Anthony sursaute et son crayon part dans le mauvais sens quand on lui tape sur l’épaule. Oh, sorry. s’excuse Kad avec une grimace. Il a plein d’encre sur les doigts, comme d’habitude, et Tony sourit en relevant ses propres mains pour lui montrer que lui aussi, il a des traces de crayon partout. Look, we’re twins. dit-il, pas vexé le moins du monde que le plus jeune lui ait fait faire un trait imprévu. Il pourra effacer ça avec une gomme, et si la gomme moldue ne suffit pas, il y a toujours la magie. Kad fait une petite moue. If we were twins this drawing would be much better. Anthony le regarde, un poil vexé cette fois, mais Kad sourit et il comprend qu’il se fout de sa gueule. Comme d’habitude finalement. Actually, it’s not that bad. Better than a few months ago. fait Kad en se penchant sur le dessin. Keep training and you’ll be able to make a career out of it when this is all over. signe Kad avec un sourire et les yeux de Tony s’illuminent. Il dessine depuis qu’il est adolescent, mais n’a jamais été très bon. Pas autant qu’il aurait aimé l’être, en tous cas. S’il avait continué à travailler après Poudlard, peut-être qu’il aurait pu en faire quelque chose… Mais le monde en a décidé autrement. Il a repris ses crayons moldus au début de l’année 2007, après avoir trouvé une réserve d’art supplies lors d’une mission de ravitaillement. Ses premiers essais étaient catastrophiques, mais ce qu’il dessine commence à ressembler à quelque chose. That’s what I wanted to do when I was a little kid. dit-il, en désignant du menton la pile de comics un peu plus loin sur la table. It’s never too late I guess. Il lâche un petit rire après avoir fini de signer. Il dit ça, mais il sait très bien que même si la guerre venait à se terminer et qu’un gouvernement digne de confiance se mettait en place, il ne ferait rien d’autre que reprendre la place d’auror qu’il aurait dû occuper depuis dix ans.
Kad retourne dans son coin, une fois qu’il a récupéré un café, et Tony s’étire. Par l’entrée de la tente - entrouverte sur l’extérieur - il remarque que la soirée est en train de tomber, doucement mais sûrement. Il a passé l’après-midi sur la table à tenter de reproduire au crayon des photos de son adolescence. Une activité qui, par miracle, a réussi à le distraire suffisamment pour qu’il ne soit pas à se ronger les ongles toute la journée en pensant à la moitié du groupe qui est dehors, en train de faire un raid pour récupérer des vivres pour les prochaines semaines. Ils font régulièrement des petits appoints, mais parfois, il faut bien sortir suffisamment nombreux pour faire des emplettes un peu plus conséquentes. Il avait prévu d’y aller, mais Norah avait besoin de sortir, alors elle lui a demandé de lui céder sa place. Il la soupçonne d’avoir voulu le garder au camp, mais il a un peu de mal à savoir pourquoi.
Dagobah semble bien vide, depuis le début de la journée. Hugo est allongé dans l’herbe à lire depuis ce midi, Logan est resté cloîtré dans sa chambre (sans surprise), Sam a passé la journée dans la pièce-infirmerie qu’ils ont commencé à arranger… Kad est… Kad, perdu dans ses fils et ses parchemins, ce qui ne change pas de d’habitude. Le seul qui devrait être là et que Tony n’a pas vu, c’est Noam.
Il faudrait peut-être qu’il aille s’assurer qu’il est vivant.
Son dernier dessin entre les mains, il quitte sa tente et commence à faire le tour du camp pour trouver l’ancien Poufsouffle. Il commence à se dire qu’il a disparu de la surface de la terre quand il le voit sortir des douches, les cheveux encore mouillés. ”Where were you all afternoon? I was starting to think you had been kidnapped.” dit-il avant de lui mettre son dessin devant les yeux. "What do you think? Do you recognize who it is?" demande-t-il, plein d’espoir, en regardant lui aussi son dessin. Ce n’est pas parfait, mais quand même… Les deux silhouettes du dessin sont reconnaissable, non?

Noam n’avait pas vraiment disparu de la surface de la terre. "Was working out in the woods. I stopped by the loch a few miles away and lost track of time, I guess." Anthony accepte l’explication avec un signe de tête. En temps normal, il aurait sermonné Noam comme il le fait d’habitude : éloignez vous uniquement si vous êtes deux minimum, n’allez pas trop loin, n’oubliez pas vos baguettes, utilisez des sortilèges pour transformer légèrement votre apparence… Mais pas aujourd’hui. Tony est suffisamment inquiet pour ceux qui sont dehors pour se prendre la tête avec les quelques âmes qui vivent qui l’entourent aujourd’hui. Il est sûr que Noam n’a pas pris toutes les précautions nécessaires (aucun ne le fait, pas même Norah qui est pourtant une ancienne auror et une femme responsable!!), mais il laisse couler et attire l’attention du jeune homme sur son dessin.
"Wow-ho-ho, that’s awkward, mate. You’re really asking ?" Noam plisse les yeux. Ce n’est pas bon signe… Anthony commence à afficher une petite moue. "Is that… Me and your mom ? I would have drawn bigger boobs, but it’s quite accurate." Tony esquisse un sourire mi-amusé mi-exaspéré en reprenant son dessin, et lève les yeux au ciel devant la bêtise de l’ancien Poufsouffle. Il ne s’arrête donc jamais ? Il plie le dessin et l’enfonce dans la poche arrière de son jean. Il n’est même pas vraiment agacé, honnêtement. Les blagues nulles de Noam sont presque appréciées (mais il ne lui dira jamais) à un moment où Tony, au fond, est aussi tendu à cause de l’absence de leurs amis. "Nah, joking. It looks quite nice acutally, I can’t draw shit myself, so kudos to you." ”Thank you. I still need practice though.” admet-il tandis que Noam amène une cigarette à ses lèvres. Anthony est partagé entre l’envie de lui dire qu’il devrait arrêter de fumer (chose qu’il ne fait plus, à force de passer pour un rabat-joie) et l’envie de lui voler une cigarette (il fume toujours en cachette) (sohan n’aimerait pas ça) (et il ne peut décemment pas décevoir sohan).

"Oh damn it, not again. Have you seen my wand ?" Les épaules de Tony s’affaissent. ”Are you kidding me?” Il soupire en voyant Noam regarder dans ses poches et dans le salon qui leur fait face. Il s’éloigne pour commencer à déplacer des coussins et regarder sous les tables. ”I’m starting to believe this thing has its own consciousness and is trying to run away from you.” s’exaspère-t-il. ”At some point we’re just going to have to tape it to you arm.” Ce n’est qu’à moitié une blague. Ils ont essayé plusieurs techniques pourtant : faire des poches spéciales aux vestes de Noam, peindre temporairement le manche pour qu’elle soit plus visible… Après toutes ces années, franchement, Tony ne sait pas ce qu’ils peuvent faire de plus que ce qu’ils ont déjà tenté. Il finit par sortir sa propre baguette et par user d’un Accio pour la retrouver. La baguette atterrit entre ses mains, et il la rend à son propriétaire. ”At least it came from the camp. You didn’t lose it outside.” dit-il en soupirant, encore.

”Oh, by the way.” fait il, alors qu’il commençait à tourner les talons pour retourner du côté de l’atelier de Kad. ”Do you know how to cast a Patronus charm?” Il se doute que non, étant donné la difficulté que Noam a avec les baguettes, mais il pourrait être surpris. Après tout, beaucoup de jeunes de sa promo ont appris à en créer, alors pourquoi pas ? En tous cas, ils n’ont jamais eu à en créer ensemble, et il ne l’a jamais vu faire. ”I heard a lot of dementors are wandering around since they all left the empty prison of Azkaban.” explique-t-il pour justifier sa question. ”They’ve been attacking villages.” Il n’en a pas tellement entendu parler dans les journaux - comme si le gouvernement essayait d’étouffer l’information. Ce sont ses sources, ses amis hors des Avengers qui lui en ont parlé. Il paraît qu’ils ont même attaqué une grosse fête avec des gens importants, du côté de Londres. ”Who knows how far they’ll go…” Il y pense, à chaque fois que l’un va dehors… Il repense à Noam qui est allé courir un peu plus tôt. Et s’il avait été seul face à un détraqueur ? L’idée le terrifie.

"If I know how to cast a Patronus?" Anthony espère que la question n’a pas vexé Noam. Le pire, c’est qu’il pose vraiment la question : il n’exclut pas du tout le fait qu’il ait appris, et réussisse à le faire. Il a confiance en lui et en ses capacités, probablement bien plus que Noam lui-même. Anthony est persuadé qu’il est capable de faire plein de choses, mais que beaucoup trop de gens ont abandonné trop tôt ou par facilité, avec lui. Depuis qu’ils se connaissent, Anthony a vu le plus jeune faire des progrès, et il sait qu’il est capable de plus, avec les bons outils, de la bienveillance, et de la patience. "I was part of Dumbledore’s Army, dude. That was kind of our thing, you know. They even called me Patro-boss back in the days, casting silver lions and shit." Tony penche la tête sur le côté et esquisse un sourire en coin. La répartie de Noam l’a toujours amusé, mais aussi impressionné : il aimerait avoir autant de culot et d’auto-dérision, parfois. Il sait qu’il peut être un peu trop… sérieux, Anthony, parfois. Il a l’impression de s’être un peu déridé au fil des années qu’il a passé auprès des Avengers… Mais il lui reste parfois ce côté trop terre-à-terre qui peut être un peu énervant pour les autres.

Il sait très bien que l’auto-dérision, Noam l’utilise aussi comme mécanisme de défense. Il n’aime pas beaucoup ça, Tony. Mais c’est comme ça qu’il fonctionne, alors il le laisse faire… Tant que ça ne va pas trop loin. "Bloody hell, Tony. Of course I don’t, what’s with that question?" Tony prend place sur la chaise à côté de Noam. Il ne peut pas le laisser seul après l’avoir mis face de manière aussi évidente à quelque chose qu’il ne pouvait pas faire. "I mean, I can manage to cast some sort of mist, that’s more than enough, right?" Anthony acquiesce. ”It’s already pretty good!” le rassure-t-il. ”And that would indeed be enough, if you’re facing a dementor.” Il hausse les épaules. ”If it’s a pack, however…” dit-il doucement, sachant très bien que ce n’est clairement pas ce que Noam souhaite entendre. Mais il ne veut pas lui mentir non plus - ce serait le mettre en danger.

Il se colle au dossier de sa chaise et fronce les sourcils pour regarder l’horizon. ”Have you ever faced one? A dementor?” demande-t-il alors, par curiosité. Le souvenir des silhouettes encapuchonnées, cependant, lui crée une boule dans la gorge. Il ne les craignait pas, quand il était plus jeune : il a toujours su créer des Patronus suffisamment puissants pour s’en débarrasser rapidement. Et puis un jour, on lui a retiré sa baguette, on lui a retiré toute option de défense, et il a compris la dangerosité de ces créatures. Il n’oubliera jamais leur râle, le froid, le désespoir, et les images qui lui passaient derrière les paupières quand ils l’entouraient. Il ferme son poing droit ganté, et le rouvre.

Durant toutes leurs années de cohabitation, Anthony n’a pas le souvenir d’avoir affronté des détraqueurs avec Noam. Avec qui que ce soit, d’ailleurs. Il y en avait lors de l’attaque de Wolverhampton - il s’en souvient bien - mais Noam devait, et heureusement, être avec ses camarades capables de lancer le sortilège. ”The first time I saw one was in the Hogwarts Express, I think. It was your third year, right? I can’t believe we spent an entire year with them just flying around.” Il lève les yeux au ciel. Il se souvient du fait qu’ils étaient toujours dans leur champ de vision, quand ils regardaient par les fenêtres des tours. Il se souvient de leur présence lointaine lors des matchs de Quidditch. Cette année-là était vraiment… étrange. Même s’il sait que Noam et les autres ont vécu des années bien plus étranges par la suite, c’était déjà un traumatisme certain - il s’en doute - pour des gamins de treize ans. ”So, have you ever really faced one?” Il entend par là une attaque, une confrontation au minimum.

I know right? That’s fucked up man. But what wasn’t at Hogwarts really?” Tony penche la tête sur le côté et pince les lèvres. You have a point. Ils en ont vu des choses au sein de l’école de magie, pendant leurs années d’études. Et encore une fois, Tony s’estime heureux, par rapport à la promo de Noam qui a enchaîné les horreurs. Franchement, même s’il a de bons souvenirs de ses années à l’école, ils sont souvent entachés par toutes les saloperies qui sont tombées sur leur chemin, que ce soit en cours ou, encore pire, en dehors des cours.

”Not really, no. I mean, apart from the ones flying around that year, never met one up-close, no.” déclare Noam après avoir écrasé le mégot de sa cigarette. L’odeur chatouille les narines de Tony. Il se sortirait bien une clope, lui aussi, mais il a juré de garder son vice secret - juste pour l’image. Il en fumera une plus tard, quand il sera tranquille, hors du camp, et que personne ne l’aura suivi. ”And let’s face it, I would shit myself big time,” Tony sourit. En même temps, qui peut bien le blâmer ? Les détraqueurs sont terrifiants. Comme si leur apparence n’était pas déjà assez flippante, ce qu’ils font aux humains est tout aussi angoissant. Ce n’est pas par hasard que les épouvantards de nombre de sorciers prennent leur apparence. ”Is it true they, like, suck the joy out of you or something? How is that even possible? Anyway, I think I’m safe. Got my dick sucked plenty of time and I still got happy juice.” Tony passe une main sur son visage. Ah, Noam et sa poésie légendaire. Il jette un regard amusé au plus jeune, qui est bien conscient de l’effet de ses paroles sur Tony qui a rarement un mot vulgaire dans la bouche et est très secret sur sa vie personnelle. Il est presque reconnaissant envers Noam pour la façon dont il a présenté les choses - ça permet à Tony de ne pas se concentrer sur le fait que la question qu’il vient de poser le ramène à de sombres souvenirs. Il répond donc avec moins de nuages dans les yeux que si Noam n’avait pas ponctué sa phrase de cette remarque bien à lui. ”It’s true.” répond-t-il en passant sa main gantée sur son jean. ”I don’t know how they do it. They just know what to target, I guess. I never really tried to know about them - just how to run from them because they scare the hell out of me too, let’s be honest. admet-il avec un sourire. Il sait les combattre et pourtant il n’a pas pu les repousser quand ils se sont attaqués à lui et qu’il n’avait pas sa baguette. I was sure they wouldn’t get to me, but they did. I guess nobody’s really safe. Il hausse les épaules. Il se rend bien compte qu’il n’est pas le plus rassurant du monde, mais il n’est pas non plus du genre à cacher la vérité pour préserver les autres. Il préfère que Noam soit lucide sur ce qu’il attendrait afin qu’il puisse se sauver avant qu’il soit trop tard.

You want to try? demande-t-il finalement, quasi sûr que Noam va lui dire qu’il n’est pas dans le mood. Et puis il l'a sûrement vu venir à mille kilomètres. To cast a patronus charm? Il hausse les sourcils, questionne Noam du regard. Just you and me, I can give you tips. Il lui sourit. If you don’t succeed that’s ok. Just… try? Who knows. Il a un regard plein d’espoir. Il ne veut pas le forcer mais, ils ont accompli quelques prouesses, ensemble, dans le passé. Même si ça n’a pas forcément tenu sur le long terme, ça permet à Noam de reprendre confiance, même pour quelques heures - parfois, bien sûr, ça va dans l’autre sens… Mais il faut bien quelques échecs au milieu des réussites.

Anthony sourit, joue les innocents, mais bien sûr que Noam a vu clair dans son jeu depuis le début. Le bon côté, c'est qu'il n'a pas fui dès la seconde où ils ont commencé à parler des détraqueurs et qu'Anthony s'est engagé sur cette pente. Ça veut bien dire qu'il n'était pas totalement frileux à l'idée de le tenter, pas vrai ? Noam sait très bien prendre ses jambes à son cou quand il ne veut pas de quelque chose — ou en tous cas c'est l'image qu'Anthony a de lui, alors il est plutôt optimiste que le brun soit resté tout ce temps alors qu'il avait vu clair dans les intentions de son aîné. C'est pourtant un sourire un peu gêné qu'il finit par lui offrir une fois la proposition claire mise sur la table. "Oh, I know." dit-il finalement, le regard de nouveau tourné devant eux. "You know man, I tried like a bunch of times. It’s not like I don’t want to, it’s just- it doesn’t work you know?" Anthony se demande pourquoi Noam fait l'effort de lui préciser. Il s'en doutait bien, que c'était plutôt une raison comme celle-ci qui faisait qu'il n'en produisait pas. Après tout, ils sont en fuite dans la nature depuis près de 10 ans, alors même s'il n'a jamais fait face à des détraqueurs, Tony se doute bien qu'il connaît le processus et le sortilège — et c'est justement parce qu'il sait quel est le « problème » qu'il lui propose de l'aider. Il le connaît, Noam, et il se sent donc capable de l'accompagner là-dedans, que l'issue soit positive ou négative. Au pire, Noam ne parviendra pas à produire de patronus, ça l'énervera, mais ils auront essayé. Au mieux, il réussira à faire quelque chose, et il aura un petit ego boost qui ne sera que positif pour la suite. Anthony se doit bien d'essayer.

"Eh, that’s just how it is. And I don’t give a shit, really, I’m good at plenty other stuff. Like Quidditch." Anthony se retient de lever les yeux au ciel. Évidemment, que Noam est bon à d'autres choses — ils le savent tous ici. Mais ce n'est pas pour autant qu'il doit s'empêcher d'essayer ou de persévérer ailleurs. Ah, il faut vraiment leur apprendre la vie, à ces gamins. Il se demande où Noam a appris ainsi qu'il devait se cantonner à ce à quoi il était bon. Tony ne remercie pas les gens qui l'ont mis sur cette voie-là. "Nah, man, don’t waste your time with a hopeless case. I swear, that’d be so fucking ridiculous, you wouldn’t believe it. Take awkwardness, yeah? Like the whole concept. Yeah, well, that’s way above that. Waaaay above." Tony penche la tête sur le côté, légèrement exaspéré en fixant Noam, qui finit par lui poser une main amicale sur l'épaule. "You’d better practice your patrostuff to cover my useless though perfect ass." Il lève les yeux au ciel. Noam, please stop. Il secoue la tête. You're not useless. C'est étrange, parce que s'ils avaient eu le même âge et s'étaient rencontrés à Poudlard, Noam et Tony n'auraient probablement jamais été amis : ils sont trop différents, ils n'ont pas énormément de choses en commun. Et pourtant, le destin les a réunis là et les a forcés à essayer de se comprendre — et maintenant, Tony n'imagine pas sa vie sans Noam. And you're not a hopeless case. Il hausse les épaules. I hate when you say that. This is really not how I see you. Il se lève et fait signe à Noam d'en faire de même. Come on, give me a chance, will you? Il dégaine un sourire en coin. I give you the right to punch me in the face if you're annoyed and nothing works. propose-t-il.

"Noam, please stop. You're not useless." Doubts. Facile à dire, d’un point de vue d’ancien apprenti Auror surentraîné qui n’a jamais eu à se comparer au talent de ceux qui l’entourent, ne se retrouvant pas à être aveuglé par la lumière des autres ternissant la sienne. De fait, Noam a toujours été bon dernier pour à peu près tout ce à quoi il s’est essayé, et jamais son entourage n’a raté une occasion de souligner son incompétence naturelle. Certes, il se débrouille pour prouver son utilité comme il peut au quotidien, pour ne pas se faire engloutir par celle bien plus notable de ses compagnons - cela ne change rien à son irrépressible impression d’être le maillon faible du groupe. "And you're not a hopeless case." Noam en connaît plus d’un qui y trouveraient à redire - à commencer par Alden, qui lui a répété cette phrase toute sa jeunesse, cristallisant l’idée maintenant indélogeable dans son esprit. Ses professeurs à Hogwarts, ses anciens camarades, une bonne partie de la résistance qui a pu avoir affaire ; si Tony est si confiant, c’est assurément parce qu’il ne le connait que depuis quelques années. "I hate when you say that. This is really not how I see you. − You tryna make me cry or what?", répond Noam avec une expiration amusée peu discrète, suivant des yeux Anthony lorsqu’il se lève de sa chaise - comme d’habitude, Harris répond par l’humour pour ne pas avouer que la remarque du résistant le touche plus qu’il ne voudrait le reconnaître. Il se trahit pourtant en laissant un sourire certain naître au coin de ses lèvres, bêtement et aussitôt touché par ce semblant de reconnaissance et d’affection.

"Come on, give me a chance, will you?" Une seconde seulement, Noam considère le signe de la main que Tony lui adresse, avant de relever les sourcils dans une expression crispée : "Fuck, we’re really doing this?" Tout compte fait, ça l’aurait bien arrangé de se perdre pour de bon dans les bois cette fois, peut-être une heure ou deux de plus, pour éviter de se retrouver dans cette situation qui le gêne déjà profondément. "I give you the right to punch me in the face if you're annoyed and nothing works. − Ooh, you’re so gonna regret saying that man", s’esclaffe-t-il en secouant la tête, un faible sourire sur les lèvres - évidemment, jamais il n’irait abattre son poing sur le visage d’Anthony, mais l’image est assez drôle pour qu’il roll with it. Après un long soupir, audible, nettement exagéré, Noam se lève à son tour en s’appuyant sur ses genoux, comme si l’effort que cela lui demande était insurmontable.

Il n’a, de toute façon, rien de mieux à foutre pour l’instant, et l’absence de la majorité de ses compagnons lui ôte une partie du malaise toujours fermement ancré dans son crâne. Baguette à la main, il suit Tony un peu plus loin, juste avant la lisière de la forêt entourant le camp, se grattant l’arrière du crâne alors qu’il poursuit pour chasser son inconfort - laisser sa langue parler sans l’accord de son esprit, un baume efficace depuis toujours. "Ok so what’s the deal? Does it still work with the happy thoughts stuff? Cause what I had back in the days was : clear your mind, think of a cool memory, then cast the shit out." Lorsqu’ils finissent par s’arrêter, que le leader par défaut des Avengers se tourne vers lui, Noam marque une brève pause, soudainement terriblement conscient de la suite des événements à venir ; alors il reprend, un maigre espoir qu’il arrivera à distraire, ou agacer suffisamment Tony pour qu’il le renvoie dans vaquer à son ennui mortel. "It makes me think about that one time, this kid was casting a horse, a fucking horse dude, right next to me. He was like, I don’t know, maybe fifteen at the time. And I just could not do it, I was getting all pissed and this fucking Granger - you know Granger right? Bitch from the Order, with this annoying squeaky voice and… Yeah, I fucked her. Oh, I never told you this one? Ok hold on tight, I love this story. So I- What?", s’interrompt-il avec un sourire gêné, parfaitement conscient de la raison pour laquelle il reçoit un regard excédé et une mine défaite. Bordel, pourquoi s’est-il lui-même arrêté dans son récit ? Il était à ça de l’avoir avec son flot incessant.

C’est certainement la première fois que Noam a autant l’impression d’avoir de nouveau quinze ans ; il s’en rend compte à travers son schéma de pensées, plus puéril et nerveux qu’habituellement, le même qu’il appliquait à Hogwarts, ou même à l’Ordre, celui qu’il a mis de côté en trouvant un ersatz de famille auprès des Avengers. Alors il lève les yeux au ciel, un sourire en coin avant de s’avouer vaincu. "Yeah alright. Share your precious knowledge with me, Rogers, I’m all ears."