Nez tourné vers le soleil en bon tournesol, il finit par sortir ses lunettes teintées pour le parfait petit look de bavbouleur professionnel (l'éblouissement ne lui ferait louper aucun coup). Il réajuste le col de sa chemise, enlève quelques brins d'herbe de son pantalon avant de le remonter un petit peu pour pas en pourrir le bas avec la terre. Les bavboules, ce n'est pas comme le quidditch. Les bavboules, c'est le style avant tout (et l'incompréhension générale). Les bavboules, c'est la passion sans l'intéressement (si on est cupide, on ne devient pas champion de bavboule alors que les champions de quidditch... à bon entendeur). Les bavboules, c'est encore mieux que les hauts et les bas du football américain. Un jour, il a fait une intervention initiation aux bavboules à l'école des petits sorciers là, il leur a expliqué tout ça et les gamins lui ont ri au nez. Conclusion : les gamins ne comprennent rien à la noblesse du sport mais Noris ne leur a pas dit parce qu'il a le sang trop crade pour se la ramener même face à des mioches de sept ans. Il a aussi certainement le sang trop crade pour être agent de joueurs de quidditch professionnels même si c'est pour des activités parallèles mais c'est pas grave parce que ce qu'il a, c'est le talent aux bavboules et c'est une certaine forme de supériorité (oui oui). Là, quand il lance une boule, il a la grâce du demi-dieu moyen ainsi que l'assurance que nul ne pourra jamais le faire chuter de son piédestal (parce qu'ils ne sont pas très nombreux à essayer déjà). Noris Sanders, champion inégalé de Bavboules, ex-star de la crystalréalité, propriétaire du chien le plus mignon du monde, bientôt mannequin. Et il fronce les sourcils très fort quand Jules les mentionne. C'est qu'à la fin, c'est trop facile de toujours faire les mêmes blagues. "Bah non pas de sourcils." "Je rigole !" Il le sait bien, mais ça se voit que c'est pas Jules qui se faisait bizuter en primaire à cause de ses sourcils en accents circonflexes (après, il a pris plus de centimètres que tout le monde donc les gens ont commencé à la fermer). Noris pousse un léger soupir (les joueurs de quidditch n'y comprennent vraiment rien) avant d'en revenir au jeu. Son tir est parfait, Diva jappe de contentement avant de se rouler dans l'herbe. Pourvu qu'il n'y ait pas de tiques qu'il songe avant de prendre une gorgée de bière et de réajuster ses lunettes qui lui ont glissé du bout du nez. "Oui je vais faire des castings" dit-il d'un ton faussement modeste. "Mais Laurel m'a déjà embauché pour sa marque et vu que je vais avoir une interview sur la BCBC dans pas très longtemps, je n'en aurai peut-être pas trop besoin." C'est ça d'être trop fab.

Contrairement à elle, Noris avait toujours aspiré à la célébrité. Il n’aimait pas passer inaperçu et encore moins qu’on puisse sous-estimer ses qualités. En s’amusant sur ses sourcils, Jules réalisa rapidement qu’elle avait touché une corde sensible et s’excusa automatiquement avec sa tête de corgi. La blonde pratiquait l’autodérision et pouvait éprouver quelques difficultés à comprendre les limites de certains. Heureusement, le plus jeune ne s’attarda pas trop longuement sur le sujet, sûrement habitué au manque de tact de la joueuse de quidditch.

Bien que le monde de la mode lui paraissait extrêmement complexe et cruel, Jules était sincèrement heureuse de voir son ami s’approcher d’un idéal tant souhaité. Même si la célébrité apportait son lot de problèmes, elle ne doutait pas un seul instant que Sanders avait la tête assez solide pour les affronter. Si cette voie le rendait heureux, alors elle ne pouvait que l’encourager. Le sourire qui s’accrochait au visage de la gardienne en disait long sur son enthousiasme. « Wouah, j’ai trop de chance de traîner avec une étoile montante. » Jules jouissait d’une popularité certaine, pour autant, elle n’appréciait pas forcément ce statut. Certes, il lui permettait de protéger indirectement son père et sa mère, mais lui coûtait beaucoup de liberté.

Jules enviait parfois ceux qui pouvaient se rendre dans un simple restaurant pour un date. Lorsqu’elle le faisait, elle se retrouvait bien trop souvent entourée de paparazzis, curieux de savoir si la personne en face d’elle était son ou sa compagne. Des situations gênantes qui la poussaient à recevoir ses amis principalement dans sa maison, ou dans des coins plus tranquilles comme celui-ci. « Tu ne m’oublieras pas quand tu seras en haut ? Même si je ne suis pas MODE ! » La blonde ne doutait pas une seule seconde que son ami aurait un milliard de choses à dire sur son style vestimentaire. Elle semblait, bien trop souvent, sortir des années 80 moldus et ressemblait à un arc-en-ciel géant.

De toute manière, avec son métier, elle se trimballait presque toutes les journées en tenues de sport. Raison pour laquelle, Doherty ne faisait pas d’efforts notoires. Si un jour elle devait choisir une tenue d’exception, elle frapperait, sans aucune hésitation, chez Sanders.« Tu vas faire des défilés ou juste des photoshoots ? » La question était loin d’être anodine. Si Noris venait à défiler sur les podiums, Jules voulait des places pour l’encourager (ce qu’il ne voudra sûrement pas). Loyale, comme tout poufsouffle qui se respecte, Jules voulait être là pour ses amis, même si cela la poussait à pousser des portes jusqu’ici, bien fermées. La mode n’était pas son monde, mais pour Noris, elle pouvait bien faire un effort.

Il a viré rouge crevette et ce n'est pas à cause du soleil qui tape sur sa peau de gallois blanchâtre. Il rend son sourire à jules, hoche la tête, minaude presque. "Une étoile ? Peut-être pas quand même. Puis t'es pas mal aussi dans l'style Jules !" Voir elle est mieux que lui, star du quidditch a plus de gueule que champion de bavboule ascendant perdant d'émission de crystalréalité (ce qui est injuste selon Noris). Il ne fait pas l'affront de râler sur ce point alors que la roue qui tourne a tourné et il s'apprête à commencer une nouvelle carrière dans le mannequinant parce que le monde (sa pote) reconnait enfin son statut de bg de la night. Un peu plus loin, Diva trottine jusque dans le cercle tracé et commence à déranger les bavboules. Dans d'autres circonstances, son maître aurait râlé mais là, elle s'est roulée dans l'herbe au point qu'elle en est verte et qu'elle a une feuille collée à la truffe. Moooh. Il fond, sort sa boule de cristal pour filmer la scène et zouuuu, sur les réseaux pour faire plaisir aux fans. Même ceux de la première heure comme Jules (tout comme il fan de la première heure de Jules) qui a des questions qu'elle ne devrait même pas se poser. "Je suis déjà en haut" fait Noris, main sur le front, imitant les petits gamins qui font la taille. Il voit le début de calvitie et les pellicules de tout le monde sauf peut-être Boris (mais Boris est toujours bien coiffé). "Et bien sûr que je t'oublierai pas, on oublie pas ses amis." Grand sourire de grand poufsouffle. Après tout, il garde son vampire de meilleur pote dans le top trois de ses personnes préférées, ce n'est pas Jules et sa garde-robe colorée qui vont le faire fuir. "Puis ton look, il est top, il reflète ton toi intérieur et ça montre que t'es pas en dissonance avec !" C'est Sorcière hebdo du mois dernier qui l'a dit alors si Sorcière Hebdo l'a dit... "J'pense que je vais faire les deux" ajoute Noris, sourcils plus froncés alors qu'il tente de se remémorer ce qu'on lui a dit exactement. Il ne sait plus très bien, il a juste noté la date et l'heure du rendez-vous absolument partout. Ses réflexions sont coupées par un aboiement. A force d'essayer de manger une boule, Diva s'est faite recouvrir de bave et vient couiner dans les pattes de son maître, étalant le liquide sur le pantalon clair. "Roooh Diva, non ! Va-t'en ! A cause de toi, la partie est fichue !" qu'il s'énerve (mais sur un ton beaucoup trop doux pour que la chienne ne s'en soucie) avant de se tourner vers Jules d'un air désespéré. "J'espère que ça t'a plu quand même. On peut se refaire une partie si tu veux !" En attendant, il les ressert en bières.

Jules avait conscience de sa célébrité, même si elle restait quelqu’un de très accessible et sympathique. Pour protéger sa famille, elle en jouait et en quête secondaire, elle espérait pouvoir inspirer certains sorciers qui se sentaient opprimés par le gouvernement. Une responsabilité qu’elle se mettait elle-même sur les épaules et qui l’aidait à garder les pieds sur terre. Pour autant, devant Noris, elle pouvait être simple et assumer d’être au niveau où elle se trouvait. « Jules Doherty, la gardienne de l'équipe la moins aimée du ministère… J'avoue que c'est stylé ! » La galloise n’avait pas démérité sa place. Elle avait travaillé dur pour obtenir sa place dans l’équipe, elle avait galéré avec les Rowdy Ravens pendant les années sombres et aujourd’hui, elle raflait les titres avec ses amis, sa seconde famille.

Depuis peu, la gardienne avait gagné une place dans l’équipe nationale du Pays de Galles, sa nation. Fière d’avoir réalisé son rêve, elle espérait ramener la coupe du monde à la maison et ravir ceux qui croient en elle depuis tout ce temps. Faire honneur à ceux qui n’étaient plus ; Cédric, Philip, Morgan etc… Pour les autres, elle continuait d’avancer, devenant bien plus solide qu’elle ne l’aurait imaginé, elle la si naïve Doherty.

Noris était un ami. Elle le savait. Pour autant, elle se montra sincèrement touchée lorsqu’il le lui rappela. « Trop choupi Sanders. » Son sourire en disait long sur ce qu’elle pensait. Comme toute Poufsouffle qui se respecte, Jules vouait une sincère admiration à l’amitié, la loyauté et la sincérité. Tout comme elle, Noris disait les choses, à commencer par les compliments, parce qu’il savait à quel point cela pouvait faire plaisir.

Lorsqu’il acquiesça le style multicolore de la blonde, elle ne put s’empêcher de rire. Il était vrai que les couleurs lui collaient à la personnalité, mais elle doutait d'être validée par un quelconque expert en mode (sauf desigual). « Ma mère disait toujours que j’étais un arc-en-ciel. » Son sourire avait quelque chose de nostalgique, sûrement parce qu’elle s’égara un instant à penser à sa mère, fugitive, qu’elle n’avait pas vu depuis une éternité.

Histoire de ne pas plomber l’ambiance, elle effaça le visage de cette dernière de son esprit pour se reconcentrer sur son ami. « Trop bien, tu vas avoir un emploi du temps bien chargé. » Deux occupations en même temps, ça allait le changer du chaudron baveur. Elle était heureuse pour lui et comptait bien suivre son actualité. Au même moment, le petit chien traversa le cercle en courant, bouleversant ainsi l’ensemble des boules. Alors que son maître ronchonnait, Jules se marrait avant de prendre un air faussement agacé. « Hahah ! Rooh Diva, j’étais en train de gagner ! » Loin de gagner, elle se fichait un peu du score de la partie. Elle était simplement contente de passer du temps avec son ami, avec une bonne bière. Rien de mieux que ça dans la vie. « D’abord on trinque à ta nouvelle carrière ! » Sans tarder, elle leva son verre, avant de remettre les boules dans le cercle et essayer de faire un peu mieux que la partie précédente.