BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
FORUM À ACTIVITÉ LIBRE — PAS DE RESTRICTIONS
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
      
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 KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes

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kamala chase
knives and roses

 
midoriya.
âge » vingt-cinq ans fréquence de connexion » tous les jours, évidemment (héhé). comment t'as connu le forum ? » je l'ai couvé et maintenant il est grand avatar » summer bishil, avatar par killing boys. mon personnage est » [••] inventé

NEW ORDER
nom prénom(s)  » Kamala, il paraît que c'est son père qui l'a choisi. Elle n'a aucune preuve, cependant, puisqu'il est parti quelques jours après sa naissance. Sa mère ne l'a jamais appelée Kamala, mais Roseanne, son second prénom. Comme s'il fallait à tout prix effacer les traces de cet homme qui avait décidé de les quitter. Roseanne est aujourd'hui un prénom qui appartient à sa vie d'avant, mais qu'elle garde pour se souvenir qu'elle a sû s'en libérer. Kamala s'est réappropriée son véritable prénom avec le temps, grâce à des personnes qui ont compté pour elles.
C'est le nom de famille de sa mère qui est écrit sur ses papiers de naissance : Chase. Il paraît qu'elle a porté celui de son père, quelques temps, mais que sa mère l'a fait changer pour des facilités administratives. Kamala n'a jamais connu le nom de son père. Après sa fausse adoption en Angleterre à l'âge de 10 ans, elle a porté officiellement le nom de Watson, mais elle a fait des démarches pour reprendre son véritable nom une fois qu'elle s'est émancipée du gang qui la retenait dans cette identité qui n'était pas la sienne.

surnom(s)  » Elle en a des centaines. Peut-être bien mille. Depuis ses onze ans, Kamala a été présentée sous des tas d'identités, des tas de visages. Pour ses clients, elle accepte tout appelle moi comme tu veux, bébé. Elle est tellement habituée à porter d'autres prénoms qu'elle y a presque perdu son identité, à une époque. Il lui arrive encore de se retourner sur un prénom qui n'est pas le sien, dans la rue.

date de naissance » Kamala est née le 13 août 1980, dans le Bronx New-Yorkais. Elle vit cependant au Royaume-Uni depuis qu'elle a dix ans. Elle a obtenu la nationalité britannique avant le passage au pouvoir de Voldemort.  

origines & nationalité  » Tout ce qu'elle sait de son père, c'est qu'il est (ou était) d'origine indienne. Il n'y a pas plus de détails, et Kamala n'en a jamais cherché, elle n'en a pas vraiment eu l'occasion. Sa mère, était américaine et mexicaine. L'anglais se mélangeait à l'espagnol dans le petit appartement qu'elles partageaient - c'est l'un des rares souvenirs que Kamala a de sa mère.  

pureté du sang  » Le sang de Kamala est mêlé. Sa mère était tout ce qu'il y a de plus moldu, alors elle s'est longtemps doutée que c'est de son père qu'elle tenait ses gênes sorciers. Le sortilège Von Baüme l'a confirmé en 2001.

métier/études  » Elle n'est jamais allée à l'école. On l'attendait probablement à Ilvermorny, mais elle a été adoptée, un an après la mort de sa mère, par une fausse famille de sorciers anglais. Sa rentrée, à onze ans, elle l'a fait dans un gang international, spécialisé dans le trafic d'enfants et jeunes adultes métamorphomages. Utilisée pour diverses tâches (vol, réconfort de parents en deuil, glanage d'informations) pendant sa pré-adolescence, elle est devenue prostituée à quatorze ans. Elle est restée sous leur coupe jusqu'à ses vingt ans, âge auquel elle s'est alliée à Zanjin Kang pour renverser leurs gangs respectifs. Depuis, elle a suivi Kang, et est devenu l'un de cinq Wolves des Warlocks après qu'il lui ait confié l'activité officielle du gang : la gestion du cabaret Dancing Phoenix, situé à Londres. Elle en est la patronne exigeante, redoutée, mais elle se produit également sur scène en tant que chanteuse et danseuse, quand le cœur lui en dit. Kamala continue également son activité de prostituée en parallèle, mais désormais, elle a le choix de ses clients. Elle glâne aussi toujours des informations à droite et à gauche, qu'elle ramène aux Warlocks, et ne rechigne pas à un meurtre tous les 36 du mois, quand c'est justifié.

orientation & état civil  » Kamala ne se met pas vraiment d'étiquettes : elle désire tous ceux qui ont du charme à ses yeux. Nombreux sont ceux à qui elle offre son corps (pansexuelle). Elle réserve son cœur, par contre, aux âmes les plus spéciales. polyamoureuse, il y a trois hommes dans son cœur à ce jour, l'u est à ses côtés au quotidien, l'autre ne va pas tarder à la détester, et l'autre s'est évaporé dans la nature depuis trop longtemps.

camp  » Kamala reste égoïste, aveugle aux problèmes du système actuel. Elle considère qu'elle a assez donné et que tant que l'argent tombe dans les poches des Warlocks et que ses doves ne sont pas maltraitées, tous les clients sont bienvenus : mangemorts, sorciers lambda, résistants. Son allégeance va aux Warlocks, et particulièrement à Zanjin, qui l'a sortie de l'enfer de son précédent gang. Où il ira, elle suivra, même si ça veut dire renoncer à des choses qui lui sont chères.  

baguette  » C'est un client qui a offert à Kamala sa première baguette : elle se rendait chez lui tous les étés, de ses douze ans à ses dix-neuf ans, officiellement pour jouer le rôle de sa fille décédée. Elle l'a beaucoup aimé, cet homme. Elle le considérait comme son père. Il est malheureusement décédé en 1999, et Kamala garde son présent précieusement. C'est l'une des seules reliques qu'elle ait de cette époque. Elle ne l'utilise cependant pas autant qu'elle le devrait : on ne lui a pas assez appris à la manier, et elle a toujours préféré la magie sans baguette. (vingt-quatre centimètres, bois de cèdre, crin de sombral).

patronus  » Elle ne manie déjà pas très bien les sortilèges avec sa baguette, et n'a pas appris la magie dans des conditions idéales, alors lui demander de produire un patronus, c'est un peu ambitieux.

épouvantard  » Kasius, l'ancien chef des Faces et son agresseur principal, revenu d'entre les morts.

particularité(s)  » Kamala est née avec ce qu'elle a longtemps vu comme une malédiction : le don de métamorphomagie. Si elle n'avait pas été ce qu'elle est, peut-être qu'elle aurait atterri dans une famille normale. Peut-être qu'elle aurait vécu une vie calme et paisible.
Son don était assez instable, quand elle était enfant. Quand elle a été enrôlée dans un gang qui faisait du trafic de métamorphomages, à onze ans, elle a appris doucement mais sûrement à le maîtriser. Au bout de dix ans, elle était devenue une métamorphomage extrêmement talentueuse, capable de garder son apparence pendant des très longs laps de temps, et capable de tromper ses interlocuteurs sans difficulté. Elle maîtrise également très bien la transformation rapide, à force d'entraînement et de missions qui ont nécessité des changements rapides. Son don a été son métier pendant de très, très longues années, et l'est encore parfois aujourd'hui. Pendant longtemps, elle s'en est servie par obligation. Aujourd'hui, elle s'en sert par choix.

N'ayant pas appris à canaliser sa magie à travers une baguette pendant de très longues années, Kamala a longtemps pratiqué la magie sans baguette sans mettre de nom sur cette pratique. C'était comme ça pour tous les gamins chez les Faces, le gang dans lequel elle a été enrôlée quand elle avait onze ans. Au cours de sa treizième année, elle a fait la rencontre d'une vieille prostituée qui utilisait une forme de magie sans baguette qui la fascinait : avec ses mains et ses doigts, la vieille enchaînait des chorégraphies complexes, avec des gestes pour chaque sort. Au fil des années, Kamala s'est trouvée être de plus en plus familière avec cette forme-là, et même si la vieille n'a pas pu lui apprendre tout ce qu'elle savait avant d'être rattrapée par la faucheuse, Kamala en a suffisamment appris pour utiliser la magie de cette façon au quotidien. Cette forme de canalisation de magie, sans baguette, est assez rare au Royaume-Uni et se trouve être un outil intéressant face à ceux qui n'en ont jamais entendu parler. .

pensieve
anecdotes/chronologie/whatever  » infos diverses et non-essentielles à l'histoire : Kamala parle couramment l'anglais, l'espagnol, le français et la langue des signes. ☾☾ Elle a de très nombreuses cicatrices et marques en tous genre sur le corps, qu'elle masque au quotidien grâce à son don de métamorphomage. ☾☾ Kamala ne se refuse rien : bijoux, vêtements, peintures... Elle n'hésite pas. Elle est toujours habillée de manière un peu trop extra au goût de certain, n'hésitant pas à abuser des pierres précieuses et des robes haute-couture, mais elle se fiche bien de ce qu'on dit d'elle. She's the queen of the castle.

chronologie


trigger warnings : l'histoire de Kamala est plutôt... violente. mon histoire est parsemée de divers trigger warnings, que vous trouverez au début de chaque paragraphe. dans la chronologie ci-dessous, j'ai épuré un peu les choses, mais vous trouverez des mentions de : prostitution infantile, meurtre, pédophilie, maltraitance et abus sexuels sur mineurs.

1980  ☾ Kamala Chase nait à New-York dans le Bronx. Son père s'évapore dans la nature quelques jours après sa naissance, la laissant avec sa mère, Maribel, membre d'un gang moldu particulièrement violent. Maribel et sa fille se croisent peu. Kamala est appelée Roseanne par sa mère.

1983-1990  ☾ L'école, ce n'est pas trop son truc, à Roseanne. Elle ne s'entend pas très bien avec les autres enfants, se bat beaucoup, et ne fait aucun effort. Elle est exclue à plusieurs reprises. Sa mère n'en a pas grand-chose à faire.

1990  ☾ Roseanne découvre le corps de sa mère, assassinée par un gang rival. Elle est prise en charge par la police moldue. Les services socieux se chargent de la mettre dans un processus d'adoption. Mr. et Mrs Watson se présentent, quelques semaines plus tard, pour l'adopter. Malheureusement, ils ne sont pas ce qu'ils prétendent. En réalité, ils sont Olenna et Ricky, deux membres chargés de la harvest pour un gang appelé The Faces spécialisé dans le trafic et la prostitution de métamorphomage. Ils laissent Kamala au QG anglais des Faces, un énorme souterrain aux airs de caverne.

1990-1994  ☾ Comme tous les plus jeunes enfants du gang, Roseanne est envoyée sur des missions diverses pour récupérer des informations, observer, voler. Elle n'est pas à l'aise dans ce rôle, ce qui lui vaut de très nombreuses punitions qui lui laisseront des marques physiques indélébiles, qu'elle n'arrivera à masquer que grâce à son don de métamorphomage.

Début 1994  ☾ Après que Roseanne ait tué (légitime défense) un informateur des Faces qui tentait de la tuer, elle est convoquée dans la salle du trône des Faces, par leur leader britannique, le Prince Kasius. Il abuse d'elle pour la première fois et décide qu'elle sera transférée à la Charm School, la branche de prostitution du gang.

Été 1994  ☾ Pour tester Roseanne, Kasius décide de lui donner la mission de satisfaire un nouveau client important. Rose est envoyée chez un vieux français, Thierry Baudry, pour jouer le rôle de sa fille décédée. L'homme, cependant, est quelqu'un de bien. Il met fin à la mascarade rapidement et la petite et le vieux se lient d'amitié. Le gang n'est jamais mis au courant de leur petit arrangement. C'est le premier de très nombreux étés qui permettront à Kamala de sortir la tête de l'eau.
Elle rencontre également Kad et Simon Wen, les voisins de Thierry. Elle se lie d'amitié avec les deux garçons. Ils sont les premiers à l'appeler Kamala.

1994-1996  ☾ Kamala devient officiellement une prostituée chez les Faces. On apprécie ses services et elle remonte dans l'estime de Kasius, qui l'apprécie de plus en plus et l'abuse régulièrement.

1996  ☾ Pour la première fois de sa vie, Kamala tombe amoureuse. Elle embrasse quelqu'un qu'elle aime, et elle donne son corps de manière consentante pour la première fois. C'est le début d'une reprise de contrôle qui la sauvera, et le début d'un amour immuable pour Simon Wen qui défiera toutes les distances.

1996-1998  ☾ Kamala est toujours prostituée, mais elle prend de plus en plus de place aux côtés de Kasius, qui continue cependant à abuser d'elle. Elle joue à son petit jeu avec une nouvelle détermination : elle veut le faire tomber.
En 1996, elle rencontre un nouveau client pas comme les autres, qui refuse notamment de coucher avec elle : Zanjin Kang. Elle ne sait pas à cette époque qu'elle vient de rencontrer l'une des clés de sa libération.

1998  ☾ Cet été-là, les Wen ont disparu. Kamala n'a plus aucune trace d'eux. C'est tout à coup un grand vide.
Quand elle rentre de chez Thierry cet été-là, c'est une première victoire : Kasius demande à Kamala d'éliminer Olivia, la gouvernante qui gère toute une partie du réseau de prostitution des Faces britannique. Il demande à Kamala de prendre son poste. Kamala se débarrasse de la femme et lui promet de tuer Kasius.
Grâce à ce nouveau poste, elle a plus de contacts avec le reste des branches britanniques du gang et commence à motiver les troupes (prostitué.e.s, gardes, informateurs) pour monter une rébellion. Elle fait un pacte avec Zanjin Kang pour qu'il l'aide dans ses projets, et pour que les Faces qui sortiront de cette purge puissent rejoindre les nouveaux Warlocks de Kang.

1999  ☾ Kamala retourne chez Thierry pour l'été et il lui annonce qu'il est mourant. C'est une nouvelle terrible pour la jeune femme qui perd l'homme qui la connaît le mieux et qui l'ai aidé à reprendre le contrôle de sa vie. Elle est sa seule famille, il lui lègue toute sa fortune et son patrimoine. Kamala n'aura plus jamais à s'inquiéter de sa situation.

2000  ☾ Kasius assassine très violemment l'une des deux amies proches de Kamala au sein du gang. Cela finit de décider Kamala à agir. Le plan se précise, et en parallèle de la Purge des Warlocks, la Purge des Faces a lieu une nuit de juillet.
Aux quatre coins de l'Angleterre, des victimes du gang se soulèvent, assassinent leurs boss et font exploser les hauts lieux du gang.
À Londres, Kamala fait évacuer le souterrain, QG officiel des Faces, après que les hauts-généraux aient été tués par les jeunes. Elle pénètre une dernière fois dans la salle du trône devant un Kasius qui n'a aucune idée de ce qui se trame, et l'assassine sans hésitation.
Tout explose, les Faces ont disparu.

2000-2007  ☾ Une partie des anciennes victimes des Faces est partie en quête de liberté. Ceux qui n'avaient nulle part où aller ont suivi Kamala chez les Warlocks.
La jeune femme a hérité du titre de Wolf et est mise à la tête de l'activité officielle du gang : le cabaret Dancing Phoenix, un endroit où elle s'épanouit pleinement.
En parallèle de ses activités chez les Warlocks, Kamala continue de traquert avec sa meilleure amie Tasya les anciens tortionnaires des Faces qui sont parvenus à s'échapper. Elle retrouve Olenna et Ricky en 2005 et les fait disparaître. Elle surveille de près que les autres branches internationales du gang ne cherchent pas à se ré-implanter au Royaume-Uni.


Dernière édition par Kamala Chase le Lun 18 Mai - 0:01, édité 6 fois
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biographie
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1986
NEW-YORK, BRONX. Roseanne a six ans. Son monde tourne autour de toutes petites choses. Les dessins animés de la seule chaîne captée par la vieille télé installée dans un coin du vingt mètre carrés. La musique qui fait boum boum de leurs voisins, et les voix qui s’élèvent plusieurs fois dans la journée, sans qu’on puisse vraiment distinguer les mots, juste la colère dans leur ton. Le petit réveil posé sur la table de nuit à côté du lit qu’elle partage avec sa mère, devant lequel elle peut passer des heures à attendre, en comptant les secondes. Le plafond fissuré, dont elle connaît les aspérités par coeur, à force de s’allonger par terre et d’attendre. Les lumières des voitures qui passent, qui colorent le plafond de rouge, puis de blanc.
Il n’y a pas de livres ici, pas de jouets inutiles, pas de lumière, non plus.
Il a juste l’attente. L’excitation quand le réveil affiche enfin 7:00 et que Kamala entend la clé de sa mère qui tourne dans la serrure. Elle revient de sa nuit de travail, mais Rose ne sait pas ce que c’est, son travail. Elle sait juste que sa mère est belle, qu’elle porte beaucoup de maquillage, et que quand elle revient, elle ramène toujours avec elle une liasse de billets et des bonbons. Parfois, ses yeux sont plus sombres, son visage porte des traces sur lesquelles elle appose encore et toujours plus de maquillage. Roseanne l’observe, assise par terre, apposer le fond de teint, l’eye-liner, le mascara, dans l’obscurité de l’appartement. Parfois elles s’installent toutes les deux, autour d’une bougie, et elles parlent de l’école - où Rose déteste aller. Et puis maman repart toujours, pour revenir seulement pour quelques heures. Mais ce sont les plus belles heures de la journée, quand maman est là.

1989
NEW-YORK, BRONX. « What did you do? » Les yeux de maman sont brillants. « I punched them. » Maman baisse les yeux et soupire. Roseanne se retourne vers la poêle où deux oeufs cuisent tranquillement. Elles ne disent rien : il n’y a pas de sermon, pas de reproche, rien. Maribel aimerait être le genre de mère à pouvoir donner des leçons. Mais elle n’est pas légitime. Comment demander à sa fille de respecter des règles qu’elle brise elle-même sans hésitation ? « Just don’t get expelled. » Rose ne répond rien. Elle a été mise sur la touche pour une semaine, mais inutile de le mentionner : maman ne s’en rendra pas compte. Elle ne sera pas là pour voir qu’elle reste à la maison la journée, elle ne regarde jamais le courrier et ne répond jamais au téléphone, alors l’école aura bien du mal à la prévenir. Maribel ne dit rien de la marque sur le visage de sa fille qu’elle a vu en entrant, ni sur le fait que la marque a disparu comme par magie dès lors que Rose s’est rendue compte de sa présence.
Les silences et les non-dits sont l’ADN de leur drôle de duo.
Elles vivent ensemble, mais elles ne se connaissent pas.
Roseanne ne sait pas ce que fait sa mère, comment elle ramène de l’argent, pourquoi elle rentre à des heures différentes chaque nuit, pourquoi parfois, quand il se passe des choses étranges, elle la regarde avec un éclair de peur dans les yeux. Maribel ne sait pas qu’il n’y a pas que le visage de Roseanne qui est en mauvais état. Elle n’a aucune idée qu’elle a deux côtes cassées à cause de son incapacité à gérer sa colère et la moindre insulte qu’on lui balance. Elle ne sait pas que sa fille n’a aucun ami à l’école, et qu’elle emprunte déjà son maquillage quand elle sort après l’école. Elles se croisent, telles des étrangères, telles deux ombres cohabitant dans le même monde mais dans des réalités parallèles.

1990
NEW-YORK, BRONX. L’agent de police qui lui a refilé un jus de fruit n’arrête pas de regarder dans sa direction. Roseanne sait que ce n’est pas parce qu’il a pitié d’elle, mais bien parce que ses cheveux ont changé de couleur plusieurs fois depuis qu’elle est arrivée ici. Il essaie de faire sens de ce qu’il voit, mais il commence à se demander s’il est devenu fou. Rose est habituée, alors elle le fixe, pour le fun, en tirant sur la paille de la boîte cartonnée. Finalement, elle hausse les sourcils. « What, you’ve never heard of superpowers? » Elle soupire. « Pendejo » murmure-t-elle entre ses lèvres, empruntant l’insulte à sa mère.
Personne ne vient la chercher avant plusieurs heures alors elle reste là, assise dans l’entrée du poste, à regarder les gens passer, à imaginer d’où ils viennent et pourquoi ils sont là, son corps recroquevillé sur la chaise et ses sourcils constamment froncés.
La nuit laisse place au jour quand une femme d’une cinquantaine d’année arrive avec sa petite malette. « Hi, Kamala. I’m Susan. » Rose grimace en entendant son prénom officiel, qui lui rappelle l’école. « I’m really sorry about your mother. Please follow me. » La vieille essaie de lui faire parler de ce qu’elle a vu, de ce qu’elle a ressenti, ce genre de choses. Mais Roseanne n’a pas envie de parler. Elle veut juste rentrer à l’appartement et s’assurer que personne ne vole les affaires de sa mère. Elle a un plan : choper l’argent caché sous l’une des planches du parquet et l’embarquer avec elle vers d’autres horizons. Si sa mère n’est plus là, alors il ne lui sert à rien de rester là non plus. Elle compte aller ailleurs. Elle ne sait pas encore où, mais loin d’ici. Elle déteste New-York Il n’y a rien ici, personne pour elle. Elle n’a pas d’oncles, de grands-parents. Il n’y a pas d’amis de sa mère pour la récupérer. À vrai dire, Roseanne ne sait même pas si sa mère avait des amis, mais elle en doute : elle n’en a jamais rencontré. La seule personne qu’elle ait jamais vu est un drôle de gars qui l’a fait asseoir dans un coin de l’appartement un jour, en attendant que sa mère rentre. Elle se rappelle juste de son flingue, de l’odeur de ses cigares qui ont imprégné l’appartement pendant plusieurs semaines. Il n’avait pas l’air d’un ami.

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tw : meurtre, sang, mutilation de cadavre

Ricky n’a clairement pas l’air d’un père respectable : il a les jambes écartées, les mains croisées sur son ventre, une barbe de trois jours et il ne cesse de bailler en ouvrant grand la bouche. Olenna lève les yeux au ciel et le frappe sur l’arrière de la tête. « Hey! » Le regard noir de la russe le fusille et il accepte de se redresser en soupirant. Il passe une large main sur sa gueule fatiguée. « Why are we doing this ? We could just take the child and be done with it. » « Because roleplay is fun. » répond Olenna avec un petit sourire en coin, alors qu’elle dispose en face d’elle des papiers moldus, fabriqués de toutes pièces. « It’s fun in bed. » soupire Ricky. Pourtant, il fait un effort, et doucement, la barbe disparaît pour laisser place à une peau rasée, ses sourcils changent de forme, et ses cheveux semble se raccourcir. En un geste de la main, il les a coiffés. Tout à coup, il n’a plus du tout la même allure, et son petit polo fait enfin sens avec le reste de son apparence. « Better. » Olenna l’embrasse au moment où la porte s’ouvre sur la femme avec laquelle ils ont rendez-vous. « Mrs and Mr. Watson. » les salue-t-elle, avant de s’asseoir en face d’eux et d’être accueillie par de grands yeux pleins d’espoir - ceux des parents qui se battent depuis longtemps pour avoir un enfant, pense-t-elle. « Thank you for coming so soon. As I was telling you on the phone… We want Roseanne to find a home as soon as possible. » « Roseanne ? » « It’s her second name. Her mother used to call her Roseanne all the time. Most of the time she does not even respond when we call her Kamala. » Olenna, qui s’appelle officiellement Jennifer Watson aujourd’hui, acquiesce. « How is she? » fait-elle, feignant une inquiétude certaine. Susan, l’assistante sociale, soupire. « She’s… difficult. She acts like her mother’s death was nothing, and refuses to talk about it. » Jennifer Watson pince les lèvres. « But… it was a violent death, right. » « Oh yes it was. There was blood everywhere. We still haven’t found the arms and legs--- Hum. Sorry. » Ricky - Arthur Watson - passe une main autour des épaules de son épouse et se tourne vers Susan. « It’s ok. It’s better if we know. » Susan baisse les yeux vers ses fiches. « Maribel Chase wasn’t a good person, you know. And at least her daughter doesn’t know everything. She doesn’t know anything about her mother’s jobs… She’s only seen bruises, cuts, and that’s all. She wasn’t there when her mother was killed, she just found what was left of the body. » « This is horrible. Poor child. » Il y a des larmes dans les yeux de Mrs. Watson. « She’s been with us for three weeks now, and it’s been… complicated. Rose fights all the time with the others, she’s not comfortable with other children. That’s why we called you : we needed a home where she would be the only child. » Jennifer et Arthur acquiescent. « There’s also… something else. » Un silence s’étire. « What is it? We can hear anything. » « She seems to have a talent for… make-up, and dressing up in general. She’s fooled more than one of us during her stay. She’s good. You’ll have to be careful. » Susan pense que sa mère lui a appris. Les moldus voient bien ce qu’ils veulent voir. « I’m not going to lie to you. This is going to be difficult for you. She’ll need time, a lot of therapy and you’ll need to find the way to… handle her. We haven’t, for now. » Les Watson échangent un regard entendu, Olenna et Ricky échangent un sourire satisfait. « We’re ready for this. We’ve waited for her our whole life. »

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tw : kidnapping, trafic d'enfants

« We’ve waited for her our whole life. » Olenna bascule la tête en arrière. « That was good, baby. So touching. » Elle pose une main sur son coeur, feint d’être émue. Devant les yeux de Susan l’assistante sociale, ils sont montés dans une voiture moldue il y a à peu près 10 minutes, avec Roseanne à l’arrière (qui arbore un bleu sur la joue et un bras dans le plâtre). Bien sûr, Ricky ne sait pas la conduire, alors il a juste posé ses mains sur le volant et c’est grâce à sa baguette que la voiture avance depuis le début. Ils attendent d’avoir quitté un peu la ville pour faire disparaître le véhicule. En attendant, ils débriefent, se congratulent, s’embrassent comme des adolescents. Ricky n’arrête pas de voir la gamine qui grimace à l’arrière. « You better get used to this, kid. » Elle ne sait vraiment pas ce qui l’attend. Ricky et Olenna ont repris leurs voix normales, et laissent leurs accents naturels reprendre le dessus : le russe danse sur la langue de la femme, l’anglais britannique sur celle de l’homme. La gamine derrière ne dit rien mais Olenna attend avec impatience le moment où elle va se rendre compte que les choses sont étranges.
Elle est toujours silencieuses, les sourcils froncés, au bout de quinze minutes de trajet, alors les amants terribles échangent un regard et d’un commun accord, reprennent leurs apparences normales. Les cheveux d’Olenna passent du blond au noir de jais, ses yeux du marron au bleu. Ricky reprend sa barbe et ses cheveux mi-longs. Leurs tatouages réapparaissent - aux bras pour Olenna, au visage pour Rick.
La gamine a les yeux écarquillés, tout à coup, et sous le choc, ses cheveux à elle passent au gris. « Are… are you like me ? » demande-t-elle en s’avançant un peu, les mains posées sur les dossiers des sièges de l’avant. Les deux adultes échangent un nouveau regard amusé. « You can say that. » « I’d say… We’re you in ten years. » Ils sont jeunes, Ricky et Olenna. Ils n’ont pas plus de vingt-et-un ans. « Cool. » Rose a l’air bien plus emballée à l’idée d’avoir de nouveaux parents, tout à coup. Les nouveaux parents, cependant, ne la calculent plus vraiment, maintenant que leurs véritables apparences ont eu leur petit effet de surprise. « So, I didn’t wanna tell you but… This? This is going to buy us a trip to Seychelles, baby. » Olenna tourne de grands yeux vers Rick. « What do you mean? » « This is my 100th child. » La russe écarquille un peu plus les yeux. Elle sait tout de suite ce que cela veut dire. Pour les Harvesters, chaque centaine d’enfant représente un prix. « I… I love you so much, Ricky. » « I love you too, baby. So much. » La voiture tourne sur une petite route et en quelques secondes, les deux adultes sont sortis et Olenna attrape Roseanne par le poignet pour qu’elle quitte le siège arrière. « What are you doing??? » « You said you wanted to travel, right? » Un peu plus loin, Ricky déterre ce qui ressemble à une peluche. Olenna sent que la gamine tire sur son bras, pour essayer de s’en libérer. Elle sent que quelque chose va de travers. « Ready? » Olenna pose son doigt et la main de la petite sur la peluche, et le monde commence à tourner autour d’eux.
Quand le tourbillon s’arrête, ils sont dans un grand hall souterrain, où les voix de dizaines d’enfants résonnent. « Home, sweet home. » soupire enfin Olenna en s’étirant. Ricky regarde la petite, qui observe tout autour d’elle mais ne semble trouver aucune porte de sortie. Elle n’en trouvera pas. Elle est comme un petit rat piégé, comme ils l’ont tous été. « Welcome to The Faces, kid. » Les yeux de la gamine sont emplis de panique, tout à coup. Ça le fait sourire. Elle qui jouait les dures tout ce temps, elle finalement tout comme les autres. « Come on, the boss is waiting. And I want my money. » Ricky prend la gamine dans ses bras et l’embarque dans un dédale de couloirs jusqu’à une énorme cave souterraine, au milieu de laquelle se trouve un trône. Il est fait d’or. Même à cette distance, impossible de le prendre pour de la contrefaçon. « Prince Kasius. » Un homme grand, les yeux maquillés de noir, apparaît soudain derrière le trône. « Oh, my favorite children are back. Let’s see what you brought me today. »

1994
tw : maltraitance, mention de prostitution de mineurs, pédophilie, viol.

LONDRES. ROYAUME-UNI. Kasius attend, et il n’est pas content. Même le verre entre ses doigts ne parvient pas à le calmer. Même la musique de fond sur laquelle s’appose la voix mélodieuse de l’un de ses précieux enfants ne rend pas sa colère plus douce.
Les portes de la salle du trône s’ouvrent sur la gouvernante du dortoir 18, Camilla, qui tire la gamine par l’oreille. Elles approchent, la gamine se débat un peu, mais moins qu’elle le faisait à une époque. Elle apprend, peu à peu, à rester à sa place. Mais c’est long, trop long. Beaucoup trop long aux yeux du Prince qui rêve d’un quotidien fait d’harmonie et de calme. « Prince Kasius. » salue la gouvernante avant de lâcher l’oreille de la gamine pour la pousser jusqu’aux marches qui mènent au trône d’un coup de pied dans le dos. La gamine s’échoue aux pieds du prince, qui quitte son siège pour s’accroupir devant elle. « Oh, Roseanne, Roseanne. Don’t you ever learn? » Sa voix est douce, lente, tandis qu’il se penche et prend le visage de la gamine entre ses longs doigts fins. « We’ve had this conversation before. » Il lâche brusquement son visage et lui intime de se relever. Elle se relève, tente d’essuyer le sang qui coule de sa bouche mais celui-ci s’étale sur son visage, ce qui fait grimacer Kasius. Il aime ce qui est parfait, ce qui est lisse. Ce n’est pas pour rien que c’est sur les métamorphomages que les Faces ont bâti leur empire. L’imperfection est une plaie.
Et Roseanne est imparfaite à tous les niveaux. Son apparence naturelle lui est désagréable : son nez est trop gros, son visage trop large, ses cheveux sont trop entre-deux couleurs, ses dents ne sont pas tout à fais alignées. Et son travail ? C’est une catastrophe. Il la regarde, de haut, et Roseanne détourne le regard, comme on le lui a appris. C’est impoli de regarder le prince dans les yeux, sauf quand il le demande. Au moins il y a quelques règles qui sont rentrés dans son crâne. « Camilla told me you killed the source. Is that right? » « Yes I did. » Kasius serre le poing. « And how did you kill him? » Roseanne hésite. Kasius serre le poing un peu plus fort. « Cut his throat. With my knife. » Le prince soupire, et dans un élan de rage, attrape la gamine par la gorge. « This is not. how. we. do. things. here. » « But he tried to kill me! » Kasius lève les yeux au ciel. « I really don’t care. You know that when someone has to die, it has to be you, not the source. You should have let him kill you. He was irreplaceable. You’re not. » Elle ne répond pas, et il sait que ce n’est pas parce qu’elle manque d’air, mais bien parce qu’elle n’a pas envie de répondre, ce qui le met encore plus en colère. « You’ve been here for three years and a half, and you’ve never proven to me you could be really useful. Not once. You do your regular job, but you never go the extra mile. » dit-il, toujours de sa voix douce et mesurée, qui tranche avec la force et la colère de sa main contre la gorge de la famine. « However, I’m magnanimous. You’re lucky. I can accept that maybe, you’re not good on the field, and information is not the right service for you. » dit-il avec une petite étincelle dans le regard. « It has happened before, with others. » Il la lâche enfin, la gamine retombe sur le sol, aux pieds du trône sur lequel Kasius s'assoit. Il saisit son verre de nouveau. « Actually, I know exactly what’s right for you. You need to be tamed, so I’ll send you to Charm School from tomorrow on. » Il sourit, en utilisant cette nouvelle expression qu’il a trouvé pour parler de son service de prostitution. Il n’aime pas le mot prostitution, il sonne sale, dans toutes les langues, avec toutes les voix. Le visage de Roseanne perd des couleurs et ses cheveux passent du gris au rouge. Il lève les yeux au ciel et fait rouler sa tête en arrière. « You don’t even know how to control your gift. I don’t know why you’re still here, really. » Il boit une gorgée tandis qu’elle se recroqueville sur elle-même. Il réfléchit, pendant quelques secondes. Il est bien tenté de la tuer, tout de même. Il est fatigué de s’embarrasser de gamins qui ne lui apportent rien.
Au bout d’un moment, il fait signe aux gardes de la salle du trône, à la chanteuse et à la gouvernante de quitter la salle. « Alright, Roseanne. I’m going to give you one last chance. » Il retire sa grande cape brodée. « Prove me you have potential for Charm School. Or I kill you. » D’un geste de la main, il crée une ambiance tamisée. « I want a redhead, with green eyes and really nice hands. » Et il sourit.

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Roseanne est en train de rassembler les quelques objets qu’elle possède et de les mettre dans un sac. « Charm School, then ? » La gamine acquiesce, le regard vide. Camilla soulève son t-shirt. « Hide the bruises, will you? » Elle s’exécute. Roseanne regarde le lit à côté de celui sur lequel elle est assise. « Can I say goodbye to Nancy? » « Oh, that would be difficult. » répond la gouvernante, sèche. Roseanne lève des yeux inquiets vers elle. « She’s dead. Kasius ordered it. She was useless, and not worth Charm School. » Camilla voit des larmes naître dans les yeux de Rose. « Don’t cry, it’s ugly. Now come on, we don’t have a minute to waste. »

summer 1994
tw : trafic d'enfants.
QUELQUE PART AU ROYAUME-UNI.« And why me? I’m not supposed to do that kind of missions anymore. » Roseanne fronce les sourcils, et Olivia, la responsable de la Charm School, soupire. « I really don’t know. Kasius wanted you for this one. It’s a test, I guess. When I asked him, he said that if you succeed, and the client is happy, you may start working and he’ll allow you to keep 10% of the money you make. » Rose grimace. « He did? Sounds like a trap to me. » « Honestly, I don’t think it is. Once you’ve proven your worth, Kasius is not that bad. This is your shot. It’s a really rich client. » lance Olivia, comme un challenge. Elle voit dans les yeux de Roseanne que celle-ci n’est pas convaincue. Mais ce n’est pas comme si on lui laissait le choix, de toute manière.

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Thierry attend derrière la porte, en faisant les cent pas dans le hall d’entrée. Il sait que ce n’est pas bien. Il ne devrait pas attendre. En fait, il n’aurait même pas dû solliciter les services des Faces. C’est de la folie, de faire appel à un gang. Surtout pour quelque chose d’aussi… Bref. Il est mal à l’aise, mais il a payé - et cher - lors d’une soirée pendant laquelle il avait trop bu. C’est une horreur, d’être aussi riche. Presque tout est possible, quand on est riche, tout, absolument tout, même les choses les plus malsaines et les plus horribles.
Il était désespéré, et il s’est laissé embarquer dans ces bêtises.
Est-ce qu’il regrette ? Oui. Est-ce qu’il regrette au point de leur demander de faire demi-tour quand ils arriveront ? Il n’est pas sûr. Il est curieux, et cette curiosité pourrait l’empêcher de faire ce qui est juste.
Il sursaute quand on frappe enfin à la porte du manoir.
Il n’a pas d’elfe de maison, Thierry. Il vit seul dans son énorme manoir depuis que sa femme est partie, après le décès de leur fille. Il n’a même pas pris d’animal : il n’était pas sûr de pouvoir gérer une autre âme que la sienne après qu’Alice lui ait été arrachée. Deux ans qu’elle a disparu, des suites d’une longue maladie que les meilleurs sorciers n’ont pas pu stopper. Tout l’argent du monde, et pas de solution pour guérir la personne qui lui était la plus chère. Il avait amassé les gallions toute sa vie pour pouvoir offrir une vie digne de ce nom à sa famille. Mais il n’a plus rien. C’est absurde.
« Mr. Baudry ? » fait la femme à qui il ouvre la porte, en prononçant mal son nom. Il ne la corrige même pas - les anglais sont incapables de bien prononcer son prénom et son nom. Il s’est habitué, après vingt ans à vivre ici. « Yes? » La femme sourit. « Here is your little Alice. » La silhouette qui était jusqu’alors cachée derrière elle fait un pas de côté, et Thierry a l’impression que son coeur s’arrête.
Devant lui, il y a sa fille.
Ses longs cheveux bruns, ses pommettes hautes, ses yeux verts-gris. Alice est de retour, devant ses yeux. Il reste immobile, pendant quelques longues secondes. « How is this even possible ? » demande-t-il avec des larmes dans les yeux. « This level of detail, I-- » La messagère du gang sourit. « We told you we were the best, right ? Well, now you have proof. » La femme se penche vers la jeune fille et lui tend une petite valise. « Don’t hesitate to send me an owl if something’s wrong. » Ils échangent quelques mots, une adresse pour s’écrire, et en une minute, Thierry est laissé seul avec le fantôme de sa fille. « Did you miss me, dad? » La question est accueillie par des sanglots, et Thierry tombe à genoux, et serre dans ses bras celle qui n’est pas son enfant, mais dont l’apparence semble soudain lui donner du baume au coeur.

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Le fantôme d’Alice mange un bout du croque-monsieur et grimace. « What? » Elle lève les yeux vers lui avec un sourire désolé. « Too much salt. Not enough cheese. » Thierry fait mine d’être offensé. « So you know better than a French guy what this French dish should be, eh? » La gamine lâche un rire. Au début de l’été, elle le regardait toujours avec la tête baissée, elle n’osait pas rire à ses blagues. Elle n’osait même pas vraiment parler, il était obligé de faire des monologues interminables avant de lui arracher quelques mots.
Thierry n’aime pas ce qu’il a vu. Une gamine qui avait peur du moindre geste, une gamine qui interprétait comme une critique ou une menace le moindre mot. Elle a même essayé de lui faire des avances, une fois, en prenant l’apparence de son ex-femme. C’est probablement ce qu’on lui a appris, s’est-il dit. On lui a appris à plaire au client, quoi qu’il lui en coûte. L’idée qu’elle n’est là que pour deux mois et qu’elle retournera bientôt à cette autre vie le rend malade.
Pendant les premières semaines, il lui a laissé jouer le jeu pour lequel elle était venue : sa petite fille, qui revenait de Poudlard pour l’été et profitait enfin d’un peu de temps avec son papa.
Mais très vite, Thierry s’est rendu compte que cela n’avait pas de sens. Il était toujours plus mal à l’aise : elle n’était pas sa fille. Quand bien même elle essayait, elle ne réagissait pas comme elle, ne parlait pas comme elle. Il a commencé à lui parler autrement, comme à ce qu’elle était vraiment : une enfant qui n’était pas Alice mais qui vivait avec lui quelques temps. La gamine s’est adaptée, probablement encore une fois parce que ce qu’elle a appris. Ce soir, Thierry a décidé de mettre fin pour de bon à la mascarade. « From now on… I would like you to take your real appearance. » dit-il quand ils ont enfin fini leurs croques-monsieurs trop salés. La jeune fille le regarde, interloquée. « What do you mean ? » Soudain, il la voit de nouveau, cette lueur apeurée. « Don’t worry, you’ve done your job very well. I’ll give you a very good review. And they don’t need to know everything. » Elle fronce les sourcils, pas sûre de comprendre. Thierry repousse son assiette. « I… I know that my daughter is gone. » dire ces mots à voix haute, c’est dur. Il sent des larmes perler au coin de ses yeux. « Seeing her everyday… I thought it would help me. Make it less… hard. But it made everything worse. It’s not your fault. » La jeune fille passe ses mains sur les cheveux noirs d’Alice. « Do… Do you want to stop the contract right now? » demande-t-elle d’une voix plate (mais Thierry sent qu’elle est déçue). « Of course not. » Elle relève des yeux surpris. « You’re not my daughter, but… I like having you around. It’s good for an old man like me, to have some company. If you’re ok with this, you’ll keep your real appearance, and I will stop calling you Alice. » Elle ne répond pas tout de suite. Thierry voit qu’elle hésite, qu’elle ne sait pas trop quoi penser. Elle semble se demander si c’est un test. Il aimerait dire quelque chose qui puisse la rassurer. Au bout d’un long moment, elle pince les lèvres, et doucement, les cheveux noirs raccourcissent, sa peau brunit, ses yeux s’agrandissent. Elle n’ose pas le regarder dans les yeux, mais Thierry sourit. « Hi. » Elle relève les yeux. « Hi. » « What’s your real name? » « It’s… Rose. Roseanne. » Thierry acquiesce. Ils s’observent, tous les deux. Deux étrangers réunis par un drôle de destin qui vivent ensemble depuis plusieurs semaines dans une drôle de comédie. « Are you sure? » demande finalement Rose. « I don’t know how to be… a friend. If you want company, we should be able to find you someone else who-- » « Stop. You’re here, you’ll stay until the end of the contract. I don’t need you to be good at being a friend. I just need you to be here. » Il hausse les épaules. Nouveau silence. « Ok. »

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Kad a déjà vu la fille d’à côté traîner dans le jardin de Mr. Baudry. Il ne sait pas vraiment qui elle est, ni d’où elle vient, mais depuis quelques semaines, il la voit de sa fenêtre, quand elle lit des livres, ou quand elle essaie d’utiliser une baguette pour lancer des sorts. Elle est un peu nulle.
Ça fait deux ans qu’Alice est décédée, maintenant, et deux ans que la maison du français est affreusement vide. Il arrive parfois aux Wen d’aller prendre le thé chez lui, pour lui tenir compagnie, prendre de ses nouvelles… Mais il n’ont jamais entendu parler d’une nièce qui pourrait venir passer l’été ici. Il trouve ça bizarre, Kad, mais elle a l’air sympa, leur nouvelle voisine, et surtout, il s’ennuie un peu aujourd’hui, alors sur les coups de quinze heures, il décide d’aller frapper chez Thierry pour mener son enquête.
Le petit vieux l’accueille avec un drôle d’air, et semble hésiter quand Kad lui demande s’il peut aller parler à la jeune fille dans le jardin, en écrivant rapidement les mots sur le bloc-notes qu’il a embarqué avec lui. Mais après quelques secondes, il acquiesce. « Be nice to her. She could use a friend. » lit Kad sur ses lèvres.
La fille a sursauté, quand Kad s’est approché d’elle. Elle a même reculé, les poings serrés, quand il a essayé de faire un pas de plus. Il ne pensait pas lui faire peur à ce point. I’m Kad. I’m a friend. a-t-il écrit sur le bloc-notes, sous le regard confus de la jeune fille. I can read on your lips. ajoute-t-il. La fille garde ses lèvres scellées, pourtant. I’m the neighbour. What’s your name? La fille continue de froncer les sourcils, comme si elle s’attendait à chaque seconde qu’il l’attaque, mais finit par répondre. « People call me Roseanne. » Elle le répète plusieurs fois avant qu’il soit sûr d’avoir bien compris. Cette fois, c’est Kad qui fronce les sourcils. What does that mean? It’s not your real name? demande-t-il à l’écrit. « It’s… Kamala. » Elle hausse les sourcils. « But nobody uses it. » Kad se penche sur son bloc-note. Do you prefer Rose or Kamala? Elle hésite. « I… You can call me Kamala. » Et elle sourit.
Do you like cookies? Kamala fait oui de la tête. I made some earlier. Do you want some? » Elle semble hésiter, de nouveau, et elle regarde derrière. Kad suit son regard pour trouver Thierry sur la terrasse, qui lève deux pouces vers le ciel, comme pour lui donner la permission. Une fois qu’il a dit oui, Kamala reporte son attention sur Kad. « Let’s go! »

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Le mois d’août est passé à la vitesse de la lumière.
Thierry a une boule au ventre tandis qu’il attend Kamala, qui ne devrait pas tarder de revenir de chez Kad, chez qui elle a passé une grande partie de son été. Ils sont allés plusieurs fois ensemble chez leurs voisins pour dîner. Il a bien l’impression que les deux fils de Stephen apprécient vraiment sa nouvelle invitée. Et tant mieux. Ça lui a fait plaisir, de découvrir qu’elle avait réussi à se faire des amis, et qu’elle ne s’est pas sentie enfermée dans le manoir. Il a aussi bien compris qu’elle leur a brodé un joli mensonge quant à son identité, mensonge auquel il a participé sans poser de questions : au fil des semaines, Kamala est officiellement devenue “la fille de son meilleur américain” venue “passer l’été en Angleterre pour apprendre le français”. Ce n’est pas tout à fait faux, en plus. Il lui a appris un peu. Il l’a aussi vue communiquer en langue des signes avec Kad. Il a dû lui apprendre quelques bases. C’était attendrissant, de voir Kad, Simon et elle assis tous les trois, dans son jardin. Kamala - elle a finit par lui demander de l’appeler ainsi, lui expliquant que Roseanne était son second prénom - a même appris à manipuler un peu une baguette magique, chose qu’elle ne savait pas du tout faire. Elle n’est toujours pas très douée, mais il est heureux d’avoir pu lui apporter quelque chose.
C’est comme si la vie avait repris son cours.
Et pourtant, aujourd’hui, tout s’arrête.
Les Faces vont revenir, et ils vont récupérer la jeune fille.
Il a cherché une option, une piste pour la garder avec lui. Mais financièrement, c’est impossible. Et il ne peut pas se permettre de se mettre un gang à dos. C’est peut-être lâche, mais il est persuadé que ça la mettrait plus en danger qu’autre chose, s’il essayait de la faire fuire.
« Hey. » Kamala le sort de ses pensées. « Go get your things, they’ll be here in a minute. » Elle s’exécute, et quand elle redescend, ils soupirent tous les deux. Au bout d’un moment, Kamala s’approche et entoure le vieil homme de ses bras. « It’s ok, you know. » Thierry lui caresse les cheveux. « I’m sorry. » « Don’t worry about me. » lui dit-elle, confiante, bien différente de la gamine accueillie il y a deux mois de cela. « I’m going to be ok. » Il sait qu’elle ment, qu’elle essaie juste de lui rassurer. Mais il sait aussi qu’elle ne le fait pas par obligation, mais parce que c’est ce qu’elle a vraiment envie de lui dire.
On frappe à la porte. Les traits de Kamala disparaissent pour laisser place à ceux d’Alice, afin de faire croire au gang que rien n’a changé depuis qu’elle est arrivée. « See you next year. » Les yeux d’Alice-Kamala s’illuminent. « Yes? » « Yes. » Elle sourit, et disparaît derrière la porte.

1995
tw : pédophilie, prostitution de mineurs, viol.

LONDRES. ROYAUME-UNI. « Oh my sweet Roseanne. I've heard good things about you. » It's Kamala. My name is Kamala. Les mots meurent dans sa gorge. Le Prince l'a appelée dans la salle du trône quelques jours après son retour de son deuxième été chez le français. « This man paid a lot to have you back this year. He wants to have you next summer too. » annonce-t-il, intrigué, avant de boire une gorgée de vin. « Olivia told me some clients even ask for you now. » ajoute-t-il d'une voix un peu guillerette. Kamala attend, à genoux sur la première marche qui mène au trône. « You must be good. Very good. Way better than a few years ago. » La jeune fille se raidit. Les lumières sont tamisées. Elle ferme les yeux. « Show me. »
Kamala mémorise chaque aspérité des marches. Elle mémorise les dorures de la base du trône, parce que c'est tout ce qu'elle peut faire.
Et elle attend.
Un jour, un jour tout ça disparaîtra.

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Quand elle retourne au dortoir, Kamala boîte et l'une de ses épaules la fait tant souffrir qu'elle en grimace. « What the. » Tasya se précipite jusqu'à elle pour l'aider à arriver jusqu'au lit. Immédiatement, Anggi accoure pour étudier l'étendue des dégâts. « What happened? » Kamala se défait difficilement de sa chemise et ses deux colocataires découvrent diverses traces de larges coupures sur ses bras. « Vampire. » dit-elle faiblement. Les deux autres filles, qui partagent son dortoir depuis près d'un an, deviennent toutes les deux blêmes. « Relax, she just cut me to take some blood. » Elle se sent un peu faible, c'est vrai. « And broke your ankle... and your shoulder. » Kamala lâche un rire nerveux, en tentant de s'asseoir. « No. That's Kasius. » Tasya et Anggi échangent un regard. Le Prince n'accueille pas souvent des prostituées du gang dans ses quartiers, et on ne retrouve jamais les métamorphomages dans un bel état quand ils reviennent de chez lui. « Wait, you went to Kasius and then went straight to your client? » Kamala ne répond pas mais les deux autres ont très bien compris. « Less talking, more helping, come on. » Les deux plus jeunes s'agitent soudain : l'une essuie le sang qui coule le long de son bras, l'autre se prépare à lui remettre l'épaule en place.
Elles ont l'habitude. C'est presque une chorégraphie bien préparée. Chez les Faces, on apprend vite des rudiments de médicomagie. C'est nécessaire à la survie, comme le talent pour se taire ou pour anticiper les désirs de Kasius.

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Kamala n'arrive pas à dormir. Les sanglots d'Anggi l'empêchent de fermer l'oeil, alors sur les coups de huit heures du matin, elle glisse de son lit à celle de son amie. Il n'y a rien à dire, alors elles ne disent rien. Kamala laisse Anggo pleurer et lui caresse les cheveux. La journée a été rude. Elle a enchaîné une dizaine de clients, dont deux particulièrement violents.
Les Faces se fichent bien de la santé mentale de leurs recrues.
Quand elle est arrivée, il y a un an, Anggi ne parlait pas un seul mot d'anglais. Elle débarquait tout droit de la branche indonésienne des Faces et ne comprenait pas bien ce qui lui arrivait. Aujourd'hui, elle est plus forte que jamais, mais elle pleure, souvent, la nuit. Sa famille lui manque.
Tous les Faces ne sont pas du genre à faire des jeux de rôles pour arracher les enfants à leurs familles. Anggi a été kidnappée en plein jour, alors qu'elle se baladait avec sa famille. Et maintenant elle est là.
Kamala tourne la tête vers Tasya, qui est elle endormie, et pense à toutes les chambres comme la leur, dans tout ce niveau. Elles habitent au-dessous du bordel, et l'endroit est si énorme que même après un an, Kamala n'a pas réussi à en faire le tour. Elle croise tous les jours de nouveaux visages parmi les résidents. Tous les jours. D'autres disparaissent, aussi.
Elle sait qu'il ne faut pas qu'elle s'attache à Anggi et Tasya. Elles peuvent disparaître du jour au lendemain. Pourtant, elle prend la main d'Anggi et l'emmène jusqu'au lit minuscule de Tasya, où elles se serrent les unes contre les autres, pour se rassurer.

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tw : meurtre, sang.

Olivia, dans l'encadrement de la porte de la petite chambre du bordel, applaudit. « Nice one, Roseanne. » On s'entête à l'appeler par son ancien prénom, dans les hautes sphères des Faces. Kamala est habituée. Doucement, elle pousse le corps inerte de l'homme et le fait retomber à terre. Elle a du sang partout, alors elle passe une main sur son corps pour se débarrasser du liquide autant que possible. Elle ne grimace plus du tout à la vue du sang. « You're really good with knives. » La jeune fille contourne le corps de l'homme qu'elle vient de tuer et va chercher son peignoir, avant de se servir un verre de whisky. « Thank you. Is that all? » Olivia acquiesce. « Yes. The others will come to get rid of the body later. » Kamala n'a même pas demandé pourquoi les Faces voulaient voir cet homme mort. Elle ne demande jamais. Il ne vaut mieux pas : en savoir trop donne des doutes. Les doutes ne font que la mettre en danger.
Il n'avait pas l'air méchant, mais elle est bien placée pour savoir qu'il ne faut se fier à aucune apparence en ce bas-monde. « Really, you're good at this. »


Dernière édition par Kamala Chase le Lun 18 Mai - 9:51, édité 16 fois
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biographie
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1996
tw : mention d'abus sexuels.

QUELQUE PART EN ANGLETERRE.Le désir. Kamala ne le comprenait pas, pendant longtemps. Elle le voyait tous les jours et pourtant, mais ne parvenait pas à saisir ce qu’il voulait vraiment dire. Elle ne parvenait pas à imaginer ce qu’il faisait vraiment ressentir.
Honnêtement, elle ne pensait jamais le ressentir. Pas parce qu’elle en était incapable, mais bien parce que son expérience du corps, son rapport aux relations intimes et aux autres on été ruinés, teintés de poison dès le jour où Kasius a posé ses sales mains sur elle.
Elle en pleurait, parfois. On dit que quelque chose qu’on ne connaît pas ne peut pas nous manquer, et pourtant, elle priait chaque jour pour ressentir quelque chose, comprendre, et peut-être même aimer, un jour. Kamala avait envie de croire que son corps était autre chose qu’un outil de travail. Kamala avait envie de croire que son coeur était autre chose qu’un organe.
Elle se pensait insensible, Kamala. Elle se pensait brisée pour de bon.

Et puis, en une belle soirée de début d’été, elle s’est sentie revivre.
Après un an de séparation et de lettres étirées sur une fausse année scolaire, Simon Wen a débarqué à la porte du manoir de Thierry, et Kamala a senti pour la première fois son coeur s’emballer pour autre chose que de la peur. Elle est restée là, interdite, avant de se jeter dans ses bras et de lui pleurer sur l’épaule, passant probablement pour une folle - mais peu importait. Elle avait ressenti quelque chose.
Elle n’était pas brisée.

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La lumière de l’après-midi est en train de tomber, et bientôt, ils pourront aller observer les étoiles dehors. Ce soir, c’est dîner sur la terrasse de Thierry, mais pour l’instant, Kamala et Simon profitent de l’absence des parents et de Kad, qui sont partis faire une balade.
Noyée dans un sweat trop grand pour elle, Kamala fait glisser ses doigts sur les objets qui décorent la chambre de Simon. Il y a des parchemins, des livres, une lettre de Poudlard qui lui annonce les fournitures dont il aura besoin à la rentrée. Kamala caresse l’encre verte du bout des doigts. Elle se demande si sa lettre à elle s’est perdue dans la nature, si sa mère savait qu’elle était une sorcière. Elle se demande si les autorités américaines cherchent encore à ce jour une trace de Roseanne Watson.
Tout ce qu’elle trouve dans cette chambre, c’est un peu tout ce qui les sépare. Kamala ne devrait même pas être là. Elle n’aurait jamais dû atterrir ici, le destin l’a placée là, et parfois, elle se dit que ce n’est pas par hasard. Parce que quand bien même tout les sépare, elle ne s’est jamais sentie aussi vraie qu’avec lui. Quand bien même elle lui ment sur qui elle est, sur ce qu’elle est, elle a l’impression qu’il la connaît mieux que quiconque. Peut-être que c’est justement parce qu’il connaît cette Kamala qu’elle aurait aimé être, qu’elle se sent si bien avec lui ? Cette fille américaine, qui prévoit d’étudier le droit magique et dont les parents sont partis pour l’été pour un tour d’Amérique du Sud ? Franchement, elle préfère ne pas trop y penser. Il lui fait ressentir quelque chose de vrai, elle ne va pas s’embarrasser de doutes ou d’auto-analyse débile. « Maybe we should put some clothes on before they come back. » finit par faire la voix de Simon, un peu étouffée contre l’oreiller contre lequel il est resté depuis qu’ils ont enfin séparé leurs corps. « I have clothes on. » Il se redresse sur ses coudes avec un sourire. « Yes, but they’re my clothes. » « Is that a problem? » dit-elle avec un sourire en coin, tendant les bras pour voir si ses bras dépassent des manches. Ils ne dépassent pas. Elle se sent vraiment minuscules. « It’s not a problem to me. My father, however… » Kamala soupire. « Too bad. I like this sweatshirt. » Elle le retire pour aller se coller contre lui entre les draps. « The plan was to put some clothes on. » Elle s’enroule autour de lui. « You’re the only clothes I need. »

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tw : prostitution infantile, viol.

LONDRES. ROYAUME-UNI. « Oh, Roseanne. » Kamala ravale son dégoût et avance dans la salle du trône. Avant d’entrer, elle a pris le temps d’affiner son nez, d’affiner son visage afin de présenter au Prince la version d’elle qu’il préfère. « That’s a really nice skirt. You can look at me. » Cela fait plusieurs moi qu’il lui donne le droit de lui parler directement, de le regarder dans les yeux. Kamala lui a rendu plusieurs services d’une importance certaine (quelques assassinats, quelques missions de jeu de rôle dans la société sorcière londonienne qu’il a beaucoup apprécié observer), et depuis, c’est comme si elle était devenue son enfant préféré.
Ça n’a pas été sans douleur, évidemment.
Mais maintenant qu’elle sait ce que c’est, de ressentir quelque chose, elle peut mieux faire croire au Prince qu’elle l’apprécie, et il aime ça. Oui, il l’aime bien, et elle le sait, alors elle fait tout pour qu’il l’aime toujours plus. Même si ça veut dire porter un uniforme d’écolière et s’asseoir sur le rebord du trône pendant plusieurs heures, tandis qu’il donne ses ordres et invente des sentences plus détestables les unes que les autres pour ses enfants inutiles. « Today we welcome one of your friends. » Les portes de la salle du trône s’ouvrent de nouveau, maintenant qu’elle s’est postée aux côtés du Prince. « You see, Tasya here did something I find particularly terrible. » Kamala hausse les sourcils. « She said to one of our dear clients that she wouldn’t have sex with him. You know why? » Elle fait non de la tête. « Because he was… to old. » Kasius se lance dans un rire glaçant, qui résonne contre toutes les parois de la salle du trône. « Tasya, dear, you’re really entertaining. » Kamala échange un regard avec sa camarade de dortoir, qui la regarde, paniquée. Elle est maintenue au sol par l’un des petits soldats du Prince. « However, I don’t like this attitude when it’s not for roleplay. Kamala, what should we do to her? » Kamala relève le menton et tourne ses yeux aux cils interminables vers Kasius. « Fire seems like a good option to me. Or boiling water. » Le Prince soupire. « Not bad. But I need more panache, something more… flamboyant. » dit-il, refermant son poing dans l’air, comme s’il venait de saisir une merveilleuse idée invisible. « A public representation? » propose Kamala devant les yeux écarquillés de Tasya. « You’re reading my thoughts, sweetie. » Il fait signe aux gardes de ramener Tasya aux geôles. Ce soir, elle sera exposée, nue, en public, et laissée à la merci de tous ceux qui passeront là. L'un des manèges préférés du Prince.

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« Who are you? » Tasya lui balance, avant de lui cracher dessus, à travers les barreaux de sa cellule. Kamala reste droite, et plonge ses yeux marrons dans ceux, encore plus noirs, de son amie. « I'm sorry. » dit Kamala, les mains accrochées aux barreaux. « I'm not asking for forgiveness. I did this for a reason. You have to trust me. I'm onto something. » Tasya grimace et détourne le regard, dégoûtée. « You're just like him. » Les mots font mal, mais Kamala ne flanche pas.
Elle sait ce qu'elle fait, et au point où ils en sont, ils ne feront pas d'omelette sans casser tous les deux qu'ils ont dans le panier. Elle est prête à vivre quelques années terribles si c'est pour avoir une vie meilleure plus tard.

1998
LONDRES, ROYAUME-UNI.« This Lord Voldemort... He annoys me. » Kasius soupire. « If someone could kill him fast... That would be nice. »

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QUELQUE PART AU ROYAUME-UNI. Kamala est debout dans l'allée de ce qui était il y a encore peu de temps le manoir des Wen. D'après Thierry, une nouvelle famille va emménager dans les prochaines semaines.
Ils ont juste disparu.
Cela fait un moment que les lettres des deux garçons ne lui parvenaient plus. Mais elle n'attendait pas ça. Elle a essayé de forcer la porte, mais bien sûr les runes sont plus puissantes qu'elle.
Elle ne peut même pas entrer, voler quelques affaires.
Ils lui ont filé entre les doigts, et elle ne sait même pas où ils sont.
Alors elle crie, Kamala. Parce que soudain, sa vie perd une grande partie de son sens. Elle tambourine contre la porte, des larmes sur les joues, comme si cela pouvait changer quelque chose, comme si quelqu'un allait lui répondre.
Mais il n'y a que le silence.

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tw : viol, mention de meurtre.

LONDRES, ROYAUME-UNI. Kamala n'a même pas le temps de poser ses affaires, en rentrant de chez Thierry - qui paie tous les ans un peu plus cher pour s'offrir sa présence pendant au moins quelques semaines - qu'elle est appelée dans la salle du trône. « My little bird is back. » Le Prince l'accueille à bras ouverts, et laisse courir sa langue contre son cou. Kamala feint de se délecter du contact. « I have a mission for you. » Elle joint ses mains dans son dos et attend les ordres. « Olivia annoys me. I want you to kill her. » Kamala retient autant qu'elle peut sa surprise. « If you succeed, you can have her spot. » Kamala acquiesce. « Consider it done. » Il sourit et frappe ses mains l'une contre l'autre. « Perfect. Now let me play with you for a little while before you go. » Les gardes quittent la salle. « And get rid of that mole on your neck, it's disgusting. » La main de Kamala vient caresser le grain de beauté qu'elle a laissé apparent dans son cou, et baisse les yeux. Elle pense à Simon, qui ne lui demandait jamais d'être quelqu'un d'autre. « Of course, Prince Kasius. »

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tw : meurtre.

LONDRES, ROYAUME-UNI. Olivia est tendue. Kamala la soupçonne de savoir ce qu'il se trame. Elles échangent des banalités, parlent de la répartition des dortoirs, de la nouvelle passion de Kasius pour la voix de Kamala et de son obsession pour les chansons moldues. Mais quelque chose est à côté. Comme si on avait mis le rouage dans la mauvaise trajectoire.
« He asked you. Right? » demande-t-elle finalement au bout de longues minutes. « He did. » Kamala s'attarde sur les livres de la bibliothèque du bureau de la gouvernante. « I'm not even surprised. » dit Olivia avec un rire. Kamala l'entend prendre une grande inspiration. « Well. I won't give up without a fight. » Kamala se retourne et lui offre un sourire. « I wasn't expecting less from you. »
Olivia brandit sa baguette et Kamala fléchit les genoux, ses doigts s'intriquant déjà  les uns contre les autres dans une drôle de chorégraphie, sa forme de magie préférée, la seule qui lui ait permis de canaliser ses capacités magiques.
Les sortilèges de la britannique sont contrés par son bouclier, mais bientôt, celui-ci cède, et elles se testent, entre sortilèges, meubles envoyés dans tous les sens. Elles tentent de se surprendre, avec leurs formes de magie incompatibles, et non comprises par l'autre. Kamala a l'avantage, cependant, de connaître de nom les sorts qu'Olivia utilise et de pouvoir se préparer à leurs effets. La plus âgée, cependant, ne peut rien prévoir des attaques de la jeune métamorphomage.

Kamala est habituée aux combats - mais pas aux combats magiques. Elle a toujours été plus douée au corps à corps, parce que c'est toujours comme ça qu'elle a tué : en s’immisçant dans l'intimité la plus profonde de ses victimes.

Olivia ne la laisse pas se reposer. Elle enchaîne les sortilèges, enchaîne les techniques de défense - mais elle non plus n'est pas une combattante. Au bout de longues minutes, elles font toutes les deux état de plusieurs plaies plus ou moins graves. Et puis, alors que Kamala essaie de reprendre son souffle, Olivia la fait trébucher et tomber sur le dos, et en quelques secondes, elle est sur elle, sa baguette contre son cou. « Any last words? » Kamala serre les dents.
Olivia crache du sang.
« Wha--- » « I was always good with knives, remember? » Olivia baisse les vieux vers son ventre, où est plantée une dague. Dans un dernier élan, elle essaie de rattraper sa baguette qu'elle a laissée tomber sous le coup du choc, mais il est trop tard : ses doigts sont déjà trop faibles pour maintenir son fichu bâton. « It's not personal. » dit-elle alors qu'Olivia tombe à la renverse, sur le côté. Kamala lisse son uniforme d'écolière et regarde la gouvernante s'étouffer. Olivia tente de lui saisir le poignet. « Kill him. » étouffe-t-elle. « Kill him. » La plus jeune offre un sourire à sa victime. « Oh, I will. You can count on me. » Et elle referme les yeux d'Olivia, tandis que tous les résidents des dortoirs se pressent devant la porte ouverte du bureau.

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tw: mention de meurtres et viols

Il fait noir dans le grand hall du souterrain des Faces.
Pourtant, si on observe bien, on peut apercevoir la lueur de la rébellion qui brûle dans les yeux de la dizaine de jeunes gens réunis dans un coin de ce qui ressemble plus à une grotte qu'à un bunker.
« And you're sure this can work. » demande Tasya, toujours méfiante quand il s'agit de Kamala, depuis qu'elle a participé à lui faire vivre l'enfer. « Oh please, wake up. » fait Kamala, sèchement. « We are 156 here. For seven generals and the prince. Most of the soldiers hate this place, they'll be on our side. And I may be able to get some help. » Les autres ne répondent pas. Ils ne semblent pas sûrs de ce qui est en train de se tramer, et la grande majorité craignent suffisamment Kasius pour avoir peur qu'on les surprenne alors qu'ils ne font rien de mal. Ils se sont rejoints pour un late-night snack, pas vrai ? « Mako ? » La japonaise ne répond pas. « If you prefer to stay here and kill and be raped for the rest  of your lives, well, that's your problem. » fait Kamala quand les autres ne répondent pas. Elle sait que c'est dur, insensible, mais tant pis. Elle tentera tout pour leur faire ouvrir les yeux. « I will do it. With or without you. » Elle hausse les épaules, même si les autres ne peuvent pas la voir. « I'd rather die trying than spend my entire life here as a slave. » Et elle tourne les talons pour retourner dans son nouveau bureau de gouvernante, laissant la bande de lâches derrière elle.

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Kamala ne se déshabille pas. Cela ne sert à rien : le client qu'elle attend est spécial, il ne vient pas pour ça. Elle a sorti sa plus belle robe et s'est servi un verre de vin. Pour l'occasion, elle a même ressorti un diadème qu'elle a volé il y a quelques temps lors d'une mission chez un vieux riche moldu.
Quand Zanjin pénètre dans la petite pièce qu'il connaît bien, pour y avoir passé des heures entières depuis ses seize ans, Kamala lui tend un verre. Elle soupire, comme d'habitude, en voyant à quel point son ami est grand, et fini par se donner quelques centimètres de plus, juste pour le fun et pour tenter au moins de le regarder dans les yeux. « Whatever plan you have, I'm in. » dit-elle avant même qu'il ait pu aller jusqu'aux canapés de la chambre. « This is the end, my friend. I'm burning them all. I'm even burning this place down. » Elle boit son verre cul sec. « The Faces are over. » annonce-t-elle. « All the kids are with me. » Ils ont tous promis. Magiquement promis. Désormais, plus rien ne peut les arrêter.
Ça prendra le temps que ça prendra, mais Kasius paiera.

1999
tw : maladie, crise d'angoisse.

QUELQUE PART AU ROYAUME-UNI. L'été touche à sa fin. Kamala observe le jardin des Wen par la fenêtre de ce qui est sa chambre depuis désormais six ans chez Thierry Baudry. Des enfants y jouent, heureux, insouciants. Probablement des sang-purs, ou des sang-mêlés qui n'ont pas trahi le gouvernement en place.
Kamala serre les dents.
Elle pense toujours à eux.
Simon hante toujours tous ses rêves.
Parfois, elle lui écrit des parchemins, longs comme le bras, comme s'il allait les recevoir. Mais elle finit toujours par les brûler, parce qu'elle n'a pas d'adresse où les envoyer. Il la croit probablement aux États-Unis, jeune universitaire qui découvre un joli campus et les joies des fraternités. C'est peut-être mieux comme ça. Thierry lui a sincèrement demandé si elle pensait qu'ils étaient morts, les Wen. Et elle a répondu qu'elle ne savait pas. Mais que Simon n'était pas mort. « How can you be so sure? » avait demandé le vieux. « I just know. I would feel it in my bones. » avait-elle répondu comme si c'était la réponse la plus évidente du monde, comme si c'était la question la plus débile qu'on lui ait jamais posé. Thierry s'était contenté de sourire, un peu tristement.

« Kamala, come here. » l'appelle Thierry du bas des escaliers du manoir. La jeune femme de dix-neuf ans dévale les marches une à une. « Not so fast! You'll break your bones one day! » râle-t-il. Kamala sourit. Il lui fait la remarque tous les étés depuis qu'elle est arrivée pour la première fois ici.
Ils s'installent à table et Thierry sort soudain un parchemin. « I have something to tell you. » Kamala perd son sourire. Elle lit sur son visage que c'est grave. Que quelque chose ne va pas. Il va partir. pense-t-elle immédiatement. Il aurait bien raison, avec tout ce qui se passe, mais l'idée seule qu'il l'abandonne et ne l'arrache plus à sa réalité quotidienne la rend malade. « I won't be able to welcome you next year. » Kamala fronce les sourcils. « Is this about money? If it is, it's not a problem. I have money, I can pay and say you did, I don't-- » Il lui prend les mains et l'intime silencieusement de se taire. « I'm sick, Kamala. I have been for the past three years. » Le monde semble soudain silencieux, oppressant autour de Kamala. Noir. « I made sure you didn't know because I didn't want you to worry about me. Or to think of me as a sad old sick man. » Il sourit.
Kamala a du mal a respirer, elle étire son col mais celui-ci semble se coller à son cou de plus en plus pour l'étouffer. Elle est soudain obligée d'ouvrir la bouche grand pour trouver de l'air. Thierry attrape son visage dans ses mains. « It's ok, Kamala. Thanks to you I had the best last years I could wish for. » La jeune femme tremble entre ses doigts, et la crise d'angoisse qui la terrasse soudain l'oblige à la guider pour respirer. Il faut bien trois ou quatre bonnes minutes à la recherche d'oxygène avant qu'elle puisse de nouveau respirer, laissant place aux sanglots. Elle s'agenouille à terre et vient entourer son torse de ses bras. Et elle pleure, elle pleure Kamala. Comme elle n'a jamais pleuré de sa vie.
C'est horrible. Et c'est libérateur à la fois.
« In a few weeks, I'll be gone. » explique-t-il finalement après de très longues minutes, quand elle a posé sa tête sur ses genoux et qu'il a passé un certain temps à lui caresser les cheveux. « But i'll still be with you. I'll leave you this house. I'll leave you money. You'll have everything that's mine. » Kamala pleure de plus belle. « I don't want any of those things. I just want you. I'll be free, soon. I'll be free, and there's only one person I want to live with. » « Don't you listen to me? » Il la force à se relever et lui sourit. « I'll still be here with you. Always. I know who you are, Kamala. Even if you think I don't really know you because I don't know what you're doing when you're there... I know you. You'll be ok. You'll free yourself and you'll have a good life. » Kamala se cramponne au col de sa veste de costume sorcier. « You don't need me to be you. You don't need me anymore. I've done my job. And I like to think I did well. »
Puis, plus bas, il murmure. « I'll see Alice again. I'll tell her about you. I couldn't be happier, Kamala. » La brune le regarde avec ses yeux rouges de larmes, et il finit par lui dire : « Now get up, we'll make croques-monsieur together. »

« I love you. »
« I love you too. Now be free and make me proud. »

2000
tw : GORE, meurtre, mutilation de cadavre.

LONDRES, ROYAUME-UNI. Kamala a été appelée dans la salle du trône à quelques heures de son rendez-vous avec son premier client de la nuit. Quand elle y pénètre, une odeur terrible lui attaque les narines. « Oh, my little bird. I was waiting for you. » Elle se laisse entraîner vers le mur est de la salle. « Look at my new work of art. » dit-il en agitant la main vers le haut du mur.
L'horreur est telle que pendant quelques secondes, les yeux de Kamala voient flou, comme s'ils essayaient de la préserver de ce qu'elle doit regarder. Elle sent la nausée lui monter dans la gorge et ne peut que s'éloigner pour déverser tout ce que son estomac contenant jusqu'à maintenant. « That's exactly what I wanted to see! This reaction! You've never seen anything that disgusting, right. I made it. » Il frappe dans ses mains, satisfait, tandis que Kamala tente de reprendre son souffle et de calmer ses vomissements. « This is panache! This is flamboyant. » This is being a psychopath.
En haut, il y a Anggi.
Ou du moins sa tête. C'est le seul membre qui lui appartient pour sûr, les autres sont dépourvus de peau. Kamala n'a aucun doute que Kasius a travaillé sur l'oeuvre tout seul.
« Anggi was just so annoying... Always crying in front of clients. And between you and me. » Il met une main devant sa bouche, comme s'il allait lui dire un secret. « She was really ugly when she didn't make the effort to fix her face. » « Y-Yes. » Il frappe dans ses mains. « Now, supper! »
Kamala croise le regard déterminé d'un garde.
Il est temps. Il est grand temps.

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tw: violence, meurtre, sang, mention de viols

C'est le silence.
Mais si on prête bien attention, il y a des froissements de tissu, ici et là, dans les couloirs du souterrain des Faces. Kamala a laissé Tasya au niveau quatre du souterrain et à chaque étage, elle a croisé à travers les grilles de l'ascenseur des scènes diverses : de jeunes enfants qui courent, des soldats qui préparent leurs pièges. L'autre ascenseur est bondé : les gardes rebelles font remonter le plus de gamins à la surface.
Dans moins d'une heure, les couloirs seront vides.
Dans moins d'une heure, tout explosera.

Kamala continue de monter, dans une robe si somptueuse que les reflets des pierres sont aveuglantes face aux miroirs de l'ascenseur. Elle se l'est payée avec l'argent laissé par Thierry. C'est son costume, elle attendait une grande occasion pour la sortir. Aujourd'hui, c'est la grande occasion, le moment qu'elle attend depuis qu'elle est arrivé ici à douze ans.

Devant les portes de la salle du trône, elle prend une grande inspiration, et elle entre sans y être invitée, faisant claquer ses talons sur la pierre froide. « Little bird... This is new. I like it. » fait Kasius, son verre de vin à la main. Kamala s'approche avec un sourire malicieux qu'il prend pour un sourire joueur. « You really were listening to me when I was talking about flamboyant things... »
Il n'a aucune idée de ce qu'il se passe dehors.
Dans la salle, il n'y a que les gardes choisis par Kamala.
Ceux de confiance. Elle leur fait un signe, et ils acquiescent avant de disparaître par les portes de l'arrière, pour mieux rejoindre les ascenseurs qui les mèneront à la surface.
Kamala repose son attention sur Kasius.
Il ne l'a pas quittée des yeux.
Alors elle monte les marches, une à une, pour rejoindre la place qui est devenue la sienne après toutes ces années : l'accoudoir du trône. « You really look different. » fait Kasius, sans se méfier de son petit oiseau docile. « It's all for you, Prince Kasius. » fait-elle avec un sourire.
« Do you remember the first time we met. » « Oh yes, sweetie. You were quite the little rebel. » Kamala baisse les yeux. « Indeed. » Kasius regarde derrière lui. « Evelyn was supposed to bring me a plate of fruits, what is she doing-- » « Evelyn won't come. I asked her to leave us alone. » Kasius hausse les sourcils, intrigué. « Are you trying to take control, little bird? You know I'm not really into it. » Kamala soupire. « I know. But I'm not leaving you that much of a choice. Sorry. »
Tout se passe si vite qu'il n'a pas le temps de réagir.
Kamala sort deux dagues de son corset et les installe en croix sur la gorge de l'homme qui les a tous brisés.
Elle pense aux pleurs, aux blessures physiques dont tous ne se remettront jamais, elle pense aux soirées passées ici, à regarder les scènes hors de son corps, pendant qu'il faisait ce qu'il voulait d'elle. Elle pense à Anggi, à Tasya, à Conor, à Umesh, à Mina, à Claire, à Sunhee, à Dennis, et à tous ceux qu'elle a vu mourir un peu, littéralement ou non.
« Bye, Prince Kasius. » Elle fait glisser les deux lames contre son cou, et pousse le corps de l'homme sur les marches du trône. « What an ironic death. Choking looking at the imperfection of theses staires. » Elle saute de l'accoudoir et laisse tomber chacune de ses dagues sur le corps de l'homme.
Le jupon de sa robe traîne dans le sang du psychopathe, et elle le traîne jusqu'à l'entrée de la salle du trône.
Elle ne remettra jamais les pieds ici.
Ils sont libres.

À la surface, ils attendent, tous. Ils n'ont pas besoin de demander : ils savent qu'elle a réussi. « If you wanna leave, you're free. » dit-elle, montée sur un banc moldu à l'assemblée devant elle. « If you don't know where to go, stay here. » Quelques-uns se saluent, mettent leurs sacs sur leurs épaules, et commencent à se disperser dans les rues de Londres. Ils sont une soixantaine à rester. « What now? » demande Tasya. « Now, you all go to my house. » dit-elle en pointant du doigt plusieurs portoloins des Faces, qu'elle a réglés sur la maison de Thierry. « And you wait for me. » Elle sourit. « I'll come back with our new leader. Someone we can trust. Quick, this is going to blow up any second now. » Tous se jettent sur les portoloins et elle veille à ce que tous soit bien partis avant de quitter la rue à son tour pour aller retrouver Zanjin.

EPILOGUE : 2006
tw : mention d'abus sexuels. DANCING PHOENIX, LONDON. Du haut du balcon qui surplombe la salle principale du cabaret, Kamala observe. Les filles sur scènes sont irréprochables, les serveurs aussi. Un martini à la main, elle suit du regard les clients. Parfois, elle reconnaît des visages.
Kamala n'oublie jamais un visage.

Après la mort de Kasius et la disparition de la branche britannique des Faces, Kamala a mené ce qui restait de son gang chez les Warlocks. Une partie de ses anciens camarades sont devenus des dogs, d'autres ont choisi les doves. Kamala leur a laissé le choix de partir, ou de rester et de choisir la branche qu'ils préféraient au sein de leur nouveau gang.
Quand bien même ils sont tous sous un nouveau leadership, elle reste leur référente, la personne vers qui ils se tournent quand ils doutent.
Kamala aime ça. Elle était née pour le pouvoir.

Et du pouvoir, Kang lui en a donné.
Elle a fait du Dancing Phoenix une institution.

Quelques jours après la Purge des Faces, elle a repris officiellement son nom véritable, quittant le Roseanne Watson pour toujours, pour un Kamala Chase qu'elle aime entendre dans les bouches de ceux qui l'entourent.

Tasya est toujours à ses côtés. Elle est son second pour tout, au sein du Dancing Phoenix. Elles montent même sur scène ensemble, parfois.

Thierry lui manque, tout le temps. Elle se réfugie deux fois par an dans cette maison qui est désormais la sienne. Elle y emmène souvent Elias, l'homme qui partage actuellement sa vie. Elle aurait aimé le présenter à Thierry.
Elle n'a toujours pas retrouvé Simon. Mais n'a pas perdu espoir.

Kamala s'accoude au balcon, souriante.
This is what freedom looks like. Et elle n'échangerait cette vie pour rien au monde.


Dernière édition par Kamala Chase le Lun 18 Mai - 9:53, édité 4 fois
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re-bienvenue ici KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 941336645
Hâte de voir ce que tu vas nous faire cette fois !

Bonne rédaction. KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1172237334 KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1172237334
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KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1172237334 ce perso a l'air d'envoyer du lourd KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 941336645
j'ai hâte d'en lire plus **
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KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1566152604 KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1566152604 KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1566152604

our queen KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1215722860
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ELLE EST SI BADASS JE N'EN PEUX PLUS.

DRAMAAAA DRAMAAAA DRAMAAAA DRAMAAAA DRAMAAAA
Trop belle, trop classe, trop de potentiel dans ce gang de gueudins je n'y P.P. Je vais suivre tout ça avec mon popcorn et mon enthousiasme. Rebienvenue chez toi ma jolie. Comme l'autre toto je suis trop heureuse d'être de retour pour te voir te dédoubler.  KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1634921035


^ Moi qui m'installe devant vos fiches parfaites.
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summer, ce personnage vraiment trop génial, le pseudo KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1958205885
(re) bienvenuuuue KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 736882016 KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 736882016
(et gg pour tenir autant de comptes franchement je m'incline DRAMAAAA )
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Une nouvelle collègue de loin, fufufu ! Au plaisir de voir ce que tu nous réserves hehe
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Hayes Donnachaidh
DEATH EATER
Hayes Donnachaidh
Date d'inscription : 12/04/2020
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Crédit : profile; (avatar) writerinafoxhole, (gifs) tumblr — signature; (gif) writerinafoxhole
Âge : il maintient le cap vers le demi-siècle, quarante-sept ans sous la ceinture, comme le bon vin, il se bonifie avec l'âge
Occupation : spécialiste en cartographie historique et topographie maritime, pirate pendant plus de dix ans, recherché par les autorités britanniques jusqu'à son arrestation en 1991. Responsable du bureau international des lois magiques, section maritime au sein du département de la coopération magique internationale depuis sa sortie de prison. Navigateur lors de l'expédition de l'Athéna en 2006, il attend le prochain voyage avec beaucoup d'impatience
Allégeance : sorcier de sang-mêlé depuis plusieurs générations, ses cousins, neveux et nièces font perdurer la lignée s'assurant de ne pas entacher les générations d'unions sorcières, tout écart n'est pas permis
Particularité : les défunts murmures depuis plusieurs siècles aux oreilles des Donnachaidh, on ne s'y habitue jamais vraiment, on bloque par la magie de l'esprit, afin de ne pas laisser les fantômes déteindre sur soi et on ne s'attarde pas dans les lieux familièrement hantés et on résiste, comme on peut, à l'appel du Voile. La mort déjà omniprésente, il a fallu que s'ajoute une malédiction irlandaise, le liant au Dullahan, une sombre histoire de têtes coupées
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la classe internationale, la queen, no doubt DRAMAAAA
bon retour avec ce nouveau compte (z'êtes tous fous, i donno how you do it)
have fun y tout y tout KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 1150482778 KAMALA + i'll build my kingdom from your ashes 736882016
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