SCUM OF THE EARTH

---

tw: langage cru, bully vibes, discrimination, sexisme / misandrie, mention de mort, proxénétisme, drogue, trafic d’animaux

nom prénom(s)  » Jung (정) — un nom qu’on ne connaît que moyen-moyen si on n’habite pas Peckham (mais si vous savez, dans le Londres moldu là….) (bon, et même là, c’est écrit en toute petit sur une étiquette de boîte aux lettres à moitié arrachée, ok…). L’autre possibilité, c’est de traîner du côté du resto familial à Knockturn Alley — mais là encore ça reste assez confidentiel, rien à voir avec le petit sourire fier que les mioches pouvaient avoir en dégainant leurs (moyennement vrais) papiers dans les rues de Yanji, “duh” (c’est globalement comme ça qu’on exprime ses traumas dans la famille, >oui.)
Min-ji (민지) — son nom coréen et globalement son seul nom, si vous voulez son avis ; fuck le Jiā-Huì (家惠) sur ses papiers chinois, et fuck encore plus le Crystal sur ses (complètement faux) papiers anglais. Non mais parce que franchement, pas besoin d’un bac +45 pour prononcer Min-ji “you fucking cunts--” [ *redacted* ]

surnom(s)  » Y a d’abord les conneries de ces foutus anglais, qui sont même pas foutus de prononcer Min-ji Crystal en entier — alors c’est vite devenu Chris, Krys, Chrys, whatever this is you--” (vous avez compris). Min-ji a hurlé-chouiné pendant des semaines, jusqu’à ce qu’elle comprenne que quand on parle de Chris, les gens ont plutôt tendance à attendre un grand blanc baraqué —  et franchement, ça lui va. (Les Chrissy, par contre..... bref.)
Ensuite y a eu le Business, notamment quand elle s’est associée (“ew”) avec Gaon ; alors Min-ji s’est d’abord fait connaître comme Miss J, parce que Mister G oui t’as capté (matching names, tout ça… "somebody has to think of a bloody business plan here Jiāwēn !!!") (Min-ji aime à utiliser des expressions anglaises parce que Min-ji aime à penser qu'elle a le plus bel accent british de la famille) (tg Gahee). Bref ensuite elle a réalisé que tout le monde bitchait sur le nom de scène de Gaon, et que ça faisait quand même vachement small D issues, et que ce n’est clairement pas un problème qu’elle a — alors depuis pimp!Min-ji se fait essentiellement appeler MJ, ce que (damn!!!!) les anglais savent prononcer.
(Et là normalement c’est le moment de parler des surnoms familiaux highkey honteux, mais Min-ji n’en a aucun (c’est faux, Min-ji en a pleins, parce qu’apparemment “bully Min-ji” est un sport national ici…. bref) ; à part peut-être un Min-Jeez dont Jae-sung est bien trop fier (gros idiot) (et un Mean-Ji soufflé l'air de rien par Gahee une fois) (et quelques autres petits trucs qu’elle laisse passer à Man-soo (ew) (ou à Gaon) (ew intensifies)).

date de naissance » Min-ji est née le 31 octobre 1982 à Yanji, dans la province de Jilin, comme tous·tes ses cousin·e·s, et sachez que 1. "there's no bloody Halloween in China you motherfucking c--", 2. ça lui fait un soleil en Scorpion. Et une lune en Bélier. Et un ascendant Scorpion. Mais tranquille, elle est sympa hein. (Personne ne sait si Min-ji croit vraiment à l’astrologie ou si elle fait ça pour faire chier Gaon, mais tout le monde a déjà eu sa charte lue et décryptée par Min-ji de manière totalement non-sollicitée ; faites-en ce que vous en voulez.)

origines & nationalité  » Comme le reste de sa famille, forcée à l’exil dans les années 1950, Min-ji appartient à la diaspora des Coréen·ne·s de Chine. Elle a plus spécifiquement grandi dans la Préfecture autonome coréenne de Yanbian, au Nord-Est de la Chine, et a toujours parlé coréen et cantonais ; surtout, elle a toujours détenu un passeport chinois, malgré le sale œil qu’elle a toujours posé sur celui-ci. Min-ji n’a jamais aimé la Chine et elle n’aime pas plus l’Angleterre, qu’elle a rejoint avec les Jung survivant·e·s (et Man-soo, toujours Man-soo) en 1998 ; (...)

pureté du sang  » Hybride. Et “déshonneur sur toi, déshonneur sur ta famille, déshonneur sur ta vache” — elle connaît la chanson, ça ira merci, puis elle aussi aurait préféré que Jin-hyuk aille tremper son biscuit ailleurs que dans une des seules Gumiho du quartier, merci encore (en plus il s’est fait dépouiller deux fois par la meuf, bref, cette grosse vicos-- don’t get her started). Min-ji a donc grandi avec les regards en coin qu’on adresse à l’espèce d’esprits-renards la plus mal réputée du terter + les exercices de discipline spirituelle “à la con” imposés par halmeoni (elle ne dirait jamais ça devant Soon-hee) + les commentaires qu’on surprend parfois dans la famille à force de trop écouter aux portes à base d’”erreur”, de “faute de parcours” (pour les plus sympas). Elle pensait un peu avoir tout vu, avant d’arriver en Angleterre (ne la lancez pas non plus sur le sujet de l’animixing…. et le fait que même son…. tocard…. de père…. ait un animal-lié……), mais c’était avant qu’on lui supprime le droit d’aller faire des courses à l’heure qu’elle veut, ou qu’on lui colle une marque sur la joue droite (“Are you fucking shitting me--”). Min-ji se sait largement protégée par sa famille, puis elle sait qu’elle n’est “PaS cOmMe LeS aUtReS hYbRiDeS”, mais quand même..........

métier/études  » En Chine comme en Angleterre, Min-ji a été éduquée à la maison comme toute sa gang family (si ce n'est qu'harabeoji est dead et qu'iels ont dû changer de pays entre temps, bon, details). Elle n’a donc pas eu le loisir d’aller à l’école, elle, et c’est bien dommage si on l’écoute parce qu’elle y aurait excellé, elle (......#postvisé oui on parle de toi Jae-sung tocard). Anyway on a la vie qu’on ne mérite pas et Min-ji a donc commencé à enchaîner les petits boulots dès l’âge de 16 ans, quand la mif est arrivée en Angleterre et ne roulait pas franchement sur l’or ; et elle a fait un peu de tout, avec une mention spéciale pour un taff horrible de shampouineuse dans un petit salon asiatique dont elle s’est fait virer en un temps record (halmeoni lui en a mis une et Min-ji est à peu près sûre qu’on en voit toujours les traces, si on regarde bien).
Min-ji a ensuite commencé à travailler au Black Cat dès l’ouverture de ce charmant projet familial ; elle y a fait un peu de salle, au début (parce que qui de mieux placée qu’une furie d’1m60 pour virer les relous) (ou qu’une ado de 17 ans pour servir des cocktails) (je vous le demande !!), mais travaille désormais en cuisine avec son incapable de daron (faut croire que loser, hybride, même combat, on n’échappe pas à sa génétique même après trois semaines de protestation désagréables pour tout le quartier et six jours de grève de la faim…. #sad). Si on écoute ses cousin·e·s, Min-ji passe le plus clair de son temps à fumer clope sur clope, menacer les autres de son hachoir, et refiler la plonge à Jin-hyuk — mais c’est franchement faire preuve de mauvaise foi, parce que Min-ji est une bosseuse, qu’elle soit ou non plus intéressée par ses….. side activities.
Depuis 2002 Min-ji sert en effet de bras droit de Gaon (il ne dirait jamais ça, elle ne dirait jamais ça), qu’elle aide à la gestion de son réseau d’escorts. Bon techniquement c’est une pimp, parce que l’essentiel de son travail consiste tout de même à traîner dans les bas-fonds de Londres pour y ramasser toutes sortes de jolis coeurs (prolos) en détresse, mais Min-Ji préfère se considérer comme une chasseuse de têtes (et, si Gaon la laissait un peu plus faire, elle serait vraiment à rien de se considérer comme une bonne samaritaine, parce que rien n'arriverait jamais à ses petit·e·s protégé·e·s si on faisait comme-elle-dit-de-faire.... Bref). Le recrutement est ainsi devenu sa spécialité avec les années (faut dire que la charmante marque sur sa gueule aide quand même vachement à se frayer un chemin parmi les désœuvré·e·s), mais Min-ji continue de filer un coup de main au reste de la famille (de très bon coeur, évidemment) pour l’acheminement et la distribution (elle déteste ça) de drogues sorcières, mais aussi et surtout pour (wait for it) le trafic de créatures magiques. Bon alors ok elle a toujours été deg de foutre sa manucure dans des carcasses d'Occamy, mais depuis que ces gros lèches-culs de Jae-sung et Gaon ont dû lâcher du lest pour se consacrer davantage à d’autres activités, bah Min-ji s’est plus ou moins retrouvée propulsée cheffe d’atelier — alors ça dégoûte mais ça reste cheffe, ce qui fait toujours du bien à son impression d’être la N3 des Jung (dégage Gahee, fuck le beauty privilege). (Puis ça lui laisse aussi un peu plus de temps collée-serrée avec Man-soo en plus petit comité, ce qui dégoûte aussi ofc!!!! ….mais vous avez déjà essayé d'extraire des cœurs de re'em à mains nues ??? Bon. Merci les tocards.)

orientation & état civil  » On ne sait pas trop ce que Min-ji fout de sa vie sentimentale (gross ????) et sexuelle, parce qu’elle met un point d’honneur à ne jamais ramener personne à l’appartement Jung (parce que c’est tout petit, qu’elle partageait une chambre avec bloody Gahee jusqu’à (trop) récemment, que les gens y sont parfaitement infréquentables, et que du fait de son “...background… avec les hommes” (c’est comme ça qu’on dit dans la famille, >oui) on a tendance à un peu trop scruter ses faits et gestes). Du coup (et peut-être aussi parce que son caractère de Scroutt à Pétard ou le tatouage la "DÉFIGURANT" n’aident pas toujours les affaires), Gaon aime à disserter sur sa pseudo absence de vie sexuelle, voire lui fournir des mecs (et meufs) de temps en temps pour "le bien de tous" (bon c’est son love language, faut respecter….). Puis elle a déjà essayé de lui dire qu’elle se portait relativement bien de ce côté-là (ou que I don’t need sex the government fucks me everyday!!!!) — a même déjà balancé le nom de quelques-uns de ses plans réguliers en plein milieu du salon, les fois où ils l’ont “vraiment trop saoulée !!!!”, mais rien . à . faire. Personne ne sait jamais ce qui est vrai (est-ce que Min-ji irait vraiment coucher avec le N2 des Wang ou des sang-purs bien proprets bien comme il faut……? “Bullshit”, vous dirait Gaon) (c’est pour ça qu’il ne recrute que les clients) ; mais tout le monde sait que Min-ji déteste les hommes, parce que tout le monde l’a déjà entendu dire que les hommes puaient (souvent dans tous les sens du terme, d'ailleurs), qu'elle ne pourrait jamais finir avec l'un d'entre eux, que les hommes hétéros étaient si mauvais, yaddi yadda…. Sauf que Min-ji traîne avec des escorts toute la journée, sait très bien à quel point il peut être utile de faire miroiter des trucs à un homme, et, plus encore, a découvert une certaine (grande) satisfaction à faire plier lea premier·ère tocard·e venu·e doté·e d’un tant soi peu d’argent ou de pouvoir. Alors elle ne peut pas encadrer la plupart d’entre (ell)eux, c’est vrai (les hait même souvent farouchement, et passe rarement un bon moment) ; mais elle le fait parce qu'elle le peut, qu'elle a besoin de se le prouver (elle ne le dirait jamais), et qu'elle a l'impression de grappiller quelques (minuscules, mais vitales) miettes de pouvoir quand iels soupirent contre son tatouage (puis parce que, littéralement, fuck the rich) ("and the English motherf--").
Min-Ji ne fait donc pas trop dans les relations — même si les filles sont trop jolies (bi icon t’as compris) et les garçons idiots trop mignons (*disgusted noise*), qu’en ce moment elle fréquente plus assidûment un imbécile, et que…… elle sait que cet autre gros loser de Man-soo est un peu une croquette en or dans un paquet de fausses Friskies, et que ça la fout un peu trop en rage quand on louche sur lui en soirée ; mais elle sait aussi et surtout que qu'ils ne pourront jamais finir ensembles pour de vrai, parce qu’il est bien trop precious, et que Gaon ferait croire qu'ils sont vraiment cousins à leur mariage, et que….. non mais ça va pas ou quoi, Man-soo est trop nul de toute façon ?????? ("Wtf ew fuck him yourself Jiāwēn, thx ")

camp  » les Jung — le gang, la famille, littéralement le sang. C’est tout ce qu’elle a, en Angleterre ; la seule raison pour laquelle elle ne vit pas si mal en tant qu’hybride, qu’elle a un toit sur la tête et un taff presque stable. Alors ils l’emmerdent de ouf hein, et elle sera toujours la première à foutre des (gentils) bâtons dans les roues de Gaon ou Jae-sung ou même Gahee quand elle prend trop la confiance ; but in the end they would die for each other.
(Puis sérieux, elle ferait quoi d’autre ? Vous avez vu ces tocards de l’Ordre ?! Certes Min-ji a de plus en plus conscience qu’il s’en serait fallu de peu pour qu’elle se retrouve de l’autre côté de leur business, et elle fait parfois des cauchemars où sa famille ne suffit plus et on la retrouve emprisonnée / exploitée / portée disparue dans une malle / torturée / tuée dans des scénarios toujours plus glauques les uns que les autres…. mais sans déconner.) (Du coup, pourquoi est-ce qu’elle laisse Angel et ses copines assez manifestement de l’Ordre faire des réunions Tupperware dans son arrière-cuisine, bah, bonne question — et surtout none of your business.....?)

baguette  » Bridée, c'est toujours ça qu'elle dit en premier parce que c'est ce qui la fout le plus en rogne : cet énième petit cadeau du Ministère, alors même qu'elle venait faire son recensement mensuel avec toute la bonne grâce du monde (:doubt:). La baguette qu'on lui a fournie est minuscule (18.2 centimètres), rigide af, et serait faite de bois d'érable (elle parie plutôt sur un restant de bureau de la VB recyclé) et d'un ventricule de dragon. Ce n'est pas très grave de toute manière parce que passée une certaine heure et une certaine démarcation dans Londres Min-ji s'empare de sa vraie baguette : une arme récupérée sur un marché noir, évidemment, et cette fois-ci faite de pin rouge de Chine et de trois gouttes de venin prélevées sur une Acromentule vivante, longue de vingt-huit centimètres (donc légèrement trop grande, on va pas se mytho) et légèrement souple. C'est une baguette qui vaut bien une trentaine d'Occamys déjà dépecés, que personne ne sait trop où elle l'a récupérée (s'ils l'écoutaient un peu, aussi.....) ; bref, c'est un bijou, qu'elle aimerait fort pouvoir flex ailleurs que dans sa cuisine.

patronus  » Un jour Gaon s'est ramené en sachant faire ce truc d'anglais, alors évidemment Min-ji a dû essayer ; après trois jours et huit breakdowns, elle est ainsi parvenue à invoquer (deux fois) une murène, ce qui était très cool à côté des singes trop cheums de Gaon et Man-soo. Le seul problème remonte à un petit mois, quand Min-ji a voulu faire apparaître son Patronus pendant un deal parce qu'il se passait un truc un peu bizarre — sauf que c'est un rouge-gorge qui est apparu sous ses yeux écarquillés (horrifiés !!!), wtf ?! Thanks God personne ne parle suffisamment anglais dans la famille pour savoir qu'un rouge-gorge est ici un robin ; puis de toute manière le seul qui était dans le coin à ce moment-là, c'est ce couillon de Man-soo, et-- *death stare*

épouvantard  » En ce moment, son tatouage d'hybride grossissant jusqu'à devenir indissimulable, et couvrir près de la moitié de son visage ; mais ça change. Parfois des gens morts. Elle ne dit jamais qui. (La honte, quoi)

particularité(s)  » Hybride et métamorphomage de naissance, occlumens (élémentaire, confirmée) maîtrisant plus ou moins la magie sans baguette par choix (apprentissage contraint et forcé par Soon-hee.)
Min-ji a aussi toujours un immense dogue allemand tacheté dans les pattes (Gae, ce qui veut.... littéralement dire chien en coréen, bref) ; elle fait croire aux anglais que c'est son animal-lié, mais c'est une petite boutade !!!

tw: langage cru / explicite, violence, mention de mort, trafic (drogue), proxénétisme, biphobie, TCA / dysmorphophobie (implied), age-gap relationships (implied), abus d'alcool, deuil, discrimination, self-harm (scratching), bully vibes & mafia stuff

03 novembre 1982 » Min-ji naît à Yanji, de l'union (très) temporaire d'une Gumiho et de Jung Jin-hyuk, fils cadet d'une famille influente du crime organisé en Asie de l'Est (Jin-hyuk, lui, est très moyennement influent). Elle arrive dans la famille quatre jours après sa naissance (Jin-hyuk a eu le temps de se faire dépouiller deux fois), sous les "fucking idiot!" de ses oncles et le regard dur de sa grand-mère.

1983-1986 » Min-ji, plus jeune que ses cousins Gaon (par 3 ans) et Garam (par 5 mois), est suivie par Jae-sung (1983 : Min-ji dit "ew" en le voyant) et Gahee (1986 : Min-ji la trouve plus jolie, mais refuse de la porter — peut-être parce que Jin-hyuk a failli la drop elle, une fois. Ou trois), la petite sœur de Gaon. Les gamin·e·s sont élevé·e·s tous·tes ensembles, avec d'autres rejetons de familles au service de la leur, et éduqué·e·s à la maison, dans le respect des valeurs familiales (toutes les valeurs familiales).

FIOLE À SOUVENIRS N°1 — 1987. Min-ji a cinq ans, et regarde Jin-hyuk dans les yeux d’un air mauvais. Il n’y a plus que lui pour lui expliquer que les enfants d’esprit-renards ne peuvent pas s’animixer, et qu’elle n’aura jamais de Peng à elle. Halmeoni a pris deux minutes de son temps, Eun-ju presque autant ; toutes deux ont tourné les talons en voyant les larmes furieuses se former dans les yeux de la petite. Il n’y a plus que Jin-hyuk agenouillé devant elle, les mains maladroitement refermées sur ses poignets. La petite renifle, une première larme coule le long de sa joue rosie par la colère. “This is because of fucking you. - Don’t-- - YOU’RE A FUCKING LOSER, I HATE YOU!! I--” Le reste des cris de Min-ji se confond dans les coups qu’elle porte de manière désordonnée à Jin-hyuk. Les plaintes virent au suraigu, et ses pieds et ses poings continuent de battre l’air tandis qu’une autre silhouette adulte l’attrape et l’entraîne hors de la pièce.

1990 » Le patriarche de la famille (et accessoirement son grand-père), Kwang-hyun, décède brutalement, supposément d'une crise cardiaque. Min-ji, moins proche de lui que ses cousins, ne questionne pas l'histoire.

FIOLE À SOUVENIRS N°2 — 1990. Min-ji a sept ans, et Jin-hyuk vient la réveiller à l’aube. “What the fuck?!”, grogne l’enfant ; “Don’t you say that,” grimace son père, un drôle de sourire sur le visage. Il insiste pour qu’elle se lève et elle enfile gauchement un pantalon en frottant ses yeux encore lourds de sommeil — le reste de la maison Jung est toujours endormie. Jin-hyuk ne dit rien de plus, malgré les coups d'œil mi-énervés mi-curieux. Il l’aide vaguement à ordonner ses cheveux, ce que Min-ji trouve peu agréable et même plutôt gênant. Ils sortent de la maison et transplanent dans un pop! ; Min-ji a l’estomac retourné, mais elle est positivement surprise d’apprendre que Jin-hyuk sait transplaner. Ils avancent le long des allées d’un wet market en pleine effervescence. Min-ji peut entendre le miaulement des chats et l’aboiement des chiens ; elle alterne les coups d'œil curieux entre les cages, et jusqu’au visage de Jin-hyuk. Ils continuent d’avancer, s’enfonçant toujours plus loin dans le marché. Ses pieds se mettent à traîner devant la cage d’un chiot aux pattes ridiculement trop longues et aux oreilles tachetées — Jin-hyuk met un peu de temps avant de le réaliser, finit par faire demi-tour dans un sourire. “It’s not exactly like Peng, but if you take good care of it…” Min-ji lui sourit, et deux de ses mèches virent au blanc.

Min-ji rentre avec Okja dans les bras, et l’impression indécrottable que quelque chose de terrible s’est passé.

FIOLE À SOUVENIRS N°3 — 1994. Min-ji a douze ans, Okja (endormi) à ses pieds, et Peng sur l’épaule. Elle attend depuis un moment déjà, d’autant plus qu’elle a passé une heure à pister Gaon avant ça (Garam et Jae-sung ont lâché l’affaire au bout de vingt minutes ; Min-ji ne lâche jamais l’affaire.) Elle jette un œil à la lumière qui filtre soudainement d’une des pièces de la maison de Ji-a ; a un sourire satisfait en entendant le crissement des graviers sous des semelles trop lustrées. Le portail s’ouvre très légèrement — simplement de quoi laisser passer Gaon. Peng s’agite sur son épaule. “So??? What did you do???” Gaon sursaute, met quelques instants à la distinguer dans la pénombre matinale. Sa grimace le contente : elle ne lui a même pas encore dit que Ji-a était bien trop jolie pour lui. Elle gagne le droit de rentrer à la maison avec lui.

FIOLE À SOUVENIRS N°4 — 1995. Min-ji a treize ans et elle est fièrement campée entre Garam et Gaon, Okja à ses pieds. Ils attendent depuis un moment déjà et elle laisse légèrement aller sa tête sur l’épaule de Garam. Ils attendent encore. Garam lui donne un coup de coude dans les côtes, finalement ; Min-ji se redresse aussitôt, plisse les yeux pour mieux discerner le bout de la rue. Un gamin y apparaît comme prévu. Il lui met au moins deux têtes : c’est moins prévu. Garam jette un regard hésitant vers Gaon, Gaon a un soupir amusé ; Min-ji serre le poing, se lève d’un bond, place autoritairement la laisse d’Okja dans les mains de Garam. Elle va se cacher derrière un coin de mur ; ses cousins font de même, mais de l’autre côté de la ruelle. Le quatrième gamin passe devant eux ; Min-ji a un grognement et se jette sur lui. Elle lui fait les poches, lui prend ses bijoux, le défait même de sa ceinture un peu trop brillante. Dans un excès de satisfaction, elle relève la tête vers ses deux cousins — prend aussitôt l’uppercut du siècle, et voit un peu trente-six chandelles avant de réussir à répliquer. Garam lâche Okja.

Min-ji rentre avec un oeil au beurre noir, mais le lendemain Gaon lui offre un poing américain. Min-ji décide que ça vaut bien toutes les côtes bleutées du monde.

1996 » Après un an passé à Zōuxiàwéi, Jae-sung est de retour. Min-ji est furieuse : elle ne sait pas ce qu'on lui trouve, pourquoi on a décidé de l'envoyer lui à l'école (elle aurait pu prédire son échec, mais soit....), pourquoi, après un an à creuser son trou auprès de Garam et de Gaon, son microbe de cousin lui est toujours préféré. Min-ji serre les poings, mais montre aussi les dents à l'occasion ; parce qu'elle ne peut pas être la même putain d'outcast que son père.

FIOLE À SOUVENIRS N°5 — 1996. Min-ji a treize ans et elle sort franchement piteusement du bureau d’halmeoni. C’est la deuxième fois ce mois-ci qu’elle a droit à pareille attention et elle sait que si elle ne fait pas plus attention, halmeoni risque de l’assassiner dans son sommeil. De sang-froid. Min-ji marche la tête basse ; quand elle a écoulé toute la came de Jae-sung en un temps record, elle a dû lui rendre l’argent (ce qui, sans récupérer la marchandise, était quand même une galère sans nom — halmeoni n’avait rien voulu entendre) ; maintenant qu’elle lance un business florissant de faux papiers pour les gamins du quartier, on la somme d’arrêter “immédiatement” car “ce n’est pas leur juridiction”. Min-ji pense qu’halmeoni est raciste. “Halmeoni got your tongue, little brat?” Elle essaye d’ignorer l’air goguenard de Gaon et de passer devant lui pour rejoindre sa chambre et y chouiner toutes les larmes qu’il lui reste. Il lui barre la route. “C’mon, what’d she say?” Min-ji grince des dents et tente de le contourner. Il la pousse de l’épaule. “This is your fucking fault, Jae-sung’s a fucking drop-out anyway, what the fuck!!” Des larmes de frustration apparaissent dans ses yeux ; son poing se serre. “He’s fucking ten, it’s fucking disgusting!!! - He’s twelve.” Min-ji est tellement furieuse que ses larmes sèchent d’un coup. Son visage se durcit ; son épaule aussi, alors qu’elle rentre dans son cousin avec toute l’amertume du monde. Gaon la laisse passer en ricanant.

Min-ji passe le reste de l’année à faire des faux papiers pour son père seulement, et à harceler moralement ses cousins jusqu’à ce qu’ils la laissent (parfois) venir avec eux. Fucking Jae-sung.

FIOLE À SOUVENIRS N°6 — 1996. Min-ji a quatorze ans et elle passe devant la fille qui l’appelle sans un regard. Ho-yeon l’appelle encore, piétine derrière elle ; Min-ji lève les yeux au ciel et tente d’accélérer l’allure. Les doigts d’Ho-yeon se referment sur son poignet. Min-ji est obligée de se retourner. Min-ji déteste la façon dont les doigts d’Ho-yeon chauffent sa peau. Min-ji déteste Ho-yeon, et son visage tuméfié qu’elle n’arrive pas à regarder. “Was it you?!” Ho-yeon a un doigt (de travers) planté vers ses traits bleuis. “What?!”, crache Min-ji. Elle récupère son poignet d’un geste brusque et se met à le frotter, comme pour le nettoyer. “Why would you do this?!” Min-ji a envie de partir mais ses pieds sont comme glués au trottoir. Elle n’arrive plus à détacher ses yeux des lèvres d’Ho-yeon, qui étaient si douces et qui sont maintenant si boursouflées que Min-ji se demande brièvement si elle pourra jamais embrasser qui que ce soit d’autre. “You’re a fucking psycho like the rest of them-- - Who the fuck are you?! You’re fucking nuts, I’ve never seen you before, fucking crazy bitch.” Ses pieds et ses mains se remettent en marche. Min-ji bouscule Ho-yeon de ses deux paumes, n’a pas un regard de plus pour elle quand elle tourne les talons et l’entend s’écraser au sol dans un gémissement. La moitié d’un de ses sourcils vire au jaune pâle.

Min-ji est déjà une erreur de la nature ; elle n’a pas besoin d’aggraver son cas.

FIOLE À SOUVENIRS N°7 — 1997. Min-ji a toujours quatorze ans et elle écrase la pédale de freins de toutes ses forces, quand une voiture de police moldue apparaît en face de la sienne. Garam est assis à côté d’elle et s’accroche à la poignée de toit ; il a le teint un peu trop blanc. Jae-sung, Gaon, et Man-soo (un nobod récupéré chez les voisins) sont pressés à l’arrière, hilares. Min-ji tourne à gauche, renverse une poubelle, plisse les yeux pour mieux se concentrer sur la route. Elle tourne encore, dérape un grand coup. “Fuck!” Un nouveau gyrophare apparaît dans son rétroviseur. Elle accélère, emprunte une nouvelle ruelle. La course-poursuite dure encore cinq minutes, jusqu’au dérapage final, devant un barrage de police. “These motherfuckers--”, Min-ji grogne. Elle attrape l’appuie-tête de Garam pour mieux effectuer une marche arrière, mais celui-ci referme une main sur la sienne dans un léger sourire. Les cinq adolescents disparaissent dans un plop! sonore. Ils réapparaissent à quelques centaines de mètres de leur quartier à peine, vers lequel tous s’élancent en courant. “C’mon punks!!”, Gaon hurle en s’étouffant à moitié dans son rire. Man-soo est le premier à franchir la barrière magique salvatrice, parce qu’il leur met à tous deux têtes. Min-ji saute sur le dos de Garam, se laisse aller à un rire aussi. Ses cheveux sont bleu électrique aux pointes.

(Qu’est-ce qu’il peut bien leur arriver ?! Ils sont la fucking mafia. Le lendemain, ils tenteront de s’infiltrer dans un club huppé du quartier voisin — et qui va leur dire non, même, avec la liasse de billets qu’ils vont dégainer ?!)

FIOLE À SOUVENIRS N°8 — 1997. Min-ji a toujours quatorze ans, mais on a beau le lui dire pour la sixième fois, elle ne comprend toujours pas. Elle cligne des yeux, demande à Gaon de répéter encore et encore. Ce qu’il lui dit n’a aucun sens ; Garam va forcément arriver. Elle se tourne vers Jae-sung. “The fuck happened?” Il ne lui répond pas. La couleur d’un de ses sourcils glitche répétitivement. “The fuck is going on?!” Personne ne la reprend sur son vocabulaire. Halmeoni a les yeux froids et durs, elle ne fait même pas attention à son problème. “The fuck did you do?!” Le poing américain, qu’elle tient serré depuis qu’elle a appris que les garçons avaient des problèmes, part droit vers la mâchoire de Jae-sung. Personne ne la reprend ; seul Okja couine un peu. “You fucking killed him you! fucking!! bastard!!!” Min-ji a la voix qui vrille alors qu’elle se met à pousser Gaon de toutes ses forces. Personne ne la reprend. Il n’y a pas de larmes dans ses yeux.

Garam est mort, et Min-ji ne s’en remettra jamais.

FIOLE À SOUVENIRS N°9 — 1997. Min-ji a quinze ans, et elle entend distinctement Gaon gueuler et balancer des trucs sur la fenêtre. Elle regarde le type au-dessus d’elle. Duri est un pote de Gaon (elle croit) ; elle n’est pas bien sûre de son âge, mais elle est certaine de sa réputation, et elle laisse courir ses doigts avec ce qu’elle se convainc être de la satisfaction le long de ses tatouages magiques. Duri replonge dans son cou, mais Gaon ne veut pas fermer sa putain de gueule ; Min-ji tente de l’oublier, ferme les yeux, soupire un peu. Dix secondes. Vingt. Trente. Elle repousse Duri, enfoui dans ses cheveux verts. Min-ji se lève avec un air furibard, ouvre la fenêtre à la volée, évite de justesse un projectile qu’elle n’identifie pas. Elle ne comprend pas (n’écoute pas) plus ce que Gaon braille, se contente de brailler en retour. “FUCK YOU YOU FUCKING LOSER!” Duri se lève à son tour, vient glisser une main autour de sa taille (de ses côtes apparentes. Qu’elle déteste.) “FUCKING GO HOME!” Min-ji se retourne pour embrasser Duri. Elle ne rentre pas à la maison avec Gaon.

FIOLE À SOUVENIRS N°10 — 1998. Min-ji a toujours quinze ans, mais le corps d’une petite meuf (quoique pas très bien nourrie) de dix-huit ; elle est un peu bourrée. Elle s’accroche à la table de blackjack, que Jin-hyuk regarde d’un œil perplexe. Min-ji s’ennuie. Elle trébuche en allant attraper le verre de son père, le descend maladroitement dans un ricanement qui s’étouffe un peu sur lui-même. Jin-hyuk lui jette maintenant un œil à elle ; elle hausse un sourcil. “C’mon don’t be such a fucking pussy, put some more”, et elle tape maladroitement dans ses jetons. Des regards s’attardent sur eux ; Min-ji ricane de plus belle. Jin-hyuk la suit, évidemment — cinq minutes plus tard, Jin-hyuk est dépouillé. Ils vont prendre l’air, Jin-hyuk l’air contrit et Min-ji la démarche toujours aussi incertaine. Jin-hyuk lui tend une cigarette, qu’elle allume du bout des doigts (c’est le fils des voisins, Man-soo, qui lui a montré ça). Elle allume celle de son père de la même manière. Ils ne disent rien. Min-ji considère un bleu sur son poignet. “You know, I think you should forgive Gaon. - What the fuck….” Min-ji ravale son ricanement et replie sa manche. “Family is all we can have, you and I. And you’re the second oldest now. And your cous-- - You are such a fuck-up,” Min-ji grogne en écrasant la moitié de sa cigarette sous sa chaussure. Elle ne l’écoute pas plus. Elle le bouscule, et va se faire payer un verre par un vieux type au bar. Ses cheveux sont un peu plus rouges ; c’est peut-être la lumière.

Min-ji pardonne à Gaon.

FIOLE À SOUVENIRS N°11 — 1998. Min-ji a toujours quinze ans, et elle est accroupie derrière une voiture avec Jae-sung et Man-soo. Ils sont devant la maison de Mi-reu, qui est un pote de Duri (elle croit), et qu’elle fréquentait jusqu’à la semaine passée. Elle a déjà rayé sa moto, la semaine dernière ; mais Min-ji veut plus. Parce que Mi-reu l’a traitée de tous les noms en apprenant pour sa petite particularité, qu’il n’a subitement plus voulu la voir parce que son père a baisé une renarde ?! Fuck him. La porte de la maison s’ouvre et se referme sur Mi-reu, pile à l’heure anticipée par six jours de filature ; la maison se retrouve plongée dans le noir. Min-ji jette un œil à ses deux acolytes du jour. “Oh, fuck that, don’t be fucking sissies.” Les deux autres ont toujours l’air d’hésiter — peut-être parce qu’ils ont la moto déchiquetée sous les yeux, ou parce que tout le monde sait qui est Mi-reu dans le quartier. “We’re fucking Jungs, what the hell…” Min-ji se lève avec un air passablement furieux, et des traits qu’elle sait changeants. “I’m going in anyway. Man-soo?” Man-soo est plus grand qu’eux deux mais semble se recroqueviller sous le regard qu’elle lui jette. Il se lève à son tour ; Jae-sung suit le mouvement en grognant. (Fucking Jae-sung.) Min-ji lève sa baguette, fait exploser une première vitre, puis une autre, puis une autre. La porte est enfoncée et les trois adolescents rentrent à l’intérieur.

FIOLE À SOUVENIRS N°12 — 1998. Min-ji a toujours quinze ans, et Jin-hyuk vient la réveiller alors qu’elle a tout juste fermé les yeux. “What the fuck?!”, grogne l’adolescente ; son père grimace mais ne la reprend pas. “You need to pack your things. We have to go! - What the--” Min-ji ouvre péniblement les yeux pour tomber sur le visage livide de Jin-hyuk. Même dans ses pires périodes, elle ne se rappelle pas l’avoir vu comme ça. “We have to go--”, il répète de manière plus pressante, en lui attrapant le bras. Min-ji entend des voix au rez-de-chaussée, puis des pas dans l’escalier. Jin-hyuk blêmit encore un peu, sa main se crispe sur le bras de sa fille, jusqu’à y laisser une marque. Les pas se rapprochent ; Jin-hyuk glapit, continue à répéter en boucle les mêmes mots, les yeux écarquillés. Il quitte finalement sa chambre à reculons, ouvre la porte à la volée, disparaît après un dernier regard effaré. “What the fuck”, Min-ji souffle, et elle se rendort.
FIOLE À SOUVENIRS N°13 — 1998, deux heures plus tard. Min-ji se réveille encore. Elle grogne, la lumière cette fois-ci allumée en grand dans sa chambre. “Wake up.” La voix d’halmeoni est sèche comme un champ prêt à prendre feu ; même Min-ji n’ose pas protester. Elle se débat avec ses couvertures, enfile maladroitement un pyjama, se mord la lèvre alors qu’elle continue de se faire houspiller par sa grand-mère. Ses cousins sont déjà dans le hall d’entrée, coincés entre différents degrés d’indignation et d’hébétement. Min-ji ouvre la bouche. Halmeoni a la main refermée sur son bras ; ils disparaissent dans un crac!, pour atterrir dans le salon des parents de Man-soo. Min-ji ne comprend rien mais son cœur a commencé à s’accélérer. Elle ouvre la bouche et tourne la tête vers Gaon. Halmeoni lève sa baguette ; Min-ji sent l’habituelle sensation de souffle coupé que procure un Stupefix. Elle sent le parquet sous son crâne, la peur dans son ventre. Elle tourne la tête vers Gaon, qui ne peut que siffler comme un chat en colère. Elle sombre.
FIOLE À SOUVENIRS N°14 — 1998, quelques heures plus tard. Min-ji est assise sur une banquette, à côté de Gahee dont elle tient (broie) la main. Gaon fait les cent pas. (Min-ji a fait les cent pas pendant une heure mais s’est épuisée à devoir constamment éviter Gaon.) Un crac! sonore retentit ; tous se retournent. Halmeoni et Jin-hyuk apparaissent, couverts de sang. Il n’y a personne d’autre. Min-ji a la tête qui tourne ; elle cherche Gaon du regard. “They killed your parents. We’re going. Now. - What the fuck is going on? - Appa?!”, Min-ji s’entend dire. L’écho de la gifle que reçoit Gaon résonne étrangement au milieu du chaos. Soon-hee referme une main sur le bras de Jin-hyuk et Jin-hyuk sur le bras de Min-ji. “Wait, no, Okja’s still at home--” Personne ne l’écoute. Halmeoni la pousse dehors. “BUT OKJA--” On ne lui adresse pas un regard, quand un sortilège la force à empoigner Gahee et Man-soo. Les protestations de Min-ji se perdent dans un nouveau craquement. Ses cheveux sont blancs.

Ils le restent une semaine entière. Min-ji déteste instantanément l’Angleterre.

FIOLE À SOUVENIRS N°16 — 1999. Min-ji a seize ans et elle se tient la tête basse et les ongles enfoncés dans la peau, dans le bureau d’halmeoni. Elle vient (encore) de se faire virer de son dernier emploi en date, et même si Soon-hee lui laissait en placer une, elle n’arriverait pas à lui dire pourquoi. “Do you want to end up like your father?” Min-ji se gratte tellement fort le dos de la main que du sang y apparaît. “Stop it,” halmeoni commande d’un signe du menton. Min-ji laisse retomber les mains le long de son corps, cache l’écorchure dans sa manche, essaie de ne plus y penser. “You’ve been taught better.” Elle ouvre la bouche : pour dire qu’elle ne supportait plus les petites pétasses wannabe-rich qui venaient se faire shampouiner, les commentaires vaguement racistes des unes et les conneries suprématistes des autres ; l’impression générale d’être une sous-merde, une sensation qui ne la quittera plus jamais vraiment. Get yourself together.” Elle croise les yeux d’halmeoni ; Min-ji ferme la bouche, cache le poing bleuté qui a servi à venir plaquer répétitivement la tête d’une cliente contre un lavabo jusqu’alors immaculé. “I’m sorry, halmeoni. It won’t happen again.” Les yeux de Soon-hee ne bougent pas d’un millimètre et continuent à la transpercer de parts en parts. Min-ji sait qu’elle a un œil de la mauvaise couleur. Ses ongles retrouvent sa peau. “It won’t happen again,” elle répète, plus fort, en relevant deux yeux bruns vers sa grand-mère. “Right.” Soon-hee ne lui accorde plus un regard ou une seconde de plus. Min-ji compte le nombre de livres derrière elle et remarque qu’il en manque. Elle finit par quitter le bureau. Il n’y a pas de larmes dans ses yeux.

Elle sait, ce jour-là, que même eux ne comprendront jamais.

1999 » Les Jung ouvrent le Black Cat, un restaurant familial sur Knockturn Alley. Le restaurant leur permet notamment de reprendre leurs activités passées. Min-ji s'implique dans le trafic de drogue et de créatures magiques. La journée, elle travaille un peu partout au sein du restaurant familial.

2000 » Les restrictions concernant les hybrides s'intensifient ; Min-ji est contrainte de se rendre au Ministère tous les mois pour un "bilan". Elle fulmine. Halmeoni la renvoie exclusivement en cuisine, la cachant aux regards des clients. Elle manque de s'en déchausser une dent.

2002 » Min-ji déteste l'Angleterre, ne trouve du réconfort que dans les soirées plus ou moins huppées qu'elle peut fréquenter avec son don. Graduellement, même ça ça ne marche plus. Min-ji a vaguement envie de chialer. Elle accepte instantanément quand Gaon lui propose de devenir son associée ; les Jung inaugurent leur réseau d'escorts, et Min-ji en devient pimp.

FIOLE À SOUVENIRS N°21 — 2006. Min-ji a vingt-trois ans, un tatouage tout frais sur la joue droite, et des sourcils bicolores. Son menton chauffe légèrement, là où les doigts d’halmeoni l’ont tenu si fort que la trace de ses doigts est encore visible par endroits. Min-ji est dans le salon de l’appartement Jung, parce que la fierté l’empêche de tourner les talons, et ce malgré les tentatives de métamorphomagie foirées qui aggravent un peu plus encore son cas. "Why are you whining? You were already ugly in the first place anyway. Fuck, Jae-sung, look at her, she already looked scary as fuck before, now she looks like she's gonna bite our fucking heads off.” Min-ji a envie de chialer pour la première fois depuis longtemps. Elle relève les yeux vers Gaon. “Oh fuck you Min-ji, chill, we're just fucking with you, we're not gonna cry over a fucking tattoo." Elle serre le poing. Tourne la tête vers Jae-sung et son restant d’hilarité. Min-ji n’a pas envie de se battre, une fois n’est pas coutume ; elle tourne les talons, bouscule Gaon. Va se réfugier dans les escaliers de secours, dehors, pour y fumer clope sur clope. (Le souvenir est flou.) Man-soo est là. Man-soo est gentil et, comme toujours, Min-ji a envie de lui casser la gueule. Elle essuie nerveusement un sillon humide sur sa joue (la gauche), tourne la tête vers lui (il est grand ce con). Man-soo a les lunettes de travers et un rayon de lumière en plein milieu du front. Min-ji a l’estomac tordu. (...) Min-ji a fermé les yeux et attrapé le bas du visage de Man-soo. (...) Min-ji embrasse Man-soo (et Man-soo l’embrasse). Elle a l’estomac qui se dénoue et se retord. La racine de ses cheveux s’éclaircit. (...) Min-ji se détache d’un coup, parcourt le visage de Man-soo avec alerte. “If you tell anyone about this I’ll fucking kill you, do you understand?!” Elle a les yeux secs et durs quand elle recule. Min-ji part s’enfermer dans sa chambre jusqu’au lendemain matin.

janvier 2008 » Min-ji est installée dans un fauteuil (si tenté qu’on puisse l’appeler ainsi….) du salon (si tenté que c’en soit un….) de l’appartement (si tenté--) d’Angel et Metis. Elle est assise en plein travers de celui-ci, les pieds croisés ballant dans le vide comme si elle se trouvait chez ses meilleures copines au monde, et non pas chez des filles qu’elle exploite plus ou moins drastiquement au quotidien. Ses pieds se balancent doucement, alors qu’elle parcourt sa boule cristal avec ennui d’une main, enfourne presque compulsivement trop de chips dans sa bouche de l’autre. Ses yeux s’écarquillent et sa trachée se bloque d’un coup ; Min-ji se redresse un peu, ne se soucie pas assez de la graisse sur sa main quand elle zoome (avec dégoût, ou fascination, plutôt le premier) sur son écran. Il lui faut bien une minute pour réaliser que la pièce a sombré dans le silence — Min-ji jette un regard laconique aux deux autres. “What?” Vu qu’elles ricanent, elle ne se fait pas prier pour leur partager le contenu du message qui l’a interpellée. “Trigger warning : disgusting.” Elle retourne l’écran, le visage toujours aussi peu expressif alors qu’elle se retrouve à montrer à ses…..employées….?....amies….? (gross) la dick pic en question. “Already noticed seven flaws with it, and I’m not even halfway through.” Min-ji lève les yeux au ciel et soupire ; grimace un peu en voyant que Metis n’a toujours pas détaché le regard de la photo. “The fuck? I’ll send it to you if you want, god.” Nouveau regard pour le plafond (escorts, I swear to God), alors qu’elle reprend sa boule cristal pour elle-même, et ferme (pour le moment) la conversation. “Is that your boyfriend?” Min-ji fronce les sourcils comme si elle était halmeoni et qu’elle était physiquement capable de transpercer les gens à distance. “Are you nuts? - Angel, what’s his name again? Manfred?” Temps d’arrêt. Manfred. Elle a baisé un Manfred ?! …..wait. “You’re being fucking gross.” (Il y a un début de grondement menaçant dans sa voix.) “Is he going to be there tonight?” Min-ji cherche les yeux d’Angel avec la bouche à demi-ouverte, l’air de dire Is she fucking real?! Est-ce qu’elle a oublié qui était la boss, ici ?! What the fucking fuck?! “God, if you’re so after his dick, don’t be a cunt and go for it….” (Qu’elle ne pose même pas un doigt sur Man-soo et son outfit de slut ce soir). Min-ji se redresse, se penche en avant pour reprendre (trop) de chips, les jambes outrageusement écartées comme si elle était bloody Gaon. “I mean, Angel’s already fucking my cousin --, or, okay, is going to anyway, so… (L’air de rien, toujours.) Am I right, Angie?” Min-ji retrouve les yeux d’Angelina (beaucoup trop belle pour être honnête, mais c’est bon pour les affaires). Elle fait tomber trop de chips dans sa bouche, mange sans jamais penser à fermer celle-ci, se redresse, reprend finalement sa position initiale dans le fauteuil. “C’mon, bitches, don’t try me… I’m a motherfucking pimp, remember?” (Ce serait techniquement le moment d’effectuer un demi-tour dramatique sur son fauteuil de bureau.) (Si elle avait un bureau.)