tw:consommation de drogue

”Caliiiiiiix!” Les yeux de Calix se plissent au-dessus de son large sourire dévoilant deux canines légèrement plus longues que le reste de ses dents blanches, et son coeur se met à battre tout juste plus vite, comme s’il reprenait enfin un semblant de vie après avoir été au ralenti depuis des semaines. Le solstice d’hiver a beau ne pas avoir encore frappé, le mois de novembre a été plutôt rude, et cette fin d’automne a achevé de plonger Callistus dans son état d’hibernation – une fatigue chronique, constante, qui a au moins la décence de ne plus se terminer en une bronchite le clouant au lit, depuis qu’il a été transformé en vampire. Son système entier est au ralenti, et il ne rate jamais une occasion de se rouler en boule sous une tonne de couvertures, au coin de la cheminée du petit cottage que la famille a investi il y a peu ; un petit cottage qui a des airs de palace immense pour lui, qui n’a jamais vécu que dans une tente depuis dix ans, et qui peut désormais jouir de sa propre chambre (!!), d’un four (!!!), d’une salle de bain (!!!!), le tout dans le même espace que les siens – que demander de plus ?

Et si Calix se laisse souvent aller à cet état de somnolence (il ne va pas passer son temps à lutter contre une réaction parfaitement naturelle de son corps au froid), cette semaine, et comme tous les ans, il est hors de question de dormir vingt heures sur vingt-quatre. Il s’y est pris à l’avance, pour préparer son stock de potions de vigueur (entre autres potions), et pouvoir ainsi profiter au maximum de sa semaine d’anniversaire – ne le fêter que sur une seule journée n’a jamais été une option. C’est donc avec une certaine euphorie chimique que Calix fait la tournée de ses ami.es éparpillé.es aux quatre coins du Royaume Uni depuis quelques jours, qu’iels soient à l’Ordre, au Cirque, ou même dans la société, un sourire tout aussi chimique accroché au visage, et des reflets de toutes les couleurs dansant sur ses pupilles.

Ses bras s’enroulent autour du cou de Tao, pressant ses yeux clos dans son cou en y inspirant l’odeur qui s’y trouve. ”Missed you bro, how've you been? – Bro”, reprend-il dans un gloussement en le relâchant tout juste tandis que son ami lui ébouriffe les cheveux – il ne s’est jamais vu comme one of the bros, ou même one of the boys, mais l’affection qu’y met Tao le laisse souriant, presque attendri. Et il se débat à peine lorsque le sorcier tente sans conviction de lui faire une prise de catch, rigole plutôt en s’accrochant à sa veste avant d’ouvrir grand les yeux quand : ”Wait, don't tell me anything yet. First, I got you something. – Oh my god, really?!” Cette fois il le relâche pour faire un léger bond sur place d’excitation, les battements de son coeur toujours plus rapides face à cette attention qui l’emplit d’une joie indescriptible ; peu importe ce que Tao lui offre, il a pensé à lui, et rien que cela suffit à rendre cet instant magique. ”Yoyo helped me pick it. – Aw thank you Yoyo, that’s so sweet of you!”, remercie-t-il avec toute la crédulité du monde en inclinant son visage vers l’oiseau qui vient le saluer. Et une bouffée d’affection éclate dans son torse en les regardant se chamailler, presque envieux sur le moment de ne pas connaître ce lien qui les unit.

Mais cette pensée est bien vite chassée lorsque Tao l’attrape pour l’asseoir sur une chaise, Calix repliant l’une de ses jambes sous ses fesses avant de se laisser tomber sur l’assise. Dur à dire si c’est à cause des drogues agitant ses neurones, ou simplement de l’image que lui offre le métamorphomage en s’agenouillant solennellement devant, qu’une vague de chaleur remonte jusqu’à ses joues, comprime son coeur et ses poumons, juste l’espace d’un instant. Il sait, il sait parfaitement que Tao n’est pas en train de le demander en mariage (how crazy would that be?)(et inattendu)(et pas leur genre)(en tous cas, pas celui de Tao, qui ne le voit clairement que comme un bro)(est-ce qu’il lui dirait oui, si Tao proposait vraiment ?), mais il ne peut contenir le rire bas, entre nervosité et euphorie, qui file d’entre ses lèvres étirées. Anyway. ”I know I'm two days late but you know, life ugh. – Oh no, no worries, my birthday is all week”, le rassure-t-il en posant une main sur son épaule en un geste qui se veut apaisant, avant de poser les yeux sur les deux (deux !) paquets qu’il lui tend et de s’en saisir rapidement, son attention déportée aussitôt sur les cadeaux, en oubliant presque l’espace d’un instant la présence de Tao et de Yoyo, n’entendant qu’à peine les chants de l’oiseau et le ”Happy birthday Calix!” de son ami.

Le papier cadeau est arraché avec précipitation, envoyé par-dessus son épaule sans considération (pardon Yoyo), ses yeux arrondis sous l’excitation, un gloussement fluet lui échappant alors qu’il fait voler le couvercle de la première boîte. ”Wait wait wait”, marmonne-t-il presque en ouvrant la deuxième, découvrant l’ensemble violet dans un hoquet de surprise se transformant en un cri bref : ”WAIT!”. Il plonge ses deux mains dans les boîtes pour en sortir une écharpe, puis un bonnet assortis, sa bouche grande ouverte en détaillant les détails reconnaissables entre mille trônant sur le tissu feutré. ”Is it a Moon Tailor hat and scarf?!”, s’exclame alors Calix en remontant ses yeux dans ceux de Tao et en bondissant de sa chaise, les deux boîtes retombant négligemment au sol. Et il n’attend pas plus pour retirer ses propres écharpe et bonnet, le tout dans un geste empressé avant d’enfiler les deux présents, ricanant avec une joie évidente et enfantine. ”Oh my god I love it! I love it, I love it, I love it!” En vérité, Tao aurait pu lui offrir un caillou que Callistus aurait eu la même réaction euphorique – mais il n’en dit rien, il ne voudrait surtout pas que son ami lui offre un caillou l’année prochaine. Alors il tournoie sur lui-même pour mieux lui faire voir à quel point il est pretty dans ce nouvel accoutrement – pas besoin d’avoir un miroir pour le savoir.

Et le vampire est tant pris dans son effusion de joie qu’il en oublie de formellement remercier Tao, ouvrant plutôt grand les yeux en levant son doigt entre eux. ”Wait, I brought something too!” Et il hausse les sourcils en un mouvement répété, se donnant un air qu’il veut mystérieux, qui disparaît aussitôt dans un nouveau rire alors qu’il retire son sac à dos, le pose sur la chaise pour l’ouvrir. Avec précaution, il en sort lui aussi une boîte en carton, tremblant presque d’excitation en l’ouvrant face à Tao pour révéler un gâteau blanc, orné de framboises et de chantilly maison. ”Birthday caaake!” Il ne prend pas la peine de préciser qu’il en a préparé une dizaine, et qu’il se trimballe avec à travers le Royaume Uni pour fêter comme il se doit son anniversaire avec chacun.e de ses ami.es. Ses yeux se tournent alors vers Yoyo, qui est venu se percher sur son épaule, penché vers le gâteau : ”Oh sorry Yoyo, you can’t have some, I put a little something in it”, trouve-t-il bon, cette fois, de préciser dans un gloussement.

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”Of course you did, that's why you're the best.” Un rire léger et bien trop heureux échappe à Calix, qui ne peut s’empêcher de gesticuler légèrement sur ses jambes face à cette effusion de joie dans un ”Really?” incrédule, ses deux yeux brillants dans ceux de Tao. Il n’a pas menti, il a réellement mis un petit quelque chose – quelques gouttes seulement infusées dans la pâte du gâteau de l’une de ses potions favorites, histoire de passer un bon moment, mais également suffisamment peu pour ne pas laisser son ami dans un état douloureusement euphorique pendant une semaine, ou pire lui faire faire une overdose en quelques bouchées. L’inconvénient d’avoir d’avoir des ami.e.s non vampires. ”Merlin, that looks good! – Yeah I think it is”, répond Calix tout sourire, qui a passé une journée entière à préparer tous ces gâteaux, tous différents bien évidemment. ”It’s like strawberries and white chocolate, basically sugar with a lot of taste”, précise-t-il en louchant lui-même sur le gâteau tandis qu’il le décrit ; sur ce coup-ci, il n’a pas eu la main légère sur le sucre et les arômes, de quoi éveiller ses papilles gustatives et son estomac qui ne réclament plus que du sang depuis des années.

”Got any candles? I don't care If you blew them already, you'll do it again.” Les yeux de Calix remontent dans ceux de Tao, et il perd aussitôt son sourire. Son expression est presque horrifiée, les sourcils arqués et la bouche ouverte, légèrement étirée vers le bas ; comment a-t-il pu oublier les bougies pour son propre anniversaire ? ”Oh my god no, I forgot! Oh nooo it sucks”, se met-il à geindre en renversant la tête en arrière comme pour appuyer son désespoir soudain – ce petit oubli ne suffira pas à gâcher cette énième célébration de ses vingt-cinq ans, mais quand même ! Heureusement, son regard retrouve un semblant d’espoir lorsqu’il voit Tao commencer à fouiller ses poches, en sortir d’abord un snack pour Yoyo (”You sulking again Yoyo? C'mon big boy y'know I always think of you right?”)(Calix, lui, n’a rien pensé à ramener pour le Grand Duc, il se sent un peu bête, il y pensera la prochaine fois), puis un stylo bic. Et un clin d'œil (qui fait se soulever légèrement le cœur du jeune vampire) et un geste de la main plus tard, le stylo devient une bougie qu’allume rapidement Tao. ”Andddd here we go! – God that’s so, you really have to teach me one day I swear.” Ça ne doit pas être bien plus difficile que d’activer les tatouages alchimiques parant son corps en un claquement de doigts – quand il y pense, il s’agit déjà d’une forme de magie sans baguette.

Et alors que, dans son excitation, Calix s'apprête à éteindre en un souffle la bougie, son ami l’interrompt d’un geste. ”Make a wish! Or a hundred, who cares, you're the star so you get to make the rules.” Oh. ”Oooh, ok ok ok, yes”, s’exclame-t-il rapidement. Alors il fixe la bougie, un air mi-concentré mi-heureux flottant sur son visage, marquant une bien trop longue pause. I wish for all my remaining friends not to die. I wish I’ll master the red velvet cake soon. I wish to learn wandless magic maybe this year. (...) I wish to be a better hunter. I wish we’ll start going on missions again really soon. I wish for Numa to come with us. (...) I wish for a boyfriend. Or a girlfriend, maybe, if she smells nice. Et après une minute ou deux à énumérer mentalement tous ces vœux auxquels Calix croit dur comme fer, il souffle enfin la bougie avec contentement. ”Can’t wait for my wishes to come true.” Parce qu’il n’en doute pas une seule seconde.

Calix dépose soigneusement le gâteau sur la chaise sur laquelle il était assis un peu plus tôt et s’accroupit devant. D’un geste habile, il sort sa baguette de son étui pour découper d’un sortilège deux parts bien fournies (l’avantage de pouvoir manger sans limite et sans prendre de poids, il pourrait dévorer le gâteau à lui tout seul) ; il en fait léviter une jusqu’à Tao puis, une fois que son ami s’en est saisi, en prend une pour lui et s’assoit à même le sol pour mordre goulument dedans dans un ”Hmmm” satisfait. A peine a-t-il avalé la première bouchée qu’il sent une chaleur reconnaissable et discrète titiller l’arrière de son crâne et se diffuser doucement dans ses veines. Tout compte fait, peut-être a-t-il eu la main un peu plus lourde que ce qu’il pensait. ”Ok maybe don’t eat all of it, I may or may not have been a bit crazy on the little something”, prévient-il dans un rire légèrement euphorique, n’hésitant pas pour autant à prendre une seconde bouchée aussi généreuse que la précédente. Ses joues sont encore pleines de fraises et de chocolat blanc lorsqu’il lui semble entendre un craquement faible – et il ne se rappelle pas avoir mis quoi que ce soit d’hallucinogène dans ce gâteau-ci. Ses sens largement émoussés par la drogue peinent à se mettre en alerte, pourtant Calix se tend un peu, jette un regard autour d’eux. ”Am I too high or did I really hear something?”, demande-t-il d’un ton pas vraiment alarmé ni alarmant en humant l’air – mais tout ce qui parvient à ses narines pourtant sensibles est l’odeur chimique et sucrée émanant du gâteau entre les doigts.

tw:consommation de drogue, violence, gore un peu, meurtre, bref Calix on acid

Le jeune vampire continue de renifler l’air, en une vaine tentative, qui est bien vite avortée lorsque Tao attire avec brio son attention d’un ”Hey Calix, look.” Le craquement est aussitôt oublié, englouti par la montée brusque de la drogue, et par le rire d’anticipation qui lui échappe alors que son ami se retourne un instant. Il n’est plus tendu le moins du monde, au contraire, son esprit et son corps relâchant de concert la moindre tension – une capacité dont il a le secret, un mélange de joie de vivre naturelle et de substances euphorisantes pour couvrir le reste, de quoi tunnel vision efficacement sur ce qui l’arrange, et en l’occurrence, sur la blague que lui prépare Tao. ”Don't I remind you of someone here?”, lui demande le métamorphomage en se retournant vers lui avec, à la place de ses sourcils, deux plumes fournies et colorées lui donnant un air inratable de hibou (et une ressemblance tout aussi inratable avec Yoyo). ”OH MY GOD”, s’exclame Calix en partant dans un fou rire incontrôlable, manquant presque de lâcher ce qu’il reste de sa part de gâteau déjà bien entamée en se laissant aller sur le dos, imitant ainsi son ami pour se tenir le ventre de sa main libre et continuer à rire de plus belle. Qu’est-ce qu’il aurait aimé naître métamorphomage, lui aussi, pouvoir changer la couleur de ses cheveux ou de ses pupilles sans avoir recours chaque matin à un sortilège ou à une potion, pouvoir déformer ses traits à son bon vouloir, pouvoir changer un ou deux détails gênants de son corps – mais il se contente de son affinité naturelle avec la magie de métamorphose, à défaut de mieux. ”That’s the–” Sa voix se meurt dans sa gorge, en même temps que son rire, au bruit sourd qui retentit à l’extérieur. Cette fois, impossible de se tromper ; il échange un regard rapide avec Tao en se redressant dans l’urgence. ”Uh, remember watcha said about the noise? – Hm-hm.” La fin de sa part de gâteau est enfoncée rapidement dans sa bouche (il mâche à peine avant de déglutir), et son autre main se saisit aussitôt de sa baguette. ”Don’t panic, but I think we’ve got company”, conclut Calix dans un semblant de gloussement après avoir tendu l’oreille et humé l’air – impossible de rater la forte odeur de magie qui se rapproche d’eux à une vitesse folle, et celle plus forte encore, animale, significative et reconnaissable entre mille, d’un lycanthrope.

Peut-être que si ses sens n’étaient pas en partie atrophiées par la drogue, Calix aurait pu anticiper l’explosion du mur face à eux – ce n’est, malheureusement pas le cas, et son coeur rate un furieux battement en voyant d’énormes débris rocheux se diriger droit sur eux, et il n’a pas le temps de lever sa baguette pour se protéger. Alors, son seul réflexe est de protéger son visage en croisant ses bras devant ce dernier, et d’accuser l’impact d’un projectile s’écrasant sur ses avant-bras (et déchirant au passage sa veste)(heureusement, sa peau aussi solide que de l’écorce, elle, est intacte). Mais ce n’est pas tant son vêtement abîmé sur l’instant qui l’inquiète que l’état de son ami, dont il perd un instant l’odeur sous les effluves de magie et d’explosion embaumant désormais la pièce. Il rouvre les yeux lorsque son dos rencontre violemment le sol, et une toux légère s’échappe de ses poumons remplis de poussière. ”Tao?! – Calix, you alrigh'?” Son regard est directement attiré par la voix paniquée de Tao, qui se relève tout comme lui avec difficulté – Tao va bien, tout va bien. ”Yeah yeah, all good here”, le rassure le vampire dans une expiration à moitié amusée – des explosions de ce type, il en a connu et déclenché des biens plus violentes. Cela n’enlève en rien la furieuse montée d’adrénaline dans ses veines face au choc, se mêlant au reste des substances lui faisant légèrement tourner la tête.

Miraculeusement, sa baguette est encore dans sa main, et lorsqu’il relève la tête, son regard tombe sur deux silhouettes menaçantes. Deux silhouettes drapées de l’uniforme de la VB. Really? Le (presque) jour de son anniversaire ? L’audace. ”Oh, hello! – Don't try anything funny!” La flic se veut menaçante, autant que le molosse marqué à la joue à ses côtés, qui montre déjà les crocs sans avoir de gestes dans leur direction pour le moment, et lorsque les yeux de Calix se posent sur ce dernier, un frisson d’horreur et de tristesse le traverse. Si seulement il pouvait le libérer, lui, et tous les Hounds, leur montrer qu’il existe autre chose, un monde où ils pourraient être respectés pour ce qu’ils sont, un chemin bien plus glorieux vers la liberté. Mais Numa lui a expliqué, il y a bien longtemps, que ces gens-là ont fait un choix – ils ne méritent pas sa compassion. ”Why not?”, demande Calix innocemment, un sourire sombre se dessinant au coin de ses lèvres. ”You don’t like to have fun? I know I like to have fun. – Keep your mouth closed! Hands where we can see them, both of you!”, beugle le lycanthrope en pointant Tao du doigt pour lui montrer qu’il ne l’a pas oublié, et docilement, Calix lève lentement ses deux mains en l’air, sa baguette toujours dans l’une d’entre elles. ”I think we should absolutely have fun. – Are you fucking deaf kid? – I mean, it’s my birthday! – Shut the fuck up and drop your wand, now! – And you sort of ruined it, hurting my friend and all that, but that’s alright! You know what could fix that? Fireworks! Don’t you just love fireworks?” Ils ne lui laissent pas vraiment le choix ; Callistus ne va certainement pas les laisser ruiner son anniversaire, ni les laisser blesser Tao davantage. Alors autant s’amuser un peu, pas vrai ?

La nouvelle injonction de la sorcière est couverte par le rire presque hystérique du jeune vampire, qui n’attend pas plus pour faire jaillir de sa baguette des explosions multicolores et surtout inoffensives, juste de quoi les surprendre, et perturber les sens affûtés du lycanthrope – les siens, tout aussi affûtés, sont habitués depuis longtemps à s’adapter aux explosions, quand bien même ils sont largement émoussés par la drogue. Il n’a, de toute façon, pas vraiment besoin de se concentrer, ne l’a jamais fait quand il s’agit de se battre ; il laisse plutôt son instinct et son esprit joueur prendre le dessus. Alors, c’est de justesse qu’il évite un sortilège fusant sur lui, en transplanant à l’autre bout de la pièce, juste dans le dos de la sorcière, dont il attrape sans réelle douceur la chevelure (ni réelle force, Calix a toujours été un bien meilleur duelliste que combattant, avec sa carrure de phasme) pour l’attirer contre lui. ”Boom.” Il le chuchote avec une excitation sensible dans la voix à son oreille, son bras le brûlant sous l’activation des glyphes ornant sa peau, remontant le long de son poignet, de sa main, pour atteindre sa baguette pointée entre les omoplates de la Handler. Un premier crac, suivi d’un premier hurlement, retentissent dans la pièce, et Calix a tout juste le temps de s’éloigner avant que des feu d’artifices ne jaillissent de la bouche, du nez, des oreilles de la sorcière. Il ne faut que quelques secondes pour qu’elle disparaisse dans une multitude d’explosions colorées et sonores, des gerbes de sang aspergeant au passage le vampire. Quelques secondes pendant lesquelles Callistus profite, satisfait, du spectacle. Quelques secondes laissant le temps au lycanthrope d’atteindre Tao.

Lorsque le vampire revient à lui, le Hound a immobilisé son ami, et tient sa baguette sur sa tempe. ”Freeze now or you can kiss your boyfriend goodbye, psycho!” Le regard du lycanthrope est affolé, tout comme peut l’être le souffle de Calix, déjà épuisé par ce premier sortilège lui ayant demandé bien trop d’énergie en cette période de l’année où il ne brille pas par sa forme. Il aurait simplement dû assommer la sorcière, et garder ses forces pour l’autre – c’était plus fort que lui. Et difficile de se concentrer, quand l’odeur délicieuse du sang étalé sur ses vêtements et sa peau commence à ramper jusqu’à ses narines, et son système entier. Son regard passe du loup-garou à Tao, puis de Tao au loup-garou, puis du loup-garou à sa baguette menaçant la vie de son ami. ”You’re both– – And now!”, l’interrompt Calix d’une voix essoufflée mais assurée. ”I’ve warned you! – For the grande finale!” Il peut sentir à cette distance la magie charger la baguette de son adversaire – son adversaire qui hésite, et qui laisse juste le temps à Calix de pointer la sienne sur lui, grimaçant un instant sous la brûlure de ses tatouages s’illuminant à nouveau pour concentrer ses dernières forces sur le sortilège (et sur : ne pas se tromper de cible)(ça lui est déjà arrivé, une fois, il ne recommande pas). Oh thank god – les yeux du lycanthrope s’écarquillent brusquement, avant d’exploser avec le reste de sa tête dans un son sourd, son corps tombant l’instant d’après lourdement sur le sol. Tout comme Calix, qui se laissent aller sur ses genoux, fermant les yeux un instant pour reprendre son souffle et calmer les battements furieux de son cœur. Tao va bien, tout va bien.

Quand il rouvre les yeux, la première chose qu’il voit est son ami, barbouillé de sang et de restes bien moins ragoûtants, et un rire de soulagement lui échappe, se faisant de plus en plus sonore et nerveux. ”Ew, gross!”, s’exclame-t-il en se laissant retomber sur les fesses, passant une main tremblante sur son visage souriant pour essuyer en partie le liquide poisseux qui s’y trouve. ”Now that was a party, wasn’t it?”, finit par demander Calix, étourdi par l’effort et par la retombée brusque de l’adrénaline.