JUNE 21 - Cela fait seulement quelques jours qu'il est autorisé à sortir du manoir. Il a récupéré un peu de ses affaires pour les remettre chez Draco, impatient  de s'y réinstaller. Ce n'est pas tant la compagnie infecte de Draco qu'il recherche, mais l'illusion de liberté qu'il peut ressentir dans son appartement. Il aime beaucoup Malfoy Manor, tout comme il aime beaucoup Narcissa... mais depuis sa sortie en avril, Harry y a été confiné et il a cru qu'il allait étouffer. Avoir un simple parfum de liberté a ruiné l'endroit pour lui. Toutes les nuits il rêvait du bruit de Diagon Alley, ses rues, ses lumières... La chambre, certes plus petite que celle du manoir et encombrée des affaires de Draco, le bruit ambiant. Il ne l'avouera jamais mais même Ares lui a manqué, ses piaillements sonores et ses coups de bec.

Draco en revanche, pas du tout. Toujours aussi taciturne, cinglant, et mauvais cuisinier (quand il daigne partager la nourriture qu'il se prépare). Ils passent le plus clair de leurs temps dans des pièces différentes, Harry passe des heures à la fenêtre à regarder les gens passer, ou alors il lit des romans, ou alors il regarde des programmes sur sa boule de cristal, recroquevillé dans son lit. De plus en plus, il se permet de sortir, tard dans la nuit, quand Draco dort: il met un déguisement sommaire, change quelques traits de son visage avec sa baguette, et arpente les rues désertes sans peur ni hésitation. Il profite de la ville qui respire, de la magie... depuis le désastre chez le marchand de glaces, il n'a pas essayé d'acheter quoique ce soit.

Draco n'est pas là ce soir semble-t-il, mais Harry est tout de même sorti à pas de loup, se baladant en silence pendant trois quarts d'heure avant de revenir au bercail, le coeur léger. Il a passé des mois enfermé au manoir, la ville lui manquait. Il oublie quelque chose... il ne sait plus quoi. Peu importe: certainement rien d'important. Il referme la porte derrière lui en silence, imaginant que Draco est soit toujours parti, soit en train de dormir dans sa chambre... il est plutôt surpris, une fois sorti de l'entrée après s'être débarrassé de ses chaussures, de le voir assis sur le canapé du salon, celui où il a manqué de se vider de son sang. Il lui adresse un hochement de tête comme salutations et, en temps normal, filerait dans sa chambre sans demander son reste, mais il remarque la bouteille d'alcool sur la table basse, le verre à moitié vide à côté. La bouteille est bien entamée et, la dernière fois que Harry l'a vue dans la cuisine (hier), elle était pleine... Ouch. Sa petite vie de sang-mêlé est-elle trop dure? Regrette-t-il de ne plus avoir l'âge pour pleurer dans les jupons de sa maman chérie?

Alors qu'il commence à faire chemin vers la porte de sa chambre, Harry se souvient de ce qui lui est sorti par la tête: Narcissa l'a mentionné du bout des lèvres il y a une semaine. Aujourd'hui, deux camarades de classe de Draco se marient. Blaise Zabini et Pansy Parkinson. Harry se souvient de l'un comme de l'autre (vaguement, autant que peuvent le permettre les sortilèges qui gèrent ses pensées et souvenirs) mais pas de la meilleure manière qui soit. Ceci dit, il peut compatir un peu au fait qu'ils étaient sensés être les amis de Draco et, d'après ce que Narcissa lui a raconté, ils ne lui ont pas adressé la parole depuis cinq ans. Et se marient aujourd'hui en son absence.

Trop triste. Harry, cependant, est suffisamment interloqué de voir Draco boire qu'il finit par le rejoindre sur le canapé. L'autre sorcier n'a même pas réagi à sa présence, apparemment perdu dans ses pensées. Sans lui demander, Harry prend le verre et l'amène à son visage pour le renifler, fronçant le nez tant c'est fort... Il n'a jamais vraiment bu d'alcool. Des Bièreaubeurres aux Three Broomsticks, un fond de Firewhisky avec Ron, une fois... Mais il sent désormais les yeux pâles de Draco vissés sur lui alors il se sent obligé d'ouvrir la bouche et de renverser la tête.

Il avale tout d'un coup et se met aussitôt à tousser, une fois le liquide dans le gosier. C'est fort, ça brûle, et il s'étouffe un peu dans sa main, à sa grande honte. Il a le visage rouge quand il relève les yeux vers Draco, replaçant ses lunettes sur son nez. “ C'est fort, ” commente-t-il, ne se permettant pas de se laisser aller à l'embarras devant lui. Il s'en fout de ce qu'il pense de lui. “ Alors, ça fait quoi d'être un bouffon qui n'est même pas invité au mariage de ses meilleurs amis? ” Le ton est goguenard et le sourire sur ses lèvres est moqueur. Il hausse les épaules. “ Ça montre bien que c'est plus tes amis, ” ajoute-t-il sans tact, ni malice pourtant. “ C'est pas une grosse perte pour toi, si tu veux mon avis. Eux en revanche... ” Il ne finit sa phrase, se penchant plutôt pour remettre un peu d'alcool dans le verre posé devant eux. “ Tu mange pas de viande mais tu bois de l'alcool. T'es vraiment bizarre, Malfoy, ” marmonne-t-il en attrapant le verre pour le tendre à son... quoi? Son colocataire? Harry ne l'appellerait pas son ami mais par les temps qui courent, Draco est certainement la chose qui s'en approche le plus (au milieu des chamailleries, insultes, bagarres et engueulades).

Draco a failli leur acheter un cadeau pour leur mariage. Il a failli faire un geste pour ses anciens meilleurs amis avant que sa mère ne l’arrête. C’est une mauvaise idée selon elle. Ça ne ferait qu'aggraver la situation et ça le mettrait dans l’embarras. Draco n’a rien dit, il a juste pincé ses lèvres et il a hoché la tête. Soit. Pas de cadeau. Pas de mot. Rien. De toute façon Pansy et Blaise ne lui ont rien envoyé, ils ont préféré inviter sa mère plutôt que personne. Il n’est pas convié parce qu’il ne le mérite pas. Un menteur. Pire, un sang-mêlé. Il ne sait pas pourquoi ça l’affecte autant. Il pensait naïvement qu’il avait fait le deuil de ses amis depuis longtemps, mais visiblement non. Ils ont toujours un impact sur lui. La dernière réunion des Slytherin l’a bien prouvé de toute façon.
Il est sorti de son appartement en y laissant Potter. Il ne lui a pas laissé de mot, il est juste parti. Il regarde souvent sa montre. Il se demande comment se passe la cérémonie. Si Blaise porte bien son costume et s’il n’est pas trop nerveux. Si Pansy est radieuse et prête à assassiner toutes les personnes essayant de gâcher son mariage. Il se demande qui va officier et si la décoration est jolie (évidemment qu’elle doit l’être, on parle du mariage de Pansy et Blaise). Il ne sait pas pourquoi ça l’intéresse autant de le savoir. Il y a deux ou trois ans, il a pris soin d’enfermer les souvenirs le liant à ses amis dans un coin de sa mémoire où il range tout ce qui peut l’affecter en se promettant de ne pas revenir les chercher.

Il enfonce ses poings dans les poches de son pantalon alors qu’il marche sans but précis. Il marche juste pour se vider l’esprit. Il était en train d’étouffer dans son appartement. Et entendre Potter dans l’autre pièce le rendait dingue également. S’enfuir est la solution idéale pour lui.
Draco songe un instant à aller s’installer dans un bar pour boire et oublier ses soucis avant de se rappeler que le Lord fait la chasse à l’alcool et autres substances qui permettent de s’évader un instant. Il grogne. Il doit rentrer. Il lui reste une vieille liqueur chez lui. Il renverse sa tête en arrière un court instant en se disant qu’il aurait pu y penser avant de sortir. Il décide de rentrer chez lui.

Comme à chaque fois qu’il en prend, il grimace à la première gorgée. C’est fort et ça lui brûle le gosier. Une douce chaleur l’envahit alors qu’il se sert un autre verre. Il fait le même manège trois fois avant de poser sa tête sur le rebord du canapé. Ses yeux sont fixés sur le plafond. Probablement qu’à l’heure qu’il est, ils sont tous en train de profiter d’un bon repas et de quelques danses. Draco serre un poing et la mâchoire. La chevalière qu’il porte à son autre main tape contre le verre. Il remarque à peine Potter et ne comprend pas qu’il est probablement sorti et qu’il revient à peine de sa promenade. Ses pensées sont un peu confuses. L’alcool tape.
Il sent que le coussin s’affaisse un peu à ses côtés et le verre lui échappe. Il réagit à ce moment-là, sa tête bascule sur le côté et son regard fixe le Survivant. Il étudie ce que Potter fait. La manière dont son nez se fronce lorsqu’il se rend compte que l’alcool est définitivement trop fort. La façon qu’il a de prendre son courage à deux mains pour boire le contenu du verre alors que Draco devine qu’il n’a probablement jamais rien bu d’aussi fort avant. Il esquisse un sourire lorsqu’il l’entend tousser d’ailleurs. “ C'est fort. Alors, ça fait quoi d'être un bouffon qui n'est même pas invité au mariage de ses meilleurs amis? ” Draco en perd son sourire. “Va te faire foutre, Potter.” Grogne-t-il. “ Ça montre bien que c'est plus tes amis. C'est pas une grosse perte pour toi, si tu veux mon avis. Eux en revanche... ” Une fois de plus, sa mâchoire se crispe. Il détourne le regard. Eux en revanche quoi ? A-t-il envie de demander. Il laisse juste échapper un sifflement agacé entre ses dents.
Il s’est habitué à la présence du Balafré. Plus qu’il ne voudrait le croire d’ailleurs et ça lui fait toujours un grand vide quand il n’est pas là. Mais ce soir, il se passerait bien de ses commentaires. “ Tu mange pas de viande mais tu bois de l'alcool. T'es vraiment bizarre, Malfoy, ” Le blond soupire et se redresse. “Qu’est-ce que tu veux Potter ?” Il prend le verre qu’il lui tend et l’apporte à ses lèvres avant d’en boire le contenu tout en le fixant toujours dans les yeux. “J’ai pas b’soin que t’en rajoutes une couche, ok ?” Sa voix est incertaine. Il essaie d’y mettre de l’autorité, mais il en a aucune à l’heure actuelle. Sa main libre s’appuie sur le canapé et il se redresse maladroitement. Il pose brusquement le verre sur la table basse et prend la bouteille pour se verser un autre verre. Il l’observe un instant avant de le tendre à Potter. “Tiens. Bois.” Qu’il fait en l’agitant doucement devant son nez. “Ça te rendra plus agréable p’t’être.” Ses yeux ont du mal à se fixer sur le Survivant. Draco sait que Potter ne devrait peut-être pas vu qu’il n’a probablement jamais bu autant d’alcool avant, mais Draco n’est pas capable de penser de manière cohérente en cet instant.

Harry et Draco ont tendance à se chamailler, souvent plutôt sérieusement — ils en sont venus aux mains à plusieurs reprises, seulement séparés par Narcissa — alors Harry ne daigne même pas calmer ses ardeurs et ne pas trop insister dans ses moqueries même quand il comprend l'état de Draco. Il ne peut pas imaginer comment quelqu'un de froid, de distant et d'indifférent comme lui a pu se retrouver à boire tout seul sur son canapé dans son appartement désert. Il trouve ça un peu pathétique. Mais ça le rend curieux. L'ancien Slytherin risque d'en entendre parler pendant des semaines à venir...
Il n'a pas l'air en l'état d'être capable de trop répliquer en cet instant précis: “ Qu’est-ce que tu veux Potter ? ” Draco lui reprend le verre des mains et leurs doigts s'effleurent. Il ne le quitte pas des yeux en l'apportant à ses lèvres et en le finissant d'une traite. Malgré lui, Harry sent un frisson descendre le long de sa colonne vertébrale. C'est désagréable, puis ça l'est moins. “ J’ai pas b’soin que t’en rajoutes une couche, ok ? ” Harry arque les sourcils en articulant un sourire moqueur malgré lui, l'observant reposer avec brusquerie et force le verre sur la table basse. Pendant un instant, il craint que le verre va se briser... il n'a jamais vu un Draco aux yeux si flous, aux gestes si erratiques, à la voix si tendue.

La gorge de Harry brûle toujours autant, et il a l'impression que ses joues sont rouge vif, brûlantes. Il observe Draco verser un autre verre et pince des lèvres quand il le regarde le tendre vers lui. “ Tiens. Bois. ” Harry ne pense pas que ce soit une bonne idée, il regrette déjà le premier verre... “ Ça te rendra plus agréable p’t’être. ” Harry soupire en s'emparant du verre, évitant précautionneusement de toucher la peau de Draco, même du bout des doigts. “ Si l'alcool rendait aimable, même ta mère te forcerait à te bourrer la gueule, Draco, ” rétorque-t-il en apportant le verre à ses lèvres. Il n'en doit qu'une gorgée et grimace, avalant difficilement en se remettant à tousser. Il finit par brusquement tendre le verre vers Draco. Son autre main a volé jusqu'à son visage pour qu'il tousse dans son poing fermé et ses traits sont tirés de douleur. Il ne voit pas ce qu'il fait et il sent ses phalanges et ses poings toucher le torse de Draco alors qu'il y plaque sa main et son verre. “ C'est dégoûtant, ” grogne-t-il d'une voix rauque quand il a fini de tousser à s'en déchirer les poumons. Il récupère rapidement sa main et la pose sur sa jambe, comme si la pression, même brève, du corps de Draco contre sa main l'avait brûlé.

Il tousse encore un peu avant de secouer la tête, se hissant sur ses pieds pour se relever. Il se tourne vers Draco et fait un mouvement du menton vers la porte de la chambre de ce dernier. “ Allez, je crois que tu t'es assez lamenté de ton pauvre petit sort, il faut aller se coucher maintenant. ” Il roule des yeux. C'est à se demander ce qu'un sorcier comme Draco pourrait regretter de sa vie, qui a toujours été parfaite jusque là.
Perdre tous ses amis, sa raison de vivre... Harry sait bien ce que c'est. Il comprend ça mieux que personne.
Avant que Draco ait le temps de protester, Harry se penche et attrape la bouteille d'alcool avec son bouchon, pour la refermer et déjà aller la reposer sur un buffet plus loin, l'éloignant ainsi de Draco qui semblait bien décidé à la finir ce soir. Lui-même a l'impression que son visage est en feu, ainsi que son estomac, après seulement un verre et une gorgée... autant dire qu'il ne peut qu'imaginer l'état de l'autre. Il grimace quand il voit que Draco essaye de se relever et qu'il tangue. “ Ohlà, ” gronde-t-il en s'approchant, quoique peu désireux de caler son épaule sous la sienne pour l'aider à rester debout. “ Je vais pas te ramasser à la petite cuillère si tu te casses la figure, ” le prévient-il, tout en se rapprochant en même temps pour le rattraper et amortir sa chute si il s'écroule, soucieux.

Pendant un instant, Draco pense qu’il ne va pas le faire. Potter aurait très bien pu lui dire non en repoussant sa main et en lui souriant. Au lieu de ça, il prend le verre en soupirant. “Si l'alcool rendait aimable, même ta mère te forcerait à te bourrer la gueule, Draco,” Un ricanement s’échappe de Draco. “Hilarant.” Tout en suivant les gestes de Potter des yeux. Une fois de plus, il en prend une gorgée et manque de s’étouffer une fois de plus, arrachant un autre sourire à Draco. Il lui rend le verre et continue de s’approcher de lui jusqu’à ce que sa main touche son torse. C’est si soudain que Draco ne réagit pas tout de suite. Il sent comme un courant électrique le parcourir. Il récupère le verre dans un réflexe avant de laisser Potter s’éloigner. Il ne l’entend pas dire que c’est dégoûtant parce que c’est probablement trop fort pour lui. Pour faire passer l’étrange sensation qui l’avait envahi en sentant les doigts de Potter sur son torse, il avale le contenu du verre du Survivant d’une traite et repose le verre sur la table basse.

Potter finit par se relever avant de désigner la chambre de Draco du menton. Le blond hausse un sourcil. Son regard est encore plus brumeux qu’un peu plus tôt. C’était peut-être le verre de trop celui-ci. “Allez, je crois que tu t'es assez lamenté de ton pauvre petit sort, il faut aller se coucher maintenant.” Draco laisse échapper une exclamation lorsque le Survivant éloigne la bouteille de lui. Il n’avait pas fini de boire. Et puis qu’est-ce que ça peut lui faire qu’il se bourre la gueule jusqu’à en vomir ? C’est pas son problème. En quoi ça l’intéresse ? Pourtant, de bonne grâce, Draco tente de se relever. Il manque le fauteuil à plusieurs reprises avant de trouver une certaine stabilité. Il appuie son poing sur le coussin et se redresse avec grande difficulté. Tout tourne autour de lui et il sent ses genoux faiblir. C’est probablement la pire idée qu’il ait eu de vouloir se relever. Il aurait mieux fait de rester sur le canapé et dormir dessus. Potter s’approche de lui. “Je vais pas te ramasser à la petite cuillère si tu te casses la figure,” Draco lève les yeux au ciel. “Qu’est-ce que ça peut bien te faire au juste ?” Crache-t-il d’une voix toujours aussi peu stable. Il dévisage Potter, mais il a du mal à garder son attention sur lui. Tout tourne beaucoup trop vite. Le dernier verre était définitivement de trop. Il prend une grande inspiration. “Qu’est-ce que ça peut faire à quiconque que ça n’aille pas de toute façon, hein ? Dis-moi, Potter. Regarde l’avantage, t’auras personne pour surveiller tes allées et venues si je tombe et que je m’effondre là.” Fait-il en désignant le sol juste devant eux. Draco ne sait pas pourquoi il s’emporte soudain. Est-ce que la soirée le contrarie autant ? Se rendre compte qu’il n’a été important pour personne l’affecte plus qu’il ne veut le croire.

On s’est toujours servi de lui. Tout le temps. Son père l’a façonné de façon à répondre aux exigences des Malfoy. Ses amis l’ont mis sur le banc des parias dès l’instant où le test a révélé qu’il n’était qu’un sang-mêlé. Il n’est qu’un pion de plus sur l’échiquier du Seigneur des Ténèbres. Potter a tiré ses cartes pour demander son indépendance en demandant à squatter son appartement. Qui se soucie véritablement de lui ? Il soupire et passe une main dans ses cheveux, brouillant encore plus sa coiffure déjà incertaine. Il s’écarte du canapé en vacillant dangereusement et dévisage un instant Arès qui s’agite dans son coin. L’animal se met à lisser ses plumes en guettant les deux jeunes hommes. Il n’apprécie pas trop quand ils font du bruit. Et là, c’est au seuil de ce qui est tolérable selon lui. “Laisse tomber. Je vais aller me coucher, comme ça tu pourras faire c’que tu veux.” Son ton est acide, à la limite de la colère. Il ne sait pas vers qui elle est dirigée exactement. Il passe à côté de Potter et son épaule effleure la sienne.

“ Qu’est-ce que ça peut bien te faire au juste ? ” Draco lui balance son fielf avec ardeur et Harry ne peut que le dévisager d'un air incertain. Sur ses traits s'enfoncent lentement les premiers signes de la colère, une colère orageuse et terrible. Tout dans le comportement de Harry semble vouloir dire à Draco de s'en tenir à ça et d'aller se coucher sans un mot mais il doit être trop ivre pour l'écouter. Ou alors, il s'en fout. Ou même, il cherche la confrontation. Ça ne l'étonnerait pas de lui. “ Qu’est-ce que ça peut faire à quiconque que ça n’aille pas de toute façon, hein ? Dis-moi, Potter. Regarde l’avantage, t’auras personne pour surveiller tes allées et venues si je tombe et que je m’effondre là. ” La voix de Draco, même si elle n'a pas son timbre arrogant et grave d'ordinaire, est pleine de rage. Harry se sent fulminer et il serre les poing, mais il se retient. Il pense à Narcissa et il se retient, se disant que ça n'en vaut pas la peine.
Que Dracon n'en vaut pas la peine.
C'est plus simple de se dire ça. Des fois, ils agissent comme des frères, presque, sous le joug protecteur et maternel de Narcissa: des frères qui ne s'apprécient pas, mais complices, qui fonctionnent bien ensemble. La plupart du temps, c'est comme si ils n'avaient pas quitté Hogwarts. Les chamailleries à n'en plus finir, les remarques désobligeantes, les menaces improbables.

“ Laisse tomber. Je vais aller me coucher, comme ça tu pourras faire c’que tu veux. ” Draco semble s'être un peu calmé. Tant mieux, parce que Harry n'en supporterait pas plus. Il se remet enfin en marche vers sa chambre. Harry ne pense pas à s'écarter, imaginant que Draco va le contourner mais non. Son épaule rentre dans la sienne et sous le choc, Harry fait un pas en arrière.
Il voit rouge et il ne réfléchit même pas. Ses mains se lèvent et volent jusqu'au col de Draco, l'attrapant avec force et le repoussant en arrière. Il l'a pris par surprise, et l'alcool aide à le maîtriser sans mal, le faisant reculer jusqu'à ce que le mur le plus proche se retrouve dans son dos. Harry l'y plaque sans douceur, ses poings s'enfonçant dans la gorge de Draco, ses phalanges blanches tant elles s'accrochent au col de sa chemise. “ Don't you fucking touch me. ” Sa voix ne traduit pas vraiment la rage et la colère qu'il ressent en cet instant précis. Sa voix n'est pas calme pour autant, mais retenue, tendue.
Il ne bouge pas, plaquant toujours Draco contre le mur avec force, quitte à l'étouffer. “ Tu sais pourquoi tout le monde n'en a rien à foutre de toi, Draco? Parce que t'es qu'un pauvre mec, t'es odieux et prétentieux, arrogant et un lâche. T'as jamais eu d'amis. Crabbe et Goyle étaient tes larbins, et les trois autres, je m'en fous de leurs noms, étaient assez intelligents pour voir à travers ton petit jeu. Ils savaient avant toi que t'étais qu'un lâche et un escroc. Qu'est-ce que t'as jamais fait pour eux? ”

Harry secoue la tête. Quand il sent qu'il s'est relâché au cou de Draco, il raffermit sa prise avec force, sentant ses doigts s'enfoncer dans son cou, le tissu de sa chemise sur le point de craquer tant il le tire. “ T'es trop égoïste et maintenant seulement tu te rends compte que t'as traité tous les gens autour de toi comme de la merde. Bizarre qu'ils veulent plus de toi, hein? Ça te fait quoi d'être seul? C'est pas sympa, hein? ” Harry se sait cruel, mais il repense à toutes les fois où Draco s'est moqué de lui, du fait qu'il était orphelin, de sa peur des Détraqueurs. Il était un enfant cruel et arrogant, et Harry est désolé de voir qu'il n'a pas changé. “ Tu me fais pitié. ” Il le relâche brusquement et s'éloigne d'un pas. “ Je respecte ta mère. Donc à chaque fois que tu tomberas, je t'aiderai à te relever. À chaque fois que tu te mettras en danger, je te protégerai. À chaque fois que tu te plaindras, je te remettrai à ta place, ” dit-il avec sérieux. C'était Draco qui était sensé le protéger, plus ou moins, mais Harry voit maintenant la réalité des choses. “ But if you do as much as lay a finger on me again, I swear I'll rip your eyes out. ”

Avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, Draco se retrouve contre un mur avec un Potter fulminant de rage à quelques centimètres de son visage. “ Don't you fucking touch me. ” Il n’a jamais vu ce regard sur lui avant. Cette haine qui fait vibrer tout le corps de Potter surprend Draco. Il sent ses poings s’enfoncer dans sa gorge et l’air commence à lui manquer. “ Tu sais pourquoi tout le monde n'en a rien à foutre de toi, Draco? Parce que t'es qu'un pauvre mec, t'es odieux et prétentieux, arrogant et un lâche. T'as jamais eu d'amis. Crabbe et Goyle étaient tes larbins, et les trois autres, je m'en fous de leurs noms, étaient assez intelligents pour voir à travers ton petit jeu. Ils savaient avant toi que t'étais qu'un lâche et un escroc. Qu'est-ce que t'as jamais fait pour eux? ” Ses yeux s’écarquillent et ses sourcils se froncent sous la rage qu’il sent monter. Il n’y a pas d’occlumencie en cet instant, rien qui peut le retenir ou l’aider à contrôler ses actions. De toute façon, avec tout l’alcool qu’il a ingurgité, il n’est plus capable de penser avec un semblant de raison. Potter vient de franchir une ligne de plus et ça l’énerve. Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi. “ T'es trop égoïste et maintenant seulement tu te rends compte que t'as traité tous les gens autour de toi comme de la merde. Bizarre qu'ils veulent plus de toi, hein? Ça te fait quoi d'être seul? C'est pas sympa, hein? ” Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi. Ses mots lui font mal parce qu’ils sont vrais. Mais Potter ne sait rien de sa vie, ne sait rien de ce qu’il a pu subir et il ne peut pas comprendre. Parce qu’à l’inverse, Potter n’a pas eu de parents à ne pas décevoir. Alors il veut qu’il se taise et qu’il arrête de lui cracher autant de vérités à la gueule. Il n’a pas envie de les entendre. Draco amène ses mains jusqu’aux poignets de Potter et tente de l’arrêter parce qu’il appuie toujours sur sa gorge et qu’il commence vraiment à avoir le tourni. “ Tu me fais pitié. ” Enfin, il sent l’air gonfler ses poumons. Draco plaque une main contre le mur et l’autre sur son genou. “ Je respecte ta mère. Donc à chaque fois que tu tomberas, je t'aiderai à te relever. À chaque fois que tu te mettras en danger, je te protégerai. À chaque fois que tu te plaindras, je te remettrai à ta place. But if you do as much as lay a finger on me again, I swear I'll rip your eyes out. ” Draco crispe sa mâchoire et redresse la tête. Son visage est déformé par la rage.

Pour qui est-ce qu’il se prend ? Qui croit-il impressionner ? Est-ce qu’il pense un instant que Draco va prendre sa menace au sérieux ? “Shut the fuck up, Potter.” Il appuie sa main un peu plus contre le mur derrière lui et se propulse en avant, le poing fermé qu’il jette contre la joue du balafré. À cause de la vitesse et de son manque d’équilibre, il s’écrase contre le brun et l’entraîne dans sa chute. “Tu ne me connais pas alors je t’interdis-- oui je t’interdis de me parler sur ce ton.” Une nouvelle fois son poing se lève et s’écrase sur le visage du Survivant. Il a envie de lui faire ravaler chaque remarque. Il le déteste de tout son être. “I fucking hate you.” Crache-t-il en donnant un troisième coup de poing. Il est assis à califourchon sur le Survivant. “Qu’est-ce que tu vas faire là hein ? Me tuer ?” Son corps tremble sous les vagues de colère qui le traversent. Comment est-ce qu’il a pu oser lui débiter tout ça ? “Vas-y, Potter, je t’en prie. Fais-le !” Hurle-t-il. Il ignore Arès qui s’agite de plus en plus. Il ignore l’envie de vomir qui le traverse et l’envie de pleurer aussi. Potter a réussi à le faire sortir de ses gonds et il a l’impression que rien ne va pouvoir le calmer. Il ne sait pas ce qui l’agace le plus : que Potter ait eu l’audace de lui dire tout ça ou que ça soit vrai ? Il a été infernal avec tout le monde pendant toute sa vie. Tout ça pour quoi ? Éviter de décevoir son père ? C’est absurde par Merlin. Totalement absurde. “Vas-y ! J’attends, Potter. Défigure-moi comme tu l’as promis.” Il le provoque. Il sait qu’il devrait écouter la petite voix dans son crâne qui lui dit de se calmer et de se méfier. Potter a bien failli l’étrangler un peu plus tôt, il sait qu’il devrait faire attention, mais l’alcool ne l’aide pas à avoir les idées claires.

tw: sexual content, dubious consent

“ Shut the fuck up, Potter. ” Harry roule des yeux, whatever semble-t-il prêt à dire, se détournant à moitié pour mettre un terme à cette conversation aussi frustrante qu'enrageante. Draco est un lâche et un faible, Harry n'en doute pas une seule seconde: ainsi est-il plutôt surpris quand l'autre sorcier se jette du mur le poing en avant, l'écrasant contre sa mâchoire. Harry sent ses dents s'entrechoquer, et il sent aussi le plancher à l'arrière de son crâne quand ils tombent tous les deux dans un enchevêtrement de jambes et de bras. Ses yeux roulent dans leurs orbites et il voit des couleurs sous ses paupières, dépêtrant difficilement les mots enchaînés par Draco: “ Tu ne me connais pas alors je t’interdis-- oui je t’interdis de me parler sur ce ton. ” Au moment où Harry lève les mains pour le repousser, Harry sent un autre poing s'écraser contre sa mâchoire et lui faire voir des couleurs, faisant exploser le goût du sang dans sa bouche quand il se mord la langue. Il n'a jamais autant détesté Draco.
Et pourtant, il en est presque... reconnaissant. De cette douleur, de ce goût de fer sur sa langue. De son coeur qui bat à toute allure, du poids de Draco sur lui. “ I fucking hate you. ” Il essaye de se protéger le visage mais le genou de Draco lui entrave le coude et un autre poing s'écraser. Il rue, il s'arc-boute, il se débat, mais la douleur lui fait tourner de la tête, il ne comprend pas trop ce qu'il se passe.

Mais il se sent en vie.

Et depuis qu'il est sorti du noir, il ne s'est pas senti en vie. Pas même quand il répondait au Lord et que celui-ci lui envoyait un Crucio affligé. Pas même quand les sorts ont volé au-dessus de sa tête après sa petite apparition en avril. Pas même à chaque repas qu'il a été reconnaissant de manger, chaque jour qu'il a été reconnaissant de voir se lever. Il ne s'est pas senti en vie jusqu'à maintenant, écrasé par Draco, la douleur irradiant de sa mâchoire et de sa langue. “ Qu’est-ce que tu vas faire là hein ? Me tuer ? ” Harry s'étouffe, un bruit qui ressemble presque à un sanglot, mouillé et terrible: sauf qu'il ne fait que s'étouffer avec son sang alors qu'il... rit? “ Vas-y, Potter, je t’en prie. Fais-le ! ” Il glisse, et Draco crie, et Arès hurle à n'en plus finir, et il sent du sang lui tomber sur la lèvre et le menton. “ Vas-y ! J’attends, Potter. Défigure-moi comme tu l’as promis. ” Harry parvient d'un mouvement sec à dégager son bras de sous la jambe de Draco et il la lève à l'aveugle, sa main essaye d'attraper sa gorge ou son menton, ses doigts s'enfonçant dans la chair. “ Fils de pute... ” gronde-t-il, levant l'autre bras pour essayer de lui choper le cou. “ Je vais te buter, je vais te buter, je vais te buter... ” Mais Draco a l'ascendant sur lui et à part lui gifler la mâchoire du bout des doigts à quelques reprises, il ne peut pas faire grand chose.

Il finit par le prendre au dépourvu, levant ses hanches et les tournant brusquement pour inverser leurs positions; pris de court, il parvient à lancer Draco sur le côté et parvient sans mal à le surplomber à son tour, bloquant ses jambes avec les siennes, une main venant retenir le poignet de Draco et l'autre s'écrasant contre son cou, grognant quand il se débat, ignorant la douleur qui irradie partout.

En vie.

Le sang dans sa bouche le lui rappelle. Le goût ferreux et amer, qui le rendrait presque malade, le lui rappelle. Il saigne, parce qu'il est en vie. Il finit par raffermir sa prise sur le cou de Draco. “ Arrête, putain, arrête, ” lui grogne-t-il alors que l'ancien Slytherin le rue de coups avec sa main libre, et il desserre lentement ses doigts quand il cesse de lui frapper le dos et l'épaule.
C'est là qu'il s'en rend compte, à son grand embarras. Draco lui aussi doit sentir contre sa cuisse l'étrange réaction de Harry à cette débandade, l'excitation presque inconfortable qui lui donne l'impression de se liquéfier de l'intérieur. Il se sent en vie, et dur, et frustré, et quand les yeux de Draco s'arrondissent pendant ce bref moment de silence et de tension, Harry sent ses joues se mettre à brûler, d'embarras et de colère. Il retire sa main de la gorge Draco, y laissant quelques marques rouges, pas assez pour laisser des hématomes ceci dit, pour déposer sa paume contre la bouche du blond avec violence, faisant rebondir l'arrière de son crâne sur le parquet. “ Ta gueule, ” siffle-t-il, mais sa voix a perdu un peu de sa confiance, semble presque prête à craquer. Un peu du sang coule de sa bouche, rebondit contre sa main sur la bouche de Draco. Sans s'en rendre, mues de leurs propres désirs semble-t-il, ses hanches bougent un peu, changent de position, le forcent à se presser puis se frotter contre Draco.

En vie. Son coeur bat tellement vite dans sa poitrine que ça en devient presque douloureux. Il regarde Draco droit dans les yeux sans rien dire, ses doigts toujours pressés avec force contre sa bouche, l'empêchant de parler ou d'y respirer, sentant le souffle chaud émaner de son nez sur le dos de sa main. Pendant un bref instant, les yeux de Harry reprennent la même teinte que dans le noir: il a l'air terrifié.
Et comme une proie face à son prédateur, il ne bouge pas; sauf pour ses hanches, cherchant une maigre satisfaction qu'il ne veut s'offrir de lui-même, qui l'incitent à très lentement provoquer de la friction entre leurs deux corps, arrachant à Harry un grognement sourd qui veut tout dire et rien à la fois.

Draco s’attend aux coups rendus au centuple. Il voit déjà ses dents venir mordre sa langue. Il sent presque le goût du sang dans sa bouche. Il est prêt. On ne peut pas dire qu’il ne l’a pas cherché de toute façon. C’est lui qui a porté les premiers coups, lui qui a frappé alors que Potter lui a demandé de ne plus le toucher. Il sent les doigts du balafré qui s’enfoncent dans sa peau, mais il s’en fout. Il veut lui faire mal autant qu’il l’a blessé. “ Je vais te buter, je vais te buter, je vais te buter... ” Et qu’il le bute. De toute façon à qui il manquerait hein ? Pourtant, Draco lutte. Il s’écarte, se tient à distance et esquive les coups qu’il tente de lui mettre. Potter ne parvient qu’à l’effleurer, le griffer légèrement même, mais c’est tout, ça ne va pas plus loin. Draco baisse sa garde. Oh un court instant. Un instant suffisant pour que Potter voit une ouverture et bascule les positions. Draco râle, jure alors qu’il se retrouve comme épinglé au sol la respiration totalement erratique et le regard fou et toujours aussi flou à cause de l’alcool. Le blond se débat toujours avec virulence et Potter plaque une main contre sa gorge. Il est en position de faiblesse et il le sait et ça le contrarie. Outre le fait que cet abruti ait grandi soudainement et qu’il n’est plus capable de le prendre de haut, il est maintenant en train de le dominer de toute sa stature. “ Arrête, putain, arrête, ” Pourtant, Draco bourrine toujours. Il veut encore lui faire mal et le voir grimacer de douleur. Il veut qu’il souffre comme lui.

Il veut...

Il veut...

Il ne sait pas, mais il veut lui faire payer. Draco finit par s’arrêter. Il recommence à avoir envie de vomir et puis il a mal au bras à force de le maintenir en l’air. Le silence tombe entre eux et Draco bouge juste légèrement avant d’écarquiller les yeux. Potter se recule soudainement en réalisant qu’il avait dû sentir aussi. Est-ce qu’il-- sa tête cogne brusquement le sol et il ne peut s’empêcher de laisser échapper un gémissement de douleur. Gémissement étouffé par la main du balafré sur sa bouche. Il a envie qu’il la dégage. Il n’aime pas qu’on le touche comme ça. “Ta gueule,” Draco est toujours écrasé sur le sol avec un Potter penché sur lui semblant bien trop excité par la situation. Le mangemort a arrêté de lutter. Il est effaré par la tournure des événements. Son regard bleu s’est planté dans celui si vert de Potter et il n’arrive pas à détourner la tête. Il sent encore le corps du brun pressé contre le sien. Ses hanches bougent, pressant son bassin contre le sien et Draco ne sait pas si c’est l’alcool ou la friction de leurs corps qui le fait réagir, mais il sent quelque chose l’envahir. Il a l’impression que son sang se met à bouillir dans ses veines et qu’une partie va se concentrer dans un endroit bien précis.

La main du balafré masque une partie de son visage sinon il verrait que le blond se met à rougir à cause de la situation. Merlin, il était prêt à lui casser la gueule et maintenant il se retrouve à… il le déteste. L’expression dans ses yeux devient plus dure et Draco se remet à lutter. Qu’il le lâche. Ce n’est pas normal que son corps réagisse comme ça. Qu’il le lâche. Il tente une nouvelle fois de le dégager, mais Potter l’en empêche. Ses hanches bougent toujours contre lui et Draco étouffe un gémissement contre sa main en ayant l’impression de ressentir du plaisir ? L’alcool le fait dérailler, ce n’est pas possible autrement. Cette fois, ses oreilles sont devenues rouges d’envie ? d’embarras ? Il ne sait pas. Tout ce qu’il sait c’est qu’il ne comprend pas la réaction de son corps (ou ne veut pas la comprendre). Qu’il le lâche. Ça devient urgent et c’est à travers ce constat que Draco se débat de nouveau avec une plus grande force. Il se remet à cogner parfois dans le vide parfois en touchant un peu Potter, mais jamais assez fort pour le faire dégager. Il fait la seule chose qui lui vient en tête et mord de toutes ses forces dans la paume de Potter. Tant pis si ça relance la bagarre, il n’aime juste pas être en position de faiblesse.

Il veut juste qu’il arrête.

Il veut étouffer la toute petite partie de lui-même qui, soudainement, désire plus qu’une simple bagarre.

tw: sexual content, dubious consent

Harry a incroyablement honte de ce qu'il ressent, et de ce qu'il fait sans vraiment le vouloir. Il n'y a jamais pensé avant, du moins pas comme ça, et encore moins avec Draco. Ce plaisir qu'il est en train de chasser éperdument, il l'a toujours vu d'une manière presque mécanique, comme un besoin à faire taire, sous la douche ou sous les couvertures, prestement et efficacement.
C'est nettement différent en sentant Draco pressé contre lui, en imaginant ce qu'il pourrait se passer si il arrêtait de le frapper un instant; même si ses coups ont perdu en force et intensité, il continue de marteler comme si sa vie en dépendait, Harry continuant de l'ignorer, paralysé par le degré de plaisir malsain qu'il ressent en cet instant précis.

Harry ne remarque pas quand Draco ouvre la bouche, et ne s'attend donc pas à l'attaque suivant; il pousse un grognement étouffé en sentant les dents de Draco effleurer sa peau et puis, après un instant, parvenir à attraper un morceau de chair et à s'y enfoncer. La douleur remonte le long de son bras et il s'éloigne dans un bond, surpris et confus, son autre main se levant pour déjà aller ausculter les dégâts de la mâchoire du blonde. "What the fu--" Mais il ne se sent pas assez légitime de poser cette question: c'est lui, après tout, qui a commencé cette situation plus qu'étrange et franchement embarrassante.
A la place, il se laisse tomber en arrière, assis sur le sol face à Draco; il a le souffle court, et toujours cette sensation de brûlure répandue dans tout son corps, et plus particulièrement au plus profond de ses entrailles: il a l'impression que son estomac est en train de s'amuser à se contorsionner dans tous les sens.

Il regarde Draco d'un regard vaguement perdu, les joues rouges mais les yeux clairs, détaillant avec curiosité et incompréhension l'air tout aussi confus, et à la fois pas si dégoûté que ça, de son vis-à-vis. Il devrait dire quelque chose - le silence s'épaissit, s'apesantit soudainement, alors qu'ils sont deux à respirer avec force, perdus et sur leurs gardes - mais les mots ne lui viennent pas. Il ne peut que regarder Draco, comme si la réponse à toutes ces émotions contraires s'agitant en lui, allait s'imposer à lui en l'observant.

Harry finit par froncer les sourcils légèrement, bougeant un peu pour s'asseoir différement; de quoi cacher ce qui ne peut pas l'être à travers son pantalon. "You're drunk," finit-il par lui lancer d'un ton accusateur, serrant les dents après coup comme pour mieux faire passer sa tentative d'hypocrisie. "Lay a finger on me again and I'll kill you." Et il se relève, gardant un regard noir sur Draco, tremblant sur ses jambes quand il s'y hisse; les joues toujours rouges, les yeux toujours rivés sur lui, comme pour graver dans sa mémoire le visage confus de l'une des personnes qu'il déteste le plus au monde.

La réaction ne se fait pas attendre. Potter se recule et jure et Draco est presque soulagé de le voir s’éloigner de lui. Il arrive à reprendre possession de son corps et de ses émotions. Il reste étendu sur le sol un instant avant de se redresser sur les coudes. Il est complètement perdu. Qu’est-ce qu’il vient de se passer au juste ? Pourquoi est-ce arrivé ? Pourquoi a-t-il laissé ça arriver ? Pourquoi, Merlin, a-t-il eu envie que Potter n’arrête pas ? Ils se contentent de se fixer sans un mot pour l’autre. De toute façon, il n’y a rien à dire, n’est-ce pas ? Tout ceci n’est qu’un malentendu. Il n’y a rien à comprendre. Draco est, de toute façon, beaucoup trop bourré pour pouvoir analyser la situation. "You're drunk. Lay a finger on me again and I'll kill you." La mâchoire de Draco se contracte alors que Potter profère une énième menace à son encontre.

Dans l’histoire, ce n’est pas Draco qui l’a touché mais l’inverse. Dans l’histoire, ça serait plutôt à lui de dire ça et pas à Saint Potter. Il lui lance un regard mauvais et se redresse à son tour malgré son équilibre incertain. Il y a un moment où il manque de retomber au sol, mais ses pieds parviennent à se stabiliser au dernier moment. “Yeah, I know, I’m drunk.” Répond-il. "It suits you that I am, right?” Il le dévisage avec une grande colère. Potter l’a menacé. Encore. Et juste parce que le Lord ne veut pas qu’on le touche, il doit se laisser faire ? Pas question. “So you can do whatever you want and pretend it's my fault.” Il reste dans son coin de la pièce et dévisage toujours le balafré avec un grand mépris. Il préfère mettre en avant cette émotion plutôt que les autres. Ce mélange indistinct d’humiliation et d’envie. Il se dégoûte de ressentir ça et il déteste Potter de lui faire ressentir ça. “I fucking hate you, Potter.” C’est la première fois, peut-être qu’il est aussi vulgaire quand il parle. Narcissa lui aurait probablement jeté un regard noir et lui aurait dit que ce n’est pas comme ça que son père et elle l’avaient élevé. Parce qu’un sang pur ne doit pas jurer, ce n’est pas bien. Flash news : il n’est pas de sang pur.

Ses jambes se mettent enfin à bouger et il s’approche une nouvelle fois de Potter. “I don't want you to touch me anymore either. Ever again.” Il n’est qu’à quelques centimètres de lui et il souffle ces quelques mots sans le quitter des yeux. Il déteste devoir relever un peu la tête pour le regarder. Il déteste tout chez Potter. Draco le regarde toujours en le fusillant du regard. Il a une sale gueule, un peu amochée par les coups de poings qu’il lui a donné. Draco en est presque fier. Il ne se sent pas mieux, mais il en est fier.