welcome to the nerd zone (sol)

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✘ @sol taylor & @lotfi hashimi

▬ Habillé d'une simple chemise blanche, rentrée dans un seroual noir, le tout complimenté par une veste longue de couleur bordeau avec des motifs dorés rappelant les plumes de la queue d'un homa, symbol de son pays, Lotfi circulait à travers les stands. Entre deux panels et préparation au concours d'invention, il glanait le peu de temps livre qui lui était alloué pour partir à la découverte des saveurs du monde, mais aussi dans l'espoir de croiser d'ancien amis ou compatriote qu'il aurait croisé lorsqu'il était en Egypte, mais aussi plus jeune lors de ses voyages en tant que joueur amateur de polo magique. Si au départ, il avait eu quelque réticence lorsqu'on l'avait approché au sujet du festival, il ne regrettait en aucune d'avoir eu l'occasion, et donc la confiance de quelques membres du gouvernement, de mettre une pierre à l'édifice, avec l'aide de Leïla, il avait utilisé leur contact pour pouvoir faire venir des connaissances et acteurs du monde culturel égyptien et iranien. Il en avait même profité pour faire venir son frère et sa seconde sœur, animant un peu plus la vie au sein de la demeure des Al-Massri à Potter's End, les obligeant à s'organiser un peu pour faire entrer l'oncle et la tante. Qui, d'ailleurs, n'était pas venu les mains vide.

Cette visite attendue et pourtant qui aurait été inespérée il y a, un an, avait réellement ranimé un peu plus la flamme dans le cœur de Lotfi, même si comme toujours, il n'avait rien laissé paraître, ce qu'il n'arrivait par contre-pas à contrôler était son enthousiasme, autant sa curiosité que sa fierté de voir son frère et sa sœur participait à l'événement, de pouvoir échanger, débattre, pendant un instant il oublié presque le gouvernement, les tensions et le reste. Son seul regret était que sa sœur ainée n'avait pas pu faire le voyage, elle avait des responsabilités en tant que professeur, mais elle l'avait aidé à préparer le panel sur le polo magique et bien entendu, il regrettait que Zurvan n'avait pas fait le voyage non plus. Ce dernier, en pleine forme, ne voulait pas s'imposer, mais Lotfi savait, par leur échange, qu'il ne portait pas vraiment le gouvernement dans son cœur et ne voulait pas leur faire honneur de sa visite. S'il ne l'avait pas dit dans ces mots-là et de manière aussi catégorique, l'essence de ses propos était la même, ce qui avait décoché un sourire amusé sur les lèvres de Lotfi qui ne pourrait jamais en vouloir au vieil homme. Il comprenait.

C'était donc le cœur léger qu'il déambulé, au milieu de la foule qui circulait entre les stands qu'il reconnut son tailleur, Sol, qui semblait prendre quelques notes devant l'un des stands d'Arabie Saoudite. « Sol ! Quelle bonne surprise de vous voir ici, déclarait-il après l'avoir rejoint, il lui offrant une poignée de main amicale, comment vas-tu ? » Son éternel sourire chaleureux sur les lèvres, les yeux pétillants, il était clair que Lotfi appréciait énormément l'événement qui se tenait dans le pays. « Es-tu ici pour le concours de mode sorcière ou pour du repérage ? » Sol et lui avait passé pas mal de temps à éplucher des magasines de mode pour homme de son pays pour lui faire quelques costumes lors de son arrivée en Angleterre, le jeune sorcier était toujours friand de découvrir de nouvelles modes et techniques.

Les deux sorciers avaient sympathisé, au-delà de la simple relation de client, mais une amitié, bien que Sol n'avait jamais accepté ses invitations chez lui. Peut-être la différence d'âge, il aurait pu être son fils après tout ou par timidité voir politesse en pensant que l'Iranien lui faisait cette invitation car c'était coutume. Dans tous les cas, il espérait qu'un jour, il pourrait trouver un moyen de le convaincre, au moins pour visiter son atelier, discuter avec Leïla, les parents de Nahel et ses enfants. Peut-être que c'était aussi ce côté convivial qui le désarçonnait.

Invité Invité

Quand est-ce qu’on t’a laissé le choix pour la dernière fois Sol ? Quand as-tu pu prendre ta vie en main, faire un choix de ton plein gré ? Ah oui, c’est vrai. Quand tu as laissé tomber Alvaro. Finalement, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose que de ne pas avoir le choix, n’est-ce pas ? Ca peut éviter de faire des bêtises… Mais ça permet aussi de se retrouver inscrit à un concours de mode sorcière sans l’avoir complètement choisi. Quand Blaise t’a annoncé ça, t’as pas su comment réagir. T’avais pas à réagir, il faut dire. Peut-on vraiment refuser quoique ce soit à Blaise Zabini, d’autant plus quand ce dernier se trouve être l’un des investisseurs de son entreprise ? Non. Bien sûr que non. Il fait partie de ces gens à qui c’est impossible. Alors t’as souri. Juste souri. En disant que tu ferais de ton mieux. Non, pardon, que tu ferais tout pour gagner. Parce que c’est ce qu’il voulait entendre. Depuis quand on participe à un concours juste pour le plaisir de participer de toute façon ? On participe pour gagner. D’autant plus dans un concours comme celui-ci, où le but est de démontrer la puissance et la magnificence de l’Angleterre. T’as pas le droit de te planter. T’as tellement pas le droit.

Ton coeur bat si fort. Si vite.

Stress.

Pression.

Tu ne sais rien gérer de tout ça. Pourtant, tu vas devoir faire avec.

Ta création est pourtant prête depuis des semaines. Sous la supervision de Blaise qui l’a approuvé, bien sûr. T’as beau ne pas avoir été entièrement libre, tu l’aimes ce costume. Un costume bleu nuit avec des reflets brillants, rappelant des écailles de serpent. Un ensemble, pour être exact. Chemise, pantalon et veste. Longue veste inspiré des robes de sorcière plus traditionnelles. Mais à chaque fois que tu poses ton regard dessus, tu trouves encore des choses à changer. A améliorer. A modifier. Pas aujourd’hui. Parce que sinon, tu vas finir par foutre ton travail en l’air - et tu le sais. D’façon, t’as pas le temps de penser à ça. T’es beaucoup trop stressé à l’idée de monter sur scène - parce que oui, cette création, c’est toi qui va la porter pour défiler. Pourquoi embaucher un mannequin quand on peut être exactement celui qui mettra le costume en valeur ? Ca y est. Le stresse qui revient. Arrête de penser à ça.

Comment faire ?

Tu décides d’aller faire un tour, de te changer les idées. De découvrir ce festival - après tout, même toi, tu as le droit d’en profiter, pas vrai ? De plus, tu aimes découvrir des choses. T’as toujours été un garçon curieux - pour le meilleur et pour le pire. Aujourd’hui, ce serait pour le meilleur. Au fur et à mesure des questions que tu poses sur toutes les choses inconnues que tu peux voir, tes inquiétudes s’envolent, elles te fuient. Il faut dire qu’en dehors de la mode sorcière, tu ne t’es jamais intéressé qu’à peu de choses. A peu d’autres types de magie. Mais quelle chance, pourtant, d’avoir face à soit tant de diversité. Tant de sources d’inspiration. Armé de ton carnet et de ton fusain, tu prends des notes, tu gribouilles des esquisses - des choses bien plus exotiques que ce dont tu as l’habitude. T’es tellement plongé dedans que tu remarques à peine qu’on s’approche de toi. Lofti. Forcément. Ce n’est pas vraiment une surprise que de le croiser ici - il est tout à sa place lors de ce festival. C’est pour toi un plaisir de lui rendre sa poignée de main - il est quelqu’un que tu apprécies fortement. ‘Je vais bien Lofti, je cherche à me changer les idées. Et vous même ?’ Pour une fois, tu souris. Ca fait longtemps que tu n’as pas souris comme ça, de façon aussi naturelle et spontanée. Ca fait du bien… ‘Oui, je participe au concours. Je dois défiler tout à l’heure avec ma création. Il se pourrait que j’ai un peu le trac et que je cherche à fuir mon stress. Et vous donc ? Vous avez un stand peut-être ?’ Quelle meilleure occasion que celle-ci de se changer les idées et de penser à autre chose que de passer du temps avec un ami - parce qu’au fil du temps c’est ce que Lofti est devenu pour toi. Un ami. Sincère. Qui ignore bien des choses sur toi, raison pour laquelle il t’apprécie peut-être ? Mais pour le moment, la situation te convient très bien ainsi. T’espère juste qu’elle durera… ‘Accepteriez-vous de me tenir compagnie jusqu’au défilé ? Sauf si vous êtes occupé, bien sûr. Mais je serais bien moins stressé si je pouvais passer du temps avec quelqu’un.’

Ouais. T’as juste pas envie d’être seul dans le fond.

Dis-le Sol. Qu’est-ce qui t’en empêche ?

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▬ « Ca va bien, je profite d'une pause entre deux panels pour faire un tour. » Répondait Lotfi avec un entrain similaire, bien qu'il était beaucoup moins anxieux que semblait l'être le jeune homme. Et il avait vu juste, puisque Sol lui faisait par de son stress et la pression qu'il se mettait dans le cadre d'une compétition. L'inventeur avait de la compassion pour lui, il savait à quel point les concours pouvait être éprouvant, surtout en fonction des jury, des attentes du public ou même des personnes qu'on représentait. L'honnêteté du jeune homme aussi le rendait immédiatement attachant, Lotfi ne savait pas s'il devait être aussi franc sur ses émotions, peut-etre parce qu'il pouvait se le permettre en sa présence et pas forcément a son modèle ou même d'autre participant. Une raison pour laquelle il fuyait le stress, l'effusion qui de toute façon régnera avec autant de force dans les coulisses quelques minutes avant le défilé.

« Félicitation pour le concours, le trac, tu sais généralement, c'est parce que la chose en question est importante. Peu importe le résultat, je ne doute pas de ton succès, tu es un jeune homme talentueux. » Pouvait-il être objectif en tant que client, ami, et même personne qui portait actuellement une veste qui était justement une création du jeune Sol ? Il pensait qu'il l'avait été lorsqu'il avait mis les pieds pour la première fois dans la boutique du jeune homme. Ensuite, il était tellement satisfait du travail et de l'originalité du jeune homme, qu'il n'avait vu aucune raison d'aller voir ailleurs. Sol lui demandait s'il accepterait de lui tenir compagnie jusqu'à l'événement et la source de son anxiété, « Bien sûr Sol, ca serait un plaisir, je t'accompagnerais peut-être même au défilé afin de pouvoir y assister. » Lotfi n'allait pas refuser une invitation de son ami, encore moins lorsque celui-ci était dans le besoin et souhaiter se changer les idées. « Pour répondre à ta précédente question, je n'ai pas de stand, mais je suis en charge de plusieurs panels, présentation et avec l'ambassadeur d'Iran nous avons pu faire venir plusieurs personne de mon pays, notamment des représentants de la fédération de polo magique iranienne, mais aussi des artistes iraniens, notamment mon frère qui est un spécialiste de la calligraphie magique et une de mes sœurs, alchimiste, est venue comme invitée pour discuter des formes d'alchimie et signer quelques-uns de ses ouvrages. » Répondait Lotfi avec enthousiasme.

Le sorcier était heureux que malgré les tensions avec le gouvernement, le régime avait accepté et réussi à convaincre plusieurs sorciers de renommée internationale à venir en Angleterre. S'il n'était pas naïf sur les tentatives du régime de redorer son image afin de ne pas se retrouver isolé, Lotfi espérait que ca pouvait adoucir certaines choses ou au moins permettre un point d'entrer pour d'autres de constater de la situation et peut-être faire un peu pression. Il n'était pas certain en vérité de ce qu'il espérait, la fin de l'oppression, des discriminations, pendant le festival, il y avait cette fausse impression que tous pouvaient être unis dans la magie, mais a quel prix ?

« Si ça t'intéresse, je te présenterais à eux, peut-être après ton concours, j'aurai peur que la conversation s'éternise et que tu manques ton défilé. » Et il s'en voudrait, de plus c'était certainement pas professionnel que le créateur soit absent pour la présentation de sa propre création. « Aussi, saches que plus tard dans la semaine, je serais au concours d'inventions, pas en tant que candidat, mais juré. Si ça t'intéresse de passer bien évidemment. »

Invité Invité

C’est un plaisir de tomber sur quelqu’un que tu connais. Sur quelqu’un que tu apprécies, même. Parce que tu aurais pu tomber sur des gens que tu connais et dont tu n’as rien à faire. Des gens avec qui il aurait été un fardeau de passer un moment. Mais tu l’aurais quand même fait. Parce que tu es bien trop gentil pour ce monde. Parce que tu ne sais pas dire non. C’est bien là ton plus gros problème - pourtant, tu l’as bien fait au pire moment, une fois. C’est sans doute parce que tu regrettes depuis que tu n’as plus jamais rien refuser. Comme ta participation au concours. Tu aurais dû dire non. Mais finalement, tu ne regrette pas tellement. D’autant que Blaise Zabini n’est pas quelqu’un qui accepte un non. Ah, si, c’est vrai. Il y a un autre non que tu as su dire. Pour la vente de ton entreprise. Tu sais que c’était risqué - s’il avait voulu, il aurait pu te réduire en poussière et acheter les restes. Mais c’est ce qu’il te reste de tes parents, cette boîte. C’est tout ta vie maintenant. Tu ne peux pas la vendre - pas encore. C’est toi. Qui se vendrait pour de l’argent, franchement ? Pas toi en tout cas. Tu n’en es pas encore arrivé à ce point. C’est ça que certains n’arrivent pas à comprendre - ce n’est pas l’argent qui motive tes choix, ça ne l’a jamais été. Créer des costumes, c’est comme une seconde nature chez toi. Ca te paraît extrêmement naturel. Une évidence. T’as été fait pour ça. Tu ne t’imagines pas faire autre chose. C’est pour ça que tu fais avec ce stress - parce que tu le sais bon pour toi. Tout comme Lofti le souligne. ‘Malheureusement si, le résultat importe. Parce que c’est un actionnaire de mon entreprise qui m’a inscrit. Sans compter qu’il s’agit de représenter la couture anglaise…’ T’es à moitié convaincu par ce que tu dis. Tu sais qu’il en aura conscience. T’as toujours aimé penser hors des cases, mixer les cultures. Tout ce que tu n’as pas pu faire pour ce projet. Une création, pourtant, que tu chéris plus que tout, il faut bien le reconnaître. Tu en es très fier. ’Mais je suis très content du résultat. Bien sûr avec plus de temps, j’aurais pu faire mieux sans doute…’ C’est toujours comme ça. Toujours à douter. A se remettre en question. A hésiter. C’est là le problème de te laisser du temps. Le temps n’est pas un allié mais un ennemi qui te dévore en même temps que le stress qui t’envahit au fur et à mesure qu’il s’écoule. Un stress que tu essayes de laisser de côté pour te concentrer sur ton ami qui arrive à t’arracher un nouveau sourire. ‘Merci beaucoup… Si tu viens, je m’assurerai de te trouver une place de choix !’ Tu serais sans aucun doute rassuré de le savoir dans le public, parce que tu sais déjà qu’il apprécie tes oeuvres - un avis biaisé est toujours bon à prendre.

Tu l’écoutes parler. Tu le trouves fascinant. Tu l’as toujours trouvé fascinant. Quelqu’un qui vient de loin, qui a tant vu alors que tu n’as jamais quitté l’Angleterre. Tu trouves ça beau. ‘Je dois dire que je ne m’intéresse pas beaucoup au sport, mais j’adorerai rencontrer les artistes iraniens.’ Pas particulièrement sa famille, mais c’est inclus dans le lot. Enfin, tu n’as pas envie de les rencontrer parce qu’ils font parties de sa famille, mais parce qu’ils viennent d’ailleurs. Parce que tu aimes rencontrer de nouveaux artistes, partager avec eux, exposer ton point de vue sur l’art et la création. C’est pour ça que ce festival est une chance inouïe. Tu regrettes que ta mère ne soit pas venue - en tant qu’ancien mannequin et allemande, elle aurait eu sa place. Mais elle a bien fait de rester où elle est, sait-on jamais ce qui aurait pu se produire par la suite. Mais elle te manque. C’est quand Lofti parle de sa famille que tu penses à elle. Voilà bien trop longtemps maintenant que tu ne l’as pas vu. Tu donnerais n’importe quoi pour au moins un instant, pouvoir la tenir dans tes bras. Mais il n’est pas question de ça pour l’instant. Plus tard. Un jour, peut-être. Il faut garder espoir.

Tu ris un peu. Depuis combien de temps n’avais-tu pas ri Sol ? C’est bon de t’entendre rire… ‘Ce sera avec plaisir ! Mais après le défilé, en effet…’ Blaise Zabini aurait ta peau si tu n’étais pas là. D’autant plus que tu dois toi-même porter ta création. Non. Hors de question d’être en retard. ‘Oh, mais avec joie ! Nous savons tous les deux que, de toute façon, si vous aviez participé, vous auriez gagné.’ C’est pour ça que Lofti fait partie des gens que tu admires. Tu le trouves brillant. Mais tu n’es peut-être pas très objectif, puisqu’il t’aide dans ton métier. T’y connais rien du tout en création, mais l’avantage de ce genre de chose, c’est qu’il n’y a pas besoin d’y connaître grand chose pour apprécier un rendu. C’est comme en couture. Il suffit de voir le résultat, le procédé, parfois, importe peu. ‘En attendant, auriez-vous repéré des choses intéressantes mais qui ne risque pas de nous prendre trop de temps ? Je dois dire que je n’ai pas encore pu me promener et observer quoique ce soit.’ Errer sans but serait une perte de temps - un temps qui t’es précieux. Alors autant aller à l’essentiel s’il a une idée. Sinon, tu fais confiance au destin. Quoiqu’il arrive, vous finirez là où vous devrez être. C’est toujours comme ça.
La magie du destin.

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▬ « Malheureusement si, le résultat importe. » La réponse de Sol lui rappelait la réalité de la situation, celle du régime actuel et il fit une moue qui en disait long. Autant sur sa sympathie à l’égard du jeune homme, comme de la compréhension. Sol était un jeune homme passionné par son métier, comme extrêmement doué, mais par conséquent, comme beaucoup de créateur enthousiaste, il était perfectionniste, minutieux et sans aucun doute le juge le plus difficile sur ses propres créations. Bien entendu, ce n’était pas quelque chose qu’il avait forcément confié à son client, un créateur qui faisait part de ses doutes à ses clients, ce n’était jamais rassurant. Lotfi et lui avaient passé assez de temps ensemble, en dehors de la dynamique habituelle pour au moins lire entre les lignes. C’était aussi tout fait normal, le sorcier était encore jeune et s’il dépendait en plus sur des actionnaires actuellement, il pouvait comprendre la pression sur ses frêles épaules.

« La couture anglaise ? » Il y a un écho dans les propos de Sol. Lotfi n’était pas certain ce que cela impliqué, la mode sorcière était loin des costumes cintrées aux couleurs grise et noir. En tout cas, ce n’était pas ainsi qu’il la voyait, encore moins en tant qu’étranger, et beaucoup moins depuis qu’il avait découvert le travail de Sol, qui avait toujours su allié le style anglo-saxon, beaucoup plus sobre, avec une touche d’exotisme propre la culture de l’inventeur par exemple. La couture anglaise, il s’agissait de certaine coupe, comme motif, mais justement, c’était bien parce que le jeune homme sortait des cases qu’il avait su se démarquer, autant aux yeux d’un sorcier comme Lotfi que celui de son actionnaire. Il sentait bien dans la voix de son interlocuteur, que s’il était satisfait de sa création, il pensait qu’il aurait pu faire mieux.

Lotfi voudrait faire une suggestion, mais il la gardait pour lui pour le moment, le jeune homme lui promettant une place de choix s’il parvenait à venir au défilé. « Ce n’est pas la peine. Répondait humblement Lotfi, je me trouverais au fond de la salle, et je saurais apprécier votre travail Sol, ne vous tracassez pas pour moi. » Il avait clairement d’autres choses à penser. Le sorcier lui expliquer qu’il y avait des stands de personnes venant de son pays natal, avec beaucoup de fierté et d’entrain. Si Sol déclinait l’offre pour le sport (à tort vraiment), il voulait bien rencontrer quelques artistes, reconnaissant bien son côté encore un peu restreint. Certes le sport n’était pas pour tout le monde, mais un artiste curieux devrait voir l’inspiration peut importe le domaine, une richesse non-négligeable. Cependant, Lotfi avait une petite idée pour lui faire découvrir les deux sans que les discussions tournent plus autour du sport, mais bien a un échange entre créateur. « Je serais heureux de vous présenter à mon frère et ma soeur. » Admettait-il avec un sourire amusé, avant de l’entraîner à travers les stands, car le sorcier avait la bougeotte, tout en ajoutant qu’il participait en tant que jury au concours d’invention. Sol s’empressait de lui faire un compliment, ce qui le faisait rire. « Oh, vous savez, je n’ai jamais été très friand des concours, je ne créer pas pour ce genre d’attention ou de reconnaissance. » Et de toute façon, ça aurait un risque, il était charmeur de métal avant d’être un inventeur, sa profession comptait sur son anonymité et il savait qu’il avait sa propre signature dans ses créations qui pourrait le trahir si elle venait à la lumière. « Mais je vous remercie de votre confiance. » Il savait que le jeune homme était loin d’être objectif, le sorcier ayant confectionné quelques outils pour lui qui avait facilité son travail.

Lotfi écoutait le jeune homme tout en gardant un œil sur les stands, il lui demandait s’il avait remarqué quelque chose qui pourrait être intéressant, mais ne les retiendrait pas longtemps. « En fait, je voulais vous proposer de vous accompagner jusqu’au lieu du concours, peut-être vous offrir quelque chose à boire ou manger sur le chemin. » Répondait Lotfi avec un sourire, car lui aussi avait besoin de se mettre quelque chose sous la dent avant qu’il retourne faire les porte-paroles pour son pays, et participer à une discussion avec des sportifs amateurs et pro de tout pays plus tard.

« Pour revenir sur le sujet de votre création, je suis surpris que vous n’ayez pas eu un peu plus de temps, ou de liberté. Il me semble que peu importe vos créations, le décalage que vous apportez est ce qui apporte votre signature, élevant la couture anglaise. Vous ne devriez pas vous laisser impressionner par les enjeux de l’événement, si votre actionnaire vous a confié ce travail et inscrit au concours, c’est bien qu’il considère que vos créations représentent déjà la mode britannique. Vous êtes un artiste, pas un scientifique, vous devriez peut-être profiter qu’il vous reste un peu de temps pour faire un changement spontané qui élèverait votre création au standard que vous vous donnez. » Ce n’était qu’une suggestion bien entendu, mais il pensait que si quelqu’un rappelait au jeune homme qu’il était déjà un représentant de la culture anglaise, il pourrait se sentir des ailes et un peu moins de pression. « Je vous rappel que c’était bien parce que vos costumes et création semblait être la représentation de la couture anglaise que j’ai passé la porte de votre boutique. » De plus, Londres restait une grande capital ou se croiser les cultures et les origines, il suffisait d’un rien pour aller cueillir la petite touche qui manquait dans sa création pour qu’il en soit pleinement satisfait.

Invité Invité

Bien sûr que le résultat compte. C’est un concours. Le résultat aura forcément une incidence. Surtout dans pareilles conditions. Parce que tu n’es pas - encore, un jour, tu l’espères - adoubé par toute une partie de la population sorcière. Ceux qui ont le pouvoir. Alors bien sûr, il y a Blaise, il y a Benjamin, ça aide. Mais ça ne change rien à ta situation. A ta nature même. Tu n’es pas un sang-pur. Tu ne le seras jamais. En ça, à défaut d’autre chose, tu te pensais au moins à l’abri, épargné. Un personnage de second plan sans importance. Mais tu ne peux pas oublier la menace d’Anthea. Il te suffit d’un pas de travers pour tout perdre. D’un refus. D’un seul. Alors forcément, tu te mets la pression. Encore plus souvent. Encore plus fort. Parce qu’aujourd’hui, te faire oublier ne suffit plus. Tu te dois d’être parfait. Au moindre fil près. Tu dois bien reconnaître que depuis cette rencontre, la pression n’est plus jamais redescendu. Parce que ce jour-là, tu l’as senti. T’as senti que ta vie, ton propre destin n’était plus dans tes mains, mais dans les leurs. Terrible réalité. Pourtant, ça ne t’empêche pas de continuer. De donner le meilleur de toi-même. Encore et toujours. Jusqu’à t’épuiser. T’user. C’est pour ça le stress. Parce que tu as essayé de faire ce que l’on attendait de toi, tout en étant fidèle à tes principes - jamais tu ne présenteras un travail que tu n’aimes pas, jamais. Mais tu n’es pas sûr que cela convienne. Que cela plaise. Et si c’est le cas… Tu te seras vidé de tes forces pour rien. C’est là la réalité douloureuse de la chose.

« La couture anglaise ? » Tu sens le doute, l’hésitation. Tu te contente d’un sourire. La couture est ton domaine d’expertise, tu sais de quoi de parle, mais tu oublies souvent que les gens n’ont pas la même notion des choses que toi. Même le terme couture anglaise est faux, finalement. Il y a autant de mode que de couturier. Mais certains genre se démarque plus que d’autres. Chez vous, on apprécie la sobriété, le classique, ce qui va à l’essentielle, quand on préfère des choses plus ‘pratique’ en Amérique, ou plus ample en Asie. Les différences sont minimes, mais existantes. Tu as beau tenter des choses plus extravagantes - ou mélanger les genres comme tu le fais pour Lofti - tu restes accroché et relié à cette tradition qui est celle donné par ton père.

« J’insiste. Je serais plus qu’heureux de vous savoir au premier rang, de pouvoir vous voir même depuis les coulisses. » Un nouveau sourire. Une supplique même. Il y aurait là quelque chose de rassurant pour toi. Mais tu ne veux pas te montrer forceur… « Mais si vous préférez le fond de la salle, je l’accepterai. » Tu continues de sourire - un sourire franc et sincère. Lofti est peut-être l’un des rares à avoir encore le droit à ce genre de sourire, tu dois bien le reconnaître. Sa famille aussi y aura certainement droit. Tu le suis, un peu admiratif de son incapacité à rester en place, à travers les stands sur lesquels tu poses ton regard tout en l’écoutant. Des choses comme tu n’en as encore jamais vu. Tu sais déjà que tu devras repasser par là. « Cela ne m’étonne pas du tout de vous. » Tu aurais bien répondu qu’il en était de même pour toi, mais si les concours ne sont pas ta passion, il faut bien reconnaître que lorsqu’on travaille dans le textile comme tu le fais, forcément, l’attention et la reconnaissance sont recherchés. Parce que c’est ce que te permet tout simplement de travailler. Parfois, tu te dis que tu aurais dû choisir une autre voix. Mais c’est un tel plaisir de voir le tissu évoluer sous tes doigts pour se transformer en autre chose - en ta création.

« Avec plaisir ! Je vous suis. Mais je vais devoir décliner la proposition de manger ou boire. Jamais avant un défilé. » Il serait bien malvenu d’avoir un besoin pressant juste avant de monter sur scène, ou bien de tomber malade. Depuis le matin même, ton estomac était vide. Forcément, la faim commençait à être présente. Mais elle attendrait. Comme toujours. « Mais si vous avez besoin de vous restaurer, je vous accompagne ! » Ce n’est pas parce que tu te prives qu’il doit en faire autant. Tu aurais bien tout le temps qu’il faut une fois la journée finie.

Tu souris. Un peu tristement cette fois. Quand il entend le discours de Lofti. Oui, bien sûr, vu comme ça, ça semble simple… Mais il y a cette épée de Damoclès, cette vérité que tu as toi-même du mal à admettre… « Et si… Et si ce n’était pas pour me voir gagner qu’on m’avait inscrit ? Mais justement pour me voir tomber ? » Parce que ce doute persiste, encore et toujours, depuis les menaces d’Anthea. « Rassurez-vous, je suis resté fidèle à ce que je fais. J’aime vraiment ma création. Profondément. Et c’est justement ce qui m’inquiète. Parce que je ne suis pas sûr du tout que cela convienne pour ce genre de concours. Justement parce que l’on s’attend à voir une certaine représentation de la mode selon les pays et je ne suis pas certain de coller à celle-ci. Le problème, c’est que si ma création se fait railler, c’est mon nom qu’on traîne dans la boue. C’est ma boutique qui reste d’en pâtir. » Tu vides ton sac, tu souffles. Enfin, tu exprimes tes doutes à quelqu’un. Tu n’oses même pas regarder Lofti dans les yeux. Elle est là, la réalité. Si tu perds, tu offres la possibilité à ceux qui voudraient te faire du mal de t’en faire. Mais même en ayant ça en tête… Tu es fier de ce que tu as à fait. Vraiment. Si tu dois partir, tu partiras la tête haute. « Merci de me rassurer. » Un nouveau sourire. Sincère. Profondément sincère celui-ci. Et chaleureux.

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