Les yeux de Pansy s'agrandissent un peu quand elle voit Blaise faire demi-tour revenir vers le lit, obéir à sa requête injuste. Il s'occupe d'elle, il en fait tellement, elle le voit bien Pansy et il ne passe pas sa journée au lit, lui, il sort, il travaille, il vit. Il a mieux à faire que de s'allonger près d'elle pour ne rien faire et pourtant il s'exécute, sans hésiter. “ Of course, Pansy. ” Et Pansy pourrait presque en pleurer de soulagement, mais à la place elle se précipite dans les bras qu'il lui offre grands ouverts, lovant son visage contre son cou à la peau tendre et chaude. Si elle frissonne de la caresse de sa main sur sa hanche, ce autant d'aise que de manque. “ I'm sorry, I didn't want to bother you. ” Lentement elle secoue la tête, très doucement, pour ne pas déranger les lèvres de Blaise sur sa tempe puis ses cheveux. Elle n'a aucune envie de le déloger, aucune envie qu'il s'arrête de lui rappeler par tous ces gestes que non seulement il est là, physiquement, tout en chair et en chaleur humaine, mais aussi qu'il est là, pour elle. Elle enroule elle aussi ses bras autour de lui, comme pour le garder prisonnier. “ I'm not going anywhere. Do you want to sleep again? ” Elle secoue encore la tête un peu plus fort cette fois. Elle ne veut pas qu'il parte, elle ne veut pas dormir. Elle ne veut pas rêver, elle ne veut pas revoir le monde sans lui. Elle pousse un soupir contre son cou, un long souffle, presque râle, où s'entremêle tout ce qu'elle ressent et sur lequel elle ne sait pas mettre de mots et puis elle inspire profondément contre sa peau et son cœur se calme un peu dans sa poitrine alors qu'elle se retrouve enrobée de son odeur. “ No sleep, ” marmonne-t-elle, toujours sans bouger, toujours sans oser s'arracher à l'odeur et à la chaleur de sa peau contre son nez et ses lèvres qui caressent presque quand elle ouvre la bouche pour chercher d'autres mots. Les instants passent, son souffle échouant directement contre le cou délicat de son mari avant qu'elle referme ses lèvres pour finalement les laisser véritablement l'embrasser. Bien souvent ses baisers, dans ce creux-là de son corps ont été avides, passionnés, aujourd'hui elle est tendre et désespérée.

“ When I close my eyes…” s'entend-elle reprendre quand elle a trouvé un peu de courage dans cette étreinte. “ When I close them…you-you're not there anymore, you're gone. ” Pourtant, souvent, il l'étreint dans son sommeil. Il est là quand elle veut s'endormir, il est là quand elle se réveille. Mais entre les deux, il disparaît et elle n'arrive plus à le retrouver et elle n'arrive plus à respirer. Son souffle devient tout tremblant contre sa peau. Elle ne supporte pas d'entendre sa voix rauque et fatiguée, elle ne supporte pas cette faiblesse qui irradie d'elle depuis des semaines. “ Forever… ” Tout son visage se fronce en prononçant ce mot, jusqu'à ce que ses yeux se ferment tout de même quand elle s'enfonce un peu plus contre lui comme si elle souhaitait qu'il l'avale tout entière. Et ses doigts à elle creusent trop fort dans la peau de Blase, dans son dos, sur ses bras pour le garder près d'elle, le forcer à rester là, l'empêcher de partir, de quitter son champ de vision, de cesser de la toucher. “ You can't ” et dans l'ordre qu'elle lui donne il y a plus de force et de détermination qu'elle n'en a montré depuis l'attaque de Potter's End. “ You just can't. ” Il n'a pas le droit de l'abandonner. Ses cauchemars n'ont pas le droit de se réaliser. Personne n'a le droit de lui prendre son Blaise. Mais face aux Dementors, elle n'a rien su faire Pansy, et ils lui auraient pris son Blaise si facilement s'il ne les avait pas fait transplaner. Ils l'auraient pris aussi facilement qu'ils semblent lui avoir volé un bout d'elle-même qu'elle n'arrive plus à retrouver. “ Stay… ” sa voix retombe, se brise, contrecoup peut-être de l'énergie qu'elle a mis dans les mots précédents. Pansy sent ses yeux s'emplir de larmes irrésistibles alors qu'elle s'accroche encore un peu plus à lui.

“ No sleep. ” Même si sa voix manque de force, ses bras autour de lui n'en manquent pas du tout et il hume légèrement en réponse, comme pour la rassurer: elle n'est pas obligée de dormir et lui ne va nulle part. Elle s'apprête à dire autre chose — Blaise la sent ouvrir la bouche contre la peau délicate de son cou — mais les mots lui manquent. Elle ne dit rien, et lui non plus, se contentant de la serrer contre lui avec force, prêt à attendre qu'elle trouve ce qu'elle avait envie de lui dire, à son rythme, comme elle le pourra ou voudra.
Blaise frissonne avec force lorsqu'elle embrasse la peau de sa gorge, répandant une nuée de tremblements dans son cou, sa nuque, le long de son dos. Ils ne sont pas habitués aux baisers tendres, sauf très rapidement; les baisers qu'ils échangent mènent généralement à des étreintes primales et charnelles, pour répondre aux besoins et envies de leurs corps qui ont appris à se connaître lors de leur lune de miel.
Blaise apprécie grandement la tendresse, et cache un sourire dans les cheveux de Pansy.

“ When I close my eyes… ” Le fait qu'elle parle le surprend, mais il se contente de silencieusement frotter son nez contre ses cheveux, un soutien et encouragement doux, pour l'inciter à continuer et à lui dire ce à quoi elle pense. “ When I close them…you-you're not there anymore, you're gone. ” Blaise pince des lèvres. Il n'aime pas cette voix, frêle et délicate, dans la gorge de Pansy. Il n'aime pas non plus l'entendre. Ça l'attriste, parce que Blaise n'a jamais cessé d'être là pour elle, du moins autant qu'il ait jamais pu. Le soir, le matin, parfois le midi quand il parvient à se désister de quelque déjeuner d'affaires. Il a du mal à comprendre les maux qui semblent l'étreindre, et il essaye de ne pas la juger, de ne pas qualifier ça de faiblesse — ce serait contre-productif, lui a-t-on dit.
“ Forever… ” Les bras de Blaise se resserrent autour d'elle alors qu'elle se presse contre lui. “ I'm not going anywhere, ” lui rappelle-t-il, la bouche toujours pressée contre ses cheveux. Elle ne semble pas l'entendre, ou du moins le comprendre. “ You can't. ” Les doigts de Pansy s'enfoncent dans sa peau, à travers ses vêtements, s'y accrochent, et il ne faillit pas. “ You just can't. ” Les bras de Blaise n'ont de cesse que de se resserrer autour d'elle; il aurait presque peur de la casser en deux. Mais Pansy tient bien. “ Stay… ” Sa voix s'éraille, et il sent quelque chose d'humide glisser contre sa gorge: elle pleure.

Blaise se détache un peu, mais seulement pour la regarder, relâchant son étreinte autour de son corps pour lever les mains et prendre son visage entre elles. Ses mains ont l'air si grandes, si fortes, si puissantes autour du visage délicat de sa femme, et il utilise ses pouces pour effacer les quelques perles qui tombent de ses yeux silencieusement. “ I'm not going anywhere, ” répète-t-il, avec une patience qui ne lui est pas commune. “ I'm here, for you. I'm not going anywhere, and no one is taking me anywhere. I won't let anyone or anything take me away from you, you hear? ” Il l'amène à lui et lui embrasse le front, longtemps, fait durer le baiser comme pour sceller sa promesse. “ I'll take a couple days off, take care of you. ” Des jours de congés, pour Blaise, veulent généralement simplement dire qu'il travaillera depuis la maison; ce serait, ceci dit, déjà quelque chose en plus pour Pansy. “ We're husband and wife, remember? ” Il lui adresse un petit sourire, avant d'embrasser ses pommettes comme pour en effacer toute trace de l'existence de ces larmes traîtresses. “ For better or worse. ” Il frotte son nez au sien, hésite puis se ravise, ne voulant pas la gêner d'un baiser quand, peut-être, elle n'en veut pas en cet instant précis. “ Now, does my princess want some tiramisu? It'll make you feel better, and I'll let you have the cream off my slice, what do you say? ”

Pansy déteste pleurer, elle déteste la vulnérabilité qui vient avec les larmes. Elle déteste perdre le contrôle de son corps, de son expression toujours si travaillée, toujours si indifférente, elle déteste perdre le contrôle de son esprit et avoir l’impression de plonger la tête la première dans un gouffre d’émotions qu’elle ne sait pas gérer. On lui a tant reproché d’avoir un cœur de pierre voire même de ne pas en avoir, qu’elle a y fini par y croire, un peu. La rencontre avec les Dementors lui a rappelé l’existence de ce dernier, et de son âme, juste comme ils semblaient vouloir lui voler cette dernière. Ils ont failli réussir. Et elle en tremble et en pleure dans les bras de son mari. Elle doit se faire violence pour ne pas laisser un odieux couinement échapper à ses lèvres quand Blaise se détache un peu d’elle. Elle a peur de le dégoûter, elle a peur qu’il s’en aille, elle a peur qu’il n’accepte pas sa faiblesse. Pourtant il n’y a rien que de la tendresse dans ses yeux semble-t-il quand il la regarde et ses mains sont douces autour de son visage, ses pouces délicat alors qu’ils balayent ses joues pour effacer ses larmes. “ I'm not going anywhere, ” dit-il encore et Pansy essaye très fort d’y croire. “ I'm here, for you. I'm not going anywhere, and no one is taking me anywhere. I won't let anyone or anything take me away from you, you hear? ” Avant qu’elle n’ait pu rassembler assez d’air dans ses poumons pour lui répondre, il l’amène à lui et lui embrasse longuement le front. Elle ferme les yeux pour en profiter, se noyer dans ses mots et dans ce qu’elle espère être de l’affection. Elle aimerait porter ses boucles d’oreilles de dokkaebi aujourd’hui pour savoir ce qu’il ressent, mais ce serait aussi lui donner le chemin de ses propres états d’âmes et elle aurait peur que ce soit trop lourd à porter pour lui. Elle aurait peur de le faire fuir. Elle serre très fort les paupières pour tarir ses larmes traitresses. “ I'll take a couple days off, take care of you. ” Elle hoche doucement la tête, tout en sachant qu’elle devrait refuser et lui dire qu’elle n’a pas besoin de lui, qu’elle peut se débrouiller seule. C’est faux, ça a toujours été faux.

“ We're husband and wife, remember? ” Il lui adresse un petit sourire auquel elle n’arrive pas à répondre. Oui ils sont mari et femme, mais la Pansy qu’il a épousé n’aurait jamais dû craquer ainsi. Il lui embrasse les pommettes doucement, avalant ce qu’il reste de ses larmes alors qu’elle ferme de nouveau les yeux. “ For better or worse. ” Il frotte son nez au sien et elle rouvre les paupières devant ce geste affectueux, un peu nouveau aussi. Elle a juste le temps de capter l’hésitation dans son regard, le temps de se demander à quoi elle est due. “ Now, does my princess want some tiramisu? It'll make you feel better, and I'll let you have the cream off my slice, what do you say? ” Elle renifle malgré elle et resserre ses bras autour de lui, souhaitant déjà retrouver sa place contre son cou tendre et chaud et rassurant. À la place, elle essaye de soutenir son regard malgré ses prunelles mouillées qui la font rosir de honte. “ Will you- will you take care of me…like in Cuba? ”  Elle revient souvent à leur lune de miel depuis qu’ils sont rentrés à Londres. Elle pense au soleil brillant quand il pleut sur l’île qui les a vu naître. Elle pense à la mer tranquille et sublime des Caraïbes, elle pense au torse nu de Blaise, sa peau d’ébène illuminée comme de l’intérieur, sur les plages de sable fin, elle pense aux cocktails partagés, aux sourires dans le jacuzzi, à sa main dans la sienne, aux baisers tendres et amusés au restaurant, au casino, sur le bateau. Elle repense à leur première fois, sa première fois, bien plus tendre qu’elle l’aurait imaginée avec lui. Elle repense à leur complicité, à ses massages et la facilité avec laquelle ils s’enlaçaient, s’embrassaient, autant de choses qu’ils ont perdu, bien rapidement, une fois de retour au Royaume-Uni. Elle aimerait bien qu’il la prenne encore dans ses bras, l’embrasse juste pour l’embrasser et pas juste pour lui faire retirer ses vêtements. Elle aimerait qu’ils se rejoignent dans la douche, qu’il lui démêle les cheveux et la fasse frissonner de ses caresses sans rien attendre en retour. Elle aimerait qu’il l’aime.
Elle relève les menton vers lui et laisse son nez effleurer le sien comme lui-même l’a fait un peu plus tôt. Elle aussi hésite, mais elle est tombée déjà trop bas pour s’embarrasser plus que ça ; elle trouve le courage de venir caresser ses lèvres des siennes. Son cœur est désespéré mais ses lèvres sont douces, légères, elle pense à Cuba, elle pense à la belle illusion qu’ils s’y étaient créée. “ We can…order later. ” Elle a déjà assez mangé pour aujourd’hui, même la tentation du tiramisu n’est pas assez forte pour qu’elle consente à le laisser quitter le lit. Elle se détache pour le regarder dans les yeux, la peur au ventre. “ You won’t let, anyone, even the dem- ” Le mot reste coincé dans sa gorge et elle s'étouffe un peu. Elle a appris à le contourner avec son psychomage. Non seulement c'est difficile pour elle, mais on lui a rappelé plusieurs fois, même au cours des séances, qu’elle n’avait pas vraiment le droit d’en parler. “ The hooded-creatures snatch you? Or me? Or us? ” Voler leurs âmes, voler leur lien.