Malgré les sortilèges d'isothermie et d'hermétisme jetés sur les sacs une vague odeur de nourriture s'en échappe, faisant se retourner un peu l'estomac de Ginny alors qu'elle transplane jusque dans la petite planque d'Écosse, entre Édimbourg et Glasgow où se trouve une dizaine de malades. Nul ne sait de quoi ils sont malades, il y a quelques jours l'on a même annoncé sur Rise FM que ce n'était pas du tout contagieux, laissant déjà certains à penser que ça ne serait pas une maladie mais plutôt un empoisonnement. Ginny pense que si c'était le cas les guérisseurs de l'Ordre s'en serait rendu compte. Sauf à ce qu'aucun guérisseur n'ait en fait été envoyé au chevet des malades. Ou sauf à ce que la conclusion de ces experts soit tenue secrète. Une moue distraite est accrochée à ses lèvres depuis que Neville et elle ont quitté Saint James avec leurs sacs pleins d'un repas préparé par Molly elle-même. Ce n'est pas ce que Ginny appellerait vraiment une mission, mais c'est une excuse en tout cas pour sortir et voir d'elle-même ce qu'il se passe. Désormais que la quarantaine a été levée, n'importe qui peut se porter au chevet des malades et la vérité sortira bien assez tôt sur ce qui leur est arrivé. Ou du moins est-ce ce que l'on pourrait penser. Malheureusement, elle a de bonnes raisons d'en douter, de se douter que peut-être la vérité ou des pans de celle-ci sont déjà connus d'au moins une des têtes de la résistance. Si ça se trouve rien de ce qui a été révélé sur Rise FM n'est vrai. Ce n'est pas qu'elle se méfie de Lee lui-même, mais plutôt des informations qu'il a reçu et d'où celles-ci viennent.

En silence ils marchent vers le cottage qui, par des sortilèges de protection ressemble au loin à une cabane abandonnée, Ginny raffermissant sa poigne sur l'anse du sac qui menace de glisser de son épaule. Elle s'est portée volontaire pour en savoir plus sur ce qui se trame, mais aussi par certain intérêt. Ce n'est pas qu'elle ne compatit par pour les malades, bien évidemment que oui. Mais elle croit aussi qu'en des temps pareils il est d'autant plus important que les habitants de St James, la planque somme toute la plus protégée, et en particulier les membres du décrié cercle six se montrent sur le terrain, impliqués et non pas en retrait et surprotégés comme si leur vie comptait plus que celle des autres. Tout cela elle ne l'a pas formulé à voix haute, pas plus que Neville n'a partagé ses propres motivations, mais elle pense qu'ils sont plus ou moins sur la même longueur d'onde. Ou en tous cas qu'il ne la jugerait pas pour penser comme elle le fait. Ils frappent à la porte et prononcent le mot de passe qu'on leur a donné avant qu'ils partent et le chef de planque, Grimaldi de son nom de code, les fait rentrer rapidement en regardant par-dessus leurs épaules de manière inquiète. « We've had one more transferred here today… » explique-t-il d'un ton un peu paniqué. « Do they know what's going on yet? » Ginny secoue la tête, une moue désolée sur les lèvres. « No they've only sent us to bring some meals. » L'amertume de son ton ne trompe personne. C'est bien ce qu'ils font, certes, mais c'est très loin d'être suffisant. Une remarque qui trouverait à s'appliquer à bien des actions de l'Ordre, ces derniers temps. Ce n'est pas de la faute de l'Ordre ni du Conseil ni même de Kingsley lui-même, si certains sont malades. Il y a même une un rhume sorcier qui a traîné dans plusieurs planques entre l'automne et l'hiver. Personne n'y peut rien. Mais certaines actions de gestion laissent beaucoup à désirer. « I see…well, they're all upstairs…we've had some mediwizards come in today. » Grimaldi les accompagne jusqu'en haut des marches, son ton calme masquant semble-t-il une colère sourde. Sûrement les médicomages n'ont-ils pas fait grand chose. « I hope we have more information soon. » Ginny hoche la tête, elle aussi l'espère grandement. « Are they stable? » demande-t-elle d'une voix inquiète, personne ne connaît exactement la gravité de la situation et comme tout le monde elle a peur de perdre des frères d'arme même si personne de proche d'elle n'est touché. Grimaldi grimace un peu, mais hoche la tête avant d'ouvrir la porte pour laisser les deux membres du cercle six voir d'eux-mêmes l'état des patients. La première chose marquante étant l'un des symptômes évoqué par Lee, la noirceur surnaturelle de leurs veines qui fait pâlir Ginny malgré elle.

La quarantaine est enfin levée et Neville est soulagé depuis la nouvelle. Ayant passé de nombreuses heures au chevet de ses parents à Ste-Mungo, il a pris l'habitude de côtoyer des malades. D'être face à la mort, au déclin du corps qui nous lâche. Et parfois, quand on a de la chance, à la flamme qui renaît, à l'espoir d'une guérison tant attendue. Ça ne lui fait plus peur, tout ça, et quand il y pense, il se dit qu'il aurait pu faire un bon guérisseur, s'il n'était pas aussi maladroit. Ce n'est pas le moment de faire tomber sa baguette quand on est au dessus d'un corps ouvert... Quoi qu'il en soit, Neville n'a pas hésité à se proposer quand on lui a parlé de la mission. Toutes les excuses sont bonnes pour s'échapper du Manoir et se changer les idées. C'est aussi le moyen de voir de ses propres yeux ce qui se passe, et de ne plus écouter les nombreuses rumeurs qui courent au sujet de cette étrange maladie. Pour l'heure, Neville n'a pas trop d'idée de ce que ça peut bien être. Il a bien des pistes, des théories, comme tout le monde, mais rien de concret. Après tout, il est loin d'être un expert en la matière. En revanche, tout ce qu'il espère, c'est qu'il ne s'agisse pas d'une attaque. Il y a quelque chose d'effrayant dans la maladie utilisée comme une arme. C'est plus insidieux qu'un maléfice. Un sort, on le voit, on peut le contrer. Une maladie, ça paralyse, on ignore pendant un temps d'où le mal vient et comment le nuire. Neville ne veut surtout pas que les mangemorts soient parvenus à concocter une molécule capable de décimer la Résistance. Ils ne s'en relèveraient pas. Mais apparemment ce n'est pas contagieux, alors Neville tâche de rester positif.

Avec Ginny, ils marchent en silence vers le refuge, un petit cottage dissimulé en vieille masure délabrée. Neville appréhende un peu ce qu'il va trouver derrière ces portes. Il ignore la condition des malades. Il ignore aussi s'ils seront très contents de les voir, Ginny et lui. Avec leurs six cercles sur le poignet et leurs privilèges, ils ne sont pas les plus populaires au sein de l'Ordre. Neville aimerait tellement pouvoir répondre à leurs interrogations, expliquer qu'il ne vaut pas mieux qu'un autre, mais qu'il sait. Il a cette mission, ce fardeau que les autres n'ont pas. Qu'ils ne doivent pas avoir. Il aimerait que les choses soient différentes. Mais elle ne le sont pas, et c'est pourquoi il est d'autant plus important que ce soient eux, Ginny et lui, qui viennent prendre des nouvelles et apporter des plats chauds concoctés par Molly. C'est horrible à dire, mais pour le bien de l'Ordre, pour le bien de tous... Il faut qu'ils travaillent les apparences. Il faut qu'on les voit.

Quelques coups frappés à la porte suffisent à faire apparaître le chef de planque. A peine sont-ils arrivés que l'ambiance est tendue, électrique. Neville reste silencieux pendant la plupart des échanges. Il se laisse porter à l'étage, tiraillé entre l'inquiétude et la frustration. Il est évident que les malades ne reçoivent pas l'aide qu'ils devraient, et que tout le monde demeure interdit devant les causes de ce fléau. Personne n'a de réponse à apporter, et en attendant, ceux qui souffrent ou s'occupent des malades doivent prendre leur mal en patience. L’amertume résonne dans les paroles de Grimaldi. Puis soudain tout s'efface, la porte s'ouvre sur un spectacle qui n'est pas beau à voir. Devant eux sont allongés sur une volée de lits une dizaine de malades au teint effroyablement pâle, contrastant avec les veines noires dessinant les contours de leurs traits amaigris. Neville est d'abord arrêté net dans sa course devant cette vision de cauchemar. Oui, il a l'habitude des hôpitaux et des malades. N'empêche que ça fait quand même quelque chose d'être mis face à une telle souffrance. Observant l'état des malheureux de plus près, Neville constate également des pustule bleues lovées dans le cou des pauvres résistants. Le Longbottom se fait violence pour ne pas froncer du nez. « It didn't improve, did it? » « No. It won't until somebody gives us answers. » Neville sent sa mâchoire se serrer. Il n'en veut pas à Grimaldi d'exprimer sa frustration. Il s'en veut à lui-même, et au Cercle 7. C'est leur devoir d'aider ces gens. Ils sacrifient tout, ils se battent au quotidien pour leur permettre à eux de mener la quête principale, à savoir trouver et éliminer les horcruxes, un à un. Mais cela fait des semaines qu'ils ne sont pas fichus d'en trouver un. Il y a bien l'insigne de préfet de Tom Riddle, et Neville espère sincèrement que cette piste sera concluante. Mais en attendant, il y a tous ces sorciers qu'on traite comme de la chair à canon, qui sont en train de gémir dans leurs lits, les veines si noires et apparentes qu'on les croirait rongés par la gangrène. « I've got to take care of paperwork now. Call me if you need anything. » Neville hoche la tête et regarde la porte se fermer sur un chef de planque épuisé.

Le Longbottom jette un regard à sa meilleure amie. Elle semble également marquée par l'état des malades. Neville se demande si elle aussi est rongée par la culpabilité. Eux, ils sont bien protégés dans le confort de Saint-James. « Something's not right here, il murmure. » Un pressentiment, lié à tout le mystère qui englobe cette maladie. Neville craint qu'on tente d'étouffer la vérité. Quand il regarde le visage des malade, leurs traits éreintés, et l'incapacité globale de l'Ordre à les aider... Il se dit qu'il y a quelque chose de louche, forcément. « Perhaps the mediwizards know something? » D'un léger mouvement de tête, il pointe en direction d'une jeune sorcière s'affairant au chevet d'un malade qui vient de se réveiller. Doucement, Neville se rapproche de la jeune femme. Il attend qu'elle ait terminé de prendre la température du patient avant de se présenter. « Hi, we're here to bring some meals. » Elle hoche la tête, son visage demeurant sans expression particulière. Elle aussi a l'air épuisée. « Good, they'll need some comfort. » « Do... Do you know what's happening to them? » « Well, I hoped you would know more than me. All I can say is that they have a fever that doesn't seem to cool down. Their blood is tainted with some form of magic I've never seen and they suffer from what it seems is... an allergic reaction? There, around the neck, you see? » De plus près, les pustules sont encore plus effroyables. « So you're saying... It may be... poisening? » Elle lui lance un regard tout en récupérant ses affaires. « I'm saying I've been here for only a few hours and I don't think it's a natural disease. » Sur ces mots, elle part s'occuper du patient d'à côté. Neville jette un coup d’œil à Ginny, pour voir sa réaction. Puis il commence à faire glisser son sac à dos de son épaule, l'ouvre et sort un plat, qu'il pose sur le chevet du malade devant lui.

 « It didn't improve, did it? » Si l'image qu'ils ont sous leurs yeux est celle d'une amélioration alors elle ne veut pas savoir à quoi les malades ressemblaient pour commencer. « No. It won't until somebody gives us answers. » Ginny lance un regard à Neville, elle peut presque deviner la tension dans sa mâchoire, peut-être parce que la sienne est toute aussi serrée. Grimaldi contient son amertume comme il le peut, et pas très bien. Ce n'est pas de leur faute à eux, personnellement, Ginny et Neville, mais peut-être un peu celle de ce qu'ils représentent, ceux qu'ils représentent. « I've got to take care of paperwork now. Call me if you need anything. » Les deux compères hochent la tête d'un même mouvement et Ginny se retourne vers les patients, immobiles dans leurs lits. Les symptômes sont difficiles à regarder sans broncher et même en en ayant eu la description par le biais de Rise FM, Ginny n'était pas préparée à ça. Elle essaye de n'en rien laisser paraître se doutant que l'horreur et la pitié ne sont pas ce qu'ils ont envie de recevoir. Et encore moins d'eux deux. « Something's not right here, » Elle hoche vaguement la tête, geste presque aussi imperceptible que le murmure de Neville, comme s'il s'était adressé à lui-même et qu'elle avait juste pensé la même chose en même temps. Ginny n'est pas médicomage de formation et plus encore ce n'était pas du tout la voie qu'elle se serait choisie s'il n'y avait pas eu la guerre. Elle sait qu'il y a beaucoup de choses qu'elle ignore en la matière. Mais tout de même, en près de dix ans de rébellion, donc plusieurs années passées dans des camps à l'hygiène parfois douteuse, elle n'a jamais vu une maladie qui ressemblait à ça. Une dragoncelle par-ci. Un rhume magique par-là. Des maléfices qui laissent des traces, tout ça elle a vu. Mais une accumulation pareille de symptômes, jamais et sans être spécialisée du tout en la matière elle sait que y a un truc qui cloche. « Perhaps the mediwizards know something? » Elle l'a à peine remarquée, la sorcière au chevet d'un malade, probablement éduquée en médicomagie par l'Ordre lui-même, vu son âge — peu probable qu'elle ait pu faire ses classes à St Mungo's à moins qu'elle ne soit nouvelle dans l'Ordre. « Hi, we're here to bring some meals. » Légèrement en retrait, Ginny a suivi Neville quand il s'est approché de la guérisseuse, dont le visage est aussi impassible que fatigué. Elle se demande si elle a dû s'occuper d'autres malades, dans une autre planque. Elle se demande s'il y en a beaucoup et combien. Elle se demande combien de choses cache le cercle sept. « Good, they'll need some comfort. » Une moue tord les lèvres de la Weasley, peu convaincue que leurs repas, même délicieux, même préparés par Molly puissent vraiment être utiles.

« Do... Do you know what's happening to them? » « Well, I hoped you would know more than me. All I can say is that they have a fever that doesn't seem to cool down. Their blood is tainted with some form of magic I've never seen and they suffer from what it seems is... an allergic reaction? There, around the neck, you see? » Difficile de ne pas voir en effet. Les propos de la médicomage confirment leurs impressions, mais c'est bien loin de la rassurer. L'accumulation de symptômes et l'incompréhension d'une spécialiste laissent à craindre le pire. « So you're saying... It may be... poisening? » Ginny étudie le profil de son ami, est-ce qu'il réfléchit à voix haute ou est-ce qu'il a déjà une idée en tête ? « I'm saying I've been here for only a few hours and I don't think it's a natural disease. » Et considérant semble-t-il qu'elle leur a déjà tout dit, elle va s'affairer près du lit suivant, les laissant pondérer ses mots en silence. Ginny sent le regard de Neville sur elle, mais l'ignore un moment, ses yeux rivés sur le patient, à qui elle offre un petit sourire lorsque son ami dépose un plat sur sa table de chevet. Elle aimerait pouvoir dire quelque chose, mais difficile d'avoir des paroles réconfortantes après ce qu'ils ont entendu et sa bouche semble brusquement trop sèche pour qu'elle puisse parler. Elle va vers un autre lit, déposant elle-même un plat sur la table de chevet, avec un petit sourire contrit pour la patiente. « Hi, what's your name? » Difficilement la sorcière lui répond : « Megara » son souffle est rauque, comme si elle avait du mal à respirer. « I'm Ginny. » Elle devrait techniquement donner son nom de code plutôt que son vrai prénom quand elle rencontre quelqu'un de nouveau, mais ce genre de précaution semble superflue dans un moment pareil. « How long have you- » La jeune femme grimace : Two days. » Ginny tente tant bien que mal de masquer sa déconfiture. Deux jours et elle est déjà dans un état pareil ? Something's not right here, indeed.

Elle hoche doucement la tête. « Enjoy your meal Megara… » Un peu plus pâle encore qu'à son arrivée dans la pièce, Ginny visite un autre lit, offre quelques petits mot et passe au suivant. Finalement elle vient retrouver Neville au chevet d'un autre patient visiblement sur le point de s'endormir. « This is weird. » Lâche-t-elle de manière aussi naturelle qu'inutile. « Do you think the Death Eaters are trying to poison us? » souffle-t-elle à l'oreille de son Peter Pan. Ils ne sont pas spécialistes et peut-être que la piste du poison n'est pas la bonne du tout, mais plus elle voit ces malades souffrir plus elle est persuadée en son fort intérieur que quelque chose de bien obscur est à l'œuvre ici. Quelque chose de pas naturel. Et bien sûr, ça la ramène d'office à Voldemort et ses sbires car elle n'a rien vu de plus obscur et contre-nature que les horcruxes.

Neville n'a pas besoin de jeter un œil en direction de son amie pour savoir qu'elle pense pareil que lui. Quelque chose ne va pas ici. Il ne s'agit pas seulement d'une maladie comme les autres, comme ils ont pu en voir tant. Les sorciers alités devant eux n'ont pas un simple rhume, avec le nez qui coule et une toux un peu sèche. Ils n'ont pas les quelques effets secondaires de la dragoncelle, qui finissent par de dissiper avec le temps. On dirait plutôt le résultat d'un raté des jumeaux Weasley, à l'époque où ils confectionnaient des friandises permettant de sécher les cours. Neville tâche de ne pas trop laisser son ressenti transparaître alors qu'il s'approche d'un nouveau lit. L'homme qui y est allongé est éveillé, et il l'observe avec un regard perçant qui le met un peu mal à l'aise. Mais peu importe, Neville ne laisse rien paraître et s'approche de lui avec un sourire bienveillant. « Hi Sir. » Le sorcier, âgé d'au minimum soixante ans, demeure silencieux et se contente de l'observer de un air interdit. Ne se défaisant pas, Neville sort un plat de son sac et le pose à son chevet, comme il l'a fait précédemment. « I'm Neville. » Les précautions seront pour un autre jour. Le Longbottom juge que les patients ont avant tout besoin de contact humain, pas d'un peu plus de distance imposée par les noms de code. Devant le silence persistant du vieil homme, à l'air étonnement robuste pour quelqu'un de son âge face à une telle maladie, Neville poursuit. « Do you like Shepherd's pie? This one is very good. I'm a big fan. » Neville tente de faire la discussion, d'apporter un peu de chaleur. « Or perhaps would you prefer some stew? » Il agite un second plat, laissant le vieillard choisir. « I know who you are. » Neville fronce les sourcils, coupé dans son élan. « I... » « I know who you are. » L'air un peu plus confus, Neville s'apprête à lui demander ce qu'il entend par là quand la jeune médicomage avec qui il a échangé quelques mots vient au chevet du malade. « That's Henry. He's got hallucinations. Probably another side effect from the disease for people his age. » Neville jette un nouveau regard au sorcier, qui observe la soignante avec le même air interdit que quand l'ancien Gryffondor est arrivé. Il ne dit plus un mot. Des hallucinations ? Pourtant, à le voir, l'homme a l'air plus vigoureux que bon nombre d'autres malades.

Neville décide de laisser la médicomage s'occuper d'Henry et part rejoindre une autre malade à l'air somnolent. Il se contente de lui sourire, car il ne veut pas la réveiller - elle a sans doute besoin de repos, comme tout le monde ici. « This is weird. » Ginny vient de se poster à côté de lui et Neville lève la tête. Il n'a rien à ajouter à cette évidence mais sa curiosité est piquée par les traits de son amie. Ses échanges avec les patients ont dû l'inquiéter davantage. « Do you think the Death Eaters are trying to poison us? » Neville fait un geste pour les mener vers un endroit plus privé, à l'écart des malades. Il n'a pas envie qu'on écoute leur discussion, surtout si elle prend ce genre de tournure. « That isn't unlikely, il murmure. » Bien sûr, c'est la piste la plus effrayante de toutes, mais pas la moins probable. « But how? How did they manage to affect all those people? Why them, in particular? Why not making it contagious? » Toutes ses interrogations, il les partage à son ami, non pas dans l'espoir qu'elle lui procure une quelconque réponse mais que, peut-être, le fait d'en parler les mènera quelque part. « Maybe... These are just try outs? » L'idée l'horrifie. Peut-être, en effet, qu'il ne s'agit que de tests, d'essais pour créer une nouvelle arme de guerre qui décimera la population, fera gagner la guerre à l'un des deux camps. Puis il y a cette peur, que Neville n'ose pas vraiment partager, qu'il ne s'agisse pas d'une attaque externe. Quand on voit à quel point l'affaire a été étouffée, il se demande s'il y a plus. Si le problème ne vient pas des mangemorts, mais d'un mal bien plus proche... « Those veins..., il ajoute en observant les malades autour d'eux. It has to come from dark magic. » Il se parle plus à lui-même, mais ça fait du bien d'extérioriser ses idées. « Maybe Grimaldi might know something? Maybe he can remember something they all ate but he didn't? A place, where they all went? » La tentative est désespérée, parce que Grimaldi n'a pas vraiment l'air de savoir grand chose, et qu'il est plutôt en attente qu'on lui trouve des réponses. Mais Neville a besoin de mener l'enquête pour comprendre. Il y a forcément quelque chose qui relie tous ces malades entre eux.

Ginny suit Neville à l'écart, il a raison, cette conversation n'est pas faite pour toutes les oreilles. Il vaudrait mieux que les malades, surtout, n'entendent pas ce qu'ils ont à se dire, par souci de confidentialité mais aussi et surtout pour ne pas les inquiéter plus qu’ils ne doivent déjà l'être. « That isn't unlikely » Une moue tord les lèvres de Ginny, mais Neville ne fait rien que confirmer une peur partagée et qu'être honnête avec elle. L’idée est effrayante, mais elle est réaliste et probable même, vu ceux à qui ils ont à faire. « But how? How did they manage to affect all those people? Why them, in particular? Why not making it contagious? » Ce sont des questions qu’ils feraient mieux de poser à des spécialistes de médicomagie ou de poisons, mais Ginny comprend le besoin de vocaliser les choses pour essayer de mieux les comprendre. Réfléchir à voix haute, ensemble est une des méthodes privilégiées du cercle six d’ailleurs. Ginny doute que ces personnes aient été les cibles principales, peut-être que ce n’était qu’un test pour voir si ça fonctionne, ou peut-être qu’ils se sont juste trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. « Maybe... These are just try outs? » L’idée d’essais d’arme sur êtres humains, si horrible soit-elle, n’est pas choquante venant des Death Eaters et cette piste ne peut donc pas être exclue. De toute façon, tous ces gens seraient plus que des victimes collatérales pour l’Ordre, même si certains en doutent parfois, tout le monde est important dans leur rang et chaque mort est un poids lourd à porter. « Those veins...It has to come from dark magic. » Effectivement ça y ressemble, en tous cas pour eux deux, non spécialistes. « Maybe Grimaldi might know something? Maybe he can remember something they all ate but he didn't? A place, where they all went? » Ginny en doute un peu, Grimaldi a l’air d’être aussi mal informé qu’eux deux, ce qui est un peu scandaleux pour quelqu’un qui gère une planque remplie de malades. Ils peuvent toujours essayer toutefois et voir si un détail qu’il pensait inconséquent les met sur la piste de quelque chose, mais elle n’est pas très confiante là-dessus. Sa moue s’accentue un instant avant qu’elle ne hoche la tête d’un air décidé. De toute façon ni elle ni Neville ne seront tranquilles tant qu’ils n’auront pas eu quelques réponses et avancé un peu dans cette investigation officieuse. « Let’s finish up this distribution quickly and go talk to him. » propose-t-elle avant que d’un hochement de tête ils ne tombent d’accord et se remettent en mouvement.

Elle reste calme face aux malades, elle n’en a que deux de plus à servir de toute façon et prend le temps de leur parler un peu avant de sortir de la pièce, attendant Neville sur le pallier, une moue pensive sur les lèvres. « As far as I heard, back in St James, they all came from different places… » Paraît que ça serait comme ça qu’après quelques jours de quarantaine, on a découvert que celle-ci n’était pas nécessaire du tout parce que ce fléau n'est pas contagieux. « Wouldn’t that mean they’ve poisoned more than one place…? That more than one hideout may have been compromised? » Ça voudrait dire aussi que que ces malades n’ont eu que la malchance de boire la mauvaise eau, manger la mauvaise nourriture, ou respirer le mauvais air au mauvais moment. Elle pousse un soupire et s’aventure vers l’escalier, descendant les marches quatre à quatre avant de se mettre à la recherche de Grimaldi. Ils trouvent ce dernier dans la cuisine, penché sur son téléphone moldu les sourcils froncés. « Anything new? » demande-t-elle à tout hasard, bien qu’elle se doute que ce soit peu probable. Il secoue la tête et grogne en relevant les yeux vers eux. « Done with your charity work? » Il semble plus agacé que quand ils sont arrivés, plus à cran, peut-être que c’est le rapport de la médicomage qui l’a mis dans cet état. Elle sait choisir ses batailles et ne relève pas, hochant lentement la tête. Inutile d’essayer de contester. « We were wondering if you knew of anything that linked all of the patients together? Anything at all? » Il a déjà dû être interrogé par quelqu’un envoyé plus directement qu’eux par le cercle sept, ou par un membre du cercle sept lui-même et il a l’air de ne pas trop comprendre pourquoi deux jeunots viennent le déranger au lieu de lui apporter les réponses qu’il désire. « Not that I know of no. They came from all over the country, same in the other hideouts that have a couple sick people. » Il secoue la tête. « Shouldn’t you all know all this? » Ginny lance un regard rapide à son camarade. Quelque chose dans la manière qu'a Grimaldi de prononcer “you all” laisse entendre de manière assez clair ce qu’il pense de ces gens bien protégés à St James. Ou peut-être que c’est juste ce qu’il pense des cercle six en particulier. Selon Ginny, oui, ils devraient déjà savoir tout ça et pas juste parce qu’elle a laissé traîner ses oreilles au bon endroit au bon moment. Ils devraient tous avoir ces informations pour ce qu’elles sont déjà bien insuffisantes à son goût.

Neville termine de s'affairer auprès des patients. La plupart sont endormis, ou plongés dans un état semi-comateux qui limite les échanges. Le Longbottom prend cependant le temps de discuter quelques minutes avec une sorcière à l'air extrêmement affaibli mais alerte. Ce qu'elle dit ne fait pas toujours sens mais Neville met ça sur le dos de la fatigue. Il admire ces malades, qui ne baissent pas les bras malgré ce mal qui les frappent de nulle part. Il se demande comment il réagirait, à leur place. Sans doute n'ont-ils pas trop le choix, que d'endurer en silence un tel fléau. Mais que restera-t-il de leurs idéaux, de leur fidélité à l'Ordre quand demain ils sortiront de leur torpeur - s'ils en sortent un jour, mais ça, Neville refuse d'y penser - et qu'ils réaliseront que pendant tout ce temps, ceux à la tête de l'Ordre n'ont jamais rien fait pour les aider. Qu'on a laissé planer le doute et limité les informations. Qu'on n'est jamais venu leur apporter de réponse concrète. Les a-t-on seulement cherchées, ces réponses ?
Neville met un point d'honneur à élucider ce mystère, coûte que coûte.
Il doit leur venir en aide.

Le Longbottom rejoint finalement son amie sur le pas de la porte. Il jette un dernier regard à l'intérieur de la pièce. Les malades sont dans le même état qu'ils les ont trouvés. Leur présence n'a pas changé grand chose... Il achève de fermer son sac à dos d'un geste maladroit tout en écoutant Ginny lui partager ses réflexions. « As far as I heard, back in St James, they all came from different places… Wouldn’t that mean they’ve poisoned more than one place…? That more than one hideout may have been compromised? » Neville reste silencieux, il intègre ces informations, les analyse. Effectivement, s'ils sont venus de plusieurs planques différentes, cela rend peu probable l'idée qu'ils aient tous été confrontés à un même mal au même moment. L'idée de plusieurs attaques simultanées paraît peu probable pour le Gryffondor : se donner tant de mal pour propager une maladie non contagieuse ? Il fronce les sourcils... Juste avant d'entrer dans la cuisine, Neville marque une pause : « What if... What if they're not the ones who've been compromised? » Laissant sa pensée se former dans son esprit, il poursuit : « What if the disease comes from us? From St-James? » L'idée peut paraître absurde au premier abord. Bien sûr que l'Ordre n'empoisonne pas ses propres soldats... Bien sûr. « Like... Maybe we've been sending them poisoned goods or something? Maybe Sofia found supplies that were tampered with dark magic? And nobody realized it? » Enfin, refusant de croire réellement à sa propre suggestion, il chuchote afin que personne d'autre que Ginny ne l'entende : « Of perhaps someone has been compromised... » Très sérieux, il plante son regard dans celui de la rousse. « I mean... It wouldn't be a crazy assumption. What's the link between all these people? Us. Higher circles. »

Ne pouvant pas rester éternellement plantés devant la cuisine, Neville entame le pas de son amie et rejoint un Grimaldi à l'air éternellement préoccupé. Il ignore la pique qu'il leur lance, comprenant d'où vient cette aigreur, même si elle n'est jamais agréable à encaisser. Il demeure silencieux alors que Ginny enchaîne avec sa question. « Not that I know of no. They came from all over the country, same in the other hideouts that have a couple sick people. Shouldn’t you all know all this? » Le Gryffondor échange un regard avec la Weasley. Effectivement, ils ne sont pas plus avancés. Et effectivement, le manque de communication est extrêmement frustrant dans cette affaire. Le Longbottom pense même qu'il s'agit d'une preuve supplémentaire pour étayer sa théorie : si le cercle 7 suspecte que ce sont leurs propres vivres qui sont en faute, sans doute voudront-ils mener leur enquête en amont avant de communiquer ouvertement, histoire de ne pas s'attirer encore plus de foudres du reste de l'Ordre. Si c'est le cas, c'est plutôt raté... Neville hésite un instant, bien conscient d'être le roi des gaffes et sachant pertinemment qu'il n'a pas le droit à l'erreur avec ses questions - après tout, il en va de la fidélité déjà assez fragile des soldats de l'Ordre. « Do they have a similar job inside their hideouts? » Il commence à faire les cent pas, l'air pensif. « Where they in contact with foreign goods? » Il fait attention à ne pas préciser "goods that were sent by Lee or something like that". « How many people got sick per hideout? » Neville se poste près de la fenêtre, l'air toujours songeur. Si ça se trouve, il est complètement à côté de la plaque.