Des femmes tu en as connues. Un peu trop peut-être, surtout lorsque tu étais marié. Et pourtant, aucune d’entre elles ne pouvait se targuer d’arriver à la cheville de Freya. Freya Abbott était sans égal, elle avait réussi là où toutes les autres avaient lamentablement échoué. Du haut de son tempérament de feu, de sa force de caractère mais aussi de sa sensibilité, elle était parvenue à t’apprivoiser. Tel un charmeur de serpents, elle avait attiré le mangemort dans ses filets pour ne plus jamais lui rendre sa liberté. Et voilà qu’aujourd’hui, elle se tenait enfin devant toi, prête à sceller son destin au creux du tien. Ta respiration s’accélère alors que ses lèvres esquissent un premier mouvement. Freya brise le silence, un frisson parcourt ton échine. Tu sais qu’elle t’aime, il ne peut en être autrement. Sinon comment expliquer qu’elle supporte tout ce que tu peux lui faire subir ? Et pourtant, la peur de la perdre, la crainte de la voir essuyer ta demande d’un refus est bien présente, elle te dévore les entrailles. Pendu à ses lèvres, tu te rattaches à chacun de ses mots, jusqu’à ce qu’enfin, elle accepte de devenir ton épouse. Le cœur battant la chamade, tu rougis très légèrement, quelque peu honteux de te retrouver là comme un adolescent devant ses premiers émois. Mais à y regarder de plus près, tu n’es pas le seul à être submergé d’émotions. Les pupilles de Freya brillent bien plus que d’ordinaire, et cela ne peut être dû qu’au reflet de la lumière. Et lorsqu’elle reprend la parole, tu as bien la confirmation qu’elle tente de détourner ton attention de sa sensibilité désormais à fleur de peau. Le ton si franc et provocateur de sa déclaration te surprend, il attise ton désir déjà quelque peu aiguisé par la proximité de vos deux silhouettes. Tu t’efforces de garder ton sérieux lorsque tu lui réponds. « Tu sais bien que je suis un sang-pur avec des principes. Je pense sincèrement que nous devrions dormir séparément à présent. » Reportant vivement ton attention sur l’alliance afin de ne pas céder à l’irrépressible envie d’éclater de rire, tu la dégages précautionneusement de son écrin et viens la glisser sur l’annulaire de Freya. Le saphir qui trône sur l’anneau d’or blanc se reflète dans ses yeux et une nouvelle fois, tu sens ton cœur chavirer pour ces pupilles envoutantes. Sans crier gare, tu attires Freya vers toi et la soulèves dans tes bras. Tu déposes un premier baiser sur ses lèvres, puis un autre çà et là à mesure que tes pas vous conduisent à l’étage. Point d’ébats sulfureux sur un bureau du ministère, cette nuit-là, ce ne sera que douceur et passion entre deux corps qui s’aiment à l’unisson.


Alors que l’harmonie semble enfin retrouvée, tu observes le visage de Freya éclairé par les reflets de la lune. Sa tête repose sur ton avant-bras, celui-là même qui porte la marque. Tes doigts s’entremêlent dans ses cheveux, que tu caresses inlassablement. Son odeur si familière parvient jusqu’à tes narines et te donne l’impression que tu es exactement là où tu devrais être. « Tu avais raison, l’abstinence avant le mariage, ce n’était pas pour nous. As-tu déjà songé à ce que tu voudrais faire pour notre lune de miel ? J’ai fait un drôle de rêve à ce sujet l’autre jour. » Les souvenirs de ce cauchemar étaient encore bien présents, comme s’il s’était agi d’évènements que tu avais véritablement vécus. « Tu pourrais venir au MILF avec moi, cela nous donnera peut-être des idées pour la cérémonie et ce sera l’occasion d’annoncer nos fiançailles. J’ai aussi entendu dire, qu’il y aurait des massages… » Et aussi une multitude de conférences sur la supériorité du sang-pur et la véritable place des hybrides dans la société magique, mais vous n’étiez pas obligés de suivre tout le programme à la lettre.

Vous n'êtes plus des enfants, depuis bien longtemps. Vous avez chacun votre lot d'expériences et d'histoires. Nombreuses sont les embûches qui ont jalonnées ta route tout comme les hommes qui ont partagé ton lit. Tu en as aimé certains, tu as juste partagé le lit d'autres. Et bien sûr, il y a eu la guerre. Les combats d'abord, puis les mensonges. Tout autant d'histoires, qui ont forgées les quarante années que l'on lit aujourd'hui sur ton visage. Pourtant, alors que tu fais face à Marlon, prête à prendre l'engagement le plus dangereux et le plus important de ta vie, tu as l'impression d'être une petite fille. Pourtant, vos propos sont on ne peut moins innocents, et tu ne peux retenir un sourire faussement indigné quant à l'évocation des principes de Marlon. Des qualités, il en a. Des principes, nettement moins. Quand la bague étreint ton doigt, tu sens ton cœur s'emballer, tes jambes trembler et ton souffle s'emballer. Tu observes un instant le bijou, magnifique et raffiné. L'or blanc épouse avec délicatesse la pâleur de ta peau, tandis que le saphir rappelle le blanc intense de tes yeux. « Elle est parfaite. » Si le bijou était parfait, la nuit qui suivi le fut plus encore. Harmonie, plaisir et plénitude se sont mêlés. Vos corps ne firent qu'un, mais vos âmes aussi. Mêlées, liées, engagées.

Bien entendu, Jonah n'avait pas quitté tes pensées, ni les peurs qui ne cessent de t'assailler. Mais alors que vos corps nus s'effleurent et que les doigts de Marlon caressent tes cheveux, tu te sens bien. Les discussions futiles sont bien trop rares, et tu aimes entendre Marlon parler de lune de miel. « Il faudra que tu me racontes ce rêve à l'occasion. Je sais que nos gouts diffèrent en matière de destination et de types de vacances, mais nous trouverons bien quelque chose qui nous plaira à tous les deux ! Par contre par pitié, pas d'hotel culcul la praline avec un coeur en pétale de roses sur le lit. J'aime le romantisme, mais j'ai encore ma dignité. » Le MILF ? Pourquoi pas. Ce n'étais qu'un évènement de propagande, mais cela serait l'occasion de passer un moment en couple, d'officialiser les fiançailles. Et tu aurais surement des choses à rapporter à l'ordre. « Enfin s'afficher comme un vrai couple, l'occasion est trop belle. Concernant les massages, seront-ils à la hauteur des tiens ? J'en doute. Cela dit, cela t'apprendra peut-être de nouvelles techniques. » Sur ces mots, tu redresses agrippant son visage poser ses lèvres sur les tiennes et l'embrasser avec douceur. Le prince charmant est loin d'être un peux chevalier, mais qu'importe après tout ? L'innocente princesse est en réalité plus proche de la méchante sorcière.

Il était presque étrange de vivre un tel instant, placé sous le signe du calme et de l’harmonie. Tu aimais justifier vos divergences d’opinion en vous définissant comme le feu et la glace, entre lesquels il y aurait fatalement toujours des étincelles. Mais tu n’étais pas contre un cessez-le-feu de temps à autres. La douce chaleur qui émanait du corps de Freya semblait avoir un effet salvateur sur tes humeurs, qui avaient fluctué tout au long de la soirée. Pour la première fois depuis bien longtemps, tu te sentais enfin apaisé. Tu n’oubliais pas le long chemin semé d’embûches qui se présentait devant vous, mais tu l’observais enfin avec l’intime conviction d’en venir à bout. Ensemble.

Tu avais encore du mal à croire que Freya Abbott avait accepté de t’épouser. Après plus de quatre ans et demi de relation clandestine, à s’aimer derrière des portes verrouillées à l’abri de tous les regards, vous étiez désormais en train de vivre vos derniers moments cachés. Ceux-là même qui jusqu’alors n’appartenaient qu’à vous, ou presque. Tu avais bien assisté à un repas de famille chez ta sœur en compagnie de Freya, mais tu n’avais pas véritablement pris la peine de la présenter. Du moins pas comme il se devait, pas comme la femme de ta vie. Seule Myrthild semblait savoir à quel point tes sentiments envers Freya étaient profonds et sincères. Elle seule avait eu l’occasion d’entrevoir ton désarroi après votre rupture.

La légèreté du moment te pousse à évoquer votre lune de miel, alors que le mariage lui-même n’est pas encore totalement organisé. Mais faire des plans sur la comète avec Freya te permet d’oublier tout ce qui vous sépare, ne serait-ce que l’espace d’un instant. « Seul un homme qui te méconnait pourrait songer à des pétales de rose en forme de cœur. Je me doute bien que pour ta lune de miel, tu préfères une paire de menottes magiques. » Ton visage se fend d’une moue aguicheuse alors que ta main libre descend le long du ventre de Freya. Pas encore tout à fait rassasié, tu la laisses miroiter de nouveaux instants de plaisir complices. « Je ne crois pas avoir quoi que ce soit d’autre à apprendre, mais si madame Travers pense le contraire, alors je tâcherais de me montrer attentif. » Tu accueilles le baiser de Freya, le cœur battant, regonflé d’un espoir que tu pensais brisé à tout jamais.