zesar ⊹ a box full of sharp objects

ezekiel zabini

Sometimes if you let people do things to you, you’re really doing it to them.

Caesar n'aime pas être en avance, mais il pense qu'Ezekiel Zabini apprécierait son retard à peu près autant que Umma alors depuis dix minutes, il attend. Il attend sous l'oeil empli de jugement de la secrétaire de Zabini, l'ignorant sciemment depuis qu'elle lui a demandé de s'asseoir et que M. Zabini serait bientôt disponible.
Depuis, Caesar a l'impression d'avoir un poids sur le coeur, qui commence lentement à lui peser sur l'estomac. A mesure que son rendez-vous avec l'entrepreneur se rapproche, il sent une nervosité paralysante l'envahir. En temps normal, il n'aurait pas à être ici seul, sauf que Basil est toujours perdu, toujours loin de lui. Il reviendra bientôt, Caesar en est convaincu; mais pour l'instant, c'est à lui de gérer Rosier Lights.
Il ne s'en sort pas très bien.
C'est pourquoi il a fini par se tourner vers Zabini, et par accepter sa proposition pourtant un peu effrayante. Il n'en a pas parlé à Benjamin, mais il en a beaucoup parlé à Celyn (il aurait presque espéré le réveiller avec ses questionnements sans fin mais hyung a toujours les yeux fermés, les membres paralysés). Rosier Lights est sa responsabilité désormais. Seul son nom figure sur le contrat (il trouve ça franchement ridicule pour être honnête), à côté de celui de Zabini. Il gère les finances, les acteurs, la continuation de la pièce... Caesar lui fait confiance. Autant qu'on peut faire confiance à un requin.

Il n'est pas très motivé en ce moment. Il a laissé à Zabini ses plans et ses idées, et tout ceci a été redistribué à d'autres artistes... en temps normal, Caesar haïrait la simple idée que leur spectacle soit laissé aux mains d'autres. Que la musique de Basil soit modifiée, que ses sculptures soient refaites.
Sauf qu'il n'a pas d'inspiration, ou de motivation, ou d'énergie à dédier au spectacle, à la troupe, à Rosier Lights. Il veut juste... laisser Zabini gérer tout ça, récupérer un pourcentage du chèque à la fin, donner son veto, plus ou moins, quand l'envie lui prend...
Il ne veut pas être là.

La porte du bureau de Zabini finit par s'ouvrir, un peu en avance, et Caesar se lève. Il se sent si... petit en sa présence écrasante. Et Caesar n'est pas du genre à être si facilement intimidé. C'est peut-être toutes les choses qu'il a pu lire sur la fortune mirobolante de l'entrepreneur, ou simplement le fait que l'homme soit toujours souriant, charmant, réfléchi et confiant. Si Caesar sait aussi être toutes ces choses, c'est en vagues et en pagaille. Zabini est l'antithèse même de la pagaille.
Agaçant. Il s'éclaircit la gorge en refaisant le bouton de sa veste - un geste mécanique en se relevant - avant de s'approcher de l'autre homme en tendant la main. "Mister Zabini." Il se fait toujours l'impression d'être un imposteur. C'est Papa qui s'occupait des affaires. Ou Benjamin. Ou Celyn. Ou même Basil. Lui... il n'est que ce qui reste. Il est même moins que ce qui reste: il est à peine Caesar... "Looking great, as always." Malgré les pleasanteries et autres small talk maladroits, Caesar sent déjà une certaine tension venir se loger entre ses omoplates. Il sait que si Zabini l'a fait venir, ce n'est pas pour rien, et il soupçonne même fortement que ce ne soit pas pour quelque chose d'agréable...

(ZESAR #1)
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SOMETIMES IF YOU LET PEOPLE DO THINGS TO YOU, YOU’RE REALLY DOING IT TO THEM.

Mars 2007 - BCBC tower

La familière lumière bleue prend possession de la boule cristal posée sur le bureau d’Ezekiel, message de Jordan lui indiquant que son prochain rendez-vous est bien arrivé. Les yeux sombres se détachent un instant du parchemin pour se poser brièvement sur l’horloge. At least he’s early. Il les ramène avec attention sur le document soigneusement épluché par ses pupilles, préférant terminer sa relecture plutôt que de se précipiter vers l’accueil pour accueillir le Rosier. Cela ne lui fera certainement pas de mal de mariner un peu sous le regard aiguisé de son assistante, et pourquoi pas de prendre une bonne inspiration avant le début d’une entrevue qui ne sera, à n’en pas douter, pas des plus plaisantes pour lui.

Aussi dramatiques furent les événements de Janvier pour la famille propriétaire de Rosier Events - et leurs conséquences, sur tous les plans, plus tragiques encore -, il serait mal connaître Ezekiel que de le croire incapable de tirer son épingle du jeu. Certes, il voyait des années investies en relations professionnelles avec l’agence événementielle en partie s’envoler en fumée - sans même parler d’un tout autre genre d’investissement, bien plus personnel, également avalé par l'incendie, auquel il n’était pas productif de penser. Mais là était également tout le challenge offert à un homme de sa trempe. Saisir les maigres opportunités découlant d’une catastrophe, quelle qu’elle soit. Rebondir sur la détresse des autres, un fond de commerce vieux comme le monde, il faut en convenir.
Quand Ezekiel a proposé son aide au fils Rosier ayant échappé aux flammes, c’était donc uniquement dans l’optique de refermer un peu plus ses griffes sur cette famille partenaire, désormais bien affaiblie, tout en diversifiant son activité - s’il n’est pas sensible à l’art, il sait reconnaître que les sorciers Anglais semblent avoir un certain goût pour ce type de divertissements, d’autant plus quand la compagnie en question porte le nom de Rosier Lights. Il a rapidement chassé la pensée d’une quelconque empathie pour Caesar, dont il ne pouvait que se reconnaître dans la perte de son frère jumeau. Cela n’avait rien à voir avec Jasper, qu’il n’avait, de toute façon, pas pleuré. Pas vraiment. Pas de cette façon, du moins. Et pourtant, il s’est surpris à s’investir plus qu’il n’avait prévu auprès du jeune entrepreneur, cherchant à le relever, plus qu’à ne relever sa société. À le guider, lui offrir des conseils qu’il n’offrait habituellement pas gratuitement, à le motiver pour le remettre en selle. Car c’est bien de cette façon qu’Ezekiel a réussi à enterrer son propre frère, et avec lui, toutes les émotions indésirables provoquées par sa perte.

Que Caesar ne soit donc pas à la hauteur de ses responsabilités, à la hauteur du mentorat offert généreusement par Zeke, est un affront, si ce n’est une insulte. Un affront qui lui fait perdre son temps, son énergie, et bientôt son argent.
Le CEO de la BCBC roule le parchemin pour le glisser dans un des nombreux étuis sur sa droite. 11h56. Il est temps d’aller cueillir Caesar, quelques minutes avant l’heure du rendez-vous, pour le saisir juste assez tôt pour qu’il soit, par chance, toujours en train de se préparer mentalement à l’entrevue. Ezekiel revêt son plus beau sourire avant d’ouvrir la porte de son bureau, pour apercevoir le Rosier, qui lève un oeil tendu vers lui. Parfait. "Mister Zabini. − Caesar, real pleasure to see you." Il serre la main qu’il lui tend, prenant bien soin de l’appeler par son prénom, autant par habitude que pour contraster avec le Mister qu’il lui donne. Pas de Mister Zabini’s my father, please, call me Zeke pour lui aujourd’hui. "Looking great, as always.” Le sourire poli s’élargit sous la remarque du jeune Rosier, maintenant tant le contact oculaire, que la prise vigoureuse de sa main sur celle de Caesar. "Well, I wouldn’t like to look bad to meet with my favorit business partner, would I?" plaisante-t-il avec un regard insistant, avant de retirer sa main pour la tendre vers son bureau. "Please, come on in." Sans un coup d’oeil pour l’assistante qui roule les siens dans ses orbites, il emboîte le pas à Caesar, avant de refermer la porte sur leur passage. Il ne lui laisse pas le temps de respirer pour désigner le petit espace à leur droite, où se situent deux larges banquettes en cuir, séparées par une tout aussi imposante table basse. Quand il s’agit de telles conversations, mettre un bureau entre lui et son interlocuteur n’est pas ce qu’il a de plus approprié. Non, Ezekiel préfère nettement l’installer confortablement, et avoir une vue dégagée sur chaque mouvement et réaction corporelle de son associé. Il prend donc place en face de Caesar, s’enfonçant contre le dossier en cuir, avec une attitude parfaitement décontractée. "Haven’t heard that much about you lately, you’re a busy man, aren’t you?" entame-t-il en dévoilant deux rangées de dents blanche, appuyant un regard entendu. "So, how are you doing these days?" Sa mère lui a toujours dit qu’il était impoli de jouer avec la nourriture. Mais il n’a jamais pu s’en empêcher.

Même dans la main qu'il serre avec la sienne, Zabini a le don de lui faire se sentir ridicule et minuscule... Caesar se demande si des gens s'entraînent à faire ça exprès, ou si c'est juste un trait qui apparaît une fois un chèque suffisamment pesant encaissé. Ou si c'est juste naturel chez certaines personnes. "Well, I wouldn’t like to look bad to meet with my favorit business partner, would I?" Le sourire crispé sur les lèvres de Caesar s'approfondit, il pouffe un peu, plus pour la forme qu'autre chose. Rien qu'avec ces paroles, il sent déjà venir les reproches, que Zabini ne lui a communiqué jusque là qu'en demi-teinte. Il ne peut pas être l'homme d'affaires favori de Zabini, c'est bien entendu impossible... n'est-ce pas? Non, oui. Il essaye de jouer avec ses émotions.
Il y arrive très bien. "Please, come on in." Caesar se laisse entraîner à l'intérieur, découvrant sans surprise un bureau méticuleusement rangé, confortable mais pas trop. Il se laisse guider jusqu'à l'une des deux banquettes en cuir sur sa droite, défaisant le bouton de sa veste en s'y asseyant, anxieux. Si Zabini s'installe confortablement, s'enfonçant contre le dossier dans l'image même de la détende, Caesar reste assis au bord de l'assise, comme si il était sur le point de partir. Il en est à un tel point qu'il ne s'en rend même pas compte, et n'a pas l'idée de se forcer à se détendre pour au moins prétendre ne pas être dans cet état embarrassant.

Que dirait Papa? Caesar banne aussi sec cette pensée de son esprit. "Haven’t heard that much about you lately, you’re a busy man, aren’t you?" Caesar hoche la tête sans réfléchir. Il est le contraire même d'occupé, mais il ne va tout de même pas contredire son hôte. Et inutile de lui dire qu'il ignore ses courriers et ses messages non pas parce qu'il est occupé, mais parce que la simple perspective de le lire le remplit d'angoisse. "Yes, very busy, very busy," parvient-il à formuler, répondant au sourire de Zabini par un léger rictus crispé.
Comme un chien venant de commettre une grosse connerie, Caesar attend la punition et le retour de flamme. Il a préféré laissé Jalebi à la maison - l'oiseau se serait arraché les plumes face à Zabini, embarrassant - et il le regrette amèrement. Son companon d'âme serait grandement apprécié en cet instant précis... "So, how are you doing these days? - Uhhh, I'm good." Umma le gronderait un peu pour ses hésitations, Papa prendrait la parole à sa place, Celyn lui adresserait un sourire encourageant, Eun-Ji serait bien évidemment déjà en train de finaliser un contrat avantageux à son égard, Basil avalancherait Zabini de paroles jusqu'à lui faire oublier la raison de sa convocation, Jeong-Hui lui offrirait un regard défiant et intimidant et Ha-Yun... Ha-Yun n'aurait pas eu la connerie de se retrouver dans cette position à sa place.
Et Caesar est seul. Personne n'est là pour le sauver. Peut-être que c'est lui qui est perdu, et que c'est Basil qui est sensé venir le sauver...

A cette pensée, stupidement, Caesar jette un regard à la porte. Comme si elle allait s'ouvrir et laisser entrer son frère, en train de s'excuser pour son retard.

"I'm fine," se répète-t-il d'une voix un peu plus forte. "It's just... I've been quite busy lately, you know, hm, organising my engagement... my fiancée... well, soon-to-be fiancée... she still lives in Korea, so it's been quite a headache to negotiate, you know, the terms and. And her foster family hasn't been so kind. So it's been. It's been, you know, complicated, but we're getting there." Il essaye de s'inspirer de leur technique préférée avec Basil à l'époque: noyer l'autre sous leurs paroles, manipuler en avalanchant sous les informations et les répliques. Sauf que Caesar est hésitant, maladroit, refuse de croiser le regard de Zabini, et se sent ridicule et minuscule sous celui-ci. Il baisse les yeux sur ses genoux serrés l'un contre l'autre, les mains agiles qui y sont posées. "Would you... would you happen to have a glass of water or something? I'm parched," demande-t-il avec un petit regard timide en direction de l'entrepreneur, hésitant - comme si on allait soudainement lui dire de partir pour avoir osé demander... well, ce serait un soulagement pour être honnête.

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Mars 2007 - BCBC tower

"Uhhh, I'm good." L’hésitation est palpable, autant dans les mots de Caesar que dans sa posture rigide, dans laquelle il se fige en prenant place en face d’Ezekiel. Le corps humain en dit toujours long sur ce qui se déroule dans l’esprit de son pilote, il est un outil précieux en toute situation, plus encore en affaires où il est susceptible de trahir le fond de ses pensées dans un contexte où le contrôle est souvent requis ; et particulièrement précieux, quand on se trouve en présence d’un Zeke analysant chaque geste et déplacement comme autant de preuves de son ascendant sur la discussion. Le corps de Caesar, certainement, trahit une visible nervosité - qu’il s’agisse de ses mains crispées, de ses genoux serrés, de son visage fermé, de son regard fuyant, de cette façon qu’il a de se tenir au bord de la banquette comme s’il s’apprêtait déjà à prendre congé. Il existe probablement une réalité alternative où Ezekiel lui aurait fait part de ses observations, l’aurait invité à adopter une posture similaire à la sienne, lui aurait tout simplement partagé ce qu’il aurait jugé être un conseil bienveillant dans ce rôle de mentor qu’il a tenté d’adopter, malgré lui, auprès du Rosier. Et, en fonction de la teneur de leur échange, peut-être même Caesar aura-t-il en effet droit à l’avis éclairé de Zabini sur son attitude anxieuse, qui sait. Toujours est-il qu’en l’instant, il se garde d’en dire quoi que ce soit, comptant bien même tourner ces inestimables informations en sa faveur.

"I'm fine. It's just... I've been quite busy lately, you know, hm, organising my engagement… − Oh that’s right.” Naturellement, Ezekiel revêt son ton faussement intéressé, un art finement maîtrisé que de porter une attention toute aussi appuyée qu’hypocrite à ses interlocuteurs. Son visage feignant une expression préoccupée accompagne ses paroles, renforçant l’illusion qu’il est parfaitement captivé par l'inintéressant small talk de Caesar, que Zeke a lui-même initié en lui demandant de ses nouvelles. Il s’agit d’un passage aussi nécessaire qu’instructif, à la fois pour mettre en confiance ses associés en leur faisant croire qu’il s’intéresse réellement à leur vie, à la fois pour en apprendre davantage sur ceux qu’il referme dans ses filets. ”My fiancée... well, soon-to-be fiancée... she still lives in Korea, so it's been quite a headache to negotiate, you know, the terms and- − I can imagine that must be quite tricky, indeed. − And her foster family hasn't been so kind. − That’s a shame. − So it's been. It's been, you know, complicated, but we're getting there. − Well, that’s great to hear, great to hear, Caesar.” Great to hear en effet, cette histoire de fiançailles tumultueuses pourra toujours lui être utile en temps voulu ; l’homme d’affaires la range précieusement dans le dossier Caesar, qu’il laisse entrouvert depuis le début de la conversation, autant pour le nourrir de nouvelles informations que pour y puiser ce qui l’intéresse.

A nouveau, le regard de Rosier fuit le siene, une chorégraphie délicieuse aux yeux d’Ezekiel, qui ne se défait de son sourire poli. "Would you... would you happen to have a glass of water or something? I'm parched. − You do sound like it, yes." confirme-t-il dans un nouveau sourire entendu, se redressant pour se pencher vers la table et s’emparer des verres vides posées à son extrémité. Il passe ses paumes sur le verre dans un geste mécanique, les deux récipients se remplissant d’eau claire au passage de son toucher magique. Il dispose les deux verres l’un en face de l’autre, dans un alignement évidemment parfait, ouvrant la main et se laissant à nouveau aller contre le dossier de la banquette pour inviter Caesar à se servir. "Here you go. Please, help yourself if you need more. They fill themselves when- well, for you, that would be touched with your wand." Avoir à sa disposition les ingénieurs et technomages les plus talentueux de l’île européenne peut se révéler particulièrement pratique ; notamment lorsqu’on juge les secondes passées à demander à son assistante de remplir sa tasse de café ou son verre d’eau - ou pire encore, quand on doit se servir soi-même - une perte de temps considérable. Ezekiel a eu vite fait de commanditer la mise en place de ces récipients réceptifs à la magie, venant puiser dans les réserves de café, constamment entretenues par un énième préposé aux tâches ingrates - il faut bien que les sang-de-bourbes servent à quelque chose -, ou d’eau potable.

Croisant les jambes, il passe passe un bras sur le dossier, se mettant parfaitement à l’aise afin de poursuivre innocemment sur le ton de la conversation. "Anyway, I most definitely hope you and your… soon-to-be fiancée’s family will come to an agreement. I’m sure it will make for a- Dans une pause préméditée, il s'interrompt, empruntant une mine soucieuse en haussant un sourcil. Are you alright, Caesar? If I didn’t know you I would say you look like a frightened animal.” Ezekiel secoue faiblement la tête dans un rire aux notes curieuses, presque confuses. Il est tout bonnement incapable de ne pas refermer son emprise sur l’inconfort visible de Caesar, et de jouer pleinement avec désormais en mettant en lumière l’embarras du Rosier. "I hope I am not the reason for this distraught look, s’empresse-t-il d’ajouter, posant sa paume sur son torse pour appuyer ses paroles. Caesar, it’s me, there’s absolutely no reason to be so anxious." Le mensonge file entre les lèvres déformées par la naissance d’un sourire rassurant, dans un ton chaleureux qu’il se délecte à offrir. "You can relax. I’m not going to eat you, lâche-t-il avec, cette fois, une pointe d’humour dans la voix, comme s’il s’agissait d’une grotesque évidence, comme si Caesar n’avait réellement rien à craindre en sa présence. Et pour asseoir un peu plus cette fausse sympathie, Ezekiel se permet d’ajouter en se penchant un peu plus en avant, dans une intonation complice Is there anything you’d like to tell me? You know you can talk to me, right?" Il entrouvre la porte, juste assez pour offrir l’opportunité à Caesar de prendre une longueur d’avance, probablement pour mieux le chasser et y planter ses crocs par la suite. Ou tout simplement dans une vaine tentative de le pousser à avouer ses torts avant qu’il ne les énonce lui-même. Difficile à dire.

Ezekiel Zabini est quelqu'un de bienveillant, Caesar en est convaincu. Bien entendu, c'est un homme d'affaires, il est ambitieux, intelligent et fortuné. Mais Caesar pense savoir qu'il tient sincèrement à lui ou du moins, aux Rosier. Lui-même n'ignorait pas ses rendez-vous quasi-hebdomadaires avec Celyn à l'époque où celui-ci était encore éveillé (il se demande si ils reprendront à leur réveil, et cette pensée le gêne légèrement). Malgré tout, Zabini est bienveillant. Il lui répète, après tout, que tout ce qu'il fait est destiné à faire de Rosier Lights l'entreprise prolifique et iconique qu'elle mérite d'être, par exemple. Et il n'a jamais été que gentil, patient et franchement sympathique avec Caesar jusque là.
Il y a tout de même quelque chose qui dérange ce dernier quand il voit Zabini lui sourire d'un air entendu, avant de s'emparer d'un verre vide et de le remplir en l'effleurant. Caesar ouvre de grands yeux, impressionné par ce tour de passe-passe qu'il n'a jamais vu avant. "Here you go. Please, help yourself if you need more. They fill themselves when- well, for you, that would be touched with your wand." Caesar hoche la tête. "Thank you." Il s'empare de son verre avec empressement, notant néanmoins que Zabini se contente de se laisser de nouveau aller contre son dossier sans toucher au sien, et de l'observer. Il n'a pas le temps de s'en formaliser ou de s'en inquiéter: il a bien trop soif. Il apporte le verre à ses lèvres et, gardant un oeil en coin sur Zabini, en descend la moitié en quelques gorgées impatientes.

Le sourire de Zabini, aussi a tendance à le mettre mal à l'aise. C'est surtout que son sourire semble toujours sincère, chaleureux presque: Caesar ne croit pas l'avoir déjà vu être autre chose que parfaitement composé et avenant. Il est habitué aux émotions pudiques exprimées chez les Rosier (qui l'ont parfois fait agoniser tant elles étaient différentes de celles qu'il ressentait lui-même), les sourires à lèvres fines de Eun-Ji, les froncements de sourcils patients de Celyn, les yeux pétillants de Basil surmontant une bouche résolument pincée. Le charme manifeste de Zabini l'attire, presqu'autant qu'il le rebute dans son incongruité.
Mais Zabini ne lui laisse jamais assez de temps pour être parfaitement inconfortable; alors que Caesar repose son verre à moitié vide sur la table (il aimerait bien le finir mais il aurait peur que ce soit étrange ou bizarre de sa part), l'homme d'affaires reprend: "Anyway, I most definitely hope you and your… soon-to-be fiancée’s family will come to an agreement. I’m sure it will make for a-" Caesar est déjà en train de hocher la tête, oui, ce sera une réception fabuleuse et un mariage formidable, tout ce qu'il veut-- "Are you alright, Caesar? If I didn’t know you I would say you look like a frightened animal.” Si Caesar avait déjà l'air mal à l'aise, il arrondit désormais deux yeux exorbités qui font effectivement bien penser à un animal de proie se rendant compte qu'il est coincé face à son prédateur. Le léger rire de Zabini n'aide en rien, même si il force Caesar à articuler un léger rictus faussement amusé. "Haha, no, of course not, I mean yes, I'm alright... - I hope I am not the reason for this distraught look. Caesar, it’s me, there’s absolutely no reason to be so anxious." Caesar secoue la tête. Non, il n'est pas anxieux, il a juste l'impression qu'un poing en métal s'est emparé de ses tripes et tire dessus depuis cinq minutes.

"You can relax. I’m not going to eat you." Caesar étouffe un rire forcé et autant malaisé que malaisant. "Is there anything you’d like to tell me? You know you can talk to me, right? - Yes, I mean, no, nothing, but of course I know I can talk to you." En disant ces mots à haute voix, Caesar se fait la réflexion qu'ils sont peut-être faux. "I'm just, you know, it's not, I'm not used to coming here, and I thought, you know, maybe you wanted to talk about something and, you know--" Il faut qu'il arrête de dire you know, il faut qu'il arrête de parler, il faut qu'il arrête d'être anxieux. "Excuse me." Temps mort, il se penche, attrape le verre et le finit d'une traite anxieuse. Il n'a pas vraiment soif, même si ses lèvres lui semblent parcheminées, mais il a besoin de ces quelques instants de répit pour rassembler ses pensées.
Il repose le verre vide devant lui sur la table basse. Il se détend, ou du moins se force à se détendre, se laissant lui aussi aller contre le dossier de son fauteuil, imitant sans le vouloir la position de Zabini en posant une cheville sur son autre genou. "I'm fine. Those are stressful times, but I know that I'm well supported. By you and others." Il hoche la tête d'un air qu'il espère sérieux et réfléchir. "You have been so kind, and so patient with me. But I can't help but think that the reason you have sent for me today, is that there is something you wish to tell me. And I must say, I'm unsure what it is exactly as of yet." Sa voix est un peu plus calme, ses pensées un peu plus composée; Caesar enfouit son malaise au plus profond de lui, et espère offrir à Zabini un air vaguement... confiant, même si il sait très bien qu'il n'arrive pas à sa cheville dans ce domaine-là.

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Mars 2007 - BCBC tower

Ezekiel Zabini n’est pas quelqu’un de bienveillant. Ce qu’il sait faire passer pour une forme d’attention n’est que le fruit d’années à ancrer dans sa chaire l’habitude de passer doucereusement de la pommade sur ses interlocuteurs pour obtenir ce qu’il désire - argent, contrat, acquisition, ou parfois, comme dans le cas présent, un semblant de divertissement dans le cadre de ses affaires. Il est, au mieux, intéressé, au pire obsédé. Et la famille Rosier rentre dans cette deuxième catégorie de son esprit étroit et organisé ; lui-même en est vaguement conscient, et ne s’en cache qu’à moitié. Bien qu’à une échelle différente, Zeke ne peut s’empêcher de remarquer les similarités entre la lignée britannique et sa propre famille, deux viviers d’esprits plus brillants les uns que les autres, au sens des affaires aiguisé et à la présence indéniablement remarquable. Pas étonnant, donc, qu’il use de tous les moyens pour ajouter le nom Rosier à sa collection de trophés exposés sur la liste de ses acquisitions - il aurait si belle allure, aux côtés des patronymes des autres familles d’entrepreneurs qu’il a avalées.
Rosier Lights lui semblait être un bon début. Mais Caesar.... Caesar ne s’est pas révélé à la hauteur de ce que Zabini pouvait attendre d’un Rosier. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé de façonner le gérant de la compagnie de spectacle à son image, ou du moins de l’élever à celle qu’il se faisait de quelqu’un portant ce nom. Pas par bienveillance, non, qu’on ne se méprenne pas. L’incendie emportant ses figures parentales, ainsi que ses aînés - Ezekiel connaît bien trop l’invisible pour penser que Celyn ne s’en échappe un jour -, a laissé dans l’entourage de Caesar un vide que le santoméen s’est empressé de combler : celui d’un mentor prêt à s’investir pour révéler son potentiel. Et par la même occasion, mettre pleinement la main sur le seul héritier de l’empire Rosier encore debout. Et malgré sa déception de ne pas trouver l’implication ou même l’éclat qu’il recherche chez Caesar, Ezekiel n’en démord pas : il a autant investi dans Caesar que dans son entreprise, Caesar est à lui, et aucune de ses acquisitions de se solde d’un échec.

”Yes, I mean, no, nothing, but of course I know I can talk to you.” Zeke se redresse légèrement, satisfait. Good. Qu’il ne se soit pas tué à feindre une attention bienveillante - évidemment qu’elle est hypocrite et intéressée, uniquement motivée par son obsession pour les Rosier, pas le moins du monde par la similitude entre la situation de Caesar et la sienne au même âge - lui arrache un faible rictus ravi. ”I'm just, you know, it's not, I'm not used to coming here, and I thought, you know, maybe you wanted to talk about something and, you know-- Excuse me.” Les yeux de Zeke se baissent brièvement sur la montre dorée à son poignet, profitant des quelques secondes où son interlocuteur plonge dans son verre d’eau pour faire l’état des lieux. 12h05. Il donne encore cinq minutes à Caesar pour sortir de sa torpeur et saisir l’opportunité qu’il lui offre généreusement de reconnaître son manque de professionnalisme - et plus largement, ses fautes envers Ezekiel -, avant de lui-même refermer sa poigne sur l’animal effrayé. Non pas qu’il ne se délecte de l’expression effarée qu’il a réussi à provoquer sur le visage de Rosier, mais il lui tarde de se lancer dans le vif du sujet. Les préliminaires ont assez duré comme ça. ”I'm fine. Those are stressful times, but I know that I'm well supported. By you and others.” Il hoche la tête dans un geste entendu ; bien sûr, bien sûr qu’il le supporte, c’est tout naturel, voyons. Déjà, Zeke peut sentir le ton de Caesar évoluer, revêtir une teinte plus adroite quand lui-même prend une posture aux airs vaguement composés. Cela fera nettement l’affaire, ou du moins est suffisant aux yeux d’Ezekiel, qui n’attendait plus grand chose de son interlocuteur. ”You have been so kind, and so patient with me. − Of course. − But I can't help but think that the reason you have sent for me today, is that there is something you wish to tell me. And I must say, I'm unsure what it is exactly as of yet.”

Un frisson d’agacement parcourt l’échine de Zabini, qui se traduit par l’étirement de ses lèvres en un sourire bienséant. S’il apprécie que Caesar introduise l’objet de leur rendez-vous, qu’il joue aux innocents est parfaitement inacceptable. Il lui a donné une chance, pourtant. Fini de jouer au chat et à la souris. Tant pis pour lui. ”You’re right.” Sur un ton calme et mielleux, Ezekiel décroise les jambes pour se décoller du dossier, s’avançant légèrement sur la banquette en plantant ses pupilles dans celles de Caesar. ”I’ll admit I’m surprised you don’t have the slightest idea of the reason I invited you today. But you can be at peace: I’ll enlighten you with great pleasure. Well, that’s part of my job.” Il souligne sa dernière remarque d’un faible rire décontracté, presque chaleureux. Et sans plus attendre, il plonge ses crocs dans la chaire innocente de Caesar. ”I agreed to invest in Rosier Lights two months ago now. I’m sure you’re aware I not only invested money, but also a substantial amount of time. I personally led interviews to hire qualified project managers to assist you daily in your responsibilities, I made sure you had everything you might need to successfully lead our upcoming show.” Marquant une pause, il croise ses mains sur ses genoux en relevant le menton, pour conclure dans un sourire ”I have a busy schedule, and despite my reputation, I’m not entirely perfect. Even someone as myself could have missed something. So, please, tell me : what else do you need to get back to work, Caesar?” Et sur cette dernière question, le sourire fait place à une expression plus sérieuse, sa voix emprunte d’un certain reproche non dissimulé.

”You’re right.” Quand Zabini lui dit ça, Caesar sait qu'il a merdé. Le ton est égal à lui-même, pourtant, aussi placide et chaleureux que d'habitude, Zabini étant apparemment capable de réconforter le jeune Rosier en quelques inflexions bien senties. Mais ces trois petits mots, qui auraient peut-être normalement eu le don de le rassurer dans son idée que Zabini était son ange gardien bienveillant et compréhensif, lui plombent le ventre et lui donnent l'impression que Zabini vient d'y enfoncer sa main et de refermer ses doigts autour de ses tripes. Caesar se crispe un peu et attend le coup suivant. ”I’ll admit I’m surprised you don’t have the slightest idea of the reason I invited you today. But you can be at peace: I’ll enlighten you with great pleasure. Well, that’s part of my job.” Son rire fait sourire Caesar d'un air gêné. Il n'a pas l'air sûr de ce qui est particulièrement amusant dans cette situation, et doit se retenir d'interrompre Zabini pour se confondre en excuses: il comprend qu'il est trop tard, qu'il a fait son lit, et qu'il faut désormais qu'il s'y allonge et accepte sa situation.

”I agreed to invest in Rosier Lights two months ago now. I’m sure you’re aware I not only invested money, but also a substantial amount of time. I personally led interviews to hire qualified project managers to assist you daily in your responsibilities, I made sure you had everything you might need to successfully lead our upcoming show.” Caesar s'est figé en l'écoutant, sentant une sueur froide lui dévaler le long de la colonne vertébrale. Il voit très bien où Zabini en vient, et il était en train de séparer au coup suivant jusqu'à la toute fin de sa phrase. Our upcoming show.
Caesar aimerait avoir la force de s'énerver, de s'insurger, de lui hurler dessus que même si Zabini a quasiment racheté Rosier Lights, ce ne sera jamais leur spectacle. Il aimerait réveiller en lui cette énergie qui l'habite et qui l'anime depuis ce triste soir de janvier où il a perdu toute sa fille. Cette frustration, cette impatience, cet horrible sentiment de fébrilité constante qui l'habite depuis qu'il est devenu l'héritier des Rosier et que leur nom pèse sur ses épaules. Il aimerait avoir cette force, mais Caesar n'a plus rien.

Caesar n'a plus rien, et Zabini est en train de lui prendre le peu qu'il lui reste. Il a envie de lui dire: prends tout, et va t'en, débarasse m'en. Mais Basil, quand il reviendra, lui en voudra de ne pas avoir gardé Rosier Lights pour eux.
Pour eux.

”I have a busy schedule, and despite my reputation, I’m not entirely perfect. Even someone as myself could have missed something. So, please, tell me : what else do you need to get back to work, Caesar?” Le reproche le touche en plein coeur et Caesar baisse les yeux sur ses genoux, où il a posé ses mains. Il regarde ses mains, ses mains qui ont tant créées, tant sculptées, et qui lui sembleraient presqu'étrangères en cet instant précis.
Basil et lui ont des mains différentes. Les mains de Caesar sont un peu esquintées, trahissant quelques cicatrices causée par des baguettes de sculpture maladroitement manipulées. Elle sont plus musclées aussi, plus imposantes même. Celles de Basil sont sont tâchées d'encre et de peinture, dans leurs coins et recoins les plus traîtres, le bout de ses doigts marqués par les cordes des guitares et violons qu'il aime tant.
"I'm sorry, Mr Zabini." Sa voix est un peu faible et hésitante, et il garde les yeux vissés sur ses genoux. "I have failed you. No, I have been failing you, and I'm truly sorry." Il aimerait travailler, lui aussi. Il a essayé, il a tellement essayé, mais les mots ne lui viennent pas sans Basil. Les mots, les sculptures, les notes, les danseurs, rien ne lui vient sans Basil.

Bizarrement, il en est content. Il se sentirait incroyablement coupable si il faisait quoique ce soit sans lui, avant son retour. Les mains sur les genoux, la tête baissée, Caesar ne s'autorise pas à regarder Zabini de peur de le froisser ou, pire, de fondre en larmes en croisant son regard. "You have been so kind and patient and I have not respected nor your time or your attention. And I'm sorry." Il pince des lèvres, ferme les yeux brièvement. "I don't think I can go back to work in these circumstances, Mr Zabini. I sincerely apologize for any inconvenience I may have caused you."

(ZESAR #1)
A box full of sharp objects

SOMETIMES IF YOU LET PEOPLE DO THINGS TO YOU, YOU’RE REALLY DOING IT TO THEM.

Mars 2007 - BCBC tower

Dans sa grandeur d’âme, Ezekiel s’est contenté d’exposer factuellement la situation à Caesar, sans rentrer dans le détail de son mécontentement. En un sens, il serait embêtant de décourager l’animal déjà effrayé qui se tient devant lui ; il le sent, palpitant, au creux de sa paume, y refermant ses doigts d’une pression légère, juste ce qu’il faut pour que son interlocuteur puisse, lui aussi, ressentir l’étreinte de cette main sur sa gorge. D’expérience, se précipiter d’écraser son opposant, quand bien même on peut avoir l’ascendant sur lui, ne porte que rarement ses fruits. Une méthode bien plus efficace consisterait à laisser Caesar se diriger seul vers les conclusions que Zeke souhaite le voir tirer, ne lui donnant qu’un simple coup de main ; et c’est exactement ce qu’il choisit de faire, en lui demandant sèchement ce qu’il attendait pour se remettre au travail.
Caesar est loin d’être le premier partenaire à remettre sur le droit chemin, et Ezekiel connaît la marche à suivre, une délicieuse promenade de santé. Le laisser mariner dans son jus, lui passer la pommade avec un small talk mielleux, intéressé, compréhensif, pour le cueillir fermement, le mettre face à ses torts, et, enfin, l’observer se répandre en excuses et promettre de remettre le pied à l’étrier. Et jusqu’ici, pas l’ombre d’un écart, dans l’esprit satisfaisait d’Ezekiel.

”I'm sorry, Mr Zabini. I have failed you. No, I have been failing you, and I'm truly sorry.” Le CEO de la BCBC offre toujours le même visage impassible, levant simplement un sourcil aux excuses attendues et soufflées dans une voix presque tremblante, par un Caesar fuyant désormais son regard pour contempler ses genoux. Et quand bien même cela est loin d’être suffisant pour réparer la confiance intéressée, et désormais bafouée, d’Ezekiel, il reçoit volontiers les excuses sans bouger, sans parler, sans faire quoi que ce soit qui pourrait laisser penser qu’il les accepte. Il faudra plus, bien plus, pour rembourser son investissement et son implication auprès de Caesar. ”You have been so kind and patient and I have not respected nor your time or your attention.” Comme tout bon sang-pur bien élevé, Caesar continue à mettre en lumière les raisons de l’agacement impatient d’Ezekiel, qui le regarde s’aplatir plus encore en se laissant aller contre le dossier de la banquette, son bras s’ouvrant sur l’accoudoir dans une posture plus décontractée. Good, keep going. ”And I'm sorry, I don't think I can go back to work in these circumstances, Mr Zabini. I sincerely apologize for any inconvenience I may have caused you.”

Les sourcils d’Ezekiel se redresse sur son visage, atteignant presque l’implantation de ses cheveux sous la surprenante et incroyablement déconvenue annonce de Caesar. A-t-il refermé sa poigne sur lui un peu trop tôt ? Non, le gérant de Rosier Lights était à point, le faux pas n’est pas dans le camp de Zeke. Est-ce que Caesar pense réellement qu’il peut se permettre d’abandonner ses fonctions du jour au lendemain ? Apparemment, oui.
Le silence s'épaissit, quelques secondes seulement, le temps qu’il faut au sorcier pour accuser l’abandon total de Caesar. Ezekiel était intimement persuadé qu’il ne pouvait être plus déçu du Rosier qu’il a tenté de soutenir - un peu trop. Il se trompait. Et il ne sait pas s’il est irrité tant par l’idée même qu’un de ses investissements puisse lui faire l’affront de lui claquer ainsi la porte au nez, que par la désagréable impression d’avoir fait un mauvais placement. Non. Il ne fait jamais de mauvais placement, Dan le lui assure.

Ezekiel, en achetant Rosier Lights, a acheté un semblant du nom de Rosier, et avec, Caesar. Alors, Caesar fera exactement ce qu’il lui dit. "Go back to work?" Le rire de Zeke résonne dans le vaste bureau de la BCBC, renversant un moment les yeux et la tête en arrière, sa main s’agrippant un peu plus à l’accoudoir. Il tourne ses yeux noirs vers l’échine courbée de son interlocuteur, poursuivant sur un ton faussement amusé. "Caesar, I’m deeply sorry my words made you believe you had a choice here. There is no “going back” to your own company. You are Rosier Lights, not some common employee, and you have to face your responsibilities." Ezekiel finit par se redresser en ajustant sa veste, se penchant en avant pour s’emparer du verre d’eau face à lui et, le portant à ses lèvres pour se désaltérer, il souffle en secouant la tête "Haha, “go back to work”, Caesar, good one." Elle est bien bonne celle-là, il tâchera de s’en souvenir. Reposant le verre pour l’aligner avec celui de Caesar, il s’avance un peu pour s’approcher du bord de l’assise, croisant les mains en faisant disparaître les signes de sa prétendue hilarité. Seul un sourire raide habite ses lèvres désormais, quand il attrape à nouveau le regard de Rosier. "It wouldn’t look so good for Rosier only heir to drop the ball on their own project. Let’s be realistic : all eyes are on you, Caesar. You have disappointed enough already, and everyone’s impatiently waiting for you to stumble to get their claws on you. Et, de tous, Ezekiel a été le plus rapide. That’s why I offered to help : your family is dear to me, and the thought of anyone taking advantage of your situation is unbearable.” Dans une certaine mesure, c’est vrai. Déjà, quelques investisseurs véreux se sont rapprochés d’Ezekiel pour exprimer leur intérêt envers la compagnie de spectacle supposément gérée par l'orphelin. Et si le CEO de la BCBC détient la quasi-totalité des parts, n’ayant donc pas grand chose à craindre, il n’apprécierait pas que qui que ce soit passe directement par Caesar, au vue de son état, pour l’inciter à persuader Ezekiel de lâcher certaines de ses parts - ce qui n’arrivera, de toute façon, jamais. "Nonetheless, in no way does it mean I tolerate your lack of motivation and professionalism, nor the way you have, indeed, disrespected my time." Parce qu’il n’a plus aucune envie de tourner autour du pot, Zabini préfère désormais s’exprimer plus frontalement, l’encerclant parfaitement pour s’assurer qu’il ne lui glissera pas entre les doigts.

Et sans lui laisser le temps de réagir, Ezekiel resserre pour de bon, violemment, sa prise sur Caesar. "Now, I’ll tell you what will happen. Next Monday, 9AM, you will put on your nicest suit, wear your best smile, and meet with the team, just as you should have done so far. Then, the team will give me a call and tell me how involved and diligent you’ve been, and how glad they are to see you back on board. And then, you’ll come back here and update me on the show. And this, each and every single week until the premiere. Il marque une pause, passant une main dans sa barbe. Do we have a deal, Caesar?” Comme s’il s’agissait, réellement, d’une proposition.

tw: validisme

Malgré le fait que ces excuses piteuses lui viennent plutôt facilement, Caesar n'aime pas trop être dans cette position: il se fait l'effet d'un vers en train de s'agiter vainement pour dissuader un oiseau de proie de le cueillir et l'arracher à la terre dans lequel il se prélasse. Cette impression est, pour le moins, à la fois désagréable et réductrice - et pourtant ô combien appropriée, semble-t-il, alors qu'il sent monter en lui une appréhension fébrile qui lui donne envie de gigoter.
Le silence s'étire et Caesar garde les yeux rivés sur le bout de ses genoux, attendant le pardon de Zabini sans pour autant y placer trop d'espoir. On ne devient pas Ezekiel Zabini en pardonnant les fautes de tout le monde, Caesar le comprend bien.

"Go back to work?" Zabini se met à rire et Caesar comprend qu'il a fait une grossière erreur. Chaque relet de ce rire tant chaleureux qu'accablant lui donne envie de disparaître dans le sol. "Caesar, I’m deeply sorry my words made you believe you had a choice here. There is no “going back” to your own company. You are Rosier Lights, not some common employee, and you have to face your responsibilities." Il ignore pourquoi la frustration et la colère ont tant de mal à sortir face à Zabini: devant hyung Benjamin et Jeong-Hui, elles sont constamment présentes, pourtant. Sans doute parce qu'ils font partie de sa famille et que Zabini ne sera jamais qu'un intrus, une anomalie dans leur vie, aussi sympathique puisse-t-il paraître avec les Rosier. "Haha, “go back to work”, Caesar, good one." Caesar pince des lèvres, appréciant guère qu'on le moque, et finit lentement par relever les yeux vers Zabini.
Il en devient progressivement rose d'embarras et de confusion. D'angoisse, aussi, une angoisse étouffante qui remplit sa poitrine d'une bulle énorme qui menace de faire s'affaisser ses poumons et de lui briser les côtes. "It wouldn’t look so good for Rosier only heir to drop the ball on their own project. Let’s be realistic : all eyes are on you, Caesar. You have disappointed enough already, and everyone’s impatiently waiting for you to stumble to get their claws on you. That’s why I offered to help : your family is dear to me, and the thought of anyone taking advantage of your situation is unbearable.” Son manque de compréhension et de considération pour sa situation sidère Caesar qui en est tellement surpris qu'il en reste muet, se faisant la réflexion que c'est Zabini lui-même qui a enfoncé ses griffes dans sa chair, qui profite de lui.

Que penserait Basil? Caesar bannit cette pensée de son crâne, à moins de se mettre à pleurer.

Il est en train de ruiner les Rosier, réalise-t-il. Parce qu'il est malsain, tordu, stupide, inutile, trop faible. C'est ça que lui explique Zabini en plus de mots: il est faible, terriblement faible et, au final, il est inutile. Il ouvre la bouche pour rétorquer mais la referme presqu'aussi vite. "Nonetheless, in no way does it mean I tolerate your lack of motivation and professionalism, nor the way you have, indeed, disrespected my time." Qu'on lui donne raison, plutôt que de lui offrir la conciliance pincée qu'on lui réserve depuis des semaines maintenant, réveille en lui cette frustration et cette colère, fièrement maîtrisées d'une poigne de fer. Il se mettra sûrement à hurler une fois rentré, pour l'instant, il garde ça en laisse. Hors de question de montrer un visage tant accablé face à quiconque n'est pas Rosier. Même si Caesar a toujours été le plus à vif de sa fratrie - sauf Jeong-Hui, mais elle ne compte pas, elle n'est pas normale; Ha-Yun, quant à elle, est partie trop tôt pour réellement compter dans cette comparaison -, incapable d'imiter la pudeur distante de Celyn, le calme placide d'Eun-Ji ou le charme lisse de Basil. Caesar déteste ça. Un autre défaut à ajouter la liste.
Son trouble est partout sur lui, de ses sourcils légèrement froncés à ses yeux sombres et presque mauvais, la tension dans ses bras et sa nuque.

"I'm sorry," parvient-il à produire du bout des lèvres. "Now, I’ll tell you what will happen. Next Monday, 9AM, you will put on your nicest suit, wear your best smile, and meet with the team, just as you should have done so far. Then, the team will give me a call and tell me how involved and diligent you’ve been, and how glad they are to see you back on board. And then, you’ll come back here and update me on the show. And this, each and every single week until the premiere." Caesar serre les dents à cette perspective absolument terrifiante qui lui donne envie de s'enfuir en courant. Il a déjà honte de se présenter à l'équipe, il est déjà anxieux de leur parler, il sait déjà qu'il va hésiter, balbutier, que son sourire va se perdre, que- "Do we have a deal, Caesar?” Mais il n'a pas le choix, et ils le savent tous les deux.
Caesar sourit. "Yes, sir. I'm very grateful for your patience and assistance." Et il lui fait une promesse qu'il sait qu'il ne tiendra pas, juste parce qu'il sait qui il est et qui il a toujours été, un échec et une déception et un raté et un moins que rien: "I won't disappoint you."

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