Lee a raison: Malia n'aime pas s'épancher. « Arrête. Le passé appartient au passé. » Les mots lui semblent familiers, d'une manière étrange, et Lee fronce les sourcils... il plisse les yeux face au rire étranglé de Malia. Il se demande si il imaginer les perles qui brillent dans ses yeux, ou si c'est juste un effet de lumière. Sûrement. « C’est toi qui m’a dit ça une fois. On était encore à Poudlard. » Le visage de Lee s'assombrit malgré lui. Il a des bons souvenirs de Poudlard. Les farces, les idioties, les retenues interminables avec George... et Fred. Fred... Le souvenir de Poudlard est doux-amer. C'est doux parce qu'ils étaient des gamins; c'est amer parce qu'ils étaient des gamins. Lee aimerait y retourner, Lee aimerait ne plus jamais y penser. « Des paroles emplies de sagesse, tu n’y croyais donc pas ? C’est si rare que ça m’a marquée. » Lee lève les yeux au ciel. Elle a toujours eu la langue bien pendue, Malia. C'est peut-être pour ça qu'il l'aimait bien, peut-être un peu trop, à l'époque.
Il le lui rend bien; au moins semble-t-elle accepter la trêve quand il plaisante un peu avec les lasagnes et qu'elle va les chercher d'un air excédé, revenant avec un sourire pointu. « C’est qu’il deviendrait presque exigeant, dis donc. — C'est qu'il a faim, pardi, ” dit-il simplement, haussant les épaules avant de timidement croiser les jambes, toujours assis sur le canapé, pour être dans sa position favorite. Il attrape la cuillère qu'elle lui tend et, sans même ralentir malgré la chaleur qui émane du plat, il se met à dévorer la nourriture à grandes bouchées.

“ Je ne crois pas une seule seconde que c'est toi qui ait fait ça, ” dit-il, la bouche pleine, un rien de sauce béchamel lui coulant sur le menton. “ C'est bien trop délicieux... ” Il compte la railler un peu plus mais s'interrompt quand trois coups secs sont frappés à la porte. Malia blêmit et le sourire de Lee s'efface instantanément de son visage. “ Ne leur dis pas que tu es seule: avec un sortilège, ils pourront vérifier. ” Sa voix est dure, son esprit réfléchit à toute allure alors qu'il bannit la panique qui sent monter dans son ventre. Il n'a pas le temps de paniquer, il doit survivre. “ Où est ta chambre? Dis leur que je suis un ami, ou ton copain, ou on s'en fout, mais dis-leur que je suis là... putain. Où sont mes... ” Il agite sa baguette et ses vêtements tâchés de sang et un peu déchirés, même si il ne peut pas les laver instantanément, se recousent un peur pour reprendre une forme présentable. Malgré la douleur qui l'agite tout entier, Lee se relève et s'approcher de Malia, prend son visage dans ses mains pour la forcer à le regarder. “ Panique pas, c'est bon. Tu vas pouvoir faire ta deuxième chose la plus digne et raisonnable de la soirée. ” Il lui adresse un sourire confiant, même si dans son ventre son estomac se tord.

“ Police Magique, ouvrez la porte s'il vous plaît! ” leur parvient une voix de l'autre côté de la porte d'entrée. Il relâche la jeune femme, la regardant toujours d'un air intense. “ Je suis malade, je dors dans ton lit. Okay? ” Il fouille ses poches et retrouve vite sa flasque de Polyjuice. Il ne lui en reste pas beaucoup mais il l'ouvre d'un mouvement du pouce et en finit le contenu dans son gosier. Ça ne va pas durer longtemps, mais il pense que la fouille non plus... Il espère, du moins. “ Ça va aller, Malia. Je suis désolé de te demander de faire ça mais ne panique pas. Ils n'ont pas le temps de rester ici longtemps, ils vont vite partir et passer à l'endroit suivant après un Homenum Revelio rapidos. ” Ses trais comment déjà à changer, ses cheveux crépus et courts prenant une couleur blonde et venant encadrer son visage d'épaisses boucles indomptables. Son nez devient droit, ses pommettes se creusent, sa peau s'éclaircit jusqu'à devenir blême et sa barbe disparaît pour laisser place à une légère moustache. Lee  pousse un peu Malia vers la porte, avant de lui-même se diriger vers la porte qu'elle lui a indiqué comme étant celle de sa chambre. “ Tes parents auraient été très fiers de toi, ” insiste-t-il, espérant qu'elle trouvera un peu de courage à la mention de George et Danielle.