« Merci. » marmonne Dean et Ginny se demande si elle est allée trop loin en touchant ses cheveux. C’est vrai que tout le monde n’apprécie pas qu’on fasse ça, mais elle se l’est permis, simplement parce que lui même jouait avec une de ses mèches à elle. Ils étaient si à l'aise l'un avec l'autre avant… Une petite moue tord ses lèvres et elle hausse un peu les épaules. « C’est pas l’expérience la plus cool qui soit, c'est vrai, mais tu sais, le roux ce n’était pas franchement discret.  » Explique-t-elle à mi-voix. À l’inverse, les pointes blondes suggérées sur les cheveux de Dean l’aideraient encore moins à passer incognito et ne seraient réalisées que par pure envie esthétique. Elle hausse de nouveau les épaules et regarde ses genoux un moment, en se demandant si la conversation est là terminée. Peut-être qu’ils n’ont plus grand chose à se dire. C’est con parce qu’avant ils pouvaient passer des heures à discuter de tout et de rien. Et elle ne sait plus si c’est la faute à la guerre qui s’éternise ou leur faute à eux si ça n’est plus le cas aujourd’hui. « Tu repars quand ?  » Elle relève les yeux vers lui, un peu surprise par sa question même si elle est plutôt légitime. « J’dois faire des réserves.  » lui explique-t-il lui-même alors qu’elle n’a rien demandé. Elle l’a pensé ceci dit : pourquoi ce sac, où vas-tu aujourd’hui ?

« Tu pourrais venir avec moi.  » Nouvel éclat de surprise dans les yeux bleus de Ginny, une petite hésitation aussi. La vérité c’est qu’elle allait repartir, là, bientôt. Elle est venue pour parler de Seamus, c’est chose faite et elle sent bien que remettre le sujet sur le tapis aujourd’hui ne serait pas le bienvenu. Ils ont parlé d’autres choses aussi, elle lui a rappelé qu’elle était encore là pour lui, mais… la vérité c’est qu’elle comptait partir. « C’est où exactement ?  » finit-elle par demander, pensive, jetant un rapide coup d’œil à sa montre. Elle s’en veut de ne pas être l’amie qu’il mérite, l’amie qu’elle sait qu’elle pourrait être puisqu’elle l’a été par le passé. Elle est souvent occupée, ce n’est pas toujours délibéré, mais c’est vrai que parfois elle pourrait venir le voir et elle ne le fait pas. Elle s’occupe ailleurs, parle à Tonks ou Susan ou alors elle va voir Cormac. Elle va souvent voir Cormac. « Je peux venir. Faudrait que je sois de retour au Manoir ce soir, mais j’peux venir.  » Ce n’est pas son rôle d’aller faire des réserves avec des cercles trois, mais de ça Ginny s’en fout. Elle s’en est toujours foutu, avant comme après que les cercles aient été créés. Elle a toujours été affectée à la mission Horcruxes, la mission la plus importante au final et elle a toujours été mal à l’aise avec le secret et le fait d’être mise à part du reste d’une manière de plus en plus visible. Surtout quand le "reste" ce sont des gens aux côtés desquels elle s’est toujours battue. Ce n’est pas son rôle de faire ça, mais ça lui est égal. Quand elle est avec ses amis qui ne sont pas du cercle six, elle file toujours un coup de main si elle peut. Elle a le temps d’y aller avec lui, rien de trop pressant à faire pour le Conseil et Dean le lui a demandé. Alors elle va y aller. Parce qu’elle en a marre d’être une mauvaise amie. Et peut-être que ça va mal se passer, peut-être qu’ils vont encore être silencieux, un peu gênés. Peut-être qu’ils finiront par se disputer même. Mais au moins elle aura essayé et on pourra pas dire que sa promesse d’être là pour lui n’aura été que des mots.

« Tu as sans doute raison. » admets-tu finalement. Il ne fallait pas en connaître énormément sur la  famille Weasley pour savoir que les cheveux roux étaient l’une de leurs caractéristiques connue à travers tout le pays en plus d’être une couleur attirant le regard, penses-tu. Puis, le silence s’installe. La conversation s’amenuise au fil des secondes. Autrefois, ce n’était pas comme ça. Il fallait vous séparer de force pour mettre fin à vos discussions, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Tu avais toujours quelque chose à lui dire, quelque chose à lui raconter, toujours un sujet sur lequel débattre à portée de main. Bien des choses ont changé, c’est indéniable. Cependant, c’est bien la dernière des habitudes que tu aurais aimé perdre. Une habitude qui te faisait tant de bien quand ton monde s’était écroulé en l’espace d’une seule journée. Elle avait su le reconstruire brique par brique, elle avait su lui donner un petit peu de stabilité aussi. Aujourd’hui, sa simple présence ne t’apaise plus autant qu’elle pouvait le faire. Tous tes muscles sont tendus sous ton t-shirt trop large. Tu crains de la faire souffrir une fois de trop. Tu crains de ne pas être à la hauteur une fois de plus. Tu crains de ne plus retrouver votre amitié d’antan. Un léger soupir s’évanouit dans la cuisine. Et c’est là que tu lui proposes de te suivre, de partager une nouvelle mission avec toi. Sans doute que tu essayes de raviver une légère flamme. Sans doute que tu essayes de te racheter. Tu n’en sais rien. Tu avais presque perdu espoir d’avoir une véritable conversation avec elle jusqu’à maintenant. Tu tournes la tête vers ton sac, puis, glisses finalement du comptoir pour retomber sur tes pieds. Les aiguilles de ta montre t’indiquent que ton départ est pour bientôt. Tu dois te préparer. Qu’elle te suive ou non.

Tu ouvres un placard et prends une gourde que tu remplis d’eau avant de la glisser dans ton sac, rapidement suivi par une pomme que tu emprisonnes dans un linge propre. Sa question t’interrompt.  « Pas très loin. » commences-tu. « Dans le centre. On a besoin de quelques vêtements pour les nouvelles têtes, de vivres et de quelques plantes comme de l’aconit. » Bien utile pour les loups-garous à la pleine lune, elle est aussi très utile pour faire des nuits blanches. Ta dernière nuit de sommeil remonte à bien longtemps. « Il y en a chez quelques fleuristes, mais surtout dans des parcs. J’ai noté quelques adresses là-dessus. » Tu sors un morceau de papier chiffonné que tu lui tends dans l’espoir idiot d’avoir son accord. « J’aurais terminé dans trois heures, peut-être quatre, pas plus. » lui assures-tu. Si tu ne rencontres pas d’ennuis en route. Quoiqu’il en soit, tu es persuadé qu’elle ne viendra pas, qu’elle ne t’accompagnera pas. Donc tu auras terminé dans trois ou quatre heures. Tu refermes ton sac et passes la hanse de celui-ci au-dessus de ton épaule. Ton regard retrouve les traits familier de la jeune femme. « Tu peux venir ? » tu répètes bêtement. Tu ne t’y attendais pas. Tu pensais qu’elle refuserait, sous prétexte d’avoir une mission pressante pour le Conseil ou tout autre impératif. Un sourire fend ton visage. Un sourire de ceux qui ne font pas place au doute. Un sourire qui ne ment pas, qui ne trahit pas. Un véritable sourire sincère. « [color=#568480Tu y seras.[/color] » Comme une promesse que tu lui fait. « Tu as des affaires à prendre ? » Tu dois encore prévenir de ton départ, elle a le temps de faire son sac avant que tu ne passes la porte de sortie de la planque.