“Marlon, assieds-toi, faut que je te parle. Tu vas passer ta journée au spa. Je le sais, je le sens, tu ne vas pas bien.” Lorsque Rodolphus avait prononcé ces quelques mots, tu t’étais d’abord montré plutôt sceptique, ne sachant trop ce que tu pourrais bien faire dans un spa en sa compagnie plutôt qu’aux côtés de ton épouse. Mais, las de boire le café infect fait par les brigadiers de la BPM, tu t’étais laissé convaincre lorsque ton ami avait évoqué la limonade succulente que l’on servait entre les murs de Sang-pur & Bien-être. A ton arrivée dans les vestiaires, tu commences à te débarrasser de ton uniforme, sous le regard inquisiteur de Rodolphus. “Dis donc, t’aurais pas un peu grossi depuis le mariage ? Je le croyais pas quand Abbas le disait mais finalement…” La fin de ses paroles vient se perdre dans l’un de ces longs soupirs désespérés dont il avait le secret. Puis, avant de te laisser quitter la cabine à ses côtés, il te tend un slip jetable à enfiler sous ton peignoir. “Tu crois quand même pas qu’ils font les massages naturistes ici. On n’est pas chez les van Baume.” C’est sur cette élégante plaisanterie, que vous quittez les vestiaires pour laisser vos corps respectifs entre les mains expertes de deux masseuses aux cheveux bruns et bouclés, qui te rappellent étrangement Bellatrix Lestrange. Tu prends néanmoins bien soin de garder cette observation pour toi, craignant que Rodolphus ne fasse un esclandre. Votre programme se poursuit et une multitude d’activités toutes plus exaltantes les unes que les autres s’enchaînent, et pourtant, Rodolphus voit bien que tu as encore une petite mine. Profitant d’un instant de calme dans le sauna, ton ami décide de prendre le sombral par les cornes pour te tirer le ronflak cornu du nez. “Bon, c’est quoi le problème ? C’est Corban qui fait le meilleur café du niveau deux, c’est ça ?” Le regard que tu lances à Rodolphus est sans équivoque, tu n’apprécies pas du tout la plaisanterie. Mais le fait est que la tristesse reprend bien vite le pas sur l’agacement. Tu baisses les yeux vers le sol, dans l’espoir que Lestrange ne voit pas ta mine penaude. “C’est le Seigneur des Ténèbres. Dans mes rêves, mon Lord m’aime et vient à mon mariage. Mais dans la réalité, ça s’est passé tout autrement. Je demandais pas non plus à ce qu’il sorte du gâteau et crie hourra, mais j’aurais aimé qu’il vienne, tu comprends ?” En entendant tes petits problèmes, Rodolphus demeure d’abord silencieux et affiche une mine très sérieuse, comme s’il réfléchissait pour la première fois de sa vie. Et puis soudain, la révélation semble lui parvenir. “Marlon, chaton, arrête de te prendre la tête avec ça. Je suis sûr que c’est Fitzroy qui lui a piqué son invitation. Tu sais bien qu’il sait pas s’amuser celui-là, c’est un glaçon. Il fondrait en même pas cinq secondes dans ce sauna.” Mouais, toi t’es pas vraiment convaincu, tu sais bien que Rodolphus est jaloux de ton amitié avec Otto. Toi, tu penses juste que le Lord, bah, il t’aime plus, voilà c’est tout. Il a dû se sentir évincé de ta vie par Freya et maintenant il te ghoste, comme disent les jeunes. “Tu sais quoi, Dodo ? Je vais lui envoyer un hibou au Lord. Et je vais l’inviter à venir ici, je suis sûr que ça lui plaira.” Rodolphus est sceptique, c’est qu’il n’aime pas trop partager ses bonnes adresses avec les autres. “Demande-lui où il a fait son lifting alors. Les bons contacts, c’est donnant-donnant.”