AFTERMATH.

@dean thomas

i think as you grow older you look for very different things in people.
honesty. loyalty. integrity. but most of all, you look for someone who will
stand right by your side when the walls start crumbling and the fires rage within.
they are right there, and in that moment, you know they've got you.

Ça fait des mois qu'il n'est pas passé par ici. La planque n'a rien à voir avec Saint-James. Bien loin du confort et de la protection rassurante des murs en pierre, les tentes sont ici beaucoup plus rustres. A même le sol, en proie au vent, au froid, à la nature. Neville est frappé par les privilèges dont il jouit au quotidien. Bien sûr, comme tout le monde, il est en guerre. Il participe à des missions aussi importantes que dangereuses. Mais le soir, quand tout est terminé, il rejoint un lit confortable et la chaleur apaisante de la cheminée. Il mange normalement, sans avoir à chasser du gibier. Il peut se reposer. Neville jette un œil autour de lui et tout ce qu'il voit, ce sont des sorciers épuisés, endurcis par le quotidien rude qu'ils mènent. Beaucoup d'entre eux sont des amis, des visages familiers. Il échange quelques sourires, salue les uns, tape l'épaule des autres. Mais il est forcé de constater une forme de rancœur, palpable à son approche. Tout le monde n'est pas hostile, loin de là. Mais l'ambiance générale du camp est électrique.

Il remarque Dean un peu plus loin. Neville sent une boule se former dans son ventre. Il n'a pas vu son ami depuis des lustres et on ne peut pas dire qu'ils soient restés en bons termes. Ça date de la rupture entre Dean et Ginny. En soi, Neville n'en a vraiment rien à faire des préférences sexuelles de son ami. Il était même content pour lui, content qu'il se soit trouvé, qu'il puisse avoir une chance au bonheur. Sauf que dans l'affaire, il a blessé Ginny, et que Ginny on n'y touche pas, on lui fait pas de peine. Si elle l'entendait penser, sûrement qu'il se prendrait une tape derrière la tête. Elle a pas besoin d'être défendue Ginny, ça elle sait très bien faire toute seule. Et Neville ne prétend pas le contraire. C'est juste qu'il ne supporte pas qu'on puisse faire de la peine à ses amis, à sa famille. Alors il en a voulu à Dean, bêtement sans doute. Il lui en a voulu quelques jours, ou quelques semaines, il ne sait plus. Aujourd'hui, c'est du passé, mais les deux garçons n'ont pas eu le temps de vraiment parler depuis cette époque. Et ça fait un an déjà... Alors Neville n'a pas hésité quand il a entendu parler de cette mission de réapprovisionnement. Un job assez simple, mais tellement nécessaire en cette période. C'est l'occasion ou jamais de renouer avec son vieux camarade de dortoir.
Après tout, ça ne sert à rien d'être en froid.

« Long time no see, brother. » C'est tout ce qu'il trouve à dire ? Neville est parcouru d'un léger malaise qu'il tente vainement de chasser. C'est pas forcément évident d'aborder un ami à qui on a pas donné de nouvelles depuis un an. Alors pour combler le silence, Neville ajoute, à la hâte : « I'm your... I'm your partner for today. » Le revoilà qui bégaye, une fâcheuse manie qui réapparaît dès qu'il perd contenance. Il a hâte de passer à autre chose. Hâte d'aller sur le terrain et d'être utile. « What's up with you? »

« Ouais. Ouais, ça fait longtemps... » Neville grimace. Il a cette culpabilité, rétrospectivement, de se dire qu'il aurait pas dû tourner aussi vite le dos à son ami. Sur le coup, ça avait semblé être le choix naturel. Parce que de l'autre côté y avait Ginny, et qu'elle était triste, et qu'il devait être là pour elle. Mais ce n'était peut-être pas une raison suffisante pour ne plus donner de nouvelle à Dean. En particulier alors que lui aussi traversait une nouvelle étape de sa vie, une découverte pas forcément évidente, qui lui a fait perdre sa copine par la même occasion. Et puis, il y a aussi le fait que Dean est l'un des seuls du groupe à ne pas être avec eux au Cercle 6. Il y a des raisons à ça bien sûr, et ça n'a rien de personnel. Mais ça il ne le sait pas. Alors Neville se sent mal, triste d'avoir si mal réagi par le passé. Il se réjouit un peu en voyant la main que lui tend le Thomas, qu'il sert volontiers. « Ce ne sont pas des missions qui te sont attribuées, normalement. Pourquoi t’es là ? » Dean élude sa question par une nouvelle. Soit, il est dans son bon droit après tout. Mais ça met la puce à l'oreille de Neville, qui se doute qu'il ne souhaite pas se confier pour le moment. En plus, ça ne l'arrange pas trop Neville, de parler de la raison de sa venue, il pensait que ça viendrait après. Que ça passerait inaperçu dans la conversation. « Well... I wanted to see you, actually. » Neville reprend un peu contenance. Il doit assumer ses erreurs. « I'm sorry I've been distant. And I'm sorry about what happened with Ginny. » C'était pas trop son intention de retourner le couteau dans la plaie, but here we go. « I know... It musn't have been easy for you. » Il hésite un instant. « I hope you're well. »

Il détache enfin son regard de son ami, observe les alentours pendant qu'il continue de se préparer. La vie au camp n'a pas l'air facile. Ce qui le marque le plus, quand il observe le visage des résistants, c'est cette fatigue qui semble être partagée par tous. Ils sont fatigués, ils continuent de se battre, et personne ne leur donne jamais de réponse. Sortant de ses pensées, il regarde si Dean a fini de rassembler ses affaires. « It's important, I think, that I keep going on those missions. » Neville aurait mieux fait de se taire, il le sait. C'est compliqué de tenter de renouer avec un vieil ami en continuant d'occulter la vérité. Mais il n'avait peut-être pas besoin de souligner qu'il était censé avoir mieux à faire que ravitailler les troupes.

Il a toujours été extrêmement mal à l'aise dans ce genre de situations. Et comme à chaque fois qu'il est mal à l'aise, Neville se dandine d'un pied à l'autre, comme un enfant sur le point de réciter son cours sur la guerre des gobelins. Il a fait un long chemin depuis son mal-être maladif de quand il était gamin, mais Neville reste et restera toujours un garçon extrêmement sensible. Il a cette empathie naturelle pour les autres qui fait qu'il ressent instantanément les émotions de ses congénères. Et il sait qu'il n'aurait même pas besoin de ça pour ressentir les tensions naître entre Dean et lui. Mieux vaut maintenant que sur le terrain, il essaye de se rassurer. « S’il te plaît, arrête. » Neville est coupé dans son élan et jette un regard à son ancien camarade avec ce même air désolé qu'il arbore depuis quelques minutes. « I just thought it would be nice if we talked... » Pour Dean, ou pour apaiser sa conscience ? « Because I wasn't there for you. I wasn't a good friend. » Understatement of the year. « I should have been there for you too... I want to do that now. If it's not too late. » Neville sait qu'il est en train de s'enfoncer. Que Dean est pas du genre à s’épancher en sentiments. Mais c'est plus fort que lui. Il a toujours ce besoin irrépressible de parler, de partager ce qu'il a sur le cœur. C'est pour ça qu'il s'entend aussi bien avec Luna. Elle est probablement la seule à comprendre sa sensibilité.

Neville sent une certaine aigreur dans les propos du Thomas. Sans doute est-elle justifiée, avec cette guerre qui semble ne jamais se finir. Et puis il est là, dans ce camp, parmi tous les soldats qui demeurent sans réponse. Sauf que lui, c'est ses amis qui le mettent à l'écart. Pour sa sécurité, certes, et celle de la mission. N'empêche que Neville ressent encore et toujours cette culpabilité quand il le voit. « Et toi ? » Neville hausse les épaules, il ne sait pas trop quoi répondre. Comment se sent-il, au fond ? Il essaye la plupart du temps de ne pas y penser. D'ignorer sa frustration de ne pas trouver de nouveaux horcruxes, sa colère face au discours d'Harry, sa peur constante pour sa famille et ses amis. Cette crainte, peut-être plus tenace encore, de ne jamais y arriver. De ne pas parvenir à mener sa mission à bien, et de laisser tomber toute la Résistance. De laisser tomber les gens qui, comme Dean, se battent pour une cause qui les laisse dans l'ignorance complète. Tout ça, il essaye de l'oublier, pour se contenter de répondre : « Same, I guess. »

Dean est enfin prêt, alors Neville resserre un peu son sac sur son épaule, entamant la marche. « Je croyais que ce n’était pas fait pour vous. Que vous aviez mieux à faire ? » Par réflexe, Neville lève un sourcil, piqué par la remarque. Pour tout dire, il s'y attendait. C'est peut-être l'occasion ou jamais de racheter tout le cercle 6. « We don't. We do the same kind of missions. But we just have other priorities. We have to focus on other aspects. That's it. But we're no better than any of you. We... just have another assignment. » Neville s'arrête là, de peur d'en dire trop. Il se connaît bien, les gaffes, c'est son fort. « J’imagine que ça ne sert à rien que je te pose des questions sur ce qu’il se trame réellement ? » Neville ne dit rien. Il sait que la question est rhétorique, qu'elle n'appelle pas vraiment à une réponse. De toutes les façons, il n'en a aucune à donner. Alors il se contente de le suivre en dehors du camp.

« Comment va Ginny ? » « Fine. » La réponse est lapidaire. Neville a tellement l'habitude de répondre que ça va, quand on lui pose ce genre de questions, qu'il en devient presque incapable de répondre pour de vrai. Ginny, comment va-t-elle ? Mal, comme eux tous. Comment irait-elle bien au milieu de cette guerre ? « She's worried about the disease, il ajoute, histoire de lui donner du grain à moudre et de poursuivre la discussion. » Neville se remémore son expédition avec Ginny à la planque écossaise. L'état des malades était affligeant. Encore un coup dur pour l'Ordre.

« J’imagine qu’il n’est jamais trop tard pour changer les choses. » Neville esquisse un faible sourire. Il sait que ce n'est pas encore gagné, mais c'est un premier pas, et il l'accueille bien volontiers. « Mais ce qui est fait, est  fait. Inutile d’en reparler, tu veux ? » Le Longbottom acquiesce, mais n'ajoute rien. Il sait que c'est tout ce qu'il obtiendra de Dean, et c'est déjà pas mal. Neville s'estime content que son vieil ami ne l'ait pas tout simplement envoyé bouler. En un sens, il aurait compris. Le brun ressert fermement son sac sur son épaule et garde un bon rythme de marche. Bientôt, les deux sorciers se retrouvent à l'extérieur du camp.

Ce n'est pas parce que les deux hommes sont passés à autre chose que la conversation devient plus légère. Dean émane d'une certaine aigreur, voire même d'une véritable colère à peine dissimulée. Neville comprend bien sa frustration. Il aimerait tellement pouvoir lui apporter les réponses qu'il attend. Mais le Longbottom est contraint de conserver son mutisme. Pourtant, sur certains points, il est bien d'accord avec son ancien camarade de dortoir. Cette hiérarchie au sein de l'Ordre, puisqu'elle n'a aucune justification apparente, semble être d'une injustice sans nom. Il est évident que de nombreux résistants se sentent délaissés, à se battre vainement pour une cause qui semble perdue. Pour un mouvement mené par des sorciers tapis dans leur forteresse et murés dans leurs secrets. De la transparence permettrait sans doute aux rebelles de regagner confiance en leur hiérarchie, d'avoir foi en leur combat. Mais Neville sait aussi que Kingsley et les autres font de leur mieux pour mener la Résistance. Et que tous ces secrets ont malgré tout un sens. Qu'ils leur permettent d'avoir une chance. Du moins, Neville s'en convainc.

« Est-ce qu’on a au moins une chance de l’emporter, dis-moi ? Est-ce que ça vaut encore la peine ? » Neville tourne vers son camarade une regard assuré. « On a une chance. Je te le promets. » Neville n'a jamais eu l'air aussi sûr de lui. Pourtant, Merlin sait à quel point il est en proie aux doutes, lui aussi. Mais du plus profond de son cœur, il croit en leur victoire. Il sait qu'avec leur connaissance des horcruxes, ils ont une réelle chance de s'en sortir. « Je sais que tout ça est profondément injuste. Que vous avez l'impression de vous battre les yeux bandés. Mais ensemble, on va y arriver. » Il y a une lueur dans son regard, du genre qui ne trompe pas. Neville est convaincu de ce qu'il dit. Il aimerait pouvoir en dire plus, mais il sait qu'il ne peut pas. Et puis maintenant qu'ils sont hors du camp, c'est même dangereux d'aborder ce genre de sujets. Alors il ne dit rien.

« Est-ce qu’elle parle encore de nous ? J’veux dire. Est-ce qu’elle est passée à autre chose ? » Neville accueille volontiers le changement de sujet. Il se sent légèrement mal à l'aise à l'idée de répondre, cela dit. Après tout, Dean lui demande si son ex pense toujours à lui, mais Neville sent dans le ton de sa voix que c'est ce qu'il souhaite. Qu'elle ait tourné la page. Alors il dit, avec un petit sourire : « Elle ne m'en parle pas mais... elle est passée à autre chose, oui. » Neville ne s'étend pas sur le sujet, car il s'agit de la vie privée de sa meilleure amie. Ça le chagrine un peu, l'air de rien qu'elle ne se confie pas à lui sur ce sujet mais il comprend. Et puis, chacun a besoin d'un jardin secret. Mais plus d'une fois, Neville a noté ses absences du Manoir St-James. Il se doute que c'est pour retrouver quelqu'un. Il n'a juste aucune idée de qui ça peut bien être. Tout ce qu'il espère, c'est que ce soit quelqu'un qui la traite bien. Mais connaissant Ginny, il sait qu'elle ne se laisserait pas marcher sur les pieds par un abruti.

« J’ai pas choisi, tu sais. J’voulais faire de mal à personne. » Neville sent sa gorge se nouer et s'arrête dans sa marche. Il ne s'attendait pas à ça. Pendant quelques secondes, il ne dit rien. Parce qu'il ne trouve pas les mots, il a peur de dire un truc de travers. Puis il plante son regard dans celui de son ami. « Je sais, Dean. C'est pas ta faute. Ça l'a jamais été. C'est nous qui nous sommes comportés comme des abrutis. » Il marque une courte pause. « J'veux que tu saches... qu'on est contents pour toi... On veut juste que tu sois heureux... » Pourquoi est-il si maladroit dans ses mots ? Il se sent tellement mal à l'aise, mais il ne cille pas du regard. Il veut que Dean sache qu'il pense ce qu'il lui dit.

Après quelques instants, il reprend la marche. Histoire de détendre l'atmosphère, il tente : « J'ai hâte de rencontrer ton mec ! » Pas sûr que ça marche...

T’as pas toujours été comme ça. Aussi froid, aussi distant. Ce sont les jours, les semaines, et les mois passés à courir à travers l’Angleterre, à te méfier de tout et de tout le monde, à perdre des proches, d’une façon ou d’une autre qui t’ont rendu aussi amer, aussi glacial. Autrefois, on avait beau te faire des coups en douce, tu parvenais toujours à trouver une explication plausible à ça, tu trouvais toujours un moyen de tourner la page sans déverser des litres de haine et de rage incompréhensible. Mais, ce Dean a disparu depuis bien longtemps. Il n’existe plus. Il a laissé place à une coquille vide de tout sentiment positif. Rares sont ceux qui parviennent à t’arracher un sourire, bien plus rares encore sont ceux qui te font rires. En revanche, sont nombreux ceux qui t’agacent, t’énervent et voient les veines de ton cou se tendre sous ta chair. Avec Neville, les souvenirs d’une vie simple sont monnaie courante. Il était un ami dans un château empli de mystère. Il était un ami dans une maison aux couleurs or et rouge. Quoique tu puisses en dire, t’aimerais retrouver ça. Alors, tu tentes de lui laisser une chance. De vous laisser une chance de rattraper vos erreurs communes quand bien même la démarche est loin d’être simple.

Alors tu lui poses une question plein d’espoir, espérant en retrouver un peu dans ses réponses. Espérant trouver une prise à laquelle t’agripper dans ses mots, espérant raviver les flammes d’antan qui brûlaient avec ardeur dans ton coeur. Tes yeux se posent sur le visage de Neville, à l’affût de la moindre faille dans son discours, mais tu n’en constates aucune. Tu ne peux t’empêcher de lâcher un soupir presque soulagé que quelqu’un puisse encore y croire. Il porte encore une lueur d’espoir en lui. « Ensemble. » tu répètes. Ce que tu aimerais y croire. Croire qu’à l’heure où la bataille finale sera lancée, c’est ensemble que vous vous battrez. T’aimerais croire que vous unirez vos forces, qu’importe les cercles tatoués sur vos bras. Qu’importe votre grade dans l’Ordre. T’aimerais quoi que les cercles inférieurs ne seront pas que de la chair à canon que l’on envoie en premier pour affaiblir les lignes ennemies. T’aimerais tant y croire. T’aimerais tant que l’on te dise que vous serez tous unis main dans la main pour faire taire la menace. « J’aimerais encore y croire, si tu savais. On ne demande pas grand chose. Juste des informations. Juste avoir la preuve que l’on ne fait pas tout ça pour rien… » Malheureusement, les nuits blanches et les missions infructueuses ont une raison de toi.

Puis, tu tentes de passer à un sujet sur lequel tu as encore un minimum de contrôle. De quelque chose que tu connais sur le bout des doigts. Ginny. Que tu connaissais. Mais que tu affectionnes toujours tout autant. Car elle fera toujours partie de toi, cette rouquine. Cette blonde, maintenant. « J’en suis rassuré. » lui réponds-tu. La jeune femme mérite d’avancer. Non pas que tu doutais de sa capacité à avancer sans toi - ce qui serait idiot - mais l’entendre dire de la bouche de Neville est rassurant. Tu lui en as fait baver. Tu lui as brisé le coeur. Tu ne pouvais qu’espérer que ses blessures se referment un jour au l’autre. Le plus tôt possible. En espérant qu’il soit mieux que toi. Tu offres un souffrir au brun marchant à tes cotés pour finir de clore le sujet.

Cependant, c’est plus fort que toi. Tu ne peux pas t’empêcher de t’expliquer. De lui donner toutes les cartes pour qu’il puisse se faire son propre avis. De prier pour ne pas passer pour le pire des connards qui aient foulé cette terre. Tu ne supporterais pas que ton image en pâtisse davantage. Heureux, tu aimerais tant l’être. Tu aimerais tant pouvoir te dire que tu l’es. Et quand bien même tu as trouvé ce qui clochait chez toi, quand bien même tu as fini par l’accepter après tant d’années, tu ne peux pas être heureux. Pas maintenant. Pas avec ce nuage menaçant toujours au-dessus de vos têtes. « Merci. » marmonnes-tu. « J’aurais sans doute réagi de la même façon que vous. » admets-tu finalement. Ton regard s’ancre dans le sien un moment avant de se détourner pour se concentrer sur le chemin boueux que vous empruntiez jusque là.

Tu te figes en entendant ses mots. « Un mec ? » qui a dit qu’il était question d’un mec ? Tu déglutis difficilement, avant de froncer les sourcils. « J’ai. Je n’ai personne, Neville. Je ne sais pas qui t’as dit que j’avais quelqu’un, mais. Je suis. » Seul ? Toujours seul ? Encore plus seul que la solitude elle-même ? Nul besoin d’en faire toute une montagne. Ce n'est pas une catastrophe. L'amour n'est pas le seul critère pour être heureux, si ? Un meilleur ami, non plus. Tu prends une bouffée d’air avant de reprendre le chemin. Cette mission risque d’être plus longue que prévue. « Tu as quelqu’un toi ? » Tu renvoies la balle dans son camp.

« Ensemble. » La lassitude de Dean est si palpable... Neville se mord l'intérieur de la joue, regrettant de ne pas pouvoir apporter plus d'informations à son ami. « J’aimerais encore y croire, si tu savais. On ne demande pas grand chose. Juste des informations. Juste avoir la preuve que l’on ne fait pas tout ça pour rien… » Le Longbottom pousse un sourire discret tout en se passant une main distraite dans les cheveux. Lui aussi, il aimerait pouvoir leur donner toutes les informations du monde. L'imperméabilité de la communication au sein de l'Ordre l'interroge constamment. Neville a bien conscience qu'ils ne peuvent pas se permettre de diffuser n'importe quelle information à n'importe qui. Il est évident que, de la même manière que certains membres de l'Ordre se glissent dans les rangs du Ministère et de la société sorcière "acceptée", il y a des agents doubles des deux côtés. C'est une guerre, après tout. Alors pas question de donner des détails importants à toute la résistance. Mais parfois, ne serait-ce qu'un petit brin d'information pourrait s'avérer crucial pour redonner espoir aux troupes et raviver la fidélité des soldats à leur cause. Mais ce n'est pas à Neville d'en décider. Alors il continue de ruminer intérieurement en se jurant de faire un point avec Kingsley en rentrant. Il doute cependant qu'il l'écoute un jour.

Ils continuent d'avancer, et Neville est quelque peu soulagé de parler d'autre chose. Il décoche même un semblant de sourire en voyant qu'il a pu procurer un quelconque soulagement à Dean, concernant Ginny. Mais c'est une légère tristesse qui vient se loger dans sa gorge lorsque Dean lui confie qu'il aurait sans doute réagit comme eux, à leur place. Neville n'en sait rien, et il sait que ça ne les excuse en rien. Mais il ne peut pas s'empêcher d'être soulagé.

« Un mec ? » Neville se donne une claque intérieurement. Il était persuadé que c'était pour ça que Ginny et lui n'étaient plus ensemble. Non pas qu'ils en aient discuté, il l'avait juste déduit et ça lui semblait plausible. Mais apparemment, il avait dû se tromper sur toute la ligne... Le Longbottom déglutit difficilement, las d'être toujours celui qui met les pieds dans le plat. « J’ai. Je n’ai personne, Neville. Je ne sais pas qui t’as dit que j’avais quelqu’un, mais. Je suis. » Le malaise s'empare du jeune anglais. « Personne ! Personne ne m'a dit que... J'imaginais... Désolé. » Il a le rouge qui monte aux joues et une honte qui ne semble pas vouloir partir. Il se sent presque soulagé lorsque Dean lui renvoie la question. « Tu as quelqu’un toi ? » « Euh... Non. » Il rougit encore un peu. Neville n'a jamais été un grand séducteur. Il n'a jamais eu beaucoup de succès, à ce niveau-là. Il y a bien eu Hannah, à l'époque, mais il n'était pas réellement amoureux, et ça n'a pas duré longtemps. Et puis entre temps, il y a eu quelques histoires, rien de sérieux toutefois. Juste un moyen de ne plus être seul, l'espace de quelques heures. Neville ne s'autorise pas réellement à ressentir des sentiments. La peur de perdre ses amis est déjà tellement grande... Il en a envie de vomir, parfois. Il ne supporterait pas de se laisser aimer et de voir cet amour mourir. Cette guerre lui en a déjà tellement pris. « J'imagine que... je n'ai pas la tête à ça. » Ça le rend triste, parfois, et il se prend à envier Ron et Hermione, pour leur complicité. Ou encore Ginny, avec ses virées nocturnes. Il n'a pas tout ça, il ne l'a jamais eu. Mais sans doute est-ce pour le mieux.

Dean et Neville arrivent enfin vers leur objectif. C'est en silence qu'ils entament leur mission, le Longbottom toujours rongé par un certain malaise.

rp terminé