L’appareil photographique à soufflet s’actionna dans un seul mouvement et crachat un flash qu’on aurait pris pour un éclair dans cette scène pluvieuse. On distingua un instant un tailleur-jupe framboise, serré à la taille d’une lourde ceinture en cuir noir. Le journaliste du Daily Prophet, la plume frétillante, se rua sur la Sous-Secrétaire d’Etat auprès du Ministre. Avant qu’il n’ait le temps d’ouvrir la bouche, Umbridge toussota. Ahem ahem. Il se tut pour la laisser parler. « Le Ministre de la Magie, que je représente aujourd’hui dans ces circonstances douloureuses, a tenu a adressé à la famille Rosier ses condoléances les plus sincères. (mensonge) Le service d’extermination des hybrides récalcitrants prendra quant à lui toutes les mesures nécessaires pour que de tels attentats soient punis et vengés dans le cadre des lois sorcières en vigueur. » Et Dolores tourna les talons.

Les enterrements ne constituaient pas vraiment le passe-temps préféré de Dolores Umbridge. La Sous-Secrétaire d’Etat arborait une figure de tristesse assez convaincante. Après tout, elle appréciait la famille Rosier dont elle était un des soutiens historiques, notamment au sein de l’ASAP. Sa détestation des hybrides et de leurs partisans lui avait accordé la permission de fréquenter et d’intégrer la haute-société du régime du Seigneur des Ténèbres. Pour autant, elle se sentait menacée dans ses positions depuis la disparition de Lord Voldemort. Des funérailles d’une famille de sang-pur apparaissaient comme une bonne occasion d’asseoir ses relations avec les membres de l’ASAP, et de rappeler aux plus dubitatifs qu’elle n’avait pas conservé son siège sans raison.

Cela lui semblait faire une éternité qu’elle serrait des louches, qu’elle adressait à la bonne société des sourires aimables et compatissants, qu’elle promettait que la mort des Rosier serait rendue au centuple aux incendiaires. Si elle n’avait pas fait mention du Seigneur des Ténèbres à chaque phrase, on aurait presque cru que Dolores se lançait dans une campagne électorale. De main en main, de sanglot en sanglot, Umbridge traça son chemin sous la pluie jusqu’à Caesar Rosier. Il était devenu par la force des choses l’ainé de la famille, tant que son frère serait dans le coma. La Sous-Secrétaire adressa un sourire à Pansy Zanbini puis tourna son attention au jeune Caesar. L’espace d’un instant, elle se répéta son dossier dans la tête : Slytherin, LAAW, Rosier Lights. Peu d’informations. Après tout, seuls les parents Rosier avaient jusqu’à présent intéressé les ambitions de Dolores. Elle se promit de remédier à ce regrettable oubli. « Jae-Hwa et Aloysius étaient de véritables piliers de notre communauté. Aussi, le Seigneur des Ténèbres les considère comme une regrettable perte pour l’Angleterre. (encore un mensonge) En ce qui me concerne, j’ai perdu des amis. Je ne peux mesurer votre peine, mais sachez qu’ils étaient des héros. » En vérité, personne ne savait ce que Lord Voldemort pensait. Il demeurait introuvable. Dolores posa une main froide et délicate sur joue de Caesar, penchant la tête en signe de compassion. « Mon garçon, je suis convaincue que vous serez à la hauteur de leur héritage. Le Ministère compte sur vous ». La Sous-Secrétaire glissa ses doigts dans une poche de son tailleur, et en sorti un badge représentant un petit chaton noir endormi sur un oreiller. Sans lui demander son avis, elle l’agrafa sur le vêtement du fils endeuillé. « Vous savez désormais comment me contacter. Pour n’importe quoi. » Elle tapota la joue de Caesar affectueusement et se perdit à nouveau dans l'assistance pour rejoindre son siège.

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”Quitte à boire, bois plutôt ça. C’est meilleur.” Caesar plisse les yeux à l'adresse de son cousin, mais semble appréciateur quand Ben produit de son manteau une flasque dont il verse le contenu dans le verre de Caesar. Ce dernier se fiche bien de ce ça peut être, pour être honnête. ”Promis, ce n’est pas du jus de pomme.” En temps normal, il ferait semblant d'être choqué de l'attitude un peu rebelle de Benjamin; mais ce n'est pas un temps normal, alors Caesar se contente d'apporter le verre à ses lèvres, grimaçant quand l'alcool fort lui picore les narines puis la langue.
“ Bonjour vous deux. ” Caesar jette un regard en biais à Pansy, répondant à son baiser de bienvenue d'un air distrait. “ On boit quoi ? — De la merde. — Pas ce vin, en tous cas, ” répondent les deux cousins en même temps. ” Je serais même prêt à boire ton Lunarosa à la place. ”

Caesar grimace de plus belle, mais se contente plutôt de siroter l'alcool que Benjamin lui a donné. Du whisky, apparemment, donc complètement illégal. Il pense néanmoins que son père serait fier, quelque part. ” Je reviens. ” Caesar aimerait l'arrêter, mais il n'ose pas - surtout en voyant Benjamin se diriger vers Jeong-Hui. Fidèle à elle-même, celle-ci reste silencieuse et impavide. Clairement, elle n'a pas besoin d'aide, donc il ne comprend pas pourquoi Benjamin va la voir. C'est toujours pareil de toutes façons avec elle. Ils enterrent leur famille, et elle n'en a rien à foutre.
"Où est ton mari?" demande-t-il à sa cousine après avoir suivi Benjamin du regard d'un air amer. "Lui aussi il a forcément quelque chose de décent à boire, non?" Même si lui et Pansy n'ont jamais été proches, ils s'entendent plutôt bien et elle a un talent certain pour lui changer les idées et le faire penser à autre chose; pendant un bref instant, alors qu'elle lui décrit en détail à quel point Blaise devient bavard et chiant quand il boit, elle parvient à lui voler un sourire.

Un sourire qui disparaît bien vite quand il voit s'approcher de lui la Sous-Secrétaire d'État. Le whisky a commencé à faire son chemin jusqu'à son cerveau, et il sent un léger bourdonnement naître à l'arrière de son crâne. Il se redresse à mesure qu'elle se rapproche, et jette un regard de reconnaissance à Pansy qui en fait de même à son côté et ne s'éloigne pas. « Jae-Hwa et Aloysius étaient de véritables piliers de notre communauté. Aussi, le Seigneur des Ténèbres les considère comme une regrettable perte pour l’Angleterre. En ce qui me concerne, j’ai perdu des amis. Je ne peux mesurer votre peine, mais sachez qu’ils étaient des héros. » Caesar cligne des yeux, et est tellement surpris qu'il reste paralysé quand Umbridge lève la main et la pose sur sa joue. Un frisson désagréable lui descend le long de la colonne vertébrale; il n'est pas habitué aux contacts physiques avec des gens n'appartennant pas à sa famille.

Et encore moins de la part de sales sang-mêlés.

Mais il est trop surpris pour faire quoique ce soit, et ne peut que regarder la Sous-Secrétaire d'État avec des yeux exorbités. « Mon garçon, je suis convaincue que vous serez à la hauteur de leur héritage. Le Ministère compte sur vous. » Elle sort quelque chose de sa poche, l'épingle au revers de son costume noir. L'expression choquée de Caesar devient presque affolée. « Vous savez désormais comment me contacter. Pour n’importe quoi. » Elle lui tapote la joue. "Euh. Merci," parvient-il à produire du bout des lèvres, dans une hésitation qui n'est véritablement pas très fidèle à son caractère, avant qu'Umbridge se détourne et s'en aille.
C'est plus fort que lui, Caesar se détourne à son tour et essuie aussitôt sa joue contre le dos de sa main, puis son épaule. "What the fuck?" Pansy semble aussi prise de court que lui et le regarde en fronçant les sourcils. "Ugh." Elle désigne ce qu'Umbridge a attaché au revers de son costume du bout du doigt. Elle refuse de le toucher, semble-t-il, même du bout de l'index. "Pas très fashionable. — Par Merlin, enlève moi ça." Les cousins se débattent un peu avec le badge, apparemment magiquement résistant à toute tentative de retrait, jusqu'à l'en débarasser au bout de quelques instants. Caesar jette un regard dégoûté au chaton endormi sur son oreiller et résiste à l'envie de le jeter parterre et de l'écraser de son talon. "Yikes." Caesar est bien d'accord, mais il range néanmoins le badge dans sa poche, en se disant que peut-être pouvoir contacter ou prendre rendez-vous avec la Sous-Secrétaire d'État ne serait pas si mal...

"On m'a dit qu'il y avait des verres vides par ici?" Le grand sourire de Blaise, l'époux de Pansy, semble presque déplacé en cet instant précis; et pourtant Caesar l'accueille avec plaisir, tendant son verre dans sa direction. La portion que lui serre Zabini est bien plus généreuse que celle de Benjamin (à qui Caesar adresse un regard torve, il est toujours près de Jeong-Hui avec sa copine chinoise), et c'est tant mieux: il va en avoir besoin. "Fais attention, tout de même. — Mais non, ça ira, Caesar est un grand garçon." Caesar se rappelle vaguement de Benjamin se plaignant du couple Zabini comme étant à la fois des mauvaises influences pour quiconque, et aussi des gens odieux; mais en cet instant précis, il les trouve plutôt sympathiques.
Et leurs commentaires déplacés sur les tenues des invités, son verre que Blaise remplit à chaque fois qu'il se vide et l'impression factice que tout va bien, est exactement ce dont il a besoin pour finir cette journée sans craquer.

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