Tout s’était passé très vite, depuis sa visite au manoir des Beckett. Il fallait croire que mamie était rapide quand il s’agissait d’essayer de caser l’une de ses petites filles. C’était presque si elle avait passé la porte du manoir qu’elle s’était retrouvé devant les grilles du stade. Terrifiant, surtout pour une Ollie qui allait à son rythme en termes de relation - c’est-à-dire plus à la vitesse d’un panda qu’une panthère. Mais la rouquine n’avait pas le choix. Il s’agissait d’une promesse et si elle ne la respectait pas, c’était la colère de Mamie – et celle aussi de sa propre mère, qui s’était réjouie d’un rendez-vous arrangé – qui s’abattrait sur elle. Et s’il y avait une chose qui faisait plus peur qu’un rendez-vous à Ollie, c’était la fureur de Frida.

Mais elle savait que ce rendez-vous n’aboutirait pas. Ça ne marchait jamais avec elle et puis en plus de cela, elle n’était surtout pas intéressée. Elle avait en mémoire la réputation du jeune homme à Poudlard et ce n’était pas des plus glorieux à ses yeux. Elle ne pouvait s’estimer de l’ordre en public – elle tenait à sa réputation et sa vie, mais elle se voyait encore moins passer le restant de sa vie avec quelqu’un qui ne partageait pas ses convictions dans l’intimité. Elle mettait la barre haute en 2007.

Mais pour ne pas se faire accuser de sabotage, l’anxieuse avait fait un effort. Personne n’allait lui reprocher de ne pas essayer. Pantalon de tailleur en taille haute, surmonté d’une chemise et d’un gilet de cricket aux couleurs des pies de Montrose – à défaut de mettre un T-shirt de supporter comme elle en avait l’habitude. Apparemment, ce dernier n’était pas assez chic pour être porté en date, mais elle comptait bien apporter son soutien à ses confrères et consœurs. Emmitouflée dans son classique manteau long en laine chaude, elle avait caché sa chevelure flamboyante d’une casquette de laine assortie, sa jolie frimousse dissimulée dans une écharpe épaisse, elle aussi aux couleurs de son équipe favorite. C’est qu’elle devenait reconnaissable, surtout aux alentours d’un stade de quidditch et elle comptait bien rester discrète sur ses agissements. Il ne manquait plus que ce que la presse people ne se mêle de ses affaires, maintenant.

Chose surprenante, Ollie s’était même essayé à une touche de maquillage, trois fois rien, à part un peu de fond de teint léger et quelques touches de couleurs par-ci, par-là. Mais c’était plus qu’elle ne l’était habituée et surtout une raison de plus de dire à Frida qu’elle faisait vraiment des efforts. Elle l’aurait dans le nez quand elle lui dirait qu’elle ne voulait pas continuer. Tiens.

Fort heureusement, Mamie avait fournie des places VIP - c’était ce qui avait motivé Ollie a accepter, pour tout dire. Ça avait du bon de travailler au ministère, au moins – la rouquine avait retenue une grimace. Elle avait eu la possibilité d’entrer rapidement dans le salon d’attente, certaine qu’ils devaient se rejoindre ici, plutôt que devant l’entrée, vu les températures automnales qui régnaient au-dehors. Et puis, ils pouvaient prendre un verre, ou même un truc a grignoter avant de rejoindre leur place : ils avaient du temps à perdre avant le début du match – elle avait retenu une nouvelle grimace, elle se savait mal à l’aise en banalité, ça allait être effarant.

Qu’elle était gauche, la rouquine anxieuse. Si peu a sa place dans cette pièce, entourée de gens qui semblait dans leurs éléments. Pourtant, elle connaissait le monde du sport, mais merlin qu’elle restait surprise de ce public un peu trop propre sur lui. Elle aimait l’ambiance des gradins, les cris des supporters, les chants, l’engouement général. Elle n’était pas sûre de retrouver cela parmi ces gens, c’était même certain. Mais depuis que la célébrité la guettait, il devenait difficile de se fondre dans la masse.

Et puis elle était inquiète, la batteuse. Parce que ce certain Draco, elle ne le connaissait que de réputation – et quelle réputation – et ne se souvenait que de l’avoir croisé quelques fois sur les terrains de Poudlard, c’était tout. Elle se souvenait plus ou moins de son visage – au moins d’une chevelure blonde et de yeux perçants, mais voilà tout. Du reste… Tout avait déjà été dit : Ollie n’était pas intéressé des opinions différentes des siennes.

Mais les gens changeaient ? N’est ce pas ?

Et là voilà qui se perdait à nouveaux dans ses pensées.

Pourquoi le temps semblait toujours se rallongeait lorsqu’elle était anxieuse ? C’était une question qui l’aurait probablement tourmentait, si elle n’était pas en voie vers une crise de panique. Ses doigts s’activaient sur les rebords de ses manches, tricotant de façon angoissante un pattern répétitif qui finirait, dans quelques mois, par user le tissu même. La boule au ventre, la nausée au bord des lèvres, le poids sur la poitrine, n’étaient pas des symptômes inconnus pour la joueuse de quidditch. Elle n’avait, supposément, aucune réelle raison de se mettre dans tous ses états. Mais tout était possible. Peut-être que l’événement serait désastreux et qu’il dirait du mal d’elle et que cela remonterait aux oreilles de Mamie. C’était une issue possible et son pauvre cerveau était en proie à tous les scénarios catastrophes qui pouvaient arriver à cet instant T.

Elle ne put avoir qu’un sursaut, à l’entente d’un raclement de gorge non loin d’elle. La rouquine s’était retourné, vers la silhouette masculine qui l’accostait, non pas sans un peu de peur : qui avait-elle bien pu déranger ?

Il était peu difficile de ne pas reconnaître le blond en face d’elle – elle aurait menti en disant qu’il n’avait pas changé en plus de dix ans. Elle hoche doucement la tête, sortant sa frimousse de rouquine de son écharpe et ravalant quelque peu sa salive dans le même temps. Il semblait qu’aucun des deux ne semblait à l’aise. Enfin, c’était le cas ? C’était gênant. Et en même temps, qui ne serais pas gêner que sa propre famille se mêle de ce genre d’histoire ?

« Oui, c’est bien moi. » Oh, weirdo. « Désolé, j’essaye de me faire discrète. » Pourquoi ça sonnait mieux dans sa tête ? Pourquoi tout sonnait toujours mieux dans sa tête ?! « Enfin pas que je veuille vous éviter… » Et là voilà, maintenant en roue libre. Fuck, fuck, fuck. « Juste enfin… J’évite les feux des projecteurs ? » Une légère grimace au visage tandis qu’elle essayait de se rattraper désespérément aux branches. Elle s’enfonçait de plus en plus, valait mieux qu’elle se taise, un poil. Mais rien que cet échange prouvait à quel point Ollie détestait les interactions sociales avec des inconnus. Elle était étrange, elle ne tenait pas les clous et son cerveau tournait trop vite pour son propre bien, imaginant trop de scénarios à la probabilité douteuse en même temps. « Pardon. »

Elle reprit après une petite respiration. « Ça vous dérange, si on se tutoie ? » Peut-être que la joueuse de quidditch avait du sang de Beckett, mais Ollie était plutôt une roturière sur bien des points. Elle savait comment se comporter en société – merci Mamie – mais elle n’était pas la plus à l’aise à vouvoyer une personne de quasiment son âge.

Ses doigts trituraient toujours discrètement et distraitement les manches de son manteau et elle s’était osée à demander. « On a un peu de temps avant que le match ne commence… Tu… Vous voulez qu’on prenne quelque chose ? » Sa tête s’était tourné vers le bar non loin de là. Elle préférait encore noyer sa gêne dans un cocktail sans alcool ou des amuse-bouche à grignoter que de devoir encore se ridiculiser comme elle venait de le faire, quelques minutes auparavant. Au moins, la bouche pleine, elle éviterait de sortir des conneries plus grosses que sa personne.