Elle les avait suivi toute la soirée, consumée par la rage, avant de céder. Ce n’était pas comme ça qu’elle avait prévu la fin de sa filature. Elle aurait dû appeler la VB, attendre qu’ils se chargent de ces traîtres, qui les embarques et les tortures. Mais ça avait été plus fort qu’elle. Sortie de l’ombre elle n’avait pu rester silencieuse plus longtemps face à sa propre mère. La lumière verte qui avait inondée la ruelle, ce bruit sourd comme un violent coup de vent, et elle avait vu sa génitrice et l’amant de cette dernier s’écrouler sous ses yeux. Sans s’en approcher, elle les avait observés quelques secondes, sentant des larmes perler aux coins de ses yeux alors qu’elle semblait réalisée petit à petit ce qu’elle venait de faire. Puis elle c’était transformée à nouveau en vautour pour prendre la fuite.
Elle reprenait forme humaine quelques rues plus loin, essuyant ses larmes d’un revers de main, pressant le pas. Ses talons claquaient contre les pavés du trottoir, raisonnant dans les rues vides de la capitale. Elle se laissait porter par ses jambes et sans vraiment savoir pourquoi, elle se rendait machinalement chez Alecto. Depuis que sa famille était arrivée en Angleterre en 1996, son père avait confié Kalisha à Alecto, cette dernière jouant le rôle de formatrice au près de la jeune Oakwood. Avec les années, Alecto était presque rentrée dans la famille aux yeux de Kalisha et elle préférait mille fois aller pleurer chez elle que d’aller dire à son père ce qu’elle venait de faire. Elle le savait fidèle au Lord, elle se répétait qu’il aurait fait la même chose à sa place, mais une part d’elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle venait de tuer celle que son père aimait. Celle qu’il avait épousé. La mère de ses enfants. Elle avait trop peur de sa réaction pour le lui annoncé tout de suite.
Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était lorsqu’elle arrivait enfin devant la porte d’Alecto. Une faible lueur semblait déjà faire disparaître les étoiles, mais Kalisha venait quand même sonner à la porte. Agitée, elle regardait autour d’elle, comme par peur d’avoir été suivit, sursautant au moindre bruit. Deux ou trois coups de sonnette supplémentaire et la porte s’ouvrait enfin sur son mentor. Elle l’avait connue plus apprêtée et réveillée qu’en cet instant, mais elle n’y prêtait pas vraiment attention. Trop perdue dans ses pensées. Sans dire un mot elle se contentait de rentrer, bousculant presque Alecto sur son passage, pressée de rentrer dans un lieu sûr. Sa respiration rapide, ses mains moites qu’elle venait essuyer nerveusement sur sa veste, elle faisait déjà les cent pas dans l’entrée, ne sachant pas par où commencer. Du haut de ses vingt-quatre ans, elle venait de tuer deux personnes, dont sa mère, et de lancer un sort qu’elle n’avait jusqu’à présent jamais lancé sur des humains. Elle était passée de journaliste, sympathisante du Lord, à tueuse de traîtres en quelques secondes. « J’crois que j’ai fait une connerie. Enfin... j'en sais rien... » Elle passait nerveusement ses mains dans ses cheveux, fuyant le regard d’Alecto. Pourtant elle n’avait pas roulé un patin à un membre de l’Ordre, elle n’avait pas aidé un sang-de-bourbe à trouvé une baguette, elle n’avait, enfin de compte rien fait d’illégal. Enfin… tuer, à ses yeux était illégal. Puisque chez elle, en Afrique du Sud, ça l’était. Mais ici, les choses étaient différentes, surtout lorsqu’il s’agissait de se débarrasser de traîtres. Plus elle y réfléchissait, moins elle parvenait à se calmer et plus elle sentait des larmes perler aux coins de ses yeux. Elle glissait les mains dans ses poches, sentant sa baguette, étrangement chaude, ça ne pouvait pas être bon signe.

Depuis qu'Amycus est mort, Alecto ne dort plus. Elle rêve. Pas de véritables sommeils ni de véritables repos, seulement les songes vides des souvenirs qu'elle a oublié. Ses rêves sont hantés, par Amycus, par sa voix, son fantôme; son esprit, il lui semble parfois. Mais au moins, maintenant, elle ne se réveille plus glacée jusqu'à la moelle ou en hurlant de rage et de terreur. Elle se réveille, simplement. Elle se rappelle toutes les fois ou elle avait crue ne pas réussir à retrouver la réalité, où elle se griffait le bras jusqu'au sang pour rapprendre pied. Aujourd'hui un simple grincement dans son appartement peut lui faire quitter le vide qui remplit son inconscient.
Un simplement grincement de porte ou un craquement de parquet.
Ou un coup frappé à la porte.

Un coup frappé à la porte.
Suivi d'un autre. Et encore un autre. On ne frappe pas à sa porte, on tambourine. Alecto se lève, attrape sa baguette sur la table de chevet et un peignoir en soie pourpre qui traîne au bout du lit. Elle ouvre la porte d'entrée pour découvrir Kalisha sur le pas sur le palier. « Qu'est ce que tu fais ici, Kalisaha ? » Elle demande, prise au dépourvue, rabaissant sa baguette. Mais la jeune fille ne lui répond pas, elle lui passe devant pour entrer dans la pièce, l'air paniqué. Elle se met à faire les cent pas, en regardant de tout côté. « Je crois que j'ai fais une connerie... » Elle dit. « Enfin, j'en sais rien... » elle ajoute l'air toujours aussi perdu. Alecto referme la porte et jette un coup d'oeil à l'horloge. Il est plus de trois heures. « Calme-toi. » dit-elle à Kalisha qui ne semble pas se calmer du tout, passant ses mains dans ses cheveux avant de se tordre nerveusement les doigts. Alecto l'observe brièvement: elle n'a pas l'air blessée. « Viens là. » Elle l’entraîne dans le salon. Plus intriguée qu'inquiète. Il en faut plus pour inquiéter Alecto.

Kalisha n'est pas une gamine particulièrement sensible, elle a même souvent fait preuve d'une grande maturité et de bon jugement depuis qu'Alecto l'a prise sous son aile. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle continue de la former : la petite à du potentiel, elle est docile et douée. Elle ira loin si elle travaille dur. Si elle ne fait pas de "conneries" « Calme-toi et explique. » Dis Alecto en l'installant sur l'un des fauteuils du salon avant d'aller fouiller dans un tiroir du buffet pour un sortir une petite fiole de filtre de paix. Elle en verse une goutte dans un verre de vin qu'elle apporte à Kalisha. Juste ce qu'il faut pour la calmer. « Boit ça », elle ordonne en s'installant à côté d'elle sur le canapé. « Qu'est-ce que tu as fait ? » Puisqu'à priori elle a fait quelque chose. Alecto espère que ce n'est pas vraiment ennuyeux, elle déteste les enfantillages, mais elle préfèrerait que ce soit le cas cette fois-ci. Elle n'a pas envie de voir Kalisha ruiner son avenir, elle vaut mieux que ça. Alecto aussi, d'ailleurs. Si Kalisha échoue, c'est la réputation d'Alecto qui en pâtira. Il est, bien entendu, hors de question que cela arrive.

Est-ce que son père allait la tuer ? ou alors son frère ? est ce qu’elle allait être rayé de l’arbre généalogique après ce qu’elle venait de faire ? Sur le moment elle avait pensé bien faire. Peut-être ‘trop’ bien faire, certes, mais elle avait été sûr d’être du bon côté et de faire ce qui était juste. Puis en voyant la vie quitter le corps de sa propre mère, cette certitude s’était envolée ; comme si, elle aussi, avait été tuée par ce sort si longtemps impardonnable. De rebelle des bacs à sable, elle était passée à meurtrière en un seul mouvement de baguette et qu’elle soutienne le Lord ou non, une part d’elle avait du mal à voir son geste comme honorable. Comment un tel meurtre pourrait l’être, après tout ? Elle avait fait passer son allégeance avant sa famille. Cette même famille qu’elle voulait tant rendre fière. Elle n’était plus vraiment sûr de savoir ce qui était juste à présent, faisant les cent pas dans l’entrée d’Alecto. Cette dernière lui avait ouvert la porte un peu plus tôt, baguette pointée vers elle et peignoir en soie sur le dos. Elle ne s’attendait pas à sa visite. Trois heures du matin, loin d’être l’heure la plus commune pour se pointer chez quelqu’un. La métisse se laissait entrainer dans le salon, tentant de calmer sa respiration en s’installant dans l’un des fauteuils du salon. Elle observait Alecto fouiller dans un tiroir sans vraiment parvenir à se concentrer sur ce que faisait la blonde. Trop perdue dans ses pensées, au point où elle aurait pu se faire empoisonnée par celle qu’elle considérait comme sa tante, sans même s’en rendre compte.
Les mains légèrement tremblantes, elle attrapait le verre de vin que lui tendait Alecto. Deux petites gorgées et elle sentait déjà son rythme cardiaque ralentir, son esprit s’éclaircir. Soudain elle s’en voulait un peu d’être arrivée en panique, elle relativisait et osait à peine s’imaginer ce qu’il devait se passer dans la tête d’Alecto. Il n’était pas impossible que celle-ci soit déjà prête à appeler la brigade pour la balancer à Azkaban pour trahison. Après tout, même si elle tenait à la blonde, Kalisha savait que celle-ci la dénoncerait sans hésitation si elle en venait à dériver jusqu’au camp ennemi. « J’ai… Je suivais un traitre. » commençait-elle, prenant une nouvelle gorgée de vin avant de pose le verre sur la table basse. « J’étais tombée sur lui y’a quelques semaines de ça, en écrivant un article pour le journal et depuis, je le suivais parce que je le soupçonnais de faire partie de l’Ordre. » Elle s’arrêtait brièvement s’empressant de clarifié la situation : « J’sais bien que ce n’est pas mon job de traquer les résistants, mais, j’étais curieuse et je me suis dit qu’il n’y avait pas de mal à enquêter un peu, histoire d’être sûr de mon coup avant de le dénoncer. Puis l’autre jour, je l’ai vu avec ma mère et là c’est devenu personnel. Il fallait que je comprenne ce qu’ils faisaient ensemble. »  Elle plantait ses yeux dans ceux d’Alecto. « Au début j’ai cru naïvement que, peut-être, ma mère allait le dénoncé, mais… » Un air de dégout traversait son visage. « T’aurais dû les voir, souriants, mains dans la mains … » Elle secouait légèrement la tête, son ton se faisant plus dur. « Elle avait aucune intention de le balancé ! Alors, je les ai suivis. Et, je pensais appeler la VB. Je le jure ! Mais… j’ai pas pu rester dans l’ombre, sans rien dire et une fois en face d’eux… c’était eux ou moi.» Elle baissait les yeux, jouant nerveusement avec les bagues qu’elle portait à la mains droite. Elle n’arrivait pas à se résoudre à prononcer ces mots à voix haute, a dire clairement ce qu’elle avait fait. « Ils sont dans une ruelle, près d’un bar. Pas loin de King’s Street je crois. » concluait-elle, fixant toujours ses mains.

La potion fait effet rapidement. Alecto peut sentir la respiration de Kalisha se calmer. Elle cesse de s'agiter et de regarder en tous sens. Quand elle reprend la parole, sa voix est plus posée, même si toujours hésitante. « J’ai… Je suivais un traitre. » Alecto hausse un sourcil. Elle n'avait pas demandé à Kalisha de prendre quiconque en filature. D'ailleurs, il était peu probable qu’un ordre lui vienne de qui que ce soit, puisque personne n'irait marcher sur les plates bande d'Alecto Carrow en utilisant son apprenti sans l'avoir mis elle-même au courant d’abord. « J’étais tombée sur lui y’a quelques semaines de ça, en écrivant un article pour le journal et depuis, je le suivais parce que je le soupçonnais de faire partie de l’Ordre. » Alecto sent une pointe d'agacement monter en elle alors qu’elle écoute les justifications de Kalisha. Non effectivement, ce n'était pas son job. D'ailleurs, Alecto de moque bien pas mal de ses instinct d'enquêtrice ou du fondement bancal de ses soupçons : Kalisha aurait dû lui en parler avant de faire quoi que ce soit. Alecto s'apprête à interrompre le flot de parole de son élève mais elles n'en a finalement pas le loisir. «  Puis l’autre jour, je l’ai vu avec ma mère et là c’est devenu personnel. » Personnel ? Croit-elle qu'une vendetta personnelle ait quoi que ce soit à faire dans le gouvernement du Lord ? Croit-elle qu'Alecto la forme pour qu'elle puisse satisfaire des objectifs personnels ? « T’aurais dû les voir, souriants, mains dans la mains … Elle avait aucune intention de le balancé ! Alors, je les ai suivis. Et, je pensais appeler la VB. Je le jure ! Mais… j’ai pas pu rester dans l’ombre, sans rien dire et une fois en face d’eux… c’était eux ou moi » Alecto observe Kalisha silencieusement. Elle ne va pas se mettre en colère, il lui semble que la jeune fille à retenue la leçon. Elle ne va pas non plus la réconforter, après tout, ce n'est pas pour cela qu'elle l'a prise sous son aile.
Elle n'est pas sa mère.

« Ils sont dans une ruelle, près d’un bar. Pas loin de King’s Street je crois. » Et visiblement être la mère de Kalisha Oakwood n'est pas une position particulièrement en viable. Alecto se redresse légèrement. Un sourire commence à s'étirer sur son visage, tendis qu’elle comprend ce que Kalisha sous entant sans réussir à le dire clairement. Le sourire se change finalement en un rire léger. « Kalisha... » Elle dit sur un ton presque tendre. « Si c'est ça, faire une connerie, alors j'espère que tu en fera d'autres. » Elle dit. « Excepté pour la partie où tu décide de filer un traitre sans en parler à tes supérieurs, mais je crois que tu as compris. » Elle prend le visage de Kalisha entre ses mains. « Tu étais sûre de toi n'est-ce pas ? » elle demande, sans réellement en douter. Kalisha a agi de façon idiote et impulsive mais elle ne manque pas de jugement. « C'était un traitre. » Elle sourit. « Et tu sais ce qu'on fait aux traitre ? On les tues, Kalisha. » Elle plonge son regard dans le sien. « Tu les as tués n'est-ce pas ? » Elle demande, parce qu'il faut que Kalisha le dise, que les mots sortent de sa bouche à elle, qu'elle entende sa propre voix les prononcer.

Elle racontait son histoire, évitant bien vite le regard d’Alecto, dés plus désapprobateur alors que Kalisha évoquait sa filature. Evidemment, ce n’était pas son job, elle n’était que journaliste, trop souvent reléguée aux sujets ennuyeux. Ouverture de magasin de potion, nouvelle collection printemps hiver de robe de sorcier… bref rien de passionnant. Rien qui ne puisse rendre Alecto et monsieur Oakwood fière, rien que ne puisse attirer l’attention du Lord. Alors, évidemment, elle se rêvait enquêtrice de choque, découvrant l’identité de criminel ou de membre de l’Ordre. A vingt-quatre ans pourtant elle n’était, aux yeux d’Alecto, comme aux yeux de son père, qu’une gamine, encore en ‘formation’. Pourtant, ce soir elle avait agi comme une vraie fidèle du Lord. Même si ce n’était pas son rôle.
C’était un peu honteuse qu’elle annonçait à Alecto où se trouvait le corps sans vie de sa mère, ainsi que celui du traitre. Son regard fixant ses mains, alors qu’un silence peusant s’installait. Puis un léger rire vint raisonner dans le salon et Kalisha redressa la tête, confuse, plantant ses yeux dans ceux d’Alecto alors que cette dernière vient prendre entre ses mains le visage de la métisse. « Tu étais sûre de toi n'est-ce pas ?.» Kalisha hochait la tête rapidement. Elle avait déjà repéré le traitre depuis un moment, toujours avec un bouquin moldu sous la main, toujours entrain de disparaitre on ne sait où, fréquentant des coins connus pour être également fréquenté par tout un tas de sang impure. Le seul doute que Kalisha pouvait avoir était en voyant Alecto aussi détendu à l’annonce de ce double meurtre. Est-ce qu’elle avait eu tort de paniquer ? tord de penser qu’elle avait fait une bêtise en sortant sa baguette et en exécutant sa mère et cet inconnu ? « Mais… L’un deux était ma mère... » marmonait-elle alors que la blonde lui expliquait que l’ont tuait les traitres. « Tu les as tués n'est-ce pas ?» Il y eu comme une pointe de panique dans son regard, puis elle hochait lentement la tête, déglutissant. Elle se défaisait de l’emprise d’Alecto, récupérant son verre pour en boire deux bonnes gorgées, comme pour se donner le courage nécessaire pour l’admettre à voix haute. « Oui. » Elle passait sa main libre dans ses longues tresses brunes. « Je les ai tué. » confirmait t-elle enfin. « Et maintenant mon père va me tuer. » Elle lâchait sa avec une pointe de sarcasme dans la voix, pourtant elle en était quasiment certaine : si le meurtre de sa mère ne semblait pas dérangé Alecto, monsieur Oakwood, lui, allait certainement en vouloir à sa fille, et cette dernière avait peur de ce qui allait lui tomber dessus lorsqu’il l’apprendrait. « S’il refuse de comprendre mon geste… Je serais la prochaine qu’on retrouvera dans une ruelle sombre.» ajoutait-elle, comme perdue dans ses pensées, réfléchissant à voix haute. Son regard s’égarait un moment alors qu’elle s’imaginait déjà rentrer chez elle, retrouvant son père près à en découdre. Puis elle secouait légèrement la tête, replantant ses yeux dans ceux d’Alecto. « J’peux dormir ici? »