tw bullying

Conan a arrêté de compter les fois où un livre oublié sur son chemin l'a fait chuter - ou qu'un camarade a "oublié" de bouger son pied dans les rangs, le faisant chuter en plein cours. Il n'est plus vraiment regardant non plus de toutes les fois où ses affaires scolaires ont fini dans le Lac Noir: c'est devenu un peu une routine pour les jeunes Merrow qui y habitent, et avec qui il discute, de les lui remonter. Un coup de baguette et tout est bien séché assez vite.
Plus qu'un an se répète-t-il régulièrement. Y a bien quelques visages qui rendent le quotidien un peu plus facile, ou du moins plus supportable. Cette année, Lena n'est plus là pour aboyer sur ses bullys, mais il y en a d'autres qui ont repris ce rôle derrière elle. Et y a bien quelques figures familières comme celles d'Elliott, Susan et Morrigan qui rendent ses passages au dortoir des poufsouffles un peu moins silencieux et solitaires (Sid aussi ... en quelques sortes).

Lorsque la fin du cours de botanique sonne, annonçant ainsi les coups de midi, Conan ramasse ses affaires en un éclair et va pour s'élancer vers la porte de sortie. "Ça pue la poiscaille putain..." qu'il entend sur son passage, mais il fait mine de ne pas entendre, comme toujours. Baisser la tête, ne pas chercher la bagarre, et serrer les dents quand on lui tombe dessus, ou qu'on lui enfonce la tête dans les chiottes (ou le lavabo, quand les camarades sont de bonne humeur). Ce sont là ses principales règles.
Il y a une chose qu'il a appris en six ans de scolarité à Hogwarts. Si le poufsouffle est assez rapide et arrive à sortir le premier de la salle de classe, avec un peu de chance, il arrive à passer entre les mailles du filet et esquive les élèves qui voudraient lui mener la vie dure dans les couloirs. Un mécanisme de défense que le selkie a développé à travers la dure réalité de ses expériences. Ça, et rester après les cours pour faire mine de poser des questions aux professeurs - en général, les bully s'impatientent à la porte et finissent par se dissiper, l'oublier. But when they do remember him.. L'adolescent a un léger frisson, chasse les mauvais souvenirs qui affluent.

L'encadrement de l'entrée de la salle de classe s'offre à lui comme une délivrance. Conan s'élance dans le couloir avec prudence, mais la conscience un peu plus légère - jusqu'à ce que cette dernière soit alourdie par le poids d'une main abattue sur son épaule. "Eh fishsticks!" Le sobriquet, cadeau d'adieu de Logan Yaxley qui n'est plus dans leurs rangs depuis belle lurette, lui colle à la peau depuis la première année (et c'est peut-être pas le pire). Conan croise le regard de l'élève en face, un serpentard de la même année que lui. Si le ton de l'élève est amical les doigts, eux, sont raides autour de son épaule. They're not friendly. And they hurt pretty bad.
Ce sont les même doigts qui le pointent avec moquerie ou qui défoncent ses affaires dès qu'il a le dos tourné - ce sont sûrement de ceux qui lui envoient des projectiles dessus dans le dos des professeurs, pendant les cours. "T'as pas une réunion de famille dans un étang aujourd'hui?" Conan se tend, baisse la tête. Une situation habituelle, mais toujours aussi frustrante, et les ricanements des camarades réunis autour d'eux n'aident pas. "Les selkies ne vivent pas dans des étangs..." qu'il marmonne un peu dans sa barbe, sans parvenir à trouver le courage de le dire à voix haute: qu'est-ce que ça changera, de toute façon? "Ils vont pas te servir à grand-chose tes bouquins là-bas, pas vrai? T'inquiètes, j'vais te les garder." Et l'autre main va pour se saisir de ses livres: Conan sait déjà dans quel état ils vont finir, alors il a un mouvement de recul. "N-non.." Et à l'instant même où il exprime son refus, l'adolescent se rend compte de l'erreur monumentale qu'il vient de faire. L'atmosphère semble se glacer un peu plus, et plus personne ne rit: le serpentard, en face, fronce les sourcils. "C'est bon ça..ça ira.." Il bégaye, tente minablement d'apaiser la situation bien qu'il sache que ça ne servira à rien. Le mieux qu'il puisse faire, c'est certainement se préparer mentalement à ce qui l'attend pour avoir osé se défendre au lieu de se laisser faire, comme d'habitude.

tw bullying, anxiété

Une voix anonyme, claire et déterminée, se détache de la foule. Si proche qu'elle arrache un sursaut au pauvre selkie tout ratatiné et désespéré. "Hé, la brute sans cerveau !" Les yeux ronds comme des billes, Conan suit la silhouette de Morrigan qui fend la foule pour s'arrêter au milieu du cercle formé par les élèves. Les doigts du Poufsouffle s'accrochent à ses cahiers comme si cela allait changer quelque chose à la situation. Ce ne sont pas eux qui font bouclier, mais bel et bien la petite silhouette de Morrigan qui fait face aux Serpentards. Si petite et si grande à la fois: elle est agrandie par l'aplomb qu'elle transpire. Son allure dégouline d'assurance, de la manière avec laquelle elle toise les élèves aux mains posées sur ses hanches qui lui ajoutent bien une bonne vingtaine de centimètres. Planqué derrière elle, Conan n'est que plus minuscule.
À la plus grande horreur du selkie, sa camarade Poufsouffle ne s'arrête pas là: ça serait mal la connaître. "C'est quoi ton problème exactement ? Fous-lui la paix et va voir ailleurs si on y est !" Les veines de Conan gèlent subitement. Pas du froid si familier qui lui permet de passer son temps dans l'eau sans s'engourdir, ou tomber malade, non. Le froid synonyme de terreur. L'angoisse à l'idée qu'elle ne s'attire les foudres des autres élèves. Because of me. Et pourtant, l'adolescent est trop effrayé pour parvenir à dire quoi que ce soit. I'm the worst. "Allez, viens-toi." Morrigan ne s'arrête pas sur sa lancée et passe un bras autour de ses épaules, l'entraîne avec elle.

Et aussi simplement qu'un wingardium leviosa, les voilà sortis de cette situation atroce.

Conan laisse l'autre étudiante prendre le contrôle de la situation, parce qu'il est trop sous le choc pour faire quoi que ce soit de lui-même. "Euh ... ça va ?" La voix hésitante de Morrigan le tire subitement de sa torpeur. Il cligne des yeux, lentement, et jette un regard autour d'eux, toujours aussi lentement. Ils sont dans une autre salle de classe. Vide. Il n'y a plus qu'eux. Il se détend considérablement, mais garde ses livres serrés très forts contre lui - comme si on allait à nouveau tenter de les lui arracher. Son père s'était déjà énervé lorsqu'il était rentré pour les vacances avec toutes ses affaires abîmées par ses "camarades". Si Lee Jaehyun était incapable d'être un père correct, il savait cependant très bien terroriser son unique fils qui n'évoluait dans leur domicile qu'à travers les ombres des meubles, le plus discrètement possible.
Le selkie croise le regard de Morrigan et se rappelle brutalement de sa présence. Il n'est pas seul. Un sursaut lui échappe et il semble perdre encore cinq bons centimètres tant il se rapproche du sol. "Ah--! Euh --" Il balbutie minablement, tout rouge de honte (et les larmes toujours au bord des yeux). "Ça ... va ... merci ..." Just thank her, don't be weird, and go your own way. You don't want to bring her any trouble. L'oeil absent du selkie fixe soudain le sol sous leurs pieds (impeccable, Rusard y veille bien). Il se mord la lèvre, se bouffe l'intérieur des joues d'angoisse - la douleur vive lui permet de ne pas s'absenter encore, comme il le fait trop souvent quand ces situations lui arrivent. "M-mais, tu vas faire comment s'ils s'en prennent à t-toi aussi m-main..maintenant ..?" L'horreur à l'idée que ses problèmes soient désormais transférés sur Morrigan, une des (quelques) camarades qui ne lui fait pas la misère lui donne envie de vomir. Morrigan est sympa, elle ne mérite pas qu'ils se mettent à l'embêter. Mais Morrigan n'est pas Conan, alors, si ça arrive, elle se défendra cent fois mieux que lui. "Comment .. t'as fait .. ?" Conan redresse doucement la tête. Sonde timidement l'expression de la Poufsouffle en face. "T'as pas eu .... peur ?"