pensieve
you reached for the secret too soon, you cried for the moon.
threatened by shadows at night, and exposed in the light
★ Tilly est bruyante, agitée, toujours en train de penser au prochain plan. Et si elle passe son temps à étaler de mauvaises idées au grand jour, ce n'est pas de ces éclats de manigances dont il faut de méfier, mais bien de son silence: c'est là qu'elle les met en oeuvre. ★ On la pense plutôt piètre sorcière, mais il est difficile de savoir si c'est réellement le cas, ou si sa tendance à rêvasser (et à comploter), couplée avec une baguette qui lui obéit fort peu, ne serait pas plutôt à blâmer. ★ Non seulement elle a du front tout le tour de la tête, mais en plus, elle a la tête dure. ★ Elle parle et comprend l'italien et l'anglais, baragouine un français presque acceptable (à son plus grand déplaisir), et comprend la majorité de ce qu'on veut qu'elle comprenne en shelta (c'est pas la faute de n'avoir jamais essayé d'écouter aux portes). ★ Ce n'est pas vraiment qu'elle est bête... c'est qu'elle préfère utiliser toute sa grande intelligence pour faire des bêtises. ★
1991 21 mars. Naissance de la petite Mathilda Sacramoni: fille d'Atropos Sacramoni et de Carmichael Connaught, nièce favorite de Lucjan Sacramoni, filleule de Darragh Lynch et Chérie Brisbane. Élevée par un village, comme qui dirait. Pas la peine de se demander d'où lui vient ce caractère flamboyant, buté et malicieux: la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre, et il va sans dire que les multiples branches de l'arbre sont autant d'exemples de choix pour la gamine énergique et curieuse.
1993 Papa et maman se séparent à l'amiable, mais Tilly n'en a pas conscience. Ses deux parents sont toujours là, et c'est bien tout ce qui compte. À l'été, ils emmènent la petite en vacances à la mer, avec Lucjan. Elle adore l'eau, barbotte pendant des heures sous les yeux attentifs de ses parents, s'éblouit des châteaux de sable (et des tas informes qu'elle assemble avec fierté).
1995 Papa quitte, mais visite souvent: peu importe. Tilly pleure, réclame, tempête, puis se résoud à bouder. Le visage grognon, le silence buté, les
non à répétition jusqu'à ce que ses parents cèdent, mais pas de la façon qu'elle croit. Mike l'emmène pour une petite virée
dans la famille, et lui fait découvrir les dessous de la fabrication de fausse monnaie. La petite n'y comprend rien, pose des questions sans arrêt, et se met en tête de faire ça, elle aussi, quand elle sera grande. Si la lubie finira par passer, l'idée de bosser avec son père ne sera jamais bien loin, dans son esprit.
1996 Un accès de colère, un pied tapé rageusement au sol, et tous les jouets, cadres, peluches, et autres babioles de sa chambre tombent d'un coup - sa mère la trouve au centre de la pièce, l'air hébété, jurant qu'elle n'a rien fait.
Vilaine petite sorcière. 1997 On ne lui explique pas tout, mais elle sent la lourdeur, le chagrin, l'inquiétude. Elle se met à pleurer incontrôlablement quand on lui dit qu'elle ne reverra plus Ines. Chérie lui manque. Malgré tous les efforts pour continuer comme si de rien n'était, quelque chose a changé - elle le voit dans les regards inquiets, dans les chuchotements furieux qu'elle perçoit alors qu'elle devrait être couchée. Rien ne sera plus jamais comme avant.
1999 Elle rencontre Caitriona lors de vacances avec son père. Elles ont le même âge, les mêmes intérêts - mais là où Tilly est impulsive et bravache, Cait est raisonnable et posée. Si les premiers espoirs de leur parents portent vers la bonne influence de Cait sur Tilly, ils déchantent rapidement: Catriona apporte une certaine
logique aux idées désordonnées de Mathilda et aide parfois à minimiser le risque, mais se laisse volontiers embarquer dans toutes ses bêtises, avec un intérêt parfois scientifique pour les résultats obtenus. À deux, elles sont encore plus
terribles (et efficaces).
2001 À peine le temps de faire sa valise, et ils sont déjà sur la route. Les explications viennent au compte-goutte, alors qu'elle empile ses vêtements et sa peluche préférée et son journal (écrit dans une variation du code élaboré par sa mère, histoire de), et qu'est-ce qu'elle oublie ? Il est évident qu'elle oublie quelque chose, et
du sang selkie ?! Tilly argumente (ça n'est pas possible, et puis pourquoi ils la pourchasseraient pour si peu ?) mais c'est plutôt pour la forme: elle sent l'inquiétude et la frayeur irradier de sa mère, trahie par sa posture tendue, par les geste nerveux alors qu'elle lui tend quelques nécessités.
La vie de fugitive ne lui va pas si mal. Tilly l'intrépide s'adapte plutôt bien à cette vie secrète, du moins les premiers temps: le danger est réel et manque les rattraper plusieurs fois. Mike décide de l'envoyer en sûreté, pour un temps, le temps que les choses se calment, après une échappée
in extremis. Mathilda voudrait argumenter, mais il lui faut bien admettre qu'à son âge, sans baguette et sans l'autorisation de pratiquer la magie (et avec, soyons honnête, fort peu de capacités en la matière) elle accepte avec moult grognements de ne pas faire d'histoires et d'aller se planquer au fin fond de la France. Si les premières semaines sont tolérables, alors qu'elle se dit qu'on viendra bientôt la chercher, les mois qui suivent se font de plus en plus longs, ennuyeux, et effrayants. La famille qui l'accueille est d'une surprenante gentillesse, mais rien n'arrive vraiment à la faire sentir à sa place.
2002 La rentrée à Beauxbâtons est... étrange. Difficile, mais adoucie par la présence de Cait, qu'elle n'a pas vue depuis 2000. Cait l'épaule, écume avec elle les journaux et les émissions cristal qui traitent du Royaume-Uni. Lorsque la mère de Cait est arrêtée, elle se faufile dans le lit de son amie et y reste toute la nuit. L'inquiétude la ronge d'autant plus pour sa mère, son père et Lucjan, même si les lettres d'Attia se font (plutôt) rassurantes. Les premiers mois sont comme un drôle de rêve, quelque chose qui tiendrait presque du cauchemar: Tilly s'obstine, résiste, comme si la simple force de sa volonté (et de son mauvais caractère) pouvait obliger le monde à tourner
droit. Elle finira bien par se rendre à l'évidence.
2004 «
Tu ne le fais pas correctement. » L'adolescente darde un regard agacé vers sa gauche, sans répondre. Sa baguette est fraîche entre ses doigts, un peu trop longue, la poignée un peu trop... ou bien pas assez... elle n'en sait rien. Elle inspire un coup pour se calmer, pour tenter de contrôler une (énième) explosion, la frustration de ne rien faire comme ses camarades de classe de plus en plus difficile à porter. Elle recommence, s'applique à exécuter le mouvement de baguette avec perfection, la prononciation du sort (en français, ugh) longuement pratiquée avec Cait:
rien. Toujours rien. Le liquide mijote toujours paresseusement dans le chaudron, toujours d'un marron peu ragoûtant et non pas du vert vibrant qui signale la réussite du processus.
Dans un accès de colère, le mouvement se fait sec, l'incantation se teinte d'un épais accent anglais, et la potion explose dans un geyser jusqu'au plafond, avant de retomber en une pluie brûlante (métamorphosée en bulles de savon par le geste rapide de leur professeure de potions). Tilly abandonne le chaudron renversé, son manuel irrécupérable, et quitte la salle de classe sans un mot et sans regarder en arrière.
2006 Un cauchemar sans souvenirs, un sentiment sans définition. L'Outretombe se révèle lentement, petit à petit, alors que Mathilda ne sait rien de son existence. Elle blâme le changement de saison, les examens qui approchent, la fatigue de la tentative d'animagie en cours, qui la garde éveillée plus que de raison. Elle est loin de s'imaginer que ce qui l'attend est bien pire que quelques chuchotements incompréhensibles, et y prête autant d'attention qu'aux formes étranges qui se forment aux limites de son champ de vision. Le stress et la fatigue, rien d'autre. Une autre belle surprise en perspective.
2007 Le
plan a été monté avec minutie. Discuté, de long en large, entre leurs cours, dans la bibliothèque, dans les toilettes au beau milieu de la nuit. Cait a balayé de remarques acerbes les idées dangereuses de Tilly (même s'il est plus honnête de dire qu'elles sont
toutes dangereuses), envisageant le plus de scénarios possibles jusqu'à isoler celui le plus probable de réussir. Accompagnées de quelques ami.e.s, pour la plupart dans la même situation qu'elles, les deux adolescentes parviennent à établir un réseau surprenamment efficace, établissant même contact avec un passeur par la famille d'un.e autre étudiant.e (à la condition que ce.tte dernier.e puisse quitter avec elles).
Le passage se déroule sans encombre (
trop bien, avec un peu de recul), et le petit groupe rejoint le Royaume-Uni après une demi-journée de voyage. Son job terminé, le passeur les laisse avec une poignée d'indications pour atteindre une chaumière abandonnée où ils pourront s'arrêter quelques temps et planifier la suite des choses (ils auraient dû s'en méfier, tiens !). Leur carte, achetée dans un bureau touristique moldu, n'est que peu utile jusqu'à ce qu'ils réussissent à repérer l'une des routes qui y est indiquée (un sortilège de localisation les trahirait instantanément, réplique Cait lorsque Tilly le suggère).
Ils n'en auront pas besoin.
C'est l'Ordre qui les récupère la nuit suivante, alors qu'ils somnolent de l'autre côté d'un muret de pierre décrépit, à une courte distance de la route. Elle ne croit à rien de ce qu'ils lui disent, et les suit à contrecoeur, déjà en train de mijoter sa fuite. Direction la Fawkes pour les petits aventuriers (inconscients, imprudents, qu'est-ce qui leur est passé par l'esprit ?), au plus grand désespoir de Tilly, qui se voit encore une fois prise au piège, loin de ses parents, même si en sûreté (elle les croit, maintenant qu'elle y a retrouvé Lou).
Ils ne pourront pas la garder là pour toujours.
Elle saura choisir son moment.
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