Ginny est trop concentrée sur Harry pour se soucier de ce qu’il se passe autour d’elle ou se rendre compte que son Polynectar est en train de la lâcher. Elle n’a pas de raison d’y penser, de s’en inquiéter, elle ne l’a bu qu’il y a une vingtaine de minutes seulement. Juste avant de venir. Elle devrait peut-être faire attention à la foule malgré tout, notamment aux Death Eaters qui rôdent, mais Harry et son discours improbable occupent toute son attention. C'est pour ça qu'elle est venue en dépit des interdictions bien claires du cercle sept. Pour le voir, pour essayer de comprendre. Mais c’est impossible que ce soit lui, vraiment lui, malgré les yeux verts et les lunettes rondes et les cheveux qui refusent tout simplement de plier devant la moindre brosse, et la cicatrice surtout en forme d’éclair sur son front. C’est Harry mais pas Harry, c’est un type sous Polynectar, ou un clone créé elle-ne-sait-comment, mais ça ne peut pas être Harry, pas vraiment. Ce qu’il dit n’a rien de nouveau pour un partisan du Lord, elle imagine, mais venant de Harry ça la remplit d’une horreur sans nom, tant et si bien que même lorsque l’on s’écarte d’elle et murmure dans son dos, elle n’a d’yeux que pour lui. Grossière erreur, car si ses cheveux redevenus roux ont attiré l’attention d’un grand monde, le premier à arriver à sa hauteur ne lui veut pas du bien. “ Veuillez me suivre, s'il vous plaît. Vous perturbez le bon déroulé de ce discours.” Elle cligne des yeux en se tournant vers qui s’adresse à elle, croyant presque d’abord qu’il y a erreur sur la personne. Cependant les yeux curieux des sorciers autour d’elle, l’hostilité de celui qui lui fait face — un vampire devine-t-elle facilement — et surtout l’éclat d’une mèche de ses propres cheveux qu’elle capte dans son mouvement la remettent bien vite à niveau.

Bien sûr l’idée de suivre bien gentiment ce qui semble être un Hound de la DB ne lui traverse même pas l’esprit, sortir de la foule c’est s’exposer à un interrogatoire ou pire. Elle ne croit pas avoir encore été tout à fait reconnue. C’est vrai que le Gouvernement n’a pas eu loisir d’enregistrer son physique depuis son adolescence, ça lui laisse un peu de marge, au moins. Mais ça ne saurait trop tarder vu les murmures. L’éclat du couteau dans la manche du vampire, qui pour le moment au moins ne la touche pas, sait la faire réfléchir un peu avant d’agir. Elle mesure la situation aussi vite qu’elle le peut ; déclencher une rixe en pleine foule risque de lui attirer plus d’ennuis qu’autre chose en plus de mettre ses camarades de l’Ordre en danger aussi. Elle ne comprend pas ce qu’il s’est passé avec le Polynectar, espère être la seule dans cette situation délicate. Après une étude la plus rapide possible du pour et du contre de chaque possibilité s’offrant à elle, elle offre un petit sourire au vampire et hoche doucement la tête. “Je comprends.” Elle sourit même quand elle donne aussi fort qu’elle le peut un coup de genou dans l’estomac du vampire, la lame qu’il tient d’une main effleurant sa peau à elle, mais surtout l’ombrelle qu’il maintenait de l’autre s’échappant de ses doigts, vite récupérée par Ginny. Elle profite de l’effet des rayons du soleil sur sa peau laissée sans protection pour se faufiler entre deux inconnus, se frayant un chemin dans la foule du bout de l’ombrelle volée. Ginny ne cherche pas à rejoindre Sirius, sachant pourtant où il se trouve, au contraire, elle s’en éloigne, de lui comme des autres, le plus possible pour ne pas attirer les autorités à eux. Ils sont tous venus à leurs risques et périls, conscients des dangers. Mais si elle est la seule à avoir été repérée, autant qu'elle le reste.

Draco est dans son coin, les bras croisés sur sa poitrine alors qu’il écoute le discours de Potter. Sa mère est avec lui. Sa mère est toujours avec lui. Il est plus là pour veiller sur elle que pour réellement écouter Potter parler. Il a du mal avec ce qu’il dit parce qu’il sait pertinemment qu’il n’aurait jamais dit ça s’il était dans son état normal. Il observe la foule de ses yeux clairs et reconnaît quelques visages. Un en particulier parce qu’il surplombe tout le monde, Pansy. Il secoue la tête en souriant un peu. Elle a dû saouler convaincre Blaise de se laisser faire.
Ses yeux se promènent toujours alors que Potter termine son discours. Il repère dans la foule des personnes qui bougent et un peu plus loin une chevelure flamboyante. Draco fronce les sourcils et doit forcer un peu pour être certain qu’il n’hallucine pas. Est-ce qu’ils sont tous devenus stupides à l’Ordre pour se pointer à un tel événement sans précaution ? Est-ce que c’est bien la fille Weasley qu’il vient de voir ? Draco décroise les bras lorsqu’il la voit fendre la foule sans personne pour l’arrêter. Evidemment que des membres de l’Ordre sont venus aujourd’hui. Alors peut-être qu’il y a Black aussi dans le lot. C’est peut-être sa chance de bien se faire voir par le Lord s’il attrape quelqu’un d’important chez les Phénix. Il sort sa baguette à son tour, lance un coup d’œil à l’estrade pour s’assurer que sa mère va bien. Il sait qu’elle est capable de bien se défendre et qu’elle a probablement préparé des cercles d’alchimie. Draco se sent tiraillé par l’envie de la rejoindre pour être prêt en cas d’échanges de sorts, mais en même temps, il pourrait très bien se joindre à la chasse aux résistants en se fondant dans la foule.

Finalement, il décide de se diriger vers l’estrade. Il y a de grandes chances pour que quelques membres de l’Ordre décident de venir chercher Potter directement. Autant qu’il laisse les mangemorts perdus dans la foule s’occuper des résistants un peu éloignés, lui, il s’occuperait de ceux venant pour le Survivant. Il est obligé de jouer des coudes pour arriver jusque devant, se prend des remarques réprobatrices en passant et parfois de lourds soupirs, mais il s’en moque.
Il se poste devant l’estrade, jette un coup d’œil à sa mère qui hoche la tête et lui sourit un peu puis son regard dévie sur le Survivant. Potter a l’air nerveux.

Seuls quelques membres de l’Ordre ont été autorisés à se rendre sur le Chemin de Traverse pour écouter le discours de Harry. Remus sait que Sirius y est. Sous polynectar, comme lui. Il est quelque part dans la foule et il ne peut pas s’empêcher de se mordre l’intérieur de la joue en le cherchant nerveusement du regard. Il a pris l’apparence d’une jeune femme aux cheveux bruns courts, mais trop petite pour pouvoir apercevoir les visages dans la foule. De plus, il n’a aucun indice sur l’apparence de Sirius non plus. Soudain, Remus s’immobilise lorsqu’il entend la voix hésitante de Harry s’élever. Son sang se glace et il sent une vive émotion empoigner son cœur. Dix ans qu’il voulait entendre cette voix et maintenant que c’est fait, il a peur. Il l’écoute attentivement, faute de pouvoir le voir. Il est sur la pointe des pieds, mais il est incapable de voir à quoi ressemble le fils de ses meilleurs amis. Il décortique chaque mot, manque de s’étrangler en l’entendant dire des choses qu’il n’aurait jamais dites avant. Qu’est-ce que Voldemort lui a fait ?

Remus joue des coudes, s’excuse d’une voix fluette et essaie de s’avancer. Il veut le voir. Il veut s’assurer que c’est bien Harry et non pas une marionnette.

A ce stade, il ne sait pas ce qu’il préfère de toute façon. Si c’est véritablement Harry, quelle torture a-t-il subi pour en arriver là ? Si c’est un mangemort sous polynectar, où est le véritable Harry ? « Pardon. » Fait-il en bousculant un sorcier.

Il avance toujours jusqu’à repérer un mouvement dans la foule. Un mouvement un peu suspect.
Un éclair roux l’interpelle et il le voit filer.
Remus fait un mouvement pour aller dans la direction de cet étrange événement avant de se rendre compte qu’il n’est plus aussi petit qu’un instant auparavant et que les sorciers autour de lui le dévisagent d’un air surpris voire méfiant. Il se tourne vers l’estrade pour se rendre compte qu’il voit Harry. « Mais c’est Lupin ! » S’exclame un sorcier dans la foule. Remus comprend alors que le polynectar ne fait plus effet. Ça a été un peu trop soudain. « Shit. » Lâche Remus avant de repartir en arrière. Si le polynectar ne fait plus effet, ils sont tous en danger.
Il bouscule les sorciers sur son passage et il essaie de repérer Sirius dans l’assistance. Il connaît suffisamment son meilleur ami pour savoir qu’il va faire quelque chose de stupide maintenant que leur couverture semble avoir sauté.

Vous êtes rejoints par Goyle et Poppy. Tu les gratifies du même regard dédaigneux, parce que flemme de faire la distinction. Cela dit, le pas que tu fais sur le côté, s’il t’éloigne de Goyle, te rapproche de Poppy. « Et faut dire que t’en connais un rayon, pour envoyer les gens à l’infirmerie, pas vrai, Goyle ? » que tu persiffles, tout en levant le nez, inutilement, sachant que tu dépasses tout le monde.
« Cela dit, je dois avouer que la barbe lui va plutôt bien ~ » que tu ricanes, haussant les sourcils avec suggestion à l’intention de ta sirène.

Cela dit, toutes les bonnes gueuseries ont une fin, et voilà que Vasily te rappelle à l’ordre. Un soupir agacé non dissimulé, avant que tu ne prennes sa suite. « Goyle, fais le tour, on sait jamais » s’il t’écoute ou pas, tu t’en moques, tu lui as donné un ordre, et cette initiative est suffisante à tes yeux pour sauver le tournant catastrophique qu’allait prendre inévitablement cette journée. Parce qu’un instinct de vampire ne trompe pas, et encore moins celui de ton aîné, dont tu devinais la lame glisser dans sa manche. Tu n’aimais pas qu’il utilise ce genre de technique, tu trouvais ça d’un grossier… Bah, plus vite on en finissait, plus vite tu pourrais retourner jouer les commentateurs sportifs exigeants.

Vasily gagne de la distance sur toi. Si bien que tu n’es pas tout à fait arriver lorsque l’individu suspect semble se défaire de ton comparse. L’ombrelle est déjà en train de se carapater lorsque tu finis par le rejoindre. « L’ombrelle, Orlov, pas très ergonomique, hein… » que tu gémis en te défaisant d’une épaisseur de cape pour la lui balancer dessus, afin de le protéger du soleil.
Tu te redresses pour chercher le fuyard des yeux, dégaines ta baguette et te lances à sa poursuite, espérant intimement que tu ne serais pas le seul à avoir cette riche idée.
Soudain, un passant pas loin de toi s’écrie qu’il croit avoir vu Lupin. Tu fais la grimace, sidéré. « Really ??? » te plains-tu en faisant un tour sur toi, brassant la foule, ne sachant plus où donner de la tête. Et dire qu’en troisième année, t’avais flashé sur ce professeur… quel gâchis… « Rah, réduction d’effectifs de mes deux ! »

Tu décides finalement à courser l’ombrelle, plus notable -et aussi parce qu’accessoirement, tu sais que tu ne ferais pas le poids face à Remus… « Orlov ! Orlov on en a un autre par-là ! » que tu couines, avant de te remettre à courir.
« Mademoiselle ! Dernier avertissement ! Arrêtez-vous sans faire d’histoire ! » que tu préviens, la baguette dressée par-dessus la foule, pointant dangereusement l’ombrelle.

Bon, clairement, question lavage de cerveau, Potter était au top. Le petit gars — qu’Antonin qui avait décidément beaucoup de mal avec le concept de la temporalité voyait encore comme l’adolescent de quinze ans qu’ils avaient chopé au Ministère il y a quelques années — lâchait les bails calmement. Oui je suis vivant, oui voilà voilà, c’était cool la bagarre les gens mais maintenant nous voulons un monde plus beau. Ah ça, Antonin ne connaissait pas Potter et pour être honnête n’en avait jamais eu grand-chose à foutre, mais même lui avait fini par comprendre que ce genre de discours n’était pas le genre du Survivant. Alors bon, Optimal pour le patron qui avait bien réussi à lui retourner le cerveau, on applaudit. Mais pour le reste… qu’est-ce qu’on se faisait chier. Le pauvre Harry n’avait pas l’air d’être habitué à causer en public, et voilà que ça regarde ses notes, que ça hésite un peu.
Mais tout le monde est suspendu à ses lèvres. Donc bon…  Qui était-il pour juger ?

Il décrocha rapidement, plus intéressé par la petite masse qui s’était pressée pour assister à l’évènement. On les avait prévenu (en réalité il faisait parti de ceux qui prévenaient les subalternes, c’est si beau d’être en haut de la chaîne alimentaire…) que l’Ordre allait sans doute passer. Et quand on dit passer, on ne parle pas seulement de jeter un petit coup d’œil et repartir, genre mamie au marché. Non, on parlait plutôt d’une tentative de kidnapping de bébé Potter. Oui, c’était du kidnapping puisque maintenant il était à eux, le Harry. Allez, on s’était pas fait chier à le récupérer, à lui faire des trous dans la tête, à lui apprendre la jolie comptine du Ministère pour que des bouffons viennes le récupérer comme ça, aussi sec.
Antonin, qui avait l’esprit imaginatif, tenta de visualiser ce qui se passerait si jamais des gens arrivaient vraiment à capturer Potter, là. Et le petit daydream qui s’ensuivit lui colla un peu froid dans le dos. Il se concentra davantage.
Même si, Merlin, Morgane, Salazar et tout le bazar, il s’emmerdait.

Et là, ça s’agite.
Il ne loupait jamais les petites agitations de foule Antonin. Parce qu’il aimait ça. Sans doute d’avoir passé trop de jours en tête à tête avec lui-même, ça accordait une sorte de fascination pour autrui, tout ce qui pouvait le détourner de ses pensées.
À quelques centimètres au-dessus de la plupart des bouffons même pas payé pour se déplacer, il vit la foule s’ouvrir devant une silhouette qui (et c’était sans doute pour ça que les gens s’écartaient) changeait d’apparence. Ah ben, c’est ça quand tu prends ton polynectar en avance. Faut réfléchir un peu dans la vie.
La gamine, il ne la reconnaît pas. Mais y a déjà des types sur l’affaire. Un type en tout cas, qui se fait mais doser… incroyable. Les fonctionnaires, que ce soit sous ce gouvernement ou l’ancien… vraiment… Il lâche un énorme soupir en dégainant sa baguette en la voyant commencer à se carapater, surélève le macadam sous ses pieds d’un sort afin de mieux pouvoir la viser quand…

« Mais c’est Lupin ! »

Ah !
Mieux. Lui, Lupin, Antonin savait qui c’était. Il tourne la tête vers l’origine du bruit, et il le voit. Qui tente de se carapater. Trop adorable. On aime. Ça bouge un peu. C’est top.
Il vise, le sort rate sa cible. De peu. C’est qu’il fait de la marche rapide le louveteau. C’est le sol qui prend (et aucun dommage collatéral) (ah, c’était à ça qu’on reconnaissait les champions). Quoi que les vrais champions, ils visent juste.
Antonin grogne et vise de nouveau, tandis que son cerveau hésite entre deux Impardonnables.

Il avait reçu une invitation pour la conférence comme la plupart de ses collègues.
Il n’avait pas voulu y aller, se disant qu’il avait déjà fait son interview de Potter et que bien assez de journalistes seraient présents pour l’occasion mais son rédacteur en chef avait insisté. Il n’avait pas très bien compris pourquoi, après tout ça ne servait à rien d’avoir quatre personnes différentes pour le même événement. Mais soit, il avait pris sur lui et s’était rendu sur le lieu du rendez-vous, équipé de son appareil photo. Quitte à faire la même chose que les autres, il aurait au moins de quoi illustrer l’article.

Il avait écouté d’une oreille attentive le discours du Survivant, en se tenant légèrement à l’écart de la foule massée au pied de l’estrade pour avoir une meilleure vue d’ensemble et pour pouvoir prendre des clichés intéressants si l’occasion se présentait. Il avait encore du mal à croire que Potter puisse tenir des propos pareils et ce même s’il l’avait déjà entendu dire la même chose lors de son interview. C’était choquant de l’entendre dire ça. Mais après tout, s’il le pensait vraiment et qu’il n’était pas sous le contrôle d’un sort ou de quelque chose du genre, pourquoi est ce qu’on ne pouvait pas le croire et le suivre ? Le journaliste se fichait bien de tout ce conflit, tant qu’il pouvait vivre et qu’on lui foutait la paix, ce qui avait toujours été le cas et ce malgré l’arrivée du Lord.

Un mouvement dans la foule attira son attention et il se décala de sa position, en restant toujours à l’écart pour garder une meilleure vue d’ensemble et ne pas s’impliquer si jamais ça devait dégénérer. Qu’est ce qu’il se passait ?
Il y avait une jeune femme, rousse, qui se tenait seule au milieu de la foule alors que les gens autour d’elle commençait à s’écarter. Sans réfléchir, il leva son appareil pour la prendre en photo, se disant qu’il pourrait toujours l’utiliser d’une façon ou d’une autre. Si elle était recherchée, il pourrait la donner au gouvernement et peut être se faire bien voir.
La situation sembla dégénérer mais il n’eut pas le temps d’en observer la suite, la foule entre lui et la scène étant beaucoup trop compacte. Il lâcha un juron et continua de balayer les alentours du regard. Si elle était effectivement recherchée, elle n’était certainement pas seule. Il tiendrait peut être un scoop s’il parvenait à repérer ceux qui étaient avec elle.

Alors qu’il continuait d’observer autour de lui, un sort éclata au sol non de lui, le faisant sursauter et lâcher un nouveau juron. Il dégaina sa baguette par réflexe et releva immédiatement la tête dans la direction d’où il venait et avisa un type, surélevé dans la foule. (Antonin) Mais il était malade ce type ? Quel genre de détraqué balançait un sort comme ça dans une foule pareille ? Il l’interpella d’un. « Vous êtes malade ?! » Et n’attendit pas de réponse avant de se faufiler dans la foule pour essayer de se rapprocher un peu plus de l’action.

Ils n’auraient pas dû venir. Évidemment, qu’ils n’auraient pas dû venir. Hermione a été la seule du groupe réuni dans le bureau de Sirius à dire à haute voix que ce n’était pas une bonne idée. Mais il était inutile d’essayer de raisonner les autres : ils avaient déjà tous décidé d’aller à la conférence de presse organisée par le ministère. Et ce serait mentir de dire qu’elle n’avait pas envie d’y aller aussi. C’est juste que son côté raisonnable, son côté stratégique, son instinct peut-être aussi, lui criait que c’était une mauvaise idée. Mais parce que la curiosité est plus forte que tout, et parce qu’il était hors de question qu’elle laisse les autres y aller sans elle (ils seraient bien capables de se mettre en danger inutilement. Surtout Sirius et Ron), elle a bu son polynectar et a suivi le mouvement.

Comme les autres, elle s’est fondue dans la foule, cachée sous les traits d’une femme très grande et très blonde, bien différente d’elle. Elle s’est approchée de la scène par le côté, cherchant à se rapprocher de l’estrade sans pour autant être en face. Ron, sous les traits d’un sorcier brun plus petit qu’elle, l’a suivie.
Et puis Harry est arrivé, et Hermione a oublié pendant quelques secondes où ils étaient, pourquoi ils étaient là. Son coeur a eu un raté, devant cette silhouette familière, devant ce visage qu’elle avait rêvé de voir depuis sa disparition, il y a dix ans. Ses yeux se sont plissés devant la ressemblance évidente avec son ancien meilleur ami, mais un froncement de sourcils est venu durcir son visage quand même. Parce que ce n’était plus vraiment tout à fait le Harry qu’elle avait connu. Cette barbe, ces cheveux bien peignés, son accoutrement. Il y avait une énergie différente.
Elle a échangé un regard avec Ron, et a serré les dents tout au long du discours.

--

Quand Harry termine son intervention, Hermione lâche une expiration, qu’elle n’avait même pas remarqué qu’elle retenait depuis le début. Des tas de choses passent dans son esprit. Des tas d’idées, toutes plus absurdes les unes que les autres. Il y a de la colère, de la déception, et une impression évidente que quelque chose cloche. C’est Harry, mais ce n’est pas Harry. Hermione ne sait encore trop quoi en penser. Son instinct lui dit que c’est bien son ancien meilleur ami qu’elle a devant les yeux, mais sa raison la pousse à penser qu’il s’agit d’un clone, d’une parfaite copie créée sur mesure par le gouvernement pour attirer la résistance.
Dans tous les cas, ça a marché, ils sont là.

Du mouvement derrière elle la ramène à la réalité.
Des cheveux roux. Ginny. Merde. Le polynectar s’est dissipé. Le gouvernement s’était préparé, évidemment. Évidemment. Ils sont partis de manière précipitée, ont choisi la solution la plus facile comme des débiles. Après toutes ces années, ils n’ont toujours rien appris. Hermione tourne la tête vers Ron. Il ne ressemble toujours pas à Ron. Peut-être qu’ils sont dans une zone où le sortilège pour les débusquer n’a pas encore fait effet. Ils ne seront pas en sécurité longtemps. Et Ginny est à découvert. Merde. Merde. Hermione est partagée : aller aider Ginny ? Laisser les autres membres du cercle 6, plus proches de la rousse, l’aider et tenter de se mettre à l’abri tant qu’il en est encore temps ? Paralysée par l’indécision, Hermione lève de nouveau les yeux vers Harry. À sa gauche, elle voit Draco Malfoy avancer vers l’estrade et se positionner devant celle-ci. Draco Malfoy. Elle ne l’a pas vu depuis des années - et il a toujours ce même air qui la fait grimacer. Ils ne sont pas très loin, et il ne manquera pas de les reconnaître, elle et Ron, dés que le polynectar s’estompera. « We should leave. Now. » dit-elle en se tournant vers le Weasley. Mais il n’est plus à côté d’elle. Il s’est rapproché de l’estrade sous sa fausse identité, et elle voit déjà des cheveux roux renaître dans sa nuque. Sorry Ginny pense-t-elle en suivant Ronald. Elle fait confiance aux autres pour l’aider -- mais elle est la seule suffisamment proche de Ron pour assurer ses arrières. Fichue impulsivité. Il s’approche dangereusement de Draco. Hermione lève les yeux. Narcissa Black et Lestrange sont toujours sur l’estrade. Elle se doute que des mangemorts sont au premier rang.
Ils sont cuits. Ses cheveux commencent à reprendre une teinte brune.
Il est trop tard pour s’enfuir discrètement.

Spoiler:

Penelope savait depuis le début que venir était une mauvaise idée. Rien de bon ne peut arriver quand on se mêle à la foule, et encore moins lorsqu'il s'agit d'un évènement organisé par Voldemort. Toute bonne citoyenne qu'elle s'emploie désormais à être, sans vague aucune, si ce n'est ce pauvre thé acheté une fois dans une échoppe moldue, rien ne la forçait non plus à se rendre au discours de Harry. Personne ne l'y aurait contrainte, pense-t-elle et personne ne lui en aurait tenue rigueur, de toute façon, personne ne la surveille vraiment elle le sait, quand bien même cela ne l'empêche pas de continuer à prendre toutes les précautions usuelles. Elle n'était pas obligée de venir donc et pourtant elle l'a fait, incapable de rester chez elle alors que le monde sorcier tout entier est en ébullition. Elle était tout aussi incapable toutefois de s'expliquer même à elle-même ce qu'elle a ressenti en voyant la tête de Potter dans le Daily Prophet. Potter de retour et du côté du Lord. Elle n'ose pas s'imaginer ce que ressentent les membres de l'Ordre. Littéralement. Elle ne veut pas imaginer. Mais c'est difficile, quand Harry parle comme il le fait. C'est difficile, aussi, quand une furie rousse la bouscule sans faire attention, apparemment poursuivie par un membre du gouvernement chargé de la sécurité de la manifestation. « Holy sh- » Penelope a à peine vu son visage, mais elle sait. C'est la sœur de- c'est Ginny. « Il faut qu'on parte. » fait-elle très simplement à Sylas, venu avec elle, souriant en voyant le Survivant dire l'éloge de la politique du Lord. Pour mille raisons il faut qu'ils partent — pour ne pas que Sylas ingère plus d'idéaux néfastes par exemple —, mais ce sont des motifs bien plus égoïstes qui la poussent à lui prendre le bras à vouloir quitter la foule, sans plus attendre. « Il faut qu'on parte maintenant. » légère note de panique dans sa voix, qu'elle essaye vainement de cacher. Avant que son regard ne croise d'autres membres d'une résistance abandonnée avec honte, avant surtout qu'ils ne la voient.

Sylas était en train de passer une journée plutôt décente, puisqu'il a la chance de ne pas travailler aujourd'hui, et que Penelope l'a invité pour qu'ils puissent aller ensemble au rassemblement du jour. Harry Potter est de retour et il est vivant! Et il a compris que le Lord était le maître incontesté de la magie. Il a tout compris et Sylas est très heureux. Il ne se souvient pas très bien de Hogwarts, alors il n'a pas matière à comparer. Il sait vaguement qui est Harry, bien entendu, mais il sait surtout qu'il aime beaucoup ce discours qu'il est en train de dévoiler au monde sorcier.

Il y a un mouvement de foule mais Sylas n'y fait pas attention, un sourire béat vissé sur les lèvres, ses yeux allant au-delà de la foule pour se focaliser sur le seul Survivant qui, sur scène, semble regarder l'assemblée d'un air confus. « Il faut qu'on parte. » Sylas fronce les sourcils et frissonne quand Penelope lui attrape le bras et il a l'impression que celui-ci se transforme en coton à son contact. « Il faut qu'on parte maintenant. — Mais il n'a pas fini! ” ose se plaindre Sylas, en grognant un peu, en se débattant mollement, pas assez fort pour qu'elle relâche son emprise sur lui ceci dit mais assez pour lui montrer sa désapprobation. “ Si? Et puis... ” Il ne finit pas sa phrase, comme ça arrive souvent, et se détourne pour voir de quoi Penelope essaye de l'éloigner.

Il y a des airs horrifiés, paniqués, curieux, énervés. Il y a des visages qu'il ne connait pas, qu'il n'a jamais vu, qu'il reconnait vaguement. Il y a... “ Attends... ” dit-il d'une voix trop basse pour être entendue par Penny qui continue de le traîner à sa suite. “ Attends! ” Il s'immobilise et sa propre main attrape son coude, la force à s'arrêter aussi, avec une force insoupçonnable jusque-là. “ Il y a des brigadiers, on n'a pas besoin de s'inquiéter: ils sont là pour nous protéger! ” fait-il avec conviction, et un léger sourire. Ces membres de la VB, ces héros!

Le sourire faussement affable et véritablement menaçant que Vasily avait étiré sur ses lèvres eut tôt fait de disparaître lorsque le violent coup de genou de la résistante le cueillit dans l'estomac. Un bruit proche du gargouillis s'extirpa de sa gorge alors qu'il s'effondrait et un gémissement douloureux lui échappa lorsque la petite peste eut la présence d'esprit de lui voler son ombrelle. Les doigts de Vasily se refermèrent avec virulence sur son couteau. Il allait la tuer, même si c'était la dernière chose qu'il faisait de sa vie.

La douleur s'atténua lorsque Boris arriva à sa hauteur et lui lança une cape pour se couvrir. A sa remarque, Vasily ne put répondre que par un regard qui semblait clairement dire "No shit Sherlock" avant de se redresser et de s'élancer à la poursuite de la rouquine. Elle allait regretter. Lui donner un coup de genou, c'était une chose. L'exposer au soleil, aussi facilement, c'en était une autre. Mais il n'eut pas le temps d'aller bien loin. Déjà, Boris l'interpellait, criant qu'il y avait un autre résistant en lui pointant vaguement une direction.

Ce fut sa voix qui le sortit de sa furie et remit de l'ordre dans ses idées. Vasily voulut lui ordonner de ne pas le quitter, de rester ensemble, mais il était déjà trop tard. Portant brièvement une main à son estomac endolori, le souffle court, le vampire prit la direction qui lui avait été indiqué, humant l'air à la recherche d'une senteur suspecte ou familière. Ca puait le loup à proximité, mais avec les membres de la VB aux alentours, il était difficile de faire la différence...

Son attention fut attirée par une exclamation vive et un sort lancé dans la foule. Lupin, avait-il clairement entendu. Pris d'une poussée d'adrénaline, Vasily fendit la foule, une expression sauvage s'étirant sur son visage et déformant ses traits généralement marqués par une excitation et une joie presque enfantines. Plus trace du Vasily que ceux qu'il considérait comme ses amis, ses proches, pouvaient voir au jour le jour... Orlov était en chasse et le prédateur était avide.

Enfin, il arriva à hauteur du loup-garou. Remus Lupin. Planter ses crocs dans sa gorge lui était interdit, mais il avait un autre jouet pointu avec lequel il allait adorer s'amuser. Vasily se jeta sur l'ancien professeur, lame sortie, le manquant de peu. Il parvint tout juste à le bousculer, à attirer son attention. Couteau pointé vers l'hybride, léchant furieusement ses lèvres, Vasily évaluait son adversaire, cherchait une faiblesse.

Il ne savait pas ce qui l'excitait tant dans l'instant présent, ce qui le rendait aussi furieux, fébrile, sauvage : la peur de perdre Boris ? La colère envers cette rouquine qui avait su profiter de ses failles ? La foule bruyante, puante, masse grouillante qui agressait ses sens de toute part ? Ou tout ça à la fois ? Toujours est-il que Vasily avait soif. Soif d'un massacre. Et il allait commencer par Lupin.

Sa main tenant fermement le manche de son couteau, Vasily prit son élan pour se jeter sur Lupin, un feulement s'échappant de sa gorge.