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30 juillet 1985 - SéoulIl est 1h du matin quand des douleurs à l’estomac réveillent une jeune femme seule dans une chambre d’hôtel. Pourtant elle n’avait rien mangé d’étrange, de périmé ou de trop épicé malgré le goût prononcé des coréens pour les plats qui vous réduisent les papilles à néant. En dépit de l’heure avancé, les rues sont encore animées. À Séoul rare sont les fois ou on peut trouver des rues désertes de jour comme de nuit.
Ses crampes sont de plus en plus intenses, rien ne la soulage. Elle a pris une douche, elle est allée au toilette, elle a mangé un morceau, et même essayée une dizaine de positions différentes pour essayer de soulager cet étau qui lui comprimait le ventre. Ça fait un mal de chien pu**** !
Difficile de reprendre son souffle entre deux vagues de douleur, le front trempé de sueur ses doigts sont enfouies dans les draps qu’elle manque de déchirer. Des larmes laissent un sillon humide le long de ses joues témoignant de la violence de ses crises spasmodiques.
Depuis combien de temps est-ce que cela dure ? Ces douleurs sont interminables, elle a pourtant avalé tous les médicaments qu’elle a trouvé dans ses sacs.
Elle va mourir, maintenant elle en est sûre. Elle a sans doute attrapé une foutue maladie magique exotique, à vadrouiller au quatre coins du monde il fallait s’y attendre. Être si jeune et mourir, il n’y a pas de justice dans ce monde !
Mais si elle meurt d’ici quelques heures, personne ne sera au courant. Elle n’a pas donné de nouvelles à sa mère depuis des années et elle n’a pas d’amis qui s’inquiéteraient de sa disparition. C’est donc ici que sa vie va se terminer, dans une ville qui se trouve à des milliers de kilomètres de chez elle. Il lui restait tant de choses à accomplir, tant de pays encore à parcourir et de villes à visiter.
Les premiers rayons de soleil percent à travers les rideaux, elle n’a aucune idée de l’heure qu’il peut être. Si elle pensait avoir enduré le pire l’heure qui suivit était au delà de ses pires cauchemars. Elle doit étouffer ses cris dans son oreiller pour ne pas réveiller la moitié de l’hôtel. Son agonie est lente et insupportable. La respiration haletante une nouvelle sensation s’empare d’elle : l’envie de pousser. Quelque chose voulait sortir de son corps. Lui avait-on jeté un mauvais sort ? Un être démoniaque qui la dévorait de l’intérieur depuis des heures souhaitait maintenant en sortir.
Elle ne peut se retenir de pousser de toutes ses forces jusqu’à ce que quelque chose sorte de son intimité. Craintive elle approche sa main, ses doigts rencontrent une étrange forme, humide, poisseuse…c’est une tête, elle est en train d’accoucher.
Soulagée d’apprendre qu’elle ne va pas mourir sur le champ, sa première préoccupation est de faire sortir ce bébé de là. Elle rassemble les dernières forces qui lui restent pour pousser à s’en déchirer les entrailles.
Des pleurs suraigus éclatent dans la pièce. Elle s’écroula en sueur, le souffle coupé avec un léger étourdissement. Il lui faut plusieurs minutes pour réaliser ce qu’il vient de se passer. Il y a quelques heures c’était une pigiste de 29 ans qui parcourait le monde pour vendre ses articles, allant ou elle le souhaite sans que personne ne lui dicte quoi faire. Voilà qu’elle se retrouve avec un bébé sur les bras.
Prenant appui sur ses avant-bras elle posa un regard sur le nouveau-né qui hurlait à gorge déployée. Les mains tremblantes elle récupère le nourrisson, et prends de quoi couper le cordon ombilical. Elle le colle contre sa peau nue. À force de crier ainsi il va réveiller tout le monde et elle va finir par se virer. Naturellement elle se met à le bercer contre elle et peu à peu l’enfant se calme et finit par s’endormir.
Que va-t-elle faire de lui ?
22 septembre 1997 – Buenos AiresUne douce lumière orangée baigne la pièce dans une ambiance paisible. Il est 18h, le soleil baisse à l’horizon pour bientôt laisser place à l’unique satellite terrestre.
Assise a un bureau, une petite tête brune s’affaire autour d’un carnet, encre et plume en main. Autour d’elle éparpillées se trouvent des dizaines de photos, sur lesquelles une mère et sa fille lui font signe un sourire illuminant leur visage. Derrière elles des dizaines de paysages différents : des villes, de vastes plaines, des montagnes, des temples... Sur l’une d’elle une petite fille se bat avec un niffleur pour récupérer un collier en argent.
La jeune fille mettait beaucoup de soins pour confectionner son carnet, elle avait précautionneusement fait en sorte de garder tout un tas de souvenirs de tous les endroits qu’elle avait pu visiter. Ensuite elle consignait le tout à l’intérieur, dans lequel elle y ajoutait le récit de ses aventures. Le tout était parsemé de quelques anecdotes afin qu’à jamais reste gravé ses histoires. Elle y ajoute quelques illustrations faites à la main, le dessin est une discipline qui lui plaît et dans lequel elle excelle. Elle travaillait aujourd’hui sur son troisième carnet, chaque jour de sa vie y est décrit en détail. Bien trop occupée par sa tâche, elle n’entend même pas le bruit de la serrure
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Ma chérie, cette ville est magnifique demain il faut absolument que tu viennes faire un tour avec moi. J’ai découvert une superbe librairie tu vas adorer. Et j’ai trouvé un nouveau livre de sortilèges : « Primer paso con una varita. Sortilegio para principiante ». Et toi tu as avancé ?Aucune réponse. Ne voyant pas sa fille réagir elle s’approcha sans un bruit derrière elle.
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AHAH prise la main dans le sac jeune fille !La brunette sursauta laissant échapper une grosse goutte d’encre au plein milieu de sa page !
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MAMAN ! Mais ça ne va pas !! T’es complètement f…-
À ta place jeune fille je ne terminerai pas ma phrase !! Tu ne devais pas t’entraîner au sortilège de lévitation ??-
Mais maman… tu sais très bien que je le maîtrise déjà à la perfection. Et puis je devais absolument terminer cette page pendant que les souvenirs sont encore frais dans ma tête.-
Tu rigoles j’espère, dois-je te rappeler la catastrophe de la dernière fois ? -
Si tu parles de la fois ou j’ai fais léviter un verre d’eau trop loin et à travers la fenêtre reconnaît au moins que la tête du moldu qui se l’est pris sur le crâne était hilarante.-
Peut-être mais imagine que ce n’était pas un verre d’eau mais une brique que tu faisais léviter. Reconnais que ça serait beaucoup moins drôle. Alors range-moi ce carnet et sors-moi ta baguette ! Alice gonfla les joues de mécontentement elle n’avait aucune envie de travailler ses sortilèges.
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Et je t’interdis de souffler !Couper dans son élan elle fronça les sourcils et marmonna tout en exécutant les ordres. Faire l’école à la maison ce n’est pas toujours aussi marrant que l’on croit surtout quand sa mère est aussi têtue qu’un hippogriffe.
10 décembre 2001 – Prague8h06 comme chaque matin c’est le bruit de la porte qui claque qui tire Alice du pays des merveilles. Il ne lui fallut qu’un regard sur son réveil pour constater que sa mère est en retard. Elle retira le masque qui faisait obstruction à la lumière du soleil, la clarté du jour lui déforme le visage en une horrible grimace. Petite séance d’étirement, après un rapide coup d’œil devant la glace pour constater les dégâts de la nuit, elle s’attacha les cheveux en un rapide chignon mal fait et se dirigea vers la cuisine pour se préparer une bonne tasse de thé.
Sa tasse fumante dans une main et son emploi du temps journalier dans l’autre elle prend place dans le canapé. Il faut absolument qu’elle travaille son sortilège d’attraction, sa mère lui fait passer l’examen demain et pour le moment elle ne peut attirer que des objets de petites tailles.
Elle rapporte sa tasse dans l’évier lorsque ses yeux se posent sur la baguette de sa mère. En retard elle n’a pas dû penser à la prendre. Un regard en direction de l’horloge lui indique 8h20, c’est jouable. En courant à bonne allure elle peut la rattraper, à condition de passer par les petites rues. Par dessus son pyjama elle enfile une grosse veste et de grosses bottes fourrées.
A peine a-t-elle mit le pied dehors que le froid saisissant glace jusqu’à la dernière cellule de ses poumons, un nuage de fumée se forme à chacune des ses expirations. Elle part au pas de course espérant arriver à temps pour l’intercepter.
C’est au bout d’une dizaine de minutes, les joues rougies par le froid et le cœur sur le point d’exploser, qu’elle aperçoit sur un trottoir la chevelure chocolat de sa mère.
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Mam…Sa mère se mit à courir et poussa une petite fille quelques mètres devant elle. Elle enfouit sa main dans l’une de ses poches, probablement pour prendre sa baguette. Mais elle ne l’a trouva jamais. Une voiture ayant glissé sur une plaque de verglas la percute de pleins fouets. Des hurlements éclatent, les gens se précipitant autour de la scène macabre.
Non ce n’est pas possible. Ce qui vient de se passer n’a pas pu arriver. Malgré le brouhaha qui envahit la rue, elle est plongée dans le plus assourdissant des silences. Elle ne perçoit que les battements de son cœur .
Ce n’est qu’un mauvais rêve, réveille-toi Alice…
17 décembre 2001 – Château d'Oiron (France)Tout s’est passé très vite après la mort de sa mère. Après l’accident elle a été transféré dans un hôpital moldu où elle est décédée, les blessures étant trop importantes.
Tout s’est passé comme dans un rêve si bien qu’Alice ne versa pas une larme tant la mort de sa mère lui semblait invraisemblable. Rapidement elle contacta le journal pour lequel sa mère avait vendu ses services. Le personnel a été d’une grande gentillesse et l’a aidé à gérer cette situation de crise. Ils préviennent les autorités magiques autrichiennes qui récupèrent le corps conservé dans une morgue moldu.
Sa mère a toujours été très évasive sur sa famille, Alice savait seulement qu’elle était fille unique et que sa mère était très possessive. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle a prit la fuite pour se libérer de son emprise.
Étant âgé seulement de 16 ans elle ne peut pas rester seule. Les autorités ont envoyé des hiboux en France, la jeune fille a appris que le seul membre de sa famille qui lui restait était sa grand-mère et celle-ci accepta de la récupérer.
Il est 9h quand un homme frappa à la porte pour la ramener en France. Elle est assise sur le lit d’une chambre d’hôtel, qui a été gracieusement offerte par le journal pour lequel sa mère travaillait. Elle se lève sa valise en main, sur le pas de la porte se trouve un homme immense à la carrure fine, une quarantaine d’années, ses cheveux blonds tirés en arrières qui se fondent presque dans la pâleur de sa peau. Son visage est tout aussi osseux que le reste de son corps et une longue cicatrice barre son œil gauche. Il n’a pas l’air très aimable.
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Bonjour je viens pour vous emmener en France.Alice ne répondit pas et le suivit. Ils voyagèrent en train. Un voyage qui dura de nombreuses heures et qui se fit dans le silence. L’homme n’est pas très bavard et ça lui convient parfaitement, bavarder c’est la dernière chose dont elle avait envie. Une fois arrivée à la gare le reste du chemin se fit par transplanage.
Devant-elle se tint un immense domaine ou plutôt un château. Elle observa cette bâtisse qui allait être sa nouvelle maison.
Il frappa à la porte et un elfe de maison vint ouvrir la porte.
- Je vais chercher madame
L’elfe revint au bout de quelques minutes pendant lesquels Alice observa le hall. Son cœur rata un battement lorsqu’elle vit un tableau où elle aperçut sa mère plus jeune qui lui fit un signe de la main pour la saluer. Elle était loin de se douter du luxe dans lequel sa mère avait grandi. Elle se mordit les lèvres pour retenir des larmes qui commençaient à lui brûler les yeux. Elle quitta des yeux le tableau avec regret lorsque des bruits de pas lui parviennent aux oreilles.
Une femme d’une soixantaine d’année entra dans le hall, accompagnée de son elfe de maison. Elle est assez grande et porte une robe de sorcier élégante. Ses cheveux rassemblés dans un chignon trop serré donne à son visage un air sévère. Elle paraît bouleversée pendant une fraction de seconde lorsqu’elle aperçoit sa petite fille, mais ses traits se durcissent vite et toute la bonté disparait de ses yeux. Elle s’approcha d’elle, et l’observant de haut en bas avec un regard hautain.
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Vous êtes sur que c’est elle ?Sa voix est glaciale, perçante, sifflante comme celle d’un serpent.
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Oui madame. C’est bien elle : Alice de Montespan fille d’Adélaïde de Montespan décédée le 10 déc--
Regardez-là ! On dirait une paysanne en haillon venant d’abreuver son bétail …-
Laissez-moi partir alors !La grand-mère tiqua devant son insolence, ce ton rebelle lui rappelait des souvenirs.
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Vous recevrez votre paiement d’ici quelques jours, vous pouvez disposer. Quant a vous jeune fille suivez moi.Elle tourna les talons et partit en direction d’une pièce adjacente. Malgré l’envie de fuir à toutes jambes elle lui emboita le pas. Elle entra dans un somptueux salon bien plus spacieux que tous les endroits dans lesquels elle a pu vivre. Un feu brûle dans une grande cheminée en pierre. Tout dans cette pièce est luxueux, de hauts plafonds peints sur lesquels se trouvent des moulures élégantes ainsi que le mobilier sculpté dans des matériaux nobles.
Sa grand-mère s’approcha d’elle, sa tête se retrouva projeté vers la droite, une douleur irradia sa joue.
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Plus jamais tu ne t’adresses à moi de la sorte. Un elfe de maison arrive faisant léviter un plateau contenant une théière, deux tasses ainsi que quelques biscuits. Il les posa et quitta la pièce sans un bruit.
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Dans quel école as-tu étudié la magie ?Alice ne répond pas, une main massant toujours sa joue endolorie.
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Dans quel école as-tu étudié la magie ?-
Dans aucune école -
Comment ça ? Elle faillit s’étouffer avec son thé, ce qui étira légèrement les lèvres de la brunette.
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Maman me faisait l’école à la maison-
Mon dieu quel horreur ! Ton niveau de magie doit-être déplorable, il va falloir y remédier. Et très vite.Elle posa sa tasse, et se dirigea vers un long buffet qui semblait être fait en marbre. Elle fouilla dans un tiroir duquel elle sortit une enveloppe.
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J’espère que parmi toutes ses bêtises , ta mère n’a pas été assez bécasse pour s’accoupler avec un sang-mêlé, moldu ou autre sang impur. Nous aurons notre réponse demain quelqu’un va venir vérifier ça.Elle marqua une pause durant laquelle elle plaqua une mèche de cheveux qui semblait sortir légèrement de son chignon.
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À partir d’aujourd’hui tu seras sous mes ordres. Interdit de sortir du château. Dès demain un précepteur viendra évaluer ton niveau de magie pour estimer l’ampleur de la catastrophe. Tu recevras des cours de magies mais également de bienséance pour régler ces problèmes de comportement que je ne tolérerai en aucun cas. Bromir va te montrer tes appartements, tu vas te changer. Il est interdit de porter des vêtements moldus dans ce domaine. Il sera ton elfe de maison si tu as besoin de quelque chose demande lui. Peut-être était-ce du au choc de la perte de sa mère, mais Alice ne répondit pas et suivit docilement l’elfe jusqu’à ses appartements.
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Oh et j’oubliais, si tu tentes de t’enfuir je le saurais. Où que tu ailles je te retrouverai.Ses quartiers ressemblaient plus à un appartement qu’à une chambre d’adolescente. Un lit à baldaquin à la taille démesurée se trouvait au centre de la pièce, une grande baie vitrée donnait sur un balcon et de somptueux tableaux ornaient les murs de la pièce. Elle s’assit sur le lit dont le matelas était particulièrement moelleux. Une vague de chagrin l’engloutit, difficile d’accepter qu’en seulement une semaine elle a perdu tout ce qui comptait pour elle : sa mère et sa liberté. Elle a peur et sa mère n’est plus là pour se glisser dans son lit comme elle le faisait parfois. Le vertige la gagna, sa vision se troubla et elle se mit à suffoquer en tremblant de tous ses membres. Elle sauta hors du lit et se précipita sur le balcon, prise de panique. Pensant qu’un peu d’air frais lui ferais du bien, mais non, elle avait la gorge irrémédiablement nouée et l’impression d’étouffer. Adieu liberté. La balustrade du balcon l’isola aussi sûrement que les barreaux d’une cage. Un hurlement presque bestial sortit de sa gorge. Comme si la rage, le désespoir qu’elle avait accumulé durant toute la semaine sortirent au travers de ce cri. Des larmes coulèrent abondamment le long de ses joues. Ses jambes cédèrent sous son poids, elle glissa le long des barreaux du balcon. Elle pleura, cria à s’en déchirer les cordes vocales.
C’est un horrible cauchemar, elle va se réveiller et sa mère sera là.
7 octobre 2003 – Château d’Orion FranceL’horloge sonna 20h30 ,la propriétaire du château est assise dans un fauteuil face à une grande baie vitrée orientée en direction de l’entrée du domaine. Sa jambe s’agite nerveusement, tout ses gestes trahissent son anxiété. Elle a baissé sa vigilance seulement 10 minutes, et ça a suffit pour cette petite peste pour prendre la poudre d’escampette.
Tout au bout de l’allée quelqu’un vient de transplaner, deux silhouettes se rapprochent. Elle se lève précipitamment et passe une main sur la robe pour enlever les mauvais plis.
On frappe à la porte, un elfe de maison vient ouvrir. Elle approche lentement, imposant à son visage un masque de sévérité, aucune émotion ne doit transparaître.
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Bonjour madame je vous ramène votre petite fille-
Où était-elle cette fois-ci ?-
Mademoiselle Alice avait trouvé un passeur pour lui faire quitter le pays, je suis arrivé juste avant que le portoloin ne se déclenche-
Je vous remercie. Toi, tu regagnes ta chambre immédiatement.Alice donna un coup d’épaule pour se détacher de l’homme qui la tenait par le bras. D’un pas vif elle prend la direction de sa chambre et claque violemment la porte. Elle y était presque. Cette fois-ci elle était vraiment à deux doigts de quitter cet endroit de malheur. Le plan qu’elle avait préparé depuis des semaines était parfait.
Elle récupéra un sac sous son oreiller.
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Accio carnets de voyageElle récupéra ses précieux carnets, quand la colère la submergeait c’était la seule chose qui pouvait la calmer. Elle ouvrit le premier qu’elle attrapa. C’était celui de leur dernier tour d’Asie il y a environ 3 ans. Ses lieux lui manquent tellement, sa mère lui manque tellement, son ancienne vie lui manque tellement. Des larmes chaudes coulèrent le long de ses joues.
La porte s’ouvra soudainement, laissant apparaître sa grand-mère sur le pas de la porte.
-
Ingrate, comment oses-tu ? Je t’offre le gîte, le couvert et une éducation digne de ton rang. Quand vas-tu cesser de fuir ?-
Jamais ! Je n’arrêterai jamais ! Il ne se passera pas un jour, une heure, une minute sans que je me batte. Je ne cesserai jamais d’essayer de vous fuir par tous les moyens !Elle explosa de rage, si elles avaient eu des échanges peu courtois à de nombreuses reprises, jamais auparavant elle n’avait craché sa colère de manière si véhémente. La frustration, la haine qu’elle a envers cette femme qui l’oblige de vivre une vie qu’elle ne souhaite pas ainsi que le manque de sa mère l’a fait exploser.
Le visage de la vieille femme se crispa. Ses yeux se posèrent sur les carnets dispersés sur le lit, de colère elle sortit sa baguette et la pointa dans leur direction.
-
C’est de la faute de ces maudits carnets ! Ils te maintiennent dans ton ancienne vie, ils t’empêchent de tourner la page ! Il faut les détruire.Alice s’interposa devant ses biens les plus précieux en faisant obstacle de son corps.
-
Non ne faites pas ça ! Je vous en supplie ! -
Tu ne me laisses pas le choix petite idiote. Si je ne le fais pas tu vivras dans le passé et tu ne cesseras de fuir. -
Par pitié, j’implore votre clémence ! Ne détruisait pas mes carnets , il ne me reste que ça d’elle.-
C’est le seul moyen…-
Je ferais tout ce que vous ordonnez, j’étudierai avec sérieux et je cesserai de m’enfuir. Je vous en fais la promesse. Pitié -
Comment être sûr que ce n’est pas un énième mensonge.-
Si je pourrais je vous le prouverais sur le champ par n’importe qu’elle moyen.-
Vraiment ? Elle s’approcha d’elle et la releva, attrapant son avant bras.
-
Il faut sceller cette promesse, sinon je détruirai ces carnets, je les réduirai en miettes. Bromir ! L’elfe apparu à leur côté
-
Nous avons besoin de toi pour le serment inviolable -
Oui madame-
Un quoi ?-
Si tu ne veux pas que je détruise tes maudits carnets il va falloir sceller ça a jamais. Attrape moi l’avant-bras.Alice s’exécuta sans réellement savoir ce qu’elle est en train de faire. Si elle voulait protéger ses biens les plus précieux elle devait faire ce satané serment.
-
Alice de Montespan acceptez-vous d’obéir aux ordres de Catherine de Montespan -
Je l’accepte -
Promettez-vous de ne jamais révéler le dit serment ?-
Je le promets-
Engagez-vous à ne jamais ternir le nom des Montespan.-
Je m’y engage !Une chaîne rougeâtre s’enroula autour des mains des deux participantes, scellant à jamais ces promesses lourdent de sens. Une fois le serment terminé, elle lâcha la main de sa petite fille et prit la direction de la porte.
-
Nous dînons à 19h30 , tâche d’être à l’heure et de te changer, ton odeur est infecte. Ah et j’oubliais…. Je t’ordonne de ne plus jamais essayer de t’échapper.Elle claqua la porte et le bruit de ses pas s’estompèrent peu à peu laissant Alice dans un silence oppressant. Qu’est-ce qu’elle vient de faire ? Venez-t-elle de sacrifier tout espoir de liberté pour sauver les derniers souvenirs qui lui restaient de sa mère ?
Une chose est sûre elle venait de pactiser avec le diable.
21 février 2007 – Château d’OrionOn était en pleine après-midi et Alice était allongée à plat ventre dans son immense lit. Il aurait bien pu faire un soleil éclatant que la jeune femme n’en aurait pas conscience. Les rideaux étaient tirés avec tant de soins qu’aucune parcelle de lumière ne filtra dans la pièce. L’atmosphère lugubre collait parfaitement avec l’humeur de la jeune femme.
Quelques coups discrets à la porte la sortie de sa torpeur. Elle n’eut cependant pas le temps d’inviter son visiteur à rentrer que déjà la porte venait de s’ouvrir, laissant entrer une silhouette qu’elle aurait préféré ne pas voir… Hélas elle vivait chez elle.
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Alice… Au lit à cette heure. Est-ce bien l’attitude d’une dame.-
Grand-mère…Elle n’avait rien d’aussi réconfortant qu’une grand mère mais la vielle bique ayant insisté pour qu’elle l’appelle comme ça...
-
J’ai une grande nouvelle pour toi. Vois-tu ma chère, il ne m’a pas échappé que tu voulais voir du pays et je vais te faire une faveur…-
Vrai…Vraiment ?-
Mais bien sûr ma chérie… Bromir ! Aide Alice à faire ses bagages.Elle sortit de la chambre laissant entrer l’elfe de maison qui claqua sobrement des doigts en rentrant pendant que les affaires de la jeune femme se plièrent dans les airs et se rangèrent dans sa valise.
Alice était circonspecte, partagée entre l’excitation de partir de ce château et la peur de ce que la vieille avait pu manigancer.
Et elle avait bien raison de craindre le pire… Sa grand mère avait oublié de lui préciser qu’elle avait organisé un mariage arrangé avec un sang pur italien récemment arrivé en Angleterre.