La peur dans son regard fait accélérer ton pouls. Il y a de la panique, un besoin viscéral d'obtenir des réponses immédiates. Tu vois sa main tâtonner vainement sur une boîte de médicaments et puis il comprend. Il comprend enfin et l'horreur traverse son regard et tu te sens puissante, invincible. T'as l'impression que tu pourrais gouverner le monde, le mettre à ta merci, comme tu tires sur la laisse savamment passée autour du cou de ton frère. Et puis tu relâches la pression, et ton exaltation s'estompe aussi vite qu'elle est arrivée. Impassible, t'observes le corps encore pantelant d'Hector. “ Choking.. Your remaining brother.. ” Aucune réaction. “ Your Lord taught you how to hurt your own family that's.. That's some trick to show mom.. ” Ton regard est plus dur, mais tu ne bouges pas. “ I'm sure she'll be pleased. ” Et puis Hector s'en va, et il te laisse seule dans la cuisine. Seule avec ses mots.
Seule avec toi-même.
Seule avec ton vide.

T'as le cœur qui bat encore trop vite à cause de votre altercation. Et t'as un goût amer à la bouche, comme si en fin de compte, de vous deux, c'était lui qui avait eu le dernier mot. T'as envie d'être énervée contre lui. T'as envie de lui courir après et de lui montrer qu'il a tord, que peu importe ses mots c'est toi la plus puissante, qu'il peut rien dire, qu'il peut rien faire pour te toucher. Qu'avec cette marque sur ton bras gauche, t'es intouchable, imbattable. T'as envie de lui prouver... ou peut-être que t'as envie de te prouver, au fond, que c'est toi la meilleure. Que comme ta mère avant toi, t'as toujours été le vilain petit canard mais qu'aujourd'hui c'est toi qu'on respecte, parce que t'as fait le plus de chemin, parce que t'es celle qui a le mieux réussi.

Mais alors, pourquoi les mots d'Hector résonnent dans ta tête, s'entrechoquent et explosent ? Si t'étais la meilleure, il aurait tort et tu le saurais et tu te ficherais bien de ses états d'âme. Mais tu restes immobile, seule dans la cuisine, les yeux rivés sur la porte où il a disparu.

Et peut-être que tu réalises enfin que tout ce que t'as toujours voulu c'est d'être acceptée par cette famille. D'être aimée par tes frères, et encore plus par ta mère. Peut-être que tu réalises que tout ce que t'as fait jusqu'à présent ne fait que t'éloigner un peu plus chaque jour des tiens.

Oui, peut-être que tu réalises tout ça, mais tu décides de l'ignorer.
Tu quittes toi aussi le manoir sans dire aurevoir à ta mère.

Fin du RP