La foule gronde à l'extérieur et il prend une profonde inspiration avant de s'élancer. Le public explose en acclamations alors que les deux silhouettes filent à travers le stade, partant des côtes opposés et se rencontrant au centre. La clameur roule autour d'eux tandis qu'ils font halte face à face, à une dizaine de mètres du sol. Alastar regarde droit dans les yeux de Harry Potter et quelque chose lui tord la gorge un bref instant mais il se contente de lui adresser un grand sourire et un signe de tête. Le commentateur ne finit plus de parler, racontant tout plein d'histoires sur la relève de gryffondor, sur ces années où Potter et Fawley se sont succédés à Poudlard. Mais l'attrapeur ne l'écoute plus, ne prêtant qu'une vague oreille, focalisé sur l'arbitre, attendant son coup de sifflet et le lâcher du vif d'or. « Et pour le lancer du vif d'or pré match messieurs dames, une standing ovation pour notre invité Harry Potter et Alastar Fawley des Ballycastle Bats ! » Un rugissement s'élève des gradins, occultant le bruit du sifflet de l'arbitre. Seuls les yeux d'Alastar lui permettent de comprendre le début de la course. Et la petite balle de métal jaillit dans les airs, s'enfuyant comme un insecte infernal. La chasse est lancée. Il jette un dernier regard à son adversaire avant de démarrer. Si l'adrénaline commence à le griser, il sait bien que cette compétition n'a pas d'enjeu, le vainqueur déjà décidé à l'avance, première fois qu'il accepte de truquer quelque chose. On a dit à Potter que ce serait Alastar qui devrait gagner, et à Alastar on a dit d'au moins peiner un peu ou faire semblant pour que la victoire se fasse de peu. Avec un peu de chance il n'aura pas à faire semblant, si ce qu'il avait entendu du talent de Potter s'avère vrai. Le Nebula du nord irlandais fend les airs à toute vitesse, à la poursuite de l'infernal vif au parcours erratique. L'attrapeur prend un tournant à cent quatre vingt degrés pour ne pas le perdre de vue et soudain à ses côtés une silhouette se glisse. Il éclate de rire en voyant Potter couché sur son balai, lancé corps et âme dans la course. Dieu, il a du talent oui. La relève avait bien été assurée à son départ c'est sûr, il n'était pas le plus jeune attrapeur en cent ans pour rien. Alors il accélère et observe son adversaire faire de même, rendant la compétition un peu plus intéressante. L'excitation pulse dans les veines d'Alastar et les minutes suivantes se perdent dans la vitesse, alors que la foule gronde, que le vent siffle, et que la course prend fin lorsque ses doigts se referment autour de la sphère dorée. C'est debout sur son manche à balai qu'il fait une révérence à la foule. Pour les caméras, il fait une accolade amicale à Harry en lui donnant le vif d'or et ils prennent quelques poses avant de quitter la piste sous les acclamations du public.

Dans le vestiaire les sons du spectacle extérieur sont étouffés et un calme relatif règne. Alastar ne joue pas aujourd'hui, c'est un match entre les Arrows et les Magpies, mais les Bats jouent demain alors il a été invité pour ce petit événement de propagande. En rentrant il salue rapidement Alicia qui va s'élancer sur le terrain. Puis enfin après la douche il se retrouve seul dans les vestiaires avec Potter, et le silence s'installe quelques secondes, alors qu'il respire, faisant baisser son rythme cardiaque après toute cette agitation. C'est sans un mot que l'attrapeur commence à ranger ses affaires mais il ne résiste pas et se retourne vers le jeune homme. « You're one hell of a seeker Potter, Gryffondor was lucky to have you. » Un sourire étire ses lèvres et il s'avance pour serrer la main de celui qui a été son adversaire pour quelques minutes. « An honor to meet you of course, it's not everyday I get to meet someone even more famous, talented and handsome than me. » Un clin d'œil accompagne la dernière remarque.

Harry a été très déçu quand on lui a dit qu'il allait perdre.
Bien entendu, comme avec toute opération de propagande, tout est déjà décidé, écrit et scénarisé à l'avance. Il ira là, dira ça, fera ça. En l'occurence, il ira au prochain gros match de Quidditch de la saison, il partagera son enthousiasme à l'idée de participer au lancer du vif d'avant-jeu, et il perdra face à Alastar Fawley.
Il a souri, a approuvé, a serré des mains, a enfilé sa tenue de Quidditch et est monté sur son nouveau balai, offert pour son anniversaire il y a deux semaines. Il est magnifique, taillé dans de l'acajou et confortable, il a beaucoup volé au-dessus de Malfoy Manor pour s'entraîner avant d'arriver au stade. Il est un peu angoissé à l'idée de voler devant tant de personnes mais Narcissa a su trouver les mots pour le rassurer et lui dire que non, il ne va pas se ridiculiser devant tout ce beau monde. Il sait aussi que le match est l'un des premiers à être retransmis en direct sur les ondes cristal... idem pour le lancer du vif.

Toutefois, toute nervosité le quitte une fois le Vif libéré et que le coup de sifflet résonne jusqu'à ses oreilles. Il se perd complètement dans le jeu, retrouvant rapidement les sensations familières d'angoisse et de félicité à la fois qui lui tordent le ventre. Il oublie complètement la foule et même Alastar, partant immédiatement à la poursuite du Vif.
On lui a dit qu'Alastar allait gagner, que c'était décidé, tout simplement parce que ça aurait été irréaliste que Harry gagne face à un joueur pro. Mais... malgré tout, Harry donne tout ce qu'il a. Il veut gagner, il doit gagner. Alors il donne tout ce qu'il a. Peu importe si il se fait engueuler plus tard.

Il perd tout de même.

Il doit les doigts d'Alastar se refermer autour du Vif et puis il s'éloigne, alors que la main de Harry se referme sur l'air où se tenait l'objet magique quelques instants plus tôt. Il rage et jure à mi-voix mais offre bientôt aux caméras cristal un sourire piteux, mais présent, tournant autour d'Alastar qui fait son beau devant la foule avant qu'ils n'échangent une accolade amicale. Enfoiré.
Harry sait que c'est attendu, après tout, il n'a pas pratiqué le Quidditch depuis des années mais... le goût amer de la déception explose dans sa bouche quand il doit faire le bon perdant et offrir des sourires sympathiques à la petite foule de journalistes qui les accueillent au sol du pitch. On les laisse rapidement passer et se glisser jusqu'aux vestiaires, Harry sentant les battements effrénés de son coeur ralentir lentement mais sûrement. Il salue quelques joueurs en passant, encourage en quelques mots ceux qui se dirigent vers les portes menant au pitch, avant de se perdre dans la douche. Pettigrew doit être quelque part à l'attendre, heureusement qu'il ne le suit pas jusqu'ici...

Harry retourne aux vestiaires pour trouver ses affaires, un peu agacé de voir qu'Alastar s'y trouve aussi. Il l'ignore en se rhabillant rapidement et en rangeant ses affaires, remettant ses lunettes de vue sur son nez. « You're one hell of a seeker Potter, Gryffondor was lucky to have you. » Surpris, Harry se tourne vers Alastar, encore plus interloqué par le grand sourire qui étire les lèvres du joueur professionnel. Autant dire que c'est un compliment qui lui va droit au coeur. Il s'approche et Harry prend la main qu'il lui tend automatiquement. « An honor to meet you of course, it's not everyday I get to meet someone even more famous, talented and handsome than me. » Un sourire s'installe sur les lèvres de Harry alors qu'il serre sa main avec force. Wait, vient-il de l'appeler handsome? “ Honor's all mine. ” Il relâche sa main et l'observe un instant. “ Your shoes were quite hard to fill back in Hogwarts. You were a legend. ” Harry ment plutôt aisément, la vérité, c'est qu'il se souvient à peine de son temps à Hogwarts. Mais ça, Alastar ne le sait pas et n'a pas besoin de le savoir.
Il se détourne pour finir de ranger ses affaires, se passant une main dans ses cheveux noirs en pétard en espérant (vainement) leur donner une forme décente pour quand ils vont sortir. “ Next time, I promise I won't cut you any slack, ” prétend-t-il, son sourire en coin et son rapide clin d'oeil indiquant clairement qu'il plaisante.

Il a l'habitude des événements de propagande Alastar, il en a donné des interviews, serré des mains, forcé des sourires. Il en a même fait un bon nombre aux côtés de collègues professionnels de quidditch, ramenant la propagande dans les stades, faisant passer des messages du gouvernement à la foule, prenant parti lors des jeux olympiques. Mais jamais encore il ne s'était retrouvé aux côtés d'une célébrité comme ça, d'un symbole vivant. Pourtant il semble bien moins fort qu'ils ne veulent le faire croire à la télé, bien plus à fleur de peau. L'attrapeur a bien vu la déception de Potter lorsque ce sont les doigts de son adversaire qui se sont refermés sur le vif, bien vu la fierté qu'il ravalait pour sourire et lui donner une accolade. Il n'a pas l'air particulièrement satisfait qu'on lui ait ordonné de perdre, et encore moins d'avoir réellement perdu. Il s'est faufilé hors du terrain à la vitesse de l'éclair fuyant la foule, les caméras et peut-être bien aussi la défaite. Mais Alastar ne peut se résoudre à le laisser s'enfuir sans lui adresser la parole et l'accoste dans le vestiaire, bien qu'il puisse clairement lire 'foutez moi la paix' sur le visage de Potter. Et puis finalement les compliments qu'il lui adresse semblent le requinquer un peu. Il a peut-être oublié - ou bien n'a-t-il jamais su, Poudlard étant un terrain bien différent des ligues professionnelles - que l'ennemi sur le terrain peut bien souvent être un ami en coulisses. Après tout c'est un jeu dont le but est de gagner, on ne peut se résoudre à haïr chaque personne qui nous a battu. Si Flint et Fawley peuvent être de grands amis, Harry peut certainement s'arrêter un instant pour une conversation amicale. Le sorcier lui rend sa poignée de main avec un sourire et Alastar se félicite intérieurement d'avoir réussi à le dérider.

“ Honor's all mine. ” Leurs yeux se croisent et le nord irlandais n'arrive pas à déterminer ce qu'il y lit. “ Your shoes were quite hard to fill back in Hogwarts. You were a legend. ” Le sourire sur les lèvres du joueur de quidditch fane un peu. S'il était populaire à Poudlard, il n'était pas une légende, loin de là, n'ayant occupé le poste de capitaine et attrapeur qu'une année seulement et devenant célèbre par la suite. A vrai dire celui dont la mémoire devait être plus célébrée au début de la scolarité de Potter c'était Charlie, d'autant plus que Ron avait dû beaucoup parler de lui à son ami. Alors Alastar comprend bien que la banalité est un mensonge mais il ne comprend pas totalement pourquoi. Par politesse ? Ou pour une autre raison ? « I'm sure they were... » C'est d'une voix un peu moins enjouée et plus pensive qu'il répond cela, mais il se reprend rapidement et son sourire retrouve son envergure. “ Next time, I promise I won't cut you any slack, ” Le Fawley rit à la remarque, se gardant bien de dire qu'il lui semblait que le jeune homme était déjà très impliqué dans la course cette fois-ci, ne voyant aucune raison de blesser son orgueil ou de l'humilier. Il s'est admirablement défendu pour quelqu'un qui n'est pas un professionnel. « Well I might be sick next time then so my reputation doesn't take a toll... But I look forward to it! » Un silence flotte un instant. Un instant pendant lequel Alastar essaie de réconcilier ce qu'il connaissait et ce qu'il voit maintenant devant lui. Il a grandi dans un monde où Harry Potter avait mis fin à la guerre, où il avait sauvé le monde de Lord Voldemort. Et le voilà maintenant à ses côtés, à enchaîner les apparitions dans la presse pour son régime. Il veut juste lui demander 'pourquoi ? Qu'est-ce qui t'est arrivé?' Mais ce serait se trahir alors il se contente de s'inquiéter à mi mot. « We all thought you were gone for good, it's good to see you, even if you didn't know me. » C'est bon de le voir mais terrible de le voir ainsi. Il a peur d'avoir lancé un sujet trop glissant, de dire des choses qu'il regretterait, alors il s'offre une échappatoire. « It's a nice broom you have there how do you like it? Quite a change from the good old Nimbus 2000 isn't it? » Il aimerait bien parler d'autre chose que ces banalités là mais il ne peut pas, Potter et lui ne sont pas dans la même équipe et il ne peut faire confiance à l'image qu'il avait de lui par le passé.

Quand il joue le jeu, Harry ment aisément mais ça lui fait toujours bizarre. Avant il n'était pas à l'aise à l'idée de prendre la parole en public, ou bien d'agir de manière confortable devant des caméras ou des journalistes. Désormais, il se prête au jeu sans se plaindre, sans énorme maladresse non plus. Il a l'impression qu'il y a un Harry en tissu, un Harry-poupée, qui est cousu au Harry-normal. Et qu'il lui suffit juste de donner du lâche au fil pendant quelques heures, de laisser Harry-poupée faire ce qu'il a envie, pour ne pas avoir à souffrir son awkwardness d'avant. C'est le Harry-poupée auquel le Lord donne des ordres, le Harry-poupée qui a pardonné à Narcissa, le Harry-poupée qui pose et sourit pour les journaux. Le Harry-normal il s'est recroquevillé à l'intérieur de lui et ne pointe jamais le bout de son nez (sauf le soir très tard quand il est seul).
Le regard d'Alastar Fawley met Harry-poupée mal à l'aise. « Well I might be sick next time then so my reputation doesn't take a toll... But I look forward to it! » Harry a un léger sourire, considérant la conversation et l'échange de compliments habituel terminé. Ils n'ont plus rien à faire ensemble, Harry a encore des gens à voir, des mains à serrer, une interview à donner et une déception à ravaler a plus profond de lui. Il était si proche du Vif...

« We all thought you were gone for good, it's good to see you, even if you didn't know me. » Le sourire s'agrandit, amical et reconnaissant. Beaucoup ont été ceux à lui poser la question, de manière détournée ou non: est-il réellement Harry? Comment est-il revenu? Était-il vraiment parti? Pourquoi a-t-il changé de camp? Il peut voir les questions flotter au-dessus d'Alastar sans oser sortir. Il ne répond pas, sauf pour un léger remerciement de circonstance: “ thank you ” prononcé à mi-voix. « It's a nice broom you have there how do you like it? Quite a change from the good old Nimbus 2000 isn't it? » Un autre sujet de conversation plus safe, donc. Ça ne dérange pas Harry, dont le visage s'illumine un peu alors qu'il fait un mouvement vers le balai qui repose à côté de lui. “ It's amazing! I got it for my birthday, it was a few days ago. ” Ses joues en rosissaient presque de plaisir. Que Narcissa lui ait offert un balai il y a un an était génial mais... un nouveau? Douze mois plus tard? Harry a cru en mourir de joie. “ It's the Charybdis X. Do you know of it? It's a luxury italian brand, ” dit-il avec un peu de fierté. “ The acceleration is good although I don't like the grip - I might get something fitted for my hands. ” Alastar a fait une grossière erreur en amenant le sujet sur la table. Harry peut en parler pendant des heures. “ The stability is decent but I still need to practice with it. It's super light! Never seen one quite like it before. ” Il tend le balai en direction d'Alastar pour que lui-même puisse le soupeser. “ See? ” Il a un sourire fier et heureux sur le visage — le premier sourire honnête, semble-t-il, depuis le début de la journée.

Il a l’impression de se retrouver au début de sa carrière, où il hésitait parfois encore sur les sujets à éviter. Ou bien après la mort de Wyatt, quand il a dû retourner sa veste plus vite qu’à un défilé de mode, et devenir le joueur de Quidditch le plus favorable au régime qu’on ait vu, là encore il avait souvent des moments de flottements pour trouver les mots et slalomer entre les récifs. Il se rassure vainement en se disant que ça doit arriver à tout le monde, il est sorti de nulle part ce garçon, en mode surprise i’m back et il faut s’y faire mais c’est un peu comme voir un revenant. Enfin un vrai revenant, pas un fantôme, ceux-là foutent beaucoup moins le trac. Que dit-on à quelqu’un dont on a entendu tant de choses mais qui ne nous connaît pas du tout ? Une once de sympathie soudaine pour les fans d’Alastar qui sont toujours dans cette situation quand il leur parle ; si ce n’est qu’au moins ils ont l’air heureux de le voir et qu’il ne sait pas trop à quel point il est content de voir Potter. Parce que le soulagement de voir qu’il n’est pas mort est quand même sacrément mitigé par… Eh bien par tout le reste, Harry c’est une équation à tant d’inconnues qu’on ferait mieux de dire qu’il est largement au-dessus de son niveau en maths. A la remarque un peu déplacée il répond un simple thank you à mi-voix. Effectivement c’était bien le mauvais sujet que Fawley a choisi, quel manque de tact on dirait un bleu, quinze minutes de plus comme ça et autant se rendre directement à la police pour avouer qu’il est un membre de l’ordre.

Les balais c’est vachement plus safe comme sujet, d’ailleurs ça a l’air de bien plus plaire à son interlocuteur. Puis l’attrapeur n’a jamais fini de parler Quidditch, ça pourrait prendre quatre-vingts dix pour cent de son temps qu’il serait heureux. La preuve, présentement dans ses conversations quotidiennes il en est presque à quatre-vingts pour cent. « It's amazing! I got it for my birthday, it was a few days ago. » Ah bah oui, le fameux… 30 juillet ? 2 août ? C’est dans cette vicinité-là, il y a toujours des gens qui en parlent à cette période de l’année mais de là à ce qu’Alastar s’en souvienne faudrait pas non plus pousser. « Then a happy belated birthday I guess ! » Il aurait au moins pu le laisser attraper le vif-d’or en guise de cadeau. « It's the Charybdis X. Do you know of it? It's a luxury italian brand, » Est-ce qu’il connaît ? Sweet summer child, bien sûr qu’il connaît autant demander à un pâtissier s’il a déjà entendu parler de viennoiseries. Crédieu, c’est son métier quand même, il se tient au courant ! « The acceleration is good although I don't like the grip - I might get something fitted for my hands. » Sage décision, un bon balai est un balai customisé, se contenter du prêt-à-porter c’est bon pour le peuple. « The stability is decent but I still need to practice with it. It's super light! Never seen one quite like it before. » Le pauvre en même temps s’il s’est arrêté en 1996 sur l’évolution des balais… ça doit lui faire tout drôle. Il tend son balai au nord-irlandais qui le soupèse avec attention, cherchant le point d’équilibre. « See? » Les Charybdis font effectivement partie des plus légers du marché, leur plus grand atout mais aussi leur défaut qui peut, par mauvais temps, les conduire à être entraînés dans le proverbial tourbillon qui fait leur nom. « I think it’s really great, I think the Appleby Arrows all have those. But I think it’s actually too light, doesn’t quite cut the wind right and you could get much more stable. The Ballycastle Bats all have Supernovas, sturdier, more boost, great for a bit more contact. » Il rend à Potter son balai et va prendre le sien, adossé contre un des casiers. Il tend au garçon le manche noir d’encre moucheté de blanc pour le lui faire soupeser. « But as the seeker I got myself a Nebula. Slower accelerations but higher cruise speed, really great for tight turns, in my opinions the best on the market for seekers like us. » Sans mentionner qu’en plus une fois qu’il a eu acheté le Nebula – pas au prix du marché bien sûr, c’est moins cher quand on est pro – il a accepté avec eu un contrat de promotion. Y a pas de mal à se faire payer quand en plus on est satisfait du produit. « I mean not to mention it also looks dope. » Une bonne esthétique c’est important. D’autant plus que les balais Supernova sont blancs, alors avec leurs tenues entièrement noires et la chauve-souris pourpre… Ils font une belle bande de gothiques bien classe.

Harry est plutôt heureux de voir qu'Alastar est intéressé par ce qu'il a à dire, et qu'il l'écoute attentivement — mieux, qu'il lui répond avec le même entrain! « I think it’s really great, I think the Appleby Arrows all have those. But I think it’s actually too light, doesn’t quite cut the wind right and you could get much more stable. The Ballycastle Bats all have Supernovas, sturdier, more boost, great for a bit more contact. » Harry est un peu déçu de l'entendre ainsi parler de son balai (son poids est très bien!) mais est curieux de voir l'Attrapeur aller chercher son propre balai et le lui tendre. Harry s'en empare avec un air fasciné et imite ce que l'autre a fait il y a quelques instants, soupesant l'appareil magique et cherchant son point d'équilibre, souriant en le trouvant. « But as the seeker I got myself a Nebula. Slower accelerations but higher cruise speed, really great for tight turns, in my opinions the best on the market for seekers like us. » Harry hoche la tête, fronçant légèrement les sourcils en s'imaginant avec un balai comme ça, plus lourd, entre les jambes. « I mean not to mention it also looks dope. » Harry s'esclaffe en hochant la tête et lui rendant son balai. “ It looks great, ” dit-il (il n'a jamais entendu l'expression "dope" avant mais il a vite compris ce que ça voulait dire).

“ Thanks, that's interesting! I need to practice with mine more, ” déclare-t-il simplement en hochant la tête. Il aimerait bien s'entraîner avec Alastar de nouveau mais il ne sait pas si il aura jamais le droit alors il se contente de sourire. Il sourit, et puis un peu moins, et puis il reprend un air sérieux. Il regarde Alastar. Il a les cheveux bruns, les yeux clairs. Il est plus grand que lui, mais pas tant que ça. Harry se demande si il aurait fait cette taille, si il n'avait pas passé les dix années précédentes dans le noir. Sans doute pas.
Mais peut-être... peut-être... “ Everyone used to tell me that I could go pro one day. ” Les mots sortent de sa bouche sans qu'il puisse les retenir. Dans une autre vie, il aurait la place d'Alastar, sa carrière, sa vie. Il serait connu de tous pour des choses positives et inspirantes, aurait sa propre vie, contrôlerait sa propre existence. Il se force à sourire de nouveau, à s'esclaffer légèrement, puis à rire plus franchement. “ You must think I'm not good enough for that, ” dit-il en secouant la tête, en se remémorant le fait qu'il a perdu, perdu. “ It's just strange to think about. Oh well. Less competition for you, ” ajoute-t-il avec un clin d'oeil complice. Maladroit et factice.

Il retourne finir de rassembler ses affaires, attrape son balai d'une main. “ You must be quite popular with the ladies too, ” dit-il, trouvant dans les tréfonds de son crâne de quoi s'accrocher à du small talk même si ça l'énerve lui-même. Mais il veut enterrer ce bref moment de faiblesse et de mélancolie qu'il a eu face au joueur professionnel. Il sent le mal de tête arriver, les sortilèges se serrer autour de son crâne, l'interdire de s'attarder sur ces émotions négatives qu'il sent enfler dans sa poitrine. Et puis franchement, parler meufs, Harry ne sait plus trop comment faire. “ What's your favourite thing about it? ” Cet emploi, cette vie, cette voie que Harry aurait tant aimé emprunter lui-même.

Quand on le lance sur les balais, ou à vrai dire sur n’importe quel sujet ayant un rapport avec le Quidditch de près ou de loin, Alastar serait capable de parler pendant des heures. Après tout c’est sa passion, son métier, sa vie, s’il était incapable d’avoir des choses à dire en la matière il aurait sacrément mal choisi sa carrière. Cependant il voit bien la petite moue que fait Potter quand il parle des défauts du Charybdis et il a un petit regret. Il est peut-être allé un peu loin, il aurait pu s’arrêter à ‘il est très bien, nous on utilise ceux-là’. Trop tard. D’autant qu’il ne devrait de toute façon pas conseiller au jeune homme les mêmes balais que les siens, ils n’ont pas la même carrure et de fait la même stratégie de vol. Enfin, aucun crime de lèse-majesté n’a été commis, et le brun semble assez heureux d’avoir entre les mains un nouveau modèle à examiner. « It looks great. » Le style ça n’a pas de prix. Enfin, si, un peu, ça peut coûter cher, mais ça vaut largement le coup. Le nord-irlandais a fini son petit laïus sur les nouveaux balais, même s’il pourrait continuer, nommer tout ce qui s’utilise en ligue professionnelle en ce moment. Il ne le fera que si on lui demande, passionné mais jamais du genre chiant. « Thanks, that's interesting! I need to practice with mine more. » Il se demande à quoi ressemblent ses journées, s’il a beaucoup de choses à faire à part la propagande – une machine qu’il ne connaît que trop bien –, s’il a beaucoup de temps à consacrer au vol, s’il a un peu d’oxygène. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait pendant dix ans ? Comment a-t-il vécu ? Lui faut-il réapprendre à vivre ? Il ne pose pas ses questions, bien sûr.

« Everyone used to tell me that I could go pro one day. » C’est vrai que tu en avais entendu parler des prouesses de ton successeur, tout le monde n’avait que des louanges à son égard, en plus du fait bien sûr qu’il soit Harry Potter. Tu aurais avoir eu l’occasion d’assister à un de ses matchs ou, encore mieux, son duel contre le dragon lors de ce tournoi pour lequel Charlie avait fourni les molosses de flammes. « You must think I'm not good enough for that, » Il est si amer son rire, qu’Alastar en a un coup au cœur. Un de ces éclats derrière lesquels on se barricade, pour éviter de perdre la face. « It's just strange to think about. Oh well. Less competition for you. » Ce n’est pas vraiment la première chose qui l’inquiète, et de toute façon il n’a jamais eu peur de la compétition, c’est un peu le principe même du sport. Le clin d’œil du garçon lui arrache à peine un sourire mécanique, qui masque sa tristesse face au futur qu’on a volé à son interlocuteur. Ouais, on disait plein de choses sur lui, il aurait pu devenir ce qu’il voulait. Aujourd’hui, il doit être bien loin de ce qu’il avait espéré. « Don’t say that, you killed it out there! You’re out of practice but I’m pretty confident you could still make something of yourself. » Professionnel, ça, aucune idée, il se fait un peu vieux pour commencer mais tout peut arriver.

« You must be quite popular with the ladies too, » Les femmes, son plus grand succès, c’est bien connu. C’est vrai après tout qu’il entretient une réputation de séducteur, pour éviter que les magazines people ne soupçonnent le secret qui peut l’envoyer en prison. Oui, cette carrière a poussé beaucoup de dames à essayer de gagner ses faveurs, beaucoup d’hommes aussi, être célèbre a sans le moindre doute ses avantages. L’attrapeur feint un rire complice. « Well that’s not just fame, it’s obviously my winning personality and playboy looks. » Toujours plus.
« What's your favourite thing about it? » Les femmes ? Il espère que Potter a légèrement changé de sujet parce qu’il n’a pas particulièrement envie de rentrer dans les détails et exposer pourquoi il aime le fait que la célébrité lui accorde des conquêtes. En tout cas il préfère partir du principe que la question est plus générale, ça évitera des moments gênants. Il réfléchit un instant. Il aime tout dans cette vie. Presque tout. Disons que sans ce gouvernement, il adorerait sans le moindre regret sa vie. L’adrénaline de la compétition, les flashs des caméras, les cris de la foule, c’est tout ce qu’il a toujours voulu. Superstar c’était son plan de carrière. Se faire payer pour garder les pieds le plus loin du sol possible c’est un rêve. Ce qu’on peut trouver de mieux après devenir un dragon – rêve d’enfant dont il a dû se défaire. « All of it. But mostly just being able to live my passion every single day, never have to really land. » Sur ce balai, à la poursuite du vif-d’or, un peu plus loin de cette grise réalité.

« Don’t say that, you killed it out there! You’re out of practice but I’m pretty confident you could still make something of yourself. » À ça, Harry n'a pu que rire, pris au dépourvu. Il pense savoir que le Lord a d'autres plans et d'autres idées pour lui... il pense aussi savoir qu'Alastar n'a que poli et gentil avec lui en ce instant précis, et qu'il ne le pense même pas. C'est gentil à dire, mais ça ne fait que rappeler à Harry qu'il pourrait faire quelque chose... peut-être, éventuellement, avec beaucoup de chose. Mais qu'il n'y arrivera probablement pas. Jamais.
Harry ne s'attendait pas à ce déluge de sentiments aujourd'hui. Cette frustration, cette envie, cette jalousie, cette colère sourde aussi, sourde et aveugle, qui lui pèse sur le coeur comme un bloc de marbre.
Alors il ne peut pas s'empêcher d'insister, de grappiller tout ce qu'il peut. Que préfère-t-il dans sa vie de rêve? Qu'aime-t-il, est-il heureux? rempli? Arrive-t-il à passer une nuit entière sans cauchemars, une journée entière sans panique, une heure entière sans se mordre la langue, une minute sans être tendu de partout?

« All of it. » Harry est pendu aux lèvres d'Alastar et il se penche presque vers lui en entendant ces trois petits mots, ses yeux brièvement écarquillés essayant de comprendre leur sens, d'imaginer un peu ce qu'ils laissent envisager. « But mostly just being able to live my passion every single day, never have to really land. » Ne jamais avoir à atterrir, toujours rester loin du sol, avec seulement le ciel et la lumière autour de soi. Harry peut convoquer sans mal l'impression de liberté et de bonheur qu'il a ressenti la première fois qu'il a chuté en piqué avec son balai, sous l'oeil avisé d'Oliver Wood. La peur, l'adrénaline, le rire hystérique qu'il l'a pris quand il a dévié sa trajectoire tragique au dernier moment, le bout de ses chaussures en cuir effleurant le sol pendant un instant. Harry aimerait pouvoir emprisonner ce souvenir — l'un des rares qui lui reste, clair comme le cristal, vierge de toute intervention alien — et le mettre en bouteille et se bourrer avec tous les jours. “ I get that, ” dit-il d'une petite voix, détournant pudiquement les yeux en espérant qu'Alastar n'aura pas le temps d'y voir les émotions qu'il vient d'y déclencher.
Il s'éclaircit la gorge, se détourne et met son sac sur son épaule, fait un mouvement vers la porte. “ Well, uh, thank you for the conversation. And for not letting me win. ” La défaite a encore un goût amer, mais il se force à sourire. Quand il relève le nez vers Alastar, il regarde son menton, pas ses yeux. Honteux. “ That's how you learn, I hear. ” Le sourire s'accentue mais n'atteint toujours pas les yeux. Finalement, il se rapproche, tend la main et serre celle d'Alastar sans force, une certaine mollesse presque. Ses yeux, toujours, se soustraient aux siens.

Dans un autre monde, Potter serait peut-être bien devenu un joueur professionnel de Quidditch, un attrapeur de renom, et Alastar et lui auraient eu l’occasion de s’affronter sur le terrain à la loyale, d’être amis ou de se créer une rivalité sportive jamais trop venimeuse. Ou bien il aurait pris une autre voix, peut-être que l’enfant qui avait déjà vaincu un mage noir aurait passé sa vie à les traquer, que l’attrapeur aurait lu son nom dans les journaux au fil d’articles détaillant la victoire de l’auror Potter contre un criminel de plus. Alors sans doute se seraient-ils croisés une fois ou l’autre chez les Weasley, pour un mariage ou une occasion au hasard. Dans un autre monde. Ils n’auraient pas alors à se raconter des choses qui sonnent légèrement faux, à regretter ce qui n’est pas. Ce monde n’est pas réel. Ils sont là face à face, où le nord-irlandais doit flanquer sa vie parfaite de mensonges et de deuils, où celui qui était l’Elu a l’air de porter du regret dans chacun de ses mots. Aujourd’hui est un beau jour sans malheur, mais putain ça aurait été mieux dans d’autres circonstances.

« I get that, » C’est que ce que tu lui racontes, dénué de tous les avantages que tu tais, ça a l’air sacrément alléchant. Même avec les désespoirs non divulgués, il y a fort à parier que tout ceci reste bien plus agréable que ce que le jeune homme doit vivre. Sinon il n’aurait pas l’air aussi défait et amer. Alastar aimerait pouvoir lui remonter le moral mais que dire de plus à quelqu’un qu’on ne connaît pas ? « Well, uh, thank you for the conversation. And for not letting me win. » Il commence à se diriger vers la sortie, il a dû lui aussi tomber à court de banalités à raconter dès que le sujet n’est plus technique. A moins que tout ceci ne devienne trop difficile à digérer. « That's how you learn, I hear. » L’attrapeur croirait peut-être au sourire de son interlocuteur si celui-ci n’avait pas autant de mal à le regarder en face. Par réflexe il serre la main qui lui est tendue avec entrain, comme à la fin d’une interview. Mais alors que Potter tente toujours de s’en aller il pose une main sur son épaule, essayant de croiser ses yeux. « Hey Potter. Let’s meet again. » S’il en a le droit, s’il n’est pas enfermé quelque part et qu’ils ne le sortent pas juste pour des interviews et des événements médiatiques de ce type. « You’re welcome here any time. » Pour reprendre du poil du lycan sur un balai, et pour parler, s’il le souhaite. Même si l’attrapeur doute qu’Harry ait envie de parler. Et puis de quoi pourraient-ils réellement parler sans que l’humeur tourne à nouveau à l’amertume, entre celui qui a perdu dix ans de sa vie et celui qui doit cacher pratiquement toute la sienne. Malgré tout il le dit sincèrement, pour une fois au moins.