BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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 (daisy) twice the man you are.

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Jaqweshia McIntosh
Jaqweshia McIntosh
Date d'inscription : 13/04/2020
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Âge : 32 ans ish jcrois??
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Allégeance : being racist is bad but then abibie is so uuf
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aphrodisia fawley
in the language of flowers // i am the one who says // fuck you

 
marée céleste.
âge » 23 ans. urf. j'ai déjà eu deux sciatiques. fréquence de connexion » currently au chômage donc all day everyday (daisy) twice the man you are. 2447323017 mais à partir de la rentrée, plutôt connexion tous les jours et inch'allah rp toutes les semaines.  comment t'as connu le forum ? » je sais plus..... bazzart i guess (??) avatar » helen mccrory, et les credz vont à  étangs noirs. mon personnage est » [] inventé  [] un PV [] un scénario [x] un pré-lien (poke @alastar fawley) [] tiré des livres.

NEW ORDER
nom prénom(s)  » A fille de mémoraliste, longue histoire derrière le nom ultimement attitré. Les siens reflètent bien les dynamiques de pouvoir sévissant au sein du couple parental au début des années cinquante : l'illusion pour Artemis de tenir les rênes en choisissant le patronyme à écrire en toutes lettres sur les papiers d'identité, la tyrannie dans les faits de Camilla qui parvient subtilement à imposer ses choix par un refus buté aux dents serrées. Aphrodisia signe ainsi le second échec d'Avery Père à transmettre le nom de sa cadette à une de ses filles (Camilla poussera l'humiliation jusqu'à le forcer à reconnaître le bilan politique bien trop mitigé d'Artemesia Lufkin), et Ignitia (du nom d'Ignitia Wildsmith, inventeuse de la Poudre de Cheminette) est un peu trop généreusement qualifié de "compromis" entre les époux. N'en demeure cependant qu'avec de tels patronymes, Aphrodisia Ignitia ne peut être qu'une Avery ; que, comme si cela ne suffisait pas, elle a leur regard inquisiteur et leurs épais cheveux d'ébène. Et pourtant, la société sorcière parvient parfois à l'oublier, tant cela fait longtemps qu'elle est connue sous son nom d'épouse – Fawley – nom n'ayant définitivement pas la verve du blason de naissance, s'il s'en fallait d'une raison de plus pour l'abhorrer.  

surnom(s)  » Epouse qui n'a jamais su grappiller (moissonner avec les canines) aussi bien que la génitrice, Aphrodisia a appris à se contenter d'un affligeant Mrs Fawley pour toute adresse quotidienne. (Pas même Professeur Fawley ou Docteur Fawley, titre a priori chasse gardée du corps professoral d'Hogwarts, et ce malgré une qualité d'ayant droit effectivement arrachée à la sueur de son front – sans doute une séquelle rébarbative de ses égarements passés.) De manière plus générale, Aphrodisia n'est pas femme à inspirer au sobriquet ; et si quelques braves ont occasionnellement bien tenté un Daisy, ils se sont ordinairement ravisés après un discret frémissement de baguette de sa part (c'est qu'elle ne supporte pas l'idée d'être comparée à cette tavernière de Daisy Dodderidge, et ne laisse désormais plus cette opportunité qu'à son cadet). Pour les déçus, il existe encore la possibilité de se rabattre sur l'un des nombreux noms d'amour dont elle s'est vue affublée au courant des années quatre-vingt, à la suite de ses infidélités répétées ; usine à bâtards ambulante par exemple l'a suivie longtemps et se fait parfois même encore entendre (dans un murmure, bien évidemment) sur son passage.

date de naissance » Bonne deuxième de la dynastie, Aphrodisia Ignitia Avery a vu le jour le 22 août 1954 (il y a donc 52 ans de cela), au manoir familial de Douvres (face au Pas-de-Calais français), comme le veut la tradition. Sa médiocrité en divination et plus encore en astrologie ne lui a jamais valu de donner le moindre crédit à sa qualité de lion ; et ce bien que, fauve férocement loyal et bigrement diva, elle mette les pieds en plein dans le buffet de la Grande Salle.

origines & nationalité  » Elle est immanquablement une dame du sud de l'Angleterre avec son phrasé lent et ses manières de la ville, quoique presque quatre décennies passées en Irlande du Nord la rattrapent parfois au détour d'une injure ou d'une bière préférée. Mauvaise graine tout de même, Aphrodisia n'a jamais pris l'accent, n'a jamais fait le moindre effort pour s'immiscer dans le folkore ou bien même la vie locale (autre que celui, déjà bien conséquent, de se rendre ponctuellement aux matches de l'équipe nationale de Quidditch, composée de Fawley à une hauteur d'au moins 30%) ; et pourtant, c'est qu'elle n'est pas si mal que ça, dans ses faubourgs de Belfast. Que c'est sûrement un des meilleurs aspects de son mariage, de s'être contentée de passer d'un flanc de mer à un autre ; que quand il ne lui reste plus rien d'autre, elle a toujours les hautes herbes et les reflux marins, comme avant, quand même. (Sans en piper mot, elle apprécierait presque – amour amer d'un mariage quand même trop décevant.)

pureté du sang  » Malgré les grincements de canines et les réflexions sifflantes, malgré les enfants adultérins et les héritiers expropriés, malgré la dégénérescence à tous les étages de toutes les branches... On ne peut pas déposséder Aphrodisia de la qualité de son sang : pure parmi les purs, et que ses deux familles se tiennent piteusement sur la corniche de l'extinction n'y change rien. Tantôt partie prenante au carnage (en ajoutant deux bâtards à la lignée Fawley, par exemple) ou victime malheureuse d'un destin tant tragique que funeste (un frère cadet n'engendrant que des filles avant de lui-même devenir un hybride), Mrs Fawley a appris à s'accommoder, comme à beaucoup de choses, à l'inévitabilité de la débâcle – après moi le déluge, comme disent les moldus. De toute manière éternellement partagée entre la dilection (les possibilités) et l'excécration (les empêchements) de son rang, rombière toujours occupée à osciller entre vantardise mal placée, détachement total voire joie gutturale à l'idée de participer au carnage annoncé, ou course à l'hoirie et au prestige familial... Quand bien même, ses vieux os sont sauvés.

métier/études  » L'Avery qui n'a jamais pu cesser d'être, qui aurait préféré canner plutôt que de s'enraciner en tribune, bonne mère Fawley – et qui a toujours refusé d'admettre que cette simple résistance (et tout ce qu'elle entraînait de moralement compromettant, certes) gâchait d'avance sa carrière. Le plus mince des prétextes a suffi à la propulser à nouveau sur la scène estudiantine, la trentaine passée ; comme si de rien n'était, elle reprenait sa place sur les bancs de l'Euro-Glyph School of Extraordinary Languages pour y valider avec brio (mention summa cum laude) un Diplôme d'Enseignement Supérieur en Egyptologie Magique (D.E.S.E.M) ainsi qu'un Certificat d'Etudes Distinguées en Interprétation d'Hiéroglyphes d'Age Primitif (C.E.D.I.H.A.P, qui lui permettrait d'ailleurs de passer trois mois à l'Institut d'Etudes Supérieures de Sémiologie Magique de Khartoum, Soudan). Ses connaissances sémiotiques lui ouvrirent ensuite les portes d'une cotutelle internationale de thèse entre l'Euro-Glyph School  of Extraordinary Languages et le département d'histoire postcoloniale d'Al-Masriya (Egypte) –  thèse d'histoire de la magie nord-africaine qu'elle défendit brillamment en 1995 autour des résistances magiques à l'occidentalisation de la région. Devenue officiellement une érudite, quoique toujours une paria, Aphrodisia se laissa aller quelques temps à la déprime de voir chacune de ses candidatures ministérielles rejetées, avant d'entreprendre une seconde carrière de restauratrice (et collectionneuse) d'oeuvres d'art africaines, profession qu'elle occuperait finalement seulement deux ans et demi avant de se voir offrir un poste (bien trop peu qualifié) d'archiviste au Ministère de la Magie. Sous-exploitée au point d'en tomber malade, elle obtint son transfert au Département des Mystères fin 2000, période où elle devint chercheuse associée au National Magical Research Center – mais se retrouve plutôt, dans les faits, à assumer des fonctions diplomatico-administratives puisque chargée de superviser les échanges scientifiques entre le Royaume-Uni et les pays du Maghreb. Bien consciente de l'entourloupe (quoiqu'elle soit au sommet de sa carrière et de sa reconnaissance), elle accepte dans la foulée un poste de professeure invitée et de directrice de recherche à la Lord's Academy of Advanced Witchcraft (obtenant par la même occasion le grade de chercheuse émérite)... avant de se laisser de nouveau berner et entraîner vers un poste administratif, celui de doyenne de l'Euro-Glyph School of Extraordinary Languages (poste qu'elle accepte uniquement par vanité à l'idée de diriger son ancienne université, mais qui a finalement tôt fait de l'emmerder). La fermeture subite de son laboratoire de rattachement, en 2006, la pousse à plaider sa cause pour animer un amphithéâtre au Morgana College of Diplomacy voisin (conférence intitulée "Engaging with Tribal States: Theory and Practice", qui rencontre un certain succès depuis la rentrée passée) et faire à nouveau transférer son titre de chercheuse émérite au National Magical Research Center. C'est chose faite en février 2007 ; depuis, entre deux réunions interminables pour l'élaboration du nouveau manuel de runes destiné à la prochaine promotion d'Hogwarts, elle attend fermement LA proposition de sa vie, que ce soit le poste de président-chercheur du Centre, de maître-chercheur au Département des Mystères ou même, plus piteusement, de professeur d'histoire de la magie à Hogwarts. Éternellement frustrée, éternellement mise au placard malgré un parcours impeccable, même pas viscéralement loyale au régime... et pourtant, elle ne lâche toujours rien Aphrodisia, pas même le moindre petit centimètre carré de terrain qui viendrait à se présenter. Une malade d'ambition, dirait Camilla.

orientation & état civil  » Quoique Camilla lui ait rabâché pendant près de trente ans qu'à défaut d'avoir fait le plus beau mariage Avery, elle pouvait déjà s'estimer heureuse d'avoir trouvé mari, et qui-plus-est de relativement bonne composition, Aphrodisia n'a jamais vraiment digéré son mariage à Félix Fawley, en 1971. Une Avery à un Fawley, à une époque où la famille bénéficiait encore d'un standing plus qu'honorable ? Ce ne pouvait être qu'une humiliation préméditée, une façon de plus pour la marâtre de lui couper la chique même loin de son royaume d'influence propre ; un espoir vain de voir la cadette s'enliser en tribune présidentielle au point de ne plus savoir (pouvoir) se débattre. De ce fait, Aphrodisia ne s'est jamais sentie engagée – ne serait-ce que moralement – auprès de son époux ; a tout juste consenti à lui donner deux fils dans l'amertume, la douleur, et le regret (et plus concrètement bien malgré elle), et n'a jamais sû l'aimer, ou ne serait-ce que lui donner le moindre crédit, ou éprouver autre chose que du pur et simple mépris à son égard. Toutefois, si elle s'est illustrée comme une piètre mère principalement de son fait à lui (car il avait assez manifestement conspiré pour avoir deux héritiers à sa parfaite effigie et que ça lui était insupportable), elle n'a succombé aux fruits de l'infidélité qu'accidentellement, et relativement tardivement, presque dix ans après la naissance de leur premier enfant. La grossesse miraculeuse qui s'en suivit précipita leur chute, si quelconque comble il y avait eu ; devaient alors voir le jour deux autres bâtards Fawley, les menant au compte final de trois (deux de l'initiative d'Aphrodisia et un de Felix), tous cependant incorporés à la lignée principale. Ainsi, depuis le début des années quatre-vingt, plus aucun époux Fawley n'a jugé pertinent de cacher ses défections récurrentes (c'est à se demander pourquoi ils partagent toujours une couche commune), même si Felix, tout de même plus souvent le trompé que le trompeur, s'amuse ponctuellement à faire courir toutes sortes de rumeurs sur sa femme, insinuant notamment fréquemment que celle-ci aurait tendance à se perdre dans des draps tant féminins que masculins (les médisances, cependant, dépassent rarement la porte du manoir familial ; c'est qu'il a un honneur à préserver, tout de même).

camp  » Ses détracteurs ordinaires (ceux qu'elle dérange d'une manière ou d'une autre) s'attacheront à pointer d'un doigt borné ce frère, jamais publiquement renié, ou ces enfants bâtards, à qui on a remis assez naturellement le nom de Fawley... Alors même qu'à force d'entrevues suspicieuses et d'excuses solennelles à répétition, Mrs Fawley est parvenue à s'élever au-dessus de tout soupçon raisonnable. Sorcière réputée tant difficile que cocasse, avec peu de sympathie pour qui que ce soit (elle détestait le précédent gouvernement pour l'avoir privé d'un poste ministériel et méprise – plus ou moins ouvertement selon les jours – ses camarades purs et leurs fadaises abracadabrantesques), Aphrodisia voit cependant depuis quelques années déjà la plupart de ses "frasques" attribuées davantage à sa "versatilité personnelle" qu'à une quelconque traîtrise. D'une loyauté courtoise envers le régime, fonctionnaire honnêtement placée à la LAAW, et surtout matriarche ayant ordonné le redressement du cap familial suite à la défection du cadet Fawley, elle est parvenue à tirer son épingle du jeu (péniblement) pour vivre une vie relativement paisible et dépourvue de doute inquisiteur. La vérité cependant, c'est qu'Aphrodisia a toujours agi avant tout dans son intérêt et celui de sa famille (les Avery et ses enfants, le seul sang qui compte)... Et la vérité, c'est donc aussi que depuis quelques temps la colère enfle et, qu'un jour peut-être, la mère pourrait finir par s'agiter.

baguette  » Friande éternelle de beaux objets (à défaut d'avoir un beau mari, dirait-elle dans un mauvais jour), Aphrodisia a toujours eu un penchant prononcé pour des baguettes des plus raffinées (et hors de prix). Elle fut cependant la compagne fidèle d'une seule baguette pendant près de trente ans (une sublime combinaison de bois d'érable – le bois des explorateurs – et de ventricule de dragon), avant de tragiquement perdre celle-ci  au cours d'une mésaventure libyenne de la fin des années 1990. Depuis, Mrs Fawley a pris un malin plaisir à faire travailler les apprentis d'Ollivander's plus que de raison ; mais elle s'est finalement satisfaite (notamment pour faire taire les lamentations financières de Felix) d'une baguette créée sur mesure, à l'occasion de sa promotion au rang de Doyenne de la Euro-Glyph School. La nouvelle arme mesure 31 centimètres, est beaucoup plus souple que toutes ses devancières, et est faite d'une plume de phénix et de bois d'orme (le bois des purs, comme on ne manque jamais de le lui faire remarquer). La baguette est élégante, de belle couleur et destinée à une pratique magique sophistiquée si ce n'est alambiquée ; elle lui va comme un gant.

patronus  » Douce métaphore de sa propre vie, puisqu'elle a attendu d'avoir posé le pied sur ses premiers terrains de recherche hostiles pour officiellement lancer un sort appris depuis des années, tant par bravade que pour la beauté du défi magico-intellectuel. Aphrodisia aime la belle magie, et elle ne pouvait donc que se retrouver dans ce sort, malgré ses difficultés initiales à le lancer ; le temps qu'elle arrive en Egypte, sa forme était déjà perfectionnée et c'est sans surprise qu'un immense Crocodile du Nil a jailli de sa baguette à la première occasion. L'air passablement endormi, le monstre est capable de rester des années sans jamais rien se mettre sous la dent ; et pourtant, il est toujours prêt à refermer ses crocs autour d'une nuque laissée vulnérable, vieille peau increvable. A nouveau, difficile d'imaginer plus parlant.

épouvantard  » Une mise en scène tout ce qu'il y a de plus rudimentaire : un miroir à pied et son reflet impassible, guindé dans une robe de cérémonie. Et pourtant à la manière d'un corps supplicié par le Polynectar ses traits muent, grossissent puis s'affaissent pour retomber en creux fatigués mais sévères (fatigués de sévérité) ; sa silhouette s'étire et des cheveux aux teintes enflammées surgissent de son crâne ; sa mâchoire se durcit et ses octaves baissent encore... La transformation ne dure que quelques dizaines de secondes mais cela suffit pour donner forme humaine au cauchemar ; en moins d'une minute, elle est devenue son hérésie personnelle, elle est devenue sa propre mère.

particularité(s)  » A santé fragile, magie époustouflante. Aphrodisia a repris ses vieux bouquins de runes sur les conseils d'une tante Nott, mais surtout sur son presque lit de mort ; elle n'a pas daigné les reposer ensuite, et s'est même lancée dans des études de linguistique historique quelques années plus tard. Piquée par le challenge intellectuel, enfin sortie de sa léthargie familiale jusqu'alors inextricable, elle a consacré près de dix ans d'insomnie à l'apprentissage salvateur – le tout jusqu'à obtenir le rang de maître runiste, en 1989. Près de vingt ans plus tard, quand son cerveau se retourne contre elle par le biais d'un AVC, ce sont des enchevêtrements de runes antiques qu'elle récite pour sauver à nouveau ses vieux os ; puis quand vient le temps de la récupération, c'est vers un nouvel apprentissage qu'elle se tourne – l'occlumencie. S'occuper l'esprit est sa première priorité quand elle parvient à décrocher une formation tous frais payés par Sainte-Mangouste pour prétendument apaiser son esprit à tendance instable ; mais ça ne lui suffit pas, jamais, d'autant plus quand le plancher de la sécurité se dérobe continuellement sous ses pieds. Séduction, ruse, abus de pouvoir... Rien n'est (très) trop beau mais tout se paye. Elle maîtrise désormais plutôt honnêtement l'occlumencie complexe, à un niveau qu'elle qualifierait (peut-être un chouïa modestement) d'intermédiaire supérieur. Personne ne sait, bien évidemment.

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NERDY AVERYS La dégaine d’une fille d’historiens, les cheveux de jais, le vocabulaire trop soutenu et une propension naturelle à l’érudition... Big Brain Daisy fut du temps de sa scolarité une parfaite effigie Avery, de sa répartition à Ravenclaw à ses O.W.L et N.E.W.T reçues avec mention très honorable en passant par son titre de Préfète et son dédain (déjà non dissimulé) pour le Quidditch. Freinée un temps dans sa poursuite du Savoir par quatre mioches geignards, Aphrodisia est tout de même parvenue à décrocher un PhD (en 1995), un titre de Maître Runiste (en 1989), et plus de dix certificats attestant de sa maîtrise courante de sept langues différentes dont deux sont mortes et une s’adresse uniquement aux Êtres de l’Eau (celle-là, c’était pour le challenge). Douée tant de la rigueur névrotique familiale (Camilla était obsédée par les plus infimes détails et souffrait de TOCs particulièrement sévères) que d’un Q.I. augmenté, obsédée par la connaissance du Tout, elle est une bookworm jusque dans l’âge, une véritable machine semi-automatique à fun facts (généralement pas si funs), voire plus objectivement une personne mortellement agaçante une bonne partie du temps. L’attribution actuelle des allocations de recherche et l’intégrisme socialo-sorcier n’y arrangent d’ailleurs rien, puisque Aphrodisia occupe systématiquement des postes pour lesquels elle est factuellement surqualifiée et ne peut s’empêcher de s’en plaindre bruyamment auprès de qui veut (ou ne veut pas) l’entendre. (Pour compenser, elle se pare de ses robes les plus chères pour aller voir d’obscures opéras ou fréquenter des expositions bien trop prétentieuses, le tout à une cadence stakhanoviste bien évidemment).

BIG NAME BIG EGO Le revers de la médaille – c’est qu’une telle éducation élitiste, empreinte d’un culte de la grandeur historique et de l’élévation intellectuelle sans relâche, ne peut être sans conséquence. Il y a bien entendu les psychoses obsessionnelles, héritées par chaque enfant à des degrés divers, mais il y a surtout un vilain god’s complex qui traverse la fratrie Avery et rend tout fait historique poussiéreux d’autant moins supportable. Aphrodisia est convaincue qu’elle est plus intelligente que vous et vous le fera savoir, soit par une nouvelle avalanche de connaissances de niche prétentieuses, soit par une moquerie franche et ouverte. Mégalo au mépris facile et à l’angoisse regrettablement inexistante (ce n’est pas pour rien qu’elle fut un Chapeauflou Gryffindor), elle maîtrise le sarcasme cynique sur le bout des doigts, les plaisanteries amères étant même devenues son style distinctif de vieille tante aigrie. Et rien n’est trop beau (ou moche) pour son sourire goguenard et sa satire agressive : enfant laid, maladie mortelle ou coutume risible de ses collègues purs, rien n’y échappe (au grand dam d’Avery Mère qui, égomaniaque elle-même, déplorait sans cesse son manque d’intelligence émotionnelle). – A nouveau une appréciation maternelle légèrement erronée, puisqu’Aphrodisia appréhende assez honnêtement les conséquences de ses actes ; simplement, elle s’en moque relativement, aime à juger tout le monde, et se croit sans doute un peu trop invincible, tant intellectuellement que physiquement.

WUNDERKAMMER C’est aussi qu’Aphrodisia bénéficie d’un laissez-passer sociétal inépuisable – celui de la marginalité, du cabinet de curiosités ambulant d’avec lequel on préfère garder des distances respectueuses (prudentes). Regardée en coin, moquée peut-être autant que moqueuse, Mrs Fawley est effectivement une collectionneuse de bizarreries en tous genres, toujours parée de mille talismans menaçants et autres colliers en dents de requin. La personne de votre entourage qui accumule les cadavres d’insectes embaumés, récupérés aux quatre coins du globe ? C’est elle. Fascinée tant par les cigarettes des moldus que par leurs religions, ayant un temps étudié les pratiques vaudous africaines, arborant pas moins de six tatouages runiques… Aphrodisia se drape confortablement d’une aura mystico-spirituelle depuis des années, à tel point que, même si il est vrai qu’elle a toujours nourri le désir ardent de devenir exploratrice (pour l’aesthetic comme pour l’aventure), il est désormais impossible de dire où démarre la légende et s’arrête le folklore, quelles rumeurs disent vraies et quelles autres affabulent, par crainte ou par dédain. Et elle joue le jeu, et peut-être que par-delà l’amoncellement de diplômes là est le véritable accomplissement de ces dernières années : faire oublier qu’elle est marginale parce qu’elle a trompé, pas grand chose de plus, et puis, au passage, quand même emmerder Felix. (Mais elle les aime vraiment, les églises gothiques et ses scarabées).

THE ILL WOMAN Et puis Madame Bizarrerie, c’est aussi un bon alibi pour faire oublier que peut-être que non, elle n’est pas si invulnérable que ça. Qu’elle prend encore un traitement quotidien, pour éviter qu’un vieux cancer magique de 1976 réapparaisse d’entre les morts (comme il a d’ailleurs férocement tenté de le faire en 2005). Que ses cheveux ne repoussent plus comme elle le voudrait depuis des années et que ses perruques et chapeaux ne sont pas qu’une excentricité, mais bel et bien une nécessité pour apparaître socialement acceptable. Que l’année où elle s’est relâchée et laisser aller à penser qu’elle allait bien (mieux), au tournant des années 2000, elle a failli voir tout son cerveau grillé par un accident vasculaire cérébral. Bouffée par une anxiété maladive, des Troubles Obsessionnels Compulsifs qu’elle balaye obstinément d’un revers de la main, et diverses addictions à l’alcool et au tabac notamment, Aphrodisia est une femme à la santé fragile, toujours au bord du précipice (de la mort, mais elle s’y refuse) – et elle déteste cela. Alors elle boit oui, mais avec classe et panache. (Et dans l’alcool, elle vous crachera que la maladie ne l’a que rendue plus forte – what doesn’t kill makes me want to kill it –, et qui êtes-vous d’abord pour parler quand elle a survécu à son propre corps tentant de la tuer).

VODKA AUNT Mère misérable mais tante aux petits soins, comme sa propre mère avant elle fut exécrable envers ses enfants puis presque irréprochable auprès de ses petits-enfants. Tata gâteuse, Aphrodisia endosse tout de même plus gauchement le rôle ; elle est la tante un peu trop folklorique et surtout un peu trop portée sur la bouteille, celle qui embarrasse tout le monde de ses quatre vérités à la fin du repas et, en attendant, aigrie avant l’heure, se contente de lever les yeux au ciel dès que quelqu’un ouvre la bouche. C’est vrai qu’elle boit trop Daisy, et ce depuis ses premières années de mariage (le sevrage imposé par ses grossesses a toujours été une abominable épreuve) – mais elle n’est pas alcoolique non, et d’ailleurs on ne la voit jamais tituber d’ivresse ou chanceler sous le coup d’une rude gueule de bois. C’est qu’elle sait se tenir, qu’elle a encore une image, et surtout qu’il y a des gamins (pas tous les siens) qui ont besoin d’elle.

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MOMMY ISSUES Aphrodisia c’est cette sale mère, celle qui a tout raté sans exception auprès de ses aînés – aînés qu’elle n’a pas même pas désiré, obtenus tout juste à la faveur de trop longues nuits avec un mari pas désiré non plus, dans le dégoût et la lutte de ses potions contraceptives contre les décoctions anti-impuissance de Felix Fawley. Aphrodisia a toujours eu un mal de Croup à tolérer une situation qui lui est imposée ; elle n’a pas pu tolérer ses aînés, les a aimé de travers, les a négligé, presque maltraité, puis les a encore davantage aliéné au profit de ses deux enfants bâtards, Angus (1981) et Deaglan (1983) (la dernière bâtarde Fawley serait signée Felix et verrait le jour en 1985). Et pourtant, elle se refuse à s’imaginer comme Camilla, la mère dévastatrice. Parce qu’elle, elle comprend. Parce qu’elle aime quand même, quoique tout le monde en doute. Parce qu’elle a cru mourir aussi quand Wyatt a été tué. Et parce qu’elle a su, rien qu’en regardant Alastar, même digne, même toujours aussi beau, qu’il en était aussi. Parce qu’elle n’a jamais précipité ses enfants dans le carcan des mariages forcés, parfois même jusqu’à affoler Felix. Et qu’elle ferait tout pour eux, même ses aînés (son aîné). Et qu’elle s’est même découvert un instinct maternel, sur le tard, d’après auprès des adultérins puis de toutes sortes de gamines éplorées. (Un peu une mère –  dysfonctionnelle –  à louer, ou qui tout du moins doit bien chercher à se racheter.)

BADASS BOOKWORM C’est peut-être par affliction pour tout ce qu’elle aurait pu faire si on lui en avait donné les moyens, ou seulement laissé la possibilité, qu’elle se prend particulièrement d’affection pour les gamines hardies. Aphrodisia n’a jamais pu devenir l’exploratrice qu’elle rêvait tant d’être. Même diplômée, même libérée de sa prison de mère au foyer et de bonne femme Fawley, elle a dû revoir (tout en s’enfonçant dans un déni épais reniant tout ce processus) ses ambitions à la baisse, apprendre à se contenter d’un poste de restauratrice d’oeuvres d’art tout juste assez estimée pour se rendre ponctuellement à l’étranger. C’est qu’elle a réussi à se fourrer dans de sacrés galères, tout de même, qu’elle a dû apprendre à produire un Patronus en urgence et a laissé derrière elle pléthore de baguettes, puis a presque parcouru tout le continent africain ; mais elle rêvait de plus, elle rêve toujours de plus (ne sait jamais se contenter de rien, dirait Camilla). Alors elle tente d’injecter des bribes aventurières dans son quotidien : se fait tatouer une nouvelle rune, sans aucune idée du résultat ; enfourche fréquemment sa Harley Davidson volante et y ajoute seule un sidecar pour promener en permanence ses deux Dobermans, Anubis et Nephtys ; fréquente les bars pour danser sur du rock sorcier jusqu’au bout de la nuit, et pourquoi pas au passage rencontrer un bel amant ; fréquente trop Knockturn Alley pour une femme de son rang...  

FASHION ICON Il y a quelque chose de fondamentalement peu féminin (c’est-à-dire, peu attendu par la société sorcière d’une personne identifiée comme appartenant à la gente féminine) à ces activités, et c’est bien quelque chose qui poursuit Aphrodisia depuis des années. Trop brute, trop vulgaire, trop active sexuellement, trop agressive jusqu’au club de duels d’Hogwarts… Daisy the Man (surnom de sa scolarité ayant étrangement cohabité avec “Big Brain Daisy”) a pris les critiques à bras le corps et les a épousées, d’autant plus quand elle a compris que certaines de ses actions ne lui seraient jamais complètement pardonnées pour la simple et bonne raison qu’elle était une femme. Il n’est donc pas rare de la voir en tailleur et autres costumes d’homme, notamment quand elle enseigne – et pourtant (ou c’est peut-être bien à cause de cela), elle les déteste, les hommes. Franchement misandre sur les bords, ou en tous cas fervente supportrice d’un matriarcat généralisé, Aphrodisia n’en oublie pas pour autant de performer ponctuellement son genre assigné, comme ils l’attendent (et honnêtement, elle s’y complaît souvent tout autant). Femme toujours apprêtée, n’ayant ni peur du rouge à lèvres flamboyant ni du prix excessif des chapeaux de chez Parkinson Textiles Ltd (ses préférés, elle s’y ruine – ruine Felix – presque hebdomadairement), manifestant ses goûts de luxe tant par de superbes capes aux fourrures toujours plus exotiques que par ses fameuses collections d’art et d’insectes du monde. Peut-être est-elle devenue sensiblement moins garçonne avec l’âge ; dans tous les cas, qu’importe l’habit, elle reste bigrement diva, et détonne bien trop nichée dans une famille toujours en casaque sportive.

FEW WORDS FAWLEY Elle détonne tout court dans cette famille qu’elle a d’abord défiguré à vie... avant d’en devenir, presque accidentellement, la matriarche. Mais il y a quelque chose qu’elle a toujours su apprécier chez les Fawley : ils parlent peu. D’ailleurs, ils ne savent guère parler, et surtout pas de leurs émotions, et ça, c’est une chose derrière laquelle Aphrodisia peut se ranger. Elle a le cerveau à plein régime en permanence, aime s’écouter parler et a une propension inquiétante à l’accumulation de babioles plus ou moins dangereuses… Mais vit une existence régie par un ensemble très minimaliste de principes, et considère que les affaires sentimentales doivent se réduire à de moindres mots. Le peu d’éducation qu’elle a daigné transmettre à tous les enfants Fawley tient en quelques grandes maximes comme one can never be overdressed or overeducated ou if they spit, spit back, but do it with class and flair – guère plus. C’est que, quoique frustrée, quoique enragée d’être coincée à leurs côtés, elle a fini par apprendre d’eux ; de leur stoïcisme, de leur perméabilité, de leur souplesse, dans tous les domaines. Aphrodisia est en colère. Depuis un demi-siècle, et plus encore depuis quelques années, parce que cette colère a fini par la dépasser, par s’indigner pour d’autres qu’elle-même… Mais elle a appris, est devenue plus Slytherin que Gryffindor – parce qu’elle a toujours marmonné entre ses dents don’t fuck with the Averys, puis un peu don’t fuck with the Fawleys, et que c’est comme ça qu’elle peut s’en assurer le mieux.
 


Dernière édition par Aphrodisia Fawley le Ven 22 Mai - 16:59, édité 32 fois
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Jaqweshia McIntosh
Jaqweshia McIntosh
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1954-1971
cruel mothers are still mothers.
1960; avery manor
TINA! Where’s my story at? Les braillements viennent déchiqueter le silence du manoir, secouer le petit corps trop raidi qui aimerait tant s’échapper des couvertures veloutées de son lit. Aphrodisia a six ans – elle hurle à la mort, attend la baguette incisive de Mère ou plutôt, si possible, les pas précipités de son aînée dans les escaliers. Prières secondaires bientôt exaucées : le panneau de bois s’entrouvre lentement, péniblement, pour découvrir une enfant nattée, à peine plus âgée. Le sourire d’Aphrodisia lui lacère le visage ; il présente déjà l’ombre de l’expression carnassière qui lui sera si chère à l’âge adulte. Il lui est impossible de contenir son excitation. TINA! Just shut up already! siffle la principale concernée en retour – Mother and Father are sleeping down there! – elle proteste encore, ne s’attirant en guise de réponse que les gloussements surexcités et les gestes démesurés de sa cadette. Trop occupée à creuser une place parmi les draps (chose rendue peu aisée par le sortilège de Camilla qui la cloue à la couchette), l’enfant esquive consciencieusement la montagne de reproches s’abattant sur elle. Un instant de répit, une respiration un peu trop longue ou des mots qui ne sortent pas et Aphrodisia s’engouffre dans la brèche – par petits couinements aigus et les bras tendus à s’en écarteler, elle désigne désormais le sommet d’une haute étagère en chêne, au pied du lit – l’étagère interdite. I am not reading about Gondoline Oliphant again, elf-head. But… Also, you’ve known how to read for two years. I am pretty sure you can do it on your own. You’re jealous because I’ve learnt before you! Because now Mother thinks I’m the smart one! Athena ricane ; Aphrodisia a les poings serrés. Tina est rentrée il y a à peine deux jours d’Hogwarts, pour les vacances de Noël. Elle a depuis arpenté tout le Manoir Avery d’un air important, si ce n’est suffisant, le frêle torse bombé et l’écharpe bleue des aigles toujours étroitement resserrée autour du cou – même à l’intérieur. La cadette a bâti plusieurs plans pour l’étouffer avec et lui faire ravaler ses grands airs. Puis elle en a bâti d’autres, encore plus secrètement, pour pouvoir l’attirer dans sa chambre et enfin l’étreindre affectueusement. Oy? We’ll see about that when you get sent to Gryffindor, Daisy… Don’t call me that! La gamine a le regard noir et le cœur pincé par l’absence de ce foutu cache-nez. Tina a changé depuis qu’elle va à l’Ecole, mais ce n’est toujours pas suffisant pour lui arracher les cheveux ou lui mordre le bras gauche, trop vulnérable. Alors Aphrodisia se contente de tirer sur ses couvertures pour en dégager son aînée, la mine peinée et bientôt un dos tourné, affalé sans retenue sur le matelas, comme seule offrande. Don’t go all grumpy-face on me, that’s not working. Silence. Bientôt, la petite Aphrodisia se lancera dans de faux ronflements courroucés. How come you always want that stupid story anyway? Not like you’ve got plenty of other books to read! Athena a vu juste (Athena voit toujours juste) ; sa cadette bondit comme un Diable hors de sa boîte, s’exclame d’une voix blanche maladroitement étouffée par une petite main plaquée sur sa bouche – Because Mother forbids it! C’est au tour d’Athena de sourire, le visage réchauffé par la chaleur furibonde qui s’échappe du corps de la plus jeune. It’s just not that of a good story. IT’S AN AWESOME STOR— L’étau humain se resserre autour de ses lèvres pour l’empêcher d’en dire plus ; le flot de paroles se transforme en grognements indistincts vantant les mérites de Gondoline, ses multiples expéditions et ses découvertes fondamentales, sa… She died crushed by a troll, Aphrodisia. How is that a good story? L’enfant hoche la tête si vigoureusement qu’elle parvient à se libérer de la geôle humaine. She’s also got her own Chocolate Frog Card, Athena. Athena rit. Se moque. Comme Camilla. Les sourcils d’Aphrodisia se rapprochent à nouveau. Just because it doesn’t have a happy ending like those stupid princess stories doesn’t mean it’s a stupid story! L’aînée reprend sa contenance – essaye. Oh so that’s what She makes you read (un gloussement s’échappe de ses lèvres pourtant scellées ; un hochement frénétique vient lui répondre). It’s just SO STUPID! Look at Aunt Artemesia and Uncle Theophilius – do you think they’re happy? I thought you liked Aunt Artemesia. I do!! But she always looks sad and dark and… Well the Notts are grim people, you know. Not-very-happy. I know what grim means! Soupir et sourire viennent à nouveau se confondre sur le visage de l’aînée. Elle quitte le rebord du lit où elle s’est vue repoussée, se dirige vers l’étagère interdite. S’arrête sous la dernière réplique bougonne de sa petite sœur. I would rather have a troll than a husband. Athena lui tourne le dos, la tête basse ; Aphrodisia ne peut pas voir que son sourire, amusé, s’est élargi. I’m guessing that’s why Mother won’t let you read that book, elf-head. L’enfant est désormais pleinement relevée dans son lit, les bras obstinément croisés. Mother wants me to marry and have many beau-ti-ful children. I can have a troll husband and troll babies. Mother would never visit us and I could live in the mountains, not in a grim manor like in here. Petit bruit sourd. Athena se tient fièrement au pied du lit avec le fameux livre dans les mains. Sounds like a plan. I’m sure she’ll like it. Shall we start? La cadette bat des mains avec enthousiasme, se résout à recréer un petit nid dans ses couvertures pour faire une place à l’héroïne du jour (et des autres). Athena se glisse à ses côtés – Aphrodisia lui attrape immédiatement le bras et laisse reposer sa tête contre son épaule. Athena lui dépose un baiser sur le crâne, dans ses cheveux broussailleux. Maybe you should not say any of this to Mother, though, elf-head – uh? And anyway, maybe you will change your mind when you’ll be older.


1970; hogwarts
APHRODISIA! Le nom ne claque pas sèchement dans son dos, il est franc mais pas dur, ne peut pas venir de ce stupide Hopkins en mal de testostérone. Sans descendre de la scène pour autant, la jeune sorcière consent donc à baisser sa baguette et tourner les talons. Sa mine sardonique se transforme aussitôt en sourire enfantin – Cadmus l’attend, les bras ouverts et l’air faussement réprobateur. Ses pas s’accélèrent ; bientôt elle court jusqu’au Poufsouffle, lui bondit dessus et le roue de baisers affectueux. Ils quittent la salle réservée au club de duels ainsi, Aphrodisia toujours résolument accrochée au cou du jeune homme. So you finally came to see me kick some arses, uh? Cadmus se racle la gorge, tire la Serdaigle de ses boucles blondes pour la poser au sol et la regarder droit dans les yeux. I actually came because I have been notified that you were trying to kill Epstein. Il a le ton calme et l’air égal, comme toujours ; les yeux qui ne jugent pas mais se contentent de réchauffer le cœur, apaiser l’âme. Aphrodisia a quinze ans, elle n’est pas encore tout à fait sensible à cela ou n’en a pas parfaitement conscience – preuve en est, elle se met à bruyamment lui rire au nez. Like hell I was! Have you seen that? He probably just shat his pants, what a – une main vient se poser sur ses lèvres, douce mais ferme, pour l’empêcher de se répandre en insultes. Aphrodisia sort les canines et fait mine de lui mordre les doigts, mais n’en dit pas plus pour autant. How many points did Ravenclaw just loose? – Shh. Looks like Hufflepuff might be winning the House Cup this year after all. Envie brutale de lui faire ravaler son petit sourire angélique, planter sa baguette dans son ventre ou son poing entre ses deux yeux... Puis la sorcière se heurte à son regard. Elle se contente alors de se dresser sur la pointe des pieds pour l’embrasser, à peine amère. Le bouscule quand même un peu dans un sursaut d’ego et pour le pousser vers les escaliers. So what were you up to, before I callously disturbed your winner schedule? Cadmus l’attrape par la main et hausse les épaules. Ils prennent sans doute le chemin de la Tour d’Astronomie. Not much, honestly. Came across your fiancé’s brother, we had a nice little chat, that was about it. Les escaliers se mettent en branle, ils sont seuls sur leur section ; Aphrodisia détache abruptement sa main de celle du jeune homme. Fawley’s not my fiancé. Le Poufsouffle a les yeux fixés sur un point situé quelque-part au-dessus de son crâne, toujours le même petit sourire, mais plus songeur, plus résigné peut-être. (Cadmus n’est jamais volontairement blessant. Il est souvent involontairement blessé, en revanche, ce qui a le don de mettre sa petite-amie particulièrement en rogne). I guess the technical term you’re looking for is: not yet. Well they can’t force me! que la sorcière s’exclame aussitôt en retour, peu dérangée par les regards en provenance de l’étage du dessus. Can’t they, though? Silence. Dur. Les sourcils broussailleux d’Aphrodisia menacent de se rejoindre. Sa main vient attraper fermement le poignet de Cadmus pour le guider vers un autre escalier. We’ve talked about this before, Cad. Like so many times. Why do we somehow always come back to this? (Ses ongles se sont inconsciemment fichés dans la peau du Poufsouffle). Because it is happening Daisy, and it’s not something we can just ignore like that! Do not call me ses yeux se heurtent à nouveau aux prunelles bleutées – anyway. Merlin, what the hell do you mean it’s happening? There can’t be a wedding without a bride. Even you should know that. Cadmus soupire. Aphrodisia note que l’escalier est parti dans le mauvais sens, et que le poignet du jeune homme a pris des teintes rougeâtres. True. Even I, a half-blood, knows that. Come on, this is not what I meant – Doesn’t matter. Francis says the wedding is coming up next year.

Aphrodisia lâche la main chérie, encore – mais cette fois-ci c’est parce que l’annonce lui coupe le souffle, menace un temps la bonne oxygénation de son cerveau, la coordination de ses mouvements. Tentant de rationaliser l’information, bonne Serdaigle qu’elle est, bonne Avery aussi, elle reste interdite un instant. You knew it? What do you mean I knew it? This is just some skrewt shit to mess with your head – come on, let’s walk, stairs are crazy today. Elle se rend bien compte que sa défense peut paraître faiblarde, ses arguments pâlichons, mais la vérité est là : elle n’en savait rien, et la colère bout dans ses veines, et pas plus tard que ce soir elle enverra un hibou rempli de haine à Camilla. Aphrodisia a vécu le mariage de son aînée l’an passé et elle s’est déjà sentie mourir un peu de l’intérieur en la voyant quitter un manoir où elle-même ne vivait plus à plein temps – elle ne survivrait jamais à son union à Felix Fawley.

Elle traîne Cadmus derrière un tableau pour couper au plus court, se concentrer sur le trajet et oublier qu’il ne parle plus, ne pas se demander s’il pleure (ne serait-ce que pour compenser l’absence pathologique de larmes à laquelle se heurte la deuxième Avery). Ils empruntent une volée de marches, puis encore une autre – après cinq étages, ils y sont. Aphrodisia va machinalement s’accrocher à la balustrade qui donne sur le lac. Ils viennent ici en des temps plus joyeux, d’ordinaire.

I swear I really didn’t know, but this is not happening – elle se retourne, n’arrive pas à attraper le regard caché sous la touffe dorée – hey, this is not happening. N’arrive pas à se raccrocher à la force douce, la chaleur habituelle du Poufsouffle. Et sans ça, commence à se noyer, lentement, sûrement. We could run away. We could… I thought you wanted to become an historian. Doesn’t that require a degree or two? You’re really not helping here, qu’elle se pense à elle-même. Elle ne peut pas le blâmer. C’est à elle qu’on devrait distribuer des claques. A elle ou à tous les sang-purs du coin. Then we could sign up to Beauxbâtons. There must have been cases… Not everyone in this room speaks perfect French, Aphrodisia. Oh. L’imbécile, qui fait de ses standards une évidence, écrase les autres sans même s’en rendre compte. A tous les sang-purs du coin et à elle, finalement. Then let’s become explorers like we wanted! We could chase magical creatures; go from one place to another… They would never find us… I’m pretty goddamn sure your mother would find you wherever you go. Is it not what you said? The first time we kissed? Il a légèrement relevé la tête mais finalement, Aphrodisia ne peut pas faire face à son regard. Pas faire face tout court – à elle-même, à sa famille, au sol qui s’écroule sous ses pieds malgré ses vains efforts de reconstruction. It’s alright. We knew it anyway. Come here. Il tend à nouveau les bras. Elle s’y réfugie à nouveau sans rien dire. Il n’y a plus rien à dire, de toute manière.

(Le soir même, Aphrodisia rédige une lettre rageuse à l’intention de Camilla. Trois mois plus tard, ses fiançailles avec Felix Fawley sont officialisées. Le soir même, elle quitte la cérémonie pour aller se réfugier dans les draps de Cadmus Hyslop).


1971; fawley manor
Elle a enfilé sa robe sans rien dire, a fait de même quand trois elfes de maison sont venus l’aider à l’ajuster ou même quand Camilla a débarqué, joint ses mains et gloussé avec contentement devant ce qu’elle voyait. Aphrodisia a tout fait pour ne pas s’impliquer dans les préparatifs du mariage, elle a toujours su trouver les bonnes excuses au bon moment – une santé fragile, des responsabilités de préfète, des réunions entre cousins immanquables). Quand est venu le temps d’essayer sa robe, pourtant, elle s’est permis d’esquisser une grimace, d’en désigner une autre du menton (moins de froufrous, de m’as-tu-vu, elle aurait presque pu s’y sentir à l’aise). Ce n’était pas celle qu’elle avait retrouvé sur son lit, cependant, ce matin. Camilla avait sans doute préféré l’autre.

Aphrodisia n’a pas beaucoup parlé, ce matin. Même quand Athena s’est glissée dans sa chambre pour essayer de la distraire tandis qu’on la fardait bien trop lourdement. Même quand Warren a couru dans ses jambes, au moment où elle quittait officiellement le manoir Avery. Même quand une elfe a discrètement tiré sur sa manche, alors qu’elle avait fait demi-tour pour aller recracher son petit-déjeuner aux toilettes, pour lui remettre une lettre de Cadmus (elle l’y a brûlée discrètement, d’un coup de baguette). Elle avait échangé quelques mots de courtoisie une fois remise au bras de Felix, vanté poliment la robe de Mrs Fawley (tout en se pensant à elle-même que les Fawley étaient définitivement une famille de sportifs, et rien d’autre), ri aux blagues maladroites de Mr Fawley, échangé solennellement ses vœux avec son mari. Ne lui avait pas demandé s’il était heureux, vraiment, ou s’il faisait extrêmement bien semblant. S’était contentée d’essayer d’imiter ce rictus joyeux et ce ton confiant. Avait complimenté le manoir familial à chaque fois que le silence l’exigeait (il n’avait rien à voir avec le manoir Avery). Etait passée déposer un baiser sur le crâne de Warren, une fois l’heure du repas atteinte, tout en réussissant pas à articuler un mot de plus. – Hébétée par l’amertume, sidérée par l’aplomb de son époux.

Elle était maintenant assise, elle-même, à la table centrale, où on venait ponctuellement serrer des mains et échanger des formalités. Felix est à sa gauche, évidemment, jusqu’à ce que la mort les sépare, il s’acharne à lui souffler toutes sortes de commentaires à l’oreille. Elle se demande s’il la pense profondément idiote ou s’il essaye de tisser un lien entre eux. Elle ne se demande plus pourquoi on la marie à un Fawley, elle, si ce n’est pas simplement une tentative de plus de Camilla de saper l’existence de sa cadette. Aujourd’hui n’est pas le jour des questions. Elle se contente simplement d’hocher la tête à fréquences régulières et de tirer un rire forcé de temps à autres. Felix se penche à nouveau vers elle ; elle tente son plus beau sourire, caché dans son verre de vin. Puis c’est le verre à sa gauche qui explose.

Aphrodisia bondit tout d’abord en arrière, horrifiée, contemplant la possibilité que ses ruminements existentiels aient pu aboutir à une telle explosion – dès le premier jour ! Sa robe est tâchée d’un rouge bordeaux qui contraste dramatiquement avec sa couleur d’origine ; Felix a le visage criblé de petits éclats de verre ; leurs deux mères sont affairées à pousser de petits cris aigus en tentant de réparer les dégâts. (Mr Avery et Mr Fawley, plus loin, continuent à échanger des drôleries, adoptant simplement une expression un brin plus grave). Felix est finalement emmenée plus loin, le temps d’un sortilège, et Aphrodisia attrape la main de sa mère pour lui assurer que It’s ok, Mother, I can take care of this. Camilla s’écarte poliment, Aphrodisia dégaine sa baguette pour nettoyer sa robe (oublie malencontreusement quelques tâches), s’efforce de sourire à l’assemblée et de lâcher à son tour une boutade pour rassurer ses pairs. La musique repart de plus belle, les conversations reprennent doucement, les rires de Mr Avery et Mr Fawley viennent briser le silence forcé.

La crispation qui sert de sourire à Aphrodisia s’arrête sur Ren, encore plus pâle que d’habitude. S’attarde. Son regard fait l’aller-retour entre Felix, toujours pomponné par Mrs Fawley, et le cadet Avery. Les coins de sa bouche se détendent alors pour laisser place à un sourire plus sincère. Sentant le fou-rire monter, elle retourne même se dissimuler derrière son propre verre de vin. C’est son premier et dernier véritable sourire de la journée.



Dernière édition par Aphrodisia Fawley le Ven 17 Avr - 18:27, édité 1 fois
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Jaqweshia McIntosh
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1972-1985
they make us wars. they make us revolution.
1973; knocturn alley
Petits-pas pressés et chapeau baissé sur les yeux au moment de passer le seuil de l’arrière boutique ; Knocturn Alley fait partie de ces endroits où il n’est pas bon d’être vu pour une épouse de sang-pur encore en mal d’héritier. Aphrodisia s’époussette, racle de la gorge pour attirer l’attention de la potionniste qu’elle est venue voir ; celle-ci apparaît théâtralement, toujours le même rictus qui découvre quelques dents manquantes, toujours la même manière d’agripper le rideau incrusté de poussière et de Doxys (c’est Aphrodisia qui le dit). Elle aimerait pouvoir se passer de cette femme, pouvoir dire qu’elle la méprise et éviter de mettre les pieds ici chaque mois – mais rien de tout cela n’est un choix. Ou plutôt, tout cela est une obligation pénible qui lui permet de faire un certain nombre de choix, d’avoir une certaine marge de manœuvre sur sa vie. Pour quelques années encore au moins.

We were not supposed to meet before two more weeks, Mrs Fawley, ricane la sorcière. Elle ressemble atrocement à ces caricatures que les enfants moldus se font du monde sorcier. Aphrodisia aimerait vraiment pouvoir l’éviter. Ne serait-ce que pour éviter d’entendre ce nom. You know I would never bother you if I did not deem it to be of absolute necessity. Sourire affecté – deux ans qu’elle le perfectionne. However, it turns out I’m sick. And, as you may know, I’m never sick. Silence. Les yeux de la vieille la sondent, imperturbables. I think the treatment may have some side effects that we somehow underestimated. L’autre ne parle toujours pas, mais elle a relevé le rideau derrière elle. Come on in, qu’elle grince. Aphrodisia s’exécute sans un mot.

What symptoms are we talking about? Well I have experienced nausea… headaches… stomachache as well, loads of it… -- Vomiting? Back pain? Aphrodisia s’interrompt, hausse un sourcil, ose glisser un Is that a common thing to have? Qui ne lui vaut qu’un regard méprisant et un ricanement trop long. Sa main se resserre instinctivement sur sa baguette, dans la poche droite de sa cape. Oh, darling… Aren’t you supposed to be one of these educated people? I’m sorry? La femme se rapproche de quelques pas ; Aphrodisia recule d’autant. Elle a l’impression de manquer quelque chose, de se retrouver en situation d’infériorité, d’être l’idiote du village. Elle déteste ça. Sa main droite se crispe. La sorcière hausse les épaules. You told me you didn’t want this baby so that you could study. Right? La Fawley hoche la tête, une fois. Elle ne comprend pas où l’autre veut en venir, si elle cherche à la faire culpabiliser ou à lui faire comprendre quelque chose. Then you’re smart. Then you think. I’m sorry but in what way exactly is my upcoming history degree supposed to help me disclose any medical mystery? Et la vieille repart à ricaner. Trop agacée, trop déboussolée, Aphrodisia tire finalement sa baguette. Vient la placer au niveau de la jugulaire ennemie. I am not paying you fortunes for you to laugh at my face, woman, so now you’re going to speak.

L’autre n’a pas esquissé un mouvement ; ses épaules sont toujours agitées par un rire moqueur, mais plus aucun son ne s’échappe de sa gorge. Elle rejette ses maigres cheveux gris en arrière, tout sourire. Well historically speaking all types of women have experienced these symptoms, qu’elle offre comme seule explication à la baguette menaçante. Les sourcils d’Aphrodisia se rapprochent, son cœur manque un ou deux battements. What – is – that – supposed – to – mean, elle essaye d’articuler calmement malgré la voix blanche et la main qui s’est quelque peu agitée. La vieille bascule la tête en arrière (Aphrodisia craint un décès imminent) et lâche un grand rire qui secoue tout son corps. Pas calmée, elle attrape à son tour le visage de la Fawley d’une de ses mains fripées et lui assène la nouvelle. You’re pregnant, honey. No. No no no no. Elle recule à nouveau de plusieurs pas, panique évidente cette fois, choc qui vient remplacer pendant un micro instant la colère. I am paying you… fortunes… TO FUCKING PREVENT THIS! La charlatane ne semble pas particulièrement émue ; elle hausse les épaules et déclare qu’elle imagine que Mr Fawley’s treatment must have been more powerful. That’s all. No no no no… You do not get to RUIN MY LIFE by going “THAT’S ALL” type of shit on me… That is NOT happening… Elle dégaine sa baguette, encore, l’enfonce dans la vieille face usée. L’autre fait de même – dans son ventre. What the hell are you doing? Are you taking this out? Merlin no darling, you’ll have to go to darker corners of the Alley to – Do not BLOODY call me darling ever – 3 months. Uh! The wonders of the human body.

Baguette sous le menton. Aphrodisia use pourtant de son pied gauche pour repousser la sorcière et l’envoyer bouler. You’re lying. You’re a sodding liar, that’s all you have ever been. I don’t know… These things happen, young lady, ose protester l’autre en se relevant. That’s called Nature. The Forces. There’s nothing one can do against them. YOU HAD ONE BLOODY JOB!

Aphrodisia fait les cent pas. S’arrache les cheveux par touffes entières sans vraiment le réaliser. S’arrête subitement pour se toucher le ventre – essayer de sentir quelque chose, quoi que ce soit. Rien. Which darker corner? Uh? You talked about a darker corner. To take this out. La vieille retrouve son sourire. Aphrodisia essaye de ne pas s’y abaisser. Une minuscule carte atterrit bientôt dans ses mains. Juste un nom obscur (pseudonyme ?), une adresse, la promesse d’une « disparition réussie ». Elle la fourre dans la poche gauche de sa cape. That’s right across the street. Haussement d’épaules. Aphrodisia soupire bruyamment – elle porte une main à son front, impression déplaisante de pouvoir défaillir à tout instant. La sueur perle jusque dans ses sourcils. Elle doit sortir. La baguette est redressée, le pas menaçant. This pathetic little shop will be closed by tomorrow. And it will not reopen anywhere else. You’re over, do you hear me? Vieillarde plaquée contre le mur. Baguette entre ses deux yeux. Ce serait si facile. And you’re lucky I’m a good mood, because if not – it’s not this... place... that would close, it’s your eyes. And forever so.  Elle relâche la pression. Crache, pile là où la baguette se trouvait. Bitch.

La chaleur de la colère est retombée ; il ne reste plus que le froid et ses tremblements, la stupeur et son hébétement. Aphrodisia pousse la vieille de l’épaule sans ménagement, quitte la boutique sans même veiller à remettre son chapeau en place. Elle tire la carte de sa poche sitôt dehors – l’adresse est visible d’ici, à peine deux échoppes sur la gauche.

Aphrodisia porte une main en son ventre. Serre le poing. Tourne à droite.


1977; st mungo's hospital
Alastar, Wyatt, your mother is over here. Aphrodisia les entend venir de loin mais fait mine de rien. Elle ne relève pas la tête, n’esquisse pas le moindre sourire, se réjouit à peine de l’absence de Felix – trop occupée qu’elle est à tenter de déchiffrer une séquence runique qui lui tient tête depuis huit heures et demie ce matin. Un guérisseur passe lui notifier l’arrivée imminente de sa famille. Elle prend un air surpris de circonstance, le remercie. Les rideaux autour de son lit sont tirés (elle demande toujours à ce qu’ils soient fermés lorsqu’elle étudie). Mother! s’écrie un des gosses, elle ne sait même pas lequel. Elle a à peine le temps de basculer la nuque dans la couverture, fermer brièvement les yeux et pousser un long soupir pour se donner du courage.

La maladie est venue sans prévenir. Chacun y a été de son beau mot pour tenter de l’expliquer, de la rationaliser. Aphrodisia a longtemps cherché à comprendre, elle aussi. Puis elle a fini par accepter que c’était peut-être le fruit du hasard, un sale manque de chance. (Parfois quand la douleur est trop forte et qu’elle rumine trop, elle parvient encore à mettre cela sur le dos de Felix. Et du manoir Fawley, qu’elle déteste. La question serait plutôt comment ne pas tomber malade dans ces conditions.)

C’est le plus petit qui s’est précipité vers son lit. Wyatt a trois ans. Il est né un an à peine après son frère, quand Aphrodisia a estimé qu’elle n’avait plus rien à perdre. Elle ne l’aide pas à la rejoindre, mettra ça sur le compte de la maladie. Concrètement, elle n’a même pas la force de tenter un sourire forcé. Les traitements consécutifs lui donnent l’impression que chaque geste pourrait être son dernier (Warren et Athena sont déjà passés souligner son côté dramatique) et, si cela ne la gêne pas quand il s’agit de se débattre avec une rune, cela lui pose hautement plus de problèmes pour attraper un mioche geignard.

Aphrodisia n’a jamais essayé d’aimer Felix. Lui, si. Peut-être même qu’il l’aime un peu, parfois. Peut-être que c’est pour ça qu’il la laisse mener autant de combines dans son dos (ou peut-être qu’il est juste atrocement simple, sifflerait Daisy à son cadet). Mais elle a essayé d’aimer ses enfants, vraiment. Elle a fait attention, pendant ses deux grossesses. N’a jamais vraiment sérieusement considéré un avortement. Alors bien sûr, elle a été aigrie de devoir arrêter ses études. Bien sûr, les longues nuits avec Felix pour ce deuxième enfant lui ont retourné l’estomac à tel point qu’elle en a souvent vomi après. Mais elle a essayé, vraiment. Une première difficulté a été de découvrir que, contrairement aux dires de Camilla, l’instinct maternel n’existait pas. Aphrodisia ne savait pas quoi faire quand les bébés pleuraient, s’agaçait quand ils ne se calmaient pas rapidement, n’était pas attendrie par leurs progrès qu’elle jugeait trop lents. Mais le coup de massue, véritablement, ça avait été de découvrir que plus ils grandissaient, plus ils ressemblaient à Felix. Poignard en plein cœur, efficace souvenir au quotidien de la misérable vie dans laquelle elle était coincée. Ça, c’était trop dur.

Aphrodisia veut quand même faire bonne figure devant Camilla. Elle n’a pas envie de se battre, pas aujourd’hui, ne serait-ce que parce qu’on a rangé sa baguette dans un casier à deux mètres de là, au cas où elle réagisse mal aux traitements. Alors elle essaye. Elle se redresse dans ses couvertures et prend Wyatt sur ses genoux. Tente de lui sourire quand il se met à jouer avec ses cheveux – mais vraiment, tout ce qu’elle veut lui dire c’est d’arrêter sur le champ.

Aphrodisia aimerait beaucoup aimer ses enfants. Elle ne sait juste pas comment faire, elle n’y arrive pas. Alastar semble l’avoir compris. Il la fixe, simplement, sans rien dire. Comme s’il n’attendait déjà plus rien d’elle. Même Aphrodisia a attendu plus longtemps de Camilla.

Leur présence la rend malade et elle aimerait qu’ils partent.

Elle repousse ses cahiers. How do you do today, darling? Aphrodisia est incapable de se concentrer avec Wyatt qui emmêle consciencieusement ses mèches. Elle l’attrape par la taille, maladroitement, essaye de le repousser sans paraître trop brusque. Le visage du petit garçon se tord presque sur le champ – la mère n’a pas le temps d’émettre le moindre son que déjà son enfant cadet se met à brailler, tout secoué de sanglots. Les yeux à la renverse, les bras tendus à l’extrême afin de ne pas lâcher pour autant le bambin, elle se laisse retomber dans ses couvertures au son d’un faible Oh, Merlin… La scène, anxiogène à souhait, s’éternise ; le regard pesant d’Alastar ne flanche pas, la question de Camilla reste en suspens, personne ne bouge à part le mioche braillard. Les minutes sont longues, les œillades lourdes. De guerre lasse, Aphrodisia se relève pour flanquer Wyatt dans les bras de sa propre mère. Would you mind taking him? Le ton est sec, agacé, pas perturbé. Madame Avery ne relève pas – elle recueille le petit tout naturellement, le berce un instant et le réduit au silence tout aussi rapidement. Camilla est bien meilleure grand-mère que mère.

Well, reprend enfin cette dernière. Alastar, is there anything you want to say to your mother? Le petit garçon hoche la tête négativement, toujours sans broncher. What about a hug? Il s’approche doucement, attrape une main pendante sur le côté du lit, regarde celle-ci se refermer gauchement sur ses petits doigts, puis le sourire maternel tout aussi maladroit. Le moment, cette fois-ci, ne s’étire pas. Nice boy, Alastar. What about the flowers? Camilla se penche légèrement pour laisser le petit garçon fouiller dans son sac, dont il tire machinalement un immense bouquet de gardénias roses. Aphrodisia le rattrape à la hâte, avant que celui-ci ne tombe au sol face à l’automatisme des mouvements, glisse un It’s a wonderful bouquet, sweetheart tout aussi grinçant, fourre presque sèchement les fleurs dans un vase vacant à sa droite. Wyatt, one last hug? Madame Avery se penche légèrement, l’enfant glisse ses petits bras autour du cou de sa mère, elle les touche du bout des doigts dans un semblant d’affection. You nice little guys! Now what about you wait for granny outside, uh? I’m pretty sure the nurses do have some nice little games for you! Go boys go! Les garçons ne demandent pas mieux – ils ont disparu en l’espace de quelques seconds, alpaguant au passage une gentille guérisseuse en blouse verte.

So – I asked you, how are you doing? Face à Camilla, Aphrodisia n’a plus besoin de faire semblant. Sa mère la connait trop bien – ou peut-être qu’elle ne le mérite tout simplement pas. (Elle privilégie la deuxième option). Well like most people in this place I feel fucking marvellous, Camilla. Elle est retombée en arrière, le regard las dardé sur le plafond atrocement lisse, l’estomac déchiré par l’envie de lui hurler de se barrer sur le champ, d’arrêter de faire semblant d’en avoir quelque chose à foutre. Camilla elle aussi a détourné les yeux ; agacée, elle soupire dans le même mouvement que sa fille cadette. I somehow always forget that courtesy is not one of your strong suit. What I meant was: any progress? Please stop pretending. Aphrodisia trouve le spectacle insupportable. Trouve sa mère insupportable. Peut-être que si elle arrivait à tendre le bras jusqu’à la clochette d’urgence… Hmmm well I’ve only shat myself once today, I guess one could consider this progress? La question est sardonique, elle n’appelle pas de réponse autre qu’un départ imminent. Camilla, pourtant, partage plus d’un trait de caractère avec Aphrodisia. Elle ne lâche pas le moindre centimètre carré de terrain. I guess I should have asked one of those Healers. I guess you should have. Because I mean if you are to die in the next couple of weeks, maybe you could act a bit more considerate towards your children – Excuse me?

Camilla s’interrompt ; elle sait toujours quand elle a prononcé les mots de trop, quand Aphrodisia va mordre jusqu’au sang et qu’elle pourra enfin la traiter légitimement de tous les noms. Aphrodisia est convaincue qu’elle en tire une grande satisfaction. Son père lui dirait que Camilla n’est pas si tordue (si tenté qu’il se décide à ouvrir la bouche un jour) (elle ne s’est même pas demandée pourquoi il n’était jamais venue la voir, en presque quatre mois d’hospitalisation). Is this a joke, Camilla? (Elle n’a plus jamais vraiment appelé sa mère autrement que par son prénom depuis son mariage. Sept lettres crachées avec toute la force de l’amertume, sans répit, jamais.) Artists do get to criticise their work of art, but they do not get to say they didn’t make it. Le regard noir. Lourd. Menaçant. Le ciel avant un orage de campagne, prêt à faire tomber les arbres et gronder la tempête. You fucked me up. You did this to me. And you can fool kids with your little perfect-grandma skrewt shite – but not me. This is… this is actually incredibly insulting, to be honest! Camilla déploie son plus beau rire jaune, un ricanement imperturbable et soigneusement travaillé qui ne ploie ni sous les coups ni sous les piques. Elle partage plus d’un trait de caractère avec Aphrodisia.

You can’t blame me for all of your troubles, dear… I did not make you sick and we both know that… Sourcils qui se serrent, se desserrent, sous le coup de l’incompréhension. Incapable de comprendre où sa mère veut en venir, furieuse qu’elle mène seulement la barque, Aphrodisia a les jointures de la main que tenait précédemment le petit Alastar blanches. You’re just – I would even add that we both know what made you sick. Le cerveau qui tourne à plein régime, les effets secondaires du traitement qui risquent de refaire leur apparition à tout moment. Sonner la clochette, prétendre avoir besoin de sa baguette… Ou juste pratiquer les exercices de respiration préconisés par le guérisseur-en-chef, qui déplore son état de stress au moins deux fois par jour. Yes. We do. Nothing made me sick. Or fate did, if that makes you feel better. Elle a pris la décision de respirer, inspirer longuement et souffler profondément (mais pas suffisamment pour attirer l’attention de la matriarche)… Mais c’est sans compter sur ce ricanement, encore, toujours, comme un acouphène persistant qui donnerait l’envie de s’arracher la tête pour l’envoyer bouler loin, loin, loin. No no no no. You drinking yourself to sleep every night – Merlin, you are not for real. Camilla a le sourire triomphant, l’air des pompiers qui ont réussi à contenir l’incendie dès les premières braises. Comme si toute cette conversation n’avait mené qu’à cela. You are an alcoholic, Aphrodisia, no one wants to say the word but I will! And see, this is not even your biggest problem... Yeux durs contre sourire affecté. Les deux humeurs principales des femmes Avery. Your problem is that you’ve never known how to be happy with what you have got! Even as a child, we would buy you a book but you would decide that you wanted two of them, or not this one – we would get you everything you asked for but you would throw it all away, bored within a day! We found you a nice husband, not demanding, even ready to love you for who you are, and you despised him from day one! That’s what made you a stupid alcoholic, and now this is what will kill you –

Camilla s’interrompt brusquement. Emportée par la colère, ou l’élan victorieux, ou peut-être un peu des deux, elle s’est penchée sur le lit de sa fille cancéreuse, s’est ployée jusqu’à presque toucher son visage de ses yeux haineux. Aphrodisia a essayé de respirer. Elle a fermé les yeux, compté comme on le lui a conseillé. Puis sa mâchoire s’est contractée, sa main s’est refermée sur la mâchoire de sa mère, ses ongles un peu faiblards se sont fichés si profondément dans la peau que deux d’entre eux ont cédé sous le coup. Tous les muscles du corps sont bandés, les yeux pourraient peut-être bien tuer. This is not my fucking death bed, qu’elle siffle avec une agressivité remarquable pour un murmure.  This is not my fucking death bed, do your hear me? Don’t start digging up my hole because I will be the one to dig up yours, DO YOU HEAR ME? Camilla a commencé à émettre des petits râles – Aphrodisia remarque que son autre main s’est machinalement refermée sur son cou. Bientôt le personnel soignant accourt, hurlant ; les deux femmes et leurs superpositions de mains sont arrachées l’une à l’autre ; Camilla se voit férocement réprimandée (do you think this is a good state of being for our patients ?). Aphrodisia n’a que le temps d’apercevoir ses deux fils, surgis de nulle part sur le pas de la porte – l’instant d’après, un sortilège la fait sombrer dans une inconscience apaisante dont elle ne se réveillera (à grand regret) que deux jours plus tard.


1981; knockturn alley
Une réunion d’anciens élèves. Un truc à la con. Un endroit où elle n’aurait jamais mis les pieds si elle avait mené une vie un tant soi peu plus intéressante. Elle avait fait mine, pourtant – efficacement. Revêtu une de ses plus belles robes, enfilé un de ses chapeaux les plus coûteux, laqué obsessionnellement une perruque aux boucles bien trop soyeuses (personne ne pouvait savoir que ses cheveux ne repoussaient encore que par touffes informes). Elle avait ri au bon moment, comme elle avait si bien appris à le faire, glissé quelques bons mots, s’était confondue en compliments sur ses fils et son mari et son manoir et sa vie de mère de famille. Non, aucun regret, finalement vraiment ce qu’elle voulait faire. Elle était vraiment satisfaite de sa prestation, et presque heureuse d’avoir fait le déplacement… Jusqu’à ce que Cadmus Hyslop débarque de nulle part. Et elle l’avait trouvé beau, aussitôt – magnifique, même, dans sa longue cape verte, avec ses longs cheveux dorés par la lumière et ses cicatrices glanées aux quatre coins de la planète. Pourtant elle avait fait mine de l’ignorer, tout d’abord. Lui avait obstinément tourné le dos et s’était noyée nez le premier dans toutes les coupes d’hydromel qu’on lui tendait. Avait même disparu, le temps de quelques dizaines de minutes, pour tenter de calmer son cœur affolé aux toilettes. S’était demandée si elle pourrait faire redescendre la pression en vomissant, ou en se touchant. Rien n’y avait fait. Et puis à peine sortie, elle avait immédiatement reconnu sa main dans son dos.

C’était la première fois qu’elle trompait Felix, contrairement à ce qu’elle cherchait à lui faire croire. Mais c’était arrivé encore la semaine d’après – deux fois. Puis celle d’après encore – trois fois. Toutes les semaines, pendant un mois et demi. Les enfants, Felix, tout le monde avait vite compris. Pas seulement parce qu’elle s’absentait beaucoup trop longuement sans prétexte convaincant, mais parce qu’elle affichait en semi-permanence un immense sourire, gratifiait parfois même le personnel de quelques boutades, et déposait ponctuellement des baisers sur le crâne des garçons. Aphrodisia Fawley était heureuse et ce n’était pas normal.

Elle avait compris rapidement, peut-être seulement une semaine ou deux après le départ de Cadmus pour une nouvelle contrée inconnue. Elle avait tenté, comme la première fois, de s’enfoncer dans un déni épais, protecteur. Etait partie toquer à la porte de St Mungo’s pour déplorer le retour de plusieurs symptômes qu’elle identifiait alors comme cancéreux. Et c’était donc à ce moment-là, un peu plus tôt dans l’après-midi, qu’on lui avait confirmé la bonne nouvelle : elle était enceinte, pour la troisième fois, alors que la médecine sorcière avait déclaré son infertilité deux ans plus tôt.

Il n’y avait eu aucun doute de permis – elle ne se souvenait pas de ses derniers rapports avec Felix, mais savait pertinemment qu’elle ne l’avait pas laissé la toucher depuis au moins six mois. L’âge estimé du bébé – de l’embryon – était de moins d’un mois. Pas de doute de permis.

Sortie de l’hôpital, elle était restée un instant hébétée, debout sous la pluie battante. Ensuite, la panique était montée. Qu’allaient dire les garçons, quand Felix serait incapable (et s’en ferait peut-être même un malin plaisir) de leur mentir. Pire encore, qu’allait dire Camilla ? Est-ce qu’on allait la forcer à se séparer le bébé ? Est-ce qu’elle ferait mieux de le cacher ? Comment ? C’était la première fois qu’elle se sentait connectée à la petite chose dans son ventre (même si, au vu de la taille de celui-ci, cela relevait encore sans doute davantage de la croyance psychologique que de la réalité scientifique). La première fois qu’elle désirait un enfant. Peut-être que comme les garçons, il ressemblerait à son père. Peut-être qu’elle pourrait l’appeler comme Cadmus et elle l’avaient toujours voulu – Angus, comme le grand-père du Poufsouffle. Peut-être que…

Elle avait cru se noyer, dans ce flot de pensées. Alors elle avait transplané, et pris la première direction qui lui venait à l’esprit – un bar atrocement glauque, rempli de canailles et de truands, sur Knocturn Alley. Le lieu servait le meilleur Mermaid’s Tear du Londres sorcier, et l’avait vu à plusieurs reprises effondrée sur le comptoir. Elle s’y était téléportée dans la même intention : se remplir le gosier jusqu’à arrêter de penser. Puis…

Aphrodisia pousse la porte, toujours un peu dans un état second. Elle apprécie aussi cet endroit car, quand la clochette signale son entrée, personne n’interrompt sa conversation, sa boutade voire son échauffourée pour lui prêter attention. Elle peut se glisser jusqu’au bar sans la moindre difficulté, peine même à se faire une place au milieu des soiffards qui ne la considèrent que très peu. Mrs Fawley ne lit jamais la carte – elle jette toujours son dévolu sur le liquide bleu chéri, balance un petit sac de Gallions de l’autre côté du bar et assure ainsi son service en continu toute la soirée. Mais… Oy Mr Magician, do you have anything strong enough to make an ogre go full drunk? But without alcohol? Elle connait un peu le serveur qui vient de se pencher vers elle en ricanant. Not sure I’m that much of a magician, lady! Aphrodisia soupire, tire de sa poche l’habituel petit sachet d’or, remonte légèrement son chapeau sur son crâne. I’m from Douvres, lâche-t-elle avec lassitude. L’homme la considère de haut en bas (elle n’a jamais jugé utile de divulguer cette information), attrape le sachet. I’ll see what I can do – il tourne les talons, revient presque immédiatement sur ces pas – congratulations, by the way. Elle hausse les yeux au ciel, répond d’un Thank you si sifflant qu’il pourrait tout aussi bien s’agir d’un fuck you and everyone in this room.

Elle est à peine servie que quelqu’un vient tirer le tabouret à côté d’elle pour s’y laisser tomber lourdement. I almost didn’t recognize you without the hair. Aphrodisia reconnait immédiatement la voix – elle manque d’en cracher toute sa boisson et de tomber de son siège. Thank you. People stopped looking at me when I had to close the store... I appreciate your enthusiasm. Merlin… grommelle la Fawley tout en tentant de s’échapper de la vieille. Comme dans un vieux souvenir condamné à tourner en boucle, celle-ci l’attrape par le poignet et l’encourage à se rasseoir. I could feel your pregnant hormones at the very minute you walked into that shit hole, though. So, is he a better performer than we thought? Second child uh? Elle ne sait pas pourquoi elle se rassoit. Peut-être pour finir son verre d’une traite. Ou pour se demander rationnellement comment cette vieillarde désargentée peut toujours être en vie – une magie obscure, un peu foireuse, peut-être. Elle attrape bruyamment les dernières gouttes, la tête tourne déjà un peu. Third. La vieille s’exclame, balance la tête dans ce grand ricanement qui donne l’impression extérieure d’une mort imminente. Aphrodisia se raidit et repose son verre un peu trop violemment sur le comptoir. Sa voisine lui en commande aussitôt un nouveau. This one’s a bastard, though. La moitié du verre se voit descendue d’une traite – tout est bon pour ne pas entendre le rire moqueur de l’autre, ne pas sentir les effluves de mort qu’elle dégage. Elle se sent soulagée de l’avoir vocalisé, en vérité. Commence à conceptualiser et accepter l’idée. Elle ne doit rien à Felix, ni à personne d’ailleurs. Ce bébé sera le sien et elle saura enfin l’aimer justement. Elle l’exprime un peu différemment, cependant. Maybe I’ll love him, at last. He won’t look like these little fuckers.

Elle achève son verre dans les vingt secondes qui suivent – quitte le bar en titubant, transplane au manoir Fawley sans plus attendre. Une fois le seuil de la porte passée, elle jettera sa cape au nez de l’elfe de maison, braillera jusqu’à ce que Felix descende dans son foutu hall d’entrée, et lui annoncera la nouvelle en des termes à peu près équivalents.


1985; fawley manor
Elle sait immédiatement que quelque chose ne va pas quand Felix passe la tête par la porte de la pièce où elle joue avec Angus et Deaglan, le petit dernier. Felix ne fait jamais ça – il ne porte jamais plus d’attention que nécessaire à ses enfants, à elle, ne va jamais volontairement à leur rencontre voire même évite leur route dès qu’il le peut. Il leur a accordé le nom de Fawley, Aphrodisia doit lui reconnaître ce mérite (mais quand même le minorer en se convainquant qu’il l’a fait uniquement pour préserver l’honneur de la lignée et, plus encore, par peur de la colère froide de sa femme). Cela s’arrête là. Le manoir a pendant un temps presque dû être appréhendé comme divisé, entre le territoire des bâtards et celui des ‘’pur Fawley’’, mais le départ d’Alastar pour Hogwarts a quelque peu enclenché une redistribution des cartes avec un Wyatt toujours plus isolé (jusqu’à sa propre rentrée). Les époux Fawley, eux, ont cessé de faire semblant ; Aphrodisia a même pendant un temps évoqué la possibilité de faire couche séparée, ce que Felix avait finalement refusé par principe (ou dans le pathétique espoir d’un retour de flamme, avait-elle persiflé auprès de Warren). Il n’avait cependant rien à faire dans ce salon que lui-même qualifiait de garçonnière.

We have to talk, qu’il articule à peine, piquant encore l’attention de sa femme au vif (les Fawley n’ont jamais besoin de parler. Pas juste leur famille – la dynastie Fawley n’est pas loquace, toujours de marbre, toujours stoïque, émotionnellement incapable. C’est un des seuls aspects auquel Aphrodisia a pu s’identifier au cours des années.) Without the little ones, précise-t-il en la voyant capturer Deaglan dans ses bras. Circonspecte, elle ne bronche pas pour autant ; ordonne à Angus de veiller sur son cadet et passe la porte tenue ouverte par Felix (quelque chose ne tourne vraiment pas rond).

Elle attend que le panneau de bois ait claqué pour passer à l’offensive – Aphrodisia n’aime pas s’énerver devant ses fils. Cela lui a toujours posé beaucoup moins de problèmes devant Alastar et Wyatt. So now we speak? qu’elle raille aussitôt. Felix se racle la gorge, tente d’ignorer la pique. Des années de vie commune (à défaut d’un amour sincère et partagé) lui ont au moins appris à décrypter ses émotions et autres transports. Elle le sent nerveux, fronce les sourcils. Felix n’a jamais été un homme de combat, cela a toujours été sa plus grande faiblesse aux yeux de la mère de ses enfants. We have a guest coming over tonight, and I would like you to be as considerate as you can be towards her. Aphrodisia laisse peser le silence, attend une éventuelle explication supplémentaire. Puisque Felix ne bronche pas plus, elle resserre davantage les sourcils. …. Is that all? Il reste silencieux encore un temps, trop longtemps – il pourrait tout aussi bien se préparer à lui annoncer que Camilla allait emménager ici pour y dispenser des cours gratuits de bonne morale ! Felix. What is this about? Le ton claque, il est inquisiteur ; comme si la simple évocation de sa génitrice avait suffi à durcir toute l’ambiance du manoir Fawley. I need you to promise me…. – what the actual hell, Felix? What’s a promise worth without any trust?

Il a relevé la tête, la dévisage longuement. C’est comme être à nouveau cette mioche à peine sortie de l’adolescence à qui on rit au nez parce qu’elle ne sait pas instinctivement être enceinte – le sentiment d’être dépassée, de ne pas avoir toutes les clés, toutes les variables pour décrypter la sensation. Or, Aphrodisia est trop brillante pour être dépassée par Felix Fawley. Who’s coming? Are you going to spit this out or what? L’homme se gratte les cheveux, agite compulsivement l’atroce moustache qu’il arbore depuis quelques mois. It’s… It’s my daughter, lâche-t-il finalement, péniblement, au prix d’une apparente douleur physique. Aphrodisia reste interdite. Pas plus éclairée pour autant. Ou, comme chez ces vieux charlatans de Knocturn Alley – pas plus désireuse de l’être. Elle le laisse patauger. My daughter, répète-t-il alors, un spasme venant lui déformer le visage à l’appui. I have a daughter, Aphrodisia. She’s called Maebh. Il s’est un peu redressé, semble avoir repris du poil de la bête ; mais elle ne l’aide pas, reste murée dans un silence implacable et armée d’un regard qui se veut désormais bestial, presque assassin. Le regard des mauvais jours, le regard qui ne laisse plus place au déni. She’s mine, just mine – like you and Angus, or you and Deaglan. Toujours aucune réaction, pas même le moindre micro mouvement. I have my bastard, too. – C’est à ce moment-là qu’elle se met à rire frénétiquement.

I have my bastard, too! Hurle-t-elle en retour, le cri ponctuellement dérangé par son rire presque dément. Elle doit s’appuyer à la porte pour reprendre sa respiration, n’arrive même pas à penser aux enfants juste derrière. How fucking pathetic do you have to be, Felix? How much of a twat… Elle s’interrompt car le fou-rire menace de plus belle. I have my bastard, too! Is your little – fragile – pathetic – masculine ego doing better now? Did you just get back your manliness? – Merlin, Felix. I just hate you so much! Elle est repartie pour un tour. Angus, peu habitué à entendre sa mère s’esclaffer de la sorte, tente d’entrouvrir le battant. Aphrodisia reprend brièvement son calme pour l’en empêcher et lui expliquer que grown-ups are having a little chat right now (son sourire narquois est déjà largement revenu dès la fin de sa phrase). Felix n’a plus pipé mot depuis cinq minutes.

I took in your bastards. Gave them my name. You didn’t have a choice. I did. No.

I didn’t laugh at you when you brought them here. Because there was nothing to be laughed about. How is that any fucking different?!

C’est lui qui a hurlé, cette fois. Aphrodisia hausse un sourcil – Felix n’est pas un homme de combat. I did not go out, looking for a random woman to make up for my weaknesses. It just happened, it wasn’t even planned. Definitely not staged by my mom, assène-t-elle dans un glapissement. Good lord, Alison. Who even is she, that woman? The mother? L’homme déglutit difficilement, serre les points pour contenir les tremblements ; à l’inverse de sa femme, Mr Fawley ne se déploie pas, ne grandit pas dans le chaos. This is not… what it was… Implacable, elle approuve pour rabaisser toujours plus bas. Lui foutre le nez dans la boue. Elle le déteste plus que jamais. I can’t even believe… you’re taking part in the very destruction of your family! Is she even pure-blooded, that child? Felix hausse les épaules, baisse la tête, elle se demande un instant s’il va fondre en larmes. Elle ne s’est jamais vraiment heurtée à sa colère, ne sait pas vraiment comment celle-ci se manifeste. Même quand elle est apparue sur le perron, deux années de suite, avec deux enfants de pères différents, il a fait le dos relativement rond. S’est montré plus grincheux, presque acariâtre ou franchement désagréable, par moments. Mais rien qui n’ait pu heurter sa femme. Does it even matter… You destroyed us years ago… - I guess we're done then.

Il relève la tête, subitement. What are you talking about? Divorce? You can’t fucking divorce me, Aphrodisia! S’emporte à nouveau. Le sourire carnassier d’Aphrodisia s’élargit – elle fond aussitôt sur sa proie. Peut-être un peu trop vite. And why the fuck not? Because we love each other so much? Because somebody needs to take care of the children and that somebody has to be me? Alastar and Wyatt are in Hogwarts, I’m taking my sons with me, and do you think I give a shit about your daughter - that poor human form of all of your failures? Or is it because I will die impoverished if I leave you? Tell me about it, Felix. Il réfléchit. Elle peut voir qu’il transpire à grosses gouttes sur le front, peut presque entendre les rouages de son cerveau travailler à plein régime. Because – because you’d be a disgrace. Because your mother would kill you! Because you would never find another husband! Elle baisse la tête dans un sourire. Aphrodisia prend un malin plaisir à considérer Felix plus bête qu’il ne l’est, et parfois cela la rattrape. Elle considère le dernier argument en hochant la tête. Mais Felix, benêt tout de même, ne peut s’empêcher d’aller trop loin. They all say you’re a whore, outside. Elle décoche immédiatement sa baguette. Fait quelque pas en avant pour venir la placer à quelques dizaines de centimètres du visage de son mari. Watch your mouth, grogne-t-elle entre ses dents. You did not say I was wrong, sourit-il en retour. La baguette tendue crépite. La sorcière se fait violence pour la ranger avant de donner raison au plus idiot de la pièce. I’ll give you one thing, Felix. If I were a man – things would be much, much easier. I’d be able to compete for the legacy of my family. I wouldn’t have to endure all that crap (elle balaye le manoir d’un revers de la main). My only chance to thrive lies in my husband’s family… Which has not been the best shot up until now, you’ll give me that. This family is falling apart. Drowning. And maybe I can’t escape… But I won’t let you fucking bring me down with you, Felix. (Ils sont désormais plus près qu’ils ne l’ont été depuis un bon nombre d’années).

And I know, I know, you won’t let it drown either. I know you care about this family, or its reputation at least – I know because you took my children in. And of course we will take this child in, because she did not ask for anything, but – how is that a power move, Felix? Now this is no longer just about your hysterical crazy bitchy wife, it’s you, too! That name – our name -, it will forever be tainted. So you care about us too. Somehow. Les intonations sont plus lentes, presque plus tremblantes, semblent se chercher. Les egos sont retombés ; les manœuvres sur des champs entiers d’œufs de dragons débutent. Aphrodisia a l’air pensive – c’est elle qui, désormais, carbure à pleine vitesse. Maybe… Maybe we can still save us… Elle semble plus se parler à elle-même désormais ; Felix n’intervient pas. Elle lève tout de même un index pour l’en encourager. But no more children. I mean, fuck as much as you want… But take goddamn concoctions; I heard it’s not that hard. A new bastard will be lethal to this family... Désormais elle fait cent pas, arpente le corridor de long en large comme quand une rune lui pose trop de problèmes. Ses talons claquent sur le sol ; ses mains se perdent dans sa petite dizaine de centimètres de cheveux. Alastar and Wyatt should be protected at all costs. We could start introducing them to young girls… I mean, Alastar… Sa voix s’éteint en un grognement incompréhensible et Felix ne fait pas l’effort de la reprendre. But most importantly, what this family needs is… a political leader, a ballsy player… Elle achève brutalement sa presque course, se plante et plante ses yeux dans ceux de son mari. Me.

Felix ricane ; évidemment. Aphrodisia ne s’est jamais vraiment impliquée dans la préservation du statut des Fawley – au contraire. Elle a toujours fait montre d’une véritable loyauté envers les Avery, très peu envers sa famille d’adoption. Pendant la guerre, elle s’était montrée affable, avait mis au monde ses deux bâtards ; figure suffisamment ambigüe pour s’épanouir dans le nouveau monde dépourvu de Seigneur des Ténèbres. Sa réaction, donc, semblait lunaire à Felix, qui l’exprimait par un étourdissement muet et des traits semi-contractés. Il ne saisissait pas l’opportunité qu’était en train de saisir la femme, le trou qu’elle était en train de se creuser, les déceptions béantes de toute une vie qu’elle tentait vainement de combler. Il n’avait jamais saisi. Mais il trouvait tout de même cela ridicule. Who do you think you are, eh? Aphrodisia n’a pas bougé. Elle est agacée, d’être entourée de si parfaits imbéciles qu’ils ne réalisent même pas qu’elle essaye de les sauver. And what makes you think you can do that?! Like you said, this is not even your family. Elle soupire. L’envie de rester calme pour placer ses pions. L’envie de l’étrangler pour ne plus s’encombrer de pions. Who I am is… a person that’s smarter than you. The political genius we need. A woman you can’t handle, a woman you’ve actually never been able to handle or even please sexually – and you? You’re just a man… Small, small man… Petit sourire déformé par la colère. You are ruining this family and I’m offering a hand. You should be thanking me, not dismissing me. Le ton se veut égal, maîtrisé – loin de la colère qui crépite. Felix l’a prouvé ; il fuit loin de toutes les tempêtes. Et elle ne peut pas laisser passer cette chance, plus jamais. We both care about this mess we made, Felix. Now let’s make the Fawley family great again – like you wanted. Elle tend la main. Il la fixe longuement. De guerre lasse, sans doute, il finit par lui attraper le coude. Parce que si Aphrodisia n’a jamais voulu de ce mariage, peut-être bien qu’il n’a jamais voulu des responsabilités qui venaient avec. Elle sourit.

Since we both agreed on this new dynamic… I’ll also go back to school, from September on. I have been told I was smart enough to get a PhD, qu’elle lâche fièrement. Felix ne relève pas, donne seulement l’impression de vouloir décamper d’ici – elle est un peu déçue, quand même (à en vouloir toujours plus). She’ll be here in one hour, il souffle simplement avant de reprendre la direction des escaliers. I sure hope she took on her mother! C’est tout ce qu’elle trouve à redire avant de regagner ses petits garçons, le sourire aux lèvres. All hail to matriarchy, se dit-elle, et elle tire sa plus belle cigarette.



Dernière édition par Aphrodisia Fawley le Ven 22 Mai - 16:02, édité 2 fois
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Jaqweshia McIntosh
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1998
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fawley manor
Elle l’avait appris au restaurant, en plein repas avec des autrichiens – un elfe était venu glisser une note écrite à la main sur sa table et était reparti sans plus de considération. Elle l’avait dépliée, brièvement, dans un moment d’inattention de ses clients (elle venait de les éblouir avec un jeu de mots en allemand), et s’était immédiatement étouffée. Sensation désagréable d’avoir le cœur qui cherche à sortir par les lèvres. Elle avait toussé, bruyamment, de manière à faire croire à une simple bouchée de travers mais tout de même faire lever Monsieur Wagner. Le couple offrait beaucoup d’argent et, en tant qu’indépendante, elle ne pouvait pas chômer ; elle avait donc passé l’après-midi recluse dans son petit atelier du Belfast sorcier à dépoussiérer, réparer, teindre, corriger, restaurer un immense masque Mwana Pwo de la fin du 19ème, soi-disant trésor familial retrouvé dans un grenier. Planquée au dernier étage d’une résidence d’artistes particulièrement animée (et partagée), Aphrodisia n’avait donc bénéficié que de très peu de temps pour elle, contempler la nouvelle ou chialer un bon coup. Elle était rentrée tardivement au manoir, seulement une fois satisfaite de son travail et après avoir échangé des dernières amabilités avec les Wagner ; Felix était déjà couché, la rentrée en urgence d’Alastar avait déjà eu lieu quelques heures plus tôt. Dans un acquiescement qui n’avait pas eu besoin d’être formulé, personne n’avait jugé utile de rapatrier les plus jeunes d’Hogwarts. Personne n’était censé être endeuillé – ils ne pouvaient pas prendre le risque.

Elle avait trouvé une lettre signé de Ren au pied du lit, que Felix avait eu la délicatesse de ne pas ouvrir ; avait elle-même décidé de ne pas la consulter, pas tout de suite, attendre (quoi, elle ne le savait pas). Quand elle s’était glissée dans les draps, elle avait brièvement croisé les yeux ouverts de son époux. S’était surprise à songer, l’espace d’une microseconde, à lui serrer la main. S’était retournée avant de mettre à exécution sa pensée.

Elle avait mal dormi. Fait tourner des séquences runiques dans sa tête jusqu’à l’épuisement, mais même cela n’avait pas suffi. Elle s’était relevée, finalement – avait jugé utile de préciser à Felix où elle allait, sans doute pour la première fois en près de vingt ans. Les pieds serrés dans ses pantoufles, la baguette allumée, elle avait brièvement regretté l’absence de plage à proximité, comme à Douvres. S’était finalement contenté de griller une cigarette moldue, depuis un petit terre-plein du terrain qui donnait droit sur la vieille ville moldue. Wyatt avait toujours aimé cette petite butte, étant enfant. Et maintenant Wyatt était mort.

Elle avait pris dix minutes pour sangloter, vraiment, comme un gamin l’aurait fait. Elle avait regagné le lit conjugal juste après ; Felix, toujours pas endormi, avait eu la décence de ne pas relever ses yeux gonflés. (Elle s’était relevée, un peu plus tard, pour véritablement jouer avec des runes ; s’était perdue dans la construction d’un cercle runique particulièrement complexe aux glyphes supposément protecteurs ; y avait finalement mis un terme abrupt afin d’éviter que quiconque le remarque.)

Elle ne pensait que ça l’aurait fait véritablement pleurer, ou que ça l’aurait emmerdée à ce point – non, fendu, déchiré le cœur. Qu’elle se sentirait comme une telle conne le lendemain matin, devant les restes de la dépouille de son fils cadet. Elle s’était mordue la lèvre inférieure jusqu’au sang pour ne pas trembler, jamais, et pourtant que ça avait été dur Merlin, qu’est-ce qu’elle avait cru crever, elle aussi, quand elle avait dû signer les papiers ministériels entérinant la non-tenue de l’enterrement. (Elle ne savait pourquoi c’était elle qu’on avait convoquée, d’ailleurs – la considérer tête de famille, c’était bien quand ça les arrangeait. Ou c’était peut-être un test, une manière de lui rappeler que des survivances Fawley elle était la plus suspecte, ou en tous cas la moins fiable.)
Qu’ils aillent se faire foutre – elle avait signé, puis quand elle avait enfin quitté le Bureau de la VB, la tête haute et la cape flamboyante, pas affectée pour un sou – quitté Londres, foutu le camp de cet endroit maudit… elle avait vomi.
Aphrodisia n’avait jamais eu peur de qui que ce soit, jamais pris le soin de mettre des formes au moindre de ses propos, même destinés à ses fils. Mais elle était malade à mourir de devoir annoncer à Felix et Alastar que non, l’enterrement resté en suspens n’aurait finalement pas lieu. Ce n’était même pas tant qu’ils allaient encore la détester davantage (comme si elle avait eu le choix) ; c’était une sensation purement organique, de dégoût, de besoin de se rejeter soi-même, d’évacuer par tous les moyens possibles la crasse qu’elle sentait mariner en elle. Elle aurait pu en chialer à nouveau mais s’en abstint.  

Elle transplane au manoir familial, jette vulgairement ses gants sur la table de banquet, envoie l’elfe chercher Felix et Alastar (il n’y en a pas vraiment besoin, ils sont là dès qu’ils entendent la porte claquer derrière elle).
Et quand ils arrivent, elle en perd ses mots, en perd presque les pédales. Elle ne sait pas quoi dire et se refuse à bafouiller, trembler. Elle fixe Alastar, ses yeux à peine rougis, sa prestance, et sent son estomac se serrer un peu plus (c’est qu’elle n’a pas été une bonne mère mais qu’elle en reste une. Qu’elle a porté chacun des garçons pendant neuf mois, même presque dix pour Alastar. C’est qu’elle sait.) Et elle fixe Felix, le père du fils qu’ils viennent de perdre, sa moustache qui tressaute fébrilement. Mais surtout elle fixe le vide – là où Wyatt aurait dû être. Wyatt, le doux petit Wyatt. Le Serpentard. L’enfant qu’Aphrodisia aurait dû adorer (adorait sûrement secrètement, amèrement). Wyatt comme Warren.

Elle ne sait pas quoi dire alors les mots tombent comme un couperet, sans délicatesse aucune. There won’t be any funeral. Elle sait qu’Alastar – le Gryffondor – va exploser, alors elle l’arrête d’un signe de la main. No. Sa voix est trop glaciale, son regard trop dur pour être honnête. Elle remarque du coin de l’oeil que la moustache de Felix est de plus en plus agitée. Fait quelques pas dans leur direction (ils sont restés plantés juste devant les escaliers, pantins déjà abrutis par la sentence inévitable). We could not afford that and you know it. (Elle donne l’impression de surtout s’adresser à Alastar). Elle voit ses efforts pour se contenir (les excès d’émotion sont toujours mal perçus chez les Fawley), elle voit l’injustice et la douleur gonfler ses veines.

Elle doit les sauver. Alors elle élève la voix. Elève le regard. Ne tremble (presque) plus. Oublie qu’elle est malade, elle aussi.
Elle prévient les éclats d’Alastar d’un nouveau geste de la main et d’un Let me finish presque murmuré, mais qui fait l’effet d’un fouet dans un manoir Fawley surchauffé, électrique, orageux, blessé.

Elle s’adresse aux deux, cette fois.

And you know they’re going to come for us all if we don’t react properly – including the little ones. Personne ne parle. Elle laisse ses paroles peser, résonner, faire son chemin (elle l’espère). We can’t let that happen. Silence. Aphrodisia s’appuie de ses poings sur la table pour faire face aux deux hommes mimant l’apathie. You lost a brother today (elle désigne Alastar du menton) – a son (elle se tourne vers Felix). That hits us hard, but that shall not knock us out. Elle se redresse, croise les bras. Elle a envie de mépriser leur réaction, leur incapacité à rebondir, voir plus loin, tenter de sauver leur peau – se conforte dans ce mépris artificiel pour continuer, malgré la bouche pâteuse, malgré les regards qui, elle le sait, la maudissent, peut-être même la tiennent responsable. Et elle essaye de les sauver, bordel ! This is no longer about glory, or ego, or whatever skrewt shite that may have ever been about – it’s about survival now. Le mépris grandit parce que c’est plus facile. Que c’est un terrain familier, que ça lui permet de se protéger. L’atmosphère est lourde et elle se débat comme un petit politicien castagneur – ne peut s’empêcher de penser que Wyatt aurait pu faire ce speech – non, Camilla aurait fait ce speech. Le coeur regagne ses lèvres alors elle durcit le ton, alourdit le regard. We did not know about Wyatt’s deviances. Implacable, c’est ce qu’il faut qu’elle soit. Elle entame les cent pas et fait rouler machinalement sa baguette entre ses doigts. We could not even have known! (Aigus théâtraux) We’re disgusted, we’re feeling betrayed. We cancelled the bloody funerals. Ses pas la mènent tout droit devant père et fils, sévère, austère. Ils n’ont toujours pas pipé mot depuis toute à l’heure. Elle a la délicatesse de les désigner de la main et non pas de la baguette. One of us will have to take the Mark. This is not an option. I’m too much of an outcast still, so it’s up to one of you. (Bref échange de regards. Après la perte de Wyatt, elle aimerait que Felix se propose spontanément ; mais elle ne lui vole pas cet honneur.) I will go to that Brigade again, repent somehow – I’ll find a way. I’ve got a sodding PhD, they’ll give me a job. Elle pivote plus franchement vers leur aîné. Le détaille de haut en bas, l’incitant silencieusement à ne plus jamais rien laisser paraître. Pas lui non plus. Sweetheart, you’re a public figure. You’re popular, you’re handsome, young girls like you. Use that platform to show that the Fawley family has an undying loyalty towards this government and that Wyatt… Wyatt was a mistake. Se détourne, un peu trop rapidement. Continue en leur offrant son dos pour seul interlocuteur. I will write to the kids, Maebh also. We start tomorrow first hour. Les dépasse pour déjà commencer à monter les escaliers. Se ravise en se raccrochant à la rampe (ses phalanges sont blanches). Fuck ideologies. And fuck these fuckers who took him from us. Aphrodisia redescend les quelques marches préalablement gravies, doucement, s’arrête devant son fils aîné. Elle plaque une main sur sa nuque, fermement, hésite à l’attirer contre elle dans une étreinte nécessairement maladroite ou à exprimer gauchement une forme de fierté. Mais les Fawley ne sont pas loquaces, même les soirs de non-enterrement. Elle se contente de faire retomber sa main sur l’épaule de son fils, la presser aussi fort qu’elle le peut dans ce qu’elle espère transparaît comme de l’affection. Sur ce elle baisse la tête, tourne enfin les talons et s’éclipse sans attendre le moindre mot de leur part (elle ne le supporterait pas).



2000-2006
mothers are humans. who sometimes give birth to their pain. instead of children.

2004; avery manor
WHERE IS HE? Aphrodisia, please Don’t go all please on me, Athena! Qu’elle beugle en se détachant férocement de l’étreinte de sa sœur. Elle a sa baguette en main et l’aînée préfère reculer face à la tension. Libérée, Aphrodisia se précipite vers les escaliers, tourne à droite, débouche sur un premier salon, un second bureau – l’autre Avery ne quitte pas ses talons. I told you, he’s not here anymore… Then where the fuck is he? braille-t-elle de plus belle, dans un état de fureur qu’elle n’a plus connu depuis des années. Pas convaincue, elle tire un rideau, dont le retour atterrit malencontreusement dans le visage de sa sœur ; arrache presque une porte de ses gonds d’un coup de baguette un peu trop vigoureux. Elle a atteint la chambre de Felix Junior et se retourne d’un coup. Did she take him? Did she hurt him? Athena sursaute et manque de la heurter de plein fouet. Aphrodisia n’attend pas sa réponse et effectue un demi-tour furibard en jurant au nom de tous les plus grands de ce monde. Elle est déjà en train d’emprunter la deuxième volée de marches. Aphrodisia, STOP! Un éclair lumineux passe autour de sa tête et vient heurter un luminaire – Athena a, à son tour, dégainé sa baguette. You’d better freaking stop, or I… Or what, you’re going to kick me out? Oh, wait – banish me from the family? Disinherit me? L’aînée ne répond plus aux provocations, mais elle agit. Elle a rejoint sa cadette sur le second palier et la propulse au sol d’une torsion silencieuse du poignet. Aphrodisia chute lourdement sur le tapis brodé aux armoiries de la famille Rowle et grogne ; Athena fond sur elle. I didn’t – listen to me, I didn’t – you didn’t do anything! Lui crache la plus jeune à la figure, se débattant à la manière d’un invertébré enragé sous la contrainte de sa sœur. She erased our little brother like he was nothing and YOU DIDN’T DO ANYTHING! Sa main est tendue au maximum vers la droite – l’instant d’après, elle se referme sur sa baguette, qui produit à son tour un éclair rouge et vient clouer la Rowle au sol. Sans plus tarder, Aphrodisia re-dévale les escaliers en sens inverse, se poste sur le perron et disparaît dans un bruissement de cape vers le manoir Avery. Elle ne laisse derrière elle que l’écho de ses derniers mots : Camilla was right about you, you’re her bloody worthy successor.

Elle atterrit l’instant d’après sur le seuil du manoir de son enfance, sans plus de cérémonie. Ses nièces sont les premières sur les lieux – Lexie vient immédiatement se réfugier dans ses bras, Joyce reste plus en retrait. Aphrodisia lui glisse tout de même une caresse affectueuse dans les cheveux avant de s’aventurer à la rencontre de Katherine Hargreaves, leur mère et accessoirement la femme de son frère. Leur étreinte est moins dynamique, mais tout aussi remplie d’émotion ; elle peut sentir Katherine frissonner contre son épaule. Une fois séparées cependant, elle retrouve une expression parfaitement neutre – Katherine est une femme d’une grande classe qu’Aphrodisia a toujours su apprécier à sa juste valeur. Les deux femmes se dirigent sans plus tarder à l’intérieur, prennent le chemin habituel du bureau de Warren. La maîtresse des lieux veille à jeter un sortilège derrière elle pour repousser toute éventuelle oreille traînante (Alexandra a hérité de plusieurs traits de personnalité de sa tante). Elle passe ensuite derrière le bureau, se laisse tomber un peu trop lourdement sur le siège usuellement réservé à son mari ; Aphrodisia prend place sur sa chaise attribuée, celle avec le petit coussin de velours, se penche légèrement en avant pour attraper les mains de sa belle-sœur. Oh, Katherine… How do you do, honey? L’intéressée est occupée à fixer un point imaginaire, sur sa gauche. Aphrodisia peut quand même discerner ses yeux embués. The last few hours… have been a bit rough… The girls, even Joyce, they don’t understand… La Fawley hoche doucement la tête, une expression de douloureuse compassion sur le visage. Elle resserre légèrement la pression sur leurs mains jointes. Well I guess you’ve heard it all but he won’t be referred to as an Avery anymore… won’t have the right to see his daughters anymore… will have to join that freaking brigade… Elle soupire longuement, ferme les yeux un instant. And obviously, we’ll have to divorce. Katherine rouvre subitement les yeux ; son regard est dur et vient au contact de celui d’Aphrodisia, son ton ne tremble plus mais est chargé de colère. Can you believe… she treated him like a dog… her own son… I’m sorry you had to see that… I should have come earlier, I’m sorry… I should have known… Mme Avery hoche la tête de gauche à droite. Elle renifle bruyamment, bascule légèrement la nuque en arrière pour contenir des larmes embryonnaires. No, no. I’m alright – I’ll be alright anyway. But the girls… I’m afraid Lexie might try to do something stupid… C’est au tour d’Aphrodisia de répondre par une négation rassurante. Elle n’a jamais été une très bonne mère – mais elle a toujours été une plutôt bonne tante. Comme Camilla avec ses petits-enfants… Hey, no, no way. We won’t let her do that, ok? Katherine, please, I’d like you to know – we may not belong to the same family anymore, but your daughters, they will always be Warren’s blood. Mine’s. And you’ll always be family, ok? Family looks out for each other. Right? I’m here, I’m not going anywhere. L’américaine acquiesce, positivement cette fois. Elle renifle encore un peu ; Aphrodisia détache délicatement leur main pour faire apparaître un mouchoir et lui tendre. Elle laisse le soin à Katherine de reprendre une contenance, qui murmure aussitôt Warren… Les yeux d’Aphrodisia s’élargissent, son approbation est un peu trop prononcée ; mille questions se bousculent sous sa boîte crânienne, elle se demande s’il a changé physiquement, s’il est blessé, qui va s’occuper de lui la prochaine pleine lune. Elle n’en décoche pas un mot, évidemment. Nothing is happening to him ever again – I swear. I’ll take care of him. Always. Dernier hochement de tête ; Katherine se lève lentement, brûle le mouchoir d’un coup sec. Aphrodisia se penche doucement en avant, attrape sa mâchoire et appose sa baguette sur les fossettes américaines pour faire disparaître les derniers sillons de larmes. You’re a great person, Daisy. Don’t let anyone tell you you’re not, especially your mother. You mean that daughter of banshee? Les deux échangent un rire, petit, timide, étrange. Katherine déverrouille la porte, se replonge brièvement dans les bras de la Fawley. Celle-ci en profite pour glisser un dernier mot à son oreille – Katherine, I’m sorry to ask you that but… did he have time to leave anything? An address, maybe?  Une onomatopée négative, désolée, vient lui répondre. Aphrodisia assure que ce n’est pas grave, qu’elle va le trouver avec ou sans aide. Elle rejoint le perron, sur lequel elle a débarqué comme une furie une demi-heure plutôt. Be brave. I’ll be back soon. And you know where to find me. Elle disparaît dans un nouveau tourbillon de cheveux trop soyeux pour être honnête (ses cheveux ne repoussent définitivement plus depuis l’AVC).

Trois heures à passer le Londres sorcier au peigne fin, c’est ce qu’il lui a fallu pour trouver le placard à balai lugubre dans lequel Camilla a muré son benjamin. Aussitôt trouvé, Aphrodisia a gravi les marches quatre à quatre (ignoré les bêlements du concierge) et ouvert toutes les portes à grands coups de baguette (provoquant le courroux de quelques autres habitants). Elle a enfin fini par tomber sur une silhouette à semi-recroquevillée sur un lit mangé aux mites – a envoyé voler la bouteille d’hydromel à grands renforts de you’re not a drinker, you don’t do that – a sommé l’intéressé de foutre le camp d’ici, sur le champ, parce que bordel, c’était pas pour rien qu’il avait sa propre chambre au manoir Fawley. Elle est restée de marbre face aux protestations, toutes, debout de tout son mètre soixante-trois à l’entrée de la minuscule pièce – jusqu’à ce qu’il fonde en larmes, bruyamment, la tête dans les mains. C’est le moment où elle a relevé sa cape pour se glisser à côté de lui sur le lit, d’abord l’entourer de ses bras, puis faire basculer sa tête sur ses genoux pour laisser courir des doigts réconfortants dans ses cheveux d’ébène. Elle a même chanté, un peu, comme elle aurait pu le faire à Angus ou à Deaglan (elle a toujours eu un instinct maternel plus développé envers Warren qu’envers ses deux aînés). Puis, quand les pleurs ont commencé à s’espacer, elle s’est retenue de trop parler, se contentant de maintenir un mouvement de balancier. A juste glissé, un peu abruptement un fuck them who say you’re not an Avery anymore. You’ll always be my brother, Ren. My baby brother.


2007; ministry of magic, level 9
C’est la première fois qu’ils lui filent son propre bureau et ça l’a presque émue. Bon, il s’agit plus concrètement d’un placard à Brossdurs, et on a d’ailleurs pas jugé bon d’agrémenter les murs de grès noir de fenêtres, même artificielles, mais tout de même, elle ne peut pas nier qu’elle a ressenti quelque chose en voyant Aphrodisia Fawley - National Magical Research Center placardé en lettres dorées sur la porte (elle a plus tard ajouté elle-même la mention PhD - Professor Emerita, juste en-dessous). Et puis en investissant dans quelques plantes, deux superbes lampes égyptiennes (dont une de taille presque humaine), et un lit pour chien, et encore en ramenant tous ses dossiers de recherche sur place (désormais empilés dans un équilibre précaire à droite à gauche), elle a vite fait cette pièce sienne. C’est qu’Aphrodisia peut être femme de peu quand elle le souhaite, et que la simple récompense sociale manifestée par l’attribution de ce minuscule espace lui suffit déjà amplement. Preuve en est, elle corrige aujourd’hui ses copies du Morgana College et n’a donc théoriquement rien à faire là ; et pourtant, elle a bien les pieds passés sur le bureau, la pipe à la bouche (elle crapote depuis peu, c’est un cadeau), Nephtys au pied du bureau (elle était un peu souffrante ce matin, et tant mieux si ça fait frissonner les gardes à l’entrée). Il y a un léger fond musical, aussi, du Fayrouz ; c’est qu’elle a tant une réputation d’orientaliste que de dramaqueen à tenir. Alors Aphrodisia elle est bien, tellement bien que quand on vient toquer à la porte de son bureau (qui fait ça ?) elle a si peu envie de se faire emmerder qu’elle préfère ignorer. Les coups se répètent, pourtant ; elle soupire et bascule la tête en arrière. Puis quand elle entend la voix qui l’appelle, de l’autre côté du panneau de bois, avant même qu’elle ait pu en décrocher une, elle manque bien de basculer complètement. Sodding hell.

Elle ouvre la porte d’un mouvement de baguette fourbu, mais la surprise a déjà disparu.
Et effectivement, presque naturellement, Cadmus Hyslop est là. Ils ne se sont pas vus depuis douze ans.
Et il est beau, presque autant qu’avant, les cheveux grisonnants mais le sourire toujours aussi rayonnant. Elle a les traits lisses, pourtant. Durs.

Well… Pas d’invitation à s’asseoir, pas même d’incitation à se décoller du panneau de bois noir. What are you doing here? Et pas d’animosité dans le ton, mais pas la moindre chaleur non plus. Cadmus baisse la tête et sourit, lui. You’re looking great. I like the suit. Il a désigné son ensemble d’un signe du menton. Elle l’aime particulièrement et doit reconnaître qu’il sait toujours appuyer là où ça fait du bien. Elle aimerait pouvoir lui retourner le compliment ; elle se contente de reposer lentement sa pipe, tasser un peu le tabac restant. Do you mean here or in England? Elle a le regard qui intime both et il le comprend bien. (Ils n’ont toujours pas besoin de causer outre mesure.) D’ailleurs, il a une gestuelle qui évoque l’envie de s’asseoir et elle le comprend bien. Elle ne dit rien pour autant. I’m settling down. It’s about time, I guess. Le Cadmus d’avant, pourtant, aurait demandé son approbation. Au moins trente pour cent de ses phrases de l’époque finissaient par un right? discret mais demandeur d’assentiment. Elle le note silencieusement, trace des dessins invisibles du bout des doigts sur son bureau. Son regard est bas ; elle n’a pas croisé ses yeux depuis qu’il est là. So you’re working with them, now? Le ton est devenu plus narquois et l’ambiance pourrait presque se détendre. Il répond d’ailleurs sur le champ. Aren’t you? Il a le sourire qui l’autorise à dire des choses pareilles, malgré le frémissement qui vient secouer l’échine d’Aphrodisia. Ses ongles se figent et s’enfoncent légèrement dans l’ébène. I’ve never been a Hufflepuff. (L’argumentation n’est pas forte et ce n’est pas le but). Il pouffe un peu. Elle ne le regarde toujours pas et il est toujours debout.

So you’re settling down, uh? De la raillerie a surgi un premier semblant d’accusation. Elle s’en veut et se promet de se reprendre. Il hoche la tête. Aphrodisia commence à sérieusement s’en vouloir parce qu’elle est à peu près convaincue (non, totalement convaincue) que “se reprendre” ne comprend pas “avoir l’impression que son coeur (ce salaud, encore) se casse la gueule dans ses chaussures”. With a family? Nouveau hochement de tête et encore un étage en moins pour le myocarde. Ses phalanges ont blanchi et elle se trouve ridicule. Any children? Et Merlin elle essaye de garder la face, même quand elle se retrouve presque à gesticuler pour éviter le regard de Cadmus. Elle ferme finalement à demi les yeux, trop fort quand il finit par confirmer. I have a son. Angus. Et c’est là que le sol semble se dérober sous ses pieds. Que l’audace de la situation vient balayer la tendresse d’un autre temps, droit dans les rotules. Elle se félicite d’avoir reposé sa baguette à une distance raisonnable ; le visage de Cadmus a pris une expression nouvellement inquiète. Il tente quelque chose, bredouille presque (Cadmus ne bégaye jamais), glisse qu’elle sait bien qu’il a toujours voulu appeler son fils comme ça, comme son grand-père. Aphrodisia a toujours les yeux fermés et les jointures plus blêmes que jamais. So this is some kind of a test, right? Sa paume droite vient soutenir une tête devenue trop lourde tandis que le visage de Camus se transforme encore : il a les sourcils qui se rapprochent et la mine confuse. Elle ne peut pas le voir et, plus honnêtement, ne veut pas le voir. I can’t believe out of all of them, it had to be you. C’est aussi qu’elle n’en a pas besoin pour savoir qu’il s’agite, qu’il s’avance et vient tirer la chaise d’en face à lui, qu’il ouvre déjà la bouche pour protester, ou tenter de comprendre, ou enfoncer le poignard toujours plus loin. Elle l’interrompt d’un geste de sa main libre. Sa voix n’est plus qu’un murmure ; Mrs Fawley se laisse retomber au fond de son siège, lève brièvement la tête vers le ciel. Merlin, why does the world keep throwing shit like that at me ?

Et c’est là, enfin, que ses yeux s’ouvrent ; qu’ils viennent se darder sur Cadmus fucking Hyslop, son premier amour, peut-être le seul. Il s’est assis et tente d’attraper la main partie se ressaisir de la pipe abandonnée. Elle se dégage vivement, mais lui laisse involontairement un semblant de champ libre. Last time I saw you, in Mauritania… You were with this woman, you seemed happy… I thought… Il bégaye trop ; il n’en faut pas plus pour qu’Aphrodisia s’enfonce davantage dans ses théories du complot personnelles, dans sa grande tragédie de martyr éternellement suppliciée, dans son éternel drame égotiste. Don’t. Il lui faut se contenir, il lui faut même renvoyer Nephtys à sa couche pour empêcher un bain de sang immédiat. Elle tire compulsivement sur la pipe, se raccroche aux branches - c’est que, bordel, elle n’arrive pas à croire que l’homme à qui elle s’adresse, l’homme qu’elle a aimée, a deux fils appelés Angus, que si, finalement, all men are trash. Un ricanement lui échappe, finalement. You know, all this time, I thought you could not answer my letters for some reason, but… Naively enough, I always figured you read them at least. Le ricanement s’intensife encore, commence à secouer le corps laissé frêle par les maladies, presque jusqu’à l’empêcher d’attraper sa baguette pour faire taire Cadmus d’une torsion du poignet. Et elle ne sait pas pourquoi c’est à ce moment-là qu’elle se met à penser à Warren, son abruti de si petit frère, et puis à sa fille, Joyce, et à ce foutu Crabbe, et à la manière dont elle s’est retrouvée à gifler Katherine et lui asséner que maybe we’re not family anymore after all, et à l’épave d’Alden, et à quel point, finalement elle est contente de ne pas avoir de fenêtre dans ce foutu placard à balais pour ne pas avoir à le recroiser, et… Le venin l’envahit ; elle a besoin de le recracher. Et elle a cessé de le regarder, et elle a déjà tendu la main sous son bureau, et empoigné une bouteille du plus doux Whisky Pur Feu de Londres. Déjà, c’est le ton sardonique de l’alcoolique sur le point de replonger qui vient l’animer. What are the odds, right… Turns out that you’ve got another son named Angus! Et puisqu’il aimerait protester, elle resserre sa poigne tant sur le litre que sur son mutisme. Elle se penche un peu vers lui, d’ailleurs - le sourire carnassier de l’éternelle femme bafouée à la bouche, de celle qui ne pourra accepter un je pensais que tu ne l’avais pas gardé. No worries, there is no need for you to be part of his life. Court silence. Un coup de baguette lui vaut de remplir son verre. Elle se lève. Just like there’s no need for you to be part of mine. Not anymore, qu’elle voudrait ajouter, même si ça lui donnerait l’impression de mourir un peu. Et elle aimerait hurler, et elle aimerait le griffer, et elle aimerait le défigurer. Ou lui demander pourquoi il fait ça. Mais le petit bureau est comme autant d’yeux inquisiteurs dardés sur elle-même, attendant le moindre faux pas. Elle ne leur donnera pas ce plaisir - presque pas.
Aphrodisia Fawley se sert un premier verre. Elle vieillit, le monde l’épuise… Elle veut se battre, et puis elle ne veut pas. Elle ne sait pas. Elle ne comprend pas. Elle fixe le visage familier, beau. Elle ne pense pas un mot de ce qu’elle vient de dire, ou peut-être un peu. Elle fixe Cadmus. Met les pieds dans les plats. Listen, I don’t know what you’re doing here, really… But if you’re going back to them, just tell them to fuck off. Parce que c’est plus facile. Parce que, quand il ne daigne pas bouger, elle peut enfin se mettre à hurler. GET OUT !

Et le goujat enfin décampé, et le cerveau toujours embrouillé, et le monde toujours plus dégueulassé, elle se laisse retomber, écoeurée, dubitative, furibarde, sur son gros siège de bureau. Tout mais pas ça.
Il ne lui resterait plus que l’alcool, presque.
Et puis, fuck them all. Presque.



Dernière édition par Aphrodisia Fawley le Jeu 4 Juin - 16:03, édité 7 fois
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THE QUEEN IS BACK POUSSEZ-VOUS DRAMAAAA
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Neville Longbottom
ORDER OF THE PHOENIX
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CE PERSO (daisy) twice the man you are. 123712488 (daisy) twice the man you are. 1634921035
trop contente de te revoir jouer daisy (daisy) twice the man you are. 941336645
comme d'hab, le fc, la classe palpable, elle pèse. rebienvenue à la maison et bonne rédaction (daisy) twice the man you are. 123712488
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Ishmael Levy
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DRAMAAAA la classe, que du croustifondant
bon retour, bienvenue y tout. j'ai hâte de lire ce que tu nous prépares, j'aime la lecture  (daisy) twice the man you are. 1150482778
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Aw, yes, welcome back. hehe
Et bon courage pour ta fiche !
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ce perso envoie du lourd ! (daisy) twice the man you are. 1323145405
(re) bienvenuuuue (daisy) twice the man you are. 736882016 (daisy) twice the man you are. 736882016
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fbqsjbfqkjsfb je suis TROP HEUREUSE DE CE RETOUR (daisy) twice the man you are. 941336645 (daisy) twice the man you are. 1172237334

ta daisy était géniale on était trop tristes quand on a dû te supprimer alors je suis vraiment trop trop contente de te revoir ici et avec ce même personnage du feu de dieu (daisy) twice the man you are. 2223887705 rebienvenue à la maison du coup, et contente de savoir que tu refais partie de la famille ! (daisy) twice the man you are. 1150482778
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