It was a mistake to speak one's mind at any time, unless it perfectly matched your political purpose; and it never did. Best to strip all statements of real content, this was the basic law of diplomacy.

@PHILIPPE RAULNE @SELENA DE SAINTE CROIX

Ton éclat de rire résonne dans la pièce. Ton interlocuteur a les joues roses - sans doute est-il déjà un peu pompette. L'édit du Lord 2006-30 n'a jamais été la loi la mieux respectée de Grande-Bretagne. Il n'est pas rare d'y voir quelques entorses lors de dîners mondains, pour délecter les palais fins venus d'ailleurs. Toi, tu te contentes de fermer les yeux sur ce genre de comportements, bien que tu ne comprennes pas l'intérêt qu'on puisse trouver à toutes ces substances. Bien sûr, quand t'étais à Poudlard, il y avait ce goût d'interdit et des soirées folles. Aujourd'hui, tu ne boirais ou ne fumerais que si ça t'apportait quelque chose en échange. Pierre, puisque c'est ainsi qu'il s'appelle, te pose une main paternaliste sur le bras, que tu t'contentes d'ignorer tant bien que mal, un sourire angélique toujours collé au visage. “ You're so funny... You should meet the Ambassador, he's going to love you. ” Tu souris de plus belle. Cette soirée est incroyablement mortelle, et pas dans le bon sens du terme. T'en peux plus d'faire des ronds de jambe devant tous ces sorciers imbus d'eux-mêmes. C'est dans ces moments qu'tu remets tout en question. Tu t'es lancée dans ces études de diplomatie parce que c'est ce que tu connaissais bien. Manipuler les gens avec le sourire, c'est comme une seconde nature. Sauf que ça te donne pas des frissons d'excitation. Tu préférerais cent fois retourner entre les crocs du léviathan.

Sans y prêter attention, tu te retrouves au beau milieu d'une cour intérieur. Il y fait chaud et humide, un climat qui te rappelle le sud de l'Europe. Autour de toi, des plantes exotiques, que tu ne connais pas. Un petit bassin dans lequel ruisselle de l'eau en continu agglutine à son bord la plupart des convives. L'ambiance est étonnamment chaleureuse pour un mois de mars en Angleterre. Comme s'il lisait ton étonnement, Pierre t'indique : “ The Ambassador of Morocco transformed this place into a real Garden of Eden, don't you think? ” Tu hoches la tête, pas plus impressionnée que ça. Ton œil valide se pose sur l'Ambassadeur de France, à qui Pierre fait des grands signes. Tu arbores ton plus beau sourire de potiche lorsqu'il s'approche de vous.

“ Enchantée, Monsieur l'Ambassadeur, tu dis dans un français un peu bancal alors qu'il te prend la main pour la serrer chaleureusement. ”

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Voilà une bonne heure que tu discutes avec l'Ambassadeur. C'est bien la première fois que quelqu'un te donne autant de fil à retordre. Tu t'dis que c'est parce qu'il a des années de pratique en diplomatie, mais n'empêche, il s'en sort pas mal. T'essayes vainement de lui tirer les vers du nez, de savoir s'il soutient ou non le Lord, de le laisser se trahir en disant le mot de trop. Rien n'y fait. Légèrement frustrée, tu pars faire un tour, prétextant aller chercher de quoi épancher ta soif.

C'est alors qu'une meilleure idée te vient.

Tu commandes trois verres d'un cocktail de jus de fruits quelconque, puis tu te diriges vers les deux chiens de garde que t'avais repéré un peu plus tôt. T'as pas bien saisi leurs noms, mais tu sais qu'ils sont là pour assurer la protection de l'Ambassadeur français. Tu t'dis que si lui est un as de la rhétorique, les deux molosses n'auront certainement pas assez de cervelle pour déceler tes pièges. Tu veux du potin, tu partiras pas de cette soirée bredouille.

Forte de tes quelques années de français, tu les abordes avec un sourire chaleureux, comme tu sais si bien faire.
“ Bonjour... Je n'ai pas pu m'empêcher de vous remarquer depuis tout à l'heure. ” On dirait presque que tu flirtes avec eux. Ça ne devrait pas les choquer, ils sont français après tout. “ Je me dis que ça doit être insupportable de rester sans boire ni manger pendant des heures, à nous regarder parler de tout et de rien ! Puis surtout par cette chaleur... ” Tu fais un geste, tant bien que mal avec tes verres, pour appuyer ton propos. “ Si vous me demandiez mon avis... C'est inhumain de vous forcer à faire ça. ” Puis tu leurs refourgues les verres avec un grand sourire. “ Tenez. Garantis sans substances illicites, pas de ça avec moi ! ” Tu t'esclaffes un peu, comme s'il s'agissait d'une blague complice.

“ Anyway. Je m'appelle Anthéa, et vous ? ”

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@PHILIPPE RAULNE @SELENA DE SAINTE CROIX @ANTHEA ROWLE

Elisabeth a perdu son mari de vue très tôt dans la soirée. Ce n’est pas une surprise : d’abord parce que le couple ne s’entend plus vraiment et préfère passer sa soirée séparés, dès qu’ils ont eu quelques gestes pour sauver les apparences, ensuite parce qu’en tant que sorciers ayant des postes si haut placés, ils se retrouvent tous les deux happés par de nombreuses conversations très rapidement lors des soirées mondaines. La médicomage a toujours été friande de ce genre de soirées. Pas spécialement parce qu’elle s’y amuse, mais parce que depuis qu’elle est adolescente, elle est très attachée à sa place dans sa société. Son expérience lui a appris qu’un des meilleurs moyens de s’élever était de connaître les bonnes personnes, et elle travaille cet aspect depuis qu’elle est en âge de faire la conversation à tous les invités de ces petites sauteries. Ce n’est pas pour rien qu’elle est devenue chef d’un service de médicomagie à tout juste trente ans. Ses compétences étaient indiscutables, bien évidemment, mais ses contacts ont été essentiels pour arriver jusque-là, et elle n’en a pas honte.

Alors, même si parfois, elle a juste envie de fuir, même si parfois, elle a envie de grimacer en voyant certains invités, même si elle sait que tous seraient dégoûtés s’ils apprenaient qui elle était vraiment, elle sourit et charme avec un naturel désarmant.

La fête de ce soir a lieu dans un endroit qui, il faut le reconnaître, est particulièrement magnifique. Elisabeth a fait le tour des salles, au tout début de la soirée, avec l’ambassadeur des Pays-Bas, avec qui elle a sympathisé il y a plusieurs mois de cela. Elle est à peu près sûre qu’il a l’espoir de la mettre dans son lit, ce qui la fait beaucoup rire. Mais elle joue le jeu, pour le fun, et au cas où cela pourrait lui servir dans le futur. Elle s’est finalement arrêtée dans une pièce où un bassin coule sans arrêt, et où de nombreux invités se sont aussi arrêtés pour observer l’eau tout en discutant. Là, elle a engagé la conversation avec Persephone Ollivander, une vieille camarade de Poudlard et amie, avec qui elle a passé un long moment à parler travail et maris. Heureusement qu’au milieu de tous ces hypocrites et ces dragueurs, il y a toujours quelques amis à retrouver. Les deux femmes se sont cependant trouvées séparées quand le mari de Persephone a décrété qu’il était temps pour les Ollivander de rentrer. Dieu qu’Elisabeth déteste cet homme et la façon dont il traite sa femme…

Elle est en train de ruminer à ce sujet et d’errer parmi les invités de la soirée, dans sa longue robe noire aux manches en dentelle, quand elle saisit une conversation au vol. En vérité... Le jeûne est salutaire pour l'organisme sur de très nombreux niveaux. On peut rester des semaines sans manger avant de décéder... Et seulement deux jours, au maximum, sans boire. Elisabeth hausse les sourcils alors que la femme qui a prononcé ces mots donne son prénom à son interlocutrice. Elle ne peut s’empêcher de s’immiscer dans la conversation. On peut rester des semaines sans manger et deux jours sans boire… Mais dans quel état ? dit-elle avec un petit sourire en coin. C’est idéal si vous aimez avoir le vertige, bien entendu. Des maux de tête, aussi. Elle pourrait détailler les symptômes, mais s’arrête là. Le jeûne n’est salutaire que s’il n’est pas extrême. Parole de médicomage. ajoute-t-elle. La femme en face d’elle est très jolie - Elisabeth ne se souvient pas l’avoir vue auparavant. Elle est accompagnée d’un homme imposant. Et puis il y a la jeune Rowle, qu’elle a déjà croisé à plusieurs reprises sans jamais lui adresser la parole pour autant. Elle n’a pas entendu que du bien à son sujet, mais n’est pas du genre à laisser les autres construire son opinion. Pardonnez ma curiosité, en vous entendant, je n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir. explique-t-elle. Elle tend sa main à l’inconnue. Elisabeth Shafiq. se présente-t-elle. Miss Rowle. Elle salue la plus jeune d’un signe de tête.

Spoiler:

Le seul avantage de ce genre de soirée, c’est que l’on mange et que l’on boit sans vergogne et à l’œil. Bon forcément, dans le cas présent la boisson se fait avec modération mais entraîné un rien par l’enthousiasme d’un des loufiats qui gère la partie collation, me voilà en train de siffler une flûte de champagne des fées. Une et une seule, me concernant, dans ce costume presque trop serré dans lequel je suffoque à moitié. Forcément, même en tant que simple chien de garde, le paraître compte en matière de représentation diplomatique. Selena n’a pas eu besoin d’insister plus que de ses regards, et j’ai pris grand plaisir à cultiver le doute. Allais-je me rendre à la soirée en jean et en blouson de cuir ou jouer le jeu ? Elle me connaissait assez pour savoir que j’étais bien plus professionnel que taquin, mais il n’empêche que je n’avais pas su arrêter de jouer avec sa patience. Le costume est bien cintré, à tout le moins. Flambant neuf, d’un gris foncé, il me donne une classe certaine, mais tout à fait discrète. Comme la tenue de Selena, belle à tomber, comme toujours. Impossible de la regarder de trop, si je veux accomplir ma mission. Mais malgré la relative bonne ambiance, les petits fours magiques et les bulles, nous ne pouvons pas profiter ; nous n’en avons tout simplement pas le droit.


Assez d’indifférence, à tout ce luxe et ce faste. Poudre aux yeux. Je sais que ce gouvernement et cette société se sont bâtis dans la violence, et mon instinct me hurle danger. Je reste d’aspect décontracté, et somme toute intérieurement, je le suis assez aussi. Je repose ma flûte une fois sirotée et reste calme, bien droit dans un coin pour vérifier le dégagement de l’entrée et sortie de la pièce. Au loin, j’évite le regard de Selena un bon moment, car ce n’est pas le moment de se laisser déconcentrer. Mais la soirée continue. L’ambassadeur s’éloigne, va vivre sa propre soirée, et j’ai la gorge sèche ; j’aurais pu donner beaucoup pour aller m’envoyer une pinte au bar et taper la causette avec une ou deux jolies filles. Si je n’étais pas en service. S’il n’y avait pas Selena. Là, j’avais juste soif, du coup. Considérant qu’il y avait conciliabule entre l’ambassadeur et l’auror, je quitte momentanément mon poste et me rapproche de ma partenaire et du « paquet » que nous étions chargés de protéger, pour savoir ce qu’il se passait. Lorsque le patron s’éloigne après avoir soufflé ma binôme, je laisse échapper un sifflement discret.


| Encore en train de te faire des copains, Sainte-Croix… |


Un rien de taquinerie, je comprenais leurs positions à tous deux. Je n’étais pas totalement certain d’apprécier qu’elle prenne ce genre d’initiative pas plus qu’il la rétorque comme sa subalterne… Nous étions un binôme, ce n’était pas ma cheffe et elle n’était en rien ma responsable. Mais une jeune femme fait irruption, large sourire et un côté avenant qui n’avait rien de désagréable pour mon égo d’homme. Toutefois, je reste concentré, et m’éclaircis discrètement la voix derrière ma main lorsque l’anglaise évoque la difficulté de « rester des heures sans boire et manger ». Autant pour la flûte prise en début de soirée… Qu’importe. Un verre en main, sans substance illicite, la jeune femme se présente comme « Anthea ».


Je ne savais foutremerlin pas du tout qui elle était, cette fille. Ni ce qu’elle nous voulait.


Depuis Bourges, les mages noirs et le poison, je restais circonspect, mais neutre derrière un sourire poli. Avant que je ne réponde aux salutations auxquelles répondait Selena, une autre femme, brune, vient prendre part à la conversation pile au moment où je levais les yeux au ciel devant le préchi-précha wellness de ma partenaire. Le genre de sujet qui m’avait toujours rebuté devant les conseils et dictons pleins de bons sens hérités des grands-parents censiers….


Au moins, la nouvelle venue aurait pu faire applaudir la mère et la grand-mère des deux mains, et je découvre une femme assez semblable à Selena d’apparence ; brune, longiligne, classieuse… Sans l’impétuosité et  la spontanéité de la première à être venue nous aborder. Et médicomage, donc.


Poignées de mains générales, je me demande si dans ce genre de soirée de la haute les hommes ne sont pas sensés saluer autrement mais je reste un auror, et un type plus habitué aux soirées dans les bars ou aux guinguettes de villages que de ce genre d’environnement, alors je leur serre chacune leur main de ma grosse paluche calleuse.


| Philippe Raulne. Enchanté, mesdames. |


Je me tourne vers Anthea, donc, et descend le verre d’un trait, avec sans doute bien peu de retenue et de respect des convenances.


| Merci pour le verre Miss Rowle. C’est loin d’être inhumain, si on excepte la tentation de se jeter sur les plateaux de nourriture et de boissons pour un amateur de bonne chère comme moi. |


Ma prononciation doit être risible, mais j’ai entendu la Shafiq donner ce nom de famille. Je reporte mon attention sur la médicomage.


| Ne m’en parlez pas, rien qu’à l’idée de sauter un repas, j’en attraperais une suée. |


Et lâche un regard un rien taquin pour ma partenaire.


| Ma pauvre grand-mère m’aurait sans doute filé des coups de balais si elle savait que le travail me fait sauter des repas. Elle avait toujours coutume de dire de profiter de ce qu’on a quand on l’a, car on ne sait pas toujours quand sera notre prochain repas. Une vieille génération, qui a connu bien des épreuves… |

Les soirées mondaines telles que celle-ci t'ennuient profondément. C'est en observant le visage enthousiaste de certains diplomates que tu te dis que t'as pas ta place ici. Ils sont comme des poissons dans l'eau, à discuter de tout et de rien et à faire des bonnes manières pour ne froisser personne. Fut un temps, t'étais persuadée que c'était ton truc, à toi aussi, de manipuler les gens avec un joli sourire. Mais ta récente rencontre avec le démon des mers t'a fait réaliser que t'étais bien plus à ton aise lorsqu'il s'agit de foncer dans le tas et de tout détruire sur ton passage. Agent du chaos, tu supportes de moins en moins les faux semblants. Devoir arborer constamment ce faux sourire de potiche pour que tout le monde t'aime bien. Tu lèves les yeux au ciel rien que d'y penser. T'as passé tant d'années à te conformer aux autres pour obtenir ce que tu veux que tu éprouves un réel sentiment de lassitude. T'as plus envie de sourire, de faire semblant de ressentir toute cette ribambelle d'émotions que tu comprends même pas. T'en as mare de n'être qu'une imitatrice, un subterfuge. Le mirage d'une jeune femme charmante et bien éduquée. T'as envie d'être toi-même, plus que jamais, n'en déplaise à tes confrères. Maintenant que la Marque est sur ton avant-bras, maintenant que t'as fait tes preuves, tu ne dois plus rien à personne. Mais ce n'est pas si simple, et tu le sais Alors, avec un parfait sourire, tu pars séduire les deux gorilles du diplomate français, avec l'espoir de semer la zizanie et de redonner un peu de peps à cette soirée qui semble ne jamais vouloir se finir.

“ Bonsoir Mademoiselle. Votre compassion nous touche. Merci. ” Tu souris, bien contente d'avoir réussi ton entrée. “ En vérité... Le jeûne est salutaire pour l'organisme sur de très nombreux niveaux. On peut rester des semaines sans manger avant de décéder... Et seulement deux jours, au maximum, sans boire. ” Ton sourire reste figé quelques instants. Tu te demandes pourquoi ton interlocutrice juge pertinent de te dispenser un cours de sciences naturelles, mais tu estimes que le small talk ne doit pas faire partie de la fiche de poste des gros bras missionnés pour ce genre d'événements. Après tout, ils ne sont pas diplomates, on ne les a pas embauchés pour être intéressants... Tu t'apprêtes à répondre une banalité, l'air toujours aussi bienveillant, quand une autre femme se joint à la conversation. “ On peut rester des semaines sans manger et deux jours sans boire… Mais dans quel état ? ” L'attention immédiatement portée vers la nouvelle venue, t'as comme l'impression de t'être fait couper l'herbe sous les pieds. “ C’est idéal si vous aimez avoir le vertige, bien entendu. Des maux de tête, aussi. Le jeûne n’est salutaire que s’il n’est pas extrême. Parole de médicomage. ” Décidément, c'est à qui ramène le plus ses connaissances, aujourd'hui. Toi aussi, tu peux leur donner tes conseils de survie en haute mer, mais tu as le bon goût de savoir que personne n'en a rien à faire... Non, décidément, ce n'est pas ta soirée. Le dernier mot t'interpelle cependant. Médicomage... Elisabeth Shafiq. Tu remets enfin le nom de ta nouvelle interlocutrice. Une sorcière brillante, à l'ascension sociale presque aussi vertigineuse que la tienne, et incroyablement séduisante. Tu sais qu'elle n'est pas du genre que l'on peut facilement manipuler, et tu comprends alors que sa présence rend les choses bien plus difficiles pour toi. Elle verra clairement dans ton jeu. Mais qui sait, ça pourra rendre les choses intéressantes. “ Elisabeth Shafiq. ” “ Selena. ” “ Philippe Raulne. Enchanté, mesdames. ” Tu souris chaleureusement. “ De même, tu dis en serrant la main des deux bodygards, puisque Shafiq ne semble pas daigner entrer en contact avec toi. ” Tu te demandes même si la sorcière n'a pas eu quelques échos peu flatteurs à ton égard, mais tu décides de reporter ce problème à plus tard. Comme tous, tu finiras par la séduire.

“ Merci pour le verre Miss Rowle. C’est loin d’être inhumain, si on excepte la tentation de se jeter sur les plateaux de nourriture et de boissons pour un amateur de bonne chère comme moi. ” Tu souris avec cet air bienveillant que t'as observé sur tous les visages dans ce genre d'événements. T'es bien contente de voir qu'il sera plus facile de plaire à ce Philippe, qui semble être un bon vivant, un homme pas compliqué à satisfaire. Quelqu'un de simple, en somme. “ Avec grand plaisir, ça me semble tout naturel que chacun puisse profiter de l'événement. ” Il échange quelques instants avec Shafiq, avant de poursuivre. “ Ma pauvre grand-mère m’aurait sans doute filé des coups de balais si elle savait que le travail me fait sauter des repas. Elle avait toujours coutume de dire de profiter de ce qu’on a quand on l’a, car on ne sait pas toujours quand sera notre prochain repas. Une vieille génération, qui a connu bien des épreuves… ” Tu laisses échapper un rire justement dosé. “ Votre grand-mère est une femme très sage. ” Tu n'as jamais connu la faim, mais tu aurais bien volontiers profité un peu plus de la vue en trois dimensions, avant qu'on ne t'arrache un œil. “ J'imagine que la leçon est avant tout de profiter de la vie ! Ma récente rencontre avec un léviathan m'a appris à voir les choses différemment. De manière assez littérale, tu ajoutes, sur le ton de la plaisanterie, en faisant un geste vers ton cache-œil. ”

Et puisqu'on t'a appris que parler de toi n'est pas ce qui te rend la plus aimable, tu ajoutes : “ Ça fait longtemps que vous travaillez avec Monsieur l'Ambassadeur ? ”

Spoiler:

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@PHILIPPE RAULNE @SELENA DE SAINTE CROIX @ANTHEA ROWLE

Ses nouveaux interlocuteurs se présentent, avec leurs accents français. Elisabeth leur sourit avec politesse. Merci pour le verre Miss Rowle. C’est loin d’être inhumain, si on excepte la tentation de se jeter sur les plateaux de nourriture et de boissons pour un amateur de bonne chère comme moi. Elisabeth se demande bien pourquoi ils n’ont pas le droit de se sustenter au moins un peu. Est-ce une histoire de sécurité ? La peur que la nourriture soit empoisonnée ? Est-ce qu’ils ont peur que le fait d’enfourner des petits fours fasse décliner l’attention des agents ? Elisabeth trouve dans tous les cas cela un peu sévère. C’est comme si elle obligeait ses internes à ne pas manger dans la peur qu’une opération urgente arrive et qu’ils ne soient pas prêts à la prendre au vol. Ma pauvre grand-mère m’aurait sans doute filé des coups de balais si elle savait que le travail me fait sauter des repas. Elle avait toujours coutume de dire de profiter de ce qu’on a quand on l’a, car on ne sait pas toujours quand sera notre prochain repas. Une vieille génération, qui a connu bien des épreuves... Elisabeth acquiesce. Votre grand-mère est une femme très sage. répond alors Anthea Rowle - Elisabeth s’apprêtait à prononcer à peu près la même phrase. J'imagine que la leçon est avant tout de profiter de la vie ! Ma récente rencontre avec un léviathan m'a appris à voir les choses différemment. De manière assez littérale. La jeune femme pointe du doigt son cache-oeil et Elisabeth hausse les sourcils. Elle a bien sûr entendu parler de cette histoire même si elle n’a aucun détail et n’a jamais cherché à en avoir. En tous cas, elle se doute que la douleur a dû être terrible, lorsqu’elle a perdu son oeil. Non seulement l’accident est horrible mais la rééducation ensuite est complexe : le seul oeil valide prend toutes les sollicitations visuelles, ça a dû être long et désagréable.

Ça fait longtemps que vous travaillez avec Monsieur l'Ambassadeur ? demande finalement Anthea. Elisabeth devrait peut-être aller voir ailleurs, mais elle est elle aussi curieuse quant à la présence des français ici. Elle n’a jamais trop voyagé, et a toujours été attirée par la France, un pays où résident plusieurs brillants médicomages qu’elle a rencontrés lors de séminaires ou colloques, mais qu’elle n’a jamais eu l’occasion de venir voir chez eux. Un léviathan ? Vraiment ? Vous m’avez laissée parler dans le vide alors que vous avez bien plus intéressant à nous raconter… fait la française, qu’Elisabeth trouve toujours aussi jolie bien qu’elle reste plus distante que son compatriote. C’est un sujet autrement plus intéressant que la durée de notre service auprès de l’ambassadeur, vous en conviendrez… Elisabeth a comme l’impression qu’elle essaie de se débarrasser de la curiosité d’Anthea. Parce que la Shafiq s’amuse de la situation, elle ouvre la bouche pour dire : Ces soirées sont si longues, croyez-moi, vous aurez le temps d’aborder ces deux sujets. Elle attrape au vol un cocktail et inspire. Je propose qu’on commence par le léviathan. Je n’ai en effet moi non plus pas entendu tous les détails de cette histoire. dit-elle en se tournant vers Anthea. Sont-ils aussi impressionnants qu’on le dit? En tous cas, vous êtes une jeune femme bien courageuse et sûrement très douée, pour vous être sortie de tout ça en perdant juste un oeil. Elle ne sait pas très bien pourquoi elle la flatte de la sorte - peut-être que c’est juste parce qu’elle la trouve jolie et qu’au fond, elle n’a pas encore d’avis très arrêté sur elle, ne l’ayant pas souvent croisée. Elisabeth n’aime pas se concentrer sur les rumeurs, alors elle laisse sa chance à la Rowle. Avez-vous déjà eu l’occasion de faire face à un Léviathan? demande-t-elle aux français. Vous aussi avez probablement eu l’occasion de voir beaucoup de choses de ce monde. dit-elle, laissant à celui qui voudra le premier le loisir de prendre la parole.

La jeune femme nous serre la main et semble ravie de la rencontre. Je ne sais pas encore très bien ce qu’elle nous veut, mais si les britanniques sont réputés pour être de bons vivants il est aussi de notoriété publique que ce ne sont pas forcément les personnes les plus hospitalières qui soient, surtout dans ce genre d’entrevue qui malgré le côté un rien échevelé qu’on essayait de lui donner, restait tout de même un peu guindée, rigide. Dans tous les cas ça n’avait rien de grave, je ne me formalisais pas d’un accueil qui ne nous intéressait que très peu. Quoiqu’il en soit la jeunesse est polie et courtoise ; elle se fait même assez serviable. Ce n’est pas le diable d’ailleurs, que de présager que cela n’a pas forcément vocation à masquer une autre action, une manœuvre de sa part. Elle paraît encore bien jeune pour se montrer intéressée pour des motifs politiques, ou autres. La belle rit quand je parle des conseils de ma grand-mère, puits de sagesse parfois à la limite du trash, mais toujours bien en forme concernant les leçons de vie à donner. Je me fais plus sérieux quand elle parle Leviathan.


| Un Leviathan ? Vous avez visé haut, si jeune… Je ne peux qu’imaginer ce qu’il vous est arrivé. J’en suis bien désolé. |


Je me saisis d’un petit four qui vient d’un plateau non loin avant de là pour l’engouffrer avec un rien d’avidité mais dans laquelle j’essayais d’instiller le plus de retenue possible. Je secoue la tête lentement avant que la question ne porte sur le travail.


| Non, c’est très récent. Mais Sainte-Croix a raison, parlez nous de ce Leviathan… | J’hésite quand même, en regardant son visage. | Enfin, si vous voulez bien, évidemment. |


J’ai quand même noté la méfiance de Selena, qui se tend imperceptiblement, et plus encore je sens qu’elle s’est fermée comme une huître à voir ce cercle de discussion toujours plus élargi. Son snobisme crève les yeux pour moi qui la connaît bien, mais Elisabeth Shafiq ne semble pas s’en émouvoir plus que ça ; était ce parce que j’avais déjà l’habitude de la comtesse ? La brunette félicite quelque part, ou rassure, la jeune victime du Leviathan. Quand la question fuse sur ce qu’on a pu rencontrer, je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir grand la bouche, content de parler. Ca faisait des jours que c’était pas forcément super marrant avec l’ambassadeur et puis, j’aimais bien raconter des histoires, depuis tout petit. C’était encore mieux quand elles étaient vraies, et je lâche un regard de connivence avec ma collègue.


| Beaucoup de choses, je ne sais pas. Mais on a déjà dû intervenir sur une Manticore. Ce n’était pas très rigolo, la bête avait laissé un véritable carnage derrière elle et nous avons perdu du monde pour l’avoir… C’est pas la partie la plus drôle de notre métier, de contempler et de participer à ce genre de bain de sang. |