Ses mains tapotent nerveusement sur la table en bois en dépit du masque d'indiférence que la sorcière tente d'afficher sur son visage. Comme à chaque fois qu'elle retrouve son ancienne meilleure amie, Hannah est prise d'un soubresaut de nervosité. La froideur professionnelle de Susan est un rappel de plus de tout ce qui les sépare depuis leur séparation. La medicomage aimerait parfois revenir en arrière, à un temps plus simple où les chamailleries d'adolescentes se délitaient par un sourire, un mot d'excuse, une attention touchante. Elle aimerait revenir à un temps où vivait encore sa mère, où son père n'était pas l'ombre de lui-même, où elle n'avait pas à contempler impuissante la souffrance dans l'azur des yeux de son frère. Un temps où le mensonge ne faisait pas partie prenante de sa vie. A Time when Hannah and Susan meant forever. Remonter le temps n' est cependant pas une possibilité, et la jeune femme doit se contenter aujourd'hui de réparer leur relation bafouée, la confiance brisée, l'amitié disparue ; quitte à se confronter encore et encore à un mur inflexible. Scarlet est loin de la Susan qu'elle connaissait et chérissait, et sans doute que Goldylocks n'a rien de la Hannah d'autrefois. Mais Hannah ne peut se résigner à abandonner.

Sa main se referme un peu plus sur le sachet d'ingrédients qu'on lui a demandé d'apporter. Pas grand chose, rien qui ne leur permettra de tenir plus qu'un mois, mais cela représente bien plus à ses yeux noisettes : c'est un message, un choix qu'elle a fait de ne plus se laisser oppresser, et de ne pas laisser d'autres périr par son inaction et son silence. La sorcière ne désire plus être passive dans un monde qui s'effondre et s'effrite. Nombreux sont ses proches qui ne comprendraient pas, Daphne, Zach, et Bash aussi d'une certaine façon. Toutefois, elle ne peut plus agir en fonction du regard des autres, elle est sa propre personne. Mais loin de savoir exister sans l'appréciation d'autrui, elle essaie de trouver dans les prunelles de Susan ce qu'elle ne peut plus chercher chez ceux qui ont été une constante dans sa vie d'adulte. Vie qui lui paraît aujoird'hui si dérisoire. Vie qui...

La porte de la taverne s'ouvre et l'entrée de son interlocutrice dans son champs de vision interrompt ses pensées. Hannah se redresse imperceptiblement. Ses lèvres s'étirent doucement, ses yeux se plissent tendrement. Chaque rencontre est une exquise torture qui la laisse avec une impression de manque dans la gorge. Elle ne comprend pas très bien pourquoi son corps réagit ainsi dès qu'elle se retrouve face à Susan. Ni pourquoi son esprit la trahit par des pensées qu'elle ne maîtrise plus. Quand Susan la rejoint, enfin, Hannah cesse le tapotement inconscient de ses doigts sur les ridules du bois, sa main devient statue sur le meuble. "Hey Scarlet. Comment vas-tu ?" et prétend ainsi que leur rencontre n'a rien d'un arrangement purement professionnel, que derrière les ordres et le devoir une toute petite part de Susan - même minime - a envie de la voir.

Aujourd'hui, Susan avait une mission, et pas n'importe laquelle. Elle allait rencontrer Hannah, pour récupérer des ingrédients magiques impossibles -ou presque- à trouver, en tant que fugitif. Cela ne faisait pas très longtemps que les deux amies s'étaient retrouvées, à peine une dizaine de mois. Cela semble si peu, en comparaison avec toutes ces années passées ensemble, mais aussi celles passées loin l'une de l'autre. Pendant très longtemps, Susan avait imaginé leurs retrouvailles. Elle avait imaginé des centaines de scénarios, souvent heureux, parfois dramatiques. Dans le fond, elle ne sait pas ce qu'elle en attendait. Il y avait encore tant de rancoeur, des non-dits. Hannah est la personne qu'elle hait et aime le plus à la fois, et c'est épuisant. Alors, la blonde se contente de ne pas trop penser à elle la plupart du temps. Elle est souvent bien trop occupée pour ça, et puis elle s'est trouvée des passe-temps, quand elle est trop seule la nuit, quand elle réfléchit trop et qu'elle a besoin de se sentir entière. Cela n'est en rien la vie dont elle rêvait. Être une fugitive n'a rien d'amusant ou de glamour. Susan savait tout ça, mais pourtant. Pourtant, elle ne s'attendait pas à tout ça, à tous ces morts, ce sang, ce chaos, et cette peur constante. C'est bien cela le pire pour elle : la peur. Elle est partout, tout le temps, comme un boulet qu'on se traîne à la cheville. Susan ignore si les autres pensent comme elle. Parfois, elle se sent seule avec ses inquiétudes. Elle sait qu'elle peut compter sur Lexis, sur Neville, Ginny ou les autres. Elle sait qu'elle n'est pas seule, mais elle n'arrive pas à être rationnelle dans ces moments-là. La peur semble être devenue son amie et son ennemie en même temps. Il y a quinze ans, la poufsouffle imaginait un autre futur, plus radieux, plus ensoleillé, plus heureux tout simplement. Mais elle ne regrette en rien de s'être engagée. L'Ordre est sa raison de vivre. Elle ne serait rien sans eux, elle serait probablement déjà morte quelque part, seule. Même si le quotidien n'est pas facile, il n'est pas insurmontable pour autant. Il y a de bons moments. Mais, rien n'est jamais pareil sans Hannah. Rien n'a la même saveur depuis qu'elles se sont séparées, depuis que la Abbott a refusé de la suivre. Des années d'amitié, balayées en un revers de la main. Malgré son envie de passer à autre chose, de retrouver son amie, Susan reste bloquée sur sa rancoeur, sur ce qu'elle lui reproche, sur cette fameuse journée de juin 1998. You can't leave me by myself like this. Si les rôles avaient été inversés, Susan l'aurait suivie, sans réfléchir, parce que c'est ce qu'elles font l'une pour l'autre, elles sont là quoi qu'il en coûte. Mais les choses ne se sont pas passées comme ça, et elle ne pourrait plus rien y faire. Le passé est tel qu'il est. Aujourd'hui, Susan est brisée, tout comme sa relation avec Hannah. Pourtant, c'est elle qui s'est portée volontaire pour être le contact de la sang-mêlée au sein de l'ODP. Elle n'aurait vu personne d'autre le faire. Mais chaque rencontre est plus douloureuse que la précédente. Elle ne rêve que d'une chose, rire avec sa moitié, retrouver leur complicité, lui sauter dans les bras. Mais, il y aura toujours quelque chose pour la retenir.

Nerveusement, Susan transplane non loin du lieu du rendez-vous. Elle baisse la tête, et marche en direction de la taverne. Elle pousse la porte, et ne voit pas grand monde, si ce n'est le tavernier et quelques visages souhaitant l'anonymat. Elle ne met pas longtemps pour apercevoir Hannah. Même en essayant, elle n'arrive pas à se fondre dans la masse sombre des lieux. Elle passe au comptoir avant, et prend un verre de whisky, avant de se joindre à la table de la Abbott. ─ Hey. Susan se redresse un peu, et joint ses mains autour de son verre. ─ Comme d'habitude. Elle n'a pas envie de s'éterniser. Si elle était vraiment honnête quand on lui demande comment elle va, Susan parlerait pendant des heures, mais elles n'ont pas ce temps. ─ Et toi ? Elle se résout à lui retourner la question, après avoir hésité quelques secondes. ─ Tu as apporté ce qu'on t'a demandée ? Susan est là pour un transfert de marchandises, et c'est ce qu'elle fera, pas besoin de s'étaler dix ans.

La nervosité s'est étendue dans tout son corps depuis l'entrée de Susan dans le bar, ses muscles sont tendus, son sourire n'atteint pas ses yeux, elle reste dans l'attente de quelque chose. Un tout petit rien. A big something. Un indice qu'il reste encore une once d'espoir pour reconstruire ce qui n'aurait jamais dû être détruit en premier lieu. Hannah observe la jeune femme qui lui fait face et c'est presque si elle ne la reconnaît. Elle ne parle pas physiquement bien sûr, même si certains changements sont survenus au fil des ans comme la couleur de ses cheveux ou les marques que laisse le temps sur les chairs, mais non c'est un tout autre changement qu'elle remarque ; dans sa posture, dans son maintien, et dans la distance de ses mots. Comme d'habitude. Qui viennent effacer l'espoir et écraser les possibles. Deux mots de rien du tout qui signifient tout et pas grand chose à la fois. Susan n'est pas là pour cela et Hannah se mentirait en voulant croire le contraire. All business and no feelings. La médicomage s'y attendait pour tout dire, rien de nouveau depuis que les deux anciennes Poufsouffle se retrouvent de temps à autres selon les besoins de la résistance. Pourtant, son sourire déjà fragile s'estompe pour prendre la couleur des regrets et ses yeux se baissent sur le sachet en carton qui contient la seule raison de sa venue.

Il fut un temps où sa mère devait les gronder pour que les deux adolescentes arrêtent de parler. There was a time when their silences meant every words. Il fut un temps où tout était plus simple, où tout était différent. Bien avant que Susan ne pose cet ultimatum tragique et emmène avec elle les promesses d'éternité. Bien avant les retrouvailles au goût de sel. Parfois, Hannah jurerait que ce temps n'a jamais existé autrement que dans ses rêves, on dit que le temps emporte tout, et même les souvenirs s'estompent sous son joug indifférent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il existe aux yeux de la Abbott deux visages de Susan qui ne se superposent pas tout à fait et créent une impression de décalage dans ses iris noisettes. Comme un miroir brisé, comme leur amitié éclatée. Un décalage qui lui apparaît parfois comme la plus infranchissable des montagnes. Mais peut-être a-t-elle raison son ancienne amie, peut-être est-ce pour le mieux car tous les jours des personnes meurent et souffrent, alors vraiment qu'est-ce qu'une amitié écorchée en comparaison... Rien du tout. Un détail, un point dont on ne parlerait pas même dans les livres d'Histoires et qui ne mériterait aucun paragraphe dans une épique fiction.

Alors elle ment, "Je vais bien." would she care anyway? voudrait-elle savoir que son frère se tue à petit feu, que Hannah ment à tout ses êtres chers parce qu'elle a enfin cessé de se mentir à elle-même, parce qu'elle a enfin compris ce que Susan essayait de lui dire il y a plus de dix ans de cela ? Que Zacharia est une ombre menaçante qu'elle se force à fréquenter pour trouver les lumières que recherchent l'Ordre ? Hannah n'est pas bien certaine de vouloir vérifier cette théorie. Elle tend donc le petit sachet, le pose sur la table comme si ce n'était pas aussi bien une possession volée qu'un symbole d'espérance. Et s'excuse "Ce n'est pas grand chose. Je ne pouvais pas prendre plus en si peu de temps." sans éveiller les soupçons, la phrase en suspend, pas besoin d'en dire plus et si la taverne est vide et que les affaires louches sont sans doute pain quotidien dans cet établissement, Hannah n'a jamais été du genre à venir titiller les dragons qui dorment dans leur tanière.

Et voilà.
Ainsi s'arrête les retrouvailles de Susan et Hannah.
Ainsi se finit notre histoire.

Non !
alors qu'elle voudrait se retrouver sous terre pour disparaître, avant que ne s'envole la sorcière ayant réceptionner le paquet, et que ne s'évapore la possibilité d'un échange, d'une discussion, d'une miette d'attention ; Hannah se jette dans la cage au basilic. "Je sais que tu devais juste récupérer les provisions mais..." elle se tait, hésite, assume. "tu aurais peut-être quelques minutes ?" et les yeux s'abaissent de moitié, les dents blanches mordillant la lèvre inférieure et soucieuse.

Please, don't go.
Don't leave me.
Alone.
Afraid.

Chaque rencontre était plus douloureuse que la précédente. Susan avait envie de lui crier des choses, de la pousser, de lui hurler tout ce qu'elle avait sur le coeur. Mais, elle n'avait jamais eu la chance de le faire. Elle est obligée de se tenir, parce qu'elles ne sont jamais seules. Susan s'est imaginée des centaines de fois le scénario de leurs retrouvailles, ce qu'elle dirait, ce qu'elle ferait, dans les moindres détails. Mais on lui a enlevé cette possibilité. On lui a retiré son unique chance de guérir et de passer à autre chose, de pardonner aussi. Comment peut-elle reprendre comme si de rien n'était alors que tout avait explosé entre elles ? Impossible. Elle ne sait pas comment faire. Elle n'est pas assez forte. Alors, elle essaye de gérer ses émotions comme elle le peut. Sa rancoeur, sa haine, son amour, son amitié, tout ça à la fois. Evidemment, elle est complètement paumée, déchirée de l'intérieur. Ca la ronge, ça la tue à petit feu dès qu'elle pose son regard sur la silhouette de la blonde. Elle ne montre rien, et garde un regard vague, une posture droite, un ton dur. Il n'y a que comme ça, qu'elle peut tenir, qu'elle peut y arriver. Susan ne veut pas craquer. Elle doit penser à l'Ordre, aux autres, à ceux qui l'ont suivie, ceux qui sont là avec elle, chaque jour. Hannah, elle, vit correctement dans le monde des sorciers. Elle n'a pas besoin de se cacher sans cesse. Elle ne sursaute pas à chaque bruit suspect. Elle ne se demande pas si elle aura les ingrédients nécessaire à chacune de ses blessures. Non, parce que Hannah a choisi de rester. Elle n'était peut-être qu'une adolescente, cela ne retire rien au fait qu'elle a eu le choix. Elle aurait pu la suivre. Elle ne l'a pas fait. A chaque fois qu'elle revoit Hannah, tout remonte à la surface. C'est plus fort qu'elle. La poufsouffle n'a pas encore fait son deuil, parce que cela voudrait dire tirer un trait sur la Abbott, et ça elle en est incapable.

Les silences sont longs. Les silences sont lourds. Elles se demandent respectivement ce qui est de convenance. Mais elles n'osent pas se dire les vraies choses, celles qu'elles ont sur le coeur depuis bien trop longtemps. Susan lui demande machinalement si elle a la marchandise, ce qu'elle a promis à l'Ordre. Elle attrape le petit sachet et le glisse dans la poche de sa veste en cuir. ─ Pas de soucis. C'est toujours mieux que rien. Ca nous sera utile. Merci. Ses mains dans ses poches, elle se dit que l'échange fut plus rapide que prévu. Elle est prête à partir, parce qu'après tout, que faire de plus ? Que se dire de plus ? L'endroit est trop bondé pour un quelconque règlement de comptes. Et dans le fond, Susan est fatiguée. Fatiguée de ces années de rancoeur. Elle n'a plus envie de se battre face à Hannah. Elle allait lui dire qu'elle s'en allait, mais la Abbott brise le silence. Elle fronce son regard. Quelques minutes ? Pour faire quoi ? Se mentir un peu plus ? La sang-mêlé préfère partir. Pourtant, quelque chose au fond d'elle lui crie de ne pas le faire. Après tout, qu'a-t-elle à perdre ? Rien de plus, pense-t-elle. ─ Je n'ai pas grand chose à faire après. Je devrais pouvoir rester un peu plus longtemps. Elle retire ses mains de ses poches, et s'enfonce dans sa chaise. ─ Pourquoi avoir choisi de nous aider ? Pourquoi après toutes ces années ? Pourquoi avoir chamboulé sa nouvelle vie ? Susan s'était toujours posée la question, et elle avait enfin l'occasion d'avoir une réponse.

Ces échanges sont si éprouvants. Si c’était n’importe qui d’autre, Hannah n’aurait pas une telle boule au ventre en transplanant jusqu’au lieu de rendez-vous - jamais le même - et en se pliant au regard distant et professionnel de son interlocuteur ou interlocutrice. Elle saurait quoi faire de ses mains et quels mots prononcer. Mais Susan n’est certainement pas n’importe qui d’autre ce qui laisse la jeune femme un peu plus perdue que la fois précédente à chaque fois qu’elles se quittent après un échange des plus plats. La plus petite phrase prend des envergures improbables dans sa tête, le moindre changement dans son visage crée des histoires dans l’esprit de la blonde. Et Hannah désespère de ne jamais briser la glace qui les sépare alors qu’elle aimerait tant savoir. Savoir ce que fait Susan durant les mois qui les tiennent éloignées l’une de l’autre jusqu’à la prochaine mission, ce qu’elle pense, ce qu’elle vit, ce qu’elle est devenue. C’est frustrant, cette impression de ne plus connaître la seule personne qu’elle pouvait comprendre d’un simple regard. It’s agonizing not being able to just be there for the person that meant her world, once upon a time. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer, de poser des questions anodines, de laisser traîner un peu plus longtemps que nécessaire le moment de se séparer, de gratter l’armure d’indifférence qui enveloppe le corps de son amie. Ancienne amie peut-être serait-ce un mot plus correct, bien que cela la tue de l’admettre. Though Susan never surrenders, ne lui donne rien de plus qu’une politesse froide, un regard fermé.

Quand elle ose lui demander de rester quelques minutes, elle s’attend donc à retrouver les mêmes résistances qu’à l’accoutumée et à essuyer un simple refus, comme on écarterait une poussière sur son gilet. Hannah se prépare à un rejet de plus. Toutefois, Susan la surprend en acquiescant, mais bien sûr celle-ci ne s’arrête pas là et attaque directement avec les grandes questions : pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant, entend la médicomage. Elle pourrait fermer les yeux et pousser un soupir las, prendre la tête dans ses mains, se replier sur elle-même face à cette question. Pourtant, pourtant, il est nécessaire qu’elles en parlent n’est-ce pas et c’est même surprenant que le sujet ne vienne que maintenant sur le tapis. Hannah observe Susan, Susan regarde Hannah. Et un long silence s’installe entre les deux alors que la première réfléchit à ce qu’elle peut bien dire et que la seconde attend une réponse. Instinctivement, sa main glisse le long d’une de ses mèches blondes, petit geste nerveux dont elle n’a jamais su se débarrasser. Elle hésite même à lui mentir, l’espace d’une seconde, inventer une histoire de bravoure et d’abnégation, elle a toujours souhaité plaire Hannah, et pour une raison qu’elle ignore à Susan encore plus. Elle pourrait aussi lui dire une demi-vérité, I woke up one day and I knew that I had to do something. Mais Susan ne mérite ni ses mensonges, ni le reste. “Je. Pour Bash.” un aveu lancé dans un murmure et ses yeux se baissent pour se perdre dans la contemplation des aspérités de la table en bois. Tout plutôt que rencontrer les iris perçantes de la fugitive. Loin de ce regard, elle respire un peu mieux et les paroles se délient sous sa langue, comme si prononcer le prénom de son frère avait suffi à ouvrir une porte jusque-là verrouillée. “Pour lui d’abord. Il ne va pas bien, vraiment pas et c’est leur faute. Et pour les autres aussi.” Ernie, et tout ceux qui souffrent. Pour Zach aussi d’une certaine manière, même si Hannah ne reconnaît plus l’homme qu’il est devenu. Pour Susan surtout, mais cela elle ne le dira pas. “Ils ne nous laissent pas guérir tout le monde tu sais.” Elle a honte de sa voix faible qui prend des allures enfantines, ses propos sont désordonnés comme sa pensée. “Au travail je veux dire, et ce n’est pas normal. Et rien ne faisait plus sens, et en fait j'ai réalisé que rien n'avait jamais fait sens mais que je me mentais à moi-même Et à un moment je me suis dit que je ne pouvais pas laisser les choses continuer ainsi, je pense que je,... enfin j’ai compris ce que tu me disais à l’époque.” Ses yeux se soulèvent enfin pour remonter vers le visage à la fois si familier et étranger de Susan. Et dans son regard noisette où les regrets se mêlent à un trouble indéfinissable, Hannah tente d’insuffler tout ce qu’elle n’a jamais pu dire, tout ce qu’elle n’est même pas consciente de ressentir. “I couldn’t leave Bash back then.” Ce n’est pas une excuse et peut-être qu’il est trop tard pour les pardons, Hannah espère qu’il n’est pas trop tard pour un nouveau départ et si elle doit en passer par un interrogatoire, elle encaissera.

Susan avait besoin de savoir. Elle s'était demandée, pendant des années, pourquoi Hannah avait choisi de ne pas la suivre, ce jour-là. Pour elle, tout était simple. Il fallait suivre ses amis coûte que coûte. Le monde, qui s'annonçait, n'était pas des plus glorieux. Il n'aurait jamais été comme elles le souhaitaient. Avec Voldemort au pouvoir, elles pouvaient dire adieu à tout ce en quoi elles croyaient. Hannah le savait, mais elle a choisi de ne pas suivre l'Ordre. Traîtresse, dirait-on. Susan l'a pensé aussi. Après le questionnement, est venu la colère, la haine. C'était bien plus simple de l'accuser de trahison, de la considérer comme une ennemie, plutôt que de penser qu'elle n'avait simplement pas eu assez confiance en la Bones pour la suivre. Susan a toujours balayé, d'un revers de la main, ses pensées lui criant que la Abbott avait sans doute eu peur, qu'elle n'avait pas eu le courage de suivre la résistance, qu'elle n'avait tout simplement pas pu. Susan n'a aucune pitié pour ces excuses. Elle aussi, elle avait eu peur. Elle avait été effrayée à l'idée de se retrouver au milieu de nul part, sans savoir de quoi le lendemain serait fait, sans savoir si elle allait vivre ou mourir. Susan aussi n'était qu'une enfant à l'époque. Et, elle avait eu besoin de sa meilleure amie, à cette époque plus que jamais. Hannah l'a abandonnée, les a tous abandonnés. Il lui a fallu des années, avant de se joindre à eux, de façon sporadique. On ne peut pas dire qu'elle fait grand chose pour la cause, mais c'est mieux que rien, c'est mieux qu'être une traitresse. Susan ignore si cela sera suffisant. Pour le moment, elle veut juste écouter ce qu'elle a à dire. Pourquoi maintenant, pourquoi après tout ce temps ? Pourquoi les aider, alors qu'elle a sûrement une vie tranquille à Londres ? Pourquoi risquer de tout perdre, pour quelques ingrédients magiques ? Égoïstement, la blonde espère que c'est la culpabilité qui la ronge. Elle veut l'entendre dire, qu'elle n'a pas supporté de savoir Susan loin d'elle, en danger, seule, la mort aux trousses. Cela ne lui ressemble pas, mais la vie de fugitive change n'importe qui, même les plus saints d'entre eux.

La réponse tombe rapidement, et les espoirs de Susan s'envolent. Pour son frère, évidemment. Si elle avait eu une fratrie, elle aurait aussi tout fait pour eux. Mais, ce sont ses amis qui sont sa famille, et elle donnerait sa vie pour eux. Hannah évite son regard. Elle est anxieuse, incapable de planter ses yeux dans les siens. Pour les autres ? Les autres qui ? Sûrement pas elle. Mauvaise réponse, encore. La poufsouffle ne la coupe pas. Elle l'écoute, impassible, les bras croisés contre sa poitrine. Elle finit par s'accouder, de nouveau, à la table, joignant ses mains entre elles. Hannah avait donc fini par comprendre. Elle avait compris quoi au juste ? En une minute, elle avait balayé six années d'une amitié solide. En quelques mois, sa cousine avait réussi à retourner son esprit, après tout ce temps passé à s'entraîner pour combattre les forces du mal avec l'AD. Susan est injuste, mais les années l'ont rendue aigrie et amère. Nostalgique aussi, du temps où les examens étaient leur unique préoccupation. ─ Ne me dis pas que tu ne t'en doutais pas ? Tu savais très bien comment tout ça se déroulerait, dans ce monde construit par un mage noir. Je regrette, que tu n'ouvres les yeux que maintenant. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Mais j'aurais préféré que tu comprennes à l'époque, plutôt que presque dix ans plus tard. Elle déglutit. ─ Je suis sèche, je le sais. Je n'en suis pas désolée. Nous avons vécu des choses horribles. J'ai vécu des abominations. Je fais des cauchemars. Je tremble parfois sans m'en rendre compte. Je vis avec des traumatismes que je ne souhaite à personne. Tout aurait pu être plus facile si je n'avais pas été seule, sans ma meilleure amie. Elle se redresse un peu, reprenant sa respiration. ─ Je t'aimais, mais ça n'est plus le cas aujourd'hui. J'espère pouvoir te pardonner un jour. Je l'espère vraiment. J'en ai envie. Merci de nous aider. Nous pourrons t'aider aussi, ainsi que ton frère si vous souhaitez vous échapper. Il y aura toujours des places disponibles quelque part.

Hannah veut bien faire, toujours. Elle ne supporte pas la déception dans le regard de ses proches, ne tolère qu'à peine les regrets dans le sien. Vraiment, elle veut bien faire mais elle fait tout à l'envers. Il y a longtemps, elle a rompu une promesse, et aujourd'hui alors qu'elle s'insinue de nouveau dans la vie de son ancienne amie, la blonde ne trouve pas les mots. Ils restent coincés dans sa gorge, s'emmêlent dans son esprit. For you. For you. For you. C'est là tout ce qu'elle voudrait dire et tout ce qu'elle ne dit pas. Et si elle ne sait plus ce qu'attend Susan de sa part, parce qu'on ne connait plus réellement les gens quand les années sont passées entre une belle amitié, parce que le temps a effacé les secrets et emporté les toujours, Hannah sent qu'elle dit tout ce qu'il ne faut pas. Elle le sent dans la réponse de la fugitive, dans le regard fermé. Pourtant, la décevoir n'est rien comparé à la souffrance qu'elle perçoit dans sa voix, aux petits détails que Susan glisse de sa vie, à la douleur, à la violence. Et elle en a connu des moments douloureux, la torture subie par Padma et son impuissance à l'aider, le corps ensanglanté de Jarod sur le pas de sa porte, le visage émacié de Bash, mais ce ne semble que des pacotilles face au traumatisme de Susan. Des moments fugaces face à une peur perpétuelle. 


Et Hannah n'était pas là. C'est aussi simple que ça. Hannah n'était pas là et rien de ce qu'elle dira ne pourra changer ce fait. Ses yeux s'humidifient mais elle ne pleurera pas, pas devant Susan, elle attendra d'être retournée dans son appartement trop vide, dans sa petite vie trop futile pour laisser couler les gouttes de sel. Pour l'instant, elle doit se retenir, tout contenir. Susan mérite plus que ses larmes. Après un temps, d'une petite voix, Hannah répond. "Je regrette de n'avoir pas été là pour toi, avec toi." il ne reste plus que la vérité. Même quand elle écorche leurs deux coeurs, arrache des morceaux de l'organe palpitant, même si elle se sent vulnérable face aux mots accusateurs. Sa main s'avance hésitante sur la table, voudrait attraper celle de Susan, entrelacer leurs doigts dans une promesse de réconfort, un serment qui dirait i'll be there, always, I won't let anything happen to you anymore. If you still want me.


Mais elle craint d'avoir la réponse, je t'aimais, au passé, je t'aimais, autrefois.


"J'aurais voulu avoir ton courage à l'époque, partir avec toi quand tu me l'as demandé mais, mais... Je ne pouvais pas laisser Bash tout seul, j'avais si peur et j'étais si naïve. ce n'est pas suffisant je le sais bien. Je comprends si tu ne me pardonnes jamais." elle s'étouffe dans ses mots, doit s'arrêter un instant face à la dureté de ce qui transparaît dans cette austère taverne au milieu de nulle part. Les prunelles désolée se confrontent aux iris glacés. Pour se donner du courage, Han'ah prend une nouvelle inspiration, comme si l'oxygène pouvait résoudre tous les maux. Pathétique, lui dit la voix de Daphne. "Je ne peux pas changer le passé et revenir sur ce choix. Mais je ferais tout ce que je peux pour vous être utile  et j'espère qu'avec le temps on..." on quoi, on jouera à des jeux et on se tiendra par la main ? Elles n'ont plus 13 ans, et le monde ne paraît plus aussi clément qu'au temps de Poudlard. C'est impossible, Hannah le sait. "enfin, que je pourrais te prouver que tu peux compter sur moi." i miss you so much, dit son regard à défaut d'en prononcer les mots.

Cela faisait des années, qu'elle réfléchissait à ce qu'elle dirait à Hannah, lorsqu'elle la reverrait. Des années à penser le moindre mot, et finalement, elle n'avait pas du tout dit ce qu'elle avait préparé tout ce temps. Susan n'aurait jamais imaginé, qu'elles puissent se revoir dans ce contexte. Hannah au sein de l'Ordre, cela relevait du mythe, du rêve inavoué. Elle avait claqué la porte au moment le plus crucial. Rien ne laissait penser, qu'elle pourrait les rejoindre, finalement. Toutes ces années perdues, c'est un vrai gâchis. Alors, elle lui avait dit tout ce qu'elle avait sur le coeur. Absolument tout, et plus encore. Toutes ces choses, qu'elle se refusait à avouer, qui ont finies par sortir.
Après son speech, elle a la gorge terriblement sèche et est obligée de boire un peu trop vite son verre. Elle ne sait pas ce que la sorcière va lui répondre. Elle ne sait même pas si elle va lui répondre tout court. Elle ne serait pas étonnée de la voir quitter la table. Mais, elle ne regrette pas un mot. Il fallait que ces choses soient dites, si elles veulent un jour repartir du bon pied. Pour le moment, Susan lui en veut encore trop pour penser redevenir amies. Son amertume s'est amplifiée au fil des années, ce qui n'aide en rien. Le pardon est encore loin, mais un premier pas a été fait.

Finalement, Hannah ne s'enfuie pas. Elle ne s'énerve pas non plus. Elle se contente de lui répondre, après un silence interminable. Susan l'écoute attentivement. Elle masque un soupir, lorsqu'elle dit qu'elle a été courageuse. On lui dit souvent ça, mais elle ne pense pas que cela soit vrai. Courageuse, en quoi ? Certains ont écouté leur peur, et n'ont rien fait. Mais elle, elle a écouté son instinct de survie. Celui, qui lui criait de sauver sa peau, avant qu'on ne termine de l'achever. Ce n'est pas du courage, c'est une forme de lâcheté, en soit. Dans le fond, Susan sait pourquoi son amie a fait ce qu'elle a fait. Elle sait très bien, que contrairement à elle, Hannah avait une famille, des gens qu'elle ne pouvait pas abandonner du jour au lendemain. Egoïstement, elle aurait aimé passer avant. Même, si elle a fini par comprendre, elle n'arrive pas à se défaire de son amertume. C'est plus fort qu'elle, plus fort que l'amour qu'elle a pu lui porter, plus forte que les années passées ensemble. Susan déglutit. Elle reconnaît sa Hannah d'autrefois. Même si elle a changé, elle reste la même, quelque part. Et la sorcière se raccroche à ça. ─ Je l'espère aussi. Nous verrons bien. Susan avait remarqué qu'elle était sur le point de s'effondrer. Elle la connaît par coeur, elle ne peut rien lui cacher. Elle aussi, elle manque de s'écrouler. Mais, elle a cette forteresse autour d'elle, lui permettant d'avoir une protection face à ce genre d'échanges. Parce que, si elle se laisse vraiment aller à ses émotions, sa mission au sein de l'Ordre ne sera plus. ─ Comment va-t-il ? Ernie, je veux dire. Il était le seul avec qui, elle n'avait plus eu de contacts depuis des années. Megant et elle étaient souvent en communication. Justin était resté auprès d'elle. Il ne manquait plus que Ernie, et Zach aussi, mais lui, elle s'en fiche bien de savoir comment il va.

Hannah ne sait pas comment Susan va lui répondre. Elle a l’impression de sans cesse marcher sur des oeufs de dragon les rares fois où les deux sorcières sont amenées à se croiser. Il lui a toujours semblé que l’une d’elles devraient faire le premier pas, poser une question importante, donner une explication nécessaire ; mais l’occasion ne s’était jamais présentée jusque là. Ou alors n’étaient-elles pas prêtes avant aujourd’hui pour un échange tendrement amer.

Cette fois, Hannah a demandé quelques minutes, et Susan a posé LA question, et elle est restée et elle l’a écoutée, puis elle a parlé à son tour. Ce premier pas hésitant vers un nouvel avenir a enfin pu se faire. Je l’espère aussi. Nous verrons bien. Voilà, c’est déjà ça. Bien sûr rien n’est complètement réglé et il faudra un temps - si jamais il arrive un jour - pour que l’on revoit les deux sorcières collées l’une contre l’autre à partager une lecture, à plaisanter, à partager des secrets, des idées, et même des banalités. C’est peut-être cela qui lui manque le plus d’ailleurs, la façon que Susan avait de rendre sa vie un peu plus intéressante, un peu plus brillante avec des paroles anodines, avec sa simple présence. Pour l’instant, elle se contentera de ce peut-être, car elle n’est pas en position de quémander quoi que ce soit d’autre, surtout quand elle ne sait pas bien elle-même ce qu’elle recherche ni même pourquoi elle a tant besoin d’un pardon de sa part. (Jamais elle n’a essayé auprès de Justin, et si la relation avec Megan s’est beaucoup détériorée au fil des ans, cela ne l’a jamais touchée autant.) Les larmes pourraient rapidement survenir au vu de tout ce qui s’emmêle dans son esprit, le changement de sujet de Susan est accueilli avec soulagement. Peut-être se connaissent-elles encore un peu malgré tout. Cette pensée est rassurante. “Pas trop bien. Je ne sais pas quelles nouvelles vous parviennent ou … Ces derniers temps n’ont vraiment pas été tendres avec lui. Il a perdu ... beaucoup.” Et c’est un bien beau euphémisme que celui-là quand on sait tout ce qu’il a enduré aussi bien physiquement que psychologiquement parlant. “Mais, je l’ai vu il n’y a pas longtemps et je pense que les choses vont aller en s’améliorant. enfin, autant que faire se peut.” La médicomage laisse passer un temps, avant d’ajouter. “D’ailleurs, je pense qu’une rencontre entre vous pourrait être plus qu’intéressante…” en repensant à leur dernière conversation, Hannah retrouve la bouffée d’affection et le débordement d’énergie qui en découla en apprenant qu’ils pouvaient travailler ensemble, qu’ils avaient un plan, c’est avec son accord que Goldylocks s’adresse à Scarlet maintenant. Elle laisse de côté leur relation pour se diriger vers quelque chose qui les dépasse tous. Quelque chose de plus grand. Ce pour quoi ils se battent.

Susan ne savait pas vraiment pourquoi elle n'était pas encore partie. Elle avait eu ce qu'elle était venue chercher et pouvait s'en aller. Pourtant, elle était restée. Parce que, dans le fond, elle n'était peut-être pas si en colère que ça contre Hannah. Dans le fond, peut-être qu'elle lui a manquée. Dans le fond, peut-être qu'elle se voile la face sur ce qu'elle ressent vraiment. Si seulement Hannah l'avait suivie à l'époque. Tout serait beaucoup plus simple. Elles n'en seraient pas là aujourd'hui. Elle se demande bien, d'ailleurs, ce qu'elles seraient, si Hannah avait rejoint l'Ordre plus tôt. Peut-être qu'elle serait morte. Susan a, au moins, la satisfaction de se dire qu'elle est toujours vivante et en bonne santé physique. C'est mieux que rien, c'est une maigre consolation.
Dans la bataille, elle n'a pas perdu que la blonde, elle a aussi perdu Ernie. Leur groupe de Poudlard est éparpillé. Ceux qui sont restés et ceux qui sont partis. Ceux qui se battent pour l'Ordre et ceux qui attendent que le temps passe. Ceux qui ont cessé d'y croire et ceux qui ont encore de l'espoir. Susan ne sait pas vraiment dans quelle catégorie mettre Ernest. Il a pourtant fait parti de l'Ordre lui aussi, avant de les quitter pour se marier, paraît-il. C'est tout du moins ce qu'elle avait entendu, à l'époque. Cela lui importe peu, en soit. Ce qui la blesse, c'est de savoir qu'il a abandonné, d'une certaine façon. Elle sait, que cela est certainement lié à son père. Elle regrette juste qu'il ait perdu l'espoir à son tour. Poudlard lui manque terriblement. Pas les dernières années évidemment, mais le début, ces moments d'innocence qui leur ont été volés. Elle regrette l'époque où tout ce dont elle avait à s'inquiéter, c'était les devoirs et les garçons. Tout était plus simple, même s'ils ne se rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient. Maintenant, elle tuerait pour le confort du dortoir poufsouffle et le choix des plats du banquet d'Halloween.  

Hannah finit par lui donner les nouvelles demandées. Ernie ne va pas très bien. No shit. Personne ne va bien dans ce monde complètement fucked up. Il a perdu beaucoup hm ? Et les autres alors ? Susan ne le plaindra pas. En tout cas, pas autant qu'elle l'aurait fait avant. ─ J'ai entendu, qu'il s'était marié à une sang-pure. Je suppose, que ne pas aller bien pour lui, pour vous, n'est pas vraiment comparable à ne pas aller bien pour nous. Enfin bref. Il est vivant, ça suffit. C'est ce qu'elle essaye de se dire, tout du moins. L'important, c'est qu'ils soient tous encore en vie, pour peut-être, un jour, se retrouver. ─ Une rencontre ? Es-tu bien certaine de cela ? Tu lui as parlé de nous ? Je ne sais pas si on peut lui faire confiance. Je n'ai pas envie d'aller à sa rencontre et que cela soit un guet-apens. Comment avoir confiance en quelqu'un qui n'était pas de l'Ordre ? Impossible. Elle n'avait déjà pas confiance en Hannah, alors qu'elle les a rejoint, alors Ernie, qui les a abandonnés. Cela lui paraît compliqué. ─ Désolé d'être sur la défensive, mais je dois toujours penser à notre sécurité avant tout.