on the run

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nom prénom(s)  » Elle s'appelle Aoife, ce qui est souvent embarrassant parce que très peu de gens connaissent la prononciation de son prénom au premier abord. Beaucoup essayent un "aoïfé" maladroit, avant de se faire gentiment corriger par l'interpellée: "iffa". Elle aime beaucoup son prénom, irlandais jusqu'au bout, malgré les massacres plutôt courant. Son nom de famille, O'Malley, est sans grande prétention quoique que de lui aussi, Aoife est très fière. Famille de potionistes de père en fils et, en l'occurence pour cette génération, de mère en fille, ils ont leur petite réputation de l'autre côté de la mer d'Irlande. Au moins, ça, on a aucun mal à le prononcer, généralement, même si Aoife se lasse vite des références aux Aristocats. Elle a été baptisée Catherine mais n'y pense jamais.

surnom(s)  » Iffy, un surnom qui l'a toujours laissée... well, iffy. Son prénom est court et plutôt joli, pourquoi le changer? Parmi l'Ordre, elle était Tinker, un surnom dont elle avait hérité au laboratoire de la résistance.

date de naissance » Aoife est née le 27 février 1972 à l'hôpital moldu Wexford General Hospital. Elle vient d'avoir trente-cinq ans.

origines & nationalité  » Aoife est irlandaise, une autre source de fierté pour elle qui s'exprime avec le même accent de la côte Est irlandaise depuis toujours, ayant grandi près de Wexford. Son éducation à Hogwarts a gommé la plupart des expressions les plus absurdes ayant un jour fait partie de son vocabulaire, le bullying incessant de ses camarades l'ayant motivée fissa à les enterrer au plus profond d'elle-même. Aoife appelle l'Irlande Éire, parle l'irlandais national couramment pour avoir été dans une école primaire dédiée à la langue, et célèbre St Patrick's comme tout le monde: avec un bon gâteau à la Guinness.

pureté du sang  » La mère d'Aoife est une sorcière de sang-mêlé, et le test VB aurait révélé que sa lignée l'est depuis des générations immémorables malgré un très lointain mariage à une famille pure originaire d'Irlande. Aoife se fiche comme d'une guigne de la pureté du sang et son sang-mêlé la laisse indifférente, quoiqu'elle se vexe quand on la traite simplement d'hybride à cause de son ascendance de demi-Selkie. Son père venait de la mer, et y est retourné.

métier/études  » Aoife est allée à Gaelscoil Charman, une primary school dédiée à la culture gaélique où tous les cours étaient enseignés en irlandais. Elle a presque été déçue de la quitter pour Hogwarts où elle a fait ses études à Ravenclaw sans surprise. Discrète à l'école, elle s'est simplement illustrée en cours de Potions sous l'égide d'un Snape tant dédaigneux que méprisant à chaque examen - et pourtant incapable de trouver quoique ce soit à redire à ses concotions. Après avoir passé quelques années à la LAAW pour passer le brevet national de potionniste agrégé, elle est retournée travailler dans la boutique de sa mère, O'Malley and Sons Daughters à Wexford où elle est restée pendant quelques années. Après s'être illustrée avec quelques potions et elixirs et après que son nom ait été mentionné en page deux de certains magazines spécialisés internationaux, elle a été approchée par le Ministère de la Magie pour travailler pour eux à la concoction, dans le secret du Département des Mystères, de diverses potions expérimentales et dangereuses. Aoife a fini par prendre son envol avec l'Ordre puis la NSFW et est désormais une terroriste à plein temps. Pour le compte de la NSFW, elle s'occupe de les armer, les protéger, les soigner avec les ingrédients qu'elle peut rassembler, et s'aventure parfois en ville pour mettre la main sur ce qui ne saurait être trouvé dans la nature.

orientation & état civil  » Coeur d'artichaut et soupe au lait à la fois, Aoife est une recette qu'il est difficile d'exécuter à la perfection; un peu à l'image de la mer qui la hante, Aoife abrite des vagues et de siphons et garde en surface un calme plat et parfois hésitant. Incapable de trop s'ouvrir, frustrée à l'idée d'être trop vulnérable, effrayée à la moindre marque trop prononcée d'affection, rassurée quand on lui rappelle qu'on l'aime, Aoife reste résolument célibataire et est hétérosexuelle (inflexible, la distinction semblant importante parmi son cercle d'amis). Son coeur, pourtant, a tendance à chavirer très rapidement (si son crush pour Numa s'est calmé avec le temps et en comprenant qu'il n'était pas, et ne serait jamais, intéressé par elle, elle s'est entichée de deux nouvelles additions à la NSFW. Baruch, avec ses manières grandiloquentes et sa darkness instable qu'elle aimerait bien réparer, et Sofiane, son caractère buté et ses grognements agacés lui donnant envie d'apprendre à mieux le connaître) mais elle devient frileuse quand les sentiments sont réciproques. Pas prude pour autant (bien que certains pensaient, à l'Ordre, qu'elle se préservait pour le mariage), Aoife est juste sincèrement trop hésitante pour faire le moindre move sans tout d'un coup se renfermer sur elle-même et aller bercer ses peines de coeur ailleurs.

camp  » Aoife a rejoint les rangs de l'Ordre par défaut, coincée par le Gouvernement dans une situation difficile et ayant compris sur le tard qu'elle aurait du mal à s'en sortir - à la fois étrangère (mais pas tout à fait) et hybride. Elle y est restée pendant quelques années, travaillant notamment au laboratoire d'Albert Docks, avant de se tirer avec la NSFW peu de temps après la création de Sweet River. Désabusée de l'Ordre, elle voit désormais que ce n'est pas cette organisation qui apportera le changement: ils sont trop frileux, trop plats, pas assez engagés. Et même si la NSFW est l'autre extrême, Aoife est désormais convaincue qu'ils sont la solution.

baguette  » Aoife prend religieusement soin de sa baguette qui a bien vécu depuis son acquisition chez Ollivander, il y a presque vingt-quatre ans. Il serait peut-être temps d'en changer - il lui arrive de cracher ses sorts de manière un peu inquiétante, comme un vieux poumon en rade - mais elle y est bien trop attachée. Vingt-huit centimètres virgule quatre de bois de noyer noir avec en son sein un ventricule de dragon, une wyverne galloise lui avait dit Ollivander.

patronus  » C'est à l'Ordre qu'elle a appris ce sortilège, n'en ayant jamais eu besoin avant. Il prenait l'apparence d'un phoque, pataud mais désireux de plaire, qui avait une certaine tendance à se dandiner et à danser autour d'elle quand elle l'invoquait. La dernière fois qu'elle a convoqué son Patronus, pour envoyer un message à Sav lors d'une mission, il a pris la forme d'une loutre. Aoife ne comprend pas très bien pourquoi il a changé de forme mais, tous comptes faits, elle a décidé qu'elle préférait cette forme-là.

épouvantard  » Aoife a une peur inavouable: même si elle ne l'est qu'à moitié, elle ne veut pas finir comme son selkie de père. Et c'est son corps sans vie qu'elle voit, mi-phoque mi-homme, monstrueux dans sa nature-même.

particularité(s)  » (tw: médicaments, dépression, suicide) Aoife est une descendante de Selkie, son père étant venu tout droit de la mer et jusque dans la vie de sa mère, Eimear, quelques années avant la naissance de sa soeur aînée, Siobhan. Tombé éperdument amoureux d'Eimear, le Selkie prit le nom de Colin et la dure décision de se séparer de sa peau de phoque, demandant à sa femme de la cacher pour qu'il ne soit jamais tenté de retourner dans les profondeurs aquatiques de sa naissance. L'amour qu'il lui portait, et qu'il portât ensuite à Siobhan, Aoife et Alice, auraient dû être suffisants et le convaincre de rester parmi les hommes. Malheureusement, Colin ne put jamais vaincre son désir de retourner dans son océan natal et malgré toutes les potions d'Eimear et les antidépresseurs moldus, il finit par s'ôter la ve de désespoir.

Aoife a été élevée par un père distant et dépressif, toujours tourné vers la mer, et a hérité de lui une mélancolie sous-jacente et permanente. Même si elle sait qu'elle ne ressent pas la même détresse que son père parce qu'elle n'est que une moitié de Selkie, la mer a toujours été une obsession dangereuse, capable de la plonger dans une apathie complète en son absence, ou dans une joie difficile à gérer en sa présence.

Sujette aux phases de la lune, elle garde un calendrier sérieux et un journal nourri d'observation sur son état selon le cycle. Et même si on lui a dit et répété que les Métamorphoses devraient avoir sa préférence, plutôt que les Potions, elle a toujours nourri une peur enfantine que si elle s'y aventurait, elle finirait comme son père, coincée dans une forme ne lui correspondant pas.

Lors de son apprentissage des Potions, Aoife s'est vite intéressée à l'alchimie, encouragée par sa mère puis par l'option qu'elle a pris à Hogwarts. Malheureusement, elle n'a pas pu trouver maître alchimiste chez qui apprendre et s'est donc cantonnéex aux ouvrages qu'elle a pu trouver et aux formations financées par des bourses nationales quand elle pouvait y prétendre. C'est au Ministère que ses connaissances se sont affinées et, même si elle n'a passée qu'un an là-bas, elle a énormément appris des Langues-de-Plomb avec qui elle travaillait et qui utilisaient cette magie délicate dans leurs sombres expérimentations.

Elle a eu la chance de rencontrer d'autres alchimistes, de niveaux divers, au laboratoire de l'Ordre du Phénix. Même si elle est loin d'être spécialisée en la matière, Aoife a vite trouvé bien des avantages à mélanger Potions et Alchimie et s'est familiarisée avec cette magie, terrifiante mais puissante, dont la préparation méticuleuse et précautionneuse lui a toujours plu. Elle est bien heureusement parvenue à arriver jusque là sans y perdre les doigts mais, plus d'une fois, c'était pas loin.

Aujourd'hui, Aoife se permet d'étudier et d'expérimenter avec Rivage, ayant trouvé dans la magie instable de l'alchimie un ingrédient parfait pour les potions-bombes qu'elle concocte pour l'association.

GOOD GIRLS GO TO HEAVEN  » Certains diraient qu'Aoife est stuck-up, terme qu'elle déteste par-dessus tout. Il faut dire qu'au premier abord, elle pourrait paraître coincée, voire méprisante des autres: Aoife ne boit pas, ne jure pas, ne fume pas et semble, somme toute, ne participer à aucun vice. Chrétienne et fière, du genre à ramener les fonds de placards à la boîte à dons de l'église (catholique) locale, Aoife ne s'embête pas à ranger les autres à son avis ou à juger leurs choix parfois douteux (sauf quand elle voit Sav sortir de la tente de Rivage, quoiqu'elle ignore lequel des deux elle plaint le plus).  Un peu maniérée, avec ses catchphrases faciles à retenir ("oh my word!") et des soupirs dramatiques à en sortir les violons, Aoife veut rester fidèle à elle-même quoiqu'il arrive et a parfois du mal à accepter que les choses dérapent à son sujet, comme ça a été le cas chez les Rosier. BAD GIRLS GO EVERYWHERE  » Frustrée par l'inaction de l'Ordre, franchement dégoûtée par leur attitude envers les hybrides, Aoife a rejoint Numa quand il lui a parlé de se tirer de Sweet River (ses beaux yeux tout doux ont beaucoup pesé dans sa décision). Aoife s'est épanouiée auprès de la nouvellement formée NSFW, bien plus qu'elle ne l'a jamais fait à l'Ordre, et a vite trouvé sa place, se dédiant à la concoction de potions tant défensives qu'offensives, remèdes précieux à la va-vite, élixirs qu'elle pensait auparavant impossibles à produire. Inspirée et aidée par Rivage, elle a aussi commencé à deviser des mélanges plus mortels que jamais comme, par exemple, la Bombe Inferno qui réveille le feu de l'Enfer quand la fiole se brise. C'est la Bombe Inferno qui ont mené les Rosier à leur perte, Aoife l'utilisant après avoir été poussée par Rivage et Savage. Maintenant, elle n'hésite pas à se plaindre qu'ils l'ont forcée mais en réalité, Aoife sait qu'elle le voulait. Et elle déteste cette colère qui s'est élevée en elle, cette frustration, ce désir de violence, de destruction. Ce n'est pas qui elle est. Ou du moins, ce n'est pas qui elle pensait être. RANDOM  » Aoife est une grande lectrice (et choisit toujours un livre de poche quand c'est elle qui va ravitailler le camp dans un magasin moldu), ayant grandi avec ses amies Elisabeth Bennet, Tess d'Urberville et Esther Greenwood. Elle lisait principalement de la fiction romantique, s'est un peu ouverte aux oeuvres consacrées aux potions et à l'alchimie plus tard, mais son coeur appartient aux romans. Récemment, elle a mis la main sur Twilight de Stephenie Meyer, un livre sorti il y a deux ans et qu'elle est en train de dévorer avec plaisir. ⊹ Bien que les Sortilèges et la DCFM n'aient jamais été ses matières préférées à Hogwarts - surtout parce qu'elles requéraient parfois d'être en duo avec un autre élève ce qui, invariablement, la dérangeait profondément quand ils étaient en compétition -, Aoife s'est toujours bien débrouillée avec la magie et s'est réveillée, sous les enseignements de Numa, être une duelliste plus qu'acceptable si ce n'est qu'hésitante. Elle n'est clairement pas celle que l'ont mettrait en première ligne mais, pour autant, on ne se soucierait pas de lui demander de l'aide pour une mission - un fait dont elle est très fière. ⊹ Timorée et taciturne, Aoife a tendance à rester dans son coin, observatrice silencieuse et attentive, et aime bien décortiquer ce qu'elle sait des gens. Elle n'oublie jamais un anniversaire ou une date importante et, même aux membres de la NSFW qu'elle apprécie le moins, montre une grande affection pour ses pairs: que ce soit la barre de chocolat préférée de l'un qu'elle a acheté discrètement au magasin, les quelques mots compatissants murmurés lors de l'anniversaire de mort d'un proche ou le léger compliment qui éclaire une journée, Aoife prend soin de ceux qui l'entourent avec zèle. ⊹ Peu de gens peuvent se targuer d'avoir déjà vu sa colère, et encore moins peuvent prétendre l'avoir provoquée. Aoife s'énerve lentement, comme une marée qui monte, et rarement; ce sentiment l'effraie au plus haut point et elle a donc tendance à l'enfermer, à défaut de savoir quoi en faire d'autre. ⊹ Sa mère a toujours insisté pour que ses trois filles additionnent les activités extra-curriculaires: sa soeur aînée, Siobhan, est devenue une star du soccer et sa soeur cadette, un petit prodige de la danse classique. Aoife s'est essayée au dessin (sans succès), à la gymnastique (elle a découvert qu'elle n'avait aucun sens de l'équilibre) et au piano avant de se rendre à l'évidence que manifestement, tout ceci n'était pas pour elle. Elle préférait largement bouquiner et penser à toutes les potions possibles et imaginables qu'elle aimerait créer un jour. ⊹ Elle a découvert qu'elle aimait bien chanter, en revanche, mais est trop timide pour le faire devant quiconque; elle réserve donc ses mélodies à sa douche et quand elle est seule, à travailler. ⊹ Aoife a une tendance manifeste à ne pas savoir dire non et à se laisser entraîner dans les pires plans très, très facilement. Elle trouve toujours une bonne manière de se sentir coupable au final.

TW: dépression, suicide, drug abuse 1981. Après quelques minutes à assembler son sandwich beurre salé-chocolat, Aoife le coince entre ses dents et quitte la cuisine pour aller dans sa chambre et faire ses devoirs. Elle est la première rentrée: Alice a cours de danse, Siobhan est à Hogwarts et sa mère doit encore être en train de travailler. Son père n'a pas répondu quand elle a crié un "daaaad, I'm home!" en entrant, mais ça arrive souvent. Inquiète qu'il se soit encore endormi dans le bain froid qu'il prend chaque jour, Aoife va frapper à la porte de la salle de bains. "Dad?" Pas de réponse. Elle peut voir que la lumière est allumée, pourtant. Aoife sent quelque chose lui serrer la gorge. "Dad, I'm coming in..." Sa mère a retiré le verrou de la salle de bains il y a quelques années, expliquant à ses filles de bien fermer la porte derrière elles quand elles allaient aux toilettes. Par mesure de sécurité, elle avait dit, au cas où quelque chose arrive. Aujourd'hui, quelque chose semble être arrivé.
Aoife entre timidement dans la petite salle de bains et trouve, comme elle s'y attendait, son père dans un bain. Sauf qu'il n'est pas endormi, il est mort.

Elle ignore combien de temps elle reste là, figée, à observer les yeux bleus renversés de son père, ses longs cheveux bruns encore mouillés qui strient son visage et sa bouche encore écumante. Il a vomi, apparemment, et s'est sans doute étouffé ce faisant. La bouteille de médicaments à proximité, vide pour une fois, semble toute coupable.
Aoife fait ce que sa mère lui a dit de faire quand son père ne va pas bien: elle se jette sur le téléphone qui se trouve sur le buffet de l'entrée et elle appelle la boutique, avant d'appeler les secours. Dix minutes plus tard, une ambulance arrive et trois infirmiers débarquent dans le petit appartement. Aoife passe ces dix minutes assise près de la baignoire, à caresser la main de son père, sa peau fine et froide.

Elle s'effondre dans les bras de sa mère quand elle la rejoint avec Alice. Eimear n'a aucune réponse, aucune explication aux questions de ses filles. Leur dire qu'il n'était pas heureux avec elles leur briserait le coeur, leur expliquer qu'il ne les aimait pas autant qu'il aimait la mer les rendrait encore plus tristes et leur parler de la peau de phoque qu'il lui a suppliée de cacher quand ils se sont mariés leur ferait poser trop de questions. Elle le pensait plus fort que ça, et lui aussi y croyait.
Ils avaient tort. La mer reprend toujours ses droits.

1986. Aoife aime bien passer du temps à la bibliothèque, surtout en hiver quand il fait nuit tôt. Il y a quelque chose de réconfortant au bruit des pages qui se tournent, les chuchotements des élèves qui révisent, les plumes qui crissent sur le parchemin. Elle préfère nettement ça aux salles d'études où tout le monde fait le clown, ou à la salle commune des Ravenclaws où les chahuteurs se réfugient pour faire leurs idioties en privé.
Aoife n'a pas beaucoup d'amis mais elle s'en fiche, elle a ses livres et elle a ses soeurs. Siobhan a beaucoup d'amis chez les Slytherin où elle a été répartie et Alice, qui vient tout juste de commencer sa scolarité, s'épanouit tout à fait chez les Hufflepuff même si quand Aoife la croise dans les couloirs, sa petite soeur fait mine de ne pas la reconnaître. Ça la blesse plus qu'elle ne le montre. Même si ce n'est pas très gentil quand ça arrive, Aoife aime bien la voir, ça lui rappelle la maison.

Elle aimerait beaucoup être à la maison, avec sa mère dans son atelier, à la coller et à lui poser plein de questions comme d'habitude. Mais non, elle est là, à Hogwarts, heureuse d'avoir accès à la bibliothèque de l'école mais malheureuse d'être désespèrement assise seule à sa table. "Uh... excuse me?" Elle papillonne des yeux et, comprenant qu'on s'adresse à elle, tourne vivement la tête en direction de celui qui vient de lui adresser la parole. Elle se sent rougir en reconnaissant les beaux yeux de Jonah Abbott. "Y-yes? - Is this seat taken?" Aoife sent son coeur battre à cent à l'heure et un très léger sourire fleurir sur ses lèvres. "No... - Alright, thanks." Jonah lui adresse un sourire incertain avant de s'emparer de la chaise et de la prendre avec lui pour retourner s'asseoir avec ses amis.
Aoife soupire lourdement et retourne à sa contemplation du lac à travers la fenêtre.

1992. "Hey... Aoife?" Elle sursaute en entendant enfin la douce voix de Mark, se tournant vers lui en parvenant à hisser un sourire sur ses lèvres. "Sorry... - No, it's okay." Il se penche vers elle et lui embrasse les cheveux, avant de lui dire qu'il a fait les courses et lui décrire ce qu'il leur cuisinera ce soir. Aoife l'entend sans l'écouter, souriant tout du long, humant parfois son approbation; petit à petit, pourtant, elle se tourne de nouveau vers la fenêtre et, surtout, vers le coin de mer qu'elle peut apercevoir au loin. Malgré ses réticences, c'est sa mère qui l'a incitée à emménager avec Mark. Aoife ne se sentait pas réellement prête, du haut de ses vingt ans, à quitter le cocon familial - mais quand sa mère a une idée en tête... Elle sursaute de nouveau quand Mark enveloppe son coude avec sa main, attire son attention. "Dinner's ready. - Oh." Il est merveilleux Mark, prévenant et affectueux et même si il est moldu, il la comprend comme elle a l'impression de ne jamais avoir été comprise avant. Elle se lève, le prend dans ses bras. "I'm sorry, I don't know where I was. - It's okay." Il enroule ses bras autour d'elle en souriant, enfonçan son nez dans ses cheveux. Aoife lui rend son étreinte, les yeux tournés vers son coin de mer.

1997. "I don't know if that's a good idea, Aoife." Aoife ne répond pas, retournant sa fourchette dans son assiette d'un air boudeur, et Eimear soupire un peu avant de s'asseoir face à elle. "I don't trust them. What with everything that's been happening... and don't you like your life here?" Comme toujours face à sa mère, Aoife n'ose pas dire non. Elle devrait pourtant parce que, non, elle n'aime pas sa vie ici. Elle aime aller tous les jours à la boutique, passer des heures à créer des potions, discuter avec sa mère de tout et de rien; mais elle déteste rentrer, s'enfermer dans son appartement et ne pas en ressortir jusqu'au lendemain. Ses soeurs vivent leurs vies, sa mère a la sienne mais elle? Depuis le départ de Mark, Aoife n'a plus rien.

Il a eu raison de partir pourtant parce que même avant elle n'avait rien: rien à lui offrir, aucune énergie à lui dédier, un amour plat et fade sans passion, sans envie, sans rien. "I'm sorry Aoife, and I love you, but how can I stay when I'm always going to be second to the sea?"

"I do, Mum, it's not that... - Well then it's decided, you won't go." Eimear déjà se relève, sûre d'elle - c'est toujours comme ça que ça marche, de toutes façons, elle prend la décision pour deux et Aoife s'y tient précautionneusement. Pas cette fois. "No, Mum, I'll go. I need to go, I- they will have much more resources, and I can work on my project and- - Don't be silly, Aoife, this project of yours..." Eimear soupire et Aoife sent son coeur se briser dans sa poitrine - pour la énième fois. Mais cette fois-ci, elle refuse de s'effondrer et serre les dents et les poings et plante ses yeux dans ceux de sa mère qui se fige. "I said I'll go."

1998. Sa mère avait raison, bien entendu: il ne fallait pas leur faire confiance. Maintenant, la voilà coincée en Angleterre, le Mur d'Irlande entre elle et sa patrie, et une tonne de papiers administratifs entre elle et son visa, et la pression ministérielle d'un Gouvernement qui la méprise autant qu'il a besoin d'elle pour créer des potions atroces comme si ils allaient aller en guerre. "It's now or never, Iffy," lui murmure Edgar, un soir - un potioniste travaillant pour le Ministère, comme elle, voulant retourner chez lui, comme elle. "I know people, but we need to go now." Et Aoife n'a le temps que d'attraper un sac d'affaires avant de lui prendre la main, et ainsi la fuite commence.

2003. Cinq ans qu'elle a rejoint l'Ordre, dont trois qu'elle a passé à Sweet River. Et pour la première fois depuis longtemps, Aoife ressent de la colère.

Non pas à l'encontre d'Edgar avec qui sa relation s'est effritée dès qu'elle a commencé à vivre à l'écart du reste de l'Ordre; non pas à l'encontre de cette partie monstrueuse que son père a laissé en elle, qui l'a toujours mise à l'écart de tout et tout le monde et ne cessera apparemment jamais; non pas à l'encontre de sa mère, qui avait raison parce qu'elle a toujours raison, et qui lui manque terriblement; non pas à l'encontre de ce Gouvernement couard et menteur, qui l'a séparée de tout ce qu'elle aimait en lui faisant miroiter des rêves impossibles; non pas de sa crédulité naïve bordant la stupidité, ou sa faiblesse inhérente et embarrassante, ou même le fait qu'elle soit trop sensible, trop conne, trop hybride pour être d'une quelconque aide à quiconque.

Non, Aoife est en colère à l'encontre de l'Ordre et c'est sans hésitation qu'elle suit Numa quand la NSFW quitte Sweet River.

2007. "Stop moving." Numa grogne un peu, mais ne résiste pas quand elle le fait se rallonger sur son lit, avant de passer une main sur son front. "Alright, let's try this..." Elle lui fait redresser la tête seulement pour verser une potion dans sa bouche; si il fronce du nez, il avale sans rechigner, et Aoife peut continuer à appliquer le baume sur son épaule. Elle ignore le violent dégoût qu'elle ressent à effleurer la peau abîmée et brûlée, et la culpabilité plus violente encore qui la rend pâle; Numa prétend ne pas la voir se crisper et ferme les yeux.

Tout en travaillant, Aoife lui jette quelques regards. Il est beau, Numa, il l'a toujours été, même si il a perdu un peu de sa prestance depuis l'accident chez les Rosier. À y repenser, Aoife aimerait en pleurer. C'est de sa faute, si il est dans cet état-là, et de sa faute aussi si Douglas est mort, et de sa faute si... "Your hands are trembling." La voix pâteuse du chef de la NSFW la fait sursauter et elle secoue la tête, se forçant à respirer avant de se remettre au travail. Les yeux de Numa sont désormais vissés sur elle et elle les ignore, mal à l'aise.

Que dirait sa mère, si elle la voyait ainsi, à mettre tout ce qu'elle lui a appris au profit de ce groupe réputé de terroristes? Au profit de ce groupe de terroristes; il n'y a pas de doute à avoir, plus maintenant, maintenant qu'ils ont tué des innocents, attaqué Lee, sont apparus dans les journaux, se sont faits de nombreux ennemis bien trop puissants...

"I'm done," murmure-t-elle finalement en s'essuyant les mains. Numa ne bouge pas pendant un instant avant de grogner en se calant de nouveau sur son oreiller. "How are things?" demande-t-il, alors qu'elle était déjà en train de rassembler ses affaires et s'en aller. Ils parlent peu, Aoife préférant son rôle d'observatrice silencieuse quand Sav vient lui demander conseil et qu'elle est là, n'osant jamais donner son avis qui n'est, de toutes façons, jamais désiré. "About as bad as they come." Numa, pour la première fois depuis quelques jours, articule un léger sourire sur ses lèvres. "So let's make them even worse for anyone who's wronged us."