C’est une finale sans précédent. L’Irlande contre l’Angleterre. Personne n’avait vu venir les Hommes en Vert, il faut dire que depuis 1990 où ils avaient atteint les Quart de Final, les Irlandais n’avaient pas brillé (avec une petite exception en 2002 mais c’était il y a déjà vingt ans). Donc arriver en finale est un exploit – qui plus est après avoir gagné la Demi-finale contre les précédents vainqueurs (au tir au but certes mais tout de même, c’est un vrai boost pour l’ego), les spectateurs tout comme les joueurs n’en reviennent pas. Mais ce qui rend ce match tout particulièrement intéressant tient du fait qu’ils doivent affronter les anglais. Une compétition toute particulière existe entre ces deux équipes. Bon nombre de supporters ont fait le déplacement pour supporter les Verts et Blancs tout autant que pour l’autre équipe et le stade est en délire. Les cris se mêlent au chant depuis que le match a débuté.

Quarante-deux minutes que les deux équipes s’affrontent et Nial est en sueur. Ses jambes le tirent et Maguire l’empêche trop souvent de tirer, il essaie d’obtenir des penalties ou des corners mais pour l’instant c’est sans succès. On s’approche de la mi-temps et c’est un désespérant 0-0 qui est toujours affiché sur le tableau. Si seulement, ils arrivaient à faire une percée. Pour l’instant, il est en retrait : les anglais ont la balle et s’approche dangereusement de leur but. Sterling à la balle – sa façon de courir fait toujours rire Nial, mais là tout de suite il n’a pas trop envie de rigoler. C’est alors que tout s’accélère et se renverse en quelques secondes. Bullstrong intercepte un centre, aperçoit l’appel de Finnigan et lui envie la balle que celui récupère sans encombre avant de démarrer en trombe, de faire la passe à Rose. Nial se demande si Eden va tirer, cela lui permettrait d’obtenir le titre de meilleur buteur, mais Stones ET Maguire se mettent en travers de son chemin, il n’a plus d’ouverture. Cette défense laisse cependant une ouverture du côté de Nial qui en profite pour s’avancer de quelques pas, Eden le voit, tire la balle en sa direction sur la droite. Celle-ci arrive à une vitesse affolante, le numéro onze ne peut pas rater cette chance, c’est maintenant ou jamais, il voit d’un œil la balle arriver, de l’autre le but et il tire. Net, il n’est pas hors-jeu, le ballon s’élance, trop rapidement pour que les défenseurs puissent l’intercepter, il ne reste que Pickford qui se jette sur la gauche mais ne fait que frôler la balle qui finit sa course dans les buts.

Nial marque un temps d’arrêt, une mini-seconde d’incrédulité et puis tout se déchaine autour de lui, il court partout en levant les bras en l’air avant de se diriger vers Eden et de lui sauter dans les bras. Sa main vient se glisser contre la nuque d’Eden tandis que celui l’attrape, un de ses bras le retenant au niveau des cuisses. Et pendant l’espace de quelques secondes où leurs regards se croisent, tout disparaît autour de lui. Il n’y a que les yeux d’Eden et son sourire et Nial qui aurait bien envie de l’embrasser là devant tout le monde mais n’en fera rien parce que ce n’est pas le moment et que malgré tout ce qu’ils font ensemble, ils ne s’embrassent pas et que ce milieu reste quand même suffisamment homophobe pour lui passer l’envie de tenter sa chance. That was bloody brillant, lui chuchote Eden, et son souffle est coupé et ses yeux pétillent et il lui rend son sourire. Et ça lui suffit. Pour l’instant.
Le reste des équipiers les rejoignent et se jettent sur eux.

Peut-être qu’ils gagneront la Coupe du Monde ce soir. Peut-être pas. Peut-être qu’Eden l’embrassera ce soir. Peut-être pas. Mais tout cela était déjà si inespéré il y a quelques mois. C’est sa première sélection, et il a marqué, et son cœur tambourine contre son torse – l’excitation et l’adrénaline pulsent le long de son corps alors qu’il se retrouve à moitié étouffé par tous ses coéquipiers.

Nial ne pensait pas vivre ça un jour.