tw:consommation de drogue

Le rire à retardement d’Izzy fait bondir avec allégresse le coeur de Calix, dont le sourire s’élargit un peu plus encore, restant néanmoins dans l’attente d’une réponse autre que ce rire résonnant agréablement contre ses tympans. Heureux hasard : ”Come.” est exactement la réponse qu’il attendait, et un petit couinement d’excitation lui échappe – suivi d’un ”Fuck” étouffé dans un gloussement encore moins discret lorsqu’il aperçoit du coin de l'œil Matthias remuer faiblement. La dernière chose dont il a envie sur l’instant est de laisser quoi que ce soit interrompre leur escapade soudaine. Et Izzy semble aussi déterminé que lui, ce qui ne manque d’attiser la flamme dansant doucement dans son torse, s'embrasant brusquement en sentant ses grands doigts s’enrouler autour de sa main fine, le vampire ne pouvant s’empêcher de baisser, dans une bouffée d’exstase, son regard sur ce contact doux et chaud – car la main du sorcier doit bien faire deux fois (au moins !), et que ses doigts sont si confortables contre sa paume, que Calix se demande un instant s’il se sentirait aussi bien, tenu entre ses deux bras immenses.

Cette idée n’a pas le temps de prendre racine, chassée par la suivante, puis une autre, alors qu’il se laisse entraîner sans protester le moins du monde entre les arbres, son esprit éveillé et engourdi à la fois s'accrochant sur la moindre odeur, le moindre son, la moindre respiration d’Izzy, sur son rire, sur ses doigts crochetant avec plus de force les siens lorsqu’il manque de trébucher, sur son propre éclat de rire, sur l’air qui pénètre goulument dans ses poumons tandis qu’ils s’éloignent rapidement du feu de camp. En un instant, sa vision s’adapte tout naturellement à cette obscurité bienvenue après des heures près d’une source de lumière presque aveuglante ; pouvoir embrasser du regard cette nature ressourçante, sa main dans celle d’Izzy, se gorger de la chaleur irradiant de sa paume, baigner dans le fourmillement enivrant de la drogue, rire à gorge déployée – Calix ne vit que pour ce genre de moments, où il peut toucher du doigt un bonheur pur, simple.

Et il ne comprend qu’avec un certain temps de retard qu’Izzy arrête brusquement leur marche (pour ne pas dire leur course), qu’il tire sur sa main pour l’attirer à lui et enrouler son bras dans son dos en un étau soudain qui lui coupe le souffle – non pas parce que le sorcier le serre trop fort contre lui, loin de là, mais plutôt parce que tout son corps se retrouve en un instant appuyé contre le sien. A cette distance, il peut sentir l’odeur de sa peau, celle de son souffle teintée de tabac froid, jusqu’à celle de son sang coulant dans ses veines (il peut même deviner son goût relevé et légèrement aigre-doux – de tous les êtres de l’eau, le sang de Triton est celui que Calix préfère) ; il peut sentir sa chaleur irradier de sa main qui n’a toujours lâché la sienne, et de son corps désormais qui étreint le sien comme une large et épaisse couverture une nuit d’hiver. Le regard d’Izzy est tourné vers un buisson (l’hémovore y jette un rapide coup d'œil, il n’y voit rien), et celui de Calix est résolument tourné sur ses traits tout proches, parfaitement dessinés dans cette obscurité limpide. Il ne sait pas comment, quand, ni pourquoi il s’est retrouvé ainsi dans ses bras en l’espace d’une seconde, et il ne cherche pas pour autant à comprendre – il le détaille plutôt en souriant, son cœur habituellement lent et discret remuant lourdement entre ses côtes.

Le temps reprend brusquement son cours lorsque résonne entre les arbres le rire d’Izzy, provoquant immanquablement chez Calix un gloussement bas, un peu étourdi. ”Your hand feels so cold”, lui souffle le sorcier en frottant doucement ses doigts gelés, un semblant de caresse qui fait fourmiller à la surface de sa peau un frisson – de joie, d’euphorie, d’expectative, tout cela à la fois. ”It’s because your hand is warm”, répond d’une petite voix amusée et lointaine Callistus, une bourrasque d’émotions et de sensations mêlées et bien trop intenses soufflant en lui. Kiss me, s’impatiente-t-il silencieusement, tout son corps tendu face à l’attente de cette envie soudaine (ou pas si soudaine que cela, quand il y pense depuis des heures, mais certainement soudainement pressante). ”You know, Lix. –  What?” Leurs voix sont deux murmures dans la nuit, perçant à peine le silence épais autour d’eux, et Calix retient son souffle en voyant les deux pupilles sombres d’Izzy tomber lentement sur ses lèvres où trône un sourire presque douloureux tant il n’a pas réussi à s’en départir depuis le début de la soirée. ”You’ve got very pretty lips too.” Yeah? La question rhétorique ne franchit pas ses lèvres, reste coincée au fond de sa gorge, avalée par l’émotion douce qui éclate en lui à ce compliment direct et sincère (il n’en doute pas un seul instant), nettement exacerbée par l’effet de la drogue, et par le coeur d’Izzy battant rapidement contre le sien – par son propre coeur, qui n’a de cesse de se tourner vers le sorcier. ”Very, very pretty lips.” Cet ajout pourtant simple mais terriblement efficace lui tire une expiration basse et brève, qui manque de se faire amusée, et sa main libre ayant échoué sur le haut de son torse se referme doucement sur le col de son manteau, en même temps que le bras d’Izzy se resserre dans son dos. Kiss me, kiss me – Calix n’a pas besoin de le désirer davantage, qu’Izzy se penche alors sur lui pour exaucer son souhait, et l’embrasser avec une tendresse qui lui retourne l’esprit.

Une seconde seulement, ses épaules se tendent, comme s’il était traversé par un frisson trop violent pour être contenu ; l’instant d’après, ses muscles fondent entièrement dans les bras et contre les lèvres d’Izzy. S’il pensait baigner dans sa chaleur en se tenant simplement contre lui, Calix se trompait – ce n’est qu’en se retrouvant désormais contre sa bouche qu’il peut pleinement goûter à cette chaleur douce et enivrante lui faisant tourner la tête. Ce n’est qu’un simple baiser, comme il en a connu beaucoup (trop), parfois avec ses ami.e.s, parfois avec des inconnu.e.s, souvent avec n’importe qui, en signe d’amour et d’affection – mais il se sent si petit et si à l’aise contre Izzy, et Izzy sent bon, et Izzy lui a présenté ses ami.e.s, et Izzy le trouve joli (You know Lix, you’re very, very pretty, c’est ce qu’il lui a dit, pas vrai ?), que Calix a envie de rester des heures suspendus à ses lèvres. Alors il glisse avec assurance sa main à l’angle de sa mâchoire, étendant ses doigts à l’arrière de son crâne pour effleurer de ses ongles longs ses cheveux ras, et prolonger un peu plus ce baiser ensorcelant.

Pourtant, naturellement, leurs lèvres finissent pas se détacher pour qu’ils puissent reprendre un instant leur souffle ; doucement, Calix rouvre les yeux pour retrouver ceux d’Izzy, fauché par une euphorie vertigineuse. ”I knew you wanted to kiss me”, murmure-t-il, un sourire éclairant jusqu’à sa voix, avant d’éclater en un gloussement doux, non mécontent d’avoir vu cette hypothèse se réaliser, comme prévu – il se voit déjà rentrer au petit matin au cottage, et réveiller le.a premier.e venu.e pour lui faire le récit de ce baiser magique, dont il peut encore sentir la chaleur jusque dans ses veines. ”I wanted to kiss you too”, précise Calix en continuant de rire tout bas, ne parvenant pas (et ne cherchant pas) à lutter contre cette extase qui le laisse un peu étourdi, un peu idiot, un peu bêtement heureux. Ses doigts reviennent chercher les siens, lâchés pendant leur baiser, pour s’y entremêler et ramener leurs mains entre leurs deux torses l’un contre l’autre. ”Is it a bad thing if I want to kiss you some more?” Il pense connaître la réponse à cette question énoncée d’une petite voix presque innocente, se pressant tout juste plus contre lui pour poser son menton relevé vers lui sur le haut de son torse – du moins, il espère connaître la réponse, la perspective de s’arrêter après ce baiser au goût de trop peu particulièrement frustrante.