Ca va faire une semaine que Sohan est d’une humeur de merde et ça commence à sérieusement se faire ressentir au camp. Il disparaît pendant des heures, soit pour réapprovisionner Dagobah en ressources dont ils n’ont même pas besoin, soit pour aller se promener seul avec Argos, ou la pauvre âme assez folle pour supporter sa présence ces derniers jours. La raison est simple et si personne n’en parle, ils l’ont tous remarquée : depuis qu’Anthony a mis un pied dans leur tente une semaine plus tôt, c’est à peine s’il lui a adressé la parole. Pire encore, il n’arrive même pas à le regarder dans les yeux et c’est en train de rendre Han dingue. Alors plutôt que de causer une scène, il s’isole. Puisque Tony ne veut même plus le regarder, autant que Sohan lui donne le moins d’occasion possible d’avoir à supporter sa présence, pas vrai ?

Quel con.

Peut-être qu’il exagère. Sûrement, même, mais c’est plus fort que lui, Sohan n’a jamais été connu pour être quelqu’un de très rationnel et c’est mission impossible lorsqu’il s’agit d’Anthony. Alors il fait la gueule, grogne plus qu’il ne parle lorsqu’on lui adresse la parole et évite tout le monde comme la peste. Après tout, on ne peut pas venir lui poser des questions auxquelles il ne veut pas répondre s’il passe son temps loin du camp.
Bien évidemment, c’est sans compter sur Hugo qui vit mal les conflits et ne supporte pas lorsque la tension à Dagobah est tellement épaisse qu’elle en devient presque palpable. Sohan aurait dû se douter que l’ancien Hufflepuff finirait par se lancer dans une intervention d’urgence pour tenter d’arranger la situation.

“It’s the middle of winter,” soupire Sohan en se pinçant l’arête du nez entre le pouce et l’index. Mais Hugo se contente de croiser les bras et de lui lancer un regard un peu agacé. “And when did that ever stop us?” demande-t-il et… Okay. D’accord. Il marque un point. Mais un barbecue, vraiment ? Habituellement, Sohan apprécie ces soirées où ils se réunissent autour du feu pour manger tous ensemble et se changer les idées. Ils parlent de tout sauf de la guerre, Amaya les régale de chansons qu’ils ne peuvent s’empêcher d’accompagner - terriblement - et ils finissent par aller se coucher l’estomac plein, les joues presque douloureuses d’avoir trop ri.

Comme si tout était normal.

Ca fait longtemps qu’ils n’ont pas fait ça. Longtemps qu’ils n’ont pas fait comme si tout allait bien. Et autant dire que Sohan n’a aucune envie de se sociabiliser ce soir, mais Hugo a l’air déterminé et c’est dur de lui dire non. Alors Han abdique, parce qu’il n’a pas envie de passer pour un sale con égoïste et parce qu’il pourra toujours trouver une excuse pour s’éclipser, si son humeur ne s’améliore pas d’ici là.
Pour une fois, c’est donc avec Hugo que Sohan part chercher de quoi préparer le repas de ce soir et d’accord, peut-être que ça lui change un peu les idées, peut-être qu’il finit même par sourire, en voyant Hugo récupérer de quoi préparer un dessert (“I’m thinking lava cake, it’s Kad and Amaya’s favourite! You guys like it, right? Of course you do, it’s my recipe after all.” “Sure mate, lava cake is good.” “Good?” “Perfect?” “Exactly.”). Lorsqu’ils retournent au camp, chacun doit être occupé à vaquer à ses occupations, parce qu’il n’y a personne dehors, à l’exception d’Argos qui monte fidèlement la garde non loin des tentes. Le loup se précipite vers eux en les voyant arriver les bras chargés de provisions et Sohan s’empresse de le chasser loin de la viande qu’il transporte.

“I’m gonna get some wood,” annonce-t-il à Hugo qui s’est déjà mis à préparer son fameux dessert et avec un sifflement, Sohan fait signe à Argos de le suivre. Il fait un froid de chien dehors, mais au moins il ne pleut pas et au pire, ils pourront toujours se servir de la magie pour se protéger. Sohan ne tarde pas à trouver le bois nécessaire pour le feu et prend même le temps de jouer un peu avec le loup qui manque de lui faire faire tomber son tas de branches. Lorsqu’il revient au camp, Kad est en train de vérifier les protections, comme chaque soir. D’un signe de tête, il indique au jeune homme de le suivre et va jusqu’au foyer de pierres qu’ils ont construit au centre du camp.

A fire? signe Kad, les sourcils froncés et Sohan laisse tomber la pile de bois à côté du foyer avant de lui répondre. Hugo wanted barbecue tonight, so we’re having barbecue. Les traits du jeune homme s’illuminent à la mention d’un barbecue et… d’accord, ça vaut plutôt le coup de se sociabiliser même s’il n’en a pas très envie, rien que pour ça. Can I let you take care of the fire? demande-t-il à Kad qui hoche vivement la tête et Sohan se rend sous la tente pour voir où en est Hugo. L’odeur de gâteau au chocolat qui se dégage du coin cuisine est à tomber et il se demande ce que font les autres, pour ne pas avoir déjà senti et être sorti de leur cachette. “We’re ready?” demande-t-il à Hugo qui confirme avec un grand sourire.

“Family dinner!” s’exclame Sohan en portant ses mains autour de sa bouche pour que sa voix résonne bien. “Drag your asses outside! Even you, Yaxley!”

Parce que Sohan le déteste toujours autant, mais il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir la princesse tirer la gueule à chaque fois qu’il est forcé de passer une soirée en leur présence.

Les yeux rivés sur votre table d’échec low-cost, tu luttes pour ne pas t’arracher le frein à tenter de trouver une dernière parade pour faire plier ton adversaire. Tu avais remporté la première manche, c’est vrai ; mais Samuel était particulièrement doué en la matière, et cela te rendait plus que nerveux. Ta jambe était d’ailleurs en train de trembler frénétiquement alors que tu réfléchis, vestiges d’une presque-année d’anxiété quasi-permanente. Vous n’êtes que tous les deux dans la tente pour l’instant, ce qui ne saurait durer - ta mauvaise humeur avait réussi à faire fuir celles et ceux qui avaient daigné vous adresser la parole.

Tu continues de fixer votre partie, comme l’impression de jouer ta vie — c’était toujours plus simple que d’avoir à réfléchir sur ton avenir ou à toutes ces choses qui faisaient de toi un moins que Soi.

Tu sens le regard du vampire sur toi, qui s’éternise, qui te déconcentre même, et tu lui fais savoir.

« Are you alright, Logan? » « Of course I’m alright, » réponds-tu sèchement, manquerait plus que tu lui dises que tu es en sueur rien qu’à l’idée d’essuyer ton premier et cuisant échec face à lui, « Like you seem to take that game a lil too personally… » « I’m taking your outfit personally too Sam, ok? Now let me concentrate. » « Did you just called him Sam ? » et tu te mets à grogner dans ta barbe alors que Norah, pourtant dehors et de passage près de votre tente, se met à ricaner. « Ok, ok, understood, » abdique le vampire en inspirant par le nez, le regard parcourant un peu l’intérieur de votre demeure, un sourire pincé aux lèvres.

Moins de trois minutes plus tard, tu rends les armes, agacé.

« I can’t be concentrate. I’m hungry and I hope dinner will be royal, I deserve better. » finis-tu par dire, balançant ta Reine dans la gueule de son Roi. Tu ravales un juron qui te fait serrer les dents. « Yea ! I won ! » « Just once, relax. » que tu dis, levant les yeux au ciel et détendant enfin ton trapèze placé sous tension depuis bien deux heures - et ton coccyx, n’en parlons pas. « Family dinner! » oh, non, pas ça. Tout mais pas ça. Il fait si froid ? Il n’oserait pas. Avec son mal de crâne qui pointe ? Ils vont encore te ressortir leurs chansons moldues. Non, non, non. Il ne… « Drag your asses outside! Even you, Yaxley! » …ok, then. Ton regard croise celui du vampire et le tien ne ment pas, tu ne peux pas mentir.

C’est sans grand étonnement que tu le laisses ranger seul les pièces, tirant contre toi les pans de ton espèce de plaid que tu te traînais depuis que les jours s’étaient rafraichis. Pendant qu’il s’affaire, tu lèves un œil dans sa direction, le nez pourtant assez bas. « I’ll get my revenge. » il n’y a pas d’animosité dans ta voix, même si ta resting bitch face habituelle avait de quoi provoquer une douche froide pour ceux qui n’y étaient pas préparés. « Without magic, right? »  ricane l’homme aux dents longues alors que tu fais une légère moue avec ta bouche. « Without magic. » dis-tu en secouant tes poignets enserrés de bracelets runiques pour accompagner tes dires. Avec ça, c’était bien moins facile pour aller au front te concernant, si peu que tu y aies déjà été à proprement parler.

Avec la pleine lune qui approchait à grand pas et la scène d’il y a d’une semaine, la soirée avait tout pour être électrique. Tu te demandais même si tu étais capable de faire cet effort, ce soir. Tout ce que tu avais envie de faire, c’était surtout de prendre tes clic et tes clac et de te faire un marathon nocturne dans la pampa qui vous entourait. À force d’être cantonné à si peu de mètres carrés, même avec ta semi-liberté, tu te découvrais des envies inhabituelles comme celle-là - et de fait, ta condition de halfer n’apportait pas grande amélioration au tableau.

Tu te lèves donc en même temps que ton comparse, ton châle semi-épais sur le dos, tel le prince se tirant de sa tanière dorée. Les seuls avantages que tu avais en tête et qui guidaient tes pas jusque là étaient ceux-là : manger (parce que tu étais littéralement affamé) - taper dans les réserves de vin - l’absence de moustiques. Tu ramènes un bout de ta couverture pour la coincer sous ton avant-bras et contre ton flanc, lui évitant de traîner dans cet espèce d’amas d’herbe, de terre, de feuilles et de bois. Très peu pour toi, tu jettes qu’un regard furtif dans la direction de Han, qui suffit à lui-même, et tu restes quelques secondes debout, tirant ton menton vers le ciel, réflexe que tu n’avais jamais vraiment eu avant d’avoir à subir une roue karmique déclinante.

T’as l’air un peu idiot à regarder le peu d’étoiles visibles avec ces nuages, mais c’est toujours mieux que d’avoir à supporter les billes agaçantes de Moon ; et celles de son clebs à qui il te comparait, n'en parlons pas.
Sam qui t’a suivi de près s’arrête à ta droite pour faire la même chose. « Oh. One day before the full moon. I see. » Tu soupires, armé de ton déni profond. « You see nothing, Samuel Shah. » puis tu le jauges de profil, t’arrêtant sur un détail particulièrement fâcheux, à deux doigts de commettre l’irréparable en voulant lui passant une main là-dedans pour remettre en place le peu de dignité qui devait lui rester en tant que vampire. Heureusement, tu ne fis qu’un geste de la main pour désigner le champ de mine qu’était son haircut. « You’d better look at your hair, it’s a mess. »

Il l'avait traîné jusqu'aux tréfonds des Highlands. C'était ce qui avait semblé à Ethan, mis à mal devant la longueur du parcours et le rythme soutenu de Noam, rodé aux joggings journaliers et aux exercices physiques autrement plus soutenus que ceux de son meilleur ami. La majorité des Avengers s'exerçait, à différents degrés, et sur une échelle de Kad à Anthony, Ethan se plaçait dans la bonne moitié du peloton. Hélas, Noam était au coude-à-coude avec leur leader, dans le grand classement des sportifs de Dagobah ; Ethan sentit sensiblement la différence, bientôt rattrapé par sa petite nuit (il était rentré à l'aube, après avoir réconforté Sohan et son vague-à-l'âme de bien des manières) et sa consommation de cigarettes moldues, qui avait doublé après plusieurs tentatives pour arrêter, et la fatigue de la nuit précédente. Cette fois vraiment, il allait arrêter, se jura-t-il, le torse en feu et la tête légère (il ne sentait plus que son épiderme brûlant sous la sueur), alors qu'ils arrivaient enfin au camp. "Nice job, sissy ! Feels good, eh?" Avant de pouvoir prévenir le rapprochement, Ethan se retrouva dans l'étau du bras de Noam, qui paracheva l'affront en décoiffant ses cheveux trempés de sueur. "I told you a billion times... Not to use that bloody word..." grogna-t-il difficilement en repoussant son meilleur ami du coude (Ethan n'avait la force ni de supporter leurs odeurs de transpiration ni de souffrir le poids de Noam, outrageusement irritant sur l'instant). L'effort combiné lui arracha une quinte de toux sèche, qui lui fit remettre à plus tard les nombreux reproches quant à ce marathon improvisé. C'était le contrecoup de frayer avec Noam et ses idées brillantes : on passait parfois de complice à victime sans prévenir, au détour d'un innocent jogging.

"Shower." D'un mouvement de tête, Ethan indiqua la tente à son tortionnaire, la tête barbouillé de la surprise d'être encore (à moitié, certes) vivant. Ce qui lui restait de jambes ne suffisait plus ; devant la perspective écrasante de devoir marcher jusqu'à sa chambre, Ethan préféra prendre le risque d'un désartibulement et transplana, une première fois pour récupérer des vêtements propres et secs, une seconde devant la porte de la salle de bain. Il allait y pénétrer lorsque Norah l'interpella : "Hey Sugar, don't stay there for too long, there's a party about to happen." Ethan stoppa son geste, le teint hésitant entre un blanc fatigué et le rouge écarlate de la course. "A party? Now?" Cela expliquait donc la présence simultanée de Yaxley et des autres autour du feu de camp. "A little family celebration to lift up the mood." Norah lui jeta un coup d'oeil suggestif, avant d'ajouter : "This time please sit before you pass out, alright? I can't prevent you from falling right into the flames everytime." Ethan roula des yeux. "Yeah, don't worry. Enjoy yourself, I'll make sure I'll be sitting on someone's lap all evening." Après un léger rire où transpirait tout son épuisement, il poussa la porte de la salle de bain pour y entrer.

Heureusement pour tout le monde, les douches succédant aux séances de sport (entre autres) se faisaient brèves et primaires ; en une petite dizaine de minutes, Ethan se décrassa, se sécha les cheveux (certes sommairement) avant de passer un jean doublé d'un sort isolant ainsi qu'un pull clair, en cashmere, dérobé dans une boutique moldue relativement luxueuse. L'eau chaude l'avait requinqué, il fleurait bon la lavande et la laine propre ; ce fut de bonne humeur, avec un regain d'énergie inespéré, qu'il sortit de la salle de bain pour tomber, nez-à-nez, avec Anthony.

Ah. Bon. Cette fois, au moins, Ethan avait eu le bon réflexe de porter des vêtements – dès lors que venaient les beaux jours, il avait la fâcheuse habitude de transplaner de la douche à sa chambre sans s'embarrasser d'autre chose que d'une serviette (qui tombait à la vitesse de l'éclair une fois dans sa tente). "Hey." Il esquissa un léger sourire. Ils avaient pris soin de ne pas se retrouver complètement seuls, depuis l'incident ; Ethan pouvait sentir la gêne chez Anthony et s'agaçait de le voir prendre le temps d'être gêné, quand Sohan souffrait du manque de réactivité visible de leur chef. Idiot, pensa-t-il considérant les traits fins d'Anthony. You could have it all in like, three words and a half. Agaçant, vraiment. "Are you coming outside?" demanda Ethan en ébouriffant légèrement ses propres cheveux, encore humides, avant de les rabattre en arrière. "They say we're having a party, and you actually look like you need a good one." Il eut un regard appuyé, tout droit dirigé sur l'air fermé qu'Anthony traînait sur lui, depuis quelques jours, qu'il avait encore aperçu quelques secondes plus tôt.

Franchement, il n’a pas vécu une semaine aussi longue depuis… pffiou, longtemps. Pas facile, d’éviter les gens avec lesquels on vit. Pas facile non plus, de s’occuper quand on n’a rien à faire et qu’on veut absolument avoir l’air occupé. Résultat : Anthony a passé la semaine dans sa chambre devant des livres sérieux, à dessiner dans l’atelier de Kad (qui a eu la présence d’esprit de comprendre qu’il ne fallait pas aborder les sujets du moment avec lui), ou à fuir le camp pour des “missions” plus ou moins importante. Parfois, il a vraiment essayé de justifier ses fuites en ramenant de nouveaux objets, de nouvelles trouvailles au camp, en allant voir l’un de ses nombreux contacts… mais la majorité du temps, il a juste déambulé comme un pauvre con dans des villes d’Écosse, sans but précis, avec un esprit aussi bruyant qu’une fanfare.
Anthony déteste ne pas avoir le contrôle des situations. Pire encore, ne pas avoir le contrôle sur ses émotions. Il a l’impression d’être revenu à la case départ, d’être un adolescent lunatique et bloqué par des tas de questions toutes plus flippantes les unes que les autres. Il a l’impression qu’on l’attire dans une merde noire et pour l’instant, il n’a pas trouvé le moyen de s’extirper de cette galère, ni même de se détendre suffisamment pour réfléchir à un plan de sauvetage.
Il a essayé, pourtant. Il a fait des exercices de méditation. Il a trouvé un carnet et a essayé d’y apposer ce qu’il ressentait, ce qui le bloquait, ce qui l’énervait. Mais rien. C’est la page blanche. Alors comme il est incapable de calmer ses pensées et de faire le tri, il préfère noyer le bruit dans son cerveau avec de la musique. Il a fait l’acquisition d’un Ipod moldu dans lequel il y avait déjà plusieurs playlists, et il les saigne, il les saigne même le soir quand il se couche. C’est trop bizarre d’entendre Sohan entrer dans la tente pour se coucher. Et chaque fois qu’il pense au lit de Sohan, il pense à ce qu’il a vu l’autre fois et il se retourne, il se retourne dans son lit et n’arrive pas à dormir. Autant dire que ses cernes sont conséquentes, déjà qu’il ne dormait pas beaucoup.

Il est devenu courant pour les Avengers de le voir errer sur le camp, quand il est là, avec les écouteurs dans les oreilles. Parfois même, quelques chansons peuvent êtres lues sur ses lèvres (mais il fait de la phonétique, toutes les chansons sont en coréen) (et il n’en parle pas un mot) (c’est peut-être mieux comme ça, il ne peut pas s’identifier aux paroles, comme ça).

Ce jour-là, il est rentré au camp au milieu de l’après-midi, et s’est installé avec Amaya dans sa chambre. Ils n’ont pas vraiment parlé, ils se sont juste contentés d’écouter la musique ensemble, et de la commenter. Amaya a même suivi les mélodies de sa douce voix et pour la première fois depuis un moment, il s’est senti apaisé. Il aurait dû se reposer sur sa petite princesse avant - elle ne le déçoit jamais. La soirée est bien tombée quand ils finissent la playlist, et qu’Amaya lui sous-entend que ce serait bien quand même, qu’ils cessent de s’enfermer. Il grogne un peu (merde, il fait son sohan) mais finit par la suivre à l’extérieur. Elle court vers la terrasse tandis qu’il s’attarde dans le salon, prenant le temps d’éteindre l’Ipod. Malheureusement, quand il relève la tête, il se retrouve face à Ethan. "Hey." Anthony lui offre un semblant de sourire, mais ne répond pas vraiment. Il retire l’écouteur qu’il lui reste de son oreille. "Are you coming outside?" Tony fronce les sourcils. "They say we're having a party, and you actually look like you need a good one." explique Ethan devant son air interrogateur. Anthony grimace un peu. ”Mmmh.” Il hausse les épaules. ”Yeah. Maybe I do.” concède-t-il. ”Go ahead, I’ll be there in a minute.” fait-il en contournant Ethan. Il fronce les sourcils alors qu’il s’apprête à rentrer dans la salle de bain. ”Is that lavender I smell?” dit-il avec un semi-sourire qui ressemblerait presque à une offre de paix.
Il passe rapidement dans la salle de bain, principalement pour observer son reflet dans l’un des miroirs. ”Crap.” dit-il à haute voix en soupirant en voyant son air de chien battu. ”You look like shit, Captain.” se dit-il à lui-même en se mettant de l’eau sur le visage et en se pinçant les joues pour avoir l’air un peu plus vivant. Il réajuste le bandage en tissu qu’il utilise pour faire barrière entre son bras maudit et le reste du monde, et prend une inspiration. ”Be cool.” dit-il à son reflet avant de filer vers le feu de camp, où ils sont déjà presque tous installés. Il ne sait pas trop où s’installer… Alors il se pose entre Norah et Kad, le plus loin possible de Sohan qu’il ne regarde pas vraiment (parce que dès qu’il le regarde… pffiou). ”Noam, where’s my glass?” Norah tourne la tête vers lui, surprise. C’est qu’il n’est pas trop firewhisky, Tony. Il n’est pas très alcool tout court.

"Family dinner", la voix de Sohan s'était faite entendre jusque dans la tente où Elliott reposait sagement sur son lit. L'idée en elle-même n'était pas surprenante, que ce soit Han qui initie l'était déjà plus. Une atmosphère étrange avait pesé sur la planque tout au long de la semaine. Elliott et Hugo en avait discuté plusieurs fois, chacun assis sur leurs lits respectifs, comme ils le faisaient souvent lorsqu'il étaient encore à l'école.
"Something's definitely up" Elliott lui avait dit, et Hugo avait répondu avec son air inquiet "I don't like it", il avait presque gémit, comme l'aurait fait un enfant. Hugo n'aimait pas les conflits et avait tendance à essayer d'arranger les choses, même si ça n'était toujours pas apprécié par les personnes concernées. "It'll be fine, they'll make up. Amaya said she'll talk to Anthony so that will probably help." Anthony avait un faible pour Amaya, pas ce genre de faible, mais tout le monde savait que si quelqu'un pouvait le raisonner ou lui faire cracher le morceau c'était elle et puisqu'Elliott savait plus ou moins tout ce que savait Amaya, il saurait sans doute ce qu'il s'était passé également. "I'll try to talk to Han", Hugo avait lâché finalement, et Elliott lui avait murmuré un "good luck" sincère avant qu'ils n'aillent se coucher.

Quelques jours plus tard et la mission était lancée, Hugo était parti s'occuper de Mon et Amaya était partie s'occuper de Dad et bientôt tout irait bien dans le meilleur des mondes. Elliott, lui, en avait profité pour ne rien faire de spécial. Le silence était rare et précieux dans leur tente et puisque Noam était parti faire on ne sait quoi, il en avait profité pour lire et se détendre. Il avait parlé à Raf aussi, quelques messages échangés difficilement, le réseau n'était bizarrement pas optimal au milieu des Highlands. Elle lui avait dit qu'elle avait quelque chose à lui dire, quelque chose d'important et qu'elle lui dirait dans la soirée, et ces mots avaient suffit pour qu'une vague d'angoisse prenne possession de lui. Il avait essayé de ne pas trop y penser, et l'appel de Sohan avait servi comme distraction. Il s'était donc levé et avait entrepris de se couvrir davantage. Les soirées étaient fraiches en cette saison. Il était en train de chercher un pull quand Noam était entré en fureur dans la tente, amenant avec lui une forte odeur de transpiration qui lui fit lever les yeux au ciel, pour retirer deux bouteilles de sous son lit et repartir comme s'il ne l'avait même pas vu. Elliott poussa un dernier soupir avant de prendre son téléphone moldu et de sortir après lui.

Tout le monde était déjà dehors lorsque Elliott prit naturellement place à côté d'Amaya. Et la soirée avait commencée. L'alcool coulait à flots, même Anthony avait demandé un verre, ce qui était en soit surprenant, et Elliott s'était laissé tenter, sous le regard de Yaxley dans lequel il pouvait voir la provocation habituelle ('are you even old enough to drink?'). Hugo s'était affairé à la cuisine, comme d'habitude avec l'aide de Kad qui était toujours ravi d'apprendre à faire des choses. Ils avaient parlé, ils avaient ri. On aurait presque pu croire qu'ils étaient en vacances, le monde réel et ses problèmes avait laissé sa place à une soirée joviale, l'animosité qui avait été ressentie par tous dans la semaine semblait avoir disparu. Elliott ne savait pas combien de temps s'était passé avant qu'il ne sente son téléphone vibrer dans la poche de son pantalon, mais il en avait sursauté, sous le regard interrogateur d'Amaya et il avait sorti son petit téléphone. Le message était vide, au début, puis avait chargé avec une lenteur agaçante, pour révéler une photo, aussi petite que pixélisée. Elliott l'avait observée longuement, les sourcils froncés d'incompréhension. Cela semblait être un endroit, il pouvait voir des silhouettes floues sur les côtés de l'image et l'image elle-même semblait représenter une atmosphère agitée, elle lui faisait penser aux photos de guerre qu'Elliott avait pu voir dans certains livres moldus. Au centre, il y avait deux personnes. La première était allongée par terre et une partie de son corps était cachée par la silhouette de la deuxième, un homme qui était agenouillé à ses côtés, dont le visage était de profil. Il n'y avait rien d'autre, pas d'explication de la part de Raf, juste ça. "What the fuck?" Il pensait avoir murmuré ses paroles, se tournant légèrement vers Amaya qui l'observait toujours, mais les quelques autres visages tournés vers lui prouvaient que son murmure n'en avait pas été un.

“What about it? I thought you were the bloody cook- ouch bro, quit wiggling, you’re crushing my thighs with your pointy ass.” ”Sorry bro”, fit Ethan avec un nouveau gloussement – les rires n'arrêtaient pas, depuis que Noam avait sorti ses bouteilles de Firewhisky (une n'aurait visiblement pas suffi pour les neuf convives), et qu'on s'était mis à aborder des sujets triviaux, typiques de leurs soirées familiales où même Yaxley, terré dans son coin et irradiant de son habituel halo morose, participait désormais. Tout semblait allait bien, mieux ; Tony et lui semblaient doucement enterrer la hache d'une guerre qu'aucun d'entre eux n'avait désirée, Logan avait été sorti de sa cage et pouvait désormais se promener librement dans le camp, quand bien même on le voyait le plus souvent avec Sam, Sohan lui avait pardonné sa bourde monstrueuse, et Noam les régalait, comme d'habitude, de ses récits et de ses plaisanteries hilarantes, parfaitement irrésistibles lorsque Ethan avait bu un verre de Firewhisky. Il se sentait bien (propre, légèrement ivre, bien entouré, sur les genoux de Noam), et, le nez dans son verre, partait d'un autre rire lorsque l'exclamation d'Elliott coupa court à aux conversations, plongeant le petit groupe dans un silence confus. ”You're alright mate?” Ethan abaissa son verre en oubliant d'en prendre une gorgée, mu par un sentiment d'urgence ; le genre habituel, depuis le début de sa vie de fugitif, qui soulevait son torse à la moindre alerte – et l'expression d'Elliott, à la fois incrédule et déconcertée, faisait sonner toutes ses alarmes internes.

Un mauvais pressentiment l'étreignit, creusant une ridule inquiète entre ses sourcils légèrement froncés. ”What's this?” Son regard suivit le mouvement rapide de Noam, s'accrochant au téléphone d'Elliott, jusqu'à ce que sa vue floutée par l'alcool, la fatigue, et cette légère panique inexplicable, se focalise sur la photo que son meilleur ami tenait sous leurs nez.
Son cœur manqua un battement, en croyant reconnaître son profil. Il cligna des yeux, sentit son souffle s'accélérer brusquement ; de sa main libre, il saisit le téléphone et la main de Noam avec lui pour l'approcher vivement de son visage, comme pour stabiliser et clarifier l'image indistincte.

Il connaissait le visage de Simon par cœur ; il n'y avait aucun doute que l'homme sur cette photo à la qualité déplorable n'était autre que lui. ”What the fuck?”, fit-il d'une voix tremblante, sonné par cette claque violente, un coup en pleine figure qu'Ethan n'avait pas vu venir. Ses doigts se resserrèrent sur ceux de Noam, ses pupilles rivées sur le petit écran où venait d'apparaître ce qu'il avait attendu tous les jours, toutes les nuits, depuis plus de quatre ans – un maigre espoir, une piste, une indication que Simon était là, quelque part, encore en vie. ”What is this?” Sa tête bourdonnait ; il n'entendait que les inflexions de sa voix éraillée par la panique, indifférent à celle des autres. ”Where, what – what the fuck?” Il arracha le téléphone des mains de Noam, et d'un même mouvement, sans quitter des yeux les pixels sortis tout droit du passé, se leva brusquement des genoux de son meilleur ami – trop vite, il manqua de trébucher sur les pieds de ce dernier, se retint à son épaule, peinant à reprendre son équilibre et son souffle, sans détacher encore son attention du cadre électronique. Simon était en vie ? D'où venait cette photo ? Qui l'avait prise, quand ? Était-ce récent ? Qui était la deuxième silhouette ? Où se trouvait-il ? Le regard affolé d'Ethan parcourut rapidement les maigres informations à leur disposition ; seul le nom de Rafaela figurait en haut de l'écran. Pas de message. Aucune indication. Seules la date et l'heure de l'envoi, qui ne voulaient rien dire sans plus de précisions – Ethan, dans son état de choc, aurait de toute façon été bien incapable d'en faire quoi que ce soit. ”What the fuck? Why, why is your sister, how... What the fuck is this?” Ses yeux hagards se détachèrent du téléphone pour se planter sur Elliott (sans le voir vraiment) – puis, comme s'il avait repris conscience qu'il se trouvait parmi les Avengers, son regard balaya Kad, puis Sohan. ”It's fucking Simon”, énonça-t-il en leur montrant l'écran du téléphone, ses yeux coulant sur Tony, les mots sortant avec difficulté, comme si sa mâchoire refusait de fonctionner, sa langue elle aussi soudainement devenue pâteuse, lourde, atrophiée par le prénom de Simon.

Sohan s’installe à l’écart des autres, parce qu’il ne pense pas pouvoir supporter Herrera et Harris qui se grimpent dessus et il est hors de question qu’il aille à sa place habituelle, à côté d’Anthony. Silencieux, il les écoute dire des conneries, rire de leur propre stupidité et entreprend d’ingurgiter le plus d’alcool possible en espérant que ça lui donnera une bonne excuse pour s’éclipser de bonne heure. Il sent bien que Kad le juge à son regard, mais Sohan se contente d’ignorer complètement son air accusateur en s’enfonçant un peu plus dans sa chaise. Argos vient se planter à côté de lui après avoir été une fois de plus chassé par Yaxley et pose sa tête sur la cuisse de Sohan pour quémander des caresses. Avec un sourire en coin, Sohan s’exécute, incapable de refuser quoi que ce soit à l’imposante boule de poils. Il fait tout pour ne pas porter la moindre attention à Anthony. Il sait qu’ils ont tous remarqué que quelque chose n’allait pas, mais tant que personne n’en parle, Sohan s’en fiche pas mal. Heureusement, la bouffe d’Hugo est toujours au top et à force de boire, Sohan finit par se sentir un peu mieux, allant jusqu’à laisser échapper deux trois rires et sourires amusés en fonction de la discussion.

Et puis, les discussions et les rires se taisent. Les sourires tombent.

”Man, I think it’s your brother.” Sohan se fige. Son souffle se bloque dans sa gorge et il fixe Noam dont l’attention est entièrement braquée sur Kad. Le plus jeune des frères Wen a complètement cessé de bouger lui aussi. Pendant une seconde, Sohan se dit qu’il a mal entendu, qu’il doit forcément avoir mal compris, mais Ethan arrache le téléphone des mains de Noam et se lève, titube, les yeux rivés sur l’écran. Il n’a jamais vu Herrera faire une tronche pareille, ne l’a jamais vu aussi pâle qu’en cet instant, et lorsque Ethan lève enfin le regard pour croiser le sien, Sohan comprend qu’il a très bien entendu. ”It's fucking Simon,” dit-il avant de tendre le téléphone à Kad.
Kad s’empresse de l’attraper de ses mains tremblantes. A l’expression qui prend place sur ses traits, le coeur de Sohan cesse de battre. La bière qu’il tenait lui échappe des mains, tombe et roule un peu plus loin en vidant son contenu sur le sol. Il se lève un peu trop vite et c’est une mauvaise idée avec l’alcool qu’il a déjà ingurgité alors il titube maladroitement jusqu’à Kad, manque de bousculer Ethan au passage et se plante devant lui. “Kad? Kad is it true?” Ses mains tremblantes tentent d’attirer l’attention du jeune homme. “Kad?” il s’impatiente, le ton suppliant. Le plus jeune des frères Wen finit par lever des yeux brillants de larmes sur lui et lui tend le téléphone. Sohan l’attrape, s’empresse d’approcher l’écran de son nez et…

Malgré les années, l’état dans lequel il se trouve, la mauvaise qualité de la photo, ça ne fait aucun doute.

C’est Simon.

Simon qui leur a été arraché il y a plus de deux ans maintenant. Simon qui hante ses nuits depuis Wolverhampton, qu’il ne cesse de voir étendu par terre en train de se vider de son sang alors qu’une créature immense aux yeux jaunes lui dévore le coeur. Simon qu’il refuse d’imaginer autrement que vivant et pourtant, il lui arrive parfois d’étouffer avec les sanglots qu’il retient à peine à l’idée qu’il ne le reverra peut-être jamais. Sohan n’a pas abandonné, il n’a pas cessé de chercher, comme pour Anthony. Mais Tony est revenu, lui.
Ils n’ont aucune trace de Simon et Stephen, aucun indice, pas la moindre piste. Ca fait plus de deux ans qu’ils errent sans avoir où chercher. Sohan a toujours refusé d’accepter qu’il n’y avait peut-être rien à trouver.

C’est la première fois qu’il voit Simon depuis Wolverhampton, et c’est à peine s’il est reconnaissable sur cette photo floue de piètre qualité. Il n’y a rien d’autre pour accompagner le message, pas d’adresse, seulement le nom et le numéro de Rafaela pour indiquer l’expéditeur du message. Et il est impossible de deviner où il se trouve d’après l’image.

“Where--” commence-t-il d’une voix rauque, la gorge nouée. “Where is he? Elliott, how did she--” il a à peine conscience de répéter les mêmes questions qu’Ethan. Sans gêne, il se met à remonter plus haut dans la conversation, parcourt les messages entre les jumeaux Walsh à la recherche du moindre indice.

Elliott qui prend des nouvelles, une adresse à laquelle ils se sont donnés rendez-vous pour se voir il y a des semaines, des I miss you, des I love you, inintéressant, inutile, il n’y a rien, rien. Il marche jusqu’à Elliott, lui tend le téléphone d’un air presque accusateur. “How the fuck did she find him? What does it mean? Why would she just-- send this?” le ton monte, les mots s’emmêlent alors que Sohan sent une colère noire monter en lui. Elle fait battre son coeur trop vite, fait pulser le sang à ses tempes et trembler tout son corps. “Where the fuck is he?!” siffle-t-il en empoignant brusquement Elliott par le col pour le forcer à se lever.

Si elle devait donner tout son temps à Tony pour tirer ne serait-ce qu’un sourire de son visage, elle était prête. Prête à tout, même à résoudre les plus étranges conflits, et à taper du poing sur la table si nécessaire. Cependant, ce n’était pas la soirée pour qu’elle agisse ainsi. Elle avait passé l’après midi à le surveiller du coin de l’oeil alors qu’elle tentait presque de le bercer en chantant. Parfois, ça marchait. Mais ce jour là il semblait impénétrable à ses sonates, même s’il semblait reconnaissant. Un peu de baume au coeur pour celle qui se mettrait en quatre pour l’aider. Elle avait de tas de chansons en tête, et se sentait mille fois mieux après s’être empreinte de musique et les paroles qu’elle gravait dans sa mémoire. Certaines lui rappelaient Elliott, et elle devait cacher son visage pour ne pas rougir comme une idiote. “Maybe we should go outside?” Elle offre un sourire tendre à Tony, et se relève du lit après avoir quitté l’écouteur. “We can’t stay here forever.” Elle ne lui laisse pas le temps de décider, et se précipite dans la cuisine, où Norah semble porter un plat qui prend trop de place dans ses bras. “Let me help you.” Elle s’empare du saladier qui semblait tenir en équilibre, et la suit jusqu’à l’extérieur. “I would’ve loved to help you in the kitchen!” Le regard paniquée de sa colocataire lui rappela le dernier incident culinaire en date. Sa salade était délicieuse avant qu’elle ajoute des olives et de l’ananas en boîte… C’était une expérience, Norah n’y connaissait vraiment rien.

Elle s’installe en chantonnant l’une des chansons qu’ils avaient écouté dans l’après midi, et Elliott la rejoint alors qu’elle lui fait un clin d’oeil discret. Sa main frôle la sienne rapidement, et elle lui demande s’il va bien. Toujours en essayant d’être la plus discrète possible, ça n’a jamais été son fort, mais c’était plus simple de se laisser du temps sans l’euphorie de leur fine équipe s’ils apprennaient leur relation naissante. Alors, les gestes tendres, les regards à la dérobé, les baisers volés se faisaient à l’abri des regards malvenus des autres. On ne sait jamais. Amaya prend une bière, sans vraiment faire attention à où elle en est dans sa boisson quand le visage d’Elliott se transforme lorsqu’il ouvre son sms. Sa réaction est si déstabilisante qu’elle se permet de se tendre vers lui pour mieux voir. Elle doit plisser des yeux, mais il y a des visages qu’on oublie pas, parce qu’ils nous hantent dans la nuit.

Simon.

C’est Simon.

Presque comme une pierre qui s’effondre dans son ventre, elle regarde Kad instinctivement. Elle reste sans voix, et elle se rapproche d’Elliott en le regardant, l’air de vouloir lui dire “You’re alright?” Mais personne n’allait bien, au regard de ce que disait le téléphone. Ca ne venait de personne, enfin, si, de Raf, apparement. “Is she telling you something more than this?” Le portable n’est plus entre ses mains, mais elle tente de comprendre et de déterminer quelles sont les informations qui lui manquent. Noam, Ethan, Kad, Sohan, le téléphone passe dans tant de mains, mais quand Kad confirme que c’est Simon, elle est partagée entre un soulagement et une terreur au creux de son estomac. Elle n’avait rien mangé, mais sa bière lui sembla alors de trop.

Et alors, ça dégénère.
Pas de la bonne façon, évidemment.

Quand Sohan a osé toucher Elliott, elle s’est transformée. La colère qui soudain, dévore son visage, quand elle le voit menacer celui qui n’a rien fait. Strictement rien fait. Si Raf lui avait envoyé ça, il y avait une explication. Le seul légitime à avoir une réaction pareille, c’était Kad, et Kad, semblait si bouleversé mais Sohan, comme souvent, avait besoin de prouver on ne sait quoi à on ne sait qui. Elle avait bondi au moment où sa main avait saisi le col d’Elliott, et sa voix aussi pouvait être menaçante. Sa baguette dans la poche, elle posa sa main en réflexe dessus, prête à les séparer si besoin. Mais Sohan n’était pas aussi stupide pour frapper Elliott, n’est ce pas ? “Let him go! What the fuck Sohan, it’s not his fault if Simon…” Sa voix se meurt, parce que finalement, elle ne sait pas vraiment ce qu’il s’est passé, où est Simon, et comment il s’est retrouvé sur une photo prise par Raf… “Stop it, now. Look at Kad, fuck, you’re so stupid!” Parce que Kad semblait plus perdu que jamais, les joues couvertes de larmes, et les yeux rougis. Et Amaya en eu le coeur un peu abimé. Elle posa une main protectrice, un peu inutile sur le bras d’Elliott, parce qu’elle voyait que Kad était entouré. C’était la personne la plus proche du conflit empli de violence provoqué par Sohan, alors que, plus que jamais, ils devaient être ensemble dans l’adversité.