RONNY #1 - you never walk alone

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ginevra & ronald weasley

Ronald sent encore l’effet de l’adrénaline. Son sang bat dans ses tempes et ses mains tremblent et sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration beaucoup trop rapide. Il sait qu’il doit se calmer, mais il n’y arrive pas. La frustration lui saisit la gorge et il doit prendre sur lui pour ne pas laisser exploser sa rage. Ils ont réussi à s’extirper du bâtiment indemne. Personne n’est mort, mais ils sont rentrés bredouilles. Encore. Ronald martyrise sa lèvre alors qu’il observe les alentours en tentant de calmer sa respiration. Il y a des blessés, des mines épuisées et de l’inquiétude dans les regards. L’inquiétude vient de ceux qui sont restés au Manoir et qui voient qu’ils ont essuyé un nouvel échec. Molly inspecte ses enfants un à un. Elle effleure la coupure sur la joue de George alors qu’il marmonne quelque chose dans sa barbe. Ça ressemble vaguement à un ça va, c’est bon que Molly refuse d’entendre. Puis elle passe à Ron. Elle lui serre la main en voyant qu’il n’a rien à part de la poussière sur son tee-shirt. Elle ne sait pas qu’il s’est râpé le flanc droit en esquivant un sortilège et c’est tant mieux. Elle aurait été infernale sinon. Elle passe plus de temps avec Ginevra. Molly ne l’a jamais dit, mais savoir sa petite fille - qui n’est plus si petite - dans les combats et la recherche des horcruxes l’inquiète plus que tous les autres. Ronald peut comprendre, mais Ginny s’est montrée efficace plus d’une fois et elle est loin d’être la gamine qu’elle a été un jour. Sa petite sœur est une guerrière celle sur qui il peut toujours compter. Il voit dans ses yeux qu’elle ne va pas flancher face à leur mère. Elle veut la rassurer probablement, mais il reconnaît l’éclair fugace qui passe dans ses yeux. Il le reconnaît pour l’avoir eu il y a quelques temps.
Ils attendent que les adultes du cercle huit s’en aillent avant de souffler. Ron a fini par se calmer et c’est là qu’il sent la douleur à son flanc. Il grimace un peu avant de faire appel au guérisseur qui s’occupe d’eux jusqu’à présent. Il lui applique un onguent et Ronald prend sur lui pour ne pas gémir sous la douleur. Il se mord l’intérieur de la joue et ferme les yeux. “C’est bon. C’est pas profond.” Ronald abaisse son tee-shirt et hoche la tête. Il intercepte alors le regard d’Hermione. Elle a l’air aussi dépité que tous les autres. Il lui lance un sourire qui se veut réconfortant avant de détourner la tête. Il sait qu’il devrait aller voir George et s’assurer à son tour que tout va bien, mais il ne sait toujours pas comment lui parler alors il va vers Ginny.

Il vient s’asseoir sur le lit à ses côtés. Il a l’impression qu’elle a les yeux dans le vague. Il voudrait pouvoir la réconforter, mais ça, il ne sait toujours pas faire. Il n’est pas aussi bon que leur père. Toujours pas. Il pince ses lèvres. Il doit dire quelque chose, même si ça semble stupide. “T’es pas blessée ?” Aucune réaction. Ron se mord l’intérieur de la joue. “Enfin je veux dire… t’as rien de grave ?” L’apathie de sa petite sœur l’inquiète, il doit bien l’avouer. Il voudrait une réaction, pas ce silence qui lui laisse sous-entendre que ça va être terrible quand elle va parler. Il se doute bien qu’elle a besoin d’évacuer. Ils sont tous épuisés par cette guerre et par le peu de victoires qu’ils arrivent à avoir. Le fait qu’Harry soit de retour, mais dans le mauvais camps a mis un coup à tout le monde. Ça se ressent dans le moral des troupes et dans l’agacement général qu’il y a en ce moment dans l’Ordre. Ronald ne sait pas si les plus vieux font semblant de ne pas le voir ou s’ils ne peuvent rien faire pour l’instant pour empêcher l’Ordre d’imploser.
Il reste silencieux, attendant que Ginny parle et le rassure d’une manière ou d’une autre. Il voudrait entendre un on va finir par s’en sortir ou un on les aura. Ils doivent continuer à voir le verre à moitié plein sinon tout ça n’aura servi à rien.

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Inutile.
Ça fait bien longtemps que Ginny ne s’est pas sentie ainsi : pas juste énervée à cause d’un échec ou d’un contretemps dans leurs recherches. Pas juste fatiguée des décisions du Conseil. Pas juste lassée que les choses ne bougent pas assez vite. Pas juste furieuse contre les Death Eaters de les faire échouer, pas juste inquiète d’avoir failli y passer ou pire, failli perdre des proches. Ginny ressent tout ça ce soir. Elle ressent tout ça très fort d’une manière qui fait d’ordinaire bouillir le sang dans ses veines. Mais ce soir, elle ne ressent pas que ça. Ce soir, elle se sent inutile, complètement. Ils ont mis tant de temps à planifier cette mission, ils ont mis tout le reste de côté, presque littéralement — même en dehors du cercle six il semble que rien d’autre n’ait été prévu que la Mission Umbridge. Une mission complètement ratée. Déjà les défections s’additionnaient, déjà les plaintes se multipliaient alors qu’au moins certains, à St James surtout, pouvaient voir que le cercle six et sept s’activaient même si on ne savait pas à quoi exactement. Maintenant ils rentrent les mains vides et les corps meurtris et ils n’ont rien, juste rien du tout, pour nourrir la flamme de la résistance qui faiblit tant depuis le retour de Harry.

Elle sent à peine qu’on l’étudie, sent à peine le regard de Molly s’attarder sur elle plus que les autres. Elle s’inquiète beaucoup sa mère, mais pas autant qu’elle le ferait si elle pouvait lire les pensées de sa fille. Ginevra répond par grognements à ses questions, elle est égratignée un peu partout, y compris à la lèvre, mais ce n'est rien qu’un peu d’essence de dictame et une bonne nuit de sommeil ne sauront réparer. Ce qui va être plus difficile, c’est la blessure intérieure. Ils en avaient tellement besoin de cette victoire. Ça fait des années qu’ils se battent et Ginny voulait bien se concentrer sur les avancées et les victoires plus que le reste. Elle a tout fait pour ça pendant si longtemps, mais c’est difficile désormais. Harry vivant et du côté de Voldemort est littéralement la pire chose qui soit jamais arrivée à l’Ordre en tant qu’organisation rebelle et ce soir Ginny a l’impression que leur échec enterre un peu plus ce qu’il en reste encore.

Un tel pessimisme lui est si peu commun, mais elle ignore comment voir les choses autrement cette fois-ci. Elle a entendu les plaintes et elle comprend l’agacement, l’impatience, elle comprend les départs même si elle les regrette, elle comprend et même, elle est d’accord parfois.
Pas d’accord pour abandonner, mais d’accord pour dire qu’ils pourraient faire plus, faire mieux. D’accord pour dire que des cercles trois n’ont pas à être utilisés pour les missions du cercle six sans même savoir ce qu’ils font et pour quoi. Elle est d’accord aussi pour dire que pendant qu’eux cherchent les horcruxes les autres pourraient faire des choses ne serait-ce que pour montrer que l’Ordre est encore là, ne serait-ce que pour remonter le moral des troupes et relancer un espoir qui se perd un peu plus tous les jours.
Molly l’a fait asseoir sur un lit mais Ginny n’est pas encore passée sous les draps, assise en tailleurs au-dessus, encore toute habillée et chaussée, indifférente au fait qu’elle soit dégueulasse et qu’elle ait du sang un peu partout sur ses vêtements. Le matelas bouge, elle a vaguement conscience qu’on s’assoit près d’elle. “ T’es pas blessée ? ” lui demande son frère Ron sans que Ginny ne lui adresse même un regard. Question stupide d’une part, flemme de parler d’autre part, elle a l’impression que tout est une perte de temps et d’énergie à ce stade.

“ Enfin je veux dire… t’as rien de grave ? ” Elle bat des paupières, en se mordant furieusement la langue, en ayant l’impression que c’est encore la seule chose qui l’empêche de hurler en cet instant précis. Il lui faut quelques instants avant d’enfin consentir à poser les yeux sur lui, haussant vaguement une épaule en guise de réponse. Si, y a plein de choses de grave. Y a quasiment rien qui va. Mais ce n’est pas ce que demande Ron. Il veut juste savoir si elle va bien, physiquement. À ce niveau-là elle a connu bien pire. Du reste, elle touche un fond encore inconnu. Ses traits sursautent, un tic nerveux alors que, lentement, elle cesse de torturer sa langue de ses dents parce que déjà un goût métallique se propage dans sa bouche. Elle n’a pas envie de crier, elle n’a pas envie de s’énerver ou, en tous cas, pas contre Ron. Il n'y est pour rien. Ce n’est pas lui. Ce n’est pas Hermione, ce n’est pas Neville, ni George, ni Luna. C’est pas Dean, c’est pas… c’est le Conseil, c’est Harry, c’est Kingsley. Elle ouvre la bouche, mais rien ne sort qu’un souffle un peu rauque.
Et puis, après quelques instants : “ Fuck. ” Y’a rien d’autre à dire dans le fond. Rien d’autre à faire que jurer. “ Fuck fuck fuck, ” répète-t-elle à mi-voix, plus pour elle-même que pour son frère. “ On en avait besoin, putain. ” Une victoire rien qu’une, rien qu’un petit truc de rien du tout. Même si ç’aurait pas été rien, en fait, de ramener un horcruxe de plus. Même si ça les aurait tellement avancé dans leur quête de destruction de Voldemort. C’est vrai, ceci dit, qu’ils auraient pas pu partager leur victoire avec le reste de l’Ordre. C’est vrai qu’il aurait fallu continuer les cachotteries. C’est vrai que ça aurait pas tout réglé. Mais au moins ils auraient pu dire, sans mentir : on a fait quelque chose. Et ça aurait pas rassuré tout le monde, mais… “ Fuck, ” conclut-elle de nouveau. Putain de Kingsley, putain d'Umbridge. D'ailleurs s'enchaîne ensuite dans une voix enragée une litanie de jurons adressée à l'ancienne Grande Inquisitrice de Hogwarts chez qui ils n'ont pas trouvé le médaillon. Ils n'ont même pas pu la tuer en plus — ça au moins tous les membres de l'Ordre auraient pu le fêter.

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Ginevra bouge enfin et tourne son regard vers lui. Elle hausse les épaules et Ron voit des tics nerveux s’agiter sur son visage. Il serre un peu les dents. Il a envie d’avoir les mots pour la rassurer, mais rien ne vient. Ginny a toujours tout ressenti en plus fort que lui. Elle est flamboyante et aussi vive qu’une lionne - pas pour rien qu’elle a fini chez les ors et rouges. “ Fuck. Fuck fuck fuck. On en avait besoin, putain. ” Il baisse la tête et crispe ses mains sur le matelas. Ouais. Ils en ont besoin. Le moral n’est pas au beau fixe au sein de l’Ordre. Ils ne réussissent pas dans leur mission, ils n’arrivent pas à trouver d’autres horcruxes et les cadavres continuent de s’empiler et les mangemorts continuent leurs méfaits. Même savoir qu’Harry est toujours en vie ne tire aucune joie à personne. Le Survivant n’est clairement plus dans leur camp maintenant.“ Fuck, ” Continue Ginny. Ron ne sait pas quoi dire, ni comment réagir. Il est aussi dépité qu’elle, mais il n’a pas envie de la voir s’enfoncer dans les mêmes pensées qu’il a eues à un moment. “Ne te laisse pas abattre, c’est difficile, mais on va y arriver.” C’est lui qui finit par dire ça. Il ne sait juste pas quand ni comment, mais ils finiront par s’en sortir. Ils arriveront à trouver tous les horcruxes et les détruire pour finir par tuer Voldemort. Ils le doivent. De toute façon c’est comme ça que ça fonctionne non ? A la fin, les méchants perdent toujours. Dans toutes les histoires moldues, c’est le cas, pourquoi est-ce que ça serait différent chez les sorciers ?
Il n’a pas la même verve que leur père ou que Kingsley ou n’importe qui plus haut gradé qu’eux. Il ne sait pas comment avoir un discours convainquant pour remotiver tout le monde. Pendant un court instant, il lance un regard suppliant à Hermione, mais elle a la tête baissée et ne capte pas son regard. Il se mord l’intérieur de la joue. “Je sais ce que ça fait et j’ai pas envie de te dire que ça sera facile. On sait que c’est pas le cas et que ça le sera peut-être jamais. Je sais que c’est dur, Gin’, mais on va y arriver, ok ?” Est-ce qu’il dit ça dans le vent ? Il a l’impression que sa voix sonne faux. Vraiment faux. Et qu’il dit seulement ce qu’elle veut entendre.

Le problème c’est qu’il n’en sait rien et qu’il ne prédit pas l’avenir. Vont-ils vraiment y arriver ? Y a-t-il vraiment de l’espoir dans tout ce qu’ils font ? Ronald a envie de croire que oui, sinon ça veut dire que toutes les personnes qui sont mortes dans cette guerre sont des morts inutiles. George. Lavender. Moody. Dumbledore. Et tant d’autres. Des noms qui se noient sous la centaine d’autres. “Je me souviens que Dumbledore disait qu’il suffisait d’allumer la lumière dans les moments les plus sombres.” Il se prend un regard moqueur de la part d’un membre de l’Ordre qui n’est pas loin du lit de Ginny. Ron le fusille du regard. Qu’il s’abstienne de tout commentaire, ce n’est pas le moment. “Je sais qu’il disait ça pour le bonheur, mais ça peut marcher dans notre situation, non ?” Il hausse les épaules. C’est la seule comparaison qu’il arrive à faire et qui tienne la route. C’est rare qu’il repense à son ancien directeur et ça lui tire toujours le plus gros regret de sa vie, mais il disait toujours des choses qui avaient du sens (plus ou moins).
Son regard se fixe sur un mur où le papier peint commence à se détacher petit à petit. Il a envie de tirer dessus comme on enlèverait un pansement. “Je sais que t’es en colère, Gin’.” Il tourne sa tête dans sa direction avant de poursuivre. “Mais la laisse pas te consumer.” Il voit très bien ce que la colère fait à son frère et à quel point elle le détruit. Il n’arrive plus à dialoguer avec lui. Et il n’a pas envie que ça soit la même chose pour sa petite sœur. Leur père a raison sur un point : ils doivent rester unis.

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Ginny n’a pas l’habitude de se laisser aller, pas depuis qu’elle a pris la tête de l’Armée de Dumbledore avec Neville et Luna et encore moins depuis qu’elle a rejoint l’Ordre. Elle ne se laisse pas aller, ou en tous cas pas en public, que ce soit à des larmes de frustration ou à de trop gros excès de colère. Ce n’est pas qu’elle ne ressente pas les choses, ni qu’elle les ressente moins que les autres — ses proches le savent bien, c’est même souvent le contraire — mais c’est qu’elle ne veut pas accabler son entourage plus qu’il ne l’est déjà. Elle n’a pas envie d’alourdir leurs fardeaux et garde le plus souvent ses états d’âmes pour elle. Et puis, elle s’est toujours farouchement accrochée à son optimisme, à l’idée qu’un jour ils gagneraient et que tous les obstacles peuvent et seront surmontés. Elle est habituée à raisonner ainsi, parce qu’on ne grandit pas avec Fred et George Weasley sans savoir que tout est possible, avec un peu de culot. Sauf que Fred est mort, Harry est vivant mais du côté de Voldemort et même Ginny elle n’arrive plus à tout garder pour elle. Elle n’arrive pas cette fois à ré-endosser, aussitôt après l’échec, son rôle de modèle de motivation. “Ne te laisse pas abattre, c’est difficile, mais on va y arriver.” Elle ne doute pas un seul instant que Ron doit penser comme, peut-être même qu’il pense pire. Elle se demande s’il arrive vraiment à être convaincu de ce qu’il dit, ou plutôt elle se demande s’il arrive vraiment à y croire même un petit peu. Ce n’est pas les échecs qui font le plus mal, c’est l’impression de ne servir à rien. Peut-être qu’ils n'auraient rien pu faire pour Harry, peut-être que ce n’était pas leur faute, mais qu’est-ce qui les empêche d’agir maintenant ? La réponse est facile, réalise-t-elle : Kingsley. “Je sais ce que ça fait et j’ai pas envie de te dire que ça sera facile. On sait que c’est pas le cas et que ça le sera peut-être jamais. Je sais que c’est dur, Gin’, mais on va y arriver, ok ?” Elle ne peut pas s’empêcher de renifler un peu. Dans la voix de Ron, qui sonne au moins à moitié faux, elle a l’impression de s’entendre. Elle s’entend complètement même, c’est elle qui sert la même chose à qui veut l’entendre, surtout aux cercles trois qui ne comprennent pas, ne comprennent rien à ce qu’il se passe dans l’Ordre, ou plutôt à ce qu’il ne s’y passe pas, et à qui elle ne sait plus quoi dire. C’est très étrange pour elle de se retrouver de l’autre côté de ce pep talk. Elle n'en a jamais vraiment eu besoin avant, ou en tous cas pas depuis très longtemps, pas depuis qu’elle a décidé de se battre. Ça lui fait un peu peur d’en être arrivée là, mais ça lui rappelle aussi ce dont elle doit avoir l’air pour Ron en cet instant précis ; ça lui rappelle qu’elle n’aurait pas du se laisser aller ainsi devant lui, qu’elle aurait du mieux tenir, parce qu’elle sait que pour tout ce qu’elle ressent, ça doit être pire encore pour Ron. Tous ceux qu’elle a perdu, il les a perdu aussi. Parfois plus encore elle.

“Je me souviens que Dumbledore disait qu’il suffisait d’allumer la lumière dans les moments les plus sombres.” Elle lui jette un regard en coin à la mention d’une des premières pertes subies ensemble, quoique pas vraiment ensemble parce que Hermione et lui étaient là quand l'ancien directeur de Hogwarts est mort, pas Ginny. Elle se demande si ça pique encore, s’il se sent coupable, comme elle se sent coupable pour Fred. Ça fait tellement partie d’elle cette culpabilité qu’elle ne croit pas qu’elle s’en débarrassera un jour. Elle espère que ce n’est pas pareil pour Ron. “Je sais qu’il disait ça pour le bonheur, mais ça peut marcher dans notre situation, non ?” Il hausse les épaules et, machinalement, sa sœur l’imite. Elle essaye de comprendre son analogie, elle essaye d’y croire. N’est-ce pas tout simplement sa philosophie habituelle : répondre aux échecs, aux obstacles, aux retards avec plus de hargne et de motivation encore qu’avant ? Est-elle particulièrement sage, ou juste stupide ? “Je sais que t’es en colère, Gin’.” Il tourne la tête vers elle et cette fois elle n’esquive pas, tourne son propre visage vers lui et soutient son regard en essayant de s’accrocher à sa détermination qui, dans le fond est tellement ancrée en elle, qu’elle sera toujours là. Un roc, disent d'elle certains sans qu'elle-même ne le remarque vraiment. “Mais la laisse pas te consumer.” Il lui faut une seconde ou deux pour comprendre qu'il parle de la colère, de pas laisser la rage gagner. Pourtant, elle est utile cette colère, du moins, elle peut l'être, elle peut nourrir sa détermination, sa motivation, la pousser à faire plus, à faire mieux. Elle sait qu'elle peut faire mieux Ginny, mais encore faut-il qu'il y ait de quoi faire. C'est bien ça qui manque en ce moment : des occasions de se rendre utile, des vraies missions. Pas que pour elle, à la limite plutôt bien occupée avec les Horcruxes, mais pour les autres aussi.
Elle a l'impression que le cercle sept ne se rend pas compte que la démotivation comme la motivation c'est contagieux. Les défections des "soldats" ça les touche tous et pas juste parce qu'ils font moins bonne figure avec leurs chiffres réduits face aux si nombreux Death Eaters et autres agents du gouvernement, mais aussi parce que ça leur fait tous un coup au moral. Ginny elle essaye de pallier à ça comme elle peut, mais elle ne trouve plus rien à leur dire au final pour les aider à retrouver la foi — est-ce que ça veut dire qu'elle-même l'a perdue ? “ Je sais. ” s'entend-elle marmonner pour toute réponse au beau discours de son frère. Elle sait qu'il fait de son mieux, mais ça prouve bien que c'est difficile en ce moment, pour eux tous, de garder la tête haute et de continuer d'avancer. “ C'est juste que- une victoire, putain, une victoire ça aurait fait tellement de- ” de bien, veut-elle dire, mais elle s'interrompt elle-même, consciente que ce n'est pas tout à fait vrai. Ça aurait fait la différence pour eux, oui, mais pour les autres ? Est-ce que dans le climat actuel les cercles cinq et trois les auraient cru s'ils leurs avaient présenté une victoire sans pouvoir leur en expliquer le contenu ? “ J'en ai…marre des secrets. ” admet-elle à voix très basse, consciente que ce qu'elle dit ne peut pas tomber dans les oreilles de n'importe qui, pas même du gentil guérisseur qui s'affaire non loin d'eux. “ C'est ça qui fout la merde. ” Ajoute-t-elle tout aussi bas mais avec beaucoup d'acerbité. Le regard qu'elle lance à son frère est moins perdu, déçu, frustré, furieux que résolu. “ C'est ça. ” assure-t-elle.

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Ron sent que ses côtes lui font mal. La douleur se réveille petit à petit alors qu’il ne ressentait rien jusqu’à présent. L’adrénaline est en train de retomber. Il grimace un court instant et se dandine un peu sur le lit de sa soeur. “ Je sais. ” Il l’entend marmonner. Il s’arrête de bouger. Une fois de plus, ses lèvres se pincent. C’est horrible comme cette situation fait écho à tout ce qu’il a pu ressentir il y a des années de ça. Aujourd’hui, il a l’impression que la frustration est la même, mais qu’elle est moins virulente. Et qu’il est plus blasé aussi. “C'est juste que- une victoire, putain, une victoire ça aurait fait tellement de- ” Ça aurait fait la différence. Ça aurait fait un horcruxe en moins dans les mains de Voldemort et un horcruxe de plus détruit par l’Ordre. Ça aurait rapproché Voldemort de sa véritable mort. C’est vrai. Tout est frustrant dans la situation qu’ils vivent. Absolument tout.
“ J'en ai…marre des secrets. ” Ron cligne des yeux plusieurs fois, l’air un peu bête sur le visage. Les secrets au sein de l’Ordre semblent poser problème à sa petite soeur. Il tourne son regard vers elle une nouvelle fois et observe son profil sans rien dire. Il voit les muscles de sa mâchoire se crisper de temps à autre sous la pression et la colère. “ C'est ça qui fout la merde. C'est ça. ” Ron fronce un peu les sourcils. Il ne s’est jamais posé la question sur les secrets de l’Ordre. Sur ce que les autres cercles ne savent pas. Pour lui, tout le monde n’a pas le même niveau d’informations pour une question de sécurité et c’est normal. Il n’est pas toujours d’accord avec les autres, mais pour ça, il sait que c’est nécessaire. Autant qu’ils évitent les morts inutiles.

“Gin’...” Commence-t-il. Il s’assure que personne n’écoute leur conversation avant de continuer. “Je comprends ce que tu veux dire, mais… mais on ne peut pas tout dire à tout le monde.” Il ne se voit pas parler des horcruxes à des membres des cercles inférieurs. Il y a des secrets qu’il vaut mieux ne pas ébruiter. Et probablement qu’il y a un peu de paranoïa dans ses pensées aussi. Ron a toujours du mal à faire confiance quand il s’agit de petits nouveaux dans l’Ordre (ou anciens aussi d’ailleurs). La trahison de Penelope est toujours aussi douloureuse. A chaque fois qu’il pense à elle, il voit Percy et son regard fantomatique. Percy et sa main sur son poignet et la douleur dans les yeux. Il ferme les yeux un instant et crispe sa mâchoire avant de se reprendre. “On ne peut pas parler de notre mission à d’autres. Tout comme maman ne peut pas nous parler de ce qui se dit plus haut.” Enfin, il suppose que c’est pour le mieux qu’ils ne sachent pas tout. Il voit bien ce que le poids des responsabilités fait à sa mère. Il l’a remarqué à ses joues creuses et son regard sans cesse inquiet. Il n’est pas sûr que savoir ce qui la tracasse lui ferait du bien à lui ou à qui que ce soit d’autre. Il le voit au fait que son père se soit retiré de ce genre de secrets et qu’il observe juste.

Ron avait eu du mal à se faire à l’idée que sa soeur soit mise au courant pour les horcruxes alors plus de monde… non, il n’est pas à l’aise avec ça.
Pourtant. Pourtant il veut savoir ce que sa soeur a en tête. “Mais tu penses à quoi, toi ? Qu’il faudrait qu’on ouvre la possibilité aux autres cercles de nous aider ?” Le danger c’est qu’une information important arrive aux oreilles des mangemorts et que ça détruise tout. Le danger c’est que s’ils ont tous le même niveau d’information, ça finisse par mal tourner. Il ne pense pas forcément à ce genre de chose, Ronald, habituellement. Il sait être stratège, mais la politique, ce n’est pas pour lui. Il laisse les beaux discours à Kingsley ou Hermione. Lui, c’est l’émotion qui prime. L’instant ou l’action. Il a les bons réflexes, mais pas les jolis mots qui vont avec.

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“Gin’...” Elle peut presque deviner, rien qu'à la manière qu'à Ron de prononcer son surnom, qu'il n'est pas d'accord avec elle. Ça la déçoit un peu, beaucoup. “Je comprends ce que tu veux dire, mais… mais on ne peut pas tout dire à tout le monde.” Et pourquoi pas ? Certains sont-là depuis presque dix ans à se battre pour une cause dont ils ne savent pas tout, à perdre des proches pour des missions qu'ils ne peuvent pas comprendre. Tout le monde n'est peut-être pas complètement de confiance, c'est certain, mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut plus faire confiance à personne non plus. C'est comme ça que l'on aliène des membres fidèles, en leur donnant l'impression que même après des années de loyauté ils ne comptent pas beaucoup et on ne leur fait pas vraiment confiance. Elle fronce un peu plus les sourcils, la détermination prenant enfin le pas sur tout le reste alors qu'elle observe son frère, lui tout crispé. “On ne peut pas parler de notre mission à d’autres. Tout comme maman ne peut pas nous parler de ce qui se dit plus haut.” Elle secoue la tête presque violemment. Sa confiance envers le cercle sept n'est plus ce qu'elle était, elle n'est plus tout à fait illimitée. Ce n'est pas qu'elle ne croit pas que chacun fasse de son mieux, mais elle sait qu'on leur cache des choses, même à eux les cercles six et elle est en désaccord avec plusieurs de leurs décisions. Surtout celles qui sont clairement signées Kingsley.

Certaines personnes préfèrent ne pas tout savoir, surtout quand ce sont des choses contre lesquelles on ne peut rien faire. Mais pas Ginny. Ginny elle préfère avoir toutes les cartes en mains, prendre ses propres décisions. C'est important pour elle d'avoir cette autonomie-là et elle sait que d'autres voient les choses de la même manière. “ Mais tu penses à quoi, toi ? Qu’il faudrait qu’on ouvre la possibilité aux autres cercles de nous aider ? ” Elle le regarde un moment, en se demande s'il essaye juste de lui tirer les vers du nez pour mieux la balancer — à maman ou à d'autres — après. C'est pas le genre de Ron, évidemment. Mais il semble si opposé à son opinion qu'elle a de quoi se demander pourquoi il lui en demande plus de détail. “ Ils nous aident déjà. ” répond-elle finalement, avec un peu d'acidité. C'est bien ça le cœur du problème. Si à la limite on laissait tout ce qui a à voir avec les Horcuxes aux cercles six et sept, elle aurait peut-être un peu moins de cas de conscience. “ Rien qu'aujourd'hui. Ils sont venus avec nous, ils se sont battus avec nous, ont été blessés avec nous et ils ne savent même pas ce qu'on était venus chercher. ” Ce n'est tout simplement pas juste de les utiliser en chair à pâté, sans même qu'ils ne savent pourquoi ils risquent leur vie. “ Je dis pas que tout le monde doit savoir pour les- enfin tu sais. ” Elle a bien vu que Ron n'était pas très à l'aise à l'idée d'avoir cette conversation ici, même s'ils n'ont pas l'air d'être écoutés. “ Mais on pourrait être plus nombreux. Et on pourrait au moins dire à ceux qui viennent nous aider, qui risquent leur vie pour des objets, l'importance qu'ont ces putains d'objets. ” Elle s'emporte un peu, hausse le ton malgré elle et elle se force à respirer plus profondément pour se calmer un peu. “ I mean, il sait déjà qu'on les traque non ? Alors qu'est-ce que ça peut foutre à la limite qu'on le dise à d'autres ? ” Si les Horcruxes sont vraiment ce qu'ils sont, Voldemort doit forcément savoir qu'ils en ont détruit plus d'un. D'ailleurs c'est même très certainement pour cela qu'ils ont tant de mal à trouver les autres : il les cache encore plus. De fait, tous les membres de l'Ordre pourraient être au courant pour les Horcruxes, qu'ils existent, qu'ils en ont détruit, qu'ils en cherchent d'autres, ça ne serait pas très grave même s'ils s'avéraient être des traitres. Ce qu'il ne faudrait pas dévoiler à n'importe qui par contre, elle est plutôt d'accord, ce sont les pistes des Horcruxes restant. “ Franchement, c'est évident qu'on est trop peu nombreux pour les actions de terrain puisqu'on emmène toujours des cercles trois avec nous, ” surtout que Luna n'a plus le droit de venir et que George semble plus intéressé par le laboratoire qu'autre chose, “ mais c'est pas juste d'emmener des gens qui savent pas pourquoi ils sont là. ” Ils ont besoin de monde, mais ils ont besoin de gens qui savent ce pour quoi ils se battent. Ginny n'a vraiment pas l'impression de proposer quelque chose d'aberrant. Ça lui semble être la moindre choses venant du camp qui prétend être les good guys.

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“Ils nous aident déjà.” Ginny insiste sur le déjà sans regarder directement son frère. Ron pince un peu les lèvres. “Rien qu'aujourd'hui. Ils sont venus avec nous, ils se sont battus avec nous, ont été blessés avec nous et ils ne savent même pas ce qu'on était venus chercher.” Le jeune homme laisse son regard traîner vers les autres lits occupés par d’autres membres de l’Ordre avec qui il n’a pas pris le temps de parler. Ginny marque un point. Ils ont obéi à la mission sans demander plus de détails - et parce qu’on leur demande de ne pas trop discuter - et certains souffrent à l’heure actuelle sans savoir pourquoi. “Je dis pas que tout le monde doit savoir pour les- enfin tu sais.” Il hoche la tête. “Mais on pourrait être plus nombreux. Et on pourrait au moins dire à ceux qui viennent nous aider, qui risquent leur vie pour des objets, l'importance qu'ont ces putains d'objets. I mean, il sait déjà qu'on les traque non ? Alors qu'est-ce que ça peut foutre à la limite qu'on le dise à d'autres ?” Ron passe une main dans ses cheveux et descend ses doigts à sa nuque. Ouais, il s’est déjà demandé si Voldemort a fini par comprendre qu’ils sont au courant pour son petit secret bien sale. Ça lui a effleuré l’esprit. Il entend bien le point de vue de sa soeur. Probablement qu’il l’aurait partagé dans d’autres circonstances, mais pas aujourd’hui. “Franchement, c'est évident qu'on est trop peu nombreux pour les actions de terrain puisqu'on emmène toujours des cercles trois avec nous, mais c'est pas juste d'emmener des gens qui savent pas pourquoi ils sont là.” Ron reste un moment sans répondre. Il n’est pas décisionnaire. Il a souvent songé à si tout s’était passé différemment. Si Harry avait été toujours avec eux, est-ce qu’il leur aurait dit pour les horcruxes ? Connaissant son meilleur ami et son syndrôme du héros, il aurait tout gardé pour lui. Est-ce que ce n’est pas la même chose avec eux aujourd’hui alors ? Il pince une nouvelle fois les lèvres avant de tourner son regard vers sa petite soeur.

Ginny a l’air tellement en colère contre tout et tout le monde. Il y a de la rancoeur dans ses yeux, de la fatigue aussi et de l’inquiétude probablement. Il la comprend. Il a été comme ça. “Sans citer ce que c’est, leur dire qu’on a besoin de récupérer ça pour affaiblir l’autre camp ?” Il a bien écouté ce qu’elle lui a dit et il réfléchit en même temps qu’il parle. “Même s’ils savent pourquoi ils vont sur le terrain, ils vont forcément se poser des questions et même s’il doit savoir… imagine si l’un d’eux se fait prendre… la torture qu’ils peuvent subir peut les amener à divulguer beaucoup d’informations.” Une fois de plus, c’est un peu la paranoïa de Ronald qui parle parce que tout le monde peut potentiellement révéler des informations sous la torture. Même le plus entraîné des soldats. “Il faut en discuter avec les autres avant d’en parler à maman dans tous les cas.” Leur mère ou les autres membres du cercle sept. Ron n’est pas certain que sa mère veuille encore mettre en danger d’autres personnes. Elle doit déjà prendre sur elle beaucoup de choses, s’ils lui rajoutent encore un poids, Ron n’est pas certain qu’elle tienne le coup. “Les autres penseront peut-être que tu as totalement raison, Gin. Juste… ne laisse pas tout ça te consumer, little sis’.” Il sait qu’il se répète. Encore une fois, l’inquiétude de voir Ginny faire les mêmes erreurs que lui prime sur tout le reste. Il a l’impression que tous les membres de la famille Weasley sont contraints de passer par ce stade un jour. Sauf les plus calmes d’entre eux, mais ils commencent à se faire rare avec les années.

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“Sans citer ce que c’est, leur dire qu’on a besoin de récupérer ça pour affaiblir l’autre camp ?” Elle voit bien que son frère ne fait que réfléchir à voix haute, mais une moue peu convaincue tord ses lèvres. À ses yeux, ça n'est pas assez. Après tout, quand ils risquent leurs vies pour des objets, les cercles trois choisis doivent bien se douter que ces objets sont importants. Et ils savent, au moins quand la mission est fructueuse, que ce sont pour récupérer un objet qu'ils ont été dépêchés, même si rares sont les cercles trois à les avoir vu de près. “Même s’ils savent pourquoi ils vont sur le terrain, ils vont forcément se poser des questions et même s’il doit savoir… imagine si l’un d’eux se fait prendre… la torture qu’ils peuvent subir peut les amener à divulguer beaucoup d’informations.” La moue s'approfondit sensiblement. Au cœur des réflexions de Ginny se trouve l'idée qu'elle a conscience qu'elle n'est pas bien différente de Dean, Cormac, Tonks. Il n'y a pas tellement de raison qu'elle soit au courant et pas eux. Il n'y a pas de raison de lui faire plus confiance à elle ou à Ron qu'à eux ou ses autres frères. Sous la torture ils seraient tous autant capables de succomber. “Il faut en discuter avec les autres avant d’en parler à maman dans tous les cas.” Molly est de toute façon la dernière personne à qui Ginny songe à en parler. Elle ne sait pas vraiment pourquoi mais c'est une espèce de certitude en elle, elle n'ira porter ses doléances auprès de sa mère que quand elle n'en pourra tout simplement plus. Peut-être qu'elle a simplement trop peur de découvrir que sa mère ne serait pas d'accord avec elle et que, contrairement à ce que Ginny pense, ce n'est pas Kingsley qui bloque le plus. “Les autres penseront peut-être que tu as totalement raison, Gin. Juste… ne laisse pas tout ça te consumer, little sis’.” Les autres, donc pas lui, comprend-elle. Il n'est pas d'accord. Elle fronce les sourcils, un peu déçue de son frère, en colère aussi, toujours. Elle a du mal à comprendre son point de vue. “Toi t'es pas d'accord alors ?” Elle ravale un peu son agressivité en secouant la tête. Ce n'est pas la faute de Ron et même si elle lui en veut de ne pas la suivre, elle doit respecter ses opinions. “Franchement je comprends pas ce qui coince. Tu penses que tu résisterais mieux à la torture que Tonks? Tu penses que papa est moins digne de confiance que moi ? ” Elle ne parle pas de dévoiler un secret défense à de purs étrangers, mais à des gens qui se battent depuis aussi longtemps qu'eux voire même plus et à leur propre famille. Seuls eux deux, leur mère et George sont au courant et pour elle ça n'a pas de sens. “ Je crois pas une seule seconde qu'il ne réalise pas qu'on a détruit des bouts de son âme. ” Et tout son dégoût pour lui, Lord Voldemort et ce qu'il a fait est palpable. “ Et leur dire ce que c'est ça ne veut pas forcément leur révéler toutes nos recherches nos pistes. ” Non seulement Ginny n'a pas dit qu'elle voulait en parler à tout le monde, mais en plus elle ne considère pas non plus que ce soit nécessaire de tout dire. “ Ça veut juste dire que quand ils vont en mission avec nous, risquent leurs vies avec nous, c'est en connaissance de cause. On leur fait confiance pour se sacrifier on peut bien leur faire confiance avec la vérité. ” Par sacrifice elle n'entend pas que risquer sa vie, elle pense aussi à ceux qui ont abandonnés famille et amis et carrière pour se plonger dans une résistance qui pour le moment a tout l'air de patauger. “ Ça veut aussi dire qu'ils peuvent enfin voir qu'on ne fait pas rien, que le conseil se tourne pas les pouces. ”

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Une fois de plus, les sourcils de Ginny se froncent et elle a sa moue de personne en colère. Ron comprend qu’il s’est probablement mal exprimé et qu’elle n’a pas dû comprendre où il voulait en venir. “Toi t'es pas d'accord alors ?” Il retient un soupir. Ils reviennent de mission et ça a été compliqué et ils sont tous fatigués. Un dialogue avec la frustration ambiante n’est probablement pas une bonne idée. Ginny a besoin de repos et Ron aussi. “Franchement je comprends pas ce qui coince. Tu penses que tu résisterais mieux à la torture que Tonks? Tu penses que papa est moins digne de confiance que moi ? ” Les lèvres de Ron se pincent de nouveau. “C’est pas ça le problème…” Il sait pertinemment qu’ils cèderaient tous sous la torture. Les mangemorts ont probablement recours à des méthodes de plus en plus vicieuses pour faire révéler des secrets. C’est juste… c’est juste une question de confiance. Les horcruxes, c’est une mission que Dumbledore leur a confié et Ron a toujours eu du mal à se dire qu’ils pouvaient en parler aux autres. Il a l’impression que plus ils en parlent et plus c’est dangereux. Peut-être qu’il se trompe et que c’est simplement la paranoïa qui parle, mais il n’arrive pas à se défaire de ce sentiment de danger à chaque fois. “Je crois pas une seule seconde qu'il ne réalise pas qu'on a détruit des bouts de son âme. Et leur dire ce que c'est ça ne veut pas forcément leur révéler toutes nos recherches nos pistes. Ça veut juste dire que quand ils vont en mission avec nous, risquent leurs vies avec nous, c'est en connaissance de cause. On leur fait confiance pour se sacrifier on peut bien leur faire confiance avec la vérité. Ça veut aussi dire qu'ils peuvent enfin voir qu'on ne fait pas rien, que le conseil se tourne pas les pouces. ”

Le regard de Ron parcourt une fois de plus l’infirmerie avant de se reporter sur sa petite soeur. “Et si jamais parmi eux, y a un agent double ?” Demande-t-il soudainement. “Si parmi ces gens qu’on met au courant, il y a la mauvaise personne et que cette personne informe les mangemorts sur la prochaine mission ? C’est quelque chose qui le terrifie à chaque fois qu’ils partent en mission - pour les horcruxes ou non d’ailleurs. Pourtant quand il regarde les personnes qui sont là aujourd’hui, il ne voit que des gens qui sont allés se battre sans demander plus d’informations et quelque part, il comprend, aussi, la colère de Ginny. Mais d’un autre côté… “L’idée qu’un peu plus grand nombre soit au courant me fait peur, Gin’.” Avoue-t-il parce qu’il a clairement du mal à placer une confiance durable. Il sait qu’il devrait apprendre, mais au bout de dix ans c’est toujours compliqué pour lui. La peur primaire qui lui glace les os c’est de voir encore quelqu’un de sa famille ou ses amis proches mourir à cause d’une erreur qu’ils auraient pu éviter. Et faire confiance à la mauvaise personne en est une. Dix ans de guerre et il n’est pas loin de perdre l’esprit si jamais on s’en prend encore aux personnes qu’il aime. “Appelle ça comme tu veux.” Il pose une main sur l’épaule de sa petite soeur. “Mais sache que j’entends aussi ton point de vue.” Il a besoin de temps et il a besoin de se reposer. Il sait que sa petite soeur ne va pas lâcher le morceau. Il la connaît suffisamment pour savoir qu’elle est déterminée et que son argumentaire, dès qu’il tiendra la route, finira par arriver aux oreilles des membres du Conseil.

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“Et si jamais parmi eux, y a un agent double ?” Soupir profond de Ginny. Ce n’est pas que l’interjection de Ron n’est pas fondée, sa sœur la comprend, la partage aussi, cette peur de se faire trahir, de se faire avoir. Le camp adverse est tellement sournois, elle ne doute pas qu’ils ont des espions parmi eux, comme bien sûr l’Ordre en a au Ministère et parmi les Death Eaters. Mais il y a un juste milieux entre une méfiance tout à fait saine vu les circonstances et l’extrême vers lequel la résistance tend trop en ce moment qui est de ne faire confiance à personne. Chacun n’a que les informations qui lui sont strictement nécessaires pour accomplir ses missions, rien de plus. Et trop nombreux sont ceux qui par conséquent ne savent presque rien. “Si parmi ces gens qu’on met au courant, il y a la mauvaise personne et que cette personne informe les mangemorts sur la prochaine mission ? Une moue agacée tord les lèvres de Ginny. Elle n’est jamais allée jusqu’à suggérer que ces personnes à qui ils expliqueraient l’existence des Horcuxes devaient nécessairement tout savoir. Tout ce qu’elle aimerait c’est que plusieurs membres impliqués de longue date dans l’Ordre soient mis au courant de ce que Voldemort sait de toute façon déjà : il a des Horcruxes, l’Ordre en a détruit plusieurs et cherche les autres. Pas besoin de donner tous les détails, mais ça permettrait déjà à ceux qui seraient mis au courant de réaliser que non, le conseil ne s'occupe pas à rien faire, et que eux les cercles six ont un objet réel, leur existence n’étant pas que le fruit de népotisme. Le détail des missions, comme pour toute autre mission d’ailleurs, devrait en revanche rester secret jusqu’au dernier moment.

“L’idée qu’un peu plus grand nombre soit au courant me fait peur, Gin’.” La moue s’approfondit pourtant Ginny se détend un peu, intérieurement. Elle comprend quelque part, la peur de Ron. La peur de faire une erreur qui coûterait des vies. Elle en a fait elle aussi, qu’elle regrette amèrement et elle n’en veut plus elle non plus. Pour autant, pour avancer il faut avoir confiance en ses alliés au risque sinon de précisément faire d’eux des ennemis. “Appelle ça comme tu veux.” Il pose une main sur son épaule et elle le regarde avec un peu plus de douceur. “Mais sache que j’entends aussi ton point de vue.” Elle hoche vaguement la tête, comme peu convaincue par son assurance. Elle n’est pas certaine qu’il l’entende, mais ce n’est pas si grave dans le fond. Au moins Ginny a parlé, au moins sa frustration est sortie. Ce n’est pas suffisant, loin de là, puisque celle-ci est trop profonde et trop vieille aussi pour ne pas ressurgir encore. Mais après s’être exprimée Ginny a les idées plus claires aussi. Elle sait ce qu’elle veut, ce qu’elle cherche, elle a un but et la prochaine fois qu’elle parlera ça ne sera pas à Ron, mais directement plus haut. “Okay.” marmonne-t-elle un peu bourrue. Elle pense savoir qu’il partagera son avis, plus tard quand elle reviendra à la charge, mieux armée. Parce qu’elle a raison, tout simplement et que donc, elle va réussir. Elle tapote doucement l'épaule de son frère histoire de bien montrer qu'elle ne lui veut pas. “Well…j'vais voir Neville.” Elle a déjà été examinée de toute façon, en ce qui la concerne elle se sent déjà prêter à monter jusque sa propre chambre. Elle n'a rien, physiquement, qu'une bonne nuit de sommeil ne pourra pas réparer. Elle saute à ses pieds pour se traîner vers un lit à l'autre bout de la pièce sur lequel est assis son meilleur ami. Lui il sait déjà ce qu'elle pense alors elle ne l'ensevelira pas sous ses critiques du Conseil.

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