tw: description graphique, bullying

"That was one of the most gruesome things I had ever seen. His arm was half hanging in the air and he was still breath..." Bairagi, qui venait d’ingérer une pochette de sang quelques minutes plus tôt, eut tout le loisir d’entendre avec une précision accrue les chuchotements du Handler penché en direction de l’oreille de Fitzroy, à la lueur de leurs Lumos – elle pouvait tout aussi aisément deviner le frisson de dégoût et de gêne coulant sur l’échine de ce dernier face à cette agression double. Son attention était néanmoins ailleurs : Bairagi retourna une caisse renversée où subsistaient quelques imperceptibles traces de magie, et un Rapeltout roula au sol dans un bruit de bille aigu, résonnant entre les quatre murs de la bâtisse (très vraisemblablement) abandonnée.

La planque avait été vidée au préalable – soit leurs informations étaient datées, soit les rebelles avaient été prévenus de la visite de la Brigade. Ne restaient que quelques objets anodins et l’odeur de magie flottant encore dans l’air, trop faible pour parvenir à suivre un fil d’Ariane qui les auraient menés jusqu’aux fuyards. "We should be done by now, if it wasn’t for that idiot." Bairagi jeta un coup d’œil au vampire à ses côtés – ce dernier fuit son regard, détournant nerveusement la tête. Nerveux ; c’était le mot d’ordre pour décrire son acolyte, dont les mâchoires serrées avaient brièvement attiré son regard quand ils s’étaient retrouvés, quelques heures plus tôt. "You don’t appreciate your Handler?" Bairagi se pencha pour récupérer le Rapeltout, l’examinant entre ses doigts gantés. "Bloody hell, I’d rather be dead." Son regard passa de la bille, qui avait gardé sa texture nuageuse, au vampire qui donna un coup dans l’une des caisses vides. "Why, do you?" "Personal opinions and likings have no place in professional matters." "Then why are you even ask…" "Found anything worth bragging about back home?" La main lourde de Gibbs s’abattit sur l’épaule de son Hound ; Bairagi se tut et fit disparaître le Rapeltout dans sa cape (en guise d’échantillon, ou de future décoration de bureau de son modeste studio partagé, à défaut de mieux), retournant à ses fouilles, indifférente au sort de son camarade, en soulevant une bâche à ses côtés. "How come the medic bloodsucker is more efficient than you, exactly? Need a hand maybe?" Un souffle magique tira vivement la bâche d’entre les doigts de la vampire, chauffant brusquement le cuir de ses doigts, soulevant un nuage de poussière enveloppant entièrement Bairagi, qui fut prise d’une quinte de toux vive, provoquant ainsi l’hilarité du Handler.

Elle s’extirpa de l’incommodant nuage de poussière pour sortir de la bâtisse, faisant peu cas de la fine pellicule pailletant ses cheveux et sa peau. Le Handler lui rappelait vaguement Lewis, songea-t-elle en retrouvant l’humidité de la forêt, les arbres morts entourant les lieux donnant un air lugubre en ce milieu d’hiver – puis Bairagi, soudain, sentit ses poils se hérisser sur sa nuque.

Plus rien. Le vide ; comme le cliquetis d’une lourde serrure qu’on venait de lui retirer, interrompant le bourdonnement continu de la cage invisible entravant son essence. Le fourmillement magique dans sa nuque s’était tu – ce n’était pas la première fois, depuis le début des perturbations fluctuantes au sein du Ministère, et son cœur chuta entre ses côtes en entendant résonner un cri à l’intérieur du bâtiment à l’abandon, où le halo des Lumos s’était éteint. Fitzroy.

"That was one of the most gruesome things I had ever seen. His arm was half hanging in the air and he was still breath..." Nils retient un tressautement de dégoût, se concentrant sur sa prise de notes (ou plutôt sa relecture, mais il avait remarqué que faire semblant d’écrire limitait souvent les interactions avec les autres handlers) (souvent as in, pas avec Gibbs). Depuis le temps, Nils avait pris l’habitude de faire semblant de prendre consciencieusement en notes ce que Gibbs lui disait. Ça n’était pas forcément son move le plus smart, du fait que ça ne faisait qu’encourager le handler à donner toujours plus de détails (Nils en était arrivé à se demander s’il n’en inventait pas la moitié). C’était justement ce qu’il venait de rajouter, la propension de Gibbs à s’étaler sur des détails sordides de ses missions, lui donnant l’occasion de traiter son vampire de bête sauvage, alors qu’il prenait lui-même un malin plaisir à se lancer dans de telles descriptions.

D’un autre côté, son vampire avait l’air au moins aussi mal luné que lui, du coup, peut-être que Gibbs n’avait rien inventé. Mais Nils ne s’inquiète pas trop; mal luné ou pas, Mark, le vampire de Gibbs, ne faisait pas le poids face à Bairagi. Cela faisait près de trois mois qu’ils faisaient équipe, bien que Nils ne se soit pas encore vu attribué le contrôle total de la marque de Bairagi (comme quoi Nils semblait incapable de se voir attribuer quelle que marque que ce soit) (too soon). En revanche, on lui avait refilé un bracelet en argent, gravé de runes qui étaient censées lui donner le contrôle sur Bairagi, bien qu’il ne s’en soit pas servi jusqu’à présent, cachant consciencieusement ce bijou un peu voyant sous ses couches de manches.
Si Mark n’arrivait pas à la cheville de Bairagi (d’après le classement de Nils) (qui classait bien évidemment la force des vampires et non pas leur physique, comme n’avait de cesse de suggérer Boris), Gibbs, lui, n’a pas l’air de s’empêcher de chercher des poux à Bairagi qui doit prendre quelques minutes pour récupérer son souffle, après que le handler lui ait secoué un drap sale à la figure, laissant Nils avec les deux butors de service.

Nils bat l’air poussiéreux du plat de sa main, époussète la fine pellicule qui s’est déposée sur son carnet. "That wasn’t your smartest move, Gibbs. - What’re you rambling now, bookworm?" Nils n’a pas les balls de répondre quoi que ce soit, il n’avait pas préparé de réponses de toute façon, il n’était pas habitué à ce qu’on l’entende se plaindre.
Et de fait, même s’il avait eu le temps de réfléchir à la répartie du siècle, l’extinction de leurs deux Lumos aurait tôt fait de lui clouer le bec.
"What the hell is going on??!" A côté de lui, il sent Gibbs qui s’agite, et, plus encore, Nils sent que Mark, lui, ne fait plus aucun mouvement. L’autre handler va pour rappeler son vampire à l’ordre. L’ordre n’a pas le temps de franchir la barrière de sa gorge qu’un cri, suivi d’un craquement, retentit.

Nils bondit et son dos s’écrase aussitôt contre le mur. Il prononce un Lumos à plusieurs reprises sans que ça ne produise aucun résultat. "Oh shit, oh shit, oh shit..." siffle-t-il, tandis qu’il devine dans la pénombre que Gibbs est en train de se débattre contre son vampire. Nils continue de progresser le long du mur, cherchant à se rappeler l’agencement de la pièce, et de fait, où se trouve la sortie la plus proche. Si sa magie ne fonctionnait plus, ça voulait dire que la marque des handlers non plus; jusqu’à présent, il n’avait que peu souffert des dysfonctionnements du Ministère et, si dans un premier temps, le déménagement du N9 (i mean, là où Otto bosse!!!) l’avait ennuyé comme tout le monde, il s’était pris de curiosité pour le travail de certains départements (pas celui d’Otto of course!!!!), beaucoup plus versés dans la recherche que l’exécutif ennuyeux de la VB (but still, c’était là où Otto bossait, so there’s no way he would join them ever!!!). Mais il semble désormais qu’il allait regretter ses inconvénients mineurs et/ou sa carrière professionnelle.

"Fitzroy!! Help me!!" beugle Gibbs, dont la gorge semble encombrée de sang et de bile. Nils ne répond pas, se faisant le plus discret possible, bien qu’il se doute que ça ne sert à rien face aux sens surdéveloppés du vampire en roue libre. Il sert son carnet et sa canne contenant sa baguette inutile dans une main, cherchant la fin de ce maudit mur de l’autre. "FITZROY!! If you don’t help me, I’ll fucking kill you!!!" Mais à ce stade, si Nils ne l’aide pas, c’est lui qui allait se faire tuer... Le jeune homme le régalerait bien de ce sordide trait d’esprit, mais tandis que les bruits de lutte se font de plus en plus forts, il atteint finalement la porte menant au couloir de l’entrée. Il s’y engouffre au même moment qu’il entend le corps de Gibbs s’effondrer au sol, mort ou assommé.

Mais Nils n’aura pas l’occasion de confirmer quoi que ce soit, puisqu’il s’élance, courant comme un dératé, sa gorge se libérant enfin, sa voix crissant: "Bai- Bairagi! Curran! Mark’s out of control!!" sans même imaginer une seule seconde que sa partenaire pouvait aussi bien être dans le même état.

tw: description graphique, sang, meurtre

Bairagi s’élança aussi rapidement que possible ; ses membres lui semblaient gourds, lourds, le bruit de ses pas assourdissant manquant de couvrir les cris de détresse résonnant à l’intérieur de la bâtisse. Ses sens crépitaient d’informations nouvelles, un manque soudain comme si on lui avait retiré le sang coulant (lentement) dans ses veines : plus de magie, rien, pas même le faible fourmillement de ses runes entravées par son glyphe de Hound. Plus de magie et un vampire remonté par des mois de servitude face à deux Handlers aussi inoffensifs que des nouveaux-nés – le cœur de Bairagi battait avec violence contre ses tempes habituées à la lenteur de son système, perturbant un peu plus l’équilibre branlant que cette absence brusque provoquait. "Bai- Bairagi! Curran! Mark’s out of control!!" Bloody hell, jura-t-elle intérieurement à la voix de Fitzroy, mutée en un écho inquiétant entre ses côtes – elle se précipita dans l’entrée noire comme la mort, sa vision nocturne faisant immédiatement le point sur la silhouette courant dans sa direction.
Les silhouettes courant dans sa direction.

"Fitzroy!"

Bairagi plongea sur le corps squelettique de son Handler temporaire, le dégageant de la trajectoire des crocs de Mark ; les crocs de Bairagi, eux, s’entrechoquèrent sous la dureté du sol, de moitié absorbée par Fitzroy sous elle, le choc dans les os du sorcier se répercutant jusqu’aux siens, ses doigts fichés dans les côtes du dos de Nils en un écrin protecteur. Elle tourna vivement la tête, alertée par l’odeur de sang trop proche – les sens de l’autre vampire étaient décuplés par son repas encore frais, qu’aucune magie dans le corps de Bairagi ne pouvait combler à présent. "Humpf!" retint-elle à la brûlure des canines de Mark dans sa chair – l’humiliation était cuisante, terrible, un geste aux consonnances grivoises qui lui tira un frisson de dégoût virulent et un violent coup de coude en se retournant contre son agresseur.

Un filet chaud coula du haut de son cou en de grosses gouttes poisseuses ; Bairagi se redressa prestement sous le battement lourd dans son épaule, ses doigts accrochant la lame fine dissimulée dans sa botte – Mark renchérit d’un coup de poing sur sa droite, ses mouvements trop rapides, trop précis, aiguisés par sa faim assouvie. "Of course you’re a sucker for these idiots", le sang sur son souffle titilla ses propres sens – Bairagi esquiva la balance du bras de Mark, se saisit de ce dernier pour ouvrir ses côtes et planter la lame argentée (invisible dans la nuit) entre ses côtes en un cri de douleur vif.

Bairagi profita du temps de battement bref, une demi-seconde tout juste, créé par la surprise de son attaque dans le corps de Mark ; sa lame se planta encore, encore, encore, encore entre les côtes du vampire avec une pression chirurgicale, avant de sentir ses ongles érafler sa joue, puis riper sa gorge – au bout de quelques secondes de ce ballet de mort, il y eut un borborygme et Mark s’effondra dans l’obscurité. Une flaque de sang teinta bientôt le sol aux yeux aiguisés de Bairagi ; elle essuya sa lame en un geste rapide, se détourna du corps, retrouva le regard égaré de Fitzroy dans la nuit. "He’s dead." Bairagi se pencha pour se saisir de sa main et y tirer pour le remettre sur pied -- ses muscles se crispèrent légèrement à la douleur lancinante sous sa mâchoire. "Are you hurt?" demanda-t-elle en coulant un regard sur Fitzroy dans l'obscurité afin de déceler les éventuelles blessures infligées par Mark, avant d'ajouter dans un sursaut de professionnalisme : "I will have a look at Gibbs." Bien que le silence lourd provenant de leur ancienne location soit éloquent - on n'abandonnait jamais un Handler derrière soi, indépendamment de son efficacité ou de sa personnalité.

C’est probablement une bonne chose que Nils ne voit pas Bairagi arriver et se jeter sur lui. Ça ne lui donne ainsi pas le temps de réaliser qu’elle pouvait être elle aussi hors de contrôle, et ça ne lui laissait pas le temps de se demander si elle allait le protéger ou le dévorer; il était persuadé qu’elle en était incapable, et, plus que les brunches encore, Nils détestait avoir tort.
Avant même qu’il ne réalise aussi qu’il était suivi, un poids lancé dans sa direction à la vitesse de la lumière (semble-t-il), le projette au sol. La longue tresse de Bairagi lui fouette le visage, et ses vêtements en cuir frottent contre les siens (it’s like two cowboys making out). Nils se cogne la tête à l’impact, et pense rester sonné quelques secondes à peine. Mais il faut croire que c’est ce qu’il suffit à Bairagi pour s’occuper de son adversaire.
Dans la pénombre, Nils ne voit pas grand-chose, si ce n’est les reflets de la minuscule lame dont Bairagi se sert pour se battre. Il sent des mouvements vifs lui passer parfois sous le nez, et ses doigts crispés au sol se referment de temps à autre sur une substance visqueuse qui pue le fer. Le fracas de la lutte est assourdi par le vacarme de son propre cœur pulsant à tout rompre dans sa poitrine; il y porte une main qui se referme en poing serré sur la fabrique de sa cape, dans un espoir un peu vain d’étouffer les bruits de son cœur, et par la même occasion, les flots de sang qui se propagent jusqu’au bout de ses ongles et de ses orteils.

Le combat est court, et Nils n’a pas besoin de voir clair pour savoir que Bairagi l’a remporté, grâce à sa précision chirurgicale. Il a toujours admiré, parfois même avec l’enthousiasme d’un nerd (comme dirait Siham), le savoir-faire (en français dans le texte) et la technique terrifiante du vampire (et de loin, à son humble avis, la meilleure). C’est que Nils s’était arraché les cheveux sur le massacre que perpétraient les vampires au cours de leurs missions. Dans le tiroir de son bureau, l’un de ses nombreux carnets renfermaient des pages couvertes de théories sur comment les vampires devraient mordre pour ne pas tuer leur victime ou plus simplement pour ne pas en foutre partout, ou de schémas de la forme que les canines des vampires auraient pu prendre, au cours des siècles d’évolution. Il faut dire qu’il avait eu le droit d’en rafistoler, des hémovores, et s’il y a un point commun qu’ils partageaient, mis à part cet affreux triangle rouge tatoué sur leur figure, c’était leur propension à saloper leurs affaires, du fait du sang éclaboussant partout sur eux. Peu surprenant que la majorité d’entre eux opte pour une garde-robe noire (mis à part Billy qui avait choisi de porter des chemises si bariolées que n’importe quel type de taches passait désormais inaperçu).

"He’s dead." Nils lève le nez vers la provenance de la voix. Leurs mains (gantées, what a shame) se referment l’une sur l’autre pour qu’il puisse se relever, et les semelles de ses chaussures manquent de déraper sur le sol crasseux. "Thanks, Curran, I— "Are you hurt?" Nils se tâte le manteau comme s’il cherchait ses clefs plutôt qu’une blessure. "I’m good, y— you? Se faisant, il tire sa baguette qui s’éclaire fébrilement, pour inspecter sa collègue, dont la longue tresse manque une fois encore de lui fouetter la figure, lorsqu’elle fait promptement volte-face, se souciant du sort de Gibbs. "W—wait, Curran, hold on! Nils trotte sur ses talons, son bras libre battant l’air pour lui attraper l’épaule. "I don’t think there’s anything we can do for Gibbs anymore…" Nils réalise que c’est en grande partie de sa faute, puisqu’il l’avait résolument abandonné entre les griffes du vampire. En ramenant sa main, il réalise que le cuir luit poisseusement. "And besides, you’re bleeding! Hang on!" Il sort de la poche intérieure de sa cape une fiole et des compresses. "Where did he bite you? are you ok? Can I check your wound?" Sa dernière question avait été posée moins précipitamment, et avec plus d’hésitation, alors qu’il désigne presque timidement le col de Bairagi, crevé par les traces de la morsure.