Cette révélation de la part de Theo est inattendue, et Blaise la repasse dans sa tête, encore et encore, en y cherchant... quelque chose, n'importe quoi. Et lentement les pièces du puzzle semblent s'assembler sous les yeux de son esprit. Des dizaines de détails remarqués et oubliés pendant des années, des centaines d'indices dispersés ça et là, et la réalisation que Theodore a toujours été comme ça, et que Blaise l'a toujours su, même quand il refusait de le voir.
Ce n'est pas vraiment un problème, il imagine. Il trouve ça étrange, ça le rend confus, mais peu importe. L'aspect mécanique de la chose est plutôt appréciable, qu'on ne le désire pas lui semble étonnant, mais soit. Theodore ne veut pas coucher, avec Daphne ou avec quiconque. C'est tout.

Blaise est d'autant plus embarrassé des images qu'il a pu voir dans son esprit, il y a des mois, et comprend à quel point Theodore a pu se sentir mal. Lui-même ignore comment il aurait réagi à sa place, mais certainement pas aussi bien. “Yes I … I mean, that could work.” Blaise hoche la tête, se faisant une note mentale de faire plus de recherches à ce propos, quitte à demander l'aide de Pansy - quoiqu'il pense que Theodore n'apprécierait pas qu'il partage son secret avec elle. Même si elle l'emporterait dans sa tombe, Blaise en est convaincu, il comprend bien que son ancien ami préfère garder ce genre de choses pour lui. “I don’t really want kids but … I kind of have to, you know? There’s no one else to keep the name alive.” Blaise hoche la tête de nouveau. L'obligation maritale est filiale fait partie intégrante de leur vie depuis leurs naissances. "I see." Blaise lui-même n'a pas particulièrement envie d'avoir des enfants, il sait pourtant qu'il n'a pas le choix et qu'il en aura au moins un, de préférence un garçon. Lui et Pansy en ont déjà parlé, d'ailleurs, et ne sont pas d'accord sur le nom de famille qui lui donneront: les Parkinson, tous comme les Nott, sont en perdition d'héritiers...

“I … Thank you, really. It’s a difficult thing to explain and … uh … I’m glad you’re here.” Blaise cligne des yeux, surpris, et se laisser aller de nouveau contre le dossier de sa chaise sous le choc. "You're welcome," dit-il lentement. Il n'ose pas lui dire que lui aussi est content d'être là, et préfère à la place attraper sa fourchette et faire un mouvement en direction de l'assiette de Theodore. "Eat something while it's hot," lui ordonne-t-il avant de lever son verre de vin à son adresse. "Here's to rekindled friendships." Il dit ça d'un ton égal, presqu'indifférent, comme si ce n'était rien. Le vin a un goût encore plus doux que d'habitude quand il apporte le verre à ses lèvres, et il a rarement mangé un risotto aussi délicieux.

Après le repas, Blaise règle la note et raccompagne Theodore au sein de l'exposition, réalisant qu'il n'a plus envie de rejoindre Pansy ou de le laisser seul avec ses pensées. Il a malheureusement ses propres obligations, et il ne doute pas que sa femme va lui tanner les oreilles parce qu'il a osé manger sans elle. Il jette un regard en biais à Theo quand ils sont de retour dans l'aile de la stimagie, côté VIP toujours. "So," commence-t-il pour attirer son attention. "Do you feel better?" demande-t-il avant toute chose, maladroit dans ses attentions sincères comme toujours.

“You’re welcome,” Blaise lui dit et Theo sentit un léger poids s’envoler de ses épaules. Ce genre d’interactions avait toujours été compliquée pour lui, et il ne faisait de doute que Blaise le savait, alors qu’il l’invitait à manger avant de lever son verre en sa direction. “Here's to rekindled friendships,” il dit, et Theo leva lui aussi son verre avec un léger sourire avant de commencer à manger. Ils mangèrent dans une atmosphère confortable. Theo n’aurait pas pensé que la journée se déroulerait ainsi, mais il était heureux de la tournure que les évènements avaient pris. Cela faisait des mois qu’il ne s’était pas retrouvé seul avec Blaise, et leur dernière rencontre lui avait laissé un gout amer, et une appréhension de celles à venir. Pourtant, tout s’était passé bien mieux qu’il ne l’aurait espéré, et il était content, réellement, d’avoir pu lui parler, le voir, sans avoir l’impression d’être de trop ou que Blaise le haïssait profondément.

Ils s’étaient redirigé vers l’exposition après que Blaise ait réglé la note, ce pour quoi Theo l’avait chaleureusement remercié. Ils avaient marché en silence, jusqu’à atteindre la section consacrée à la stimagie. Theo avait observé avec attention les différents stands, essayant de déceler ceux qui piquerait son intérêt, avant que la voix de Blaise ne s’élève à nouveau, “so,  do you feel better?” Theo releva les yeux vers lui. “Yes,” il répondit rapidement, “well, the … uh … the pressure is still there but it was good to talk about it.” Il devrait toujours se marier, sans doute, et il devrait avoir une conversation excessivement gênante avec Daphne et trouver un moyen de produire un héritier, et si cette situation n’était pas idéale, et ne le serait jamais, en parler avait eu le mérite de dédramatiser légèrement les choses, et tout ce qui semblait insurmontable auparavant semblait avoir perdu de sa carrure. “I don’t have many people that I can trust,” il ajouta sans en dire plus. Il savait que Blaise comprendrait, qu’il comprendrait qu’il avait toujours cette place si spéciale qui lui avait toujours été accordée, qu’il était la personne à qui Theo parlait le plus, celle qui le connaissait bien mieux que quiconque. “You don’t have to stay, if you don’t want,” Theo appréciait sa compagnie, mais il imaginait que Blaise avait d’autres personnes à aller voir, à commencer par sa femme, sans doute. “I’m sure you have many other things to do, I don’t want to waste your time.” Il termina avec un faible sourire, si Blaise voulait rester, il apprécierait sa compagnie, mais si ça n’était pas le cas, leur séparation ne semblerait pas être la fin du monde, cette fois.

“Yes. Well, the … uh … the pressure is still there but it was good to talk about it.” Blaise hoche la tête, ses yeux le couvant toujours d'un regard sérieux et profond, prêt à recevoir plus de ses états-d'âmes au besoin. Il a beaucoup à réfléchir de son côté, par rapport à Theo et ces prémices d'une amitié retrouvée qu'ils ont encore à comprendre et à naviguer. “I don’t have many people that I can trust.” Blaise sent son coeur dégringoler dans sa poitrine en l'entendant, et en comprenant que Theo lui fait confiance, encore, malgré tout. Et il réalise que c'est mutuel, que ces longs mois d'absence ont fini par esquinter son amertume et son sentiment d'abandon, qu'au final il ne lui en veut pas tant que ça et veut simplement qu'ils soient amis de nouveau, si possible, qu'ils se retrouvent comme avant. Cela lui aurait semblé impossible avant leur conversation. Maintenant, c'est presque naturel. "I'm glad you feel better," répond-t-il d'une voix placide, sans le lâcher des yeux.

“You don’t have to stay, if you don’t want.” Blaise balaie l'assemblée du regard avec une certaine lassitude épuisée. Après avoir passé tant de temps coincé entre les quatre murs du festival, il n'a plus aucune envie d'y rester. “I’m sure you have many other things to do, I don’t want to waste your time. - You never waste my time," rétorque-t-il aussitôt et sans attendre, reportant son regard sur lui. Il lève son poignet pour jeter un coup d'oeil à sa montre et grimace. "I want to stay, but I'm afraid I do have to get going. How about you come for dinner sometimes this week?" lui propose-t-il avec un nouveau regard en coin. "Or we could go for lunch, you and I, sometimes soon." Il ignore vraiment les tenants et aboutissants de sa relation avec Pansy, même si il sait que cette dernière lui en veut encore un peu de les avoir abandonnés. Il sait en revanche que Pansy n'est pas vraiment le genre d'amie à qui on a envie de faire des confessions importantes, surtout quand on a peur du jugement comme Theodore. "If you see an invention that strikes your fancy and you want to invest in it, come talk to me, alright?" Blaise sourit, lève une main qu'il pose sur l'épaule de Theo, pour la serrer légèrement.

“You never waste my time,” Blaise lui répondit, et il ne put s’empêcher de rougir légèrement sous l’attention que lui portait ses mots. C’était agréable à entendre, surtout aux vues de leur relation ces derniers mois. Avant, déjà, Theo avait parfois eu l’impression d’être un poids pour Blaise et Pansy; il avait parfois du mal à se défaire de cette idée là. Il lui lança un faible sourire alors que Blaise se levait de sa chaise, “I want to stay, but I'm afraid I do have to get going. How about you come for dinner sometimes this week? Or we could go for lunch, you and I, sometimes soon.” Il ajouta rapidement. “That would be nice, yes,” il répondit sans vraiment s’attarder sur les détails. Il aimait Pansy autant qu’il l’avait toujours appréciée, et sa compagnie n’était pas désagréable, loin de là, mais il n’avait jamais pu lui parler, réellement, sincèrement, comme il parlait à Blaise. Il était spécial, il l’avait toujours été, et Theo était quasiment certain que Pansy elle-même l’avait remarqué. “If you see an invention that strikes your fancy and you want to invest in it, come talk to me, alright?” Blaise lui lança avec un sourire que Theo lui rendit. Il n’était pas du genre à investir dans quoi que ce soit, et il était sur que Blaise le savait. Les Nott étaient loin d’être une famille riche, aisée, certes, mais pas de là à investir dans des inventions hasardeuses. Ou du moins, Theo était trop prudent pour cela. “I’ll look around and I’ll let you know,” il lui répondit simplement, le contact de sa main sur son épaule un nouveau rappel que les choses allait bien entre eux, que tout cela aurait pu être bien pire.

Il fit un nouveau tour du côté des inventions après le départ de son ami, mais rien ne lui avait tapé dans l’oeil. Theo était toujours chamboulé, d’une certaine manière, par les avancées des évènements, par cette journée qu’il n’aurait pas imaginé voir se dérouler ainsi. Il fit un détour pour saluer Pansy avant de quitter les lieux, elle n’aurait pas apprécié qu’il parte sans lui dire au revoir, et leur relation était déjà assez fragile pour ne pas le risquer, puis il rentra chez lui. Il trouva une maison froide et silencieuse, comme d’habitude, mais ce jour-là, les lieux semblaient avoir revêtu une lueur plus chaude, comme un signe d’espoir, peut-être, et Theo en était satisfait.