1980-1991 ; Serena voit le jour, deux ans après sa sœur aînée, Tove. Elle coche tous les traits de personnalité habituellement attribués aux petits derniers ; elle enchaîne les fantaisies et les caprices comme d'autres les drames familiaux. Il faut dire que le quotidien des Wersäll est tranquille, au fond de leur trou dans le Minnesota. Aussi, Serena pimente son existence (et celle de ses parents) en réclamant toujours quelque chose de nouveau, toujours plus exubérant, toujours plus impossible à acquérir. Ça va de la dernière marque de céréales qui changent de couleurs, à l'adoption d'un hippogriffe pour Noël. Et, sans pour autant aller jusqu'à accueillir un dragon dans la maison, ses parents finissent toujours par céder, les yeux levés au ciel, les lèvres pincées, expliquant à qui veut bien l'entendre que "c'est Nana", avec ce ton de voix mi-embêté, mi-résigné.
C'est qu'elle s'ennuie, Serena. A l'école, si elle ne fait pas partie du trio des filles populaires insupportables, elle n'en est pas moins dans le top 10, et ce, sans jamais faire autre chose que ce dont elle a envie. Clairement dans son monde, à défaut d'être dans celui des autres, envoûtante, dans un sens, avec ses cheveux qu'elle laisse pousser jusqu'aux genoux, et ses colliers de cailloux. Originale, en quelques sortes, mais suffisamment farouche et sûre d'elle-même pour entraîner d'autres enfants dans sa danse singulière. Serena rallie les troupes sans effort.
Pourtant, ça ne comble que partiellement l'ennui et l'apathie qui creuse un trou dans son ventre, quand elle se couche le soir. Si ses parents se disputent, ils le font en toute discrétion, comme à peu près toutes les autres choses dans leur vie. Jamais un écart, jamais une vague. Mamie, qui vit quelques rues plus loin, a beau raconter leurs racines de l'autre côté de l'océan, ça n'éveille jamais aucun intérêt dans le regard sévère de sa mère.
Et puis un jour, à la télévision (c'est papa qui en a une dans son bureau ; maman n'aime pas trop que les filles la regardent, parce que c'est abrutissant et un peu trop moldu à son goût). Aussi, Serena se frotte aux premières folies du monde des célébrités ; les coups de gueule, les buzz, les clips vidéo et autres manifestations engagées. Alors Serena décide de s'y mettre aussi, parce qu'après tout, à échelle réduite, elle est un peu une star, elle aussi. Ce sont les débuts de la pose dite "du sphinx", qui deviendra, par la suite, l'un de ses signature moves. Accroupie dans une allée d'un supermarché, les genoux écartés et le regard sombre, elle pouvait rester là sans broncher, jusqu'à ce que son père cède et ajoute un troisième paquet de choco fraise dans le caddie.
Ils ont dû penser que ça allait lui passer ; qu'à PhoBay, elle allait être confrontée à plus féroce qu'elle, et qu'elle finirait bien par se fondre dans la masse. Mais c'était sans compter cette page d'actu sur un joueur de gator polo qui était d'originaire d'une ville du coin, et suivait une routine effrénée, en vue des prochaines compétitions du SWAMP.

1991-1998 ; sa mère le considèrera toujours comme le caprice de trop, son père comme une manière de canaliser son énergie débordante. Il faut dire que pour qu'ils acceptent de l'inscrire au SWAMP, Serena a mis le paquet ; s'enfermant tour à tour dans sa chambre, dans la salle de bain, refusant de manger (sauf des céréales), de se laver les dents, de ranger ses chaussures. Les vacances d'été précédant sa rentrée ont été un petit enfer pour le couple Wersäll et, bien entendu, Serena en est ressortie vainqueur.
A onze ans, elle troque donc les moon boots et les chemises en coton pour les sandales et les shorts à franges, direction la Floride, ses crocodiles et son soleil.
Serena revit et se révèle comme jaja. Répartie dans la maison de Venus, dont elle témoignera soudainement un intérêt prononcé (elle a commencé à lire de son plein gré avec des traités d'astrologie) (elle ne comprenait pas tout, mais disons que ça faisait bien, dans son sac, entre la lunch box et les parchemins). Une fois n'est pas coutume, elle try hard pour s'attirer l'affection de son syscrew, dont la plupart était déjà plus âgée qu'elle de quelques bonnes années (les écarts d'âge ne se font jamais plus ressentir qu'à l'adolescence). Mais c'est bien mal connaître Serena que de se dire qu'elle va give up. Elle se transforme, physiquement, dans un premier temps, moralement, par la suite ; elle épouse les habitudes de ses aîné.e.s, oscille entre une attitude plus mature et des mimiques infantiles, afin de se lover à la place de la petite dernière adorablement insupportable. Au fur et à mesure des drames qui secouent le syscrew, elle tâche de se rendre indispensable, omniprésente pour ses pair.e.s.
A quinze ans, elle ne se pose pas la question de savoir si le cursus illuminary est fait pour elle ; c'est le corps enseignant qui l'encouragent à prendre les tatouages, sensibles à son investissement émotionnel auprès de ses camarades. Et, de surcroît, Azza s'est lancé dans l'aventure, alors il n'y a pas de raison qu'elle ne l'imite pas. Avant même de savoir de quoi il s'agissait, Serena se voyait déjà resplendir, habillée de ses tatouages en quartz rose sur sa peau hâlée.
Si elle s'éclipse discrètement pour des heures sup en méditation, ou pour manier les flux magiques en secret, publiquement, elle ne démontre aucune peine particulière à réguler sa magie tatouée. Elle n'est certainement pas la plus brillante du lot, mais c'est rarement ce qu'on demande à la maison de Venus. Elle est là pour rallier, tisser les liens entre les têtes, les cœurs et les ombres. On n'attend pas d'elle qu'elle soit la plus douée, mais qu'elle aide les autres à révéler leurs talents.

1998 ; à 18 piges, elle empoche son diplôme et le droit de conserver ses tatouages. Uniquement lestée d'un sac à dos et de sa fameuse planche de skate montée sur un balai (les moldus ne voient qu'un skate ordinaire, bien entendu), elle trace pour Los Angeles. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle va y faire, elle est simplement mue par un désir d'y poser le pied, de profiter de l'émulation de la ville, et de retrouver des ami.e.s. Bien entendu, iels sont là pour lui proposer un canapé sur lequel squatter quelques temps (et même pour toujours, vu comment certain.e.s la matent).  
Ils vivent leur meilleure vie, émergeant au milieu de l'après-midi pour faire la fête jusqu'au petit matin. C'est au cours d'un début de soirée au skate park, alors que Serena, pour être honnête, ne faisait absolument rien d'autre que de se tenir un peu accroupie, la planche coincée sous le genou, qu'un jeune réalisateur l'a approchée. Concrètement, n'importe qui d'autre aurait refusé de se lancer dans son projet de film indépendant sur "la jeunesse sorcière désabusée", mais tout aussi concrètement, l'idée plaisait à Serena, et elle n'avait rien d'autre à faire.
Décrochant ce casting sauvage avec une facilité déconcertante, Serena (et toute sa team) démarre le tournage de WizKids. La prod est si subversive qu'elle ferait passer son homologue moldu, Kids, pour une comédie romantique pegi 12. Ash, le réal, se contente de filmer le quotidien de la coloc, et bien vite, sans s'en rendre compte, Serena vole la vedette et le cœur de Ash qui en fait sa muse.

1999 ; pendant le tournage, Serena rencontre le producteur d'Amortension. Elle passe les auditions "pour se marrer", sa participation étant clairement "ironique" ; elle n'a pas manqué de répéter qu'elle était opposée à ce genre d'émissions, à l'USoK, à la surconsommation et tout ce qui fait des Etats-Unis le monstre que le public adore détester.
Elle fait interrompre le tournage de WizKids, le temps de l'émission, qu'elle gagne haut la main ("Ma stratégie ? Pourquoi j'aurais eu besoin d'une stratégie ? Shōta et moi, ça dépasse la notion de stratégie ; c'est nos cœurs et nos corps qui se sont exprimés.").
WizKids peut donc reprendre, et, à défaut de faire l'unanimité, fait beaucoup de bruit à sa sortie sur les ondes, ébranlant tout ce qu'on avait pu voir jusqu'à ce jour sur les ondes cristal. C'est brut, cru, controversé ; il n'y a rien de fictionnel, les sorciers ont l'impression d'être des voyeurs catapultés dans la vie de ses jeunes, et ça les dérange, ça les fascine, et de fait, ça fait parler. Le film remporte des prix obscurs dans des festivals encore plus obscurs. Serena, quant à elle, est propulsée au rang de "petite amie de tous.tes les sorcier.e.s".

En août, ivres de leur succès, elle a une aventure avec Ash. Elle confiera par la suite qu'elle a fait ça "pour tuer mon rôle. J'avais besoin de ça pour conclure cette aventure. Ce film, c'est Ash qui me déclare son amour ; alors il fallait conclure, pour que je sorte de sa peau." Il faut croire que Shōta gobe son excuse, et après une rupture de deux semaines, ils partent en voyage. S'ils se sentaient un peu obligés de rester ensemble, le temps que la promo de la saison deux d'Amortension se passe, ils ont fini par y trouver leur compte et même de la tendresse, si bien que le jeune homme la demande en fiançailles en 2001.

Si le couple Purville-Wissar semblait avoir survécu à la vague WizKids, il n'est parvenu à passer la barre des quatre ans. En 2002, les enfants terribles du showiz américain se séparent, après une relation houleuse et intense "comme le Bigbang" chantera Serena dans son unique morceau, produit lors de l'été 2001. Si l'explication de Serena se résume à "la présence des paparazzi et l'engouement de nos fans a définitivement nui à notre relation ; mais elle était véritable." pour Hexed en 2002, elle tiendra un discours un peu plus révélateur pour Closest, comme quoi le public sorcier ne s'est jamais vraiment remis de la claque qu'a été WizKids, et que les média ont voulu épancher leur soif d'intrusion en essayant de voler au couple les moments les plus intimes de leur vie. Si la jeune femme n'hésite pas à se donner en spectacle pour déclamer tout un tas de messages engagés, perchée à moitié nue sur une usine de cuir de dragons, elle ne pouvait plus jouir d'aucun moment d'intimité avec son fiancé. "Vous comprenez pas que, quand je vous montre mon corps, je vous montre pas mon cœur. Et le public c'est ce qu'il veut, mon cœur, même s'il pense désirer mon corps. Sauf que mon cœur, il est à Shōta, il était à Shōta mais vous le lui avez pris."

2002-2006 ; la carrière de Serena bat son plein. En plein tournage pour le nouveau projet de Ash, Cassiopeia Canopy : Destiny of the Blue Blooded Dancer, une trilogie post-apo écologique, elle tient (une nouvelle fois) le rôle principal : une guerrière strip-teaseuse, mi-selkie, mi-vampire, mi-elfe de la nuit, faisant exploser des complexes industrialo-fascistes essayant de détruire la forêt amazonienne. Jonglant entre le set, et les campagnes de mannequinat pour des marques engagées, elle trouve toujours une réplique pour fermer le clapet des critiques. "Je joue pas un rôle ; jouer c'est pour les enfants. Je donne vie au personnage, il devient moi, il a toujours été moi. Je pense qu'être actrice, c'est pas devenir quelqu'un, c'est ramener quelqu'un à soi, pour le rendre authentique."

Sur un plan plus personnel (par quelques miracles, Serena a toujours réussi à épargner à son précieux syscrew les affres de la célébrité), et donc méconnu, elle souffre régulièrement du départ de ses sysmates qui, comme une malédiction, embarquent les uns après les autres pour le Royaume-Uni, à l'instar de Shōta. Les plus avisé.e.s remarqueront notamment que chaque départ coïncide plus ou moins avec ses performances les plus subversives, comme cette fois où elle est restée allongée dans le hall d'entrée de l'USoK, magiquement scellée au sol, pendant des jours, ou encore quand elle a manifesté contre l'exploitation des elfes de maison, simplement vêtue d'un chiffon, perchée sur le toit des locaux d'une enseigne connue.
Néanmoins, elle arrive toujours à reconquérir le cœur de ses fidèles, et ses répliques controversées n'y changeront rien, comme si sa sincérité et sa séduisante nonchalance pouvaient rattraper tous les scandales, les relations frivoles et les bouts de fesses apparaissant sur des photos volées. Sa fanbase salue tout ce qu'elle fait, même s'il s'agit d'un simple caméo dans le troisième volet de la saga Die Soft, où elle donne la réplique à Jonas Mahtats, en 2005. Même sa relation tumultueuse avec le rappeur Keanu South, et une apparition controversée dans son clip du moment Peach perfect n'a pas réussi à entacher l'éclat de son rayonnement.

2007 ; alors qu'elle collaborait avec la marque de sous-vêtements cruelty free Elizabeth's Confession, dont les défilés aériens se déroulent comme chaque année au mois de mai, elle accepte enfin de s'exprimer à propos de Shōta. "Ça ne ressemble véritablement pas au Shōta que je connais qui a toujours méprisé la discrimination sous toutes ses formes." Suite à ça, elle répondra à une interview exclusive sur ce qu'elle pense de la politique du Royaume-Uni ; c'est notamment à cette occasion qu'elle expliquera que la figure de DarkHell dans le second volet de la trilogie CCDBBD qu'elle venait de finir de tourner était une allégorie de la figure toute-puissante qui sévit de l'autre côté de l'océan.
Elle s'affiche désormais au bras de Maximilian Thornwood qui apparaît à ses côtés à l'affiche de CCDBBD et avec qui elle avait déjà collaboré dans le court-métrage S(h)elfish de Layne Ramsy, la nouvelle favorite du ciné-crystal underground américain, sur la vie intime des sirènes (elle aura d'ailleurs une aventure avec la réalisatrice, mais on soupçonne Thornwood de ne pas avoir crié au scandale, puisqu'il faisait également partie intégrante de la relation).
Pour autant, c'est seulement à deux qu'ils décident de partir au Royaume-Uni ; scandale médiatique, ou changement d'air ? Les théories vont bon train, et les deux jeunes gens glissent dessus comme sur la dernière vague.