I CAN FEEL YOUR HALO

freya abbott + @myrthild travers

Encore une nuit agitée, où tu te réveilles courbaturée et avec la désagréable sensation que tu as sué toute la nuit. Cela fait des années que tes nuits ne sont plus aussi reposantes qu'elles ne le devraient, que tes rêves sont pervertis par cauchemars et angoisses. Tes secrets devenant des ombres cruelles, qui entrent même dans ces moments intimes. Inlassablement, comme une ritournelle cruelle dont tu ne parviens à te défaire. Un échos qui se répète, sans fin. Nuit après nuit. Laissant au réveil un esprit embrumé et un corps éreinté. Tu masques les cernes qui trahissent ta nuit avant de quitter ton domicile, un bel appartement en bord de canal. Hérité de tes parents, le logement est décoré avec gout et fait office de havre de paix. Mais ne parvient pas à chasser les mauvaises ondes. Bien incapable de lutter contre ton noir secret. Le café que tu as englouti avant de partir commençant à dissiper ses effets, tu t'engouffres dans la ville. Les rues de Londres étaient bondées, pleine de badauds et de touristes moldus. Habitant la capitale depuis ton enfance, tu as l'habitude de ces rues bruyantes et grouillantes de monde. Entre bus à impériale et boutiques attrape touristes dans lesquelles se ruent les moldus du monde entier. De ton côté, tu traverses les allées d'un pas rapide, indifférente  à cet univers parallèle qui vit autour de toi. Les villes à 100% sorcières sont rares sur le territoire britannique, et la cohabitation avec les moldus a toujours fait partie de ton quotidien. C'est en partie pour ça que la situation politique sorcière actuelle te désole. Pire, te révolte. C'est pour cela que chaque jour, tu arbores un masque.

Après plusieurs minutes de marche, tu t'engages sur Charing Cross Road, indifférente à la cacophonie de klaxons et de sirènes de cette rue passante de la capitale. Là, entre une librairie sans cachet et un disquaire miteux, tu passes une porte sans ornement. Respirant avec délectation ce parfum que tu connais bien : l'odeur café de Tom mêlée à celle de la butterbeer que certains consomme déjà dès le matin. Le Leaky Cauldron, la porte d'entrée vers Diagon Alley. Un lieu que tu as vu changer, avec les années et la situation politique. Mais qui reste malgré tout un lieu de rencontre et de souvenirs. Et tu aimes t'y rendre de temps en temps. Ce bar te rappelle tes années Hogwarts, tes premiers rencards pendant les vacances d'été que tu passais à Londres ou encore tes premières missions de l'ordre. Ainsi, et particulièrement après des nuits comme celles-ci, tu avais l'habitude de t'y rendre et d'y commander le chocolat chaud de Tom. Sa spécialité. Un plaisir régressif qui t'apaise et te galvanise, avant une nouvelle journée de mensonges et de courbettes. La boisson est agrémentée de cannelle et d'une goutte de jus de citrouille, ce qui la rend inimitable. A peine eus-tu trempé tes lèvres dans le breuvage qu'une douce chaleur t'envahi. Idéale avant de reprendre la route vers le ministère. Après avoir salué Tom, tu te retournes pour quitter l'établissement quand tu croises un regard que tu connais. Et que tu évites d'ordinaire. Myrthild Travers, membre respectée du Wizengamot. Et surtout la soeur de Marlon. Tu tiques. Cette femme, tu l'évites comme la peste. Trop dangereuse, trop d'enjeux. Tu t'aperçois vite que tu n'as que peu de repli, et tu jures intérieurement. Tu vas revêtir ton masque bien plus tôt que prévu. Un vieux dicton te vient en tête. La meilleure défense, c'est l'attaque. Aussi tu décides de faire le premier pas. « Bonjour Myrthild, je ne pensais pas te croiser ici. » Tu marques une pause. Puis continue. Les années de pratique t'ont permise de contrôler le ton de ta voix, et de choisir tes mots avec soin. Pour ne pas te trahir. « Il m'arrive de temps en temps de venir ici avant de me rendre au ministère. Cela me permet d'entendre les dernières nouvelles et de profiter de boissons chaudes qui ne peuvent qu'être meilleures que celles servies là-bas. » Donner l'impression aux gens que tu te confies - même sur une banalité - est le meilleur moyen de leur faire croire que tu es à l'aise. Et donc que tu n'as rien à cacher.

Spoiler:

@Freya Abbott & Myrthild Travers

Depuis des années, Myrthild avait l’habitude de prendre son premier thé de la matinée à son bureau au Ministère. Néanmoins, certains éléments récents l’amenaient ce matin à dévier de sa routine. Quiconque se serait intéressé un tant soit peu à elle et aurait voulu la pister, se serait sans doute demandé ce qui motivait un tel écart à des habitudes pourtant très spécifiques, d’autant plus en suivant ses pas et en arrivant, en la filant, aux abords du Leaky Cauldron, porte d’entrée vers le monde magique, alors que le Ministère était dissimulé dans le Londres moldu. Mais elle avait ses raisons : il était grand temps de découvrir ce que Marlon avait caché de plus. Certes, la Travers voulait faire confiance à son frère, parce que c’était peut-être la première fois où ils avaient trouvé un terrain d’entente, et surtout la première fois aussi où ils s’étaient vraiment parlé, sérieusement et où, ce faisant, ils avaient mis de côté leur orgueil et confié à l’autre des éléments inédits.

Mais il y avait une question qui persistait : qu’est-ce qui avait justifié la présence de Freya Abbott dans le bureau de Marlon, la matinée où elle-même avait rendu visite à son frère ? Quel était le lien entre eux ? Était-ce simplement une amante, comme d’autres, ou bien était-elle plus importante ? Était-ce seulement une relation professionnelle, une ancienne collègue, comme Lance l’était pour elle (quoiqu’il était bien plus qu’un collègue, Myrthild le considérait comme un frère) ? Toutes ces questions étaient restées sans réponse, parce qu’elle n’avait pas cherché à l’interroger sur ce sujet lorsqu’elle s’était retrouvée dans son antre administrative. Autant interroger directement la principale concernée, s’était dit Myrthild : ça la détendrait.

Elle s’était renseignée sans en avoir l’air, un café offert à une secrétaire ou une autre, déjà  pour vérifier quelques éléments. Elle avait ainsi glané l’information qui voulait que Freya Abbott se rende régulièrement au Leaky Cauldron pour un chocolat chaud, et plutôt que de la prendre en traître en usant d’une autre apparence, elle y allait de plein front. Il y avait là une forme d’orgueil dans sa démarche, plus qu’une estime réelle pour l’intriguante employée du Département des Mystères. Ainsi, elle avait observé quelques instants sa cible, ne cherchant pas particulièrement à être discrète et, avant qu’elle-même ne se décide enfin à aller saluer Abbott, cette dernière avait pris son congé du patron et l’avait repérée. Myrthild ne s’attendait pas à ce que Freya vienne la saluer, aussi elle lui reconnaissait une forme d’audace que d’attaquer la première, puisque cet échange était une bataille verbale dont elle espérait sortir victorieuse.

« Bonjour Freya, je ne te ferai pas l’affront de te raconter des sottises fallacieuses sur ma présence ici : je m’étais renseignée quant à tes habitudes et j’espérais te trouver là. » avoue-t-elle sans avoir l’air le moins du monde gênée ou honteuse. S’excuser est une action qui marque en un sens un échec ou une potentielle mauvaise action. « Peux-tu m’accorder quelques minutes ? J’ai l’impression que nous serons plus au calme ici pour discuter, qu’au Ministère dans l’urgence des affaires matinales. » Tout en disant cela, Myrthild désigne de sa main gauche, paume ouverte, la table en bois à côté de laquelle elles se tiennent debout, proposant silencieusement de s’asseoir. Néanmoins, elle ne fait aucun geste pour commander quoi que ce soit, signe qu’elle part du principe que ce ne sera pas long.

Elle a été prise de court, et elle n’aime pas ça du tout, elle qui se targue d’avoir une facilité avec les interrogatoires qui n’en ont pas l’air, et ce depuis Hogwarts. Alors elle hésite entre broder encore entre fausses politesses et amabilités abrutissantes, et sauter à pieds joints dans le Loch Ness, et après s’être passé une main dans ses cheveux, tic de nervosité familial que cet imbécile de Marlon partage avec Louis et elle, elle lance les hostilités, avec un air soudainement moins assuré, comme  si elle se prêtait aussi aux confidences : « J’aurais besoin que tu me dises ce que tu sais du début de carrière d’Imogen, tu sais, ma fille, au Département des Mystères. Je sais que ce qu’elle fait est secret, comme toutes vos recherches j’imagine, mais je m’inquiète, je ne sais pas comment lui demander sans la vexer, et... Enfin bref : est-ce que tu sais au moins si ça se passe bien ? » Et d’esquisser un sourire gêné, mère anxieuse pour l’avenir de sa progéniture en apparence. À vrai dire, Myrthild ne se fait pas vraiment de souci pour Imogen : sa fille est brillante et appliquée, elle ne voit pas pourquoi ça ne marcherait pas. Mais il lui faut un prétexte pour engager la discussion avec cette femme qu’elle salue cordialement, mais côtoie sinon fort peu en général, alors autant commencer à parler famille, dût-elle utiliser ses rejetons comme prétexte.

@Freya Abbott & Myrthild Travers
S’attendait-elle à ce que Freya Abbott ne montre pas patte blanche aussi facilement ? Probablement pas. Myrthild Travers est habituée à tromper son monde et à pousser des personnes insouciantes à lui divulguer des informations qu’elles n’auraient sans doute pas transmises à leur propre mère. Problème ici, l’ancienne informatrice de Kingsley Shacklebolt se retrouve face à une femme qui a fait de la double-vie son quotidien : autant dire qu’il va falloir davantage convaincante que lorsqu’elle cherche simplement à faire cracher à la secrétaire du Haut-Juge Lloyd les projets de rendez-vous de son patron. Probablement qu’il aurait mieux valu y aller avec une autre apparence que celle de la frère de Marlon Travers. Elle aurait dû se douter que ce lien familial allait lui coûter une confiance aveugle.

Quant à venir demander des informations sur le devenir de sa propre fille dans les locaux du Département des Mystères, mh, elle aurait dû savoir à l’avance que ça ne serait pas crédible. Pas que Myrthild Travers est réputée pour n’en avoir rien à cirer de ses enfants, loin de là ; plutôt que c’est assez rare d’aller demander des informations à quelqu’un qui n’est pas dans ses proches, pour ce genre de questions.

Un mauvais calcul, par conséquent, et Freya Abbott contourne l’écueil que représente la question posée par Myrthild pour revenir à la charge aussi brutalement que Myrthild le ferait. Très bien : une adversaire à son niveau. Ça doit faire longtemps que Myrthild ne s’est pas retrouvée à devoir renforcer son bluff, peut-être pas au point de la fois où elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour baratiner Dolores Umbridge, cette petite conne de sang-mêlée.

La carte Imogen ne marchait pas, vu que Freya n’était pas dupe. Attaquer frontalement avec la carte Marlon allait peut-être davantage ébranler la brune, mais Myrthild a un doute quant à cette stratégie, qui a l’inconvénient de dévoiler d’emblée -bon, au deuxième coup, mais quand même, trop tôt pour son goût- son but de guerre. Soutenant le regard de la chercheuse du Département des Mystères, Myrthild fait semblant d’abdiquer : « Soit. » Les doigts se joignent, poings posés sur la table, un soupir pour compléter le tableau. « Pas très malin de ma part, je reconnais, surtout que Jae-Hwa pourrait très bien me renseigner sur les avancées de ma fille. » La Travers et la Rosier partageaient un amour des runes mutuel, et si elles ne se côtoyaient pas des masses en public, elles échangeaient de temps à autre des hiboux quant à des expérimentations quant aux runes -mais jamais rien de très illégal, bien sûr. Poings liés toujours, Myrthild esquisse une moue gênée, et haussant ses épaules, elle commente, sarcastique : « You got me! » Petit rire gêné, et puis son visage se ferme aussi vite qu’il s’était éclairé de ce sourire faussement amusé :  « Qu’est-ce que tu voulais à Marlon, la dernière fois ? » La question est posée avec douceur, sans hausser le ton ni se faire sifflante : on pourrait croire à l’interrogation d’une mère à sa fille, voire d’une femme à une amie. L’interrogation est pour autant tranchante et les billes de Myrthild sont fixées sur les traits de Freya, pour tenter de tirer cette affaire au clair.

Elle pourrait aussi demander à Marlon.
Mais ça gâcherait tout le côté amusant de la recherche d’informations.