Pansy va avoir vingt-six ans. Elle va avoir vingt-six ans et elle est mariée. Elle a fait les choses bien dira-t-on, même si sur le tard du point de vue de son père, avec des choses superflues dans sa vie tels que, pour commencer, son travail. Elle a une belle vie Pansy ; elle vit sa meilleure vie, même, comme elle le dit parfois. Elle a reçu des lettres de fans cet été, qui l'attendaient sagement sur le palier de l'appartement encore aux noms Parkinson-Zabini-Nott. Il faut qu'ils changent ça, mais ils vont démanger bientôt, dans une maison construite juste pour eux, alors ça ne presse pas quelque part. C'est le dernier vrai relent de leur vie d'avant, leurs vies de célibataires à elle et Blaise. Ils sont revenus dans le même appartement après leur lune de miel à Cuba et c'est à peu près la seule chose qui est restée la même. Certains changements sont subtiles, légers, ne changent pas grand chose : elle signe ses articles Pansy Zabini désormais et on l'appelle madame quand on la croise. Elle aime bien : elle est suffisamment jeune pour que ça ne lui déplaise pas et ça lui donne un genre et une prestance qu'elle apprécie. Quant à prendre le nom de Blaise, elle aurait pu conserver le sien, au diable la tradition, mais sans pression particulière de Blaise elle a préféré se faire appeler Zabini, enfin, Parkinson-Zabini sur les papiers, Zabini en public. L'idée d'être un vrai couple marié lui fait plaisir même si elle ne sait véritablement s'expliquer pourquoi. Blaise lui prépare toujours ses petits-déjeuners, et ils dînent ensemble presque tous les soirs, et ils se voient et discutent et ragotent et rient et sourient et boudent aussi, parfois. Ça, c'est comme avant. Sauf que maintenant ce n'est plus rare que Blaise vienne dormir dans son lit, ça devient la norme, peu à peu sa chambre elle la partage avec lui. Comme à Cuba, où ils avaient fait leur l'énorme suite et le lit king's size. Et comme à Cuba, ils s'embrassent au milieu d'une phrase de l'autre, se touchent, s'apprivoisent. Ils se connaissent si bien depuis des années, mais sur ce plan-là tout est à refaire. Ce n'est pas si compliqué qu'elle aurait pu l'imaginer toutefois, au contraire. La gêne due à leur si longue amitié a été dissipée assez rapidement au milieu de quelques baisers ardents et quand ils sont enfin allés jusqu'au bout, lors de leur dernière nuit à Cuba, sur un bateau loué par Blaise, en plein milieu de la mer des Caraïbes c'était presque naturel. Pas vraiment, parce que c'est pas naturel d'avoir un feu sous la peau et le ventre tordu dans tous les sens, mais toujours est-il que Pansy, pas un instant, n'a eu l'impression de se forcer. Ils n'étaient pas tant Blaise et Pansy, deux meilleurs amis, mariés pour la bonne forme, ce soir là, que juste deux personnes qui se désiraient, se désiraient vraiment (enfin elle croit) et qui se sont pris et qui se veulent encore, même une fois revenus à Londres. Elle avait un peu peur de ça, peur que ça change tout de revenir dans leur ancien bachelor pad, mais non. Ce n'était pas aussi agréable et parfait qu'à Cuba, avec le soleil, la mer, les cocktails et leur paresse mutuelle, mais elle pense qu'ils sont en train de trouver leurs marques, lentement.

Parfois, souvent même, elle se demande ce qu'ils sont désormais, ce que cet hybride d'amitié et de luxure veut dire, surtout que parfois s'y mêle une tendresse inattendue, mais elle n'ose pas demander. Elle-même ne sait pas trop ce qu'elle veut, ce qu'elle ressent. Elle n'oublie pas qu'ils ne se sont mariés qu'en tant qu'amis et que c'est juste tant mieux s'ils arrivent à agir comme un couple de temps en temps. Elle se distraie avec le travail de toute façon, avec les réponses qu'elle prend le temps d'écrire à ses fans et ses préparatifs pour la fashion week de la rentrée. Elle voit ses parents qui la complimentent sur son bronzage, elle voit Millicent aussi ce qui est une très mauvaise surprise. Un soir, ils prennent le temps d'ouvrir tous leurs cadeaux de mariage qu'ils entassent pour la plupart dans la chambre laissée libre par Benjamin. Ensemble, ils prennent rendez-vous avec Felix Rowle pour leur future maison que Pansy a plutôt hâte de décorer même si elle prévoit déjà que ça sera source de disputes avec Blaise — il a des goûts tellement kitsch parfois. Et avec tout cela, un peu plus d'un mois après leur mariage, son anniversaire approche. Elle n'a pas prévue de fête décadente cette fois-ci, peut-être parce qu'il y a déjà eu leur incroyable mariage il y a peu de temps encore et que certains risqueraient d'être encore fatigués de cette célébration. Ou peut-être parce que vingt-six ans c'est pas tellement spécial, pas comme vingt-cinq. Ou peut-être parce qu'il n'y a personne avec qui elle a plus envie de fêter ça qu'avec Blaise. Deux jours avant son anniversaire, elle feuillette une copie d'un magasine de décoration d'intérieure en sirotant un verre de rosé. Ce soir ils vont sûrement commander à dîner comme bien souvent, mais elle attend que Blaise aussi soit rentré pour passer commande par hibou. Ses horaires à lui sont plus aléatoires encore que les siens, mais il n'y a pas de Satine Night ce soir ni de Battues donc il ne devrait pas trop tarder et elle corne insoucieusement plusieurs pages du magasine en l'attendant. “ Hey darling,” l’accueille-t-elle quand elle entend la porte claquer, sans pour autant bouger de son fauteuil. “ We got a new furniture and decoration magazine in the mail today. Ugh, you think we could ask Rowle to hurry up with our house? Surely if we give him an extra tip he can make us his upmost priority? ” Elle lui offre un petit sourire quand il débarque dans le salon, quand bien même cette saleté de Bastet ose déjà revenir dans la pièce (quittée dès la maîtresse de maison rentrée à l'appartement) pour se frotter contre les jambes de son maître. “ I mean it's not like he's his father.” Elle roule des yeux exagérément. C'est vrai qu'ils auraient peut-être dû demander le plus cher et le meilleur, c'est à dire le vrai architecte Rowle plutôt que le fils.

La grisaille de Londres ne lui a pas manqué. Même si il a adoré Cuba, les longues heures passées au soleil, les cocktails à n'en plus finir, leur suite royale à l'hôtel, le bateau qu'ils ont loué quitte à se perdre en mer, le poisson péché le matin et mangé le soir, les longues soirées au casino de l'hôtel et les longues soirées à rire et à manger, les cigares, le sable, la mer, les vagues, tout... il est quand même content d'être de nouveau à la maison. De retrouver son cercle professionnel et amical, de taper une claque dans le dos de Kalen, de taper la bise à ses filles qui ont bien bossé pendant ses deux semaines d'absence. Évidemment, même pendant sa lune de miel, Blaise a travaillé à distance: il a signé des contrats, répondu à des missives, accepté des projets. Mais il est bien de content de rentrer et de povoir apprécier à sa juste valeur son dur travail.
Et puis la vie à deux, c'est pas plus mal non plus. Sa mère s'inquiétait qu'il ne parvienne pas à s'habituer à la vie d'homme marié, qu'il ait du mal à laisser ses habitudes de bachelor à la porte ou qu'il se sente coincé dans cette nouvelle situation. Mais Blaise aime beaucoup rentrer et être accueilli par le sourire de Pansy. Il aime beaucoup l'embrasser et enrouler ses bras autour d'elle quand ils s'installent pour dormir. Il aime encore plus quand c'est elle qui l'embrasse et l'enlace.

Il aime leurs moments de complicité et de tendresse, comme si le sexe décuplait leur amitié sous tous ses aspects. Même quand ils boudent, c'est différent, même quand ils se chamaillent, s'énervent, se taquinent, se font la tête. Blaise a toujours beaucoup aimé sa vie, mais il l'aime encore plus ces derniers temps, avec elle.
Well, si on oublie le fait qu'il a peur pour sa vie, peur de prendre la Marque, peur de faire un pas de travers et de--

Il refuse de penser à ça. Après un rendez-vous au Ministère en compagnie de Kalen — quoique cette fois, ce ne soit pas pour les Battues mais pour un évènement à venir dans quelques mois —, il rentre à la maison, impatient de se poser et de commander à manger parce qu'il n'a aucune envie de passer la moindre minute en cuisine. “ Hey darling. ” Il sourit en entendant la voix de Pansy, retirant sa veste et ses chaussures. “ Heyyyy. — We got a new furniture and decoration magazine in the mail today. Ugh, you think we could ask Rowle to hurry up with our house? Surely if we give him an extra tip he can make us his upmost priority? ” Pansy n'est pas le genre de femme qui demande comme s'est passé sa journée en premier, mais ça convient parfaitement à Blaise qui sourit un peu plus en suivant la direction de sa voix. Bastet débarque avec lui dans la pièce, se pressant aux mollets de son maître en miaulant pour requérir son attention.
Son autre reine, Pansy, l'accueille avec un petit sourire. “ I mean it's not like he's his father. ” Blaise roule des yeux en même temps qu'elle, quoique ce soit pour une autre raison. “ I can assure you that we are his upmost priority, Pansy, ” dit-il avec douceur, en s'approchant d'elle et se penchant pour l'embrasser rapidement comme salutations.

“ Tea? ” propose-t-il, se laissant tomber sur le fauteuil à côté du sien et agitant sa baguette pour faire bouillir l'eau dans la cuisine. Quelques instants plus tard, un plateau avec deux tasses, du sucre, du lait et du thé atterrit devant eux sur la table basse. Machinalement, Blaise écarte les jambes en s'asseyant et son genou effleure celui de Pansy. Il se passe une main sur le visage, se pince l'arête du nez. “ I'm going to take tomorrow off too, ” dit-il. Il ne l'a pas précisé mais, bien entendu, il prendra aussi de libre la journée d'anniversaire de Pansy dans deux jours. “ Maybe we could do something special, you and I, before your big day? ” Il sait combien c'est important pour elle, d'avoir une journée spéciale dédiée à elle, et il sourit en relevant les yeux vers elle. “ I don't know if we could go somewhere as special as Cuba but... ” Il se penche vers elle, l'air conspirateur. “ I thought maybe we could go to the house and see how it's coming together? ”

“ I can assure you that we are his upmost priority, Pansy, ” argue Blaise, sa voix est douce, mais Pansy fronce tout de même un peu les sourcils, n'aimant pas être contredite. Et puis, comment Blaise pourrait-il être certain de ce qu'il avance de toute façon ? Le fait qu'il se penche pour l'embrasser rapidement en guise de salut, sait toutefois faire se détendre ses traits. Elle aime beaucoup trop cette nouvelle habitude. “ Tea? ” elle hoche la tête alors que déjà il s'assoit sans délicatesse à ses côtés, et agite sa baguette pour que le thé se prépare seul. Pansy et Blaise se débrouillent très bien dans cet appartement sans elfe de maison, mais c'est peut-être une conversation qu'ils devraient bientôt penser à avoir. Ils vont emménager dans une vraie maison et puis un jour au manoir Parkinson et il leur faudra bien du staff. Au moins un elfe. Pour l'instant toutefois, les sortilèges ménagers suffisent et le thé se fraye bientôt un chemin vers eux, bien arrangé sur un plateau qui flotte jusqu'au salon et se pose sur la table basse. Le genou de Blaise effleure celui de Pansy qui relève le regard vers son visage un peu fatigué. Il se passe une main dessus et se pince l'arrête du nez, elle se demande s'il a quelque chose de désagréable à lui annoncer. “ I'm going to take tomorrow off too, ” Too, note-t-elle avec curiosité. Dans deux jours c'est son anniversaire et comme elle n'a rien prévu de particulier, elle n'a rien demandé à Blaise non plus. Elle sait qu'il lui offrira quelque chose, qu'il n'oserait pas rentrer à la maison les mains vides ce jour-là, mais elle ne savait pas qu'il comptait poser sa journée. Encore moins le jour d'avant avec. Elle ne peut contenir un petit sourire, satisfait et presque fier. “ Maybe we could do something special, you and I, before your big day? ” La risette s'agrandit alors que le regard de Blaise trouve le sien et que lui-même a un joli sourire sur les lèvres. Elle essaye de rester nonchalante dans son hochement de tête approbateur, mais elle sait que ce n'est pas très crédible. Il la connaît bien Blaise, parfois trop et il sait qu'elle aime l'idée d'avoir un traitement de faveur, d'être véritablement la reine pour son anniversaire. “ I don't know if we could go somewhere as special as Cuba but... ” En deux jours ils auront bien du mal à ce faire effectivement, mais elle pense pouvoir lui faire confiance malgré tout. Elle avait laissé à Blaise seul l'organisation de leur lune de miel, et avait même consenti à ce que tout reste pour elle une surprise et il ne l'a pas déçue, bien au contraire. C'était parfait. Alors même son petit air conspirateur quand il se penche vers elle ne l'effraye pas trop.  “ I thought maybe we could go to the house and see how it's coming together? ” Une petite moue tord les lèvres de Pansy alors qu'elle réfléchit à la chose et fronce un peu les sourcils en se disant que, non, ce n'est définitivement pas aussi cool et spécial que Cuba d'aller dans un chantier de construction.  “ Hmm okay, ” consent-elle du bout des lèvres avant d'attraper sa tasse de thé dans laquelle elle verse un petit peu de lait.  “ Will I get to scream at Felix if he's behind schedule? ” Elle en aura envie même s'il est dans les temps parce qu'elle trouve que la timeline qu'il leur a donné au moment de la commande est beaucoup beaucoup trop longue. Elle s'est même demandée s'il ne se payait pas leur tête. “ He sucks. ” lâche-t-elle avant de tremper les lèvres dans son thé. Elle ne s'est pas franchement remise de l'affront que représentait l'absence des parents Rowle à son mariage et en veut donc à toute cette famille, par principe. “ I was waiting for you to get here, before ordering dinner: Mussoli's as usual? ” C'est son restaurant préféré à elle, mais puisque c'est sa birthday week, Blaise ne s'en plaindra pas. Lui aussi aime bien de toute façon, ils y vont très souvent.

Une moue s'installe sur la bouche de Pansy et Blaise ne peut pas s'empêcher de froncer légèrement les sourcils en voyant son manque d'enthousiasme. Il se redresse et s'enfonce dans son siège en réponse, un rien boudeur,  l'air un peu consterné parce qu'il pensait qu'elle apprécierait voir l'avancée des travaux et commenter tout ce qui s'y trouve déjà. “ Hmm okay. ” Blaise a toujours été bon menteur, et ne laisse pas montrer sa déception et sa légère vexation. C'est Pansy, elle est comme ça, elle n'est pas du genre à mentir pour son bénéfice et il l'aime aussi pour ça. Même si c'est vrai que parfois... “ Will I get to scream at Felix if he's behind schedule? ” Il hoche la tête, un peu distraitement, attrapant lui aussi sa tassé de thé après y avoir ajouté un peu de sucre. “ Of course. Whatever you want. ” C'est toujours comme ça de toutes façons: whatever she wants. Et lui pourra toujours réparer les pots cassés. “ He sucks. ” Blaise l'aime bien, pourtant, le Felix, mais il sait que ça ne servirait à rien de le défendre face à Pansy: whatever she wants. À la place, Blaise apporte sa tasse à ses lèvres et souffle un peu dessus pour en avalant une timide petite gorgée, sentant quelque chose se détendre en lui en sentant la saveur de son thé préférée (sucrée et légère) se répandre dans son corps.

“ I was waiting for you to get here, before ordering dinner: Mussoli's as usual? — With great pleasure, sweetheart, ” répond-t-il avec un sourire à son adresse. Il attrape sa baguette et l'agite jusqu'à ce qu'un bloc de parchemin vole jusqu'à la table basse, ainsi que de l'encre et une plume — de quoi écrire leur commande et l'envoyer au restaurant par hibou où ils ont un compte que Blaise crédite tous les mois. Il attire aussi à lui The Evening Prophet pour le feuilleter rapidement jusqu'à la double page Business. “ What would you like to do for your birthday then? ” demande-t-il, puisque son idée a lui n'est pas appropriée. Il ne lui en veut pas, bien entendu. Il veut qu'elle soit heureuse pour son anniversaire, quoiqu'il arrive.
Il parle sans détacher ses yeux du journal, distrait et concentré à la fois — avant de brutalement refermer le journal pour darder Pansy de ses yeux sombres. Il n'a pas envie de ça, de devenir ça: ce couple ennuyé et ennuyeux qui s'écoute à peine. “ I'd do anything for you, you know that. ” Léger sourire. “ You tell me and I make it happen. Write down tiramisu, please, ” ajoute-t-il en voyant qu'elle a commencé à écrire leur commande sur le bon pour Mussoli's. “ And a nice bottle of red. You will share with me, yes? ” En plus du thé, il a au moins besoin d'un verre de vin pour se détendre ce soir.

“ With great pleasure, sweetheart, ” Pansy aime bien quand Blaise lui donne des petits surnoms comme celui-ci. Avant c'était teinté d'une ironie à peine masquée, ou bien ce n'étaient que des darlings d'usage. Désormais elle peut se surprendre à penser par moment que c'est un peu plus que cela. Elle peut s'imaginer qu'il ne dit sweetheart à personne d'autre. Alors à sa risette elle répond par un petit sourire en coin, attrapant le bloc de parchemins et la plume qu'il fait voltiger vers son coin de la table pour pouvoir noter leur commande. “ What would you like to do for your birthday then? ” Elle relève les yeux, masquant difficilement sa surprise. Puisque Blaise a posé des jours pour elle — il ne l'a pas dit comme ça, mais c'est ainsi qu'elle le comprend malgré tout — elle pensait qu'il avait des idées, un plan pour lui faire passer un excellent anniversaire. Et elle lui fait confiance pense-t-elle parce qu'il la connaît bien et que leur lune de miel était pour sa part une réussite totale. Elle a relevé les yeux, mais lui ne la regarde pas, lisant plutôt son journal comme si la réponse ne l'intéressait que peu, au final. Pansy a le temps de bien masquer sa déception avant qu'il ne ferme brutalement le Prophet pour enfin daigner poser les yeux sur elle. “ I'd do anything for you, you know that. ” Le sait-elle ? Il a fait beaucoup de choses pour elle Blaise, depuis des années déjà, il l'a fait rire quand elle était triste, il l'a rassurée quand elle était inquiète ou craintive, il ne l'a jamais abandonnée même quand les sorts fusaient, il ne l'a jamais trahie même quand Amycus est mort à cause d'elle. Mais ferait-il tout pour elle ?

Oui, si tout inclut également lui acheter un prostitué pour qu'elle perde avec lui sa virginité avant leur mariage. Oui, si ça inclut finalement consentir à ce terrible effort et bother — comme il l'a lui-même appelé — que de la délester lui-même de sa v-card. Elle ne peut retenir une petite moue, néanmoins juste un poil différente de sa resting bitch face. “ You tell me and I make it happen. Write down tiramisu, please, ” Elle en aurait presque oublié le parchemin sur ses genoux mais, comme si elle n'attendait que ça, elle se remet à écrire frénétiquement ajoutant le dessert qu'il commande systématiquement pour lui seul et qu'ils finissent toujours par manger à deux. “ And a nice bottle of red. You will share with me, yes? ” Elle ne relève même pas ses prunelles sombres vers lui alors qu'elle finit de noter la commande. “ Yeah, sure. ” Elle aussi aurait bien besoin d'un petit verre de vin. Elle est bien loin du sourire qu'elle n'a pu retenir quand il lui a dit qu'il allait passer deux jours avec elle pour son anniversaire. Un point final sur le parchemin et elle l'enroule sur lui-même avant de l'envoyer sur les genoux de Blaise d'un coup de baguette pour qu'il se charge de l'envoyer au restaurant. C'est un travail d'équipe, en quelque sorte.

Elle attrape ensuite sa tasse de thé pour la finir tranquillement le temps qu'il ne revienne de la fenêtre d'où il laissé s'envoyer le hibou. Elle l'observe à travers ses cils confuse et curieuse, inquiète et déçue. Ils se connaissent si bien, mais parfois ils se comprennent si mal. “ As for my birthday...I assume my parents will want us over for tea. And gifts. ” La précision est inutile, mais importante pour Pansy. N'est-ce pas là l'intérêt principal d'un anniversaire ? Elle trempe de nouveau ses lèvres dans ce qu'il lui reste de thé. “ Otherwise, I don't know. I thought you could- hm dazzle me like you did with Cuba. ” Le ton est factuel, presque un peu morne, mais Blaise n'en sera pas dupe, elle imagine. Le compliment est plus que sincère (et elle pense qu'elle lui a déjà bien prouvé qu'elle avait beaucoup aimé leur voyage). Si elle ne se montre pas plus effusive c'est qu'elle ne veut pas qu'il n'aille s'imaginer qu'elle compte totalement sur lui pour rendre son anniversaire spécial. Même si c'est la vérité.

“ Yeah, sure. ” Blaise arque les sourcils, mais Pansy ne le remarque pas et ne voit donc pas son invitation silencieuse à lui expliquer pourquoi elle semble tout d’un coup déçue. Elle finit d’écrire et lui envoie le parchemin sur les genoux; avec un soupir, Blaise grimace en se redressant et se levant de son confortable fauteuil - il était si à l’aise - avant d’aller chercher Tiberius, son hibou, qui passe la plupart de son temps dans son bureau. Il attache leur commande à sa serre et lui caresse un peu le front et le bec avant de l’amener à la fenêtre. “ Mussoli’s, Tiberius, please, ” fait-il avec plus de politesse qu’il ne le ferait avec un sang-de-bourbe ou un hybride, avant de le regarder s’envoler avec un léger sourire. Blaise se penche un peu pour profiter de l’air frais avant de refermer la fenêtre, retournant s’asseoir près de sa femme qui l’attend avec une patience normalement pas très caractéristique. “ As for my birthday...I assume my parents will want us over for tea. And gifts. ” Il sourit un peu en l’entendant parler de cadeaux - Blaise y pense depuis des semaines, bien entendu -, même si l’idée de passer une journée entière à manger et boire du thé avec Perseus n’est pas franchement agréable. Il apprécie Aeko, ceci dit, mais son beau-père est… une autre affaire. “ Otherwise, I don't know. I thought you could- hm dazzle me like you did with Cuba. ” Blaise sourit, faux modeste, même si il ne peut pas s’empêcher de se remémorer sa réaction quand il lui a proposé d’aller sur le chantier de leur future maison. “ I’ll think of something, ” dit-il sur le même ton, comme si de rien n’était, avant d’ouvrir son journal pour finir sa lecture.

Pansy a l’air un peu déçue quand elle réalise que, contrairement à la plupart de leurs jours de congés, il n’y aura pas de petit-déjeuner au lit préparé par Blaise aujourd’hui: à la place, il recouvre son visage de baisers jusqu’à ce qu’elle grogne et le repousse et lui embrasse la main avant de lui montrer la robe qu’il lui a acheté pour aujourd’hui. Cousue sur mesure, bien entendu, et elle lui va parfaitement, encore plus quand Blaise lui montre sa tenue qui la complémente dans tous ses aspects. Le tissu vert sombre serti de diamants brillent alors que Blaise l’emmène au restaurant français où ils mangent leur petit-déjeuner: l’endroit est vide, Blaise s’est assuré que toutes les tables soient réservées pour leur permettre d’être seuls ensemble. Il pense qu’elle lui pardonne le manque de petit-déjeuner au lit: entre les macarons, le thé à la rose et les croissants qui sortent du four, ils ont de quoi manger en ayant l’impression d’être une princesse et son prince.
Le déjeuner chez ses parents est un peu moins plaisant, pour Blaise du moins, mais il est content de la voir rosir de plaisir en offrant ses cadeaux, qui incluent bien entendu celui de Blaise: un imposant collier serti de diamants et d’opales magiques changeant de couleur selon l’heure de la journée, passant du bleu pâle au vert clair au rose discret. Même Perseus semble impressionné par la chose, ce qui est une victoire en soi. Blaise est ravi d’attacher le collier au cou de Pansy et de lui caresser la nuque pour la laisser frissonnante en retournant s’asseoir.

Le déjeuner s’allonge, les assiettes sont troquées pour des tasses de thé qu’ils sirotent, Perseus invitant Blaise à fumer un cigare en jouant au golf magique. Il fait froid et moche dehors mais, abrités sous la véranda, Blaise regarde les balles voler dans le jardin et laisse  Perseus lui expliquer en long en large et en travers comment tenir son club correctement. Blaise n’a jamais compris l’intérêt que pouvait avoir quiconque pour ce sport qu’il trouve aussi chiant que pas du tout impressionnant, mais au moins les cigares sont bons. Comme d’habitude évidemment, Perseus se retrouve à lui parler affaires, yadda yadda, et Blaise à l’écouter et à lui faire des promesses vides de sens. Pansy est celle qui parvient à les tirer de là, expliquant à son père qu’ils sont attendus au restaurant.

“ What restaurant? ” lui demande Blaise quand ils sont de retour à la maison et il rit en voyant son air confus. Après une telle journée de luxe, pourquoi se priver d’un restaurant pour dîner? C’est même ce qu’ils font la plupart du temps, anniversaire ou pas… Il s’approche d’elle en riant un peu et prend son visage entre ses mains, avant de l’embrasser avec douceur. C’est un baiser délicat et tendre, et il sourit un peu contre les lèvres de Pansy. “ Tonight, I’m going to cook for you, ” murmure-t-il en se détachant, souriant un peu plus en voyant le rose qui s’étale sur les joues de sa femme. En temps normal, il la taquinerait gentiment mais à la place il lui embrasse la joue avant de se détacher. “Go freshen up while I start preparing.”
Il a déposé sur leur lit, avant qu’ils ne partent et sans qu’elle le remarque, une robe de soirée pour elle. Elle est bleu sombre - sa couleur préférée sur elle - et griffée du designer favori de Pansy du moment. Elle n’a pas arrêté d’en parler ces derniers temps, Blaise pense que c’est parce que son anniversaire approchait et qu’elle voulait que tout le monde sache ce qu’elle voulait comme cadeau…

Blaise n’est pas vraiment à l’aise en cuisine, sauf pour rapidement préparer deux-trois trucs à la va-vite pour grignoter: il est plus habitué à ordonner aux gens autour de lui de lui faire à manger. Sa spécialité, c’est le petit-déjeuner - le reste… Il a lu beaucoup de livres pour réussir son effet cette soirée, préparant plusieurs plats inspirés de Cuba dont un chilli et une assiette de plantains frits qu’elle avait bien aimé quand ils y étaient. Pansy est bientôt prête et s’assied à table pendant qu’il cuisine en face d’elle. Ils ne parlent pas vraiment, se regardent beaucoup et sourient. Quand il a fini, la magie lui permettant d’accélérer le temps de préparation et de cuisson de manière exponentielle, ils prennent place sur la petite table du balcon qui surplombe Diagon Alley. Blaise reste debout pour leur servir le vin, et s’assied après avoir tiré sa chaise à Pansy. Il sourit un peu en la regardant. La météo et la température sont réglées grâce un sortilège d’extérieur, le plat est plus que décent, le vin est excellent et Blaise pense qu’il n’imagine pas l’appréciation dans les yeux de Pansy. “ Dazzled yet? ” demande-t-il avec son petit sourire cocky qui lui fait toujours lever les yeux au ciel. “ I also wanted to give you this. ” Il sort de sous la table une petite boîte enveloppée d’un tissu en velours, un autre cadeau de sa part. “ Those are dokkaebi earrings” explique-t-il en la voyant ouvrir la boîte. “I had them imported from Korea. Hold it. ” Alors qu’elle prend le bijou dans sa main, Blaise enfonce la sienne dans le col de sa chemise ouverte et en sort un pendentif qui a la même couleur argentée. Il referme la main dessus avec force, et il sait que les boucles d’oreille, en réponse, se réchauffent. Et transmettent, par le lien sacré du dokkaebi qui les a créées, ce qu’il ressent: tendresse et curiosité et anxiété, à l’idée que ça ne lui plaise pas. Elle se plaint parfois qu’il travaille trop, jusque trop tard, qu’ils passent parfois en coup de vent à la maison quand il doit aller dîner, sortir, faire autre chose. “ That way, we’re always connected. Do you think that’s sweet? ” demande-t-il d’une petite voix qu’il n’offre qu’à elle.

Ce que beaucoup de gens savent à propos de Pansy Zabini anciennement Parkinson — elle a jusqu'à présent plus marqué son monde en tant que Pansy Parkinson qu'autre chose — c'est qu'elle n'aime pas être déçue. Et quand elle l'est, ça se voit et ça n'a rien de joli. Elle maîtrise parfaitement l'art d'être désagréable, en toute situation. Ce que l'on sait moins à son sujet toutefois c'est qu'elle n'apprécie pas tant que cela d'être impressionnée non plus. Que l'on fasse ce qu'elle demande (ou même ordonne), ça lui plaît, forcément. Mais que l'on dépasse ses attentes… L'impression est chez elle mitigée parce qu'elle ne sait pas comment réagir à cela. Elle a l'habitude d'être déçue comme elle a l'habitude d'avoir ce qu'elle veut. Elle a moins l'habitude d'être agréablement surprise par autrui. Mais Blaise est doué pour ça. Aussi doué qu'il l'est pour la mettre dans une rage inédite, il sait la faire fondre dans le creux de sa main. Elle ne veut pas lui faire savoir qu'elle peut se passer de ses petits-déjeuners au lit si cela signifie à la place avoir un accès exclusif à un des meilleurs salon de thé de Londres et manger des macarons dès dix heures du matin. Elle ne veut pas lui dire qu'elle aime bien les efforts qu'il fait devant ses parents, qu'elle aime bien comme son père lui serre la main et a l'air même un peu fier, parfois, en les voyant tous les deux alors que pourtant Merlin sait que ce mariage n'était pas son idée. Elle ne veut pas lui dire que si tous les cadeaux qu'elle reçoit chez ses parents sont somptueux celui de Blaise est le plus beau — mais il doit voir comme elle est ravie de le porter immédiatement. Elle ne veut pas admettre non plus que si elle prétend qu'ils ont un réservation dans un restaurant pour leur permettre d'enfin quitter le manoir Parkinson, c'est aussi parce qu'elle considère que les meilleurs instants de sa journée d'anniversaire sont ceux passés seule avec Blaise. Et pas seulement parce que, chose d’ailleurs rare, il l’embrasse avec douceur sans raison apparente. Elle ne lui en veut pas, pas même un petit peu quand il lui annonce à sa grande surprise qu’ils ne vont pas manger dehors ce soir. “ Tonight, I’m going to cook for you, ” Et elle ne devrait pas aimer ça Pansy : après tout, tout restaurant sera mieux que la cuisine de Blaise, loin d’être un professionnel. Et pourtant elle rosit esquissant même un vague sourire quand ses lèvres trouvent sa joue. “ Go freshen up while I start preparing. ” Elle lui adresse un long regard, devinant qu’il doit y avoir une raison à sa proposition, autre que son confort personnel ou le fait qu’il en ait assez de la voir dans cette tenue.

Et elle ne se trompe pas, évidemment. Elle est bien contente qu’il ne soit pas dans la pièce avec elle pour voir sa réaction à la magnifique robe qui est étalée sur leur lit. Pansy se moque souvent — gentiment toutefois — des goûts vestimentaires de Blaise, trop excentriques selon elle, mais là c’est parfait et pour cause : il l’a choisie pour elle et il la connaît bien. Il la connaît vraiment. Elle ressent un plaisir évident à l’enfiler par-dessus un élégant ensemble de lingerie en dentelle — et elle a les joues un peu roses quand elle revient vers le salon. Elle a toujours le collier qu’il lui a offert autour du cou. Il est si beau et précieux qu’elle devrait certainement le conserver pour une occasion plus importante — mais à ses yeux il n’y a rien de plus important que son anniversaire — ou du moins un évènement où elle aura un public plus conséquent. Mais autant qu’elle aime l’attention, Pansy, surtout lorsqu’on l’admire, elle se satisfait, ce soir en tous cas, très bien du regard de Blaise sur elle.

Ils n’ont pas encore leur maison, celle qu’ils ont acheté ensemble, pour leur vie de jeunes mariés, mais c’est vrai que cet appartement est beau aussi, surtout le balcon, qui donne sur le bon côté de Diagon Alley. Elle a la chance d’être née en plein été, ce qui, même si ça ne veut pas toujours dire grand chose quand on réside au Royaume-Uni, signifie quand même qu’un dîner en terrasse est envisageable, surtout avec les bons sortilèges météorologiques. Pansy adore Mussoli’s, entre autre, mais elle se satisfait bien du dîner préparé par Blaise, elle est même agréablement surprise du résultat, ce qui l’agacerait presque tant elle ne sait quoi faire de cette émotion. “ Dazzled yet? ” Ses yeux l’ont à peine quitté, même alors qu’ils mangeaient, comme si une part d’elle craignait qu’il ne disparaisse d’une seconde à l’autre. Blaise ne l’a jamais laissée mendier pour un peu d’attention, mais c’est vrai qu’il lui en offre rarement autant et de manière aussi… parfaite. Elle sait qu’elle ne doit ça qu’au fait que ce soit son anniversaire aujourd’hui mais elle aimerait que ça dure. Le petit sourire sûr de lui de son mari ne manque pas de lui faire rouler des yeux, par habitude. Elle sait être avare de compliment Pansy surtout si les gens savent déjà qu’ils ont fait du bon boulot. Mais c'est vrai que Blaise a très bien relevé le défi. “ I also wanted to give you this. ” Elle fronce un peu les sourcils ; naïvement, réalise-t-elle, elle avait cru avoir déjà reçu tous les cadeaux de sa part. Après tout, il n’y a pas à douter qu’il a déjà dépensé une somme plus que décente (ou justement complètement indécente) pour elle. Il aura donc certainement de quoi se délecter de la surprise sincère qui apparaît sur le visage de Pansy quand il dépose un autre paquet sur la table. Elle le récupère délicatement, le déballe rapidement, ouvre l’écrin avec impatience. “ Those are dokkaebi earrings ” Le métal argenté est délicat et pourtant, s’il dit vrai, emprunt d’une magie des plus puissantes et complexes. Elle relève les yeux vers lui avec curiosité. “ I had them imported from Korea. Hold it. ” Elle s’exécute lentement, presque un peu solennelle, prenant une des boucles d’oreille entre ses doigts pour la serrer contre sa paume alors que Blaise dévoile d’entre les pans, comme toujours mal fermés, de sa chemise un pendentif au métal similaire. Lui aussi presse sa paume contre le bijou et dans la main de Pansy se produit quelque chose d’extraordinaire. Elle n’a jamais été la plus assidue qui soit ni même la plus intéressée lorsque sa famille Rosier a voulu lui apprendre des choses sur la Corée natale de sa grand-mère. Elle a écouté, mais toujours d’une oreille un peu distraite ; Pansy est anglaise, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire, tout ça ? De fait, elle n’a jamais appris la langue, puisque comme elle le disait : on la comprend suffisamment bien quand elle parle anglais. Elle n’est toutefois pas ignorante au point de ne pas connaître les pouvoirs des dokkaebis. Elle n’a juste jamais eu l’occasion de le vivre jusqu'à présent. Tenderness, curiosity, nervousness, la sensation vrille directement jusqu'à son cœur, les sentiments aussi vifs que s'ils étaient les siens pendant un bref instant et ça la fascine et il doit le sentir lui aussi à travers le métal chaud entre ses doigts.

“ That way, we’re always connected. Do you think that’s sweet? ” Pansy Parkinson n'aime pas être impressionnée, parce que cela ouvre les portes de tout un monde d'émotions qu'elle ne maîtrise pas bien. Et là, elle ne sait pas quoi dire. Son regard demeure fixé un moment sur le bijou dans sa main — elle a délicatement défait l'emprise de ses doigts une fois le test de la magie du métal exécuté — alors qu'elle reste silencieuse, pensive, juste…impressionnée. Elle ne sait pas quoi répondre alors quand elle relève les yeux elle referme simplement le poing autour de la boucle d'oreille, pressant fort pour en activer la magie. Marvel, happiness, gratitude, affection elle ne saurait pas mettre des mots sur ce qu'elle ressent et elle n'oserait probablement pas les prononcer si elle savait les trouver, mais elle n'a besoin de rien faire d'autre que de ressentir ces choses pour que Blaise le comprenne. De fait, s'ajoute à ces émotions et sentiments chauds et agréables un léger accent, plus froid,de crainte. Elle comprend que le but est qu'elle porte ces boucles d'oreilles souvent de même que lui le pendentif et que, quand ils voudront se parler, même de loin, ils le pourront. C'est une bonne chose, sur le principe. Surtout vu le nombre de nuit qu'il passe hors de la maison. Ils pourront se rassurer l'un l'autre, se rappeler l'un à l'autre. Mais tout de même : et s'ils l'activaient par inadvertance parfois ? Et si le lien sacré du dokkaebi faisait entendre à Blaise des choses que Pansy ignore elle-même ? Elle relâche son emprise sur le métal et sort délicatement l'autre boucle de l'écrin. “ Put them on me? ” demande-t-elle d'une voix un peu troublée en dépit de ses efforts. Il veut qu'ils soient connectés, une idée qu'elle apprécie, mais c'est vrai qu'ils le sont déjà. Ils sont mariés ce qui veut dire que leur magie a littéralement été liée. Et ils se connaissent depuis longtemps aussi, ce qui mène Pansy à songer que, peut-être; des bouts de ce qu'ils sont individuellement se sont entrelacés, lentement pour parfois devenir un peu indissociable. Ce qui expliquerait finalement que, même juste amis, même mariés, ça fonctionne. Ça fonctionne vraiment bien. À en croire leur premier mois de mariage en tous cas. “ I have to say, I didn't think you knew about dokkaebi. ” Fait-elle avec un petit sourire pour tenter de rompre le nuage d'émotions qui semble encore flotter dans l'air, pas désagréable en soi, juste un peu effrayant. “ Thanks Blaise. ” souffle-t-elle quand il lui a mis les boucles d'oreille, ses doigts toujours un peu froids venant effleurer les siens toujours un peu chauds et — puisqu'il est proche, et puisque c'est son anniversaire, et puisque, après tout, ils sont mariés — ses lèvres trouvant les siennes dans un message peut-être plus clair encore que celui permis par les bijoux du dokkaebi.

Blaise se trouve plutôt sweet. Il est pourtant loin d’être un grand romantique: ses attentions pour Pansy sont généralement motivées par un sens étrange d’obligation. Il est son mari, il est sensé la rendre heureuse et la couvrir de cadeaux… non?
Mais de qui se moque-t-il? Le regard que pose Pansy sur lui le remplit d’un sentiment étrange, lui gonfle la poitrine et la remplit d’un feu ardent et confortable à la fois. Même son amour des apparences ne lui permettrait pas de ressentir ça. Il aimerait que Pansy lui rende la pareille et le couvre de compliments, lui dise tout ce qu’elle a aimé d’aujourd’hui. Il aimerait qu’elle apprécie ce qu’il a fait pour elle, et qu’elle le lui rende. Il sait bien, pourtant, que Pansy est encore plus pingre que lui. Il sait très bien aussi qu’elle le considère comme un imbécile qui ne la mérite pas.
Elle l’aime bien, pourtant, son imbécile de mari. Blaise le sait, parce qu’il le lit sans mal dans le regard de Pansy, et le ressent aussi quand elle referme ses doigts autour de la boucle d’oreille. Blaise sent l’amulette lui brûler le torse alors qu’elle répand, directement dans sa poitrine et son coeur des sentiments apaisants et hystériques à la fois. Heureuse, elle est heureuse, avec lui. Il lui a promis des dizaines de fois, déjà, qu’il la rendrait heureuse. A chaque fois, Blaise était persuadé qu’elle ne le croyait pas. Elle lui montre désormais que c’est le cas et il ne peut pas s’empêcher de sourire d’un air satisfait, presque victorieux. Il est si content de lui qu’il ne remarque même pas les teintes inquiètes dans le camaïeu des émotions heureuses de Pansy.

“ Put them on me? ” Blaise hoche la tête et se lève d’un mouvement souple, contournant la table pour la rejoindre et s’emparer, avec délicatesse, des deux boucles qu’elle lui tend. “ Gladly, ” lui répond-t-il, faisant rouler bijoux dans ses mains avant de se pencher vers elle. “ I have to say, I didn't think you knew about dokkaebi. ” Elle rigole un peu et le sourire satisfait sur les lèvres de Blaise ne vacille pas, même si les mots de Pansy viennent le toucher en plein coeur. Cette fois, ce n’est pas agréable, pas du tout même.
Il sait pourtant qu’elle ne veut pas le blesser et que c’est un compliment, d’une certaines manières. Mais Blaise est si simple à complimenter, et encore plus à vexer. Encore plus avec Pansy, sa douce Pansy pour laquelle il ferait tout. Qui pense toujours qu’il est un imbécile, avec des idées stupides comme elle aime le dire, ou qui ne connaît pas l’existence des dokkaebi. Pas la peine d’être intelligent quand on a de l’argent et un beau visage: c’est lui-même qui disait ça quand ils révisaient leurs NEWTs.
Alors pourquoi ça le contrarie tant?  “ Thanks Blaise. ” Blaise ne répond pas, se contentant de lentement lui mettre les boucles d’oreille, ses mains douces caressant un peu sa mâchoire et son cou ce faisant. Il arrête ses gestes quand il a fini et qu’elle attrape sa main de ses doigts froids. Il esquisse un sourire quand elle le tire vers elle et qu’il se penche recevoir le baiser qu’elle pose sur ses lèvres. “ You’re very welcome, sweetheart, ” murmure-t-il contre ses lèvres avant de rapidement les poser sur sa tempe en s’éloignant pour retourner à sa place.

Elle l’embrasse de nouveau quand ils retournent à l’intérieur, puis de nouveau, puis de nouveau jusqu’à ce qu’ils aient fait leur chemin jusqu’à sa chambre qu’ils partagent depuis le retour de leur lune de miel. Ca devient presque une habitude ou, plutôt, un schéma que Blaise se met de plus en plus à remarquer. Un baiser en mène toujours à un autre, puis à un autre, puis à un autre qui finit sous les draps. Sinon, leurs preuves d’affection se limitent aux surnoms qu’ils utilisent parfois, la main de Blaise dans le bas du dos de Pansy pour l’inviter à se rapprocher ou à se décaler, les doigts de Pansy effleurant sa nuque en passant. Blaise aimerait bien qu’il retrouve la familiarité et le confort qu’ils avaient développé sous le soleil de Cuba, qu’elle le prenne dans ses bras et lui embrasse la mâchoire par hasard, ou qu’il ait la liberté de prendre sa main en public pour l’entraîner après lui. Mais les habitudes britanniques sont revenues comme un retour de flamme une fois qu’ils ont retrouvé leur terre natale, et même s’ils restent complices, boudeurs, affectueux et bavards, comme avant, Blaise ne peut pas s’empêcher d’être légèrement déçu.
Juste un peu. Mais il sait après tout qu’il est un imbécile, et qu’il doit déjà s’estimer chanceux qu’elle accepte ses baisers, et qu’elle lui en offre aussi, même si ils mènent toujours à la même chose.

NOVEMBER 2006 - Elle lui avait dit, pourtant, que c’était une idée stupide. Le mot l’avait particulièrement heurté, même si ce n’était pas la première fois qu’elle l’utilisait à son encontre. Sans doute parce qu’il était fier de ce qu’il avait accompli, et fier aussi de pouvoir se rendre à la petite soirée d’Hallowe’en en compagnie de sa femme - l’un de leurs premiers évènements ensemble. Au final, pour ajouter du sel sur la plaie, elle arrive en retard et ils ne peuvent même pas commencer la soirée ensemble. Même si bon, c’est vrai que la soirée ne commence pas vraiment. Tuée dans l’oeuf par des résistants, et des Détraqueurs.
Au coeur de la tragédie, ils se sont retrouvés et ils se sont enfuis ensemble, Blaise les faisant transplaner sans attendre dès que le ban a été levé, la serrant dans ses bras. Il a paniqué en voyant qu’elle ne répondait que mollement à ses questions, l’a secouée et a fini par l’allonger, lui promettant qu’il reviendrait bientôt. St Mungo’s était bondé, alors il est allé dans un bureau privé qui était fermée, alors il est allé directement dans la maison du practicien privé en question pour le tirer du lit et l’amener chez eux, le forçant à ausculter sa femme.
Il a fallu plusieurs jours pour mettre un doigt sur le diagnostic. Elle a failli y passer, leur a-t-on dit. Blaise a failli s’écrouler en entendant ça.
Depuis, Pansy passe le plus clair de son temps dans son lit. Dans leur lit. Elle se love contre lui quand il la rejoint le soir, et elle a ses bras autour de lui quand il se réveille; et pourtant elle parle à peine, même quand il lui raconte sa journée. Ils ont été approchés par la Brigade: rien ne s’est passé ce soir-là. Rien.
Blaise a été submergé par le travail, par Kalen, par la préparation des prochaines Battues. Pas le temps de souffler, ni de s’arrêter, ni de se reposer. Il travaille tous les jours, toutes les nuits, il ne s’arrête pas parce que quand il rentre à la maison, Pansy est silencieuse et livide, ne lui répond pas quand il lui parle et même si il aime s’endormir dans ses bras, il aimerait qu’elle lui dise quelque chose. N’importe quoi.
Il a été choqué d’apprendre que le psychomage, recommandé par son médicomage traitant et recruté par Blaise, lui a dit: “ your wife has asked to see me every fortnight, instead of every week. ” Il a été choqué non pas que Pansy demande à espacer ses visites, mais qu’elle lui ait parlé. Et lui, alors? Peut-être qu’il est trop bête pour la comprendre…

Ca va presque faire trois semaines maintenant. Blaise dort peu, et il rentre tard, soupirant quand enfin il a le loisir de fermer la porte de l'appartement derrière lui. Ils auront bientôt les clefs de leur nouvelle maison, même si ils ont été grandement refroidis par les évènements à Potter’s End…
Il enlève ses chaussures et son manteau, et fait des bruits de bouche en espérant attirer Bastet mais celle-ci ne vient pas. Vexé et déçu, il va se servir un verre d’eau dans la cuisine avant de se résigner à commander Mussoli’s. Il laisse toujours à manger pour Pansy, pour le matin, le midi et le soir; la plupart du temps, seul un tiers de la nourriture est grignotée.
Accoudé au balcon, après avoir envoyé son hibou au restaurant italien, Blaise se laisse aller à un vieux vice: il allume une cigarette et la glisse entre ses lèvres, comme si elles n’étaient pas illégales. Lui qui préfère le cigare se retrouve à fumer comme un forcené quand il est stressé. Il pleut, il fait froid, il fume et quand elles arrivent, ses pâtes sont un peu humides à cause de la température ambiante.
Et malgré tout, il ne s’abandonne pas à la sensation de désespoir qui l’accable: il va plutôt dans son bureau, son ancienne chambre, pour continuer de travailler en mangeant sans appétit son petit plat de pâtes. Mais il a du mal à se concentrer, sans Bastet sur les genoux ou à ses pieds, et il se retrouve bien vite à chercher le chat à travers l’appartement. Elle n’est pas dans le salon, ni dans l’ancienne chambre de Benjamin qu’ils ont converti en bureau pour Pansy. Elle n’est pas dans la salle de bains - elle aime bien se lover dans la baignoire… non. Blaise grommelle, repassant au peigne fin l’appartement. Il a peur un instant qu’elle se soit enfuie avant de se rendre à l’évidence: il n’y a qu’une seule pièce qu’il n’a pas visité… la chambre de Pansy. Leur chambre.

Sauf que Bastet n’irait jamais de son plein gré dans une pièce où se trouve Pansy… non?

Et pourtant. Blaise tombe des nues quand il ouvre la porte de leur chambre et voit sa femme, sa jolie femme qui semble chaque jour se réveiller d’un long cauchemar, avec Bastet qui se prélasse confortablement dans ses bras et le darde d’un regard qui ne veut dire qu’une chose: jealous?
Blaise ne peut s’empêcher de sourire, surtout en voyant Pansy se réveiller un peu en fronçant du nez et secouant la tête. “ Hey, ” fait-il d’une voix douce en s’approchant, hésitant. Il finit par s’asseoir au bord du lit, levant la main pour la poser sur son épaule, remonter le long de son cou jusqu’à sa joue. Bastet s’étire et ses pattes se posent sur sa cuisse, alors qu’elle reste lovée tout contre Pansy. “ Made a new friend I see. I thought I would never live to see the day. ” Il sourit un peu et se penche pour lui embrasser le front avec douceur. “ Aw, you ate today. That’s good, that's very good, darling, ” fait-il d’un ton léger, en voyant qu’elle a presque fini son assiette de risotto qu’il lui avait fait le matin-même. “ I ordered some tiramisu from Mussoli’s, maybe we could share it later. ” Il ne se fait pas d’idées pourtant. Il a depuis quelques jours appris à meubler le silence tout seul. Il lui embrasse de nouveau le front avant de se redresser et de se relever lentement, jaloux un peu de l’attention de Bastet pour Pansy, mais bizarrement heureux à la fois. “ I’m sorry I woke you up, darling. I’ll bring the tiramisu in soon, don’t fret, and rest easy… ” Il lève sa baguette pour la débarrasser des trois plateaux de repas avant de se diriger vers la porte, humant une chanson entraînante dans le fond de sa gorge.

Pansy a toujours été froide. Une reine des glaces comme on la qualifiait gentiment et plutôt correctement d'ailleurs. Elle avait toujours été peu avenante avec presque tout le monde. Ce que par conséquent plutôt logiquement on savait moins, c'était que son propre corps suivait cette tendance au manque de chaleur. Baise l'a même souvent taquinée à ce propos : ses mains toujours glacées étaient la marque de la froideur de pierre de son cœur disait-il. Sauf qu'il n'avait encore rien vu. Pansy a toujours été froide et elle pensait savoir ce que c'était de chercher souvent la chaleur de Blaise. Elle n'a qu'à peine eu le temps de réaliser à quel point elle pouvait avoir tort ce soir-là, quand les créatures ont envahi Potter's End. Fut un temps elle s'était joyeusement moquée de la faiblesse de Harry Potter face aux Dementors. On ne l'y reprendra plus. On ne la reprendra peut-être plus à se moquer de quiconque. On ne la reprendra plus à sourire, à rire… Tout ça l'a quittée, aspiré de son âme par ces figures encapuchonnée, ça a été si rapide et pourtant ils lui ont tout retiré jusqu'à la parole pendant des jours. Le thérapeute que lui a pris Blaise l'a fait dessiner d'abord, puis écrire alors même qu'au début Pansy réalisait à peine qui il était puis refusait de se reconnaître malade, se reconnaître changée d'une quelconque manière. Pourtant c'est indéniable. Des semaines qu'elle ne va plus au travail, qu'elle tremble la nuit, qu'elle a l'impression que Blaise aurait raison cette fois de dire que son cœur est glacée. Elle s'étonne que ses doigts ne soient pas bleues que ses dents ne claquent pas tant elle a froid, elle est gelée et rien ne parvient à la faire se sentir mieux. Pas la dizaine de couvertures qu'on posé sur elle, pas même les bras de Blaise. Ils aident tout de même, ses bras. Sa respiration contre son cou. Ils aident, même si elle n'arrive pas à dire comment, même si elle n'arrive à rien lui dire à lui même lorsque sa langue se délie enfin devant le psychomage. Elle ne sait pas si elle va mieux, même si peu à peu elle a un peu moins froid. Elle ne sait pas si elle va mieux quand les cauchemars la submergent qu'elle ait les yeux fermés ou non.

Les murmures sur son passage et les insultes à peine masquées sur son physique. Les Carrows qui la forcent à torturer des premières années. Son père qui dans un accès de colère et sans savoir qu'elle écoutait aux portes a admis qu'il aurait préféré avoir un garçon. Draco qui prend la marque. Blaise qui lorgne sur la fille Weasley. Draco qui ne la regarde pas. Amycus. Draco mêlé. Millicent harpie. Millicent qui semble la haïr. Blaise qui aime Theo. Theo qui ne l'aime pas assez pour rester. Blaise qui ne l'aimera jamais. Les souvenirs s'embrument se mêlent à des scènes imaginées, des cauchemars jamais réalisés et le pire de tout : Blaise qui succombe aux baisers des Dementors.

À cela, elle se réveille en sursaut comme à chaque fois. Mais Blaise est-là sur le pas de la porte. Et une boule de chaleur contre son flanc, une boule de chaleur qu'elle n'a pas l'énergie de repousser. Bastet l'a rejoint dès qu'elle est revenue de la salle de bain il y a plusieurs heures, elle l'a regardée manger, elle s'est lovée contre elle et Pansy a dormi en oubliant que normalement le chat de Blaise lui donne de l'urticaire. “ Hey, ” Elle ne quitte pas Blaise des yeux craignant qu'il ne disparaisse d'un instant à l'autre. Loin de partir ce dernier s'approche plutôt, s'assoit près d'elle, la touche avec une chaleur qui est réservée aux vivants et son corps en manque se presse contre sa main  où que celle-ci se balade. “ Made a new friend I see. I thought I would never live to see the day. ” Il sourit un peu et Pansy sait pourquoi c'est amusant même si elle n'arrive pas ni à sourire ni à grimacer. Elle en a envie pourtant quand il lui embrasse le front avec douceur. “ Aw, you ate today. That’s good, that's very good, darling, ” Elle hoche lentement la tête. Ses yeux sont moins vides peut-être qu'il l'a remarqué peut-être pas. “ I ordered some tiramisu from Mussoli’s, maybe we could share it later. ” Elle n'a pas très faim. Elle a déjà bien mangé aujourd'hui, plus que d'habitude. Elle essaye. Elle a l'impression que ses efforts sont vains, sont invisibles, mais elle essaye de ne pas se laisser consumer par la glace et le vide. Mais elle a peur de sombrer quand Blaise se lève après un autre baiser sur le front. “ I’m sorry I woke you up, darling. I’ll bring the tiramisu in soon, don’t fret, and rest easy… ” Et en humant, emportant les plats vides avec lui, flottants vers la cuisine, il s'en va. Il l'abandonne. “ You were gone. ” Ce n'est pas la première fois depuis « l'incident » qu'elle ouvre la bouche pour son bénéfice. Elle essaye, mais c'est comme si on lui avait volé soit la voix soit les mots. Son esprit alterne entre le vide sidéral et le chaos de pensées contradictoires, pressantes et pressées qu'elle ne sait pas ordonner. Elle ouvre la bouche et essaye de parler de dire quelque chose qui ne soit pas un mensonge mais elle n'arrive pas. Aussi, Pansy elle-même est surprise par le son de sa voix. Elle est un peu rauque, fatiguée quand bien même elle l'utilise si peu. Elle se rend compte toutefois qu'elle ne doit pas faire beaucoup de sens… “ You didn't wake me. ” Tente-t-elle d'être plus claire. Elle secoue la tête. Elle ne veut pas qu'il s'en aille, il ne l'a pas réveillée c'est son absence qui l'a secouée au point de l'éjecter de son cauchemar. “ Stay. ” Il doit avoir des choses à faire. Des choses importantes. Des choses plus intéressantes qu'elle. Sa compagnie doit être terrible. Pansy est égoïste toutefois. Elle veut qu'il reste, qu'il la touche, qu'il lui parle. Parce que si jusque-là elle ne lui a jamais répondu, elle a apprécié chaque mot qu'il lui a adressé, chaque seconde volée au silence trop lourd qui la suit partout, pendue à ses lèvres plus que jamais, même quand elle était trop loin enfoncée en elle-même pour suivre le fil de ses propos.

On a dit à Blaise de laisser du temps au temps, de permettre à sa femme de se reconstruire de son côté avant de l'accueillir à bras grands ouverts. Blaise n'aime pas être patient, parce qu'il a l'habitude d'avoir le ticket coupe-file le plus rapide de tous les temps: l'argent. Mais malheureusement, il ne peut pas acheter la rémission de sa femme semble-t-il. Peu importe le chèque qu'il signe au psychomage le plus réputé de Londres, si elle n'est pas prête, elle n'est pas prête. C'est frustrant et ça le rend dingue, surtout qu'il ne comprend pas exactement ce qu'elle a. Elle mange, elle peut bouger, elle peut parler apparemment... et pourtant elle n'en fait rien. Mais plus que de la frustration, Blaise ressent de l'impuissance. Quoiqu'il fasse, il ne peut pas réparer sa femme, sa meilleure amie, et cette impuissance le rend fou.
Il s'en va sans y penser, imaginant que ça ne fera pas grande différence pour elle de toutes façons, mais s'arrête net quand la voix de Pansy s'élève, rauque et presque éraillée: “ You were gone. ” Et évidemment, la première chose qu'elle lui dit est un reproche.
Elle ne va pas le remercier pour sa chaleur, et ses bras, et les repas qu'il lui prépare, et les cadeaux qu'il lui fait, et l'attention qu'il lui porte. Elle ne va pas reconnaître son affection, sa patience, sa tendresse. Non. Il est parti, il est en tort, pire, il est coupable.

Blaise se demande comment ça se fait qu'il l'aime autant alors qu'elle le rend si malheureux avec la moindre interaction. Ou peut-être que c'est parce que justement il l'aime autant qu'il se trouve malheureux au terme de la moindre interaction.
Il force un sourire en se tournant vers elle, se désirant encourageant, tout comme le docteur l'a conseillé. “ You didn't wake me. — I'm sorry, sweetheart, ” dit-il d'une voix douce, en s'approchant. La baguette s'agite, la porte s'ouvre puis se referme une fois les plateaux envoyés dans la direction générale de la cuisine. “ Stay. ” Il a tellement de choses à faire et à préparer et pourtant il n'hésite pas une seule seconde en se dirigeant vers le lit, s'allongeant près d'elle en faisant attention à ne pas écraser Bastet qui grogne en changeant de position pour lui laisser de la place. “ Of course, Pansy. ” Il lui ouvre les bras et presque naturellement elle vient s'y lover, la main de Blaise trouvant sa place sur sa hanche, la caressant doucement. “ I'm sorry, I didn't want to bother you. ” Blaise est le pro des excuses avec sa femme. Il se penche et lui embrasse la tempe, puis les cheveux. “ I'm not going anywhere. Do you want to sleep again? ”