Il mordille le bout de sa pipe depuis trois heures, mais il n'a pas bougé de son siège. Les clients passent, boivent leur café, finissent leur thé, et s'en vont; mais lui reste, demandant parfois à ce qu'on lui serve une nouvelle tasse de camomille, tandis qu'il mâche sa pipe et lit son livre d'un air profondément concentré. Tout le monde sait qui il est: Edward Thaddeus Graham est un riche sang-mêlé qui a fait fortune avec une série de livres peignant les aventures d'un détective privé accompagné de son meilleur ami un vétéran médicomage (personne n'a encore eu le temps de l'accuser d'avoir copié quelconque livre moldu mais Kingsley pense que ça ne saurait tarder). Si Graham est quelqu'un d'aussi superficiel qu'insupportable, il a au moins le mérite de faire partie de l'Ordre du Phénix, en tant qu'agent-double. Même si son potentiel en tant qu'informateur est plutôt limité, il est très utile à certains membres sélectionnés de l'Ordre pour être utilisé en tant que visage.
C'est ce que Kingsley est en train de faire en cet instant précis. Il a demandé à Edward de rester chez lui, il a récupéré un cheveu de son crâne, et il l'a mis dans la flasque de Polyjuice qu'il a la ceinture. Grâce à un ingénieux système fabriqué par Sofia, un tube magique qui passe dans sa manche, il peut verser quelques gouttes à chaque fois qu'il tend le bras au-dessus de sa tasse.
Et il attend.
Il attend.
Il attend.

Il mordille sa pipe et il boit son thé et il lit son livre et il attend, et bouge à peine quand Myrthild Travers entre dans le café très huppé où le thé le plus basique coûte près de 5 Gallions tout entier (?!). C'est un endroit où tout le monde est en livrée noire, avec le noeud papillon et tout, l'ambiance feutrée est seulement troublée par un gramophone qui égraine sa musique élégante et sophistiquée; bref, c'est littéralement tout ce que Kingsley déteste, mais c'est là aussi où il a appris que Myrthild Travers passait certains de ses après-midi.
Elle s'assied, commande, ouvre un journal; Kingsley attend cinq minutes, avant de se lever et d'aller dans sa direction.
Quand il arrive près d'elle, il sourit, se penche en avant pour attirer son attention. “ Mrs Travers, how delightful it is to see you. ” Le plus dur, avec le Polyjuice, c'est la voix, l'accent. Kingsley, en tant qu'Auror, a été formé à ça, et peut donc reproduire plus ou moins bien l'accent posh de Graham. “ May I join you? ” Et déjà de tirer la chaise en face de la sienne. “ Apologies for my daring manners, Mrs Travers, but I must speak to you about something of the upmost importance. ” Et, excentrique comme toujours, Graham prend un air de conspirateur avant de s'asseoir sur le siège, posant ensuite son visage sur ses mains en se penchant vers elle — il ne semble pas remarquer que son comportement attire l'attention, ou puisse sembler déplacé mais, après tout, tout le monde est habitué à ça de sa part. “ The cake! ” fait-il d'un ton joyeux. “ I hear they serve the most magical lemon drizzle cake here. ”  

Et le regard devient un rien intense, pendant un instant. Kingsley se souvient très bien de la dernière fois que lui et Myrthild ont partagé un tel gâteau. C'était au salon de thé de Madam Puddifoot, à Hogsmeade, pendant le premier week-end de sortie lorsqu'ils étaient tous les deux étudiants à Hogwarts. Kingsley trouvait qu'elle avait de si beaux yeux, qui étaient parfaitement complimentés par la décoration bleu pastel et rose fuschia de l'endroit. Leur rendez-vous n'avait clairement pas été une réussite, enfin c'était ce que Kingsley avait pensé directement après — la nuit qui avait suivi, ceci dit, lui avait montré qu'il avait tort. Elle lui avait volé son premier baiser, et plein d'autres premières choses.
Good times.
Maintenant le contexte est un peu différent. “ What do you say? ” Et Graham se met à rire, en se laissant retomber contre le dossier de sa chaise. “ For old times' sake? ” Kingsley a été ravi d'apprendre de la bouche de Graham lui-même que lui et Myrthild se connaissent au moins de vue, qu'ils ont été amis mais que le temps a séparé les trajectoires respectives de leurs vies. Parfait, donc, pour sa couverture.
Le sourire devient presque carnassier sur ses lèvres. Il espère qu'elle est en train de suer, parce qu'elle doit savoir que Kingsley ne se déplace pas pour rien. Elle pensait peut-être qu'il ne parviendrait pas à lui mettre la main dessus. Mais ils ont ça en commun: l'un contre l'autre sont incapables d'abandonner.
C'est pour ça qu'il l'aime bien.
C'est pour ça qu'il méprise le fait qu'elle ait pu penser qu'elle pouvait juste ne plus jamais en contact.
C'est pour ça qu'il est là.

Les habitudes ne sont jamais une bonne chose à prendre : elle devrait le savoir, à avoir usé d’une fausse coïncidence même pas avancée pour tomber sur quelqu’un à qui elle devait soutirer des informations. Mais on ne se refait pas, et plutôt que de rentrer directement chez elle, elle aime bien profiter du bruit et de la chaleur ambiante d’un salon de thé. Bon, le plus proche du Ministère, dans la partie sorcière de Londres, reste quand même plus guindé que ceux qu’elle préfère, mais elle s’y est faite. Au moins, les prix décourageants lui permettent d’avoir un certain calme, et de sortir ses lunettes de leur étui sans qu’on ne s’interroge sur son âge.

Quoique, songe-t-elle alors qu’une silhouette entre dans son périmètre de sécurité (jeté par des mouvements agiles et rapides de ses doigts fins avant qu’elle ne s’asseye et sorte le journal de son sac). Elle relève les yeux pour dévisager le gêneur et doit plisser les yeux par dessus ses lunettes pour remettre ce raseur d’Edward Thaddeus Graham. Si elle ne devait pas maintenir certaines apparences, elle aurait probablement lâché un soupir de dépit avant de le chasser. Mais point de mouvement d’humeur, elle ôte ses lunettes et les pose à côté de sa tasse de thé tandis qu’il s’installe sur la chaise en face d’elle. Il a l’air d’avoir envie de faire la conversation, et elle le toise avec toute la suffisance dont elle est capable, le visage clairement fermé. L’emphase dont il fait preuve porte avec elle des présages bien sombres quant à l’avenir de sa pause. Coup d’œil alentour, on les regarde, mais comme on regarderait un enfant bruyant dans une salle de relaxation : à se demander si on ne devrait pas le faire sortir, mais à hésiter en voyant la femme qu’il accompagne.

What the f— son regard revient brutalement sur son squatteur à l’entente du gâteau qu’il voudrait partager. Il y a comme un déja-vu, qui ne fait qu’empirer dès lors que le regard de Monsieur Graham s’intensifie lorsque leurs billes s’ancrent les unes dans les autres. Un instant interdite, Myrthild scrute le visage du prétendu sang-mêlé de l’autre côté de la table, se demandant si planter un manche de petite cuillère dans la main de son voisin est quelque chose qui se fait en bonne société. En silence, ses lèvres articulent un Motherfucker bien senti, presque souriant, à l’adresse de son interlocuteur, qui renchérit, cherchant clairement à provoquer une réaction chez la brune. “ What do you say? ”, et d’agir avec justesse quant au comportement de Graham, à vrai dire, toujours bruyant et ostentatoire : “ For old times' sake?”

Elle en a replié son journal et reprend son sac un instant pour ranger ses lunettes dans leur étui. Après tout, elle ne va sans doute pas lire, vu l’entrevue imprévue qui vient de lui tomber dessus. Le rictus de charognard du faux Edward trouve un écho sur le visage de Myrthild, tendue certes, mais un peu excitée à l’idée d’avoir un ennemi d’État en face d’elle, même si sous Polynectar. Et de faire un signe à un serveur pour commander, après un regard entendu à son cher ami : “ Why not? We’ll have a slice of lemon drizzle cake, please. With two spoons.” Et lorsque le serveur s’éloigne vers le comptoir pour préparer leur commande, Myrthild profite des longues nappes qui tombent jusqu’au sol pour coller un grand coup de pied dans le tibia de son visiteur sans qu’on ne la repère, tout en s’appuyant contre le dossier de sa chaise, et en demandant, tout sourire : “Well, I wasn’t expecting you, that’s for sure. It’s been ages. You’re not just here for the memories, are you, old friend?” Histoire que la galerie autour d’eux continue de croire que tout va bien.
Alors que tout s’effondre à l’instant autour d’elle.
Qu’est-ce qu’il fout ici ?
Qu’est-ce qu’il attend d’elle, cet abruti ?
Ne l’a-t-elle déjà pas assez aidé ?

Kingsley sent son coeur s'accélérer pendant un bref instant: il pourrait presque croire qu'elle va demander au serveur d'aller chercher la Police Magique. “ Why not? We’ll have a slice of lemon drizzle cake, please. With two spoons. ” Comme avant. Le sourire de Kingsley sur les lèvres d'Edward s'approfondit, alors qu'il adresse un air complice au serveur qui s'éloigne déjà.
Le rictus devient très crispé quand il sent quelque chose rentrer en contact avec force avec son tibia. Ce serait mentir que de dire que ce comportement l'étonne de la part de Myrthild: elle a toujours su être aussi délicate que le contraire, au plus grand plaisir de Kingsley qui a toujours été séduit par les tempéraments un peu... feisty. “ Well, I wasn’t expecting you, that’s for sure. It’s been ages. You’re not just here for the memories, are you, old friend? ” Et il rit, Edward, tape dans ses mains avec plaisir. Kingsley n'est vraiment pas quelqu'un de très effusif, plutôt du genre à réfléchir et à ressentir sans forcément partager ses arrière-pensées ou ses sentiments. Et pourtant, sous la couverture de son masque et de sa fausse identité, il se laisse aller, attire l'attention, pour mieux laisser les regards glisser sur lui sans s'attarder. C'est toujours fou de se rendre compte que le meilleur déguisement est celui qu'on enfile au nez et à la barbe d'autrui. “ Oh no, Myrthild, ” dit-il, toujours en riant. “ The memories are exactly what I'm here for. ” Il la pointe du doigt, puis rit un peu plus, posant ses paumes à plat sur la nappe en voyant le serveur revenir.

Il dépose l'épaisse part de gâteau entre eux, et les deux cuillères en argent volent depuis un tiroir. Kingsley attrape la sienne au vol, remercie l'employé d'un sourire et le congédie d'un regard, avant de poser de nouveau ses yeux sur Myrthild.
Oui, il est là pour les souvenirs. Précisément, il est là pour les souvenirs qu'elle lui a fait parvenir. Il est là parce que Rip commence à devenir fou et qu'il sait que Jay y est. Aux... aux Battues.
Il s'interdit de penser à ce mot en temps normal. Parce qu'il sait que c'est dangereux — d'après ce qu'il a compris, le mot lui-même est protégé, maudit, pour ne pas être partagé. Parce qu'il sait, aussi, qu'il y a des Legilimens dans l'Ordre qui pourraient briser ses défenses d'Occlumens et partager avec le reste de l'Ordre cette information qu'il veut garder secrète. C'est très simple: Kingsley sait que si il révélait l'existence de cette horreur aux autres membres du cercle sept, ils sauteraient sur l'occasion pour sauver les prisonniers. Et Kingsley les accompagnerait. Il en a envie, tellement envie. De tous les sauver, de revoir Jay, de le prendre dans ses bras, de le supplier de lui pardonner... Ce besoin en est presque physique, le fait se retourner sans arrêt dans son lit la nuit, surtout après les soirs où il se torture en se refaisant le film des souvenirs fournis par Myrthild.
Sauf qu'ils ne peuvent pas.
Ils ont d'autres choses à faire avant tout ça. Hallowe'en. La Damocles Heritage School. Les Horcruxes. Ils ont tellement de choses à faire avant ça.

Alors Kingsley garde le secret.

Mais Rip est en train de, littéralement, rip apart, plongé dans le deuil difficile et douloureux de son ex-mari.
Alors Kingsley veut commencer, lentement, à réunir des informations. Juste... juste pour prévoir. Rien de plus...
“ Shall we? ” propose-t-il avec un coup de menton en direction du gâteau qui trône entre eux. Vorace, et peu soucieux des apparences, Edward vole la première (généreuse) bouchée et la lance presque dans sa bouche à l'aide de sa cuillère. “ I wanted to talk about these memories, ” dit-il sur le ton de la conversation, mâchonnant la bouche ouverte. “ It's just been so long, sometimes it's just nice to go over things again, you know? Sadly, we can't talk about everything here, ” fait-il d'un ton complice, avant de glousser en se penchant au-dessus de la table, dans la confidence. “ I would just love if we could go somewhere private and you know, go over these old memories. ” Il espère vraiment que quelqu'un les écoute et ira penser que Mrs Travers a une histoire avec Mr Graham. Ce serait bien fait pour sa gueule.
Il arque les sourcils, lèche voluptueusement sa cuillère pour la débarrasser du peu de gâteau qui s'y trouve. “ Come on, Myrthild. You and I. For old times' sake. ”

“ The memories are exactly what I'm here for. ” dit-il en riant, ce salopard. Ce n’est qu’à ce moment-là, où il est pris dans une hilarité qui semble forcée, feinte, d’apparat, que Myrthild comprend que les souvenirs des Battues qu’elle avait eu trop de scrupules pour ne pas lui transmettre lui sont bien parvenus, et que Kingsley veut en savoir plus. Qu’il ne considère pas que ce présent était un cadeau d’adieu, ou peut-être la dernière once d’informations qu’elle acceptait de lui donner.

Et pourtant, elle ne s’est pas encore levée soudainement pour le désarmer et le réduire à l’impuissance.
Sa raison considère que c’est parce qu’il saurait sans doute se défaire de son emprise.
Après tout, c’est un Auror de formation, et elle n’est qu’une employée du Ministère.
Il n’est pas censé savoir, pour ses à-côtés et son expertise acquise en Runes.

Un instant de silence, tandis que le serveur vient déposer la part de gâteau et leur tend les deux cuillères. Elle n’a que faire du ballet de l’employé, le regard qui scrute le visage factice de Graham. Elle ignore si ce tocard roule pour l’Ordre du Phénix ou si King s’est simplement procuré des cheveux à l’insu de certaines personnalités du monde sorcier. Elle ne posera pas la question, parce que ce n’est pas le sujet. Non, le sujet, ce sont ces putains de réminiscences qu’elle a eu la sottise de lui faire parvenir avec un beau ruban. Il a l’air calme, Shacklebolt, même en terrain miné. Se fait-il confiance ou est-il dans une quête déraisonnable d’informations ? L’Ordre l’a-t-il envoyé ? Non. L’Ordre n’a jamais su qu’elle le rencardait, c’était une des conditions qu’elle avait posé pour le renseigner. Rien que lui qui savait : une assurance pour être capable de voir venir le couperet s’il s’avérait que Kingsley Shacklebolt était un jour capturé. Mais vu qu’il était encore en liberté, à parader sous le nez des agents du Seigneur des Ténèbres, Myrthild songeait qu’elle avait encore un peu de temps devant elle. “ It's just been so long, sometimes it's just nice to go over things again, you know? Sadly, we can't talk about everything here,” Les yeux de la Travers s’étrécissent tandis qu’elle commence à attaquer sa moitié de gâteau, timidement, penchée vers la table, prête à lui recoller un grand coup de pied dans le tibia s’il poursuit sur sa lancée. “ I would just love if we could go somewhere private and you know, go over these old memories.”

En plus, il faut bien reconnaître qu’elle n’aime pas du tout les sous-entendus de cette face de troll. Coup d’œil alentour, pour s’assurer que personne n’a pu percevoir les odieuses insinuations de Monsieur Graham. Retour à Shacklebolt sous des traits bien trop modestes pour un type de cette carrure. Tout ce que Myrthild rêve de faire à cet instant, c’est de lui sceller sa sale bouche et de la remplir de chauves-souris, histoire de lui faire passer l’envie de continuer à raconter pareilles horreurs. Certes, elle a trompé Bertram, mais ne se serait pas abaissée à le tromper avec un sang-mêlé de seconde zone, aussi riche qu’il fût.

Mais il s’agit de donner le change, alors elle efface le pli creusé entre ses sourcils, esquisse un sourire charmant, et de sa main libre, vient tapoter le poignet d’Edward. “ You know, old friend, it’s not good to dwell on long-forgotten memories… But since you’re going all rememberall…” Sans finir sa phrase, de ses doigts agiles, elle saisit le poignet qu’elle tapotait juste avant, chope son sac dans la foulée et transplane avec l’intrus dans un bâtiment de Diagon Alley, à la façade rutilante, mais totalement déserté pour des raisons d’insalubrité, à quelques portes du salon de thé. Le lâchant, elle le maintient en joue de sa baguette tout en traçant avec sa main libre des symboles runiques censés composer une enceinte les protégeant de toutes oreilles indiscrètes. Une lueur dorée entoure sa main gauche tandis qu’elle réalise ce sortilège runique, puis s’écarte jusqu’à ce que le cercle éclaire l’ensemble de la salle délabrée qui était sans doute une ancienne arrière-boutique.

“You can cut the bullshit, King, it’s just us now.” Elle ne va pas jusqu’à utiliser son nom complet, incertaine de la résistance de ses protections runiques rapides face à un maléfice de traque nominale. “Have you gone completely mad?! The fuck, King, the fuck? Coming at me for fucking memories I sent you over two or three years ago? Why?!” Elle est furieuse, mais sa fureur dissimule aussi la terreur qui l’étreint face à la présence de son ancien amant. La baguette toujours tendue vers lui, elle tremble, autant de la voix que de tout son corps. “You can’t just… Fuck! You can’t turn up like that, just now! What do you want from me?” Elle pose la question, mais elle sait. Ou du moins elle croit comprendre. “Who in my memories forced you to come back? Who have you seen in them?”

Kingsley aime beaucoup voir tout une myriade d’émotions différentes traverser le visage de Myrthild: elle a l’air adorable de celle qui aimerait bien pouvoir lever les mains et les refermer autour de son cou pour l’étouffer et lui faire passer l’envie de l’emmerder. C’est encore plus amusant quand ils savent tous les deux que dans ces conditions, avec ces gens autour d’eux qu’elle a tant observé pour vérifier qu’on ne les espionnait pas, elle ne peut pas le toucher.
Ou pas. Elle tend la main, tapote le poignet de Kingsley en lui offrant un sourire qui n’atteint pas ses yeux. Si ces derniers pouvaient envoyer des Avada, Kingsley sait qu’il serait mort depuis très longtemps. “ You know, old friend, it’s not good to dwell on long-forgotten memories… But since you’re going all rememberall… ” Kingsley n’a pas le temps de froncer les sourcils, de reposer sa fourchette, ou de la prévenir de ne rien faire de suspicieux, qu’elle referme ses doigts sur son poignet et qu’il sent aussitôt le sol se dérober sous lui.
Les sens de Kingsley, déjà en alerte depuis le début de l’entrevue, se mettent à paniquer. Le temps qu’ils arrivent dans une pièce qui a l’air vide et que le sol se rematérialise sous ses pieds, la main qui n’est pas tenue par Myrthild a lâché son ustensile et s’est déjà dirigée vers sa baguette. Toutefois, elle a l’effet de surprise et le lâche bien trop vite, dégainant sa baguette et la pointant dans sa direction. Le sourire d’Edward se fend d’un léger sourire, quoiqu’un peu plus crispé qu’auparavant. Kingsley lève les mains en l’air en la regardant tracer dans l’air des symboles qu’il ne comprend pas, mais qu’il devine être protecteurs.

Bien entendu, baguette ou pas, Kingsley reste un sorcier redoutable et il pense, sans prétention (ou pas) pouvoir ne faire qu’une bouchée de Myrthild. Mais il ne veut pas non plus la brusquer, alors il ne bouge pas, la regarde en réprimant un sourire goguenard sur la sale face de blanc bec d’Edward. “ You can cut the bullshit, King, it’s just us now. ” Kingsley connaît le counterspell pour se débarrasser des effets du Polynectar, et pourtant il ne l’utilise pas, préférant simplement la darder de son regard sombre. Il ne fait pas confiance à grand monde, et encore moins à elle. Et il ne sait pas quand il devra s’enfuir. “ Have you gone completely mad?! The fuck, King, the fuck? Coming at me for fucking memories I sent you over two or three years ago? Why?! ” Une vague de rage semble l’agiter de tous les côtés; Kingsley la regarde trembler et vociférer en arquant les sourcils, surpris que Myrthild autorise une telle myriade d’émotions à s’emparer d’elle, devant autrui. “ You can’t just… Fuck! You can’t turn up like that, just now! What do you want from me? Who in my memories forced you to come back? Who have you seen in them? — Calm down, ” lui dit-il d’une voix grave de stentor, qui ressemble à celle de Kingsley malgré les effets de la potion. “ Stop trembling like this, Myrthild, you’re better than that. ” Et Kingsley, pour lui montrer qu’il ne se sent ni menacé, ni apeuré face à elle, baisse ses mains et les enfonce dans ses poches. Ses doigts se referment lentement autour de sa baguette, mais il ne la sort pas.

“ I need you to go back and tell me if they’re still alive, ” lui dit-il très simplement, comme si elle ne lui avait pas promis qu’elle ne ferait plus jamais rien pour lui, comme si elle lui devait encore quelque chose. Kingsley hausse les épaules, toujours avec ses mains enfoncées dans ses poches. Ses yeux, pesants, ne quittent pas un seul instant ceux de Myrthild. Il sait que ça ne suffira pas donc, après s’être pincé les lèvres à s’en faire mal, il reprend: “ there’s a man in there, Javier. Jay… ” Sa gorge devient très sèche. Il vit depuis des années en sachant que son meilleur ami est enfermé aux Battues. Et c’est seulement maintenant qu’il se préoccupe de son sort… Les cauchemars ne comptent pas, les regrets non plus, pas même la culpabilité. “ I need to know if he’s alive. ” Égoïstement, toute tentative d’arrêter les Battues serait inutile aux yeux de Kingsley si ce n’est pour lui. Et même encore, il devra y réfléchir. Mais si Javier est véritablement en vie…
Kingsley continue une conversation avec lui-même qu’il a refusé d’avoir il y a deux ans. “ You’ll do this within the week, or else…” Et il ne finit pas sa phrase, haussant les épaules de nouveau en sortant les mains de ses poches, vides. Ses doigts, pourtant, sont prêts à s’agiter dans l’air pour commander la magie si il le faut. Kingsley en sait trop de l’implication de Myrthild en tant qu’informatrice pour qu’elle prenne le risque qu’il dise tout à tout le monde… non?

L’endroit où ils se trouvent à l’avantage de ne pas être accessible de Diagon Alley. Myrthild l’a découvert lors d’une préparation de procès devant le Magenmagot : la personne qui détenait la boutique désormais effacée du Chemin a été envoyée à Azkaban, ou peut-être aux Battues, la précision n’a pas été donnée davantage au moment de la condamnation. Toujours est-il qu’est restée dans le coin de son crâne l’information quant à cet espace en plein Diagon Alley mais impossible à atteindre sans transplaner et sans y penser. Une sécurité, utile maintenant qu’elle se trouve face à l’équivalent de l’ennemi numéro un. Alors bien sûr, il ne se dévoile pas, mais Kingsley ne nie pas non plus son identité reconnue. La voix grave qui l’enjoint à se calmer n’a pas l’effet escompté : c’est que Myrthild est furieuse d’être ainsi surprise par l’homme à qui elle avait décidé de ne plus donner d’informations. Furieuse et consciente du danger qui plane soudainement sur elle, alors qu’elle pensait l’orage et l’épée de Damoclès écartés depuis le temps, Myrthild n’avait clairement pas envie de faire la fête à Kingsley. Elle l’observe, sûr de lui, toujours avec les traits de cet imbecile d’Edward, baisser les bras et glisser ses mains dans les poches. Connaissant Kingsley, le roublard réparti à Slytherin, elle plisse les yeux un instant, fronce les sourcils et s’attend à tout de sa part : qu’il sorte sa baguette de ses poches de pantalon ne l’étonnerait pas le moins du monde alors elle le tient encore en joue.

Enfin, il commence à s’expliquer. “I need you to go back and tell me if they’re still alive. ” L’affirmation arrache un hoquet moqueur à l’employée du Magenmagot. Ce ne sont pas des simples informations qu’il attend, c’est une preuve de vie. Elle en ricane même, baguette toujours levée. Ainsi donc, elle n’avait pas tort de voir venir la quête insensée. Elle n’aurait jamais dû lui confier ces souvenirs, quelqu’un l’a interpellé. Kingsley précise alors qu’elle n’esquisse aucun geste comme pour confirmer qu’elle le fera. Lorsque le nom d’un homme est prononcé, elle s’étonne un instant. Ça ne lui dit rien, chose normale puisqu’elle n’a jamais vraiment fait attention aux collègues du Bureau des Aurors. Peut-être même est-ce un amant passé de Kingsley, mais elle le sent moins fébrile qu’on pourrait être à savoir un compagnon enfermé et peut-être mort. Elle pourrait compatir si elle n’était pas aussi pleine de rage qu’il revienne sous son nez alors qu’elle avait tout fait pour l’oublier. Elle refuse de se mettre à sa place, de s’inquiéter du devenir d’un éventuel ami envoyé à Gracefield. Ce qu’il se passe aux Battues est une horreur totale mais plus elle en est loin, mieux elle se porte : hors de question de se ronger les sangs en se demandant ce qu’il pourrait se passer si l’un de ses enfants y était envoyé. Elle n’y connaît que des gens qui sont du bon côté, présents pour siroter un verre de liqueur, assister en spectateur ou en chasseur aux Battues, pas besoin de se mettre à la place de Kingsley.
Et pourtant, malgré elle, c’est ce qui se produit, de façon inconsciente, et qui a raison de son envie de lui dire d’aller se faire mettre.

Elle le toise, bien ancrée sur le sol, baguette toujours en main, alors qu’il trouve bon de lui donner une injonction :  “ You’ll do this within the week, or else…” un mouvement, mais ce sont ses mains nues qui sortent de ses nues, sans baguette, sans rien d’autre. C’est suffisant pour qu’elle rétorque, sur la défensive : “ Or else what?” le ton est grondeur, la sorcière n’appréciant pas vraiment qu’un traqué de l’Ordre trouve qu’il y a une logique à proférer des menaces sans aller jusqu’au bout. Un pas vers Kingsley, un autre, les talons qui claquent sur le parquet grinçant, jusqu’à être à portée de mains, “Don’t be stupid, King. You and I both know you can’t threaten me if you want to ever have some information on your friend’s current situation.” Montrant presque les crocs, Myrthild baisse pourtant sa baguette, désormais trop proche de Kingsley pour pouvoir le faire voler par un sort. Elle s’est calmée, du moins en apparence. Le tonnerre roule encore dans sa voix alors qu’elle est à la hauteur de Kingsley, avec cette apparence qu’il a choisie -alors qu’il lui met facilement une tête en temps normal. “ Besides, it’s been a while since I’ve been there. I’m gonna have to talk with some people in order to know when the next round will be, and I will have to thread carefully, otherwise somebody might get suspicious. There's no way I can do that within the week.” Curieusement, ce n’est pas un non. Parce qu’elle se sent qu’elle n’a pas vraiment le choix, en vérité. Si Kingsley veut se tirer une balle dans le pied et ne jamais avoir d’information à ce sujet, il suffirait qu’il vende la mèche à son sujet, mais il n’aurait aucun intérêt à cela.
“Do you understand what I’m saying?  It’s not in your best interest to throw me under the magic carpet, and tell anyone what I did for you, so don’t try and be petty with me, bossing me around. These are my terms: if I do this, I don’t want to wake up with you breathing down on my neck every second of every day, and I certainly don’t want to see you without asking for it.”  Elle devrait lui dire d’aller au diable en vérité, parce qu’elle sait qu’elle va au devant de gros ennuis et de nuits bien maigres si elle accepte de recommencer à le renseigner. Mais quelque part, une petite voix lui murmure qu’elle n’a pas vraiment le choix, ou plutôt que c’est le seul bon choix à prendre, que de revenir dans ces fonctions suicidaires d’informatrice d’un ennemi public. “Can you do that, Mister I-Don’t-Take-No-For-An-Answer? Or else, I walk and the next time we see each other will be during your trial.” menace pour menace, il ne fallait pas la provoquer. Mais derrière toutes ces précautions, Myrthild cède à l’exigence de Kingsley, malgré le danger, malgré le bon sens qui lui rugirait de n’en rien faire. L’adrénaline qui pulse a raison de la réserve logique de la sorcière, à moins que Shacklebolt n’ait que faire des gardes-fou de la métamorphomage..

Même après toutes ces années, Kingsley se sent attiré par Myrthild pour la même raison que quand il était gamin. Sa hargne. “ Or else what? ” Il ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire, incroyablement arrogant et détestable sur son visage, tandis qu'elle s'approche en faisant claquer ses talons sur le sol. Kingsley a un talent naturel pour sortir les femmes qui l'entourent hors d'elles. Il trouve que c'est une qualité. “ Don’t be stupid, King. You and I both know you can’t threaten me if you want to ever have some information on your friend’s current situation. ” Il arque les sourcils, espérant semer le doute dans son esprit, même si elle a bien entendu raison.
Hmpf. Il se débrouillerait, certainement, comme il le fait toujours. Il est surpris, mais n'en montre rien, quand Myrthild baisse sa baguette. “ Besides, it’s been a while since I’ve been there. I’m gonna have to talk with some people in order to know when the next round will be, and I will have to thread carefully, otherwise somebody might get suspicious. There's no way I can do that within the week. ” Les yeux d'Edward s'étrécissent alors qu'il l'observe. À l'intérieur, Kingsley est victorieux et plus que satisfait. Elle vient d'accepter. Ou du moins, elle vient de dire: peut-être. Et c'est bien mieux qu'un non. Kingsley sait se satisfaire des petites victoires.

Il essaye de ne pas trop manquer sa satisfaction, à moins de la vexer et de lui faire changer d'avis, mais ses yeux pétillent malgré lui. “ Do you understand what I’m saying? It’s not in your best interest to throw me under the magic carpet, and tell anyone what I did for you, so don’t try and be petty with me, bossing me around. These are my terms: if I do this, I don’t want to wake up with you breathing down on my neck every second of every day, and I certainly don’t want to see you without asking for it. ” Sa hargne, son talent avec les mots, et le feu qui brûle dans ses yeux. Et, surtout, sa droiture d'esprit. Même si elle est mariée au dernier des connards, et est entourée de tous les beaux connards de ce monde, Myrthild décide de faire ce choix-là et Kingsley ne peut que la respecter pour ça. Ce n'est pas tous les jours que les sorciers sont prêts à sacrifier leur vie sociale, professionnelle et familiale sur l'autel du bien. Il en sait quelque chose.
Peut-être que ce monde ne coure-t-il pas entièrement à sa perte. “ Can you do that, Mister I-Don’t-Take-No-For-An-Answer? Or else, I walk and the next time we see each other will be during your trial. ” Il renifle un peu à ça. Kingsley préférerait mourir plutôt que de passer devant un tribunal de Mangemorts — et il sait qu'il se tuera lui-même avec la magie émanant de ses doigts avant de laisser aux sbires de Voldemort ce plaisir. “ Sounds like a plan, ” répond-t-il facilement, laissant enfin son sourire victorieux et presque mielleux apparaître sur ses lèvres fines. Il a l'air moqueur de quelqu'un qui n'attendait que ça, qui voyait la situation se profiler de cette manière. Il avait bon espoir de convaincre Myrthild, il ne pensait pas que ce serait si simple.

Ça le satisfait grandement. Tout n'es pas perdu, elle n'est pas perdue. C'est un douloureux et curieux rappel de se dire qu'il y a des gens qui méritent encore d'être sauvés, lui qui est convaincu que quiconque collabore est pourri jusqu'à la moelle. “ Thank you, ” dit-il, très lentement. Parce qu'après tout, ce n'est pas sous le drapeau de l'Ordre qu'il est là, du moins pas entièrement. Mais ça, Myrthild n'a pas besoin de le savoir.
Ces mots sont si rares dans la bouche de Kingsley: il semble s'en rendre compte au moment de les prononcer, et très vite les ensevelit sous d'autres. “ Now that business is taken care of, let's talk about pleasure. ” Il lève une main — ça le surprendrait presque de la voir blanche, avant de se souvenir de son apparence alien — pour lentement la poser sur la joue de Myrthild, son pouce sur son menton la faisant lever la tête. “ You look thin, Myrthild. ” Sa main retombe et il recule, la dardant toujours d'un regard sombre. “ I will not pretend that I can bear the deep sense of boredom that befalls upon me when talking about mundane things, ” dit-il d'un ton très dramatique et théâtral. “ I do not enjoy small talk. But I enjoy seeing you. And I enjoy seeing you haven't lost your nerve or your fire. Ah, maybe we'll both make it out of this war alive, after all. ” Il esquisse un sourire goguenard à son adresse avant de redevenir sérieux. “ You're making the right decision doing this, Myrthild. You do know that. ” Sa voix ne souffre d'aucune question, comme si il voulait la convaincre par la force seule de ses mots.

Elle cède parce que le poids sur son âme est trop lourd. Elle cède parce qu’elle voudrait d’un meilleur monde pour ses enfants. Elle cède parce qu’elle redoute d’avoir contribué à ces horreurs de par son poste au Magenmagot. Elle cède enfin parce que c’est chose juste que de céder. Et pourtant le goût dans sa bouche est amer, parce qu’elle a l’impression aussi d’être forcée à céder. Les menaces de Kingsley quant à révéler son implication ne sont que du vent, elle pourrait en mettre sa main à couper, il y perdrait trop et sacrifierait un pion de valeur sans réussir à changer complètement la donne. Mais c’est son cœur qui l’y pousse, celui qui a appris à aller parfois contre les éléments qu’on lui a inculqué depuis sa plus tendre enfance. Elle essaie de se convaincre que ce n’est qu’une question de calcul et de probabilités, qu’elle a plus de chance d’atteindre son but de suprématie au sein de la fratrie en jouant paradoxalement contre ses frères et en espérant que son camp l’emporte plutôt que celui qu’elle était censée soutenir. Mais elle sait bien qu’il y a quelque chose de pourri dans le monde érigé par Voldemort, et si elle a appris à taire ses véritables sentiments à cet égard, elle ne peut empêcher une toute partie d’elle-même d’espérer un bouleversement et un retour à la norme précédente.

“ Thank you, ”, qu’il dit en pesant ses mots, après avoir été plus léger face à la menace qu’elle avait formulée. Elle le dévisage, les sourcils légèrement froncés. Il s’attendait probablement à devoir davantage pousser, tirer, forcer pour qu’elle daigne répondre positivement à sa requête. Elle l’a surpris, ainsi donc. Toujours une bonne chose. Elle prend ce qu’il y a à prendre, un remerciement pareil, c’est rare. Au moins, il a l’air de savoir dans quelle merde noire elle consent à se mettre. “ Now that business is taken care of, let's talk about pleasure. - What is it now…”, souffle-t-elle en roulant les yeux au ciel, pour finalement ancrer ses billes dans celle de Kingsley qui a profité de leur proximité pour lui toucher la joue. “ You look thin, Myrthild. - And you look like an arsehole.”, grogne-t-elle en reculant d’un pas. Il y a quelque chose dans le contact qu’il a maintenu quelques secondes qui lui a rappelé d’autres moments de proximité, et elle n’a pas besoin de ça en ce moment. Alors elle mord, la vipère, pour se défendre, pour ne pas tomber dans le panneau. Elle n’a que faire de la tendresse et de la sollicitude de Shacklebolt, surtout à un moment où elle a convenu de se rendre dans l’antre d’un dragon pour ses beaux yeux. Sa baguette toujours dans une de ses mains, elle glisse l’autre dans la poche de son pantalon et ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire en coin tandis qu’il se fait comédien quelques instants, pour finalement reconnaître une chose : “ (…) I enjoy seeing you. And I enjoy seeing you haven't lost your nerve or your fire. Ah, maybe we'll both make it out of this war alive, after all. ” Au sourire goguenard qu’il étire avec ces mots, un air désabusé se peint sur les traits de la brune, qui soupire doucement. Elle sait pertinemment que son espérance de vie personnelle vient de chuter drastiquement à l’instant où elle renouait avec l’ancien Auror. Il tente néanmoins de la rassurer, comprend-elle en l’écoutant reprendre la parole : “ You're making the right decision doing this, Myrthild. You do know that. ”

« No, I don’t., dit-elle calmement, un rictus cynique sur les lèvres. You and I both know it’s the worst possible decision I could ever make. After, of course, joining your fucking Order, true… » Ce qui est hors de question, ça semble évident. Elle sait qu’elle signe potentiellement son arrêt de mort, mais sans vouloir le reconnaître, les paroles de Kingsley ont finalement fait mouche. Après un long soupir, elle hausse les épaules et va même plus loin dans l’expression sincère de son pessimisme : « We’ll be lucky if I don’t get caught for this shit. But it’s alright, I can make my peace with it… » Ces considérations sont d’un sinistre… Tu parles d’une discussion plaisante. Sentant que l’heure approche de mettre les voiles, elle se ressaisit pour cesser d’être aussi lugubre. À elle de refaire un pas dans sa direction et de poser un instant sa main sur la joue de Kingsley qui ne se ressemble toujours pas. « You really look like shit, by the way. Graham is clearly way less attractive than you. Anyway… Coup d’œil à sa montre. I should go. Don’t be too impatient though, it might take me some months to manage and go there. But I’ll tell you when it’s done, without too big a delay. » La main glisse de la joue sur l’épaule de Kingsley, qu’elle tapote avec un dernier regard, avant de prendre congé : « Try and don’t get caught. Bye, King, I’d almost forgotten the pleasure of doing business with you. » Sur ces derniers mots et un léger ricanement ironique, elle transplane aussi sec.
And just like that, poof, she’s gone.