d’aller se jeter dans la gueule du loup pour la première fois – malheureusement pour elle, l’attitude de Malcolm ne laisse aucun doute sur sa préférence, alors qu’il leur emmène une copie des cartes nécessaires pour retrouver leur chemin dans le désert. Remerciant le cartographe d’un sourire (bien pauvre, mais un sourire tout de même), elle coule un regard de biais vers Beppe, qui lui confirme qu’il suivra probablement lui aussi et que par conséquent elle n’aura d’autre choix que d’en faire de même. C’est bien le but de l’expédition, que de retourner dans ce lieu maudit, quand bien même ce serait à reculons.

Difficile de ne pas être affecté par l’humeur d’Ambros, de plus en plus irritable, par ses réponses acerbes et impatientes. La réplique tout juste ravalée, alors qu’elle sait qu’elle n’est pas bien mieux, que ce qui se profile ne sera ni facile, ni agréable, et que toutes ses pensées sont tournées vers des scénarios plus catastrophiques les uns que les autres. Sans oublier que le sorcier a vu bien pire en une seule nuit que toutes leurs expériences combinées – les souvenirs débloqués par Abbas ne sont connus que d’eux seuls, ne hantent que leurs deux esprits. Odalis espère ne jamais avoir à les connaître.

Ses maigres tentatives de retenir toute l’équipée pour au moins la nuit se révèlent entièrement infructueuses, et c’est avec un hochement de tête résigné et un soupir qu’elle rend finalement les armes. Son silence se fait inquiet et nerveux alors mêmes qu’ils retournent chercher leurs affaires; obstiné tout au long de la longue marche qui les attend, dans la chaleur brûlante et sèche du désert; et enfin désemparé et incrédule, lorsqu’ils arrivent (après ce qui paraît une éternité) à l’emplacement habituel de leur campement. Désert. Pas de tente, pas d’équipement laissé à l’abandon – le recoin normalement épargné en partie par les vents ne porte aucun signe de vie ni d’occupation. Pas de traces de pas, de marque de craie laissée sur la paroi rocheuse. Rien. Comme si Colm n’était jamais passée par là. « Je la déteste. » Un moment d’incertitude, alors qu’Odalis ne reconnaît pas la voix et cherche d’où provient le commentaire, jusqu’à finalement réaliser qu’il s’agit d’Aries. Aries… Le nom a une drôle de sonorité dans son esprit, et lorsqu’elle le répète à voix basse, pour elle-même.

La Turque brise le silence après ce qui paraît une éternité : « On devrait lever le camp… » La suggestion, pourtant tout ce qu’il y a de plus normale (et sensée), est accueillie de hochements négatifs de la tête et d’yeux levés au ciel. Déstabilisée par la réaction de ses collègues, Odalis reste interdite, osant à peine les suivre lorsqu’ils se remettent en mouvement pour atteindre l’espace en contrebas. De dos, elle ne voit pas les mots signés par Beppe, mais devine sans mal leur signification alors qu’Ambros acquiesce, et que les trois hommes s’affairent à… lever le camp. Trop déstabilisée pour véritablement réagir, la sorcière oublie rapidement l’incident pour leur porter assistance, sans se douter que ce n’est que le début.

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