Cela fait un moment que Ginny était censée venir ici. Dans cette petite planque de second ordre qui se remplit et se vide au gré des saisons. Elle a ses sources toujours, principalement Lee Jordan en fait, pour lui dire où se trouvent ceux qu'elles cherchent, obtenir leurs numéros aussi quand ceux-ci changent trop rapidement. Le numéro actuel de Creed elle l'a sur son nouveau téléphone depuis déjà quelques jours. Elle sait également où il se trouve, mais elle hésite tergiverse et s'occupe autrement. Après tout elle est loin d'être inactive. La mission d'Hallowe'en se prépare et elle n'y est pas conviée mais elle va s'y rendre quoiqu'il arrive. Neville aussi. Et ça demande une certaine préparation en plus de leurs devoirs concernant la recherche des Horcruxes. Mais au milieu de tout ça, Ginny a l'impression d'être une mauvaise amie et c'est une sensation qu'elle déteste.

L'endroit semble presque déserté quand elle arrive, sûrement certains sont-ils sortis prendre l'air, voir des contacts ou en mission. Heureusement, il y a encore quelques missions sur lesquelles sont envoyés les membres lambdas de l'Ordre, pour donner l'impression quand même que la Résistance fait quelque chose, même si ça n'est assez pour personne. Elle offre le mot de passe à la jeune femme qui l'accueille et par d'elle-même à la recherche de Dean qu'elle trouve rapidement dans ce qui semble être le coin cuisine de la planque. « Salut, Ginny. » Il a un sac sur les épaules et un sourire bien maigre sur les lèvres. Est-ce qu'il lui en veut de ne pas être venue plus tôt ? « T’es là pour une mission, toi aussi ? » Elle secoue légèrement la tête, malheureusement non. Peut-être qu'elle aurait dû manigancer pour être envoyée en mission avec Dean, ça leur aurait donné une bonne excuse pour être ensemble, se retrouver sans avoir vraiment besoin de parler, surtout de choses personnelles. Là, au contraire, Ginny semble avoir raté son coup avec cette visite à l'improviste, il a une mission il ne va donc pas pouvoir rester longtemps avec elle. « Devine qui est revenu. » Ses sourcils, qui malgré les efforts de Lee ne sont pas tout à fait assortis à ses cheveux, tressautent un peu alors qu'une moue tord ses lèvres. Au moins il n'est nul besoin de tourner autour du pot en échangeant des banalités. La question de Dean tombe à plat, peut-être qu'il sait déjà que c'est précisément pour ça qu'elle est là.

« Petit, maigrichon, un penchant pour tout ce qui fait boum ? » propose-t-elle avec un brin de la malice qui lui fait défaut parfois quand Dean est dans la pièce. Ce n'est pas qu'elle lui en veut. Ça fait déjà longtemps qu'ils ont rompu, elle a tourné la page et elle sait dans le fond que ce n'est pas sa faute. Mais c'est gênant tout de même, bizarre et un peu douloureux de faire comme si de rien était avec une personne avec laquelle on a tout partagé. « Je suis au courant. » Et Seamus aussi est au courant de ce qu'elle pense de sa fuite en traitre et son retour comme un cheveu sur la soupe. Son poing a été plutôt éloquent pense-t-elle. Elle ne l'a pas encore revu depuis, une seule visite lui a suffit. Cet imbécile est de toute façon sous surveillance pour l'instant, il sera bien assez temps dans le revoir plus tard. Une fois qu'elle aura discuté avec Dean. « Tu lui as parlé ? » Elle imagine que oui, elle doute que Dean soit physiquement capable de s'abstenir de rendre visite à Seamus une fois mis au courant de son retour. Elle imagine qu'ils se sont même peut-être vus plusieurs fois si quelqu'un a pu rendre la chose possible — Lee peut-être ? Leur amitié est après tout de notoriété publique au sein de l'Ordre. Avant que Seamus ne les quitte il était même bien rare de penser à l'un sans penser à l'autre. La question est donc probablement stupide, mais c'est une manière comme une autre de l'amener à parler de ce qu'il pense de ce retour soudain.

Dean, qui semblait sur le départ, pose son sac sur le comptoir de la cuisine, une indication comme une autre que cette conversation n'est pas encore terminée. C'est une bonne chose, c'est pour cela qu'elle est venue, pour parler avec lui, pour autant une partie d'elle est presque déçue, elle aurait appréciée d'avoir à écourter les choses, sans que ça ne soit de sa faute à elle, pour une fois. « Oh. » Elle fronce un peu les sourcils, confuse un bref instant, pensait-il vraiment qu'elle ne savait pas ? Cela fait déjà plusieurs semaines que Seamus est revenu, et autant de jours que Ginny sait. Peut-être parce qu'elle laisse beaucoup ses oreilles traîner à St James, ou peut-être parce qu'elle s'entend bien avec Lee. Elle aurait pu être mise au courant sur le tard, mais tout de même pas si longtemps après les faits. Elle pensait que la question de Dean n'était qu'une blague; « Mon poing a décidé de mettre un terme à la courte...Mise au point ? » Ça par contre Ginny ne le savait pas et la nouvelle, très surprenante, lui arrache malgré elle un petit sourire, presque fier de Dean. C'est idiot et les poings ne résolvent généralement pas grand chose dans la vie, mais elle sait que ça fait du bien parfois. Elle sait que ça fait du bien sur Seamus, en particulier. « Et toi ? » Son sourire en coin reste accroché à ses lèvres, visiblement son éclat à elle non plus n'a pas voyagé jusqu'ici. Tant mieux, ça leur fera toujours plus de choses à se dire. « Toujours sous surveillance, hein ? » Le rire amer qui passe les lèvres de Dean, lui fait perdre un peu de son sourire. Elle devine sans aucun mal tout le ressentiment derrière, à cause de ces cercles, toujours, en quantité inégale sur leurs bras. « Je ne sais même pas pourquoi il est revenu. » Ils sont donc deux. Plus même. C'est pour ça que Seamus n'a toujours pas quitté son espèce de prison. Il est surveillé, interrogé. On se demande ce qu'il fait-là et à raison. Vu comme il est parti, personne n'attendait de retour de sa part, ou en tous cas pas avant la fin de la guerre ou en tous cas pas comme ça, pas comme une fleur. « Il aurait dû rester loin. C’était mieux comme ça... » Un léger soupir passe les lèvres de la blonde qui dodeline de la tête mollement comme si elle ne savait pas s'il fallait approuver ou non. « Hmph. » Elle s'approche du comptoir où il a posé son sac et se hisse dessus, les pieds dans le vide, le coude sur les genoux et le menton dans la paume de la main.  « Gauche ou droite ? » demande-t-elle semble-t-il tout naturellement.  « Moi c'était une bonne droite, bam en plein dans l'nez. » Elle hoche doucement la tête, rien dans son expression ni sa voix ne trahissant la moindre honte ni le moindre regret. C'était mérité. « J'avoue qu'on a pas trop discuté, après ça. » Ils étaient amis pourtant, Seamus et Ginny, avant. Ils riaient des mêmes bêtises, traînaient ensemble au coin d'un feu. Dean et Seamus lui ont appris beaucoup de choses sur les jeux vidéos et sur les bandes-dessinées moldues — dont elle a hérité son nom de code d'ailleurs — quand ils veillaient ensemble sans raison à Wolverhampton. Mais Seamus est parti, et les mois ont passé et Ginny n'est pas sûre qu'ils soient encore amis. Il les a trahi, en partant. Et même si elle comprend pourquoi il est parti, elle n'arrive pas à lui pardonner. Peut-être que ça viendra. Peut-être que quand l'Ordre aura décidé de lui faire confiance, elle aussi finira par le laisser essayer de se racheter. Pour le moment elle ne fait confiance qu'à sa colère.

Mais si Ginny s'est sentie trahie et abandonnée par son départ, elle ne peut pas imaginer que ça a été pour Dean. Seamus et lui… c'était difficile de les imaginer l'un sans l'autre, à l'époque. Même pour elle c'était comme un package deal, devenir ami avec l'un voulait dire devenir ami avec l'autre. Si elle elle l'a frappé en guise de bienvenue, elle devrait donc pouvoir comprendre que Dean en ait fait autant. Pourtant, si presque fière de lui qu'elle ait pu être au moment où il le lui a dit, elle ne peut s'empêcher de froncer les sourcils désormais, de l'inquiétude au fond des yeux. C'est juste tellement pas le genre de Dean. Et en lui écrasant sa droite dans la gueule, Ginny pensait presque le faire pour deux, justement. « Mais j'ai rien perdu. Parce que si je devais miser sur quelqu'un pour lui tirer les vers du nez, ça serait plutôt toi. » finit-elle par admettre, d'une voix précautionneuse. Elle ne veut pas qu'il pense qu'elle est venue, sur demande de ses supérieurs, pour obtenir sa collaboration dans l'interrogation de Seamus. À dire vrai elle n'a parlé à personne de ce sujet, certainement pas aux-dits supérieurs. Elle hésite un peu et demande d'une voix suffisamment basse pour à peu près masquer son malaise. « Ça va, toi ? » Légère emphase sur le pronom. C'est pour ça qu'elle est là, vraiment. Pour savoir comme lui il va, comment lui il prend la nouvelle. Pour savoir, comment lui le plus trahi et le plus abandonné accepte ce retour inattendu. Vu le coup de poing, pas très bien.

« Fais pas ça, s’te plaît. Ne me le demande pas. » Ginny fronce les sourcils en réalisant que Dean l’a prise au sérieux, la pense capable de faire une chose pareille. Elle n’oserait pas…à moins que ça ne soit vraiment crucial, peut-être… Elle s’en voudrait tellement ceci dit, elle préfère ne pas y penser, se dire qu'elle n'en viendrait jamais à demander ça de lui, secouant lentement la tête pour lui intimer qu’elle n’y compte pas.  « J’essaye de pas y penser. A vrai dire, c’est pour toi que je m’inquiétais. » Nouveau froncement de sourcils et regard interrogateur en la direction de son ami. Elle ne le comprend pas, cette fois. Qu’un autre s’inquiète pour elle suite au retour de Seamus, elle peut l’entendre, mais lui ? Il a définitivement assez à penser lui-même — mais justement, réalise-t-elle alors, peut-être que penser à son état à elle lui permet de se distraire de ses propres émotions. Ça, Ginny, elle le ne le comprendrait que trop bien. « Son retour apporte des souvenirs. » Vague hochement de tête de la blonde qui ne réalise pas qu’ils ne songent en fait pas du tout à la même chose. Elle pense qu’il fait référence aux souvenirs qui n’appartiennent qu’à Seamus et lui. Leur amitié si proche et fusionnelle, leur passif de meilleurs amis inséparables. Elle n’ose imaginer combien ce put être dur pour lui de le voir partir et comment ça a dû le chambouler de le voir revenir. Seamus a dû tant lui manquer, mais maintenant qu’il est là, peut-être qu’il ne sait plus comment agir avec lui. Une moue tord les lèvres de Ginny, pensive, elle est venue pour ça : pour le réconforter, mais elle n’a pas les mots. « J’ai envie de disparaître, parce que je sais que m’excuser sans cesse n’effacera jamais rien de ce que j’ai pu gâcher entre nous. » Un court instant elle croit que le “nous” fait référence à Seamus et Dean. Le “nous” qui indubitablement a le plus compté pour lui pendant des années. Et puis quand il ajoute : « Mais, j’veux que tu saches que je serai toujours là. » elle réalise que c’est à eux qu’il fait référence, elle et lui, ce qu’ils ont partagé pendant presque un an, après le départ de Seamus, dans son dos presque, en un sens. Plus elle y pense et plus Ginny est persuadée que s’il n’était jamais parti, Dean et elle ne se seraient jamais trouvés puis perdus. Elle ne s’attendait pas le moins du monde à cet élan d’attention, cette promesse de la part de Dean, pas quand elle est venue pour lui et pour lui dire à peu près la même chose d'ailleurs. Elle est suffisamment prise de court pour ne pas répondre de suite, le visage un peu plus pâle qu’à son arrivée alors qu’elle réalise qu’elle a été bien égoïste depuis plusieurs mois.

« Pour Seamus, tu veux quoi comme infos ? » demande soudain Dean à l’immense déconfiture de Ginny qui bat des cils un instant, coite. « Jamais je te demanderais un truc pareil. » répond-elle presque choquée qu’il pense le contraire. Ceci dit, c’est assez compréhensible au final, quand on sait toutes les choses qu’on lui impute juste parce qu’elle est membre du cercle six — qui doit donc approuver toutes les décisions prises plus haut —, tous les secrets qu’elle est obligée de garder et donc la distante qu’elle est forcée de conserver. « Eux le feraient, ceci dit.  » admet-elle lentement et avec un petit soupir. Elle ne pense pas du tout que ce soit au-dessus du Conseil de chercher à utiliser Dean pour faire parler Seamus et même elle est surprise que ça n’ait pas déjà été essayé ; c’est qu’on ne doit pas trop soupçonner Seamus, finalement. « Nan je voulais juste dire, je pense que s’il doit se confier à quelqu’un ce sera toi, mais t’es pas obligé de le faire parler, c’est pas ta responsabilité Dean. » Elle n’a pas du tout envie que quiconque l’utilise comme ça. Surtout qu’au final, même elle qui ne l’a vu qu’une poignée de minutes ne soupçonne pas Seamus de grand chose à part d’avoir été lâche au départ en les abandonnant. Et remonté contre l'Ordre pour plutôt de bonnes raisons. « Et puis c’est pas ta faute, tu sais ? » Elle a jamais pensé que c’était sa faute même si ça l’a blessée pour sûr quand il lui a avoué la vérité. Ce n’était pas de sa faute parce que c’est juste qui il est et si elle lui en a voulu, c’est juste de pas s’en être rendu compte plus tôt, avant que ça ne lui brise le cœur. « J’ai jamais voulu que tu penses que c’était ta faute. » Elle secoue la tête, un peu frustrée, bougon aussi parce que c’est une conversation qu’ils auraient dû avoir plus tôt peut-être mais que même aujourd’hui elle n’a pas envie d’avoir.  « J’aimerais pas du tout que tu disparaisses, t’es très important pour moi Dean, tu le seras toujours. » Même s’ils sont maladroits l’un envers l’autre depuis, elle n’a pas renoncé à son amitié, elle l’a juste trouvée difficile à retrouver, au début. Et puis quand elle a commencé à être un peu plus à l’aise elle a juste voulu éviter de parler de tout ça. Elle a beaucoup pensé à elle au final, à ce que la rupture et le reste lui ont fait ressentir et elle se rend bien compte que ça fait d’elle une bien piètre amie. Surtout quand Dean est tout le contraire, bourré de sollicitude à son égard. «  Moi aussi je serai toujours là pour toi. Désolée si j’en ai pas toujours eu l’air. Mais c’est le cas, j’te promets. » Pour les trucs importants elle sera toujours là, pour s’assurer qu’il va bien quand des maladies traînent dans l’ordre, pour aller le visiter à son chevet quand il est blessé, pour le voir pour son anniversaire aussi. Elle aimerait bien que ce soit plus facile, qu’il habite avec eux à Saint James, qu’elle soit pas sortie avec lui, qu’il lui ait pas fait réaliser à quel point dans le fond les relations du genre ça ne sert à rien en temps de guerre qu’à se rendre plus faible. Elle a appris sa leçon désormais ou du moins c’est ce qu’elle essaye de croire chaque fois qu’elle quitte la tente de Cormac. Elle refera pas la même erreur. «  Après, si t'as pas envie de parler de lui, j'comprends. » Elle peut pas faire autrement, elle qui est devenue une pro du déni de conversation quand ça la chante. Elle comprend ce que c'est de pas avoir envie de regarder ses sentiments en face, elle sait que c'est stupide, que ça les fera pas disparaître, mais c'est facile d'y croire, pendant un temps.
Et quand il s'agit de Dean et Seamus, elle imagine qu'il y a bien plus de sentiments encore que ce qu'ils n'en ont l'air.

« Merci. » marmonne Dean après avoir pris ses mains dans les siennes. Et pendant un instant, c'est comme avant. Avant que ça ne devienne trop compliqué entre eux, quand ils pouvaient encore se prendre par la main sans que ça ne veuille dire grand chose, tout en étant réconfortant quand même. Ginny secoue doucement la tête, elle n'a pas besoin de remerciement, loin de là même, elle ne les mérite pas. Elle n'a rien fait qu'elle n'aurait pas dû faire des semaines plus tôt déjà. « J’ai jamais envie de parler de lui, mais c’est ce que tout le monde attend de moi, pour une raison ou une autre. » Elle hoche vaguement la tête, elle peut l'imaginer en effet. Et elle comprend assez bien ceux qui le font aussi : ils ont longtemps été un duo incassable, normal donc de continuer à parler de l'un à l'autre. Mais Dean est aussi sa propre personne sans Seamus. « Et je ne peux jamais m’arrêter de parler de lui. Parce que je comprends pas. J’suis comme tout le monde. J’comprends pas pourquoi il est là. J’comprends pas pourquoi il nous a abandonné. J’arrive pas à passer à autre chose. J’ai constamment envie de l’étriper. Sa simple pensée me met dans une colère noire. » Il soupire et Ginny l'imite, lui laissant le temps de se calmer d'autant plus qu'elle-même ne sait pas trop quoi dire. En tant qu'amie de Dean elle pense devoir essayer de l'apaiser, mais en tant qu'ancienne amie de Seamus elle partage son incompréhension et sa colère et doute de pouvoir trouver les mots adéquats. Plus que de se demander pourquoi il est revenu — le regret, pense Ginny, assez simplement — la vraie question, celle qui fait rager, celle qui retourne l'estomac c'est pourquoi il est parti ? Ginny en a connu d'autres des amis qui ont tourné le dos à l'Ordre, mais ils n'ont pas tourné le dos à la cause et aux combats, ils ont juste préféré s'en remettre à leur propres principes, enquêtes et actions, plutôt qu'à un Conseil trop mystérieux — et aux idées et plans parfois très douteux. S'il avait rejoint les Avengers, Ginny n'en aurait pas tant voulu à Seamus. Mais ce dernier a tout lâché, il est parti se réfugier outre-Manche et ça elle le comprend bien moins.

« J’aimerais que tout soit fini. » N'en rêvent-ils pas tous ? De la fin de la guerre et des drames et des pertes ? Ginny espère encore en voir le bout un jour, mais elle ne se fait plus d'illusion quant au fait que ça pourrait être bientôt. Ni quant au fait qu'elle pourrait, après tout ça, retrouver une vie normale comme si rien ne s'était passé. « Et toi, comment ça va ? J’veux dire, comment tu vas réellement ? » Elle haussait déjà une épaule, prête à répondre par automatisme que ça va et se renfrogne un peu quand il insiste pour avoir la vérité. « De bonnes nouvelles à l’horizon ? » Une moue tord les lèvres de Ginny ; les bonnes nouvelles ne sont pas si courantes que ça. Elle en a quelques unes ceci dit, puisque la vie continue même pour les membres de l'Ordre, même quand sur le plan de la guerre elle-même ce sont plutôt les mauvaises nouvelles qui affluent. « Fleur est enceinte, je sais pas si t'es déjà au courant. Une nouvelle génération de Weasley arrive. » Elle est plutôt contente pour son frère Ginny, même si elle est un peu anxieuse aussi, se souvenant très bien de ce même ravissement à l'époque, pour Percy, ce qui a plutôt mal fini. Elle esquisse un sourire franc, malgré tout, elle est excitée à l'idée d'être tata et ce, même si Fleur n'est pas sa personne préférée au monde. Ça vient doucement entre elles deux. « Ce serait cool que ce soit une fille. » Histoire de briser un peu ce cycle trop masculin de Weasleys avant elle.  « Hm sinon, rien de vraiment nouveau sous le soleil. » Elle aimerait bien avoir des choses à lui raconter, sur les avancées de l'Ordre, mais pour le moment, à part la mission de Hallowe'en qui prévoit d'envoyer divers membres lambda sur le terrain, il n'y a pas grand chose sur le feu, pas qu'elle sache en tous cas — et d'ailleurs à cette mission elle n'est expressément pas invitée, quoique ça ne l'empêche pas déjà de préparer son costume et sa participation, autorisée ou non. Ce n'est pas faute de faire des recherches encore et toujours sur les Horcruxes, pas faute de lobbying pour agir sur le Cas Harry. « Moi ça va…je veux dire à part les griefs habituels. » Elle roule des yeux, consciente toutefois qu'elle est bien moins à plaindre que d'autres. « T'inquiète le blond n'est pas un signe de dépression. » Plaisante-t-elle avec un clin d'œil, en référence à ses cheveux décolorés en mai dernier — Dean l'a déjà vue ainsi, bien sûr, mais Ginny voit là une opportunité comme une autre de changer de sujet. « Au contraire Lee m'a dit que les blondes s'amusent plus d'après les moldus. » Elle pose un doigt penseur sur son menton. « T'en as déjà entendu parlé de ça toi ? » Après tout, lui et Seamus, plus encore que Hermione, ont toujours été sa référence niveau culture populaire moldue.

La tentative de Ginny pour détourner le sujet et si possible détendre un peu l'atmosphère semble porter ses fruits. Dean plaisante — pour sa part ça plaira plutôt bien à Ginny que la prochaine génération Weasley soit exclusivement féminine même si les bébés garçons sont tout aussi mignons bien entendu — la complimente même sur son changement de couleur. Elle s'est fait beaucoup juger à ce sujet, donc un peu plus un peu moins ne lui ferait somme toute ni chaud ni froid vu qu'au final seule son opinion à elle compte — elle l'a d'ailleurs bien fait comprendre à Cormac notamment. Ses cheveux, son choix. Surtout que ce n'est pas vraiment par coquetterie qu'elle a pris la décision de se les teindre, mais plus par souci pratique. Elle s'est fait reconnaître bien trop facilement par les Death Eater et le public le jour du discours d'Harry et elle a failli y passer.
Elle est tout de même contente que ça lui aille bien au final et elle apprécie toujours les compliments bien entendu. « Oui, tout le temps. » Elle hausse un peu les sourcils en entendant les sourcils, heureuse de le voir détendu, mais se demandant quelle blague elle vient de rater. « On dit qu’elles sont plus déraisonnables que la normale, surtout. Un peu loufoques parfois. » Oh. Quelqu'un de mal avisé pourrait dire que ça expliquerait assez bien quelqu'un comme Luna. Mais Luna n'a pas besoin d'explication, elle est qui elle est et elle est unique en son genre peu importe sa couleur de cheveux. De toute façon l'idée qu'une couleur de cheveux influence le caractère de quelqu'un est ridicule et Ginny se doute bien que quoi que les moldus racontent à ce sujet c'est soit une blague soit une légende urbaine. Elle esquisse un sourire carnassier toutefois. « Ma mère serait bien d'accord avec l'aspect déraisonnable. » rit-elle un peu en secouant la tête. Rien qu'à son dernier anniversaire Molly l'a quelque peu sous-entendu. Ça ne dérange pas tellement Ginny, elle veut bien croire que ce soit un peu vrai. « Je n’y accorderai pas trop d’importance si j’étais toi. » Elle hausse les épaules et hoche la tête en même temps dans un mouvement équivoque. Elle se tend un peu, mais le laisse faire quand il attrape une mèche de ses cheveux pour la porter à son propre crâne comme si c'était un nuancier chez le coiffeur. « Tu penses que je pourrais me faire une couleur, moi aussi ? » Elle observe ses cheveux avec beaucoup de sérieux comme si elle ne sentait pas la blague dans sa voix. « Pourquoi pas ? Tu pourrais faire juste les pointes blondes là il paraît que c'est super à la mode ! » Elle n'en sait rien mais la dernière fois qu'elle a fait une escapade dans le monde moldu y avait plusieurs types bruns avec des mèches blondes en affiches un peu partout. « Par contre c'est super chiant, il faut décolorer et ça pue et ça gratte. Mais Lee peut sûrement t'arranger ça. » Lee trouve toujours quand on lui demande gentiment. « Toi par contre faudra peut-être que tu gardes ça super longtemps parce qu'il paraît que ça dépend de la couleur de base. » Elle hoche la tête d'un air sûr d'elle, fausse bonne élève. C'est vrai que son roux à elle était plutôt vif, mais rien avoir avec le noir ébène des boucles de Dean. Elle effleure ses cheveux du bout des doigts et sourit. « Moi j'aime bien comme ça. » admet-elle doucement.
Mais son opinion ne compte pas.
Elle ne peut s'empêcher de se demander si celle de Seamus, elle, compterait pas un peu.