Simon jeta un oeil a sa montre. Il était presque minuit et il était temps de repartir dans ses maigres quartiers. Le confort n'était pas la principale préoccupation dans les planques de l'ordre et ils étaient tous amenés à vivre proches. Par conséquent, es moments d'intimités étaient rares et même si, en soit, cela ne dérangeait pas vraiment Simon, il savait que pas tout le monde ne partageait son avis. Lui et Sohan avaient appris à naviguer autour de ces problèmes depuis le temps. C'était assez singulier, en y repensant, ils avaient été amis pendant des années, sans aucune ambiguïté, et il n'avait suffit que d'une guerre pour que cette amitié ne dévie légèrement. Mais bon, la guerre, la crise, you do what you gotta do.

"I should go", dit-il en se redressant, il ne restait jamais vraiment longtemps, après. Ça devenait trop gênant, même pour eux. Ils avaient l'habitude de vivre ensemble et avaient dormi dans le même lit un nombre incalculable de fois, mais visiblement, l'absence de vêtements changeait totalement la chose. Sohan lui répondit alors qu'il se levait finalement, ses vêtements étaient éparpillés un peu partout et il les ramassa avec un soupir exaspéré. Son ami n'avait que peu de considération pour ce genre de choses, et il disait que ce n'était pas sexy, que personne ne voulait voir un partenaire plier ses vêtements, que ça cassait le mood, whatever that meant. Simon aurait aimé que les choses soient différentes. Il enfila son pull désespérément froissé en se dirigeant vers la porte, alors que Sohan lui murmurait un "good night" lointain. "You too", il répondit avant d'ouvrir la porte afin de quitter la pièce.

Il se dirigea vers l'extérieur, dans ce qui leur servait de petit jardin et surtout de coin fumeur. Ethan l'avait corrompu avec ça, et pas que, d'ailleurs. Il s'était laissé prendre à son petit jeu, et les pauses clopes qu'il prenait avec lui étaient devenues des moments précieux et étaient également devenues bien plus courantes qu'il ne l'aurait pensé. Il entendit un bruit dans le couloir derrière lui, mais ne s'en soucia que peu, ils étaient nombreux ici après tout et la maison était assez protégée pour que ça ne puisse pas être une mauvaise surprise.

Il frissonna une fois sorti. L'air était encore frais, à cette période de l'année et Simon pouvait sentir les restes de transpiration vibrer sous le frôlement du vent. Cette pensée lui donna un nouveau frisson désagréable, il avait vraiment besoin de se doucher, à l'ancienne, pendant très longtemps et sous une eau très chaude de préférence.

Il sursauta lorsque la porte s'ouvrit brusquement derrière lui, sa cigarette lui échappant des mains. "Shit", il gronda en se baissant pour la ramasser. Il se tourna ensuite pour voir Noam devant la porte. Son expression était inhabituelle,  Simon n'arrivait pas exactement à la placer, mais il n'avait pas l'air normal, il n'avait pas son air joyeux habituel et c'était assez inédit pour que cela en devienne légèrement inquiétant.

"Hey", il murmura dans sa direction, les sourcils froncés, "you okay?".  

tw: Verbal abuse / Shaming

Noam se laisse retomber sur le dos, marquant les draps de la sueur qui perle sur sa nuque, dans un soupir rauque et satisfait. Il passe une main sur son front humide, un léger sourire flottant sur ses lèvres, avant de se redresser difficilement sur ses coudes. Trois jours qu’il est rentré de la dernière mission qui lui a été confiée par l’Ordre, et il serait juste de dire qu’il n’a pas perdu de temps pour trouver un peu de réconfort - si on peut nommer cela de la sorte - dans les bras d’Helina, sur qui il pose un regard amusé. "Yeah, I still got it." Le coup part sans grand ménagement sur son torse, alors que la brune se tourne vers lui, un air exaspéré sur son visage encore empourpré par l’effort. “Oh shut the hell up, Noam.” Le jeune homme laisse échapper un rire moqueur en pivotant sur le côté, pour faire face à Helina. "I mean, I was worried I would be a bit rusted, you know, considering it’s been so long. But judging by your face, seems like it wasn’t all bad after all." Il sourit de plus belle, l’idiot, quand la résistante soupire “For Merlin’s sake dude, you’ve been away for a week.” Le quotidien des membres de l’Ordre n’est pas des plus plaisants. Ils n’ont pas le luxe de s’offrir le confort dans lequel doivent baigner les familles au sang-pur et autres collaborateurs du gouvernement, et certainement pas un rythme de vie aussi agréable. Les résistants évoluent dans un quotidien incertain, chargé d’anxiété, et l’ombre des mages noirs ne semble jamais très loin. Cette ambiance pesante, et ce malgré ses fréquents allers-retours entre les quartiers de l’Ordre et la frontière britannique, Noam la ressent pleinement. Elle bouffe tout le monde, petit à petit. Alors, quelle autre solution y aurait-il que de trouver un semblant de normalité en prétendant être un jeune de 20 ans comme les autres ? Que de boire, rire, baiser, chanter, dès que l’occasion se présente ? La vie sous oppression est bien plus facile à supporter quand on s’offre la joie d’ignorer un instant ce qu’elle est réellement.

Noam est déjà face à la porte, ses affaires roulées en boule dans ses bras, n’ayant pris la peine de ne remettre que son caleçon en sortant du lit. Pas comme s’il allait croiser grand monde à cette heure-ci de toute façon - ceux qui se baladent dans les couloirs après minuit sont généralement dans sa situation, soit se faufilant jusqu’à leur propre dortoire après une partie de jambes en l’air. "Alright, see you soon, you gorgeous sunshine." “Holy shit, just stop it already. And don’t forget to close the door on your way out this time !” Et c’est en gloussant faiblement, probablement fier de lui, qu’il referme bien la porte derrière lui, se retrouvant à moitié nu à l’une des extrémités du couloir. Noam prend bien le temps de se rhabiller une fois sur le palier - il ne va tout de même pas sortir fumer sa clope en caleçon en plein mois de Mars.

C’est alors qu’il est en train d’enfiler ses chaussures maladroitement qu’il entend une porte s’ouvrir plus loin dans le couloir. Il ne prend pas vraiment la peine de lever la tête sur le moment, se faisant simplement la réflexion qu’il doit s’agir d’un énième amant fuyant les draps de sa conquête, ou un endormi sortant pisser avant de se mettre au lit. Le jeune homme finit tout de même par se redresser. Et par apercevoir Simon. Simon sortir d’une chambre. Une chambre qu’il lui semble bien être celle de Moon, pour s’y être rendu une fois en cherchant Ethan qui a décidé de commencer à bien s’entendre avec l’ancien Serpentard depuis qu’il a rejoint l’Ordre. Simon Wen, le mec qui se tape Ethan. Le mec qui a fait qu’Ethan s’est réveillé un beau matin en décidant que, finalement, peut-être bien qu’il aime aussi les hommes. Et surtout la seule personne depuis des années à qui Ethan semble porter une réelle affection, du moins assez pour venir chouiner dans les bras de Noam dès que son nouveau coup de coeur s’envoie en l’air avec quelqu’un d’autre. Si le jeune Harris a préféré garder pour lui toute la frustration qu’il peut bien ressentir en voyant son meilleur ami si affecté par Simon, ce soir l’occasion est un peu trop offerte sur un plateau pour se le refuser.

Noam enfonce une clope dans sa bouche avant de pousser les portes menant vers le jardin de leur planque de fortune. Il réprime un sourire en voyant Simon faire tomber sa propre cigarette, et porte sa baguette près de son visage pour allumer le bâtonnet de tabac. ”Hey. You okay ?” murmure Wen à son intention, lui offrant un regard intrigué. Ce serait bien mal le connaître que de croire Noam du genre à chuchoter et à se soucier du sommeil des autres. Il prend le temps de tirer sur sa cigarette en fixant son interlocuteur, laissant échapper la fumée entre ses lèvres alors qu’il prend la parole "I don’t know, are you ?" Il fait quelques pas dans sa direction, portant à nouveau la clope au niveau de son visage "You’re a thirsty little slut, aren’t ya, Wen ? So how was it with Moon, eh ? Hope it was worth it at least." Ironique de la part de celui qui ne passe pas une seule soirée dans la même chambre. Mais il ne s’amuse pas à briser des coeurs, lui - du moins il espère. Alors son ton est sec, hautain, quand il s’adresse à Simon. Il va lui apprendre la vie un peu.

"I don’t know, are you ?" Noam lâche finalement, après quelques instants de silence. Si Simon était vraiment ami avec lui, il serait sans doute au stade de l'inquiétude à présent. Ce genre de réponse était pour le moins étrange et pas ce à quoi il s'attendait. Surtout pas venant de Noam, Noam qui était un peu l'imbécile heureux de l'Ordre, qui ne se prenait pas la tête et qui semblait toujours ne rien voir de négatif.

Il était définitivement bizarre ce soir, Simon l'avait compris dès la première minute en sa présence, pourtant il ne se serait jamais attendu à ça. C'était inattendu et hypocrite, parce que Noam était sans doute encore pire que lui, parce que Noam ne passait que très peu de nuits seul, Simon le savait, tout le monde le savait, alors pourquoi jeter la pierre , cette pierre qu'il aurait pu se jeter en pleine face ? Il ne comprenait pas, vraiment pas. Son incompréhension était palpable et visible sur son visage, ses sourcils froncés et une expression générale qui n'exprimait qu'une pensée : what. the. fuck

"What the fuck is your problem, man?" Les pensées se bousculaient dans sa tête, il aurait eu envie de lui dire beaucoup de choses en cet instant, notamment que oui, il n'avait pas tort, mais que lui-même n'était pas mieux. Il avait aussi envie de lui demander pourquoi il s'intéressait soudainement à ce que Simon faisait avec Sohan, ils n'avaient jamais été amis, ils se côtoyaient parce qu'ils le devaient, parce qu'ils avaient été ensemble à l'école et parce qu'ils étaient ensemble à l'Ordre et parce qu'il y avait une guerre qui valait plus que toutes les disputes qui avaient pu éclater auparavant. C'était pour ça aussi, que c'était si étrange, Noam et Simon ne s'étaient jamais vraiment appréciés, Simon ne le détestait pas, mais ils avaient passé des années à défendre leur ami, chacun d'un côté d'une gueguerre qui n'avait jamais vraiment fini. Et si maintenant les choses allaient un peu mieux, surtout depuis que Simon et Ethan se voyaient, pour autant ils ne s'étaient pas vraiment rapprochés. Et il ne comprenait pas vraiment pourquoi il agissait ainsi. Tout ce qu'il savait c'est que l'agacement qu'il ressentait était bel et bien réel et compréhensible, lui. Il était sorti pour la tranquillité, pas pour se faire agresser sans raison.

"Not that it's any of your concern but, yeah, it was pretty good actually. Is that it? Do you want fuck him? Or me?" Il lâcha avec un rire moqueur, "Cause in that case, sorry Harris but you're really not my type." Noam n'était vu qu'avec des femmes, mais Simon avait assez observé les gens pour savoir qu'il ne fallait pas se fier aux apparences et que les gens étaient souvent pas si hétéros que ça, surtout en ces temps difficile, le risque d'une mort imminente révélait beaucoup de choses sur les gens, étrangement. Et puis, Noam était le meilleur ami d'Ethan, il avait aussi pensé un jour qu'Ethan était hétéro et la vie lui avait prouvé de nombreuses fois que ce n'était pas le cas. "Wait …", ça n'était pas possible, "is this about Ethan?" Noam savait pour eux, Ethan avait mentionné en passant qu'il lui avait dit, et, sur le moment, rien n'avait semblé différent, à présent, en revanche, les choses avaient pris un tournant différent. "Are you in love with him?" Demanda-t-il finalement, lui même surpris que cette pensée lui ait traversé l'esprit. Il se retint d'ajouter qu'il n'était pas non plus le style d'Ethan, ça aurait été méchant. Surtout si c'était vrai. Dans un sens il ne voulait pas y croire, ce serait si étrange, mais d'un autre côté, il avait vu assez de comédies romantiques moldues pour savoir que c'était tout à fait possible.  

tw: Verbal abuse / Homophobia

Dire que Simon et Noam se connaissent serait un bien grand mot. Pendant les six années où le jeune Harris a suivi sa formation en dents de scie à Hogwarts, il a connu le Serpentard uniquement comme le type qui collait Sohan, dont les prises de tête avec Ethan pouvaient être assez légendaires. De drôles de scènes où les deux meilleurs amis respectifs se retrouvaient témoins d’éclats de voix, souvent contraints d’intervenir en faveur de leur champion pour que les confrontations ne se transforment en match de boxe - cependant le Poufsouffle était toujours prêt à parier tous ses galions sur une victoire d’Ethan, il n’y avait pas photo. Ce n’est pas pour autant que Noam avait, à l’époque, un avis bien tranché sur Simon. En dehors des cours et des disputes entre les deux étudiants portant les couleurs vertes, ils n’avaient pas vraiment interagi l’un avec l’autre, et très honnêtement, jusqu’ici, le résistant n’avait pas grand chose à reprocher à Wen. "What the fuck is your problem, man?" Son problème, c’est bien qu’à cet instant, il est pris d’une furieuse envie de lui éclater la gueule. Et pourtant, Noam est bien plus réputé pour sa joie de vivre entêtante et ses blagues graveleuses que pour ses coups de sang. Mais il y a quelque chose qui vient violemment lui broyer le coeur dès qu’il aperçoit la mine défaite d’Ethan depuis qu’il a commencé à entretenir une prétendue relation avec Simon. Harris n’y connait pas grand chose en sentiments et en liens sociaux, mais s’il y a un sujet qu’il connaît sur le bout des doigts, c’est bien les états d’âme de son meilleur ami. Et sa connaissance en la matière ne peut que lui faire remarquer qu’Ethan est malheureux. Il a bien essayé de le rassurer, Noam, en lui suggérant que peut-être que les mecs, c’est juste pas son truc - surtout de se rassurer que son pote fait juste une erreur de parcours, c’est la guerre après tout, ça arrive aux meilleurs. C’est donc à son grand regret et désarroi qu’il a reconnu les signes d’un Ethan épris. Épris pour un homme. Pour un homme qui lui retourne le coeur en papillonnant sous son nez, sans respecter toute l’affection que le blond lui porte. Et il n’en faut pas plus pour que Noam ait envie de le secouer. "Just take a guess." Il tire à nouveau sur sa cigarette moldue, feignant un calme que son visage tendu trahit.

"Not that it's any of your concern but, yeah, it was pretty good actually. Is that it? Do you want fuck him? Or me?" Le jeune homme arrête son mouvement un instant, écarquillant les yeux avec fureur. "What ?" Est-ce que Simon est en train d’insinuer qu’il- ? "Cause in that case, sorry Harris but you're really not my type." Il ne réprime même pas l’expression dégoûtée qui naît sur son visage. Si Wen croit qu’il est du genre à se mettre à quatre pattes, il se trompe bien sur son compte. Ils font ce qu’ils veulent avec leur cul, les autres, mais jamais il ne donnera le sien à qui que ce soit, putain. Il y a quelque chose, au fond de lui, qui le terrifie profondément à l’idée de pouvoir être réellement attiré par les personnes de son genre. Jamais il n’y pense, jamais. Il a enfoui cette possibilité il y a bien longtemps dans un coin inatteignable de son esprit, qui lui coupe le souffle dès qu’il y touche d’un peu trop près. C’est pas son délire. Ce sera jamais son délire. Il aime les femmes. Et cette fois où il s’est laissé embrasser par Celyn ne compte pas. C’était y’a longtemps, de toute façon. Il était jeune. Il savait pas ce qu’il faisait. Et même aujourd’hui, il ne sait pas trop ce qu’il a bien pu foutre pour avoir envie de le... Mais ce qu’il sait, ce dont il est persuadé, c’est qu’il aime les femmes. Que les femmes. "Hey calm your tits, sissy ! I’m no cocksucker, alright ? I’ll pass on your crazy ass shit, urgh." Que les femmes.

"Wait… Is this about Ethan ?" Enfin, Simon semble revenir vers la voie de la raison et ne pas poursuivre ses absurdes insultes. "Finally came back to your senses, I swear..." Il soupire en portant la cigarette à ses lèvres, marquant une pause avant de mieux pouvoir lui expliquer tout ce qu’il pense bien de son comportement envers son ami. "Are you in love with him?" Ce n’est pas la première fois que la question est posée à l’improbable paire qui n’a jamais vraiment réussie à être séparée. Souvent sous la forme de vanne à laquelle ils répondent en rigolant, elle est dans la bouche de Simon d’une sincérité qui déstabilise un instant Noam. Comment peut-il être assez con pour réellement penser un truc pareil ? Il baise pas avec ses potes, lui. Certes, il est de notoriété publique qu’ils sont toujours collés l’un à l’autre, mais comme peuvent l’être deux hommes qui grandissent ensemble depuis qu’ils ont onze ans. Cette absurdité lui arrache une nouvelle mine renfrognée, alors qu’il recrache la fumée blanche. "Am I… What the fuck, man ? Why would I be in love with a dude ? Ethan’s my bro’, not everyone fuck their mates, for Melin’s sake." Il fait un nouveau pas dans la direction de Simon, se montrant un peu plus menaçant encore. "But aren’t you two supposed to have a thing going on ? ‘Cause from what I’ve just seen, you don’t seem to respect Ethan that much. And don’t throw the whole “we’re not exclusive” garbage at me ! You perfectly know what I mean, you piece of shit." Du moins, Noam espère bien que Simon voit de quoi il parle. Car s’il a suffisamment peu de considération pour Ethan pour ne pas se rendre compte que leur petit accord le torture, il ne serait pas qu’un connard. Il serait bien pire, une illusion dans laquelle se perd Ethan. Et rien qu’à cette pensée, le coeur de Noam se serre un peu plus.

TW : crude language, homophobia

Simon n'était pas vraiment du genre à s'énerver, la plupart du temps. Surtout pas lorsque pour ce genre de choses. Il en avait entendu des horreurs sur lui, Noam n'était pas le premier à lui faire des remarques sur ses aventures, encore moins sur le fait qu'il ait des aventures avec des hommes. La première fois que c'était arrivé, il était en cinquième année à l'école et ça l'avait blessé, certes. C'était la première fois qu'il s'approchait réellement d'un autre garçon et il avait bien failli ne jamais retenter l'expérience, parce que quelqu'un les avait vus, juste être ensemble, sans rien faire, mais apparemment ces choses se voyaient, du moins c'est ce que les septième années qui les avaient vus avaient dit. Et Simon avait eu peur, de ce que ça voulait dire, pour lui, pour ses amis, pour sa famille. Ses parents ne lui avaient jamais rien dit de mal sur l'homosexualité, mais ils n'avaient jamais rien dit de bien non plus. Ils n'en avaient jamais vraiment parlé, personne n'était concerné dans leur entourage proche, alors le sujet ne s'était jamais incrusté dans les discussions familiales. Et encore moins celui de la bisexualité. Mais il n'était pas stupide, et il savait que malgré ce que disaient les autres élèves, il n'était pas le seul, loin de là. Alors il avait choisi d'être un des seul qui n'en faisait pas une grande histoire, qui ne se préoccupait plus des rumeurs, des remarques désobligeantes. Elles n'apportaient rien de bon de toute façon. Et il avait continué à vivre sa vie comme il l'entendait, et les gens avaient fini par se taire, puisque, de toute façon, leurs remarques n'avaient aucun impact sur lui.

Alors, oui, clairement, ce n'était pas pour ça que la colère montait en lui, pas parce que Noam s'en prenait à lui, pas parce qu'il le jugeait, pas à cause de la violence de ses paroles. C'était l'hypocrisie qui le faisait rager. L'hypocrisie de voir que Noam le jugeait pour sa promiscuité alors qu'il n'était pas mieux, l'hypocrisie de le voir parler d'Ethan comme son bro alors qu'il venait de l'insulter de la pire des manières. Il était stupéfait, regardait Noam avec une incompréhension et une perplexité qu'il n'avait que rarement ressenti auparavant.

Et Noam, dans toute sa splendeur, avec ses grand pas supposés être menaçants se rapprochait de lui et Simon ne pouvait retenir sa mesquinerie. "Woah don't get too close man, you might catch the gay thing", mais Noam semblait déterminé, déterminé à lui faire des leçons de morale.

"But aren’t you two supposed to have a thing going on ? ‘Cause from what I’ve just seen, you don’t seem to respect Ethan that much. And don’t throw the whole “we’re not exclusive” garbage at me ! You perfectly know what I mean, you piece of shit."
Simon ne comprenait vraiment, vraiment pas. Il savait qu'Ethan avait eu du mal, avec toute cette histoire de non-exclusivité. C'était difficile de se défaire du modèle qu'on leur avait présenté toute leur vie, de comprendre qu'on peut être avec un quelqu'un et être avec d'autres personnes en même temps. Que c'est même mieux, aux yeux de Simon, de ne pas mettre tant d'attentes sur une seule et unique personne. Et il lui avait dit, dès le début. Et Ethan avait eu du mal parfois, parce que la pratique est bien différente de la théorie, mais il savait dans quoi il s'engageait et il avait accepté.

"No I don't know what you mean, actually. Cause yeah we have a thing, a thing that's not exclusive. And he knows that, and I know he had a hard time adjusting but he knew that from the very beginning. And you know what Noam? Your cockscucker of a bro still came on to me. He came on to me and he knew what he was getting into and he still did it. And he did it again. And he does it, to this day, every other night, he fucking begs for it, for me. And if I let him, man" il lâcha avec un rire etouffé, "if I let him he would never leave my bed. Because the sex is so good and he loves fucking guys so much he can't get enough." Et, juste pour retourner le couteau dans la plaie "So yeah, he comes back, begs me to fuck him and when I'm not fucking him, the only thing he thinks about is how soon he can get in my pants again."
Il sait qu'il devrait sans doute se taire, que ses paroles sont plus vicieuses qu'il ne l'aurait souhaité s'il avait été dans un état normal. Mais Noam avait réussi à l'énerver, vraiment.

"You want to talk to me about respect? You've got some fucking nerve Harris. I respect him, I don't go behind his back calling him names and I never lied to him."
Et il sait aussi que ce n'est pas normal qu'il soit si investi, que ses émotions sont sans doute aussi démesurées que ses paroles. Mais pour une raison qu'il ne saurait expliquer, l'idée que ce qui est censé être le meilleur ami d'Ethan soit comme ça le rend fou de rage. Peut-être que Noam ne le voit pas, surement même, peut-être qu'il se dit qu'Ethan n'est pas comme les autres, qu'il ne fait pas partie des sissies et il espère sincèrement qu'il se rendra au moins compte de son hypocrisie, au moins sur ce point la.  

"Does he know about you? Does he know what you really think of him? He would be disgusted if I told him what you said just now, he would be disgusted and I sure hope he would never talk to you ever again, because you've got to be the shiftiest friend I've ever seen and you sure as hell don't respect him and you don't deserve him."   

tw: Crude language / Homophobia / Violence

Entendre les provocations aussi haineuses qu’amusées de Simon le ramène à la première fois où Ethan a mentionné son attirance pour les hommes. Si la possibilité avait pu traverser Noam à de rares occasions, jusqu’à ce coming out angoissé, il l’a toujours repoussé loin dans un coin de son esprit - comme il préfère faire pour sa propre sexualité, en somme. Sa conception de la normalité, c’est avec simplicité qu’il l’a transposée sur Ethan depuis le premier jour. Être comme Ethan, cela a toujours signifié être moins renié par ses pairs, avoir une vraie famille, avoir moins de difficultés à l’école. Et s’il a vécu à travers son meilleur ami pendant de longues années, tout en ayant conscience des innombrables différences qu’on peut leur trouver, il considérait qu’ils étaient fait du même bois pour tout le reste. Ils faisaient bien ce qu’ils voulaient, les suceurs de bites de Hogwarts, et Noam n’a jamais vraiment participé aux moqueries à leur encontre - peut-être de peur de ressentir la même attirance, peut-être parce qu’il était lui-même trop guidé par sa libido adolescente pour blâmer qui que ce soit de vouloir tirer son coup. Mais lui, il est pas comme ça - eux, ils étaient pas comme ça. Car donner une raison supplémentaire au monde de lui faire sentir qu’il n’est pas à sa place, qu’il n’appartient pas à la norme, lui donne déjà des sueurs froides. Alors, quand Ethan lui a confié son aventure soudaine avec Simon, Noam n’a eu d’autres choix que de le soutenir. C’est ok, il peut se le permettre, lui, lui a dicté son esprit étroit et contradictoire.

Il sait, maintenant, à quel point Ethan aime baiser Simon. Il le sait au travers des nombreuses conversations et questions déplacées que Noam lui a posées, à moitié intrigué, à moitié amusé, et peut-être même un peu gêné par sa propre curiosité. Mais cela ne lui empêche pas d’offrir un visage fermé, de plus en plus furieux, face à l’interminable tirade de Wen. Chaque mot fait sauter un peu plus ses nerfs, jusqu’à le faire exploser. “Hey ! Don’t you talk about him like he’s your little slut ! And don’t go thinking I give a fuck about what Ethan’s doing with his ass. Neither about what you’re doing with it. I don’t care Ethan likes sucking cocks, alright ? So you can keep this lil’ fantasy of yours for yourself, sissy.” crache-t-il en jetant son mégot pour venir le pointer du doigt dans un élan de colère.

"You want to talk to me about respect? You've got some fucking nerve Harris. I respect him, I don't go behind his back calling him names and I never lied to him." Noam ne comprend pas. A vrai dire, il ne comprend tellement pas qu’il sent le besoin de faire violemment taire Simon l’envahir progressivement. A quel moment aurait-il manqué de respect à Ethan ? Sait-il au moins ce que signifie le mot respect, lui qui vient de littéralement traîner le nom de son meilleur ami dans la boue, peut-être même de pisser un peu dessus au passage ? L’ancien Serpentard montre un culot qui sait réduire la patience - déjà bien maigre - de Noam à néant, et il ne prend pas une seule seconde pour lui rendre son venin, se rapprochant encore un peu plus. “Jeez, do you even hear yourself ? And I’m the one with no respect ? You literally just talked about Ethan like he’s a fucking toy you don’t give a shit about. Is that it ? Is that what you think about your non-exclusive bullshit thing ? You think Ethan’s your bitch, craving for your fucking magic cock, eh ? That’s what I thought, thanks for confirming you’re an arsehole.” Mais cela ne suffit pas à arrêter Simon, qui continue sur sa lancée, la voix emplie de dédain et le regard désormais furieux. "Does he know about you? Does he know what you really think of him? He would be disgusted if I told him what you said just now, he would be disgusted and I sure hope he would never talk to you ever again, because you've got to be the shiftiest friend I've ever seen and you sure as hell don't respect him and you don't deserve him."

Noam n’est pas quelqu’un de violent.
Quand il était plus jeune, il a bien participé à quelques batailles d’égos adolescentes en venant aux mains. Il sait rendre les coups, mais n’est pas de ceux qui lèvent le poing en premier.

Mais Noam est quelqu’un d’émotif, se laissant souvent emporter par tout ce qui le traverse.
Certains diront qu’il est entier, touchant par moment, d’autres qu’il a une maîtrise émotionnelle comparable à celle d’un enfant. Et il se sent effectivement bien petit, quand les mots de Simon viennent l’agresser, se permettant de douter de son amitié pour Ethan. Se permettant même, cet incroyable fils de pute, d’espérer que leur confrontation se mettra en travers de l’affection que les deux amis d’enfance se portent. “Shut it now, Wen !” C’en est assez pour le faire s’élancer brusquement vers l’autre résistant. Ses mains viennent s’emparer violemment de son col, qu’il soulève juste assez pour le forcer à lever le menton. Et alors que son visage n’est qu’à quelques centimètres du sien, il le secoue fermement, avec une rage dans laquelle il ne se reconnaît pas. “You think you know Ethan because you’ve been fucking him, eh ? You dare thinking you know what he deserves ? Let me tell you something, dickhead. I’ve known him for ten years, you’re nothing. I respect and know him well enough to see when a bastard such as yourself is stepping on him, and to act on it. I’d die for him in a heartbeat, and I’d beat your ass if I have to, so don’t talk to me about something you can’t even comprehend.” gronde-t-il avec mépris, sa voix venant briser le calme de la planque de l’Ordre. Si qui que ce soit vient se plaindre de la bruyante altercation, qu’il aille se faire foutre. Noam reprend son souffle, sans pour autant détendre ses mains, tirant un peu plus le col de Simon vers lui. “Oh, he had a hard time adjusting to you not being able to keep your dick in your pants ? You’ve got to be some high level selfish prick not to notice how miserable he is.”

Il sent, il sent bien qu’il pourrait le faire taire d’un bon coup de crâne bien placé, et la perspective de pouvoir briser le nez de Simon en un instant lui apparaît aussi satisfaisante que terrifiante. Difficile à dire si Ethan saurait lui pardonner d’avoir abîmé le visage de son précieux boyfriend, mais lui, ne se le pardonnerait pas. Parmi tous les faits qu’on peut lui reprocher, il ne veut pas ajouter à la longue liste un statut d’agresseur violent. Non, ce n’est pas lui, ça ne peut pas être lui. Noam finit alors par repousser Simon dans un mouvement brusque, avant de faire quelques pas en arrière. Ses mains tremblent, agitées par la colère, et par ce qu’il a failli faire. Il recule un peu plus, tâtant nerveusement sa veste pour trouver son paquet de cigarettes, dont il sort rapidement une nouvelle clope en poursuivant, toujours secoué par les propos de Wen.

“That’s too fucking easy. You’ve convinced him he mattered to keep sucking his dick as much as you’d like, while actually not giving a damn about him. Il porte sa baguette à son visage pour allumer la cigarette, laissant échapper un rire nerveux. ”Holy shit, you really think you’re such a good guy.” souffle-t-il en levant finalement les yeux vers Simon. “You are lying to him. The least you could do is being honest with Ethan, and tell him what you just told me, how he’s just a begging hoe to you. You don’t deserve to be around someone like him, and he sure doesn’t deserve to be treated like a sextoy by a guy he cares so much about.”

C’est une main encore tremblante qu’il passe dans ses cheveux, alors qu’il pointe Simon avec sa cigarette, qu’il agite au rythme de ses mots. Des mots qu’il n’espérait pas avoir à prononcer. “You’re seriously worst than I thought. You’re not just inconsiderate, you’re thoroughly manipulating him.” Putain, Ethan n’aurait pas pu tomber pire. Noam a envie de gerber.

TW : crude language, homophobia, mention of racism & slut shaming

La violence a toujours été quelque chose de lointain pour lui, Simon n'a jamais été violent, du moins pas gratuitement. Et même lorsque c'était mérité, il en fallait quand même assez pour le rendre violent, physiquement, faites l'amour pas la guerre, tout ça. Il savait que Noam était impulsif et il avait pu voir au cours de cette soirée toute la colère que Noam ressentait. Il ne s'était tout de même pas attendu à ce que Noam en vienne aux mains, surement parce que ce n'était pas son réflexe premier à lui, peut être aussi parce qu'il ne le méritait pas. Il avait donc été surpris, surpris de l'audace de Noam, c'était stupide sans doute, et une partie malsaine de lui avait vraiment envie de le pousser à bout, de voir jusqu'où il pourrait aller. Simon était prêt à se défendre, il avait pratiqué les arts martiaux toute son enfance, Hong Kong oblige, et même si son père serait sans doute déçu à l'idée qu'il puisse utiliser les arts traditionnels de leur culture par pure mesquinerie, il s'en remettrait et la satisfaction en vaudrait le coup. Mais d'un autre côté, il savait qu'il devait être la personne responsable, que Noam était comme un enfant à qui on avait retiré son jouet préféré et que Simon ne pouvait pas se laisser entrainer dans les tréfonds de l'humanité avec lui. Avec il l'avait laissé faire, l'avait regardé avec tout le mépris dont il était capable et avait écouté son petit laïus moralisateur avec dédain.

“You think you know Ethan because you’ve been fucking him, eh ? You dare thinking you know what he deserves ? Let me tell you something, dickhead. I’ve known him for ten years, you’re nothing. I respect and know him well enough to see when a bastard such as yourself is stepping on him, and to act on it. I’d die for him in a heartbeat, and I’d beat your ass if I have to, so don’t talk to me about something you can’t even comprehend.”

Ils faisaient la même taille, ou presque, et Simon pouvait voir dans ses yeux tout le ressentiment qu'il n'arrivait pas à cacher. Il espérait que Noam pouvait voir dans les siens à quel point son opinion de lui était basse.

"And what? You think you're such a man, right? Look at you, you're so tough, you want to beat my ass. I'm not scared of you Harris and I know he deserves better than a raging homophobe for a best friend at least."

Noam l'avait repoussé, summum de l'hypocrisie encore, comme si c'était lui qui l'avait attaqué. Simon était resté bien planté au sol, impassible, immuable, parce que ce que disait Noam l'atteignait beaucoup moins que l'inverse, parce qu'il avait raison et il le savait pertinemment et parce qu'il espérait sincèrement que Noam s'en rendrait compte. Il voulait que ça le rende fou, de savoir que ses paroles ne valaient rien, qu'il s'était égosillé pour rien, nada.

“That’s too fucking easy. You’ve convinced him he mattered to keep sucking his dick as much as you’d like, while actually not giving a damn about him. — You are lying to him. The least you could do is being honest with Ethan, and tell him what you just told me, how he’s just a begging hoe to you. You don’t deserve to be around someone like him, and he sure doesn’t deserve to be treated like a sextoy by a guy he cares so much about.”

Simon avait récupéré sa cigarette, qui avait chuté au sol pendant leur altercation, avait murmuré un "thanks for that" ironique alors que Noam continuait encore et encore. Et il ne savait pas de quoi il parlait, il ne l'avait jamais su.

"He knows that, you, on the other hand, you don't know shit. He knows that he's a hoe for me, he told me himself and he knows that I'm a slut and you know what Harris? It only sounds bad in your mouth because you're a prejudiced hypocrite. You don't like sluts despite fitting the perfect definition yourself, you don't like gays, what next? Huh? Maybe you don't like Asian people, maybe that's why you're busting my balls so fucking much?"

Et peut-être que Noam avait raison, d'une certaine manière, peut-être qu'il n'aurait pas du dire tout ça. Mais rien dans cela n'était mauvais, pas tant que les gens ne l'interprétaient pas comme tel. Et c'était ce que Noam faisait, parce que Noam pensait qu'agir de cette façon n'était pas respectable, parce que Noam pensait que toutes les filles qu'il se tapait lui n'étaient que des salopes et que maintenant, il mettait Ethan dans le même panier. Un panier qu'il jugeait dégradant.

"I know you're not the brightest of the lot but even you can't be that dumb. You talk shit about me, you think you're better? Don't you dare tell me you didn't roll off of whatever girl's bed 10 minutes ago." Il s'arrêta un instant, il ne savait même pas par où commencer tant ce que disait Noam était incroyable.  "I know Ethan, we've been spending a lot of time together, I know him and I like him and yeah, we have sex but the difference between me and you is that I'd still hang out with him if we weren't, do you hang out with all the girls you fuck? Or do you maybe just treat them like fucking sextoys?"

Si Simon s'en foutait d'Ethan comme il le disait, il ne serait pas là en cet instant, à le défendre d'un  ami qui le traitait comme un moins que rien. Si Simon s'en foutait vraiment, il aurait arrêté de le voir à la première mention d'une once de jalousie, il lui aurait expliqué que c'était mieux ainsi, que ça ne valait pas la peine de se prendre la tête pour quelque chose qui n'était qu'éphémère et futile de toute façon. Pendant longtemps il avait pensé qu'Ethan était comme tous les autres, mais les signes avaient été là dès le début. Ils passaient beaucoup de temps ensemble, oui, mais ce n'était pas volontaire, l'Ordre avait décidé qu'ils faisaient de bon partenaires, et c'était le cas. Mais les moments qu'ils passaient ensemble en dehors des missions n'avaient rien à voir avec l'Ordre. Il avait des doutes déjà, depuis quelques temps, des doutes quant à la nature de leur relation. Pas seulement parce  qu'ils passaient beaucoup de temps ensemble, parce que Simon s'était surpris à chercher sa compagnie lorsqu'il aurait pu avoir celle de quelqu'un d'autre, parce que malgré ce que Noam pouvait penser, il en était arrivé à un point où il faisait passer Ethan avant les autres.

"You don't know what I feel and you don't know what he feels. The only thing you know is what you see. And you don't see a lot, obviously. And you're right, maybe I don't deserve him, because he's a good guy and maybe I'm not good enough. But you know what, in the end, it's his choice, he's not an innocent fucking child, he doesn't need you or anyone to make decisions for him. He's smart, a lot of people might not see it but he is," unlike you, "he doesn't need you to protect him. If he wants to stop seeing me, he'll say so himself, and nothing you say can ever have any impact. I don't care about what you think of me, I care what he thinks of me, and so far I didn't get any complaints. So you know what Harris, save yourself the embarrassment, go back to your room, sleep it off and I'll even pretend to forget this ever happened."

Malgré le fait qu'ils aient le même âge, Simon est visiblement l'adulte dans cette situation. Et ça aurait été qui que ce soit d'autre, il aurait surement continué sur sa lancée, il aurait surement cherché à le pousser à bout. Mais il sait, il sait que Noam est le meilleur ami d'Ethan, même s'il n'est pas un bon ami, il sait que si Ethan ne pardonnerait sans doute pas à Noam ce qu'il a dit, ce qu'il a fait, l'inverse serait vraie. Si Simon le touchait, si Simon continuait à l'encourageait, il ne serait pas mieux que lui.

"Also, just so you know. I'm from Hong Kong, we take martial arts pretty seriously, so if you ever wanna do that shit again, keep in mind that I could literally kill you with two fingers, " il lâcha finalement avant de retourner à sa cigarette.

 

tw: Crude language / Homophobia

"I'm not scared of you Harris and I know he deserves better than a raging homophobe for a best friend at least." Homophobe. Le mot arrache à Noam une expression surprise et sincèrement décontenancée. Comment pourrait-il être accusé d’une telle étiquette ? Lui qui ne blâme pas l’attirance de son meilleur ami pour les hommes, lui qui n’a jamais participé à la déferlante d’insultes envers les étudiants officiellement out de Hogwarts, lui qui a même embrassé un de ses camarades, une fois - sans trop l’assumer, suffisamment honteux pour ne pas en parler à Ethan. Comment Simon pourrait penser une chose pareille, sans même le connaître véritablement ? On ne peut pas être homophobe, quand la personne dont on est le plus proche est bisexuelle, si ? On ne peut pas être homophobe, quand soi-même, on- Simon ne sait pas de quoi il parle. Et s’il fait référence aux sissy et cocksucker qui filent naturellement entre les lèvres de Noam, il n’a qu’à ravaler sa susceptibilité mal placée. Il ne fait qu’expliciter ce qu’ils sont, ce qu’ils font, pas sa faute s’ils sucent des bites, chacun fait bien ce qu’il veut - mais pas lui, non, pas lui.

Un léger rire lui échappe, accompagné d’un nuage de fumée, quand Simon suggère que la définition de pute lui revient parfaitement. Ce n’est pas quelque chose qu’il peut nier, encore moins un fait dont il a honte. Sa réputation n’est plus à faire, et on peut difficilement dire que Noam ne l’a pas lui-même façonné au fil des ans et des conquêtes. Bien sûr, qu’il correspond au cliché du collectionneur - ou d’objet de collection -, pas comme s’il essayait de se défaire de ce statut. Il se complait même dans cette image qu’il renvoie, toujours avec une envie inavouée qu’elle lui apporte une forme de validation de la part de ses pairs. Un rire fier et un regard défiant, c’est bien tout ce que lui évoque la tirade de Wen - et le résistant n’écoute déjà plus quand il est honteusement suggéré qu’il pourrait bien être raciste, pour couronner le tout. "I know you're not the brightest of the lot but even you can't be that dumb." La claque sait le ramener rapidement à la réalité. On ne se remet jamais complètement d’une jeunesse à se faire traiter d’idiot par son seul parent, et à être considéré comme tel par ses camarades. Il a mis tellement d’énergie à donner raison à son entourage, pourtant - il est bien plus simple de fabriquer soi-même les preuves de sa bêtise, plutôt que de prendre le risque que les propos dégradants à son encontre soient réellement fondés. Noam a appris, depuis le temps, à ne pas se laisser envahir par ce désagréable sentiment qui pointe le bout de son nez dès qu’on remet en cause son intelligence, mais il ne sait chasser ce léger vertige qui le prend. "Calling me dumb, how original." Parce qu’il ne peut pas autoriser les propos de Wen l’atteindre complètement, alors il fait ce qu’il sait faire de mieux, se moquer de son interlocuteur, non sans un certain malaise dans sa voix.

"I know Ethan, we've been spending a lot of time together, I know him and I like him and yeah, we have sex but the difference between me and you is that I'd still hang out with him if we weren't, do you hang out with all the girls you fuck? Or do you maybe just treat them like fucking sextoys?" Pas besoin de bien plus pour lui faire lever les yeux au ciel, avant de tirer à nouveau sur sa cigarette. Simon et son immense besoin de se faire passer pour un good guy, commencent drôlement à lui faire perdre patience. Et qu’il aille jusqu’à comparer sa relation avec Ethan, avec celle que Noam entretient avec ses conquêtes, donne une raison au plus au résistant de croire qu’il n’a absolument pas conscience du terrain sur lequel il s’engage avec le blond. "It’s called a fucking mutual agreement, ever heard about it ? They use me as a sextoy, I use them as sextoys, we laugh, everyone’s happy, end of story. Of course I don’t hang out with each and every single girl I fuck, man" il laisse à nouveau un léger rire narquois fuire entre ses lèvres "I don’t have that much time, what did you think ? And that’s actually the huge difference between me and you, I don’t walk around playing with them like I give a shit." Parce que le plus gros tort de Wen est bien là. Accorder assez d’importance et de temps à Ethan pour faire battre son coeur, pour mieux le mettre plus bat que terre par derrière.

Et c’est également pour cette raison, que les propos de Simon sonnent comme une vague plaisanterie - si ce n’est qu’il semble reconnaître qu’il n’est pas assez bien pour lui, enfin un peu de bon sens dans ce flot de conneries. Noam l’écoute patiemment, en finissant sa deuxième cigarette, prétendre qu’il ressent quelque chose pour le blond, le couvrir de termes encenseurs, comme s’il ne venait pas de le traiter de pute quelques secondes plus tôt. Il ne peut pas s’empêcher de sourire, cherchant peut-être à effacer la pulsion qui l’a prise il y a deux minutes, derrière ses rangées de dents. Bien sûr, Simon, tu adores passer du temps avec Ethan. Bien sûr, Simon, l’avis d’Ethan est si important pour toi. Bien sûr, Simon, Ethan ne s’est jamais plaint de la nature non-exclusive de votre relation. Bien sûr, Simon, faisons comme si c’était à Ethan de s’adapter, et non à toi de prendre en compte ses sentiments. D’ailleurs, tu en as tellement quelque chose à foutre d’Ethan, que tu ignores si facilement ses plaintes et malaises.

"Also, just so you know. I'm from Hong Kong, we take martial arts pretty seriously, so if you ever wanna do that shit again, keep in mind that I could literally kill you with two fingers." Cela finit bien par lui arracher son habituel moqueur. Se foutre de la gueule des gens, il fait cela bien mieux que de leur rentrer dedans. ”Dang, that’s impressive, man. Thanks for sharing your life story with me, feeling blessed right now." Il fait voler son mégot d’une pichenette habile aux pieds de Simon, avant de se passer une main dans les cheveux. "Alright, you’re done? Not that you’re whole speech wasn’t moving, I almost cried actually." Non vraiment, il préfère prétendre qu’il ne lui a pas explosé au visage, qu’il est en parfait contrôle de ses émotions. "Ok so let me get this straight, just to make sure I got everything right - you know, since I’m not that bright. So, we’ll pretend Ethan never complained, uh ? I mean, that’s convenient for your “nice guy” storyline, so let’s just, let’s just pretend dude’s fine, he never runs into my arm whining because you’re banging whoever you’re banging. I mean, you know him so well, Simon, he’s not a sensitive guy, right ? Nah, not Ethan, dude is tough, right ? I even think that should be his nickname for the rest of that fucking bullshit story, Ethan “motherfuking tough” Herrera, perfect fit, brilliant." Il continue sur sa lancée, les nerfs à vif, suffisamment pour afficher un sourire crispé qui s’intensifie à chaque phrase balancée rapidement. "And Tough Herrera is sooo tough, he’s not even in love with you, is that it ? Please, just cut me off if I got anything wrong. No feelings, nope, nothing, just a plain satisfaction of being called a hoe by you. That sure is my guy, nice portrait, I mean, you got this all right, Wen." Noam marque sa phrase d’un léger applaudissement à l’attention de Simon, secouant la tête. "You’re full of shit, that’s absolutely unbelievable. And on top of that, you’d like to make me believe you care about what he thinks ? Really ? When you don't have a clue ?"

TW : crude language, mention of slut shaming


"I don’t have that much time, what did you think ? And that’s actually the huge difference between me and you, I don’t walk around playing with them like I give a shit."

Bien sur qu'il n'avait pas le temps, c'était aussi une des grandes différences entre lui et Noam, et il ne se priva pas de lui faire remarquer "you're just proving my point, I have the time to care because I'm not sleeping with like 500 people at the same time". Pas que ce soit un problème en soit, mais ce n'était pas ce qu'il était, ni ce qu'il a jamais été. Il avait toujours eu cette réputation pourtant bien éloignée de la vérité. Il avait toujours été vu ainsi, comme un player, comme s'il avait couché avec la terre entière, alors qu'en réalité, il n'avait pas eu tant d'histoires que ça, certainement moins que Noam. Il aimait prendre son temps, sans doute, et les aventures d'un soir, s'il y en avait eu de temps en temps, n'avaient jamais été sa drug of choice. Il était plutôt partisan de la team practice makes perfect et préférait revoir ses partenaires.

Il ne comprenait vraiment pas la colère de Noam, ses remarques acerbes lui semblait disproportionnées, son acharnement déraisonné. Il ne comprenait pas pourquoi Noam cherchait des problèmes là où il n'y en avait pas vraiment. Il finit sa cigarette pendant que Noam blablatait dans son coin, et qu'il écoutait d'une oreille distraite. Il n'avait pas vraiment envie de se soucier de ce que Noam pouvait penser de lui, il avait déjà craché tout son venin et Simon ne voyait pas ce qu'il pouvait rajouter. Il avait été clair, il n'appréciait pas sa relation avec Ethan, il pensait tout savoir mieux que lui, mieux qu'eux et il essayait de faire passer Simon pour ce qu'il n'était pas : quelqu'un qui s'amusait des sentiments des gens, sans considération aucune.

Et il était apparemment agacé du fait qu'Ethan lui parle de leurs problèmes, ce qu'il ne devait plus faire de toute façon, puisqu'il n'y avait plus de problèmes, puisqu'ils s'étaient expliqués et que Ethan n'avait plus aucune raison de venir geindre dans les bras de Noam. Une pensée qui était dérangeante en soit. Simon ne voulait vraiment pas savoir combien de temps Ethan avait passé dans les bras de Noam, même de façon platonique.

Il se frotta les yeux avec fatigue, la soirée avait été longue, et Noam était fatiguant, littéralement, c'était comme s'il aspirait l'énergie des gens qui l'entouraient et Simon était sa proie en ce moment même. Il était sur le point de le couper, pour lui dire encore une fois, que cette discussion ne servait à rien, qu'ils ne seraient jamais d'accord, mais c'est Noam qui lui coupa le souffle. In love?, what. the. fuck.

"Wait, what ? What are you on about?" Ethan ne pouvait pas être amoureux de lui, Ethan était amoureux d'Araminta, la fille sur qui il bavait en cours de potions, celle dont il était tombé amoureux à Hogwarts et dont la photo séjournait parmi les affaires d'Ethan, toujours là, toujours visible, comme un rappel constant qu'elle avait disparu, qu'il était amoureux d'elle, qu'ils étaient heureux et qu'il allait sans doute la retrouver et que tout redeviendrait comme avant, et lorsque ce serait le cas, Simon ne serait plus qu'un souvenir distant.

"You're delusional man, about a lot of things but that," il lâcha un petit rire, "that takes the fucking cake. Ethan's not in love with me, he's in love with Araminta, you know, his girlfriend who disappeared? There's at least five pictures of her in his room. You should know who that is."
Simon exagérait peut-être un peu, mais pas tant que ça. Il l'avait vue, Araminta, il avait toujours l'impression qu'elle le regardait depuis le mur quand il restait trop longtemps dans le lit d'Ethan après, avec son regard bienveillant. Elle avait l'air gentille, et Simon comprenait pourquoi Ethan était tombé amoureux d'elle. Ethan la regardait toujours avec cette expression indescriptible, le visage qu'on les gens amoureux mêlé à la tristesse de l'avoir perdue. Simon avait appris à reconnaitre ses expressions, parce qu'il avait passé beaucoup de temps avec lui et parce qu'il faisait attention à ce genre de choses, il savait à quoi ressemblait Ethan amoureux et il savait aussi que cette expression ne lui était jamais destinée. Il alluma une nouvelle cigarette, en espérant pouvoir mettre le pincement au coeur qu'il ressentait sur le compte du poison qui se répandait dans ses poumons.  

"I care what he thinks, if I didn't I wouldn't have put up with his shit and most of all, your shit. So yeah I care, and you're the one that has no clue, because I probably like him a lot more than he likes me. I'm his big sexuality crisis outlet, I'm the one that opened that door for him and don't worry, when he's confident enough to go through to the other side he'll find some other guy and forget all about me."

 

tw: Crude language

On a parfois du mal à comprendre ce qui peut bien lier les deux amis d’enfance. Si la majorité s’accorde à penser qu’ils apprécient surtout la compagnie de l’autre parce qu’ils y retrouvent le même humour simple, parfois idiot, on sous-estime souvent l’amitié fusionnelle qui les uni. Ethan et Noam ne sont pas deux bons potes passant leur temps à se moquer du monde, à se mettre sur la gueule pour s’amuser, à faire du bruit pour ennuyer leur entourage. Ils sont deux frères, qui se sont trouvés à un âge où de nouveaux repères cherchent à se construire, et force est de constater que Noam a bâti une bonne partie de sa vie autour de son meilleur ami. Le résistant peut se vanter de le connaître mieux que quiconque, et d’avoir traversé avec lui toutes les épreuves faisant d’eux les hommes se battant aujourd’hui pour l’Ordre. Dans ce désordre innommable qu’est la guerre contre le gouvernement, Ethan est bien l’unique ancre qui sait parfois le ramener sur terre, qui lui rappelle ce pour quoi il lutte. Il est, en vérité, tout ce qui lui reste pour famille. Et ce que le jeune Harris a craché au visage de Simon dans son élan de colère - I’d die for him in heartbeat - n’a jamais été aussi vrai depuis que ce frère qu’il a perdu pendant trois longues années a resurgi dans son quotidien. Noam s’est juré, plus que jamais, qu’il le protègerait, comme il n’a pas su le protéger des Carrow ou de son quotidien sous l’oppression avant qu’il ne soit récupéré par l’Ordre.

Quitte à décider pour Ethan ce qui est mieux pour lui, apparemment. Au fond, il a bien conscience qu’il vient de signer, tout seul comme un grand, pour une dispute explosive avec son meilleur ami demain, quand il entendra parler de l’altercation. Peut-être même un peu plus qu’une dispute, s’il apprend par dessus le tout que Noam vient, avec défiance et un naturel culotté, de bafouer sa confiance. Celle qu’il a placé entre ses mains quand il avoué, malgré lui, et presque à son propre étonnement, qu’il tombait amoureux de Simon. Certainement pas une déclaration surprenante pour Noam, qui a su reconnaître les symptômes d’un Ethan épris : regards insistants, sourires mielleux, rires un peu trop aigus et déclarations dramatiques confiées à son meilleur ami. "Ethan's not in love with me, he's in love with Araminta, you know, his girlfriend who disappeared? There's at least five pictures of her in his room. You should know who that is." Des symptômes qu’il n’a, jusqu’à maintenant, montré qu’en présence d’Araminta. A l’entente de ce prénom, encore plus dans la bouche de Wen, encore plus à cet instant où ses émotions battent dans ses tempes, son coeur se soulève légèrement, assez pour qu’il en ait conscience. Parce qu’il fut un temps où tout était normal, où Noam faisait office de troisième roue du carrosse, à traîner dans les pattes du jeune couple, à faire rire Araminta de ses bouffonneries, à assister aux premiers regards amoureux de son frère, à juste être une adolescent débile à profiter de son meilleur ami et de celle qu’il a volontiers accepté comme one of the guys. "Hey, she’s not just pictures on a wall, alright? She’s my fucking friend, show some respect."

Simon parle vraiment de ce qu’il ne connaît pas. Il a la prétention de déclarer connaître assez Ethan pour savoir ce qu’il se passe dans sa tête, et son analyse est tellement à côté de la plaque. Il est peut-être la big sexuality crisis du blond, le terme est même assez bien trouvé, mais il ne semble pas moins occuper les pensées d’Ethan. Et, honnêtement, Noam en a ras le cul de le voir patauger ainsi dans ses sentiments, de ne pas avoir le courage de se révéler - lui-même n’a jamais ressenti quelque chose de comparable à l’amour, mais ça ne doit pas être bien compliqué de faire sa déclaration, si ? C’est certainement mieux que de continuer à chouiner en silence, en tous cas. Noam ne fait que lui rendre service, lui faire gagner du temps, pas vrai ? De toute façon, foutu pour foutu, autant foncer dans le mur la tête la première, principe numéro un de la philosophie noamienne. “Boo-hoo, look at me, I care more than he does, he’ll end up throwing me out for some guy, boo-hoo” ironise-t-il avec un petit rire moqueur “Almost believable, but no, still not buying it man.” Sa main vient mécaniquement chercher une nouvelle cigarette moldue - tant pis pour sa santé, il ira courir demain pour éliminer les toxines, ce sera bien suffisant. “You know Ethan, uh? Ok, so tell me, Wen, who’s the person he spends most of his time with, other than me? Like, he’s not always craving for your attention and shit? And I’m not talking about when he tries to get your precious cock. Isn’t he trying a bit too hard since you guys started to fuck? Just think about it a minute, you’re a smart guy, aren’t ya?” Noam marque une pause pour allumer sa cigarette, en inspirer une bouffée, et recracher un nuage de fumée en direction de Simon. “So? Is Ethan still in love with his first girlfriend who disappeared years ago? Is he in love with the guy in his face all day long? I don’t know, you tell me.” Il écarte les bras en haussant légèrement les épaules, pour souligner son ton faussement curieux. Oh, il va tellement le regretter.