Former Muggle House - Juin 2007 Inès fait une dernière fois le tour des lieux avant l'arrivée de son client, histoire d'être bien sûre de n'avoir raté aucun détail.

Nova a fait un travail phénoménal, comme d'habitude. Il serait véritablement impossible pour quiconque de deviner que des moldus ont un jour vécus ici. Bien sûr, certains savent la spécialité d'Inès, savent où et comment elle parvient à dénicher ses perles de l'immobilier jusqu'à lors inconnu du monde magique. Mais même pour ceux là, c'est toujours mieux si ce passé moldu est caché, maquillé, oublié. Personne n'a envie d'être rappelé de cela. Du coup, pour chaque client, c'est toujours un peu du cas par cas mais elles savent toutes deux s'adapter et il n'y a encore jamais eu d'incident.

Dans ce cas précis, Nova a sorti le grand jeu, habillant le manoir comme n'importe quel manoir de sang-pur digne de ce nom, les bibliothèques pleines à craquer des derniers best seller et classiques de la littérature puristes. La télé a été remplacé par une boule de cristal, et elle a même installé un laboratoire d'alchimie à la place du bureau. Le but est de ce projeter et là, il est clair que Nova s'est surpassée.

Inès se note de lui en toucher deux mots quand elle la verra puisqu'elle n'est pas avec elle pour la visite. Là encore, la présence de Nova lors des visites dépend des clients. Inès ne prend en général pas vraiment la peine de cacher son assistante, loin de penser que sa présence est une insulte pour les clients lambda. Pour certains clients par contre - les plus prestigieux - elle fait tout de même un effort, les hybrides n'étant pas forcément des gens qu'ils veulent voir arpenter leur (peut être) future demeure.  

C'est encore plus le cas avec le client du jour, quand on sait que son mariage a été attaqué par des hybrides, justement, il y a à peine quelques semaines de ça.

"Mr Travers, hi, come on in," elle le salue quand il arrive, en arborant son sourire de commerciale - sourire qu'elle a longtemps cherché mais qu'elle maîtrise parfaitement aujourd'hui. "We'll take a look at the garden later but first, let me show you inside." Elle le guide jusqu'au salon aux murs recouverts par une tapisserie censée donner l'impression que le manoir est dans dans une famille de sorciers depuis plusieurs générations. "Of course, the decoration is only there for you to project yourself but nothing is set in stones."

Former Muggle House - Juin 2007 Depuis le guet-apens sournois dans lequel Freya t’avait attiré pour mieux arranger une rencontre entre Jarod et toi, prétextant te donner rendez-vous pour la visite de votre nouvelle demeure, tu avais pris la décision de te charger de ce projet tout seul. Cette fois-ci, dès lors que tu trouverais une propriété digne de votre rang, ce serait toi qui convierais ton épouse à la visiter et non le contraire. Hors de question, de te faire une nouvelle fois la victime de son piège. Tu l’aurais bien crue capable de te contraindre à renouer avec Azaël, ou pire, à te rendre sur la tombe de ta première épouse pour faire acte de repentance.

De par tes fonctions auprès du Lord, tu avais fait la connaissance d’Inès Keo-Prince, une femme tout à fait remarquable. En plus d’être une fidèle du gouvernement et de porter fièrement la Marque, elle était aussi une agente immobilière redoutable. A en croire les récits de tes pairs, elle était capable de dénicher la perle rare pour chacun de ses clients. Peu importe le nombre de résidences secondaires soigneusement préservées entre les mains de l’élite sorcière, Inès parvenait toujours à tomber sur de somptueux manoirs destinés à la vente. Parmi les rangs des mangemorts les mieux informés circulaient quelques rumeurs quant à la façon dont la future épouse de Corban s’y prenait pour dénicher tous ces biens. Mais toi, tu n’avais que faire des racontars. Tout ce qui t’importait à l’heure actuelle était de trouver une nouvelle demeure, qui ne serait pas une résidence secondaire de ta famille, et qui ne te rappellerait pas l’invasion hybride lors de ton mariage. A propos de mariage, tu avais bien reçu l’invitation de Yaxley (qu’on avait sûrement dû soumettre à l’Imperium pour le convaincre de t’en envoyer une) à la cérémonie qui aurait lieu quelques mois plus tard. Et tu commençais déjà à réfléchir à une bonne excuse pour ne pas t’y rendre. Corban ne t’aimait pas, et toi tu n’aimais pas Corban. Il n’y avait rien à dire de plus sur le sujet. Évidemment, tu ferais envoyer un cadeau suffisamment onéreux, au moins par respect pour Inès.

A peine arrivé sur le domaine, ton hôte t’accueille, un large sourire juché sur les lippes. Tu fais de ton mieux pour étirer poliment les lèvres, alors que tu lui tends la main. “Miss Keo-Prince, I’m curious to see what you’ve found for us.” Le choix de tes mots tempère nettement la véritable impatience qui t’anime à l’idée de découvrir ce qui sera peut-être votre nouveau manoir. Loin d’être un homme particulièrement expressif, tu risques peut-être de déconcerter Inès de temps à autre durant votre visite. Et pourtant les abords de la propriété, baignés dans cette chaude lumière de fin d’après-midi ne te laissent pas de marbre. Pour l’instant, ta première impression est tout à fait positive. Mais ne mettons pas la calèche avant le sombral. Sans un mot de plus, tu te lances à la suite d’Inès et entres dans la demeure. Ton regard inquisiteur de mangemort, chef de la BPM de surcroît, se pose sur les moindres recoins qui te sont donnés de voir. La décoration d’un autre âge, que mentionne Inès, laisse supposer que le manoir est entre les mains d’une longue lignée. Mais peu importe, quelque chose te dit qu’avec Inès Keo-Prince, on ne pose pas de question sur les anciens propriétaires. “That’s fine for now. I guess my wife will redecorate the whole manor anyway. She’s not really into this old fashioned pureblood style.” Tu étais bien la seule exception à cet aveu à propos des goûts de ton épouse. Et bien que tu conserves cette dernière remarque pour toi, elle suffit à étirer tes lèvres en un mince sourire, que tu prétends alors adresser à ton interlocutrice. “Do you know her actually? She also was a Ravenclaw.” Oui, tu avais bien mené quelques petites recherches avant de t'octroyer les services d’Inès. Et bien qu’elle ait quelques années de plus que Freya, il n’aurait pas été impossible qu’elles se soient croisées dans les couloirs de l’école.

Marlon Travers fait partie de ces gens dont la réputation les précède et Inès doit bien avouer qu'elle était très curieuse de se retrouver seule en face de lui. Bien sûr, ils se sont déjà rencontrés par le passé, à divers événements, réunions, ou autres, mais si leurs chemins se sont croisés, on peut sans aucun doute compter sur les doigts d'une main les mots qu'ils ont pu s'échanger. Après tout, Travers fait partie de l'Elite, un homme important au travail important qui fait des choses importantes. Si Inès ne l'avouera jamais à haute voix - toujours aussi fière, comme le veut sa mère - Travers l'intimide presque autant qu'il l'intrigue et ainsi, elle sait que cette visite là, elle ne peut pas la rater. Le simple fait qu'elle ait autant envie de l'impressionner en dit long sur l'aura que peut dégager Marlon Travers. Peu de personne ont la capacité de faire ressortir la préfète, première de la classe, qu'Inès était à Poudlard et n'est plus depuis bien longtemps.

"Miss Keo-Prince, I’m curious to see what you’ve found for us." Inès lui adresse un petit sourire secret. "I'm sure you'll be pleased."

Cela fait plus d'une semaine qu'Inès s'est débarrassée des moldus qui vivaient là auparavant mais leurs souvenirs lui reviennent aisément. Un vieux couples d'aristocrates anglais bien trop heureux de l'accueillir chez eux pour lui parler de la grande et incroyable histoire que possède cette maison. Et c'est d'ailleurs presque avec malice qu'elle se fera un plaisir d'utiliser cette même histoire - remaniée, bien sûr - pour appâter Marlon.

"That’s fine for now. I guess my wife will redecorate the whole manor anyway. She’s not really into this old fashioned pureblood style." Inès veut bien la croire. Elle apprécie le charme des traditions autant que n'importe qui d'autre au sein de la société sorcière, mais quand on en vient à ses goûts personnels, elle penche plutôt vers la modernité, sans nul doute l'un des vestiges de sa vie passée avec Dorian. Souligner son accord semble être un choix maladroit au mieux, risqué au pire, alors Inès reste silencieuse, laisse le client parler parce qu'elle sait que c'est ce qu'ils préfèrent en général - la laisser s'effacer pour prendre les devant. "Do you know her actually? She also was a Ravenclaw."

Pas vraiment. Freya était plusieurs années en dessous d'elle et Inès ne faisait déjà pas beaucoup attention à ses camarades de promo alors ceux des autres années... Elle sait tout de même qu'il s'agit d'une Abbott et rien qu'avec ça, Inès peut facilement trouver quelque chose à dire. "I believe we've met a few times. A brillant woman from a brillant family," elle commente, pendant que Marlon semble s'imprégner des lieux. "You make a lovely a couple," elle tente le compliment, se retenant de le féliciter pour ses noces. Cela semblerait de mise dans une telle situation mais Inès n'est pas sûre que parler de l'attaque soit une bonne technique de vente.

"If she doesn't appreciate the traditional homedecor, she might still enjoy the rich history of these walls," Inès commence alors son histoire fabriquée de toute pièce. "This manor was built by a the Gaunt family in the 16th century, and it was passed from fathers to sons for decades until the family fell from grace and ended up selling it to a family of half-blood arrivists," elle explique avec une grimace, échangeant sans grand mal les termes "marquis" et "nouveaux riches français" par "sang-purs" et "sang-mêlés." Elle détaille sans soucis les péripéties que le manoir a pu rencontrer comme s'il s'agissait d'une entité à part entière et elle est incapable de ne pas se demander de ce que Dorian penserait de sa façon de construire et raconter ses histoires. "Eventually, the manor was abandonned by the last family that occupied it in 1996. We don't know what happened to them but I was granted the deed to restore it to its former glory. Such estate like that deserves a family like yours."

"As you can see, it is house-elf friendly," Inès poursuit en guidant Marlon vers la cuisine où Nova s'est assurée que les elfes de maison pourrait travailler sans peine. "I assume you own a few?" Ce qu'il y a de bien avec les sang-purs, c'est qu'on est toujours à peu prèt sûr de savoir sur quoi miser, les diverses histoires familiales étant racontées presque aussi fréquemment que des contes pour enfants.

Former Muggle House - Juin 2007 Tu te laisses volontiers guider à travers la demeure, dont la splendeur ne te laisse pas tout à fait de marbre. La décoration a beau être d’un autre temps, elle trahit néanmoins le faste, dans lequel la propriété semble avoir prospéré durant des décennies. "I'm sure you'll be pleased." La conviction de l’agent immobilier t’arrache un mince sourire. Les raisons de votre présence ici ce soir étant d’ordre privé, tu en aurais presque oublié que tu avais affaire à une mangemort, de sang-pur, qui plus est. Aussi son assurance paraissait-elle légitime. Tu étais d’ores et déjà curieux de voir si sa franche conviction saurait se montrer à la hauteur de tes attentes.

Alors que tu interroges Inès sur ses éventuelles relations passées avec Freya (comme dans une sorte de désir malsain de rassembler toujours plus d’informations au sujet de ton épouse), sa réponse te laisse un instant sans voix. Es-tu parfaitement certain d’avoir bien entendu ? Le qualificatif utilisé pour décrire votre couple te crispe quelque peu. Si ton visage avait été capable de revêtir un autre teint que celui d’une endive pas mûre, tu aurais certainement rougi.  “Indeed, she’s a lovely woman.” Tu reprends l’adjectif utilisé par Inès, tout en prenant bien soin de t’exclure de cette description, un peu trop édulcorée à ton goût. D’autre part, tu ne manques jamais une occasion de vanter les mérites de ton épouse auprès du premier venu, afin d’éloigner toute éventuelle suspicion à son égard. Tu sais pertinemment que Freya déteste être considérée comme une petite chose demeurant sagement à sa place, et pourtant telle est la couverture que l’agent-double avait décidé d’adopter. “Oh by the way, I’ve heard you got engaged to Corban. Congratulations.” Si les félicitations sont de mise, tu fournis néanmoins l’effort minimum pour les prononcer à voix haute. Le ton de ta voix parvient tout juste à cacher le désintérêt que tu éprouves à l’égard du sujet.

A la mention de la lignée des Gaunt, dont tu connaissais particulièrement bien le dernier descendant, il t’est alors difficile de rester aussi impassible que d’ordinaire. “What a pity.” Le dégoût et la déception, que tu éprouves en apprenant que la famille fut contrainte de vendre la propriété à de vulgaires sorciers de sang-mêlé, se font parfaitement ressentir dans le ton de ta voix. Maintenant qu’Inès avait trouvé l’accroche imparable pour gagner toute ton attention, tu attendais la suite de son récit avec une impatience que tu peinais à dissimuler. “They left in 1996? Well they probably joined the Order. Do you know the name of that last family?” La demeure avait beau avoir de sérieux atouts, tu ne souhaitais pas passer après n’importe qui. Si les derniers habitants s’avéraient avoir été des hybrides ou des nés-moldus, tu ne pourrais certainement pas en faire l’acquisition. L’odeur pestilentielle que ces gens-là portaient sur eux ne s’évaporaient jamais complètement. Quant aux traces de leur magie si crasseuse, n’en parlons même pas…

La cuisine est spacieuse, rutilante. Oui, elle serait parfaite pour les elfes de Travers Households. “Yes I own a few, of course.” Tu ne disposais certainement pas d’autant d’elfes que tu l’aurais souhaité (ton épouse étant étrangement contre leur exploitation), mais en tant qu’héritier de la lignée qui avait le monopole sur la vente de ces bestioles, il fallait bien sauver les apparences. N’ayant pratiquement jamais franchi le seuil de la cuisine de ton manoir actuel, tu reportes ton attention sur les autres pièces de la propriété. “How many bedrooms are there? We enjoy receiving our relatives.” Faux. Tu évitais les repas de famille comme la dragoncelle, et Freya avait pratiquement rompu tout contact avec les Abbott, afin de les protéger des affres de sa double vie. Si tu avais évoqué ce prétexte-là, c’était dans l’unique espoir qu’Inès n’évoque pas la moindre chambre d’enfant. Prendre les devants pour esquiver les sujets sensibles était certainement l’une des stratégies les plus sous-estimées qui soit. “I also need some private space, like a special room to keep some secrets safe.” Inutile d’en dire davantage, la marque qui trônait sur le bras d’Inès te persuadait qu’elle saurait immédiatement à quoi tu faisais référence.

Former Muggle House - Juin 2007Tu écoutes attentivement les histoires qu’Inès te conte au sujet de la demeure. Si tu as la politesse de ne pas laisser tes émotions glisser sur ton visage, tu ne peux t’empêcher pour autant de ressentir un dégoût certain alors qu’elle évoque le sang-mêlé des précédents habitants du manoir. “I see.” Le ton monotone et le manque certain d’enthousiasme suffisent à lui signifier que tu préférais ne pas t’étendre davantage sur le sujet. “Please send the report to my assistant, Louis. He’ll have a look at it.” Tu étais trop occupé pour passer une check-list en revue, ou même pour te souvenir du véritable nom de ton assistant, que tu avais renommé Louis, dès son premier jour, pour te donner l’illusion de dominer ton frère aîné par intermittence.

Inès te rattrape rapidement alors que tu quittes déjà la cuisine, pièce dans laquelle tu passes d’ordinaire le moins de temps. Alors qu’elle s’applique à répondre à tes interrogations, Inès reprend la tête de la visite et t’invite à sa suite. “Well, it is quite smaller than the properties I’ve lived in.” Si tu avais toujours été habitué aux vastes pièces s'enchaînant à perte de vue les unes après les autres depuis ta plus tendre enfance, c’était aujourd’hui une tout autre raison qui te poussait à apprécier les grands espaces. Durant tes onze années de détention à Azkaban, tu avais développé une sainte horreur des endroits étriqués, qui te donnaient la sensation d’être prisonnier entre quatre murs. “But I guess, my wife will prefer it this way.” Après tout, avant votre mariage, Freya habitait un simple appartement sur les bords du canal, et elle semblait en apprécier la sobriété. En outre, un manoir possédant quatre chambres et trois salles de bain ne pouvait décemment pas non plus être qualifié d’espace étroit. Inès, qui t’avait jusqu’alors emboîté le pas, te laisse finalement entrer dans la chambre en premier. La pièce gorgée de lumière abrite plusieurs fenêtres, qui offrent un magnifique panorama sur le paysage environnant. “Freya will probably enjoy the view over the garden.” Une façon détournée d’exprimer ton propre avis sans donner l’air d’émettre un compliment. Il ne faudrait pas non plus qu’Inès s’imagine que tu étais un client se laissant aisément convaincre. Néanmoins, il fallait bien avouer que cette première chambre, avec sa salle de bain attenante, avait de quoi impressionner les acheteurs les plus pointilleux. Tu t’attardes quelques instants dans la pièce et tentes de t’y projeter. Serait-ce là un bon endroit pour faire des cauchemars ? Oui certainement. Après chaque réveil en sursaut, tu pourrais aller te passer de l’eau froide sur le visage et en revenant te coucher, tu observerais la lumière de la lune éclairant le parc. Et peut-être qu’ensuite, tu parviendrais à te rendormir.

“The office space in the library sounds interesting. But please, don’t tell Corban anything about it.” Une simple remarque énoncée sur le ton de l’humour, pour rappeler à demi-mot cette rivalité perfide qui t’opposait à Corban, et qui n’était un secret pour absolument personne. Oh bien sûr, loin de toi l’idée d’inviter Yaxley à dîner, mais sait-on jamais, si pour une raison ou une autre, il venait à se retrouver dans ce manoir, tu préfèrerais qu’il ne sache rien de ta fameuse pièce secrète. Cependant, peu désireux de froisser la future épouse du concerné, tu reportes finalement ton attention sur elle et lui laisses entrevoir une once de ta curiosité. “You seem to love your work. How does it come that someone who studied spirit magic eventually decides to become a broker?” Tu n’aurais jamais confié la recherche de ta future demeure à Inès sans avoir mené quelques recherches au préalable sur son passé.