« I prefer my lungs black, mom. » c’est ce que tu lui as dit avant de claquer la porte de cette maison dans laquelle tu ne te sentais pas chez toi. « YOU’RE ONLY SEVENTEEN ! » entends-tu hurler derrière la porte close. Cette odeur de tabac sur tes vêtements l’avait rendue plus dingue que jamais. Ton père, lui, tu l’avais senti passer aussi, surtout sur tes côtes et sur ton bras, c’est pour cette raison que tu as choisi le moment où il ne serait pas là pour te tirer de ce puits sans fond.
Alors tu as pris tes dernières affaires à emporter pour emménager chez Sam, le temps que ça se calme disais-tu à ton ami. Deux jours à virer tout ce qu’il y avait à virer, le minimum vital pour toi, à savoir tes effets wiccan et toute une garde robe que tes sœurs auraient de toute façon fui au lieu de vouloir les enfiler. À l’inverse de tes goûts gothico-romantiques, elles étaient plutôt portées sur les gloss à paillettes - que tu aimes aussi, mais en rouge, ou mieux, en noir.

Tu as l’air détaché de tout ça alors que tu déboules chez Sam, un sourire fin sur le visage. Ses parents sont droits mais pas méchants, alors ils ont accepté, ça fait une semaine que c’est réglé. Tu mettras juste un peu plus de parfum à l’amande douce en arrivant chez eux, c’est tout. Tu ne sais pas trop ce qui leur a raconté mais ils te regardent avec une peine non dissimulée. « Have a good day to school boys, » « Thanks mom bye, » « Thanks Ms Shah. » dis-tu d’un ton mielleux en ramenant à toi ton sac cliquetant de chaînes et de gri-gri étranges. Une fois passés le seuil de leur porte, tu glisses d’un ton tout autre à Samuel, plus familier. « So? Ready to partyyyy? » minaudes-tu en ondulant tes longs doigts manucurés devant ses yeux. « God, I forgot, it’s tonight… » « Yea it’s tonight and I hope you’ll be preparing yourself like a prince. » il inspire, bombe un peu le torse malgré lui, pas très sûr de son effet. « Don’t worry, I’ll check your hair before we go. » tu jettes un coup d’œil vers le bas de sa silhouette. « And your shoes. » « I don’t want to look like a warlock apprentice this time, Yaxley, » « You’ll be fabulous, trust me. »

☾ ☾ ☾

« But… how can you even dance with those… those… » « New Rock Reactor, limited edition. I sold my soul to have ‘em. And if I dance, I’ll take ‘em off. » et tu te garderais bien de lui mentionner qu’il s’agit d’un modèle femme. « What ??? YOU ? You’ll… » « Duh. You never danced barefoot or what ? » « No no no but… where is Yaxley ? Where is that precious being, unable to bear a piece of dust on his divine skin ? » tu soupires en te passant quelques doigts dans ta toison capillaire. « *sigh*… You never saw me dancing naked in the woods for Walpurgis Night. » « Walpur- what ? You did what ??? » « Oh— hi Herrera, hi Harris, » fais-tu aux concernés qui vous passent sous le nez. « You creepy weird princess shit of- oh Lord jeez, » souffle tout bas Sam au même moment. Il vous reste encore deux heures de cours avant d’être libres comme des zèbres en cavale. Et ta cohorte de dieux et déesses vénérés savent à quel point ça allait être la jungle. L’anniversaire surprise de Sohan se devait être parfait à tous les étages et tu soupçonnais presque que Tony n’ait pas dormi depuis deux jours. Les cartons de fournitures devaient déjà être prêtes, cachées on ne sait trop où avant de déballer le pot aux roses. Enfin, voir toutes ces têtes de demeurés allait guérir ton âme, tu le sais, même si tu ne l’assumes pas. « I can’t believe you did that kind of thing. I hope you’ll not be doing this at home. In my home. No witchcraft in my room ok? Please. It’s scary. » « It’s not scary, it’s art. Ask Herrera. Or the girl right there, I forgot her name but… » « What’s going on with Herrera? » « Oh… » tu te rappelles que tu devais garder le secret. « Oh, did I just say Herrera? No. I was saying Che Guevara. » le garçon à tes côtés te toise. « Mistake. Ok? I wasn’t talking ‘bout the golden cherry boy who- »

« Sunglasses. » fait un pion en te croisant, vous vous arrêtez nets et tu les ôtes lentement mais sûrement, les plaçant sur le sommet de ton crâne aux boucles vénitiennes. Il n’y a que toi pour porter des lunettes de soleil à l’intérieur. Alors que tu viens de reporter ton attention sur Sam pour repartir, la sonnerie se met à résonner. « Yaxley, I’ll not repeat myself, » « Will you be in my detention room if I can’t? » miaules-tu presque, te mordillant un peu la lèvre. Tu sens le coup de coude de Sam dans tes côtes. « Uh—Ok, ok, » soupires-tu en faisant toujours les yeux doux au surveillant, retire méticuleusement l’objet de tes cheveux et le range comme la prunelle de tes yeux dans la poche extérieure de ton sac en tissu.

Vous vous remettez à marcher un peu plus vite, Sam te susurres un peu trop fort, « Goooosh, what was going through your mind Logan? We have a birthday party tonight, remember? » qu’il te rappelle, à juste titre. Ce n’était pas vraiment le moment de jouer aux insolents, surtout s’il fallait que tu finisses en colle ce soir-là. Tu acquiesces, peu fier d’avoir perdu un point en crédibilité ; tu aurais souffert de ne pas avoir pu être avec eux ce soir.

« Logan? » « Yes? » vous arrivez dans votre couloir et ton ami te tire le bras pour te faire descendre d’un étage, te murmure. « You gay? » « Oh-sweet-Lilith-mother-of— No. No, Sam. I’m a survivalist, » rétorques-tu, comme si on t’avait planté un couteau dans le pied. Gay ? Toi ? Manquerait plus que ça. Cela dit, plus que l’épine dans le pied qu’il te met, tu plisses tes yeux clairs et lui inspecte le visage. « Why? You are? » après toutes ces années, tu espères au moins qu’il t’ait révélé cette information capitale. Mais il est trop tard et vous vous engouffrez dans la salle, cul et chemise, vous vous placez tout au fond de la classe, juste derrière Eliott et Amaya, que tu salues d’un clin d’œil.

☾ ☾ ☾

20 juin, soit un mois avant. Y en a qui disent que ça porte malheur de faire des conneries pareilles, de fêter un anniversaire aussi tôt. Mais vos agendas respectifs et ceux de vos parents - et les vacances à perpète les oies d’Herrera, qui vous laissent sans rayon de soleil pendant des semaines - ont parfois plus de poids que vos petits caprices d’adolescents.

Toi tu penses que c’est le meilleur moyen d’inviter la magie dans vos vies. Alors cette année-là, vous avez tout préparé pour surprendre Moon. Tu avais insisté pour que vous le fassiez dans les mêmes locaux désaffectés dans lequel tu les avais rencontrés, dans les mêmes où vous aviez pratiqué une séance de spiritisme après avoir un peu trop bu. Autant dire que vous vous étiez fait une frayeur aussi irrationnelle que mémorable. Mais le poids du groupe avait primé avant tes fantasmes horrifiques et c’est Tony qui avait choisi le local. Idéal à souhait… inédit… le gymnase du lycée lui-même… à vous tout seuls… de nuit.

☾ ☾ ☾

« You beautiful beast. » flattes-tu Samuel lorsqu’il se découvre avec un habit qui ressemble un peu trop à celui d’un croquemort, la cravate rouge tranchant avec le noir de sa chemise. Classe, parce que ça met en valeur ses formes avec cette coupe old school, mais vraiment, ça lui donnait un air lugubre. Tout ce que tu pouvais apprécier en somme. « I’m not a beast… Wait… why do you have… fangs? » tu passes ta langue sous tes extensions de canine en faux crocs de vampire. Elles brillent sous les loupiotes installées çà et là, en guirlandes, et même en lampes tempête. « Better for eating alive some indian meat. » glisses-tu, taquin, sans relever la portée que pouvait avoir tes mots. Ton téléphone se met à vibrer et tu lis le SMS d’Ethan, qui viens d’arriver. Juste après, Tony signale qu’il est bien avec Moon et qu’ils vont arriver d’ici un quart d’heure maximum. Tu te redresses sur tes échasses d’encre, passes une main sur ta tunique souple - pour ne pas dire robe - et te faufiles vers l’une des portes ouvertes du gymnase, celle de secours, donnant sur le terrain d’athlé. « Where ya going? » « Smoke. » les autres ne devraient pas tarder à arriver non plus, maintenant. Norah fait justement son entrée alors que tu as le dos tourné.

Lorsque tu aperçois l’animal dehors, tu lui demandes aussitôt s’il a du feu sur lui. Tu t’approches un peu pour récupérer la flamme de son briquet, ta clope coincée entre tes lèvres. Tu tires dessus et lui murmure, après avoir expiré ton air toxique en l’air. « Where’s Harris? » plus par précaution qu’autre chose. Tu coinces ta main gauche sous ton coude droit, la clope fumante entre index et majeur. « Ok, nevermind. You did the thing ? » c’est sa chance ou jamais, après tout. Tu espères qu’il a vraiment fait tout ce que tu lui as dit, au mot près, au poil de cheveu près. Les sorts d’envoûtement ne plaisantent pas.

”What time d'you want to go tomorrow? I can come to your place after I get changed.” Merde. La nuque d'Ethan se raidit légèrement à la question ; feignant la concentration, il termina de boucler sa ceinture, yeux baissés sur son jean. ”Errr... Actually I have a few things to do before I go, we should just meet at the party.” Il y eut un bref silence, où Ethan prit un soin tout particulier à se tenir occupé ; croiser immédiatement le regard de Noam aurait grillé son excuse aussi soudaine qu'évasive. Il préférait encore prendre le risque de l'évitement volontaire, en contournant le lit pour aller récupérer son T-shirt sans lui adresser un regard, car si son comportement restait suspect, il ne lui offrait, au moins, pas une vue plongeante sur ses cachotteries, clairement lisibles dans ses yeux clairs. Noam le connaissait par cœur – un symptôme de leur amitié de longue date qui tournait, depuis quelques temps, à un gênant handicap. Depuis quelques temps, Noam le connaissait trop bien. ”What kind of things?” Dans le réconfort de ne lui mentir qu'à moitié, Ethan trouva le courage de relever les yeux – et regretta presque aussitôt la manoeuvre. Dur de parler droit lorsque Noam le fixait d'un air composé, allongé sur les draps défaits, encore nu et la peau humide. Sentant ses joues chauffer, Ethan préféra plonger sa tête dans son T-shirt, qu'il avait remis à l'endroit juste à temps. ”Dad asked me to help with the shop, and I still have a few adjustements to make for the party.” ”You're being blood mysterious today. Adjustements like what?” ”Things. Tony asked me to get a fucking trillion things for tomorrow.” ”It's cuz you're a fucking rich bitch. Plus, you asked for it, remember?" répondit-il avec un rire, qui tira un sourire soulagé à Ethan. Noam ne se proposait miraculeusement pas de l'accompagner pour s'occuper de ces tâches ingrates, lâchées sur lui par le tyrannique Tony – en réalité de simples demandes, qu'Ethan avait acceptées volontiers. S'ils se disputaient encore parfois comme des chiffonniers, Sohan et lui étaient désormais liés par une amitié solide, le genre qui vous poussait à supporter les directives d'un organisateur tatillon et investi dans une bête fête d'anniversaire. De quoi en faire rougir d'envie les participants de Sweet Sixteen. ”You know you can just say it, if you want to go separately. Merde, jura de nouveau mentalement Ethan, qui, cette fois, se passa une main dans les cheveux, avant d'avoir un rire gêné. ”Don't be stupid. We're best friends, aren't we?" C'était, pour eux, totalement normal d'arriver ensemble à une fête, comme il était normal qu'ils se retrouvent après les cours, ou qu'ils se raccompagnent jusque chez l'autre après les entraînements d'aviron – c'était ce qu'ils étaient, deux meilleurs amis comme les autres, qui restaient parfois dormir chez l'un après une soirée trop arrosée, s'embrassaient de temps en temps (souvent sobres, mais toujours hors des regards), et couchaient ensemble, de plus en plus souvent ces dernières semaines. Un simple prolongement de leur vieille amitié, se disait Ethan, et rien d'autre ; de toute façon, il n'était pas gay, lui. Le bisexuel, c'était Noam – on pouvait bien passer à Ethan de se laisser aller avec celui qu'il connaissait le mieux au monde. Il ne regardait aucun autre homme, de toute façon. ”Now please get dressed so that we can have a smoke before your mum comes home.” Il lui lança gauchement son caleçon, avant de réitérer avec son jean, en un lancer plus propre cette fois ; ils balayèrent le malaise d'autres rires, et tout reprit naturellement son cours.


La voix de Yaxley lui fit relever la tête de son portable, dont il dissimula prestement l'écran en le cachant contre sa cuisse. Ethan se redressa, et rangea cette fois son téléphone à l'arrière de son pantalon. ”Nice look”, lâcha-t-il avec un sourire et un coup d'oeil approbateur à la tenue de Logan, à travers la fumée de leurs cigarettes – lui s'était contenté de passer une de ses chemises colorées, hors de prix, rentrée juste ce qu'il fallait dans son pantalon taillé sur-mesure par son père. ”Where's Harris?” Comme s'il ne traînait pas sur le compte Instagram de ce dernier depuis de longues minutes, Ethan haussa les épaules d'un air outrageusement nonchalant, contrastant avec sa légère nervosité. ”Dunno. Why are you asking me?” Comme s'il devait, en plus, être au courant d'absolument tous les déplacements de son meilleur ami – ce qui était, souvent, généralement le cas, et Ethan se retenait volontairement d'interroger Noam sur les quelques zones d'ombre de son emploi du temps. Logan n'eut pas l'air impressionné. ”Ok, nevermind. You did the thing?” Ah. Ethan rougit légèrement, devant le malaise léger qui s'emparait de lui. ”Uh. Yeah, but uh... It's not...” Ethan n'avait aucune idée de ce qu'il voulait lui dire, si ce n'était qu'il était foutrement embarrassé d'avoir eu à exécuter des commandes ridicules – faire un trou dans le jardin trois jours avant la pleine lune, entre autres tours de passe-passe, passait encore, c'était le reste qui avait fait suer, hésiter, et paniquer Ethan. Jamais ne s'était-il senti plus stupide que quand il s'était trouvé avec sa photo entre les mains ; il avait longuement tergiversé, hésitant en se rongeant les ongles, puis abdiqué d'un soupir en tournant la photo, avant de la retourner pour le regarder de nouveau, puis la tournant encore, prenant son stylo pour écrire, avant de stopper au dernier moment, en se rendant compte qu'il ne savait plus ce qu'il voulait y écrire.

Quand il avait demandé de l'aide à Logan à demi-mots, un mois plus tôt, Ethan avait eu la ferme intention de mettre une barrière entre Noam et lui – une barrière « anti-gay », comme il plaisantait parfois quand Noam insistait gentiment pour qu'ils s'affichent en public. Ethan avait la trouille, lorsque la conversation dérapait brusquement dans ce sens. ”I need to uh, step some game down”, avait-il d'abord demandé à Logan, sorcière attitrée du lycée miraculeusement échouée dans leur petit groupe d'amis hétéroclite. ”Hm, do you also have a... Thing (son esprit rationnel ne pouvait pas se résoudre à dire spell) for, you know, making people fall in love or some shit? Just curious.” Logan avait haussé un sourcil, et Ethan avait maladroitement balayé les indices sous le regard perçant du blond – heureusement pour lui, ce dernier s'était montré coopératif sans être particulièrement intrusif, et Ethan avait écouté avec toute l'attention du monde.

Après quelques secondes de recherches, Ethan retira une petite enveloppe de sa poche, la tendant à Logan en détournant le regard. ”Fuck, I felt really stupid doing all that shit.” Il se sentait tout aussi stupide maintenant, à s'exposer sous le regard de Logan (et de l'univers), et sentait ses mains devenir moites sous l'angoisse. Il allait lire ce qu'il avait écrit, sur le papier accompagnant la photo ; il allait voir, et comprendre, et Ethan allait mourir de honte avant même la fin du rituel. Quelle putain de mauvaise idée. ”Don't fucking tell anyone, okay?” Il jeta un regard nerveux à Logan, avant de tirer de nouveau sur sa cigarette. ”I'm serious, Yaxley.” C'est qu'il lui faisait confiance, assez pour lui confier un secret qu'il n'osait pas encore s'avouer à lui-même.

"Bye mom !", les mots étaient enjoués alors qu'il quittait la maison familiale,  sac à dos en main et avec la promesse que "today is going to be a great day" en tête, comme toujours. C'était toujours comme cela que ça se passait chez les Walsh-Avery. La dynamique familiale était parfaite, à l'image de tout le reste. Sylvia était le genre de mère qui laissait des mots doux dans les sacs de ses enfants et Warren était le meilleur second père qu'ils auraient pu espérer avoir. Leur père biologique était décédé quand ils étaient encore petits et Sylvia s'était retrouvée seule, mais seulement quelques mois plus tard, elle avait rencontré Warren, qui avait changé leurs vies à tous et avait fini par les adopter officiellement.

En plus de tout cela et à seulement quinze ans, Elliott avait déjà rencontré sa soulmate, Amaya, qu'il allait rejoindre comme chaque matin pour aller en cours ensemble. Ils s'étaient connus enfants, les Walsh-Avery avaient déménagé dans le quartier et s'étaient retrouver voisins avec les Walker, n'habitant qu'à quelques maisons d'écart, ce qui n'était pas grand chose, dans leur quartier pavillonnaire. Les barbecues entre voisins étaient une occurence régulière et c'est comme ça qu'ils s'étaient connus. Ils étaient vite devenus amis, ils avaient le même âge et passaient beaucoup de temps chez l'un ou chez l'autre. À l'époque, leurs parents respectifs blaguaient sur le fait que leur familles devraient s'unir officiellement, via leurs enfants et well, ils n'avaient pas été déçus de la suite des évènements.

Evidemment, les liens n'étaient pas encore officiels mais Elliott n'avait de doute que tout cela se concrétiserait lorsqu'ils seraient majeurs. Cela faisait déjà deux ans (5 mois et 12 jours) qu'ils étaient officiellement en couple. Et personne n'en avait vraiment été surpris. C'était l'évidence même, semblait-il, et Hugo disait souvent que leur histoire était digne d'un teenage movie américain et qu'ils auraient surement été élus Prom King and Queen, s'ils avaient été dans le bon pays.

Bref, comme tous les jours, Elliott sortait de chez lui joyeusement pour aller rejoindre sa dulcinée au coin de la rue. Aujourd'hui était un jour d'autant plus spécial, puisqu'ils allaient fêter l'anniversaire de Sohan, un peu en avance, certes, mais tous ensemble. "Hey love," lança-t-il à Amaya qui l'attendait à leur point de rendez-vous habituel.




__________




La journée se passa sans problèmes, tout semblait être identique aux autres jours, rien d'inhabituel, si ce n'est le clin d'oeil appuyé que Logan leur avait donné en cours, une façon de leur faire comprendre que tout était sous contrôle et que leur ami allait passer une soirée inoubliable.

Après les cours, Elliott s'était rendu à son entrainement de basketball quasi-quotidien avant de repasser par chez lui. Sylvia avait fait sa recette très spéciale de gâteau d'anniversaire pour l'occasion et il était évidemment de son devoir d'aller réceptionner la marchandise afin de la ramener au gymnase, il en avait profité pour glisser dans son sac quelques petit cadeaux que Sohan allait sans doute faire semblant de détester.

Amaya l'avait accompagné, évidemment, et les deux amoureux étaient retournés sur le pas en cette fin de journée comme ils l'avaient fait le matin même.
En arrivant, ils étaient tombés sur Logan et Ethan qui semblaient discuter beaucoup trop sérieusement. "Hey boys, everything okay?", Elliott avait lâché avant qu'Amaya ne le tire vers l'intérieur d'un "come on, we should go help inside".
Elliott salua Sam et Noam qui étaient déjà présents, en entrant, avant de les rejoindre afin de poser les Tupperware contenant les gâteaux sur une des tables arrangées pour l'occasion. "I brought cake and a Britney Spears album!", de quoi passer une soirée mémorable.

tw: daddy issues

« Nice look » « I know sweetheart, » lui as-tu répondu avec un petit clin d’œil qui lui rend son compliment ; même si son outfit manquait cruellement de noir. Tu ne lui as alors pas laissé beaucoup de temps avant de le jeter dans le bain bouillant, pour ne pas dire dans le chaudron.

« Uh. Yeah, but uh… It’s not… - Dang, I can smell hesitation from your tongue to your golden ass… - Fuck, I felt really stupid doing all that shit. » « Stupid? That’s why it’ll not work. Periodt. » lâches-tu sans tact aucun, ne cherchant pas à arrondir les angles ou enrober de miel qui ou quoi que ce soit. C’est là toute la particularité de la chose, et ce n’est pas faute de le lui avoir dit : c’est l’intention qu’on y met qui fait tout. Et à en voir ce qu’il avait lâché, Herrera allait certainement finir par manifester des choses stupides, en étant stupide, à s’être senti aussi stupide. Et toi, évidemment, au lieu de l’applaudir, tu préfères lui dire la cruelle vérité en récupérant l’enveloppe du bout des doigts. C’est peu dire, mais tu n’y seras pour pas grand-chose dans toute cette histoire, sauf si tout cela tourne en sa faveur — et là, tu serais presque surpris, vu ce que te renvoies ton ami. Les émotions sont un terrain meuble chez toi, alors c’est avec autant de tact que tu les gères chez les autres, il est vrai.

Tu coinces ta clope entre tes lèvres et plies ladite enveloppe avec précision et attention, pourtant. Malgré tout. Tu la glisses dans ton haut de soirée un peu trop serré, bien assuré que personne n’irait la chercher, à moins de venir te dessaper en règle, ce qui restait une éventualité à mesurer vu ce qui se profilait à l’horizon. « Don’t fucking tell anyone, okay? » Tu aspires l’air toxique et lève tes clairs, l’air presque offensé qu’il te croie capable de pareille trahison dans tes affaires. « I’m serious, Yaxley. » tu te redresses, toi et ta fierté, et récupère ta cigarette à nouveau entre ton index et ton majeur. Tu le fixes sans rien dire pendant cinq secondes qui durent une éternité, et puis…

« Do I seem to be the kind of person who talk to anyone about anything? » Maybe so, te susurres ton esprit empreint de dualité juvénile. À vrai dire, tu n’es bavard qu’avec les vrais. Les vrais, c’est votre belle troupe de demeurés. « Look, how old am I ? What’s my father's name ? True or false : Am I lactose intolerant ? » lui jettes-tu comme un test à faire sur le vif, le chronomètre s’en ressentant dans ta voix sans même l’avoir lancé. Et avant même de laisser le temps nécessaire à Ethan pour y réfléchir, tu conclues, sûr de toi. « See? » mais ça, c’était bien avant d’avoir fumé des pétards coupés à la lavande ou vidé tous les fonds de Smirnoff. Rien qu’un détail, pour sûr.

« Believe me for once. » que tu lui intimes dans un soupir, l’air soudainement plus sincère. Tu tends ton bras dans sa direction, pousse son front de tes deux doigts. Là, ton téléphone vibre mais tu n’as pas le réflexe d’aller voir qui t’a envoyé un message. « And believe in you, for fuck’s sake. » tu t’étonnes à être supportive, si bien qu’il te faut quelques instants pour reprendre tes esprits. « You have to trust the process, ok? If you can’t, and it's not my fault, it’ll not work. I’ve already told you that… » « Oy ! Looking bloody good guys. » la voix de Noam te tire aussitôt de la conversation, qui se fait balayer comme un fétu de paille. Tu sens autant de sincérité dans sa voix que dans celle d’une vache à qui on proposerait l’abattoir ; pourtant, tes traits se défroissent dans un rictus de goupil. Même un aveugle aurait capté ce qu’il se passe entre Harris et Herrera, à ce stade. Ton regard se coince sur ce qu’Harris porte sur son dos, plus que ce qu’il tient du bout des bras.

« Daaamn, look-at-this-perfect-perfecto, » et tu ne peux t’empêcher d’aller passer ta main sur son épaule et le haut de son bras pour l’inspecter, c’est quand même foutrement bien pour du faux. Sur le moment, tu ne songes même pas à ce que ton geste pourrait provoquer chez l’un ou chez l’autre. Il est de toute façon suffisamment bref à ton goût.

« Funny, I was sure you had plans before coming, must have misunderstood. » Oh-Oh. Ça sent l’embrouille de couple avant l’heure, ça. T’en profites pour terminer ta cigarette, guettant d’un œil les deux oiseaux. « Yeah, uh- I had to- » « Calm down, I’m just messing with ya. » tes sourcils se haussent et ton visage fait une moue qui ne trompe pas, allant chercher du regard ton téléphone que tu dégaines, un bref instant, faussement distrait — tiens, il t’a envoyé un message y a moins d'une minute. Pourquoi il y en a trois… quatre… plein d'autres de ta mère et de Sam ? « Ok cheers lads, I’ll put all this shit inside. Tonights gonna be crazy, trust me ! » « The first table on the left is ready, » lui annonces-tu en redressant le pif, l’air soudainement moins enjoué, ou tout du moins, préoccupé. Du reste, la surprise, ou plutôt les surprises du chef étaient cachées ailleurs, mais toi comme d’autres avaient le don pour ça — et tu te demandes justement si Noam n’a pas des petits kinder surprise à vous offrir. « And give Shah a drink sweetie please, he’s thirsty! » miaules-tu un peu plus fort lorsque Noam franchit le seuil du gymnase pour s’y engouffrer.

Toi et Ethan n’avez pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre que de croiser vos regards respectifs, puisque des bruissements de pas se font entendre.
Comme un wagon tiré par son non moins adorable locomotive, Elliott vous passe sous le nez, aussi les suis-tu du regard pendant leur passage de courte durée — « Hey boys, everything okay? — Hey beauties, what's up?, — Come on, we should go help inside. — Yes my loves, everything’s okay ~ » et tu reportes ton attention sur Herrera alors que tu sens à nouveau ton téléphone vibrer. Ça ne te plaît pas. « Wait a sec, » et tu ouvres tous les messages, un à un, lisant vite, mais y revenant un peu trop de fois.

[SAM] YOUR MOM RINGED ME TWICE, WHATS GOING ON?
[SAM] IDK WHAT TO DO
[MotherOfNone] YOUR FATHER WANTS TO TALK TO YOU
[MotherOfNone] RIGHT NOW
[MotherOfNone] I KNOW YOU SAW MY TXT
[SAM] MY MOM DID THE SAME NOW SHOULD I RESPOND?
[MotherOfNone] IF U CAN'T BE AT HOME BEFORE 11PM UR DAD IS COMING @ SHAH'S HOUSE U UNDERSTAND?
[SAM] COME PLZ
[MotherOfNone] AND IF YOU'RE NOT THERE I'LL CALL THE COPS
[MotherOfNone] I'M NOT JOKING
[MotherOfNone] YOU HAVE NO SAY YOU'RE ONLY 17 AND WE'RE UR PARENTS LOGAN

Malgré tout le sang-froid que tu peux avoir en temps normal, ton visage se décompose et une boule vient se loger dans ta gorge. Te brûle les doigts avec le reste de ta clope que tu lâches en te secouant la main. Fck. Tu ranges ton téléphone, jette un coup d’œil par delà les baies vitrées du gymnase, où tu croises le regard de Samuel, qui se lève de concert avec Norah pour aller aider Noam avec les bières et le reste. Il n'a pas l'air de comprendre. Sans doute parce que tu ne lui as jamais vraiment dit.  « Sorry, you said something? » tu as l’air parachuté de très loin lorsque tu laisses tes yeux reposer sur la bouille inquiète d’Ethan. Sûrement pour le rituel. Tu lui alignes alors tout naturellement « We… have to wait for the full moon anyway. The real moon I mean. » dis-tu sans vraiment avoir écouté sa question. Tu es toujours câblé sur son rituel même si ton esprit furète ailleurs.

« I brought cake and a Britney Spears album! » « Did he said Britney Spears ? Did he ??? » tes yeux se remplissent d’une fausse joie, toi qui apprécie pourtant un peu trop Spears pour ton bien. C’est bien le signal pour retourner aller faire semblant — et surtout, essayer de régler le problème "familial" qui projette son ombre sur cette soirée qui pourtant s'était déjà inscrite dans les plus belles de ton existence. Alors que tout semble être calé sur le papier, il sait toujours mettre son grain de sel quand il ne faut pas, et ta mère le suivait avec ses œillères.

Régler ça, surtout, vite et bien. Le tout sans embarquer tes amis dans cette histoire, car jusque là, peu savent mais beaucoup peuvent se douter.

T'as beau être débrouillard néanmoins, ta vieille mère a pourtant raison sur un point : t'as que 17 ans. T'as que 17 ans et t'as toujours préféré compter sur toi-même pour t'en sortir. La seule aide que t'as bien voulu demander c'est à Sam, sous couvert de quelques artifices. Tu sais même pas qu'il y a des associations qui sont faites pour ça, que la justice, sur laquelle tu craches parfois, pourrait être elle aussi de ton côté.

Que les étoiles s'alignent ; tu n'as pas envie de gâcher la soirée de Moon.

Pour le premier appel au secours de ta vie auprès de tes amis encore moins.

Anthony sait pertinemment que Sohan déteste les fêtes surprises. En fait, Sohan déteste tout ce qui ressemble de près ou de loin à une surprise. Ils se connaissent depuis suffisamment d'années pour que Tony le sache et l'ait imprimé. PAS DE SURPRISE. L'idée de lui concocter un anniversaire surprise n'aurait donc pas dû lui traverser l'esprit une seule seconde. Il aurait dû se contenter d'un cadeau, d'un petit dîner vite fait bien fait avec une bougie sur un cupcake et basta. Le problème, c'est que Tony, avant d'être un ami fidèle, est surtout un éternel optimiste qui ose croise que peut-être, peut-être, les choses peuvent changer. D'accord, Sohan n'aime pas les surprises. Mais peut-être qu'avec leur joyeuse bande réunie, avec de la bonne musique, des trucs à boire et à manger… il peut supporter l'idée ? Ça ne peut pas être si terrible, cette haine des surprises, pas vrai ? Il ne peut décidément pas complètement détester ce qu'ils ont préparé pour lui ! Ce sera fun. Et puis s'il râle, Tony lui dira que c'était surtout une excuse pour que le groupe soit enfin réuni, seul, libéré de tous les autres qui traînent au lycée entre eux toute la journée. S'il parvient à convaincre Sohan que cette fête n'est pas qu'about him, peut-être qu'il ne lui en voudra pas jusqu'à la fin des temps ?

L'année a été compliquée, franchement. En l'espace de quelques mois, Sohan a retrouvé sa mère et a emménagé avec elle, en plus de devoir gérer le lycée et tout le reste. Ça a été comme des montagnes russes, des montagnes russes qui ont bien souvent donné le tournis à Tony lui-même. Sohan mérite de sortir la tête quelques heures de tout ça. Il mérite d'avoir quelques minutes pour souffler, boire, danser et oublier tout ce que cette année lui a balancé en pleine tronche. Tony veut juste lui offrir ça. Il a essayé toute l'année de lui changer les idées sans grand succès, alors il se dit que peut-être, cette tentative-là peut marcher. Il veut juste voir Sohan sourire de nouveau. Un vrai sourire, celui qui monte jusqu'à ses yeux. Il ne demande pas grand-chose, juste ça.

Tony come on, let's go. Sohan râle, mais Tony ne se démonte pas. What about this one? Il enfile une veste en jean à la va-vite, tourne sur lui-même. Sohan soupire. Encore. You can't even afford it. Anthony affiche une moue offensée. Hey! I have money now! Contrairement au reste de la bande, Tony a un travail, lui. Être pion et assistant du coach de football américain ne rapporte pas grand chose, mais c'est suffisant pour continuer à vivre ici seul. Ce n'est pas l'idéal, mais Tony n'avait pas vraiment le choix. Il venait d'obtenir son diplôme et d'être pris à l'école de police quand la mère de Sohan est revenue après des années d'absence. Il ne pouvait pas décemment laisser Sohan tout seul. Il ne pouvait pas changer de ville, il était hors de question qu'il soit loin de lui. Alors, quelques jours après, les autres l'ont vu débarquer au lycée (what are you doing here? - i work here now. - but, you were supposed to-- - i failed. i didn't get in. - but Tony, you never fail.). La lettre est toujours quelque part sur son petit bureau, et quand bien même ça lui serre le coeur, Tony n'a aucun regret. Il retentera plus tard, quand tout ira mieux.

Ok, ok. Let's go. capitule-t-il finalement en voyant l'heure tourner. Il prend Sohan par le poignet et l'embarque hors de la boutique jusqu'à la voiture. Ils sont en route depuis 10 bonnes minutes quand Sohan se rend compte qu'ils ne sont pas sur la bonne route. Where are you taking me? Tony ne dit rien, se contente de continuer à conduire avec un petit sourire aux lèvres, ce qui énerve Sohan plus qu'autre chose, mais tant pis. Il est coincé dans cette voiture en marche, de toute manière, alors il n'a pas vraiment le choix.

Quand ils arrivent sur le parking vide du lycée, Tony met le frein à main et se tourne vers Sohan avant de sortir de la voiture. Trust me, ok? Il se fiche bien de la réponse de Sohan ; il envoie un sms aux autres, et embarque le roi du jour (de tous ses jours, mais ça Tony le garde bien pour lui) jusque devant le gymnase, sous la lumière vive de la fin de journée d'été. Avant d'entrer, il grimace et se poste derrière Sohan, ses deux mains sur ses épaules et lui dit à l'oreille Please don't hate me. avant de le pousser à l'intérieur, dans la gueule du loup, où tous les autres les attendent.

“Dad, can I borrow you…” Le temps qu’elle dévale les escaliers, il l’attendait avec un billet à la main, un sourire en coin sur les lèvres. D’un baiser rapide sur la joue, elle murmura à son oreille “You’re the best.” Amaya avait peut-être un peu trop d’amis, et ses heures passées à faire du baby sitting sur son temps libre ne suffisait plus à couvrir ses frais, mais elle avait le père le plus conciliant de la terre. “I saw you two. Amaya, didn’t I tell you to look after your money darling?” Une moue coupable sur le visage, elle n’osait pas contredire sa mère. Amaya était affreusement dépensière quand il s’agissait de faire plaisir à ses amis. Elle n’arrivait pas à se restreindre, et proposait toujours des plans démesurés pour leur faire plaisir. “Is Tony planning to come soon? It’s been a while, and I want to be sure he’s well.” En rangeant le billet dans la poche arrière de son jean, Amaya s’avança vers sa mère, déposant un baiser sur sa joue pour lui dire au revoir avant de s’échapper vers le lycée. “I’ll ask him tonight, is that ok for you?” Sa mère passa sa main dans ses cheveux, jouant avec les boucles emmêlées de sa fille. “Perfect Princess. Have a nice day at school, say hi to Elliott for me!” Serrant son sac à dos élimé sur le dos, elle grimaça en remettant ses cheveux en place, toujours un brin gênée que sa mère sache pertinemment qu’il l’attendait un peu plus loin. Après tout, ce n’était pas sa faute s' ils étaient fait l’un pour l’autre depuis toujours ! Et ça, tout le monde l’avait vu, et personne n’avait été surpris de les voir se mettre en couple, naturellement. “Alright, love ya, see you tonight!” Son pas presque sautillant vers la porte, le sourire aux lèvres lorsqu’elle croisa le regard tendre de son amoureux. “Hello you.” Ils s’embrassent doucement, mais à chaque fois, Amaya sent son coeur s’affoler un peu. C’est pour elle la sensation la plus belle au monde, de ne jamais se lasser de cet élan qui lui envoyait une bouffée d’adrénaline. “My dad gave me this. Thanks again” Elle lui tend le billet pour le rembourser, puisqu’ils avaient pris les cadeaux de Sohan ensemble, et qu’elle n’avait plus un sou en poche.  Dépourvue de dettes, elle se sentit tout de suite mieux. Et main dans la main, ils suivirent alors le même chemin que chaque matin depuis des années.

Les cours avançaient lentement, beaucoup trop lentement au goût d’Amaya qui passait plus de temps à déconcentrer Elliott qu’à suivre ce que ses professeurs tentaient de lui apprendre. Elle n’avait pas d'entraînement de natation ce soir, ce qui lui permettait d’avoir le temps de se préparer. Encore un peu traumatisée de son dernier cours, où ses muscles avaient été poussés à leurs limites, elle était bien contente d’avoir un peu de repos et de pouvoir se changer les idées. Elliott avait tenté de masser son dos et ses épaules avec l’huile que sa mère avait préparée pour soulager ses courbatures, mais elle était si tendue qu’ils avaient fini hilares à se battre avec l’huile, rien de très efficace contre ses douleurs… Mais au moins, Amaya avait pensé à autre chose qu’aux compétitions et aux épreuves du lycée. Elle savait qu’elle était une privilégiée, si bien entourée, aimée par sa famille, ses amis, son copain, elle avait presque une vie idéale, mais elle s’infligeait une telle pression qui lui arrivait de se couper du monde, et dans ce cas là, il n’y avait que Tony pour la sortir de là. Elle aurait tant aimé ne pas être fille unique, mais l’accouchement de sa mère avait été particulièrement chaotique, et pour l’avoir elle, et garder sa mère en vie, un choix fut fait par les médecins, et jamais il n’avait été regretté. Alors, Tony était le frère qu’elle n’aurait jamais, et c’était l’épaule la plus solide qu’elle connaissait.

Elle rentra seule puisqu’Elliott était au basket, et elle prit le temps de se préparer un peu plus que d’habitude. Elle aimait bien les fêtes, mais elle ne s’était jamais sentie très à l’aise en robe. Pourtant, elle dépose un soupçon de mascara, et elle enfile un collant pour accompagner sa tenue. Sa mère la couvre tellement de compliments qu’elle manque de se sauver dans sa chambre pour se changer.  “No alcool, right?” Amaya lève les yeux au ciel et réplique immédiatement. “Tony’s here, remember?” C’est ainsi que la jeune fille s’en tira, sans mentir, prenant pour parfait garant celui en qui sa mère avait confiance. Elle sortit son téléphone et envoya un sms à Elliott. Ready when u r. love u. Le sourire idiot sur son visage entraina les moqueries de sa mère, et Amaya s’échappa de la maison en bougonnant, pour attendre Elliott dehors. Il faisait un peu froid, elle aurait probablement dû prendre une veste en plus, mais elle ne voulait pas retourner dans l’antre de la taquiner.

D’un mouvement de main, elle salua les garçons à l’entrée, et poussa un peu Elliott à l’intérieur. Si Logan et Ethan avaient un différend, ça ne regardait qu’eux. Amaya avait bien compris que s’intéresser aux histoires des garçons de trop près, c’était se retrouver emmêlés à tout ça. Hors de question, sa vie et sa santé mentale étaient bien trop précieuses. "Come on, we should go help inside." Elle déposa un baiser familier sur la joue de Sam, et affubla Noam d’une frappe affectueuse sur le bras. “How are you guys?” Elle replaça quelques éléments de décor qui sortait du cadre, et s’attela à faire un mur photos le plus rapidement possible, après avoir déposé sur la table son polaroid. “Noam, if you use it to take a picture of your butt, I’ll kill you.” La menace était très claire, et alors qu’elle apposait la dernière image, son portable vibra. “They’re here! Ok, everybody, on my count…” Ils se placèrent autour de la porte, bon gré, mal gré, et Amaya commença son compte à rebours. 3… 2… 1… "HAPPY BIRTHDAY!” Sohan et Tony étaient à peine entrés, et elle trépignait de joie. C’était dans ces moments-là qu’elle comprenait le dicton : les meilleurs moments d’une vie.