Riz inhala la fumée qui lui était soufflée au visage, léger sourire aux lèvres alors qu'il se demandait s’il trouvait vraiment ça hot ou pas (la réponse était oui). Il aurait d'ailleurs écouté le brun lui raconter tout ce qu’il voulait s’il le faisait en le regardant comme ça, mais ils furent interrompus et l’identité des intrus ne fit qu’ajouter au désagrément.

Rizwan était mortifié par sa propre réaction, seulement un peu rassuré que Mili ne lui en colle pas une et semble bien le prendre. Il gardait les joues brûlantes, son cœur battait toujours à ses oreilles alors qu’il essayait de se trouver une raison valable pour avoir fait ça. Il n’en avait pas tellement et c’était le pire; il se mordilla la joue, iris alternant entre le visage de Mili pour observer ses réactions et partout ailleurs.

- 'Makes sens. (Riz esquissa un petit sourire un peu incertain) I should probably stay close then. In case he comes back to make a scene or something.

C’était une riche idée, son sourire s’étira, il joua avec la bague à son doigt et décrocha un instant du regard de Mili avant d’y revenir.

- That'd be wayyy safer, dit-il, petit sourire au coin des lèvres.

Too bold. Or was it ? Son cœur faisait un raffut du diable qui semblait presque se répercuter dans la cour, Riz se mordilla brièvement un ongle, iris glissant sur le visage de Mili avant qu’il ne le suive à l’intérieur. Il faisait tout de suite plus chaud au milieu du monde, Riz y gagnait une justification (bancale) à ses rougissements intempestifs, il se retrouvait aussi et surtout très self-conscious avec tous les gens qui pouvaient remarquer le bras de Mili autour de sa taille. Rizwan prit donc le parti de porter toute son attention sur son interlocuteur plutôt que sur l’extérieur, ce qui n’était pas franchement mieux (sauf pour la vue, la vue était chouette) parce que le brun le rendait vraiment fébrile. Le shot offrit une distraction de courte durée et Riz avait toujours complètement conscience de la main sur sa taille. Il se garda bien de faire quoique ce soit pour s'en débarrasser, de toute façon, il était désormais trop occupé à faire papillonner son regard entre celui de Mili qui faisait des compliments et une zone non identifiée de la pièce, le tout en tentant de garder un air décontracté, comme si son cœur ne courrait pas un marathon dans sa poitrine. Évidemment qu’à avoir Mili qui lui soufflait à l’oreille, l’organe en question ne ralentissait pas l’allure; Riz fut presque soulagé que l’attention se déporte sur quelqu’un d’autre (son ex, certes) et se concentra à ne pas penser à la chaleur qui irradiait de ses joues au même moment.

- They serve virgin cocktails ? Or do you think he's actually old enough to drink ?

Ça le fit rire franchement, il jeta un œil par-dessus son épaule pour voir le visage de la target de Michael, reposa les yeux sur Mili avec une petite moue entendue.

- Nah, it’s definitely virgin for him, répondit-il avec un sourire narquois.

Il regarda à nouveau, juste au moment où Michael et le garçon s’éloignaient. Une drôle d’idée que d’avoir fréquenté cette personne, mais tout le monde faisait des erreurs hein. Il se rapprocha de Mili pour lui parler, tenta d’ignorer tout ce sur quoi son cerveau voulait se concentrer (le parfum du brun, la pression de ses doigts sur sa taille, sa proximité, en fait), se recula légèrement juste après avoir dit ce qu’il avait à dire pour croiser le regard de son interlocuteur.

- I don't think I have any no. Ah. Riz nota que un, Mili ne médisait pas sur ses ex (green flag), deux, ne faisait pas de mauvais choix. But you're probably not the only one.

Il esquissa un sourire, baragouina un "cool cool" alors que ses doigts pianotaient sur le comptoir et qu’il cherchait intensément un sujet à aborder ou quoique ce soit à proposer. Il pouvait toujours suggérer d’aller danser, la musique n’était pas mauvaise et du monde s’entassait au milieu du bar – Mili avait mieux, Mili voulait boire et Rizwan n’était certainement pas contre, il n’y avait que comme ça qu’il n’avait pas l’impression de se battre avec son propre cerveau pour agir comme un être humain normal. Il observa le brun d’un air un peu curieux à la question sur ses goûts en matière d’alcool, sortit son porte-monnaie pour régler les consommations, perdit toute faculté à réfléchir ou même bouger quand les doigts de Mili lâchèrent sa taille pour effleurer son cou. Juste comme ça, son cœur repartait en looping et son souffle virait haché, et Riz était bien content que personne et surtout pas Mili ne puisse savoir à quel point il était fébrile (quoique, il ne fallait pas de licence de psychologie pour le voir) Il bénit les inventeurs du tequila paf lorsqu’un pauvre quartier de citron se retrouva la seule barrière entre lui et les lèvres de Mili, décida entre temps qu’il recommençait quand il voulait. Comme maintenant où ses joues rougies n’étaient même plus gênantes puisqu’elles avaient concrètement gardé la même couleur depuis qu’ils étaient revenus à l’intérieur, aussi Riz esquissa-t-il un sourire ravi lorsque Mili accepta de reverse et oublia presque qu’il avait toujours très très chaud. Cinq étoiles sur tripadvisor, Rizwan se fichait bien qu’il n’aimait pas le citron finalement; il se passa la langue sur les lèvres pour enlever le sel et la tequila qui y restaient et sourit en croisant le regard du brun.

- That’s a shame. S’il le disait. We’ll have to find you something else to bite I guess.

Peut-être que les joues de Riz pouvaient prendre une teinte de rouge supplémentaire. Il esquiva très habilement le regard de Mili, bafouilla un "yeah…." accompagné d’un petit rire d’homme pas confiant; ses pupilles revinrent se poser sur le brun lorsqu’il eut enfin trouvé quoi faire de sa peau. Un jeu, c’était bien, ça occupait, ça coupait surtout court à toute ambigüité (si tant est qu’il y en ait jamais eu, en fait) et Riz avait en plus une idée qu’il n’assumerait plus du tout lorsqu’il s’agirait de la dire à voix haute.

Sourire lorsque Mili accepta, instant protocolaire des fois que Riz se retrouve à devoir répondre à une question à laquelle il ne voulait pas répondre (déformation professionnelle – c’est qu’il aurait bien aimé avoir une parade du genre en interview) et il ouvrit le jeu. Son sourire s’étira un peu en cours de route, il se mordilla la joue alors qu’il hésitait un peu à formuler son gage. Il n’avait pas tellement peur de l’accueil qu’il allait recevoir, à ce stade Riz était presque sûr qu’il obtiendrait gain de cause quoiqu’il dise, mais on ne savait jamais hein, on était jamais trop prudent. Et comme il finissait toujours par se poser des limites tout seul s’il ne se poussait pas un peu, il se décida à parler avant d’avoir vraiment l’occasion de changer d’avis.

- Kiss me.

Iris rivées à celles de Mili, au fond d'elle une minuscule lueur de défi noyée dans une mare d'appréhension. Il fit l'effort de ne pas détourner le regard le premier, l'air d'assumer alors qu'il avait l'impression d'être rongé par la nervosité; ses pupilles glissèrent un instant sur les lèvres du brun avant de revenir à leur point d'ancrage.

Rizwan avait la nausée, il le sut à l’instant où il ouvrit les yeux sur la pièce légèrement éclairée par ce qui devait être la lumière de la fin de matinée. Quelques images de la nuit lui revinrent alors qu’il se redressait, sourcils froncés pour repousser la fatigue qui lui faisait l’effet d’une barre enfoncée dans son front. Il était tout  seul, le poids familier de l’inquiétude vint se loger dans son estomac alors qu’il passait en revue toutes les manières dont il pouvait croiser Mili en sortant de la chambre.

Riz se leva et examina son reflet dans la psyché. S’il n’était pas vraiment surpris par la constellation de marques rouges qu’il découvrit, cela n’empêcha pas à une nouvelle préoccupation de se matérialiser dans son esprit : il allait falloir les dissimuler à ses amis, à son équipe et aux fans lors du prochain concert, which promised to be tricky considering the existence of the love bite he clearly saw on his jawline.

Il s’habilla, releva le col de sa veste et ouvrit silencieusement la porte en priant pour ne croiser personne. L’appartement était joli et la lumière naturelle lui rendait justice, Mili ne devait pas avoir le job le plus ingrat qu’on pouvait trouver à Londres. Il remarqua en descendant l’escalier la cage rongeur vraisemblablement caché, jeta un regard circulaire au reste du salon et son cœur eut un bref sursaut de panique à la vue du gros chien dans le canapé. Riz n’avait pas peur des chiens mais il ne doutait pas une seconde que la situation pouvait porter à confusion dans la tête d’un canidé –

- Don’t mind me mate, I’m leaving, dit-il à titre préventif en traversant la pièce, franchement rassuré de voir qu’entre le chien et lui, c’était l’animal qui semblait le moins confiant.

Il glissa un nouveau regard autour de lui, partagé entre le soulagement de ne pas avoir à se lancer dans les habituels adieux gênants du matin et le sentiment d’inachevé qu’il avait à ne pas recroiser Mili. Il s’était dit qu’il lui glisserait bien un moyen de le contacter dans un futur proche si l’occasion se présentait, après tout, il avait passé une très bonne soirée. Mais il y avait un post-it sur la porte et cela mettait un terme à toute réflexion sur le comment il pourrait amener l’éventualité d’une prochaine rencontre. Rizwan le décolla, participa au bref conflit interne qui débattait la possibilité de laisser ses coordonnées sur ce même post-it – le côté rationnel triompha (Mili n’avait rien laissé qui suggérait qu’il voulait le revoir, de toute façon, ce n’était pas une bonne idée de revoir un mec, Michael en avait été la preuve) – il glissa le post-it froissé dans sa poche et quitta l’appartement.  

[TO BE CONTINUED - ON AO3 ]