Druella Black et sa fille étaient venues rendre visite à Theodosia, qui venait tout juste de mettre son deuxième fils au monde. La petite Bellatrix ne faisait absolument pas cas du bébé, elle semblait s'ennuyer plus que de raison. Sa moue grincheuse te fit sourire et tu lui adressas alors une grimace afin de la dérider quelque peu. Si la petite fille ne te répondit pas directement, une étincelle de malice vint soudain allumer son regard. D'un signe de la main, tu l'invitas à te suivre quelques mètres plus loin, à l'abri des oreilles indiscrètes de vos mères respectives, qui planifiaient déjà l'arrangement de votre union. "He's the ugliest baby I have ever seen!" geignit Bellatrix d'une voix emplie de dégoût. "Yeah I know. But he's my brother." répondis-tu d'un ton légèrement dépité. La petite Black ne parut pas satisfaite de ta réponse et esquissa un pas en arrière, comme pour te signifier que ta compagnie ne l'intéressait guère. Peu désireux de la voir s'éloigner, tu repris vivement la parole. "I can hurt him if you want. Just to hear how he screams." C'est à ce moment-là que Bellatrix t'accorda son premier sourire. A ce moment-là que votre duo infernal prit vie.


L'orage gronde, la foudre s'abat violemment sur les murs de pierre du manoir Lestrange. Et pourtant, tu continues de dormir à poing fermé. Ce n'est que lorsque les hurlements de Rabastan déchirent la nuit que tu t'éveilles brusquement. Tu l'observes, le regard empli d'effroi. Il est si petit, il sait à peine marcher, mais même cela ne saurait arrêter le courroux et la démence de Corvus Lestrange. Tu te lèves d'un bond et attrapes le seau en bois que tu conserves précieusement sous ton lit. Te précipitant vers la salle de bain attenante avant que le monstre ne fasse son apparition, tu remplis le récipient d'eau et reviens dans la chambre à toute allure. Tu renverses le seau sur ton cadet, qui se réveille dans la foulée. Corvus passe le pas de la porte, et voyant que tu as encore troublé le sommeil de ton frère, il t'attrape par le col de ton pyjama et te jette sur le sol, comme il l'aurait fait avec un vulgaire elfe de maison. "What's wrong with you, little prick?! If you wake your bloody brother one more time, I swear that I'll sell you to the Travers! But first, I'm going to teach you a lesson." Te vendre à ces timbrés de Travers pour venir parfaire leur compagnie d'esclavage était l'une des menaces favorites de Corvus, qui s'empressa de te lancer une foulée de doloris afin de calmer ses nerfs. Une fois satisfait de la douleur qu'il venait de t'infliger sous le regard apeuré de Rabastan, le monstre quitta la pièce et te laissa en proie à ton propre désespoir. "Now you should shut the fuck up if you don't want me to kill you". Cet avertissement avait beau sonner comme une menace, il n'était en réalité que le reflet d'un espoir vain de voir Rabastan recouvrer sa sérénité de nourrisson.


Maman vous avait emmenés Rabastan et toi sur le Chemin de Traverse. Ta rentrée à Poudlard approchait à grands pas, et il était temps d'acheter tes fournitures scolaires. Avant toute chose, tu avais insisté pour passer à l'animalerie magique, où votre mère -n'ayant jamais rien pu te refuser- avait acheté un hibou à chacun de vous. Jaloux que ton petit frère ait également eu le droit à un animal alors qu'il n'entrerait pas à Poudlard avant plusieurs années, tu multipliais les remarques désobligeantes sur son hibou. Ne supportant plus d'entendre vos chamailleries incessantes, Theodosia décida de te laisser une bourse de Gallions et t'envoya chez Ollivander en compagnie de ton cadet, avant de disparaitre du côté de l'Allées des Embrumes -certainement pour acheter ces étranges potions hallucinogènes chez Barjow et Burke, qui finiraient par avoir raison d'elle bien des années plus tard. Une fois arrivé chez le marchand, tu essayas ta première baguette sur le hibou de Rabastan qui émit un affreux couinement lorsque son petit être fut propulsé contre la vitrine, qui se brisa au moment de l'impact. Ton cadet se précipita à sa rescousse, mais il était déjà trop tard. Rabastan fondit alors en larmes, sous ton regard cruel. "I guess I've found the right one."

Ta première année à Poudlard fut certainement la plus difficile. Parce que durant un an, tu fus séparé de Bellatrix. Néanmoins, le début de ta scolarité marqua ton émancipation, ta libération du joug de Corvus Lestrange. Tu laissas Rabastan livré à lui-même, seul face à ses démons, face à son tortionnaire. Il n'y eu pas une seule nuit, où tu ne fus pas réveillé par habitude, en pensant à ton petit frère. Et pourtant, pas une seule fois tu ne pris ton encre et ta plume pour lui faire part de ton attention, pour venir apporter un peu de lumière dans son obscur quotidien.
Tu te révélas être un bon élève, malgré de notables problèmes de comportement. Tes professeurs te reprochaient ton impertinence et ta tendance à la rébellion. Et ton attitude ne s'arrangea guère lorsque Bellatrix rejoignit à son tour les bancs de Serpentard. Ensemble, vous avez rapidement commencé à faire régner la terreur sur votre salle commune. Bizutant les premières années en les envoyant chercher leurs affaires volées dans la forêt interdite, martyrisant le fantôme de Mimi Geignarde et empoisonnant le repas de vos ennemis à coup de potions hallucinogènes -empruntées durant l'été à Theodosia Lestrange-, vous vous êtes vite taillé une réputation à la hauteur de votre décadence. Sans que personne ne vous oppose de résistance. Pas même le rusé Louis Travers. Après tout comment oser s'en prendre au célèbre Rodolphus Lestrange, que tout le monde craignait mais adulait également en secret ? Oui, Rodolphus, nombreux furent ceux qui t'admiraient dans l'ombre. Parce que tu étais un garçon à la fois énigmatique et bourré de charisme, qui n'avait pas son pareil pour organiser des soirées clandestines retentissantes. Tes talents d'orateur n'avaient d'égal que ta cruauté. Avec ta belle gueule, il t'était aisé de captiver les foules. Mais toi, tu te fichais bien de cette affection malsaine que l'on pouvait te porter. Toi tu n'avais d'yeux que pour elle. Pour la fille Black, pour la princesse maudite de Serpentard. Tout le monde la pensait folle, tout le monde sauf toi. C'est durant ta quatrième année que vous vous êtes aimés pour la toute première fois.

Tu devins préfet de Serpentard un an plus tard et fis bien évidemment la fierté de Corvus, qui t'offrit un vieux manuel de magie noire pour l'occasion. Le grimoire avait été écrit par l'un de tes glorieux ancêtres et contenait de noires incantations et recettes de potions en tous genres. C'est grâce à sa lecture que tu fus finalement à même de préparer tes propres poisons hallucinogènes. Ceux-ci, nettement plus corsés que ceux dérobés à ta mère, vinrent radicalement pimenter  les soirées que Bellatrix et toi organisiez.

Durant l'année qui suivit la fin de tes études, Corvus t'ordonna de rester au manoir familial et entreprit de parfaire ton apprentissage de la légilimancie, qu'il avait commencée à t'enseigner tous les étés à partir de la fin de ta première année. Ses leçons furent longues et douloureuses, mais elles te permirent de maîtriser un art inestimable.

En 1970, Bellatrix quitta Poudlard à son tour et le temps fut venu de sceller votre amour pour toujours. Une fois vos voeux prononcés autour d'un serment inviolable, vous deveniez les époux les plus terribles du Royaume-Uni. Main dans la main, vous rejoigniez les rangs du Seigneur des Ténèbres, alors en pleine ascension. A l'instar de créatures avides de sang, Lord Voldemort vous lâchait inlassablement sur ses ennemis, dont vous ne faisiez qu'un carnage. Les meurtres, les enlèvements et les tortures s'enchainèrent, enterrant les dernières bribes d'humanité qui habitaient encore votre âme. Hanté par une mégalomanie relevée d'un goût de sadisme particulièrement prononcé, il n'était pas rare que tu laisses en vie quelques témoins de tes massacres les plus sanglants. Il fallait que l'on sache qui vous étiez Bella et toi. Nul n'avait le droit d'ignorer votre nom et la réputation qui l'accompagnait. Lorsque Rabastan eut fini ses études, vous décidiez de le prendre sous votre aile et de le former à devenir un mangemort qui se respecte. Après avoir témoigné de sa férocité face à vos doloris, il eut l'honneur de vous accompagner durant vos missions. A son tour, il finit par prendre la marque et vouer son existence à ce seigneur bien aimé.


Le regard sévère et empli de démence, Bellatrix s'avance vers toi. En la voyant s'agripper désespérément au col de ta cape, tu devines qu'elle a abusé de firewhisky. Tu es habitué à ses comportements déviants, et tu ne peux la juger pour si peu, toi qui te délectes des soirées sulfureuses organisées au manoir Lestrange. "Help me Rodolphus! Make it disappear!" Sa requête plaintive est en réalité un hurlement terrassé par la peur et la douleur. D'aussi loin que tu te souviennes, tu ne l'avais jamais vue aussi terrifiée, aussi désespérée. Et cela suffisait à te faire perdre la maîtrise de tes émotions. Que lui arrivait-elle ? Lui avait-on fait du mal ? Avait-elle perdu la confiance du Lord ? "Talk to me Bella! Tell me what happened!" Mais ta chère et tendre ne semblait pas t'entendre, son regard paraissait bien loin. Ses pupilles n'étaient plus qu'animées par une étincelle de folie menaçante. "Make it disappear!" répéta-t-elle plus férocement encore que la première fois. "I don't want it to settle between us! It can't steal your love from me! It has no place in our lives!" ses hurlements hystériques résonnaient contre les hauts murs du manoir et venaient se répercuter en un écho effroyable. Ce n'est que lorsque Bellatrix porta la main à son ventre que tu compris enfin ce qui causait son désespoir. Oui, ton épouse portait le fruit de votre amour au fin fond de ses entrailles et elle était terrifiée par la place que cet enfant aurait pu prendre entre vous. Elle ne voulait pas de ce petit être, trop jalouse et possessive pour accepter de te partager avec qui que ce soit d'autre que le Lord. Toi qui n'étais d'ordinaire pas avare en paroles, tu ne parvenais pas à trouver les mots qu'il aurait fallu. Ainsi tu brandis ta baguette et exécutas les voeux de Bellatrix. Sous l'ampleur de tes doloris, elle s'effondra au sol et ses hurlements cessèrent enfin.


"I can't believe that he's gone. He must be somewhere out there! We have to look for him!" Le regard fixé sur la marque des ténèbres, tu espérais la voir s'assombrir à nouveau. Mais plus tu regardais, plus elle semblait pâlir. Le Lord s'était rendu chez les Potter et depuis, vous étiez sans nouvelle. Seules vos pulsions meurtrières avaient désormais le pouvoir de vous gouverner.

Avides d'informations quant à la disparition du Lord, vous décidiez de traquer les plus hautes figures de l'Ordre. C'est ainsi que vous vous lanciez sur la piste des Longbottom et finissiez par leur tomber dessus comme des bêtes affamées. Des heures durant vous redoubliez de cruauté et de sortilèges de torture tous aussi sadiques les uns que les autres pour leur arracher la moindre information. Mais c'est qu'ils étaient coriaces ces foutus Longbottom. L'espace d'un instant, tu cru apercevoir une étincelle d'admiration dans le regard de Rabastan. Et puis ton petit-frère se ressaisit bien rapidement et les doloris fusèrent à nouveau de l'extrémité de sa baguette magique. Impossible de dire qui des époux maudits, de Rabastan ou de Barty Crouch Jr prenait le plus de plaisir à massacrer l'âme des Longbottom.  
Deux semaines après avoir envoyé ces pauvres hères dans les méandres de la folie, Maugrey finit par triompher du trio Lestrange et ce fut alors la fin d'une décennie de chaos.

Crouch ne cilla pas du regard lorsque votre sentence fut prononcée. Il se garda bien d'avouer avoir été à vos côtés durant cette longue nuit sanglante. Si Rabastan ne lui en tint pas rigueur, toi, tu aurais rêvé de le dévorer sur place à ce sale rat. En définitive, il ne valait pas mieux que Pettigrew. A cette époque-là, la crainte que la simple évocation d'Azkaban suscitait aujourd'hui en toi, était parfaitement inexistante. Elle n'aurait pas suffit à te faire perdre la parole. Tout comme les accusations de la mère d'Alice Longbottom vinrent se perdre au milieu de cette foule de badauds pendus à tes lèvres avares de provocation. "We didn't even kill them!" Ton visage se fend d'un sourire carnassier, accompagné par le doux rire hystérique de Bellatrix.

C'est ici que débute le chapitre le plus noir de ton existence. "I know I‘ve never been the perfect brother I should have become. But I want you to know that I‘ll always stand by your side" cette promesse pour une fois si sincère s'avèrera pourtant vaine alors que tu regardes les aurors emmener ton frère au loin. Oh bien sûr, tu finiras vite par le rejoindre. Mais ils ne sont pas fous à Azkaban, ils n'allaient tout de même pas vous mettre dans la même cellule. Séparés, coupés du monde, le destin vous condamne à la folie. On vous présente les détraqueurs, et bientôt, Rabastan n'est plus le seul à déchirer la nuit de ses hurlements. Au début, tu prends encore ton rôle de lieutenant au sérieux  et tâches de motiver les troupes, de garder leur esprit occupé. "Bella, how many people did we kill? I'd say more than one hundred. What do you think?" Bella riait encore et surenchérissait, c'était bon signe. "Dolohov, what's your favorite unforgivable curse?" Oui, tu étais un vrai bout-en-train, digne des meilleurs animateurs de colonies de vacances. Les premiers mois, tu as bien essayé de faire cesser tes propres cris, de chasser les images monstrueuses de la gueule béante s'ouvrant pour dévorer ton âme. Entre deux crises d'angoisse, tu reprenais tes esprits et tentais vainement de ramener ton petit frère au calme. "Wake up Rabastan! Wake up! They are not real!" Vain mensonge, destiné à faire taire tes propres peurs. Et puis une nuit, c'est la voix de Bellatrix qui résonne parmi les cris de démence, c'est à ce moment-là que tu finiras par perdre pied. Tu t'effondres sur le sol froid et moite de ta cellule avant d'éclater en sanglots. Non pas elle, ils n'avaient pas le droit de la briser ! Ils n'avaient pas le droit ! Et toi comment avais-tu pu échouer si lamentablement à la préserver de ce malheur ?

Les années passent et se ressemblent, et toi tu deviens méconnaissable. Ta carcasse amaigrie , quasi fantomatique, demeure recroquevillée dans un coin de ta cellule. Tu n'émets l'ombre d'un mouvement que lorsque les hurlements de Bellatrix résonnent en écho jusqu'entre les murs de ta prison. Tu as perdu l'usage de la parole. On ne peut pas dire que tu n'étais plus que l'ombre de toi même. Non, tu étais encore moins que ça. Jusqu'à ce jour où le châtiment divin retentit, jusqu'à ce jour où la Marque réapparut enfin sur ton avant-bras blafard. Tu ne comprends pas ce qu'il se passe, mais la simple vue de Bellatrix, libre, sur le pas de ta cellule, suffit à te redonner la force de te lever. Le pas claudicant, tu te diriges vers elle et la serre dans tes bras. Quinze ans que tu n'as plus vu la magnificence de son visage, ni l'aura hypnotique qu'elle avait toujours dégagée. Quinze années qui n'avaient pas épargné ton âme soeur, au physique désormais décharné. L'arrivée de Rabastan t'arracha à ta sordide contemplation. Le trio Lestrange était libre, ou presque. Le trio Lestrange était destiné à retourner auprès de son maître.


Les traumatismes sont encore et toujours bien présents, les plaies demeurent ouvertes, chauffées à blanc. Mais peu à peu, tu te remets à parler, tu reprends goût à la vie avec Bella à tes côtés. Ton éloquence d'antan devient cependant un fantôme du passé. Tu ne retrouveras jamais ce charisme qui t'était propre. Rabastan et Bellatrix souffrent eux aussi. Et ton impuissance face à leur détresse te ronge. Mais heureusement, le Lord est là pour veiller sur vous et s'assurer que vous soyez suffisamment occupés pour que votre esprit n'ait le temps de vagabonder vers de sombres univers. Vous commencez à reprendre espoir, à songer que votre heure est à nouveau venue, que cette fois-ci sera la bonne.

Le Seigneur des Ténèbres vous envoie au Département des Mystères, récupérer une mystérieuse prophétie. Sans vous poser plus de questions quant à la signification de cette mission, vous foncez tête baissée et prenez la direction du Ministère de la Magie. La résistance vous attend sur place et vous prend par surprise. Les sortilèges fusent de toute part, la bataille fait rage. Un hurlement retentit et tu sens quelque chose en toi se briser. Faisant immédiatement volte-face, tu observes avec effroi un jet de lumière verte venir frapper Bellatrix de plein fouet. Avant même d'esquisser un pas dans sa direction, ton regard fou scrute les environs à la recherche du coupable, et finit par se poser sur Nymphadora Tonks. "Avada Kedavra!" La fureur qui t'anime en cet instant déchire ta voix. Ton sortilège manque sa cible de justesse. Tonks disparait de ton champ de vision. Tu n'as plus d'yeux que pour le cadavre de Bellatrix. En la voyant clouée ainsi au sol, tu réalises enfin l'impensable. Tu comprends que cette fois-ci, tu ne la verras pas se relever. Tu ne l'entendras plus rire à tes propos les plus outranciers, tu ne l'admireras plus insuffler la pire des douleurs à ses victimes. Tes genoux se brisent sous le poids de ta douleur et tu t'effondres à ses côtés. "Why do you leave me? You know it can't be my world, without you in it." Tu emporteras le corps de Bellatrix avec toi et le laisseras reposer sur votre lit. Enveloppé dans un sortilège de conservation que tu renouvelles chaque soir, le cadavre résiste aux affres du temps. Depuis dix ans, il ne se passe pas une seule nuit sans que tu n'embrasses la Marque sur le poignet de Bellatrix avant de fermer les yeux.

"Rabastan, if you don't do anything, I swear that I will kill them!" Les sombrals pour lesquels ton frère s'est pris d'affection sont trop bruyants. Tu as peur qu'ils ne viennent troubler le repos de Bella. Tu tolères ces affreuses créatures uniquement parce que tu as l'impression que c'est grâce à elle que Rabastan est de nouveau capable d'aligner plus de trois mots sans hurler à la mort. Tu as l'impression que ta tête est sur le point d'exploser, la soirée d'hier a été particulièrement corsée. Faut croire que dilapider la fortune des Lestrange aux côtés de l'Elite était une mission plus compliquée que tu ne l'avais imaginé. Le mieux était encore que tu restes cloitré dans ton lit toute la journée. Après tout, tu n'avais envie de rien d'autre. Et tant que la Marque ne se manifestait pas, tu n'avais aucune raison de quitter votre couche. Contempler le corps inerte de Bella était devenu ton occupation principale. C'était votre petit secret à tous les deux, bien que Rabastan devait certainement se douter de quelque chose. Mais aurait-il été jusqu'à penser que tu étais véritablement capable de cela ? Tu n'en étais pas certain, mais bon en ce moment, tu n'étais certain de rien.


"Go to fucking hell!" C'est la seule chose que tu trouves à dire à Maugrey avant de l'envoyer aux enfers. Désormais, cette ordure ne vous ferait plus aucun mal. Tu avais le sentiment que vous veniez de venger Bella. Du moins de venger son emprisonnement. Mais pas sa mort. Tu te jurais que Tonks serait la prochaine, oui tu t'en faisais la promesse. Tu laisses Rabastan s'emparer de l'oeil de Moody, toi tu n'en ferais rien. Ce triomphe ne parviendra cependant pas à te redonner goût à la vie. A peine rentré au manoir, tu t'enfermes de nouveau dans ta chambre. Sans un mot pour Rabastan.


"Rodolphus, we're broke. We need to work." La voix de Rabastan te semble si lointaine, tu ne comprends pas ce qu'il attend de toi. Ou plutôt, tu refuses de percer à jour le sens de ses paroles. Il est hors de question que tu te mettes à travailler. Rabastan avait forcément oublié  l'existence de l'un de vos coffres-forts à Gringott's. Votre problème de trésorerie allait vite se régler de lui-même, ou pas. Heureusement que Rabastan est désormais là pour veiller sur toi, heureusement qu'il se rabaisse à quémander du travail au Lord et obtient un bon poste au Ministère pour sauver vos arrières. Sans lui, tu te serais forcément laissé mourir, galvanisé par ton désir hystérique de rejoindre Bellatrix dans l'au-delà.