La pièce est maculée d'une semi obscurité forcée, oscillante comme le courant d'électricité dans la seule ampoule qui pend, nue, du plafond lézardé. Un studio inhabité, décor délabré comme t'en as connu beaucoup d'autres ces dernières années. C'est encore pire du fait de la présence du corps d'Ayden, des frissons qui viennent faire grésiller sa peau sous les effets de la fièvre, pantelant dans un sommeil agité dont il ne sort que par intermittence, un peu délirant. Sa magie a cette impression de couleur qui brûle, une sensation de houle imprévisible - violente et soudainement trop fixe, et c'est ces bribes d'immobilité solide qui t'inquiètent le plus. Comme là. Il geint. C'est pas bon.
T'arrêtes de faire le tour de la pièce, restless, pour observer de plus près le flux de sa magie. T'approches, glisses une main sur son front trop chaud, suit d'un doigt pointu un méridien magique jusqu'à un point qui te semble engorgé - encore plus que les autres, tout du moins. T'appuies - juste un peu du doigt, surtout de ta magie, poussant encore comme t'as souvent senti Sae Hee le faire, comme elle t'a expliqué souvent. Les yeux fermés, tu te concentres sur sa magie qui se dérobe, sur les réverbérations qui s'y créent, jusqu'à trouver la bonne mesure, la bonne intensité. Là ? Ayden soupire et tu relâches, t'éloignes d'un pas, cherches le résultat. C'est... loin d'être parfait. Loin d'être assez, surtout, mais au moins sa magie coule un peu mieux, là où tu as agis.

T'exhales irrité par tout un ensemble de choses. Par tes limites et l'impossibilité de faire plus, cloîtré ici à surveiller en attendant que Hye Rin et Ciarán reviennent avec la médicomage que des informateurs leur ont indiquée - they'd better hurry the fuck up, 'cause Ayden is getting worse and you can't stand in place for more than 5 fucking minutes. Par l'impossibilité d'agir et d'aller régler le problème en amont pour l'instant - and whoever threw that fucking spell better hold onto their stupid wand and stay alert, 'cause no one mess with your pack. They're your family. Par Ayden aussi, par sa propension à ne pas vouloir inquiéter, et qu'il n'ait pas dit plus tôt que ça n'allait pas. It's not because you do it that he should, especially not when he's always after yall saying you can't afford to hide when you're hurt. If that's not some stupid doublestandard shit, when he obviously missed something important there. And just for what? Not to show vulnerability? That fucking dumbass. This your act.

Tu continues à t'agiter, passant d'un coin à l'autre de la pièce, jusqu'à t'adosser au mur, à côté de la fenêtre. T'observes la nuit, brune des lampadaires qui la mesurent. Tu sais qu'il vaut mieux pas, mais t'as terriblement envie d'une clope pour calmer, rien que provisoirement, la nervosité qui grimpe en toi depuis des jours, et particulièrement ce soir. C'est la sensation de l'instinct qui s'étire, somnolence étiolée, des réactions plus vives, plus aiguisées. A specific sharpness. C'est pas censé être bon signe, mais y a toujours ce quelque chose en toi qui ne peut s'empêcher de s'y pencher, d'en vouloir plus. Tu secoues la tête. Le temps a trop passé depuis que t'as pu t'isoler et te recentrer sur toi, réaligner ton qi. L'effervescence magique de la capitale, la tension constante nécessaire pour rester sur tes gardes et concentré sur ta mission accélèrent toujours le déséquilibre.
Tu te calmes un peu, sans vraiment essayer, assez pour rester concentré sur les environs et ta recherche d'auras magiques intrues. Tu fais le guet, sans en avoir l'air. Rien te semble suspect, mais tu notes quand même mentalement la localisation de quelques sources magiques plus lointaines, légèrement mouvantes comme quelqu'un le ferait naturellement en s'affairant chez lui.

La vivacité d'un éclat magique, dans une ruelle en contrebas. Une étincelle paradoxalement violente, qui fend l'air, le repousse et force sa place. Qui creuse, qui poignarde et qui ouvre, comme un passage, un de ces mini chaos magiques, qui te laisse percevoir des bribes en tempête. Dans la même seconde, t'es debout, baguette en main. Le maelström se délie pour te laisser sentir trois auras que tu connais trop bien. Tu baisses ta baguette, concentré toujours, alors que tu suis de loin Hye Rin et Ciaràn escorter la médicomage jusqu'à l'immeuble, puis dans les couloirs jusqu'à l'appartement. L'attention partagée entre Ayden, la surveillance des environs - manqueraient plus qu'ils aient été suivi ou attirent l'attention - et les deux membres du manticrew qui te rejoignent, tu mets pas tout de suite le doigt sur ce détail, cette impression croissante que tu rates quelques choses. Ca n'est que lorsqu'ils sont proches, presque à la porte du studio déjà, que tu le remarques. Cette troisième aura, tu la connais.

Un coup contre la porte. Tu l'ouvres en silence, d'un coup de baguette, sans te déplacer. "It's here." Ciarán entre le premier, suivi de la médicomage que tu rives d'un regard trop direct pour ne pas t'attirer un sourcil haussé, inquisiteur, de Hye Rin qui referme la porte derrière eux, et tu replaces le sort de silence sur la pièce. "As we told you already, he took a spell a few days ago. We're not sure of what it was," elle s'approche d'Ayden, désignant son flanc, où il a été touché - superficiellement, ou tout du moins c'est ce que vous pensiez. "It's not like him to fail something like this, he's a skilled healer so we're very worried about him..."

T'as pas cessé de la regarder, tandis qu'elle s'affairait en silence à soigner Ayden. A la place du couteau, tu tritures la bague qui refuse de quitter ton doigt d'un geste tout aussi machinal. Elle se redresse et tu croises son regard à nouveau, presque sans ciller. Tu reconnais pas le moindre de ses traits. T'as pas besoin de ça pour avoir la quasi certitude de son identité. Son aura pas oubliée, connue par coeur il y a une éternité ; un passé révolu qui te rattrape. Jamais t'aurais imaginé la croiser un jour ici. Certainement pas comme ça, en tout cas.
Une légère inclinaison de la tête, sans lâcher son regard. Un petit mouvement vers la porte ouverte qui sépare la pièce de la cuisine. Le coréen coule de la voix basse, presque un murmure, "come on," sans ambages ou marque de politesse,  attirant l'attention de Hye Rin. Ca a un ton différent. Ferme sans être injonction, quelque chose d'une question sans l'être. D'une familiarité particulière. "Let's talk, i want to ask you something about what my friend here said, in between mentionning waffles. I dunno don't ask here, it seemed pertinent," pour qu'elle te suive, sans entrer dans les détails. Elle doit savoir, de toutes façon, n'est-ce pas ? Que malgré son apparence, tu l'as reconnue ?
Tu la précèdes dans la cuisine, t'assurant qu'elle te suive, refermant la porte pour qu'on ne vous voit pas, qu'on ne vous entende pas. Tu caches peu de choses à Hye Rin mais là, c'est pas de toi qu'il s'agit. "I never expected to see you here," tu secoues la tête comme si tu n'y croyais pas tout à fait vraiment. C'est le cas pourtant. "Didn't know you came to the UK, either." Tu l'observes toujours, curieux. Toujours sur tes gardes aussi. La guerre change les gens. "It's been a lifetime, Hols."

[Mention de paranoïa utilisé dans son sens erroné et non médical - mental health is no joke]

L'hôpital et ses grandes lignes, blanches et stériles, est quitté pour celles, plus sombres et tortueuses des ruelles crasseuses de la ville. Les boulots de médicomage sont rarement passionnants et bien moins lucratifs que ceux d'ingénierie alchimique mais ils ont le mérite de pulluler et d'être rapides. Lorsqu'un projet peut lui prendre plusieurs mois et devenir plus couteux que le PEL qu'elle devrait posséder, sur le même laps de temps, elle peut financer ses propres recherches juste en s'assurant que le nombre de cadavres à ramasser au passage des ordures moldues n'excède pas trop les attentes du Lord.
Seulement, et elle le sent déjà, à attendre ses clients du mauvais côté du bâtiment, un œil – littéralement, ha – gardé sur la perception des auras environnantes pour s'assurer qu'ils ne viennent bien qu'à deux, ces missions la laissent nerveuse.
Elle comprend bien l'intérêt d'arriver à deux, la paranoïa des traîtres et des pièges, la délation devenue très british, et l'avantage de la supériorité numérique si jamais la tierce personne s'avère être une mauvaise surprise. Mais quid de sa paranoïa à elle ? Qui pour équilibrer l'affrontement si les événements prennent une mauvaise tournure ? Non pas qu'elle se sente incapable de s'en sortir face à deux sorciers plus ou moins médiocres... but you never know. Plusieurs inspirations et expirations mesurées, qu'elle anime distraitement d'un sortilège dans le brouillard londonien, son souffle devenu chimères et dragons dansants, et elle desserre son emprise sur sa baguette. C'est l'heure.

Les deux silhouettes attendent depuis quelques minutes, isolées, et tergiverser davantage ne servirait à rien. Ses tatouages s'actionnent et le grésillement familier finit de la détendre, les épaules enfin affaissées, elle entame le court trajet jusqu'aux inconnus. Le temps de contourner le bâtiment et elle s'est adaptée à ses nouvelles foulées, sa nouvelle stature, un peu plus courte, une taille qu'elle prend fréquemment. Moyenne, passe partout, elle y est surtout assez habituée pour pouvoir agir avec aise et précision en cas de nécessité.
Elle prend note de leurs visages d'un coup d'œil rapide mais professionnel, assurée qu'aucune magie n'est à l'oeuvre pour modifier leur apparence, et lorsqu'elle délaisse l'homme – jeune, entre 20 et 26 ans, approximativement 1m80/83, slim build – son chemin de pensée s'arrête brutalement sur le visage coréen de la femme.
They are coming for you.

Son estomac se noue brutalement, et si elle en oubliait toutes ces années de médecine elle jurerait qu'une main glacée vient de se saisir de ses tripes pour les tordre et lui faire vomir péchés comme aveux.
Elle ne crache rien pourtant, et ses traits désormais occidentaux restent figés dans une expression sévère et pincée alors qu'elle annone l'échange habituel. Elle a droit à sa baguette en main en tout temps, un seul transplanage, pas plus, notification de toute personne en plus du patient présente sur les lieux, paiement en cash immédiat et dans sa totalité, ou elle se casse.
Ils acceptent, déjà prévenus avant de convenir d'un rendez-vous, et elle ne prend même pas la peine de recompter le contenu de la bourse.
They are coming for you.

Les symptômes semblent assez clairs, leur description presque trop précise, juste assez pour faire tiquer. S'il s'agit d'un piège, il est maladroit. Quel médecin ne relèverait pas les détails pointilleux de l'altération du flux magique lorsque ses interlocuteurs se prétendent incapables de soigner ?
Elle transplane néanmoins avec eux, encore un peu sonnée du glas qui résonne dans sa tête. Il martèle comme ses pas sur les dalles fendues qui pavent la route qu'elle ne retient pas plus qu'elle ne la reconnait - she's getting sloppy.
Elle a une vague idée, plus floue encore que ses premiers souvenirs, de ce que son pays natal pourrait lui vouloir, et si aucune des suppositions ne l'enchante – vendre son talent à un autre pays ? Déjà fait au Japon – Être partie avec des biens précieux considérés comme de l'héritage culturel ? Déjà fait au Japon – Echapper au service militaire ? Déjà fait au Japon – aucune ne lui fait vraiment croire qu'ils se sont décidés à la récupérer maintenant.
Pas plus éclairée que l'immeuble branlant qu'elle gravit, ils pénètrent enfin dans un appartement où brillent uniquement deux auras, comme convenu. Celle du patient brûle plus qu'elle ne luit, l'éclat presque trop vif dans la pièce mal illuminée mais elle n'a pas besoin de s'en détourner ; ce n'est pas celle qui a attiré son attention.
Sa magie a changé, et lui aussi. Pas d'artifice, pas de subterfuge, juste le travail du temps qui passe et cisèle les âmes comme les traits.
They're coming for you and they took his face so you would never forget again.

Ils continuent leurs explications, comme si le reste a encore un sens. Elle pourrait partir, les lieux sont vides de tout sortilège anti transplanage, leur grillage magique impossible à manquer – à moins que ça aussi ils ne l'aient découvert.
Do they even need her ?
D'un mouvement de baguette les rideaux se ferment et d'un autre, un Lumos va se jucher à la place de l'ampoule grésillante, le bourdonnement un écho à celui de ses mains qui lui vrombit aux tempes. Même pas un "I like being able to see. Helps knowing what bits I'm cutting." ennuyé. Les mots sont partis en ne laissant que ceux qu'elle ne veut pas entendre, qu'elle ne peut pas comprendre. Allongé, le patient halète, une accumulation de flux sur sa cage thoracique l'oppresse.
Maybe they do.
Le processus est complexe, il le serait pour un autre médecin du moins. Elle voit clairement les fins impacts du sortilège qui se sont fichés sous la peau, dans la chair et dans le flux magique. Sortilège shrapnel ou effet malencontreux d'un maléfice dévié, le résultat est le même. Les bris présents dans la chair se délogent avec délicatesse et précision, sans réel accroc. Elle n'a rien d'un chirurgien de renom mais rares sont ceux qui peuvent prétendre à une telle finesse d'exécution, ses machineries un art raffiné aussi sensible que le corps humain. He's still looking at her. They're still coming for her. La lumière vacille, se teinte de lueurs vertes et maladives avant de disparaître d'un battement de cils.
Le reste est plus problématique. Les morceaux de magie étrangers se sont fondus dans la sienne et les caillots bloquent son passage. Elle pourrait y passer des jours, à soulager les canaux jusqu'à ce que la magie aliène ne s'évapore, ou laisser des instructions pour, certaine qu'elle n'est pas la seule à pouvoir le faire. Elle n'opte pour aucune des deux options ; elle ne restera ici que morte et s'y refuse. Le tracé alchimique est familier, bien que temporaire ici, appliqué sur le dos d'une main molle, la patient placé en sommeil artificiel pour apaiser les mouvements de son flux. Ce souci ne se pose plus, la magie devenue statique, éteinte. « He needs to purge the spell's magic from his body. » Elle tapote de l'index sur le cercle « This will disappear in a few days. Absolutely no magic until then. I'd recommend minimal apparating as well. »

Un petit mouvement de tête vers une porte l'enjoint à le rejoindre dans une autre pièce, incertaine du passé qu'elle y rencontrerait. Le coréen sonne étranger à ses oreilles, lointain et oublié, après des années de japonais et maintenant d'anglais, et elle en grimacerait presque. De tristesse ou d'inconfort, peut-être des deux. Elle le suit, la mention de son surnom ridicule superflue, comment aurait-elle pu ne pas le reconnaître et inversement ? Elle connaissait sa magie mieux que lui-même, leurs auras pâles et à peine discernables à leurs yeux curieux, obligés de s'appuyer sur l'autre pour savoir exactement le ton approprié – For fuck's sakes Seo Jun-ah, red is red, who do you take me for ? An interior designer ? A fucking painter ? - Ils avaient fini par voler un nuancier dans un magasin moldu.
La porte se referme, sur la sortie et ses souvenirs, et elle se résoud à s'occuper de cette dernière fenêtre sur son passé.
« Neither did I. » Not so soon. Not ever. Il a l'audace d'avoir l'air le plus incrédule des deux, alors qu'il est celui sur l'île qui voudrait voir les siens enchaînés ou enterrés.
Est-ce la seule chose qu'il ignore ? Est-ce qu'il en sait plus qu'elle maintenant ?
Elle se passe une main dans les cheveux, le grésillement qui s'agite d'une lueur plus acerbe au dos de sa main. « Yeah. Why- » L'anglais cède, « What are you doing here ? », et le coréen trébuche, pas à sa place dans cette bouche qui n'est pas la sienne, dans ce pays qui ne l'est pas non plus. « Why are you here ? »
Parce qu'il n'est pas à sa place non plus, Seo Jun. Pas ici. Pas devant elle. Nulle part où elle se trouverait. Les possibilités sont minces et elle n'a jamais cru aux hasards heureux. « Fuck – is this some kind of joke ? » Plus jeté en l'air, à elle même et à l'univers, qu'en sa direction. She doesn't need any more sick jokes from the universe.

Tes yeux la quittent pas alors qu'elle s'affaire sans un mot au dessus du corps immobile d'Ayden. Hye Rin et de Ciarán l'ont observée un temps avant de se reculer dans un coin de la pièce pour discuter sous un sort de discrétion après un regard dans ta direction. L'air pensif et concentré est assez rare sur tes traits pour t'en déranger - te pensent-ils en train de surveiller le travail de la médicomage sur Ayden, ou se doutent-ils qu'il y a autre chose en jeu ? S'il est vrai que tu es relativement impressionné de sentir avec quelle précision et quelle assurance elle opère, tu t'occupes pas de ça. Tu leur laisses ces interrogations qui ne les concerne pas, l'attention offerte à Hollis.

Elle a changé. Evidemment - vous aviez presque la moitié de votre âge, la dernière fois que vous vous êtes vus ; pas encore sortis de cette adolescence bien particulière, qui n'en a eu que le nom et la biologie, toute offerte au programme de Mahoutokoro.
Tes yeux se perdent dans le vide, à travers elle, sans que tu ne cesses de faire tourner la bague qui te ceint toujours le doigt. C'est pas son apparence - tu peux pas en juger, celle-ci juste un emprunt éphémère, qui n'a rien de la sienne - c'est sa magie. Sa légèreté presque aérienne s'est densifiée, devenue non pas solide mais une sorte de liquide un peu épais, un peu collant peut-être. Plutôt un développement, une évolution expliquée par le temps : c'est intrinsèquement elle, sans aucun doute possible. L'argent est toujours là, parcouru de ses brefs éclairs multicolores, qui t'ont toujours un peu fasciné. Sur le dos de ses paumes, s'y fond le fin tracé magique des tatouages qui les ornent en brillant, sans t'éclairer sur leur utilité.
Il n'empêche que le changement de texture de son aura te semble presque étrange. Un développement un peu inattendu. Un rien par rapport à la surprise de tomber sur elle ici, dans ces circonstances, à l'autre bout du globe. Tu te demandes si ta magie a autant changé que la sienne. Sûrement. Le temps a passé, les épreuves vous ont tous les deux façonnés.

Plus tôt que tu ne l'aurais pensé, elle termine ses soins. Tu peux encore sentir des éclats magiques trop vifs, presque acérés, mêlés à l'aura d'Ayden, bloquant le flux localement, mais tu l'observes réaliser ce que t'identifies comme un tracé alchimique - peu surprenant venant d'elle - sur le dos de sa main. Elle l'active, et tu te redresses un peu vivement, attirant l'attention de Hye Rin, qui s'est rapprochée avec Ciarán pour entendre le compte-rendu de la médicomage. Sous l'influence du sceau, sa magie s'est comme figée, et t'as toujours détesté sentir ça - une magie fixe et éteinte c'est jamais bon signe selon toi, ça représente trop de risques, mais elle sait sûrement ce qu'elle fait. "Will he be okay, after the purge? What's the alchemy for?" Ciarán l'interroge avant que t'aies eu le temps de le faire, porté par la méfiance habituelle qu'ils ont généralement pour les humains.

Une fois tous assurés de la stabilité de l'état d'Ayden, tu enjoins Hollis à te rejoindre dans la cuisine attenante. Le coréen et le sous-entendu un peu idiot suit le mouvement de tête, et elle te suit sans ajouter mot. Tu sais pas si tu peux dire que t'es heureux de la revoir dans ces circonstances et sous la dictature du Lord, mais ça remue un truc en toi. Ca a un goût de nostalgie, d'une chaleur insouciante depuis longtemps oubliée. T'es quand même soulagé de la savoir en bonne santé - physique tout du moins.
C'est en silence que la porte se ferme et que le silencio vous enveloppe. Y a une bref seconde où vous vous observez, juste avant que tu n'en viennes aux faits et à la surprise, apparemment partagée, causée par vos retrouvailles. Le coréen sonne étrangement dans sa bouche, un air d'incertitude, et tu demandes brièvement depuis combien de temps elle n'est pas retournée en Corée ; ce qui a rempli ces années où vous avez perdu tout contact.

Ses questions sont insistantes, plus que la curiosité ne le dicterait. Un poids qui s'y instille - de l'inquiétude ou de la suspicion, peut-être, tu saurais vraiment le dire, plus habitué à la lire comme tu l'étais un jour. Elle jure, t'arques un sourcil, un instant, en l'observant. "Yeah, we sure both look ready to laugh our asses off," you snort lightly, with a bit of dry humour. Effectivement, pas une rencontre des plus tranquilles et relaxantes pour elle, visiblement - même si, dans cette situation, qui le serait vraiment ? T'es sans doute plus à ton aise, plus confiant qu'elle, mais t'es pas seul dans ce bâtiment. Surtout, t'es un peu désensibilisé des situations risquées, à force de connaître quasiment que ça depuis des années. Là, c'est rien.
Tu t'appuies nonchalamment contre un meuble, reprends plus sérieusement. "I deserted," la voix est calme et sûre, posée dans le vague écho de la cuisine quasi vide. T'indiques l'autre pièce d'un mouvement du menton. "Hye Rin too. It's been almost 10 years. We fled here - wouldn't have been expected of us, hybrid resistance was needed and we were good assets, being trained as we are." T'admets ça sans crainte ni remords, le regard aussi droit que direct. "It was no hard choice." Surtout, tu cherches quelque chose, chez Hollis, qui puisse t'indiquer sa connaissance ou son ignorance de ces faits, parce que t'as beau être content de la voir, sa présence soulève la même question que celle qu'elle te pose : que fait-elle là ?
Tu l'imagines pas avoir été envoyée seule à votre recherche, si bien que la pensée t'as tout juste effleuré l'esprit. Tu t'es forcé à t'y pencher davantage, parce que même sans être exceptionnellement stratège, l'armée, la fuite et la guerre t'ont quand même appris une chose : ne pas sous-estimer les risques et les éventualités, même faibles, d'où qu'ils viennent. Surtout si t'as envie de les repousser comme ici, parce que l'idée de la trahison de Hollis, la première personne que tu aies vraiment considéré comme ta famille, te semble aussi absurde que désagréable. Alors tu te forces à reconnaître cette possibilité, même mineure, même infime. Tu serais pas resté en vie pendant aussi longtemps sans ça.
Tu penches un peu la tête, rien qu'une fraction sur la droite. A bit sharp, mostly focused. "How about you? What are you doing in the UK?"