"What do you mean you don’t do the super spicy triple McBacon? L’employé du MacDo ne sait pas comment formuler autrement l’information qu’il s’évertue à répéter depuis tout à l’heure. What d’you mean it sent too many people to the hospital? I ate hundred of those and I never got sick! Puis s’accoudant au comptoir en roulant des épaules, l’air passablement fière: My stomach is made out of steel!" It is not, se reprend-elle en imitant la voix de Priam dans sa tête, alors qu’elle se tient juste à côté d’elle. Artie pose régulièrement (trop régulièrement) son regard sur elle, pour s’assurer qu’elle était toujours là, blottie dans son pull trop large, blottie sous son lourd regard gris l’observant à la dérobée. Et, chaque fois qu’elle constate que Priam est toujours là, ça ne rate pas: son cœur a un battement plus fort, si fort qu’il pourrait s’imprimer en dehors de sa poitrine comme un ressort, cartoon style. Elle en oublie même de faire une scène quand l’employé du MacDo lui demande ce qu’elle voudrait à la place de son super spicy triple McBacon. "I’ll take the BigMac with extra pickles; and two dozens of nuggets!" Elle aligne sur le comptoir les billets moldus froissés sur lesquels des pastilles à la menthe avaient fondu à la chaleur de son cul et, récupérant promptement sa monnaie, elle part chercher une table avec Priam, sous le regard médusé de l’employé pour l’épée dans son dos.

La banquette grince sous son poids; elle défait la sangle de son fourreau et pose délicatement l’épée sur l’autre moitié de la table, dans les miettes de frites et les taches de coca-cola coupé à l’eau. Elle grimace quand elle réalise que l’encre de l’un des sceaux de protection a un peu bavé. "Oh crap I just got these ones checked," bougonne-t-elle en épongeant la tache avec la manche de son sweatshirt qui se retrouve aussitôt balancer sur la banquette, libérant ses bras nus en plein milieu de ce mois de février. Elle en profite pour vérifier que malgré l’incident, son bras droit était toujours en un seul morceau. "Man, last time, Excalibur almost got my triceps… I hope Islabeth isn’t gonna make me try it again…" gémit-elle tandis qu’elle renverse les beaucoup trop nombreux nuggets sur son plateau. Et, en effet, sur son bras droit, des compresses parsemaient encore ses muscles douloureusement reconstitués; le procédé était de plus en plus long, à mesure que l’épée maudite qu’on l’obligeait à dégainer par curiosité scientifique lui grignotait les chairs, semble-t-il, pour se reconstituer elle-même.

Le bout des doigts déjà gras de friture, Artie tire sur le col de son t-shirt: "Oh and look! they finally got me a magic concealer for my great-great-great-great-granfather’s tattoo! Now it just looks like a— Elle baisse le nez sur ses clavicules: Like a bunch of freckles shaped like an eagle!" En effet, le faucon avait été recouvert d’une couche d’onguent, réduisant ses lignes à des grains de beauté qui, si on les reliait les uns aux autres avec un stylo, révélaient grossièrement la silhouette de l’oiseau. C’était toujours mieux ça que la mine déconfite de Priam à chaque fois qu’elle posait les yeux sur son impromptu tatouage. "Looks kinda rad, don’t you think?"

Il y avait quelque chose d'étrangement rassurant au grand M jaunâtre du McDonald's brillant comme les feux de l'enfer à travers la brume matinale. En pénétrant aux côtés d'Artie dans cette antre à la surconsommation, au sel et au gras, tu te surpris toi-même à ressentir, pour la première fois depuis ta malheureuse résurrection - si on pouvait appeler ça comme ça -, un grain de contentement et d'apaisement.
Pas le temps de te pâmer devant les tables collantes de graisse, la gueule tristoune des employé.es mal payé.es, ou les écrans trop vifs montrant des menus qui t'étaient douloureusement étrangers: tu te contentes de suivre Artie, reconnaissante que pour une fois il n'y ait pas d'enfants en train de se courir après dans tous les sens et de crier des âneries. À vrai dire, le restaurant moldu était particulièrement calme et immobile, une sorte de Purgatoire n'appartenant ni à ce monde ni à un autre.

Tu écoutes distraitement Artie commander, tes sourcils froncés dirigés vers un écran que tu essayais de déchiffrer à grand mal, mais tes yeux cimetières tombent sur l'employé lorsqu'il a le malheur d'annoncer qu'ils n'avaient pas le menu préféré de ton chevalier en stock. Tu portes souvent sur le monde un regard morne, voire hostile et menaçant; là, tes yeux deviennent quasiment aggressifs, comme si le fait de ne pas répondre au moindre désir d'Artie était pour toi comme une entorse à la convention de Genève. Pour toi, ça l'est.
Elle trouve finalement de quoi se sustenter et tu la suis jusqu'à la table (non sans jeter un dernier regard lugubre au pauvre employé, qui en parlera en long et en large et en travers sur MySpace une fois rentré chez lui) où tu t'assieds, sans même te plaindre de ta jupe et de tes collants que tu sens immédiatement adhérer à la banquette et à tes cuisses à la fois d'une manière désagréable.

Tu regardes l'épée être manipulée par Artie comme tu le fais toujours: avec un mélange d'inquiétude et d'intense désir, et grimace en voyant ton chevalier en faire un peu n'importe quoi. "Oh crap I just got these ones checked. - Oh, Artie." Tu pinces des lèvres pour réprimer l'envie de prendre toi-même l'épée pour vérifier; avant de te souvenir qu'il y a peu de magie que tu sois capable de faire, et certainement pas celle-ci. Tu gardes résolument tes yeux sur l'arme quand Artie retire son sweat. "Man, last time, Excalibur almost got my triceps… I hope Islabeth isn’t gonna make me try it again… - Hm-hmm..." Pour une fois, tu ne relèves même pas la mention d'Islabeth (que tu avais appris à mépriser parce qu'elle réveillait une admiration et une crainte chez Artie que tu te pensais réservées) parce que dans la périphérie de ta vision, tu perçois plus que tu ne vois vraiment les muscles d'Artie, et sa peau, toute sa peau, constellée de tâches de rousseur, dorée, bronzée, parfaite vraiment, striée de cicatrices - et il suffit de cette simple pensée pour calmer tes ardeurs et finir de te convaincre que tu ne mérites pas de la regarder. Parce qu'après tout, tu as été la cause de certaines de ces cicatrces.

"Oh and look!" Mais évidemment, tu n'as jamais été une très bonne pénitente, et tu es désormais incapable de rien lui refuser, alors tu lèves les yeux, et tu rougis, et tu réprimes un sourire devant l'air enthousiasmé d'Artie. "They finally got me a magic concealer for my great-great-great-great-granfather’s tattoo! Now it just looks like a— - Weird constellation. - Like a bunch of freckles shaped like an eagle!" Same thing, really. Même si tu n'as plus le tatouage sur les yeux, en regardant les tâches de rousseur en question, ta bouche se plisse tout de même désagréablement comme si tu venais de mordre à pleines dents dans un citron. "Looks kinda rad, don’t you think? - Yes it does." Pas à tes yeux, non, mais tu pouvais voir dans ceux d'Artie une recherche d'un modicum d'appréciation ou de reconnaissance. Tu rougis quand tu croises son regard, et détournes rapidement le tien. "I think it looks more like a falcon or an hawk than an eagle. But what do I know." Le citron est de plus en plus amer. Priam regarder le Big Mac d'Artie comme si s'y trouvait la réponse de l'univers. "Maybe you should ask Billy." Difficile de complètement effacer la note de doute et de jalousie de ta voix, alors tu passes bien vite à autre chose: "They forgot the pickles." Du bout d'un doigt orné de noir, tu pointes l'absence de l'ingrédient en question qui déborde du burger; et sans réfléchir te lèves et embarques le burger avec toi jusqu'au comptoir.

Tu fais alors quelque chose que tu n'as jamais fait avant: tu vas ton plein gré adresser la parole à quelqu'un que tu ne connais pas, dans une conversation gênante de surcroît, afin de récupérer pour Artie son dû ("excuse me she asked for extra pickles," grognes-tu avec la force et la hargne d'un sermon) (les sermons étaient sportifs à la Citadelle). Une fois revenue à table, tu as banni toute pensée négative de tes pensées (lol) (une tâche impossible et vaine, on le sait toutes les deux, mais tu as toujours aimée être biberonnée par l'espoir). Tu es contente pour cette histoire de falcon. Tu es contente pour cette histoire de Billy. Tu as construis ta vie autour de moi, et un peu d'Artie; tu construis désormais ta mort autour d'elle, et un peu de moi. Mais quand tu seras partie, sur qui se reposera-t-elle?

Tu es contente qu'elle ait quelqu'un. Tu es contente qu'elle ait un endroit qui la ramène à une maison qui n'est pas les murs froids et humides de Camelot. Tu es contente. "Here you go." Tu remets le burger sur son plateau., et te rassieds devant elle. Tu n'as rien à manger. Normal: pas besoin. Pour une fois, Artie ne sourcille pas, et c'est tant mieux. "You know the super spicy triple McBacon?" marmonnes-tu en se rappelant que t'es contente, et que le temps où Artie devait faire les frais de tes humeurs est révolu. "It actually did make you sick, but I would just put some medicine in your sports drink when we walked home so that you wouldn't feel it." Tu lui jettes un regard noir, mais les coins de tes lèvres pâles tressautent légèrement. "Our stomachs are definitely not made of steel, Artie. We ate nothing but gruel and turnips for the first ten years of our lives..." Ce qui expliquait beaucoup, beaucoup de choses sur tes propres habitudes alimentaires compliquées. "I'm sure you have a very interesting gut flora though." Depuis quand flirtes-tu avec Artie? Je serai jalouse, si je savais que ce n'était pas vain.

"Yes it does." Artie a l’impression que Priam ne dit pas la vérité; elle se doute que son Adepte serait plutôt du genre à approuver un tatouage de tête de mort tenant un poignard empoisonné dans sa bouche sur un nid d’épines de rose, plutôt qu’un vulgaire oiseau. Mais Artie apprécie que Priam approuve tout de même, sentant la pointe de ses oreilles bourdonner. A Camelot, on l’aurait sévèrement puni pour avoir osé ce genre de fantaisie sur son réceptacle de corps (même si, pour le coup, Artie n’avait pas eu à oser quoi que ce soit) (si ça n’avait tenu qu’à elle, elle se serait tatoué une épée enflammée ou une impératrice sexy tenant une épée enflammée, voyez-vous): raison supplémentaire pour repousser (si elles comptaient encore y revenir) leur retour à la Citadelle.

Elles échangent un regard, piquant toutes les deux un fard, l’un n’étant que le reflet de l’autre. Puis Priam détourne le sien, tandis que celui d’Artie retourne guetter son burger, comme s’il était susceptible de prendre vie (l’un des désagréments de l’équivalent sorcier de MacDo, et qui avait valu à la chaîne de fermer aussitôt ses portes). "I think it looks more like a falcon or an hawk than an eagle. But what do I know. Maybe you should ask Billy." La bouche mutine d’Artie se referme sur une frite, avalant son sourire né de la jalousie dans la voix de Priam. "Maybe I will…"
Elles avaient passé leur temps à se rendre jalouse. Artie pensait que l’une comme l’autre faisaient ça par pur esprit de compétition, alors que n’importe qui d’autre aurait pu certifier qu’Artie ramenait tout un tas d’autres filles seulement pour voir dans les yeux de Priam l’impression que son influence sur elle se délitait comme une pelote de laine, et qu’en plus de ça, Artie n’attendait qu’une chose en retour: que Priam tire dessus un bon coup pour la ramener à elle. Et, chaque fois, Artie manquait de se faire avoir, puisque Priam mettait toujours sa patience à rude épreuve, préférant creuser la distance et ne rien dire. "They forgot the pickles."

Artie reste bouche bée tandis que Priam se lève et embarque son burger. Pendant quelques miettes de secondes, elle craint que son Adepte ne soit partie jeter le burger incomplet et ne la contraint à en commander un autre. Mais au lieu de ça, sa silhouette comme un oiseau de mauvais augure se plante devant le comptoir, où Artie l’entend distinctement demander de rajouter des cornichons. Elle observe autour d’elle à la volée, afin d’être certaine qu’elle n’était pas la seule à l’avoir entendue, mais visiblement, une fois la surprise de l’épée passée, personne ne faisait attention à elles. Et pourtant, Artie ne voit que ça, l’aura intimidante de son Adepte on a mission, figée devant le comptoir, jusqu’à ce qu’on lui ramène le sandwich bourré de pickles pendouillant sur le côté.

Quand Priam revient à table, Artie est rouge comme la vieille rondelle de tomate écrasée sous le steak plat. Elle sent un bourdonnement dans son ventre, et celui-là n’était pas dû à la faim (enfin, pas celle-là, wink). "Here you go. - Thanks—" gazouille Artie, qui n’avait pas été aussi intimidée par quelqu’un depuis le jour où Arthur (celui de la génération précédente) s’était pavané dans la cour de Camelot et, du bout de son épée, lui avait coupé une pomme en morceaux (raison pour laquelle Artie coupait tout avec son Excalibur). "You know the super spicy triple McBacon? Artie hoche du chef, la bouche pleine. It actually did make you sick, but I would just put some medicine in your sports drink when we walked home so that you wouldn't feel it." Cette fois-ci, Artie fait preuve d’un peu moins de savoir-vivre: "What???" postillonne-t-elle sur son plateau. "But how did you—" Elle avale sa bouchée. "Our stomachs are definitely not made of steel, Artie. We ate nothing but gruel and turnips for the first ten years of our lives..." On entendrait presque les engrenages tourner dans la caboche d’Artie, dont les yeux vont et viennent entre le burger et le regard acéré de Priam, ignorant si elle devait se sentir trahie, ou si elle devait écouter cette petite chaleur dans son ventre, réchauffée à l’idée invraisemblable que… Priam avait pris soin d’elle???????
(c’est simplement parce qu’elle était la réincarnation d’Arthur, right? Et que Priam voulait éviter de ramener une âme dans un corps en pleine indigestion, right????).

"I'm sure you have a very interesting gut flora though." Un énorme sourire confus se plaque sur le visage d’Artie qui se sent un peu suer de sous les bras. Elle repose le coca qu’elle était sur le point de siffler, afin de réduire les chances de s’étouffer, la prochaine fois que Priam ouvrirait la bouche. Elle a ce geste insupportable des héros d’anime qui se grattent l’arrière du crâne avec embarras (oui). "Thanks!!!! You too!! I mean, no!! Well, I guess so, because I don’t know what your guts look like but— I’m pretty sure you’re taking care of them like you did for me!!!"
Artie trépigne, sirote une gorgée de soda, et ramassant son courage à deux mains à l’instar des cristaux de sel au fond de son sachet de frites, reprend: "I’m glad you’re the one looking after me, I mean, after Arthur… Like, when I hurt myself practicing, or when I make my body swallow way too many burgers!" Elle est fière, mais il ne faut pas être sorcier pour savoir qu’elle aurait aimé avoir la certitude que Priam prenait soin d’elle et pas seulement d’Arthur. Des années de vie commune lui avait fait miroité un tel bonheur, mais elle n’avait jamais eu le courage nécessaire pour lui demander confirmation, se contentant de le fantasmer les yeux grand ouverts.

tw: mention graphique, de mort

Le grand sourire qui s'étale sur les lèvres d'Artie ne fait que renforcer ton envie d'y répondre avec autant d'enthousiasme. Mais si les coins de tes lèvres tressautent douloureusement et s'écartèlent de quelques millimètres, ils sont bientôt arrêtés par plusieurs décennies de répression, de contrainte et d'éducation malsaine; tu as l'impression d'être marionnette ou poupée de cire, figée dans une expression crispée et maladroite, ébahie peut-être par l'engouement évident sur le visage d'Artie tourné vers toi.

"Thanks!!!! You too!!" Tes yeux s'étrécissent, dans une expression féline qui aurait l'air menaçante et aggressive, mais qui en réalité est simplement amusée; d'un regard, tu la défies de continuer à s'enfoncer. (Malgré toi, tu sens ton coeur rater un battement dans ta poitrine). "I mean, no!! Well, I guess so, because I don’t know what your guts look like but— I’m pretty sure you’re taking care of them like you did for me!!!" Tes joues reprennent quelques couleurs vivantes (tu as du mal à rougir; de très pâle, tu deviens simplement pâle) en l'entendant. Que ce soit l'accusation de prendre soin d'elle ou le fait qu'elle parle de tes tripes, difficile de savoir ce qui te gêne le plus. L'idée qu'un jour Artie te voit le ventre ouvert et l'intestin à l'air est dérangeante, trop intime. Je suis la seule personne qui t'ait vue ainsi. Tu n'as pas survécu longtemps après ça.

Tu baisses la tête pour laisser un rideau de cheveux blonds cacher ton visage, ton coeur ayant accéléré dans ta poitrine alors que j'insinue dans ta tête tous les souvenirs de douleur et de mort que tu parviens ordinairement à garder loin de toi. Tu pensais vraiment pouvoir me mettre de côté comme ça? "I’m glad you’re the one looking after me," tu relèves les yeux vers Artie, curieuse et hantée à la fois, sans comprendre, "I mean, after Arthur… Like, when I hurt myself practicing, or when I make my body swallow way too many burgers!" Tu clignes péniblement des yeux, en chassant les images que j'y avais instillé, pour te concentrer sur Artie, et son épée, et son propre regard plein d'espoir. Ta gorge se noue. Ce serait mentir que tu t'occupais d'elle, avant, pour elle. Artie n'était qu'un réceptacle, une coquille vide qui allait être remplie par un Roi-Dieu surpuissant. Évidemment que tu l'appréciais - vous aviez grandi ensemble après tout - mais il n'y aurait eu aucune hésitation, à l'époque, pour lui dire que le bien-être d'Arthur était plus important pour toi que celui d'Artie.

C'est faux, maintenant, bien entendu. Maintenant que tu connais la véritable nature de la réincarnation, le sacrifice qu'Artie était sensée commettre sans le comprendre, tu n'as plus qu'une envie: qu'elle vive sa propre vie, loin d'Arthur, loin de Camelot, loin de tout ça - et donc nécessairement, loin de toi.
Et pourtant tu es là, avec elle. C'est égoïste et injuste, mais tu peines à imaginer un monde où tu n'es pas ces deux choses, et encore plus un monde où tu n'es pas aux côtés d'Artie.

"Eat your fries before they're all cold and mushy," finis-tu par répondre d'une voix caverneuse et humide, lourde de non-dits (on dirait que tu vas pleurer) (Artie ne t'a jamais vue pleurer). Tu rouvres la bouche pour la rassurer et lui dire que bien sûr tu prends soin d'elle, et pas seulement d'Arthur, mais les mots ne sortent pas; s'étouffent dans ta gorge et te laissent à bout de souffle. "I... We..." Tu te mords la lèvre et, décidant que le regard d'Artie t'est insupportable, le détourne vivement en direction du parking morose du McDo, où des ados fument des joints dans leurs voitures et quelques pigeons se battent pour des restes de Big Mac. "We take care of each other, right? I... I know I wasn't always... good at taking care of you... or making you feel like--" Tu t'arrêtes tout de suite dans cette phrase, tes yeux s'exorbitant sur ton visage comme si tu venais de dire une énormité. "But I care for you, and I always will." Ta lèvre te fait mal là où tu la mords si fort à l'intérieur de ta bouche que tu commences à sentir le goût métallique et mort de ton sang qui l'envahit. "Arthur or not." Tu lui jettes un regard en coin, tes yeux morts brillent tant de non-dits que de larmes qui ne couleront pas. Tu lui piques une frite, que tu jette dans ta bouche après l'avoir rapidement trempée dans un petit pot de mayo. Elle a un goût de terre et de cendre, et c'est la meilleure chose que tu aies jamais mangée, juste pour l'expression sur le visage d'Artie qui te regarde. Tu te sens rougir. "Just finish your fries, okay?"